Déjà deux semaines depuis l’attaque et les habitudes reprennent difficilement leur cours au cœur de la cité de l’Alliance. Les stigmates de l’assaut encombrent encore les rues, comme les esprits de chacun, et le niveau d’alerte est à son maximum. La perte des libertés au nom de la sécurité alimente cette crainte grandissante mais surtout nécessaire à son autojustification. Pourtant, au sein même de toute cette agitation néfaste, la joie ne disparaît pas pour tous. Neuf mois d’attente ainsi que la survie à une catastrophe ont permis la Vie. Et de cette vie, si fragile, si pure, germe l’espoir.
Hokuto berce le nouveau-né, en lui murmurant une comptine de sa propre enfance. À travers sa justesse de voix, l’éveil opère. Non pas physiquement, le nourrisson dort profondément, mais bien celui de l’esprit. Dans ses songes, ramenant de l’ordre dans toutes les expériences vécues de la veille, s’intercalent la beauté et la délicatesse d’une mère, et avec elles, la chaleur de son amour.
La femme avait demandé à Fuusho de passer, sans lui en donner la raison. L’envi de partager ce moment avec lui peut-être ; ou plus simplement de l’impliquer dans ce qu’il ignore être son rôle, car n’ayant pas eu vent de cette naissance récente. Mais quelque en soit la raison exacte, elle lui appartient et ne nécessite aucune justification.
Arrivant enfin chez Hokuto, le trentenaire entre. Puis comprend. Déposant d’abord un baisé sur le front de la jeune mère, il agrippe la petite pour la ramener dans ses bras, contre lui. Dans un premier temps, aucun mot n’est échangé, ni aucune plainte du bébé, toujours aussi paisible. Il profite. Ils profitent. Une famille, concept abstrait empreint de grandes responsabilités, concept aux antipodes de ce qu’est capable de fournir Fuusho. Et pourtant, il reste, gardant l’enfant plaquée contre son torse. Après tout, pourquoi serait-il un père moins bon qu’un autre ?
Puis le silence se rompt. Forcé par le regard remplit de curiosité du trentenaire, Hokuto lui concède le point essentiel de cette petite, son nom. - « Miyu. » - « Ma belle lune. » Lui fait-il écho, d’ors et déjà fier de leur fille.