Kusa no Kuni... Si mon sens de l'orientation foireux ne me trompais pas, j'étais bien là où je pensais être... Sinon, bah j'étais perdu au beau milieu d'une immense plaine... Et il ne faisait vraiment pas bon être paumé dans un endroit aussi découvert pour moi... J'étais repérable, j'étais vulnérable, et le peu de cachettes disponibles dans ce paysage aux airs de désert de verdure étaient rares. J'aurais aussi pu me fondre dans la masse de nomade qui était passée tout à l'heure, mais il a peu de chance pour que je sois resté tranquille très longtemps. L'un d'entre eux se serait sûrement rendu compte qu'un intrus s'était glissé au sein de la troupe. Mieux valait que je ne prenne pas de risques supplémentaires.

J'étais donc là, perdu dans la nature, debout au beau milieu d'une plaine immense, à me demander où je devais me diriger désormais. D'ailleurs, avais-je besoin de me diriger où que ce soit ? Mon frère s'était fait tuer, j'étais seul. Qu'étais-je d'autre ? Un simple déserteur, un paria en cavale, sans but, sans destination précise, sans rien... Je me laissais alors tomber, m'affalant à même le sol, le regard tourné vers le ciel. Un coup de déprime... J'avais envie de rester allongé là sans rien faire, le temps d'oublier, de me reposer, de réfléchir... Mais je ne pouvais pas, c'était trop dangereux...

Je me redressais alors et soupirais en me préparant à repartir. Mais un bruissement d'herbe derrière moi me figea. Je portais la main à la lame que je cachais sur moi et me préparais à bondir pour frapper. Lorsque le bruissement se fit plus proche, je me levais brusquement en me retournant et pointait mon arme en direction de l'inconnu...

T'es qui toi ? Qu'est-ce que tu fous là ?

Lors d’une mission, j’ai du aider à libérer des animaux enfermés dans une espère de hangar. Est-ce que vous savez dans quel pays c’était ? Non vous ne vous trompez pas, c’était bien à Kusa no Kuni. Ce fut la mission la plus chiante et la plus facile que j’ai du réaliser dans ma vie. Au final, j’me suis retrouvé à courir au beau milieu d’un troupeau de toutes de bêtes sauvages ... le pied. J’saurais même pas vous décrire c’que j’ai ressenti tellement ça m’a touché d’me sentir si proche d’eux. En fait non, c’était horrible. Ça gueulait de partout, chaque espèce s’amusait à gémir dans tous les sens ce qui faisait un brouhaha pas possible, c’était presque un concert. Si j’me souviens bien, j’crois qu’y avait des sangliers, des écureuils, des lapins, des biches, des cerfs et même des pigeons ! Allez savoir pourquoi ces abrutis de chasseurs s’étaient amusés à capturer tous ces animaux pour les enfermer et ne rien en faire ? Qui plus est, capturer des PIGEONS. Non mais j’rêve ou quoi ? C’est l’un des animal les plus inutiles sur cette planète et ils attrapent c’t’espèce de truc qui n’est bon qu’à picorer du pain et chier sur la gueule des gens ...

En fait, j’me suis rendu compte qu’en ayant réussi cette bête mission, j’devais refaire tout le chemin parcouru dans le sens inverse ... une vrai partie de plaisir ou plutôt un calvaire. Oui, car j’y étais allé au feeling, sans carte, j’sais pas m’orienter avec ou sans de toute façon. Il me restait plus qu’une seule solution pour m’y retrouver un minimum, suivre un animal ! Débile me diriez-vous mais moi j’trouvais ça ingénieux de ma part sur le moment. C’n’est qu’un peu plus tard que j’me suis réellement aperçu de l’énorme bêtise que j’avais faite ...

J’ai couru pendant de longues minutes derrière un bon gros sanglier, il devait surement penser que j’voulais le bouffer le phacochère. J’pense qu’il s’en est rendu compte après un certain temps mais a ignoré ma présence tout en continuant sa course folle. J’peux vous dire que ces bêtes là ont une sacrée endurance, bordel. J’ai bien cru que j’allais faire une crise cardiaque en pleine forêt et crever là-bas ! L’pire c’est qu’il était pas con le p’tit gros de sanglier. Tellement il a gémit pendant cette petite promenade, il a ramené une bande de potes qui eux, me couraient après comme des malades. J’me suis senti vraiment con d’me faire avoir par ces gros porcs. Résultat final : j’me suis fait embrocher le derrière par trois voire quatre sangliers, puis ils se sont barrés. Les enflures.

Je me suis retrouvé à marcher dans cette forêt, comme un gros perdu. Je n’savais toujours pas où je me dirigeais, mon instinct allait retrouver le chemin à ma place. J’avais trop la flemme de commencer à courir comme un mongole partout pour retrouver mon chemin donc j’ai continué d’avancer tout droit. J’me suis retrouvé dans un endroit où y avait plein d’arbres cassés, des branches épineuses partout et comme par hasard j’étais obligé d’passer à travers pour aller de l’autre côté. J’suis passé à travers comme un gros bourrin, j’ai fait un boucan pas possible mais au moins j’ai réussi à passer. Seul problème est, que quand cet obstacle fut passé, un autre s’est directement dressé contre moi. Et pas n’importe lequel, un gars ... roux ... avec une arme pointée vers moi.

Oyyyyyyyy le roux ! Qu’est-ce que je fous là ? Tu t’fous d’ma gueule ? C’est à toi que j’dois poser la question, qu’est-ce que tu fous là avec une arme pointée vers moi ? C’quoi ton problème ?

Eh ben, en voilà un qui semblait au moins aussi agité que moi. Sauf que moi c'était le stress qui me faisait agir ainsi, lui, il avait surtout l'air d'être comme ça au naturel... Il avait l'air ! Pas il était ! Et puis, comment j'pourrais savoir si j'avais raison ou pas ? J'étais pas à l'intérieur de ce guignol ! Enfin, il avait quand même l'air sacrément allumé... Mais bon, pour c'que j'en dis... Enfin, ce mec avait quand même une « dégaine » un peu « strange »... Les cheveux gris... Décolorés ? Et des airs de bastonneur des rues avec un vieux pansement qui lui collait sur le pif... Pas de doutes, c'était un violent ce type, juste à voir sa tête et à l'entendre parler... Et j'avais pas vraiment envie de me le mettre à dos, vu tout les problèmes qui me collaient déjà au train... J'étais pas vraiment sur que Kiri était toujours à ma poursuite, ils ne devaient pas donner tant d'importance à un ex-genin, mais je préférais considérer que j'étais toujours poursuivi, ça m'évitais des surprises. Ou ça m'éviterais d'en avoir... Toujours est-il que j'avais ce type sous les yeux et que je savais pas trop ce que j'aurais du faire...

Le roux il a un nom, et je m'appelle Hayato... Et non, je ne me fous pas de toi, mais quand on a déserté et qu'on a été traqué pas mal de temps, on a les nerfs à vif et on a tendance à agir un peu par réflexe. Enfin, désolé...

J'avais lâché cette tirade d'une seule fois, sans même prendre le temps de reprendre ma respiration, et je du attendre un instant de reprendre mon souffle avant de pouvoir continuer en lui jetant quelques mots à la figure.

Et toi, t'es qui ?

J'avais rangé mon couteau et enfoncé mes mains dans mes poches, mais je restais tout de même prête à bouger rapidement en cas de grabuge. Surtout que ce guignol avait l'air du genre de type qui s'énerve vite et qui à tendance à laisser ses poings voler un peu partout, surtout quand le « un peu partout » équivaut à la gueule des gars qu'il n'aime pas...

Décidément, ce pays a décidé de me faire chier jusqu’au bout. Autant par ses missions pourries, autant par son paysage, certes magnifique, mais tellement sans vie. Et maintenant, voilà que je me retrouve face à face avec un autre mec qui en plus me pointe son arme vers moi. Tain’, j’fais rien de mal quoi ! C’est quand que j’vais pouvoir être tranquille et pouvoir me reposer ? Je suis crevé bordel ! Ce type aux cheveux roux/rouge, habitait-il ici ? Était-il un ninja ? Ça m’étonnerait qu’un mec aussi jeune puisse vivre ici, c’est ennuyeux à mort. Il m’avait l’air d’avoir le même âge que moi, un p’tit jeune, inconscient de ce qu’il fait surement. En tout cas, il dépasse pas la vingtaine, j’en suis certain. J’étais pas vraiment d’humeur à me faire emmerder par un petit con qui a décidé d’ennuyer le monde et encore moins à me battre. La flemme m’envahit depuis un certain temps, depuis que j’suis à Kusa no Kuni en fait.

Couleur de cheveux bizarre, façon de s’habiller bizarre, les ongles rongés. Il parait plus stressé qu’une puce, est-ce que j’lui fais tant peur que ça ? Haha, j’en serai bien heureux. D’ailleurs, qu’est-ce qu’il fout avec une chemise cravate ici ? On crève de chaud, quel malade. Tout ce que je peux dire, c’est qu’il m’fait pas peur et que ça doit pas être un méchant gars. Il a surement réagit comme ça par pur réflexe mais bon, faut pas abuser quoi, pas besoin d’sortir les armes direct ! Bref, il me dit son prénom. Il s’appelle Hayato. Apparemment, c’est un déserteur donc c’est bien la preuve que c’est un ninja. Si jeune, il déserte déjà, il est pas bien dans sa p’tite tête le mec. Mon intuition était bonne, il a agit par pur réflexe. J’crois que je vais devenir devin si ça continue. Il allait étouffer lorsqu’il m’a dit qui il était et pourquoi il avait réagit de cette façon là. Il est un peu bizarre quand même. Mais il a quand même pris la peine de s’excuser. C’pas une enflure au moins. Il me demanda à son tour qui j’étais tout en remettant ses mains dans ses poches et rangeant son arme. Avait-il compris que j’étais pas une racaille même si j’en avais l’air ?

Enchanté Hayato ! Désolé pour le surnom, j’pouvais pas deviner, dis-je en rigolant et en me grattant le derrière de la tête. Moi c’est Genzö, j’suis loin d’être dans ta situation mon gars. Tu as déserté depuis longtemps ?

Spoiler:

Hum, en fait, je dois stresser pour rien... Comme pour changer, et oui... Mais j'y peux rien, y'a qu'à voir mes pauvres ongles, rongés jusqu'aux sangs, pour comprendre que j'ai tendance à être over-stressé pour tout et rien. De toutes façons, le stress m'aide un peu à sa manière, vu que je suis trop stressé, trop préoccupé à sauver ma peau pour me soucier de la chaleur, du froid, des maladies... De tout le reste quoi, même la faim, la soif et le sommeil comptent moins... C'est dire, y'a vraiment des extrêmes... Enfin, il a bien du comprendre la raison de mes nerfs à fleur de peau, mais j'aime pas trop parler de ma désertion... Même si, entre électrons libres, on devrait se comprendre. La seule différence étant qu'il n'avait jamais déserté lui, il était juste Shinobi errant...

Pas grave pour le surnom, t'façon mon père et mon frère étaient roux aussi... Mais j'me doute bien que t'es pas dans la même galère que moi. Surtout que j'ai pas vraiment « déserté »... Ca fait bien quatre ou cinq mois que je suis seul dans la nature, mais ça fait bien six ou sept mois que j'ai quitté mon village...

Je soupirais alors, essayant de refouler tous ces souvenirs douloureux, et retournais m'asseoir sur une dénivellation d'une petite colline, vague relief parmi la plaine. Je regardais l'horizon, le regard dans le vide... A vrai dire, je n'aurais pas du lui en dire autant... Mais bon, mieux vaut traîner des regrets que des remords, même si les deux sont aussi douloureux... Enfin, ce qui est fait est fait, je ne manipule pas le temps, je n'ai aucune chance de réparer mes erreurs, donc, je dois vivre avec...

Sinon, toi, comment tu t'es retrouvé là ? On dirait que tu sors d'un rodéo en pleine forêt... Et puis, si t'as pas déserté, tu voyage ou quoi ? Sinon, quelles raisons t'aurais de te retrouver au beau milieu de nulle part, comme moi en ce moment...

Je me replongeais alors dans ma contemplation de la frontière du ciel et de la terre, sans vraiment d'autre occupation pour le moment...

N’empêche, fallait sacrément être con pour déserter l’un des trois villages créés après la guerre. J’sais pas moi, quand tu es accueilli dans un village, que t’es né là-bas, tu t’amuses pas à te barrer. Surtout qu’il a pas du tout l’air dangereux, seul il doit vraiment être capable de rien faire. Ou alors c’est un danger public d’où la raison de sa désertion ... qui sait. Personnellement, à moins qu’un changement énorme n’arrive dans ma vie, j’rejoindrai pas un seul de ces villages. Pourquoi ? Trop chiant. Ouais, on s’fait chier à respecter des règles, on doit toujours s’entrainer pour devenir le meilleur comme ils disent. Puis on doit faire des missions chiantes qui nous sont imposées, non merci. C’est d’un ennui, j’imagine même pas. Au moins, j’peux faire ce que j’veux, quand j’veux, où j’veux sans qu’on vienne m’faire chier. C’est la vie peinarde d’un flemmard en gros. Pour en revenir à ce fameux Hayato, il me dit que c’était pas grave pour le surnom, que son frère et son père étaient roux. Mais j’m’en fous en fait. Moi dans la galère ? Jamais .. du moins à ce que je sache. J’mettrai jamais les pieds dedans de toute façon. Après il me dit qu’il a pas réellement déserté, bah qu’est-ce qu’il me raconte alors le mec ? Il a perdu la tête ? 6 ou 7 mois qu’il a quitté le village, et ben ... le pauvre il stresse comme ça depuis tout ce temps.

Ensuite il soupira, j’ai bien vu que ça lui faisait d’la peine de parler de ça mais bon j’me devais de me renseigner un peu sur le gugusse. Il partit s’asseoir sur une dénivellation tout en regardant dans le vide. Il avait l’air pensif et triste à ce moment là. Je n’ai pas trop voulu continuer à parler avec lui et le laisser tranquille mais il me posa plusieurs questions. Du genre : comment j’me suis retrouvé là, si je voyageais vu que j’avais pas déserté ... Fallait bien lui répondre.

Pour tout te dire, j’reviens d’une mission assez chiante. Les raisons qui te font penser que j’ai fait un rodéo ? Bah j’me suis fait coursé par des sangliers que j’venais de sauver et ils m’ont rentré dedans. En ce qui concerne mon village, j’me souviens plus d’où je viens en gros. Tout c’que je fais, c’est voyager sans but précis, mener ma vie tranquillement sans qu’on me fasse chier.

Je m’apprêtais à lui poser la question du genre : « T’es sûr que tu vas arriver à survivre tout seul ? J’ai l’impression que tu n’es pas capable de faire de mal à une mouche ». Mais j’préférais ne pas l’perturber car il avait toujours l’air perdu dans ses pensées. J’me suis donc assis un peu plus loin, j’ai crée des petites balles de métal et j’me suis amusé à jongler avec. Passionnante comme occupation non ? J’avais simplement à attendre qu’il réponde à c’que je venais de lui dire, même s’il avait l’air de s’en foutre complètement.

Coursé par des sangliers ? Amusant... Son histoire fit naître un léger sourire sur mes lèvres. Ce qui était bien rare ces derniers temps. De toutes façons, il y avait longtemps que plus rien ne m'avait fait ne serait-ce que sourire. Après tout, au vu tout ce que j'avais dû endurer, il n'y avait franchement pas de quoi se mettre de bonne humeur. Mais sa réponse m'avait fait sourire, aussi étrange que cela puisse paraître. J'avais l'impression qu'il pensait que je ne l'écoutais pas, ce qui n'était pas vraiment faux, ni totalement vrai... Je l'écoutais d'une oreille, tout en réfléchissant...

Ne pas savoir d'où l'on venait... Était-ce vraiment humainement possible ? A mon avis, non, mais il faut de tout pour faire un monde, alors je le croyais quand il prétendait ne pas se souvenir de son village d'origine. Mais ce qui m'avait marqué dans ses paroles était le fait qu'il vive sa vie « tranquillement ». Je n'avais pas cette chance moi. J'aurais aimé pouvoir revenir à ma vie d'avant, où moi aussi je vivais tranquille, sans me faire chier avec des responsabilités bidons, sans avoir à me soucier du lendemain... Mais c'était avant. Maintenant, je devais surveiller chacun de mes pas, garder une arme constamment à portée de main, je ne pouvais plus être tranquille, quelle que soit la circonstance.

Tu as bien de la chance de pouvoir vivre si librement... Si je pouvais vivre de la même façon, je ne serais sûrement pas là aujourd'hui...

Je sortais alors une clope et l'allumais, la laissant se consumer pendant que le silence pesait sur nous. La seule exception à ça était un petit bruit métallique. Je jetais un coup d'œil en coin à Genzö et le vit en train de jouer avec des petites billes de métal. Bizarre... D'où il les sort ? J'l'ai pas vu les prendre où que ce soit pourtant... Même si c'est vrai que je le regardais pas du tout depuis quelques instants...

Dis moi, d'où tu sors ces trucs ? J't'ai pas vu les prendre où que ce soit.

Ca m'intriguait je dois dire... Même si la curiosité et moi ne faisaient pas bon ménage, je dois l'avouer...

Je m’amusais donc avec mes petites boules de métal fraichement créées de mes propres mains pour passer le temps car cet Hayato me paraissait vraiment dans son monde et assez ennuyeux. Pour tout vous dire, j’voulais me casser pour aller rafler le pactole de ma mission mais avec tous ces putains d’imprévus qui m’tombaient sur le nez bah j’étais salement retardé. Enfin, j’étais en compagnie d’un mec à nouveau bizarre qui avait déserté son pays sans raison apparente d’après ce que j’avais compris. En attendant sa réponse, je l’ai vu sourire en coin. Allez savoir pourquoi ? Je crois avoir deviné pourquoi. Il s’est surement foutu d’ma gueule lorsque j’lui ai raconté ma petite anecdote avec ces bâtards de sangliers. Certes, c’était marrant pour lui mais pas pour moi. J’crève de mal au cul à l’instant où j’vous parle ! J’suis sûr que s’il était à ma place, il aurait pleuré comme un bébé et moi j’me serais bien foutu d’sa gueule. Mais bon, c’était le cas contraire. J’étais pas mécontent d’avoir réussi à faire sourire ce type car il m’paraissait tout le temps malheureux, pensif et perdu dans ses pensées. Un vrai mystère ce mec.

Après il eut cet air qui s’demandait si je le prenais pas pour un con. Surement à cause du fait que j’me souviens pas d’où je viens, du nom de mon village. Bah quoi, j’en peux rien putain d’merde. J’ai tout perdu lors de cette guerre, pas d’ma faute hein. Pas pour autant que j’me fous de la tronche des gens lorsque j’raconte ça. J’suis pas le genre de mec qui s’amuse à mentir pour le plaisir ... Quoi que. Il revint alors sur mes propos qui disaient que j’vivais ma vie tranquillement. Ben c’pas compliqué mon p’tit gars, tu te fais pas chier à suivre des règles de merde, tu fais tout comme bon te semble, tu te barres si t’as envie de te barrer et t’acceptes une mission si t’as du blé en récompense. Pas compliqué non ? Seul problème, il avait fugué pour je n’sais quelle raison de son village natal alors qu’il pouvait y vivre tranquillement et paisiblement à l’heure qu’il est. Il a fait l’mauvais choix.

Baaaaah fallait pas t’barrer mec. D’ailleurs j’me demande pourquoi tu t’es cassé d’un village dans lequel tu pourrais y vivre tranquillement à l’heure qu’il est. Mais bon, t’as fait ton choix.

Après ces bonnes paroles, il sortit une cigarette et commença à fumer comme un trou. J’comprends maintenant comment il évacue son stress. À part se niquer la santé ainsi que ses poumons, j’vois pas ce qu’il fait. Ah si, il suce une cigarette quoi. Moi c’pas que ça me dérange la cigarette, c’est juste que c’est impossible pour moi d’en fumer une. En tant que sportif, j’me dois d’pas toucher à ce genre de chose et même si j’le voulais, j’me sentirais pas capable de fumer quoi que ce soit. J’suis clean, et ouais j’donne l’impression que non mais c’est bien le cas. Soudain, monsieur le fumeur me jeta un regard en coin et me regardait m’amuser avec mes petites billes de métal. Il avait l’air tout émerveillé par ce que je faisais. J’sais pas si c’était le fait de jouer avec les billes ou alors qu’il n’ait pas compris d’où je les sortais mais c’était marrant à voir. C’est alors qu’il me posa une bête question mais qui prenait tout son sens pour lui puisqu’il ne connaissait pas mes capacités. Il me demanda d’où est-ce que sortaient ces fameuses billes. Il ne m’restait plus qu’à lui dire la vérité et lui montrer toute l’étendue de mes talents.

Ah ça ? J’viens juste de les sortir de mes mains mon gars. J’sais que ça peut te paraître bizarre mais j’ai quelques tours dans mon sac si tu vois c’que je veux dire ...

Je m’suis donc levé et j’ai commencé à lui faire une p’tite démonstration sympathique. J’me suis amusé à défoncer des gros rochers qui se situaient pas trop loin en foutant un coup de poing dedans. J’ai aussi laissé couler du métal liquéfié sur l’herbe pour en faire un petit ring de boxe au final. Et pour terminer, j’me suis créé ce que j’aime le plus : un sac de frappe en métal. J’me suis d’ailleurs défoulé dessus !

Je pense qu’avec ça, il ne peut qu’être impressioné le stressé. C’est pas que j’veux faire le malin, le plus fort ou que ce soit mais au moins j’suis sûr qu’il comprendra de quoi j’suis capable ...

Fallait pas me barrer ? Bah, il ne savait pas ce qui m'avait poussé à partir, sinon, il comprendrait... Dire que j'avais commis l'erreur de suivre mon frère dans ses délires de voyage, pour au final me retrouver en cavale autour du monde... Et puis, vivre tranquillement à Kiri ? Impossible, directement quoi... Les gens s'attendaient tellement à me voir devenir quelqu'un d'extraordinaire, à me voir suivre le chemin de mon père... Je leur avait montré qu'ils se trompaient. Certes, je respectais probablement mon paternel plus que quiconque, mais je ne voulais pas marcher dans un chemin déjà tracé à l'avance, je ne voulais pas finir comme lui, toujours engagé sur les champs de bataille, et finalement mort pour pas grand chose... Qui à Kiri connaissait son nom ? Qui se rappelait de son visage ? Ma mère, moi, et qui d'autre ? Mes deux oncles, mais c'était bien tout. Il était tombé lors de cette foutue guerre, et personne n'en avait quoi que ce soit à faire là bas... Ça me dégoutait, et je n'avais pas envie de finir de la même façon, inconnu de tous, mourir pour un village qui oublierait mon nom... Mais bon, il n'avait pas besoin de savoir ça, et je tiquais sur sa réponse...

Sortir des billes de fer de ses mains ? Oh, il manipulait le fer ? C'était pour le moins... intéressant... Je le regardais me faire une démonstration de ses pouvoirs. De la boxe sur des roches, un ring en métal fondu et un sac de frappe en métal. Pas mal... J'allais pas lui demander comment il faisait, je voyais bien qu'il utilisait des jutsu, mais c'était assez intéressant, manipuler le métal... En fait, je m'intéressait plus au fait qu'il manipulait la ferraille qu'à la petite démonstration de boxe qu'il m'avait fait... Mais bon, si il avait quelques tours, moi aussi je pouvais en dire autant... J'effectuais quelques mudras et me levais avant de faire face à Genzö qui reprenait haleine après ses petits tours de boxeur...

Bon, tu n'es pas le seul à connaître un ou deux trucs, j'espère que tu en es conscient ? Enfin, si tu as terminé, c'est désormais mon tour... Mais écarte toi juste un peu. Ou alors, prend des risques, à toi de décider.

Je terminais alors ma technique, et d'un léger mouvement de poignet montant, je fis jaillir des entrailles de la terre une colonne de lave en fusion, faisant fondre toutes ses créations d'un seul geste. Lorsque la lave retomba pour retourner d'où elle venait, il ne restait plus grand-chose des créations du boxeur. Devant moi se présentait un cercle d'herbe calcinée, où restaient quelques traces de métal fondu et partiellement brûlé.

Bon, tu t'es pas fait brûler j'espère ?

J’étais plutôt content de pouvoir montrer ce dont j’étais réellement capable. Toutes ces choses que j’suis en train de faire, personne ne les a jamais vues hormis le peu d’adversaires que j’ai déjà eu. Ces techniques, je les ai développées tout seul dans mon coin. J’me suis entrainé jour et nuit pour arriver à perfectionner ma maîtrise du métal. C’était ma plus belle récompense à ce jour. Sans ce pouvoir spécial, je n’serai rien à l’heure qu’il est. Je serai surement une quelconque personne parmi les autres qui survit grâce à la simple affinité Raïton. Mais grâce à cela, j’ai pu devenir celui que j’suis en ce moment. J’ai réussi à survivre à d’innombrables épreuves et maintenant j’fais ma vie tranquillement comme bon me semble. Personne ne doit m’dire ce que je dois faire. J’ai vécu seul pendant la plupart de ma vie, c’pas des connards qui ont le droit d’me dire quoi que ce soit. Dès mon plus jeune âge, j’ai du affronter bon nombre d’obstacles dans ma vie et j’en suis là aujourd’hui. Je montre la plus belle chose que j’sais faire : maîtriser le métal. C’est une fierté. J’espère que notre ami Hayato le rouquin allait être ne serait-ce qu’un peu impressionné par ce que j’étais capable d’faire. C’pas rien tout de même ! Non mais ... J’voulais juste prouver que j’étais pas une merde en fait, j’pense qu'il a du se poser pas mal de questions quand il a vu c’que je pouvais faire.

Après ma superbe démonstration, je mis un peu plus de temps à reprendre mon souffle. Normal, je venais d’enchaîner 250 frappes dans le sac en métal. C’est pas rien tout de même ! C’est salement crevant je vais dire. Faut pas croire que tout le monde est capable d’le faire, surtout sur un sac en métal. Et ouais ! J’peux me vanter de ça au moins. Le rouquin fumeur, au contraire, j’pense qu’il se serait complètement détruit les mains et qu’il serait parti en courant tellement il aurait eu mal. Haha, le pauvre, je l’aurai plaint personnellement. Moi, j’suis tellement habitué que j’ai l’impression de taper dans du mousse. Ça ne m’fait plus rien du tout. C’cool d’avoir cette sensation. Maintenant que j’me pose la question, j’me demande si ce Hayato n’a pas, lui aussi, un pouvoir spécial comme le mien autre que le Kinton. C’est alors qu’il décida de se lever, moment pendant lequel il effectua quelques mudras. Il me lança qu’il était lui aussi capable de faire quelques trucs cool. Il me conseilla tout de même de prendre mes distances. J’me demande quel genre de pouvoir il avait ! J’me suis donc assis plus loin dans la belle plaine verte et j’ai attendu qu’il me fasse sa petite démonstration. Est-ce que ça allait être un truc à la con ou un truc qui déchire ? J’vais avoir la réponse à ma question.

Il leva alors son poignet vers le haut et à ce moment là, je sentis le sol sous mes pieds trembler. J’ai eu l’impression que c’était un tremblement de terre. Mais en fait non, une putain d’grosse colonne de lave est sortie de la terre ! Qu’est-ce qu’il maitrise la lave ce mec ? Il est taré ! Peut-être que j’comprends mieux pourquoi il a quitté son pays maintenant, c’était surement un danger public qui savait pas s’contrôler, qui sait ? Sa putain d’lave avait fait fondre la plupart de mes créations mais rien d’bien grave au final. Il s’est même soucié pour moi l’rouquin. Comme si j’allais m’faire brûler par une colonne de lave aussi facile à éviter ! Quelle blague ... Mais j’devais avouer qu’il avait du talent et qu’il était pas aussi nul que j’le pensais en le voyant pour la première fois.

Ah ouais pas mal ! Tu maitrises donc la lave, c’est p’têtre pour ça que tu t’es barré de ton village. T’étais un danger public qui n’savait pas contrôler son pouvoir ? dis-je en rigolant avec un brin de moquerie tout de même.

J’attends d’voir sa réaction pour voir s’il allait pas péter un cable et s’énerver sur moi en m’jetant de la lave à tout va. Mais bon, ça m’étonnerait, c’pas un gars si méchant que ça après tout ...

Spoiler:

Moi ? Un danger public ? Bah, peut être, après tout... Peut être que si nous avions été poursuivis et traqués ainsi, c'était parce que les gens nous jugeaient dangereux. Ce n'était peut être pas juste à cause d'une vie... Cette nuit là, nous avions quitté le village de Kiri, seulement, nous ne nous attendions pas à croiser une sentinelle mon frère et moi. Alors, peut être n'étions nous pas poursuivis juste pour avoir pris une vie... Notre maîtrise de la lave était peut être en cause... Il avait lancé ça sur le ton de la plaisanterie, mais il m'avait donné à réfléchir. Ce n'était peut être pas son intention première, mais tout de même, je me posais des questions maintenant... Je contrôlais bien mes pouvoirs, mais... Mais il y avait un mais, peut être que nous étions condamnés d'avance. Peut être avait on planifié de nous faire disparaître... Non, pas possible. A moins que... Enfin, pas non plus la peine de rester à réfléchir des heures là-dessus.

Pff, rien à voir. Si je me suis barré, c'est parce que mon crétin de frère m'a entraîné dans ses idées de voyages à la con...

Mais, maintenant que j'y repensais, ça faisait déjà un moment que j'étais ici, à Kusa... Il allait bientôt être temps pour moi de reprendre le large, si je voulais pas me faire attraper. C'était pas bon pour moi de rester indéfiniment aux mêmes endroits, mais je savais vraiment pas où aller par la suite... Au nord ? Au sud ? Bah, j'aviserais de toutes façons, mais maintenant que j'y pensais, il me paraissait urgent de repartir si je ne voulais pas mettre ma peau en danger.

Bon, c'est pas tout ça, mais j'ai pas non plus toute la vie devant moi. Ou disons que si j'veux l'avoir, je ferais mieux de me magner de dégager d'ici.

Je tournais les talons et jetais ma cigarette au sol avant me marcher dessus pour l'éteindre. Je fis rapidement le point avant de me décider à m'éloigner pour de bon. Il venait de nulle part, s'appelait Genzö, errait un peu partout dans le monde, et boxait en se servant de sa maîtrise du métal... Rien de bien intéressant, et sa conversation ne m'avait pas apporté grand chose, si ce n'est matière à réfléchir à propos de sa dernière réplique... Et il n'était pas dangereux pour moi. Sinon il s'en serait pris à moi bien avant. Je pouvais partir plus tranquille, il ne risquait rien et ne me faisait courir aucun risque supplémentaire.

Allez, j'me casse, et puis, qui sait, peut être qu'on se recroisera un de ces jours !

Sur ce, je tournais le dos au boxeur et repris ma route. Vers où ? Aucune idée, mais je devais juste m'éloigner d'ici...

Spoiler:

Mon dernier petit pic allait-il le faire réagir violemment ? Franchement j’en savais rien et je m’en foutais complètement. À la rigueur il pourrait péter un cable mais j’pense pas que j’aurai grand-chose à faire contre ce maigrichon. C’pas parce qu’il peut manipuler la laver que j’peux pas user un minimum mon cerveau pour le prendre au dépourvu et lui mettre une bonne grosse droite dans sa face d’fumeur. Certes, j’donne pas l’impression d’savoir réfléchir mais j’m’en branle de ce que les gens pensent. Ils seraient bien étonnés d’ailleurs ces enflures là quand ils prendront un uppercut venu de nulle part. Bref, la question n’était pas là, on était pas prêts d’se battre et j’avais la flemme même si ça devait arriver sérieux. J’avais plutôt lancé ça ironiquement mais en me moquant un peu, j’pense pas qu’il le prendra mal, du moins j’l’espère.

J’attendais donc sa réponse comme un mongol. Il mit quelques minutes avant de me répondre et ça m’faisait bien chier parce que j’en avais un peu d’ce paysage. Certes, j’kiff les regarder mais trop longtemps, c’est chiant. De plus, j’devais encore prouver à ces trous du cul de militants que j’avais réussi cette mission chiante pour rafler le pactole et enfin avoir un peu d’argent pour moi. Mais bon, j’ai tellement de chance en ce moment que j’fais des rencontres bizarres, j’tombe sur des gens bizarres, j’suis envoyé dans des endroits bizarres. Tout est BIZARRE dans ce monde. Après ses quelques minutes de réflexion, le rouquin se décida finalement à répondre à ma question. Mais j’voyais qu’il avait pas trop aimé car il était de nouveau reparti dans ses espèces de pensées à la con qui n’servent strictement à rien. Tout c’que je vois, c’est qu’à cause de ces conneries, c’est devenu un mec stressé, ayant peur de tout et qui s’ronge les ongles à sang. Il est pas bien dans sa peau. Qu’il aie déserté ou pas, on s’en branle franchement, qu’il vive sa vie tranquille, incognito pour pas s’faire chopper par les gens d’son village. Logique nan ?

Il m’avoue que s’il s’est barré, c’est à cause des bêtises de son frère. Bah j’avais envie d’lui répondre : « Fallait pas l’suivre, c’est qu’un connard s’il t’a mis dans ce merdier ». Mais bon l’garçon avait fait son choix, c’était un peu tard pour lui faire la morale j’pense. Il est dans la merde, c’toujours un inconnu pour moi, c’pas pour autant que j’vais commencer à le prendre sous mon aile et m’occuper de lui parce qu’il est seul. Il vit seul, j’vis seul. Il est dans la merde, j’suis pas dans la merde. Life is life, what else ? J’voyais bien qu’il en avait marre d’taper la convers avec moi, il commençait à s’en battre complètement les couilles de ce qu’on pouvait dire ... D’ailleurs moi aussi j’en avais marre, j’voulais me barrer. Mais il prit la parole et m’dit qu’il devait dégager d’ici. Moi aussi tiens ! C’est cool non, on va s’casser chacun de notre côté. Non mais il aurait au moins pu dire ça autrement que comme ça, genre j’suis de la merde quoi.

Il tourna les talons, écrasa sa cigarette à la con et resta pensif quelques secondes. Tain’, qu’est-ce qu’il peut être chiant à tout le temps s’perdre dans ses pensées comme ça. Tout le temps dans la lune c’mec. Il me dit une dernière qu’il se casse et qui sait, qu’on se recroisera une autre fois. Peut-être qu’on se recroisera ... ou pas. Certes, j’erre sans arrêt mais voir toujours les mêmes personnes, c’est chiant à force. D’ailleurs c’est pour ça que j’erre, y a des gueules que j’aime pas. Donc j’me barre pour pas les défoncer au risque de mettre ma putain d’belle vie tranquille en danger. Mais bon, la tête d’Hayato m’dérangeait pas. C’était un putain d’stressé de la vie qui fumait pour s’calmer, qui était tout le temps dans la lune et qui n’savait pas trop où aller. Il est un peu comme moi sauf que j’suis beaucoup plus cool que ça ! Haha. Il n’était pas un grand danger pour moi, pas d’quoi avoir peur d’un gars comme lui, il n’était pas méchant non plus. Mais bon, on n’sait jamais avec les stressés qui entrent en dépression, ça peut devenir des cas !

Ciao l’rouquin fumeur, à la prochaine ! Qui sait ce qui arrivera dans le futur ...

Sur ces belles paroles, j’pris le chemin en direction du putain d’village où ces putains d’militants étaient en train de m’attendre pour ma putain d’récompense. Tout c’que je voulais c’était empocher c’putain d’argent et continuer d’mener ma putain d’vie tranquille.

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