Aujourd'hui, je suis le rapace de l'ANBU. J'ai mon masque de corbeau sur mon visage, et je porte ma robe sombre comme une seconde peau.
Je suis descendu dans une des grandes salles du QG ANBU, très profondément enfuie. Ce que je compte faire ici, je préfère le garder pour moi pour un long moment. Les escaliers me semblent interminables tandis que je descends avec un énorme rouleau de parchemin sous les bras. Il est vieux, abimé par endroit. Il est en ma possession depuis bien longtemps, bien avant la création même de Konoha. J'ai un sourire sous le masque en y repensant.

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C'était un temps de guerre, de dangers, de périples et de morts. Le clan Hyûga était un des clans les plus féroces, devancé uniquement par les très célèbres Senju et Uchiwa. Avec l'aide des Nara, nous avons combattu sans pitié, et grâce à leurs stratégies étranges, vaincu les adversaires les plus puissants. J'ai participé dans ce genre d'embuscades. J'ai tué avec mon arc, parfois de face, souvent de dos. J'ai perdu des cousins. Ma mère. Ce n'était pas un temps joyeux pour un jeune enfant comme moi. Nous étions sans cesse en mouvement, pour éviter de devenir des cibles faciles. L'ordre dans les campements était imposant, étouffant pour le gamin que j'étais, pétri d'envies d'aventures et d'exploration. Comme ce jour où j'avais aperçu un vieux château pas loin de notre campement. Bon, j'étais jeune. Cela devait plutôt être un manoir. Et maintenant que j'y pense, cela devait être une sacré ruine, parce qu'il m'avait suffit de toucher la porte pour qu'elle s'effondre devant moi, dans un gros bruit et une odeur de moisie.

Cette expédition était nocturne et interdite. Je n'en avais que faire. Une fois ma frayeur dépassée, j'entrai dans cette demeure et j'activa mon Byakugan. Très fier de mon expertise dans celui-ci, je scannais de mon dojutsu l'entièreté du bâtiment assez rapidement. Le haut semblait dénué d'intérêt, je compris pourquoi aucun de mes père ne semblait avoir fait attention à cette ruine. Par contre, j'ai eu une certaine surprise en découvrant un rat loin sous mes pieds. J'en déduisis l'existence d'un passage secret. Quelle exaltation ! J'étais tout excité par cette découverte, et je n'eus finalement que peu de mal à trouver une trappe cachée sous une commode particulièrement lourde. Ma main lêchée par un katon très basique me procura assez d'illumination pour poursuivre mon exploration.

La plupart des pièces étaient vides. Ou alors remplies de décombres, de détritus. Les habitants de cette maison avaient du fuir en toute précipitation et n'étaient jamais revenu. Sur un bureau je trouvai un grimoire en bon état. Objet intéressant. Je le glissai dans mon kimono avant de reprendre mon exploration. Et c'est un peu plus loin que je tombai sur ce fameux rouleau, sans comprendre ce qu'il était. Mon père me retrouva peu après, j'eus droit à une fessée légendaire et on me confisqua le rouleau pendant plusieurs années.
Lorsqu'on me le rendit, je compris directement qu'il s'agissait d'un contrat avec le monde spirituel des Kuchyioses. Je n'étais pas fort intéressé à l'époque, concentrant mes efforts sur ma maitrise de mon clan. De temps en temps, je l'ouvrais pour voir les noms qui y figuraient. Deux Jisetsus y furent inscrit pendant un laps de temps assez long. Un certain "Samaël" et un "Demon".
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J'arrive enfin en bas de ces interminables escaliers. J'ai remarqué il y a quelques semaines que ces deux derniers possesseurs avaient été rayés. Cela ne m'étonne pas. Avec la destruction de Kiri, la plupart des shinobis ont trouvé la mort. Je crois avoir vu des rapports sur un Nukenin appelé Demon récemment, donc je suppose que ce dernier a du renoncer à son pacte. C'est rare que cela arrive. Toutefois, cela me donne une formidable opportunité présentement, puisque je n'ai pas besoin du consentement d'un possesseur pour m'attribuer cette invocation. Je sais qu'il s'agit du Corbeau. Pour être franc, ce n'est peut-être pas le premier animal à me venir en tête comme allié complémentaire, mais à bien y réfléchir, ils ont l'avantage de voler. Stratégiquement parlant, c'est sans prix pour un Hyûga dont la spécialisation est plutôt tournée sur le sol ferme. et puis, il y a cette curiosité enfantine. Et un certain orgueil. Après tout c'est mon rouleau, j'en fais ce que je veux. Je l'ai ouvert et déroulée cérémonieusement sur le sol. Je sors également le grimoire de mon kimono. Oui, je l'ai gardé lui aussi. C'est un carnet de bord d'un ancien invocateur, anoté dans ses moindres détails. Et quels détails ! Il explique les méandres de cet art, les détours, les impasses, les possibilités, des entrainements... Et le nom du Roi Corbeau.

"Belial, Roi des Corvidés, prince de la nuit et des étendues célestes, connu également sous le nom de Maître, entends mon appel et viens à moi par le pouvoir du pacte ancestral !"

Un vent se lève dans l'immense salle vide. Il se met à tourbillonner de plus en plus vite, de plus en plus fort. Rapidement, je dois m'accrocher au sol par application du Kinobiri. Des plumes noires apparaissent de partout et une silhouette ténébreuse prend forme devant moi. Un énorme corbeau qui se sent bien petit pour cette salle, alors qu'il est déjà gigantesque ! A y repenser, j'aurais peut-être du l'invoquer en extérieur. Le vent tombe autours de nous, tout devient calme. L'immense piaf me contemple et me dit d'une voix qui fait vibrer tout mon corps.

"QUI ES-TU POUR INVOQUER BELIAL LE PUISSANT ?"

Ce rugissement est sans égal. Je suis presque mis à genoux, mais je me donne une dernière poussée de force pour résister. Je ne dois pas faire preuve de faiblesse, je ne l'ignore pas. C'est un prédateur lui aussi, il me juge de ses yeux ambres. Je le sens sonder mon âme, jauger ma force. Il est vieux de plusieurs siècles et commande une grande puissance. Une puissance dont j'ignore beaucoup. Des images me reviennent. Des figures, des dessins sur ce que je pourrais obtenir si j'arrive à dompter cet animal, si je passe son jugement haut la main. Je prends mon courage à deux mains, je retire mon masque pour le voir de face et je parle fort.

"Hyûga Bankichi, ANBU de Konoha, et détenteur du parchemin que voici. J'ai appris qu'il n'y avait plus de détenteur du pacte des corvidés en ce bas monde - Demon je crois que c'était ? - et je me suis dit que j'aurais pu, à mon tour, porter ce flambeau. Avec votre accord, bien sûr."

Il ne répond pas tout de suite. Je le contemple, lui la montage de muscles et de plumes. Moi, simple mortel. Que pense-t-il dans sa tête ? Est-ce que j'ai passé son jugement ? Malgré moi, j'ai une once de stresse qui grandit en moi tandis que l'oiseau royal garde le silence. Je constate que ses muscles faciaux genre de configurations. Néanmoins, je ne sais absolument pas les décrypter ! Je n'ai aucune idée de ce qu'il exprime ou ce qu'il ressent. Peut-être aurais-je du demander à Pô de me trouver un Gekei corbeau pour me faire un compte rendu rapide des expressions et...

"HUMM... JE SENS QUE TU N'ES PAS UN NINJA DE BAS ETAGE. BIEN. JE T'ACCORDE UN PRIVILEGE. SUIS-MOI."

Nouveau tourbillon dans la salle. Cette fois-ci, je sens que tout debient... Bizarre. Je pers un peu mes pieds. Le sol n'est plus aussi solide qu'auparavant. Je regarde autour de moi, et tout n'est que lumière et ciel azur. Et j'ai la mauvaise impression de marcher sur un nuage. Autour de moi, des bâtiments de marbre blanc à perte de vue, généralement en hauteur, en tout cas ouvert aux passages et aux courants d'airs.

"Où...Où sommes-nous ô Belial ?"

"AU PALAIS DES NUAGES, MON FIEF. MA FORTERESSE. ET VOICI ABEL, MON FILS. BATS-TOI CONTRE LUI, PETIT MORTEL. MONTRE NOUS TA VALEUR."

Un corbeau grand comme moi descend d'une colonne blanche. Je sais que cela peut parait stupide, mais il est intégralement équipé. Un foureau git pas loin d'une de ses pattes, et il porte une tunique étincelante. Il prend son envol en croassant et dégaine son sabre avec une de ses serres. Je me jette sur le côté, à temps pour esquiver sa charge meurtière, acier en avant. J'ai a peine le temps de me redresser qu'il est de-nouveau sur moi. Je bloque son attaque avec le Kaiten - arcane de Hyûga on ne peut plus classique. Il est repoussé contre une colonne et il croasse de douleur. Je profite de son moment d'hébétude pour lui lancer une vague de chakra avec mes paumes. Il s'écrase sur la colonne et celle-ci se brise, tombant sur lui. Il sort des débris, l'air furieux, mais son père croasse quelque chose et lève son aile droite.

Son fils s'arrête. Il se penche devant moi - un signe de respect ? - avant de repartir. Le Roi des Corbeaux profite de cette diversion pour me saisir de ses serres. Il m'emporte dans son domaine. Le domaine des corbeaux.

"DEMON ETAIT UN FIER NINJA. J'ESPERE QUE TU SERAS AU MOINS AUSSI PUISSANT QUE LUI. ETUDIES BIEN LE GRIMOIRE. JE NE SAURAIS TOLERER UN FAIBLE INVOCATEUR."

Surprise. Et puis une pointe de joie et d'amusement. Oui, j'ai passé le jugement. C'est parfait ! Je vais enfin pouvoir explorer ce monde des kuchyioses. Des nouvelles possibilités s'offrent à moi. La voix impériale de l'air, des cieux et du vent sera mien. Je me retiens de sauter de joie lorsque je vois mon nom apparaitre sur le rouleau des invocations, seul nom non barré désormais. Je dois encore garder ma contenance un tout petit peu. Je salue le Roi très humblement.

"Je vous en fait la promesse, ô Belial-la-tempête. Je vous remercie de votre considération."

Un croassement me répond. Le Roi ouvre grand ses ailes et se met à les battre dans les airs. Le vent se met de-nouveau à tourbilloner. Je sens du chakra tout autour de moi. Je n'ose activer mon Byakugan devant un tel déploiement de force je ferme les yeux mais je sens être revenu dans le QG de l'ANBU à Konoha. Le sol est solide, pour une fois. J'ose ouvrir mes yeux. Je le revois, Belial, dans sa grandeur et toute sa majestée.

"NOUS NOUS REVERRONS BIENTOT GAMIN. MAIS DANS UNE SALLE PLUS GRANDE SI POSSIBLE. CROA CROA."

Il disparait dans une énorme bourrasque de plumes et de poussière, sans doute de retour dans son Palais de Nuages. Je tousse un peu. Bon, il a aussi profité pour faire un peu le ménage dans la pièce, service après-ventre ou coincidence complète ? J'ai un sourire aux lèvres en remettant mon masque. Je remballe le parchemin. C'est une première étape, bien entendu. Maintenant que j'ai un pacte, j'ai encore beaucoup de choses à faire. Je m'accorde toutefois une pause. Je l'ai bien mérité. Je conclus de la sorte.

"Une bonne chose de faite !"

Spoiler:

Je suis perdu dans mes pensées.

Sur mon bureau au QG ANBU, j'ai deux tas de livres. La première pile consiste en un amalgame de livre de zoologie aviaire, précisément sur les corbeaux. J'ai demandé aussi des livres côtés Gekei, mais il semblerait que leur tradition soit plus oral qu'écrite. Je plonge dans ces documents recensant les diverses caractéristiques du genre. Bon, il n'y a rien d'extraordinairement original dans un oiseau. Ce n'est pas un animal "couteau suisse" comme une salamandre ou une araignée. Toutefois, il y a beaucoup à apprendre, et je suspecte une énorme synergie avec mes talents héréditaires. J'investigue toutes les pistes, la principale étant l'utilisation de plumes, même si je n'aurais jamais un contrôle dessus, mais rien que leur présence...

La deuxième pile consiste en des bouquins sur les possibilités dans les techniques d'invocations. Le grimoire est bien entendu très important dans cette équation. Il raconte comment invoquer des parties de corbeaux, des princes - voir Belial lui-même avec assez de chakra - ou des armées entières de corbeaux, semant terreur et dévastation. Si je maitrise déjà l'invocation de certains membres du clans, je ne veux pas me focaliser uniquement là-dessus. Peut-être aurais-je besoin un jour d'invoquer le seigneur des Corbeaux lui-même, pour sauvegarder Konoha. Quoi qu'il en soit, l'auteur du grimoire relate en profondeur les dégâts d'une escouade de Chevaliers Corbeaux. Si individuellement ils ne sont pas très redoutables, leur nombre change carrément la donne et si l'on en croit la description, les appeler promets autant de destructions que certains katons dignes des plus grands.

"Intéressant."

Je ferme le bouquin de mes deux mains. Il est temps pour moi de repartir pour le palais des nuages. Je descends dans la salle la plus enfouie du complexe, celle-là même où j'ai invoqué le Grand Belial. Cette fois-ci, je décide de ne pas l'invoquer de-nouveau. En effet, il se sentait à l'étroit dans cette salle, et puis en tant que Roi il a sans doute d'autres chats à manger. Heu, fouetter. je me gratte le menton. Je ne connais pas d'autres corbeaux en fait. Ha si, bien sûr. Son fils Abel ! Bon, il ne m'aime guère, mais il pourra faire un effort, je suis certain. Je tranche un peu de mon pouce et j'invoque le fils prodigue.

"Moi, Hyûga Bankichi, invoque Abel, fils de Belial."

"Grrmrmr... Bonjour, vil humain. Pourquoi m'as-tu invoqué ici bas ?"

"Bonjour Abel. Je t'ai invoqué pour discuter avec toi du grimoire. Pourrais-tu m'arranger une visite dans le palais des nuages ? Suivant le conseil de ton puissant paternel, j'ai décidé d'apprendre les Arts Kuchyioses jusqu'au bout de leurs possibilités. J'aimerais faire connaissances avec des corvidés pour utiliser les techniques décrites ici-même."

"Je vais plutôt faire venir ici de mes sujets. Le palais des nuages se porte mieux loin de ton espèce, cher Bankichi."

Je fais donc connaissance avec beaucoup de ces corbeaux, en très peu de temps. Ils ont de toutes les personnalités différentes. Certains sont des enfoirés, d'autres des drôles, des intellectuels. Finalement, a part quelques caractéristiques propre à leur espèce - ils aiment ce qui brille, ça oui ! - ils ressemblent fort à des humains. Un rien bizarre. Un fanatique de body-building m'explique ses huiles pour lustrer ses plumes. Ses plumes noirs. Je perds quelques heures avec ces corbeaux pour essayer d'arriver à conjurer ce matériau noble. Pratique pour obscurcir la vision des autres, pour me dissimuler du monde. J'arrive rapidement à invoquer un nuage de plume. Je suppose qu'avec de l'entrainement, j'arriverai à faire croire que je me suis transformé en un Gokyou Gekei corbeau !

Après avoir fait connaissance, je discute longuement avec eux, notemment certains "officiers" de l'armée régulière du Roi Belial. Ils se proposent comme escouades d'intervention. Pour cela, j'ai juste besoin de les appeler eux, ou le nom de leur régiment, pour qu'ils viennent à moi. Bien que ce ne sont pas des gros corbeaux comme le Roi ou même son fils, leur nombre est assez important, et je crois que cela peut également être très utile. Je regarde dubitativement le sergent qui me dit ça avant de me lancer dans les mudras pour l'invocation.

"...comme ça ?"

Au premier essai, quelques corbeaux sorts, mais ce n'est en rien une Escouade. Je reprends depuis le début. Cette fois-ci le sergent est invoqué, avec quelques uns de ses fidèles. Au bout de plusieurs essais, j'arrive à modeler le nombre de corbeaux que j'arrive à appeler. Cette sensation est grisante. Je sens des centaines d'oiseaux ténébreux voguer au gré des vents autours de moi, laissant tomber leurs plumes dans une rideau chancelant. Je décide de tester ce genre de technique à l'air libre, dans la forêt qui entoure le village. Je me mets dans une petite clairière. Abel m'a suivit. Il me regarde, m'observe. Il me juge. J'observe une série d'arbes anciens devant moi. Je lève mes manches dans leur direction.

"Kuchyiose !"

Dans un concert de croassement, des centaines de corbeaux fusent de mes manches et tranchent, taillent ces arbres sans aucun distinction, laissant derrière eux que plumes et copeaux de bois avant de disparaitre un à un. Silencieux, je contemple les dégâts. Je m'approche des arbres en premières lignes. Les entailles sont profondes. Certaines arbres ont été tranchés intégralement. Aucun n'est sorti indemne. Et je contemple l'étendu de la zone. Une étendue plus vaste que m'aurait permi mes talents de Hyuga, c'est certain. J'ai trouvé une excellente complémentarité ici. J'aurais pu la trouver dans le ninjutsu, c'est vrai. Toutefois, c'est... intéressant de la trouver ailleurs. J'ai un sourire mauvais. Les ennemis de Konoha n'ont qu'a bien se tenir.

J'invoque de nouveaux les officiers des escouades et je les salue humblement et très respectueusement.

"Merci à vous tous pour votre aide. Et merci à toi, Abel."

"Tch. Ne m'appele pas si tu n'as pas un adversaire à ma taille, ou une bonne bouteille pour me faire oublier."

Tous les corbeaux disparaissent dans un concert cacophonique de croassement diffus. Il ne reste de leur passage plus que des plumes, des copeaux de bois.

Et un jonin très satisfait.