Elle était comme un chat sur terre, lasse et feignante, mais dans l'eau, comme un poisson, à son aise. Poisson-chat. Se laissant aller dans la source chaude, la tête de la brune appuyée sur un rebord, elle écoutait Osore en toute quiétude, flaner c'était bien, mais trop longtemps, ça faisait perdre sa saveur. Un bon point pour la Seki qui captivait son attention du coup.

-Une cause hein ?

Cause ou nation, c'était quoi la différence ? Des chaînes plus ou moins bien définies. La brune grimaçait, sur ce point, les deux femmes semblaient se rejoindre.

-J'ai déjà obéit à plusieurs maîtres, ça ira pour moi.

Un autre souci pour elle, vivre libre c'était bien, mais vivre cacher... Beaucoup moins. Une grimace et elle plongeait sa tête sous l'eau, ses yeux grand ouvert dans l'eau grisée et juste un bruit sourd de l'eau dans les oreilles, la brune aurait pensé que cela aurait pu l'aider à réfléchir... Mais rien à faire. Elle ressortait lentement cette dernière pour respirer.

-Mouais.

Quelques brasses pour rejoindre Osore, la même qu'elle éclaboussait en souriant.

-Ou alors, rien à cirer, on fait ce qu'on veut et qu'advienne ce qu'il adviendra, au pire ça pimentera noter quotidien.

Un rire, ou alors ça les amènerait directement au fond d'une cellule. Détail !

-Dans tous les cas, il nous faudra survivre et pour cela pas trente-six méthodes. Soit travaillé, soit se servir... Ou alors trouver un nid « bienveillant », comme l'était Kumo.

Autant rentrer direct quoi. Non, non, la brune ne voyait pas les choses ainsi, elle voulait simplement s'amuser, ni fuir, ni se planquer, en fait c'était tout l'inverse.

-Une chose est sûre, nous avons deux choix, faire les mortes ou alors se faire plaisir, mais ça comprendra forcément quelques intercalations avec ceux qu'on dérange.

La brune affichait un sourire étirait. Quelque chose qui vaudrait n'importe quel entraînement de Kumo ça non ? Comme si elle évoluait encore à parcourir de vieux chemins, mais c'était ce qu'elle voulait ?...

-J'en ai marre de camper. Si on changeait nos méthodes d'avant et qu'on considérait que le monde est notre, alors tout est à nous, n'importe quel coin est chez nous? Car là tout de suite, nous n'avons pas un radis, tu parles d'une vie de rêve !

Elle jetait une bille qui explosait au dessus d'elle en un rideau d'étincelle.

-Je peux ouvrir toutes les portes, tu peux casser toutes les mâchoires. Vraiment rien qu'on puisse faire avec pareil potentiel... ?

Se séparer ? Le mot comme l'idée raisonnait étrangement dans son crâne, la brune fit la moue, mais avant qu'elle n’émette le moindre avis, des lèvres lui coupaient la parole. Un de ses sourcils se relevait, un peu surprise peut-être ? Ou en fait pas du tout, elle sentait la Seki et la Seki la ressentait aussi une osmose étrange peut-être dû à la marque ou c'était au delà de ça. Elle souriait en la ramenant contre elle plus près, serrée délicatement alors qu'elle copiait le mouvement de lèvre. Douce chaleur, douce présence, douce caresse, douce créature, qui comme une belle statue ravivait de ses courbes les doigts d'artiste qui aimait tant la beauté des choses, mais plus encore l'aura de leur âme. La Bakushô penchait sa tête, la couleur perçante de son iris endormie sous ses paupières quand sa main gardait prisonnière une joue pour pas que le baiser ne s'échappe.

Leurs deux silhouettes s'étaient déplacées un peu, la Bakushô ricanait amusée en relâchant un peu son échange, un répondant plaisant visiblement, sa coéquipière avait au moins le don de l'initiative, la qualité préférée de sa compère. Dans l'eau le poids ne faisait aucun sens et tous les mouvements et les positions semblaient réalisable sans contrainte, étrangement, ne jamais avoir joué dans cet élément l'étonnait. Ses lèvres retrouvaient le confort de la surface pulpeuse de sa « soeur » et l'eau devenait leur manteau totalement quand elle l'entraînait vers le fond perdant un peu de son air au passage en s'amusant à tournoyer pendant l'action. Peu importe, leur réserve était double, si elle manquait d'air, elle savait où la trouver sans remonter, sa main libre caressait ce visage qui semblait apaisé quand l'autre fermement ancrée dans la main d'Osore s'assurait qu'aucun courant ne la lui ôterait. Pas de réflexion, juste suivre les envies.

Un point sur lequel elles semblaient d'accord longtemps, même après avoir dû remplir à nouveau leur poumon. Leur tignasse flottante il y avait peu s'accrochait à leur peau, comme l'une à l'autre. Le bout d'un pied pour caresser un mollet, des doigts pour faire frissonner une échine en glissant sur l'anatomie variée d'une dame. Comme un jeu de sculpture que la fille connaissait par coeur, c'était comme parcourir l’œuvre pour la comprendre, un travail de minutie. Un talent d'artiste dans l'agilité de ses doigts experts, le tout était de ne pas être trop pressée, juste d'apprécier bien le geste qui faisait rougir les joues bien plus que la chaleur du liquide. Après tout, si elles se séparaient, il fallait que leur esprit sachent se marquer pour se garder non ?

Le nez de la brune caressait celui de l'autre avant de se poser, comme son front sur le support de son homologue, elle fermait les yeux un instant pour humer ce parfum avant de glisser son regard dans le sien. Ultime baiser pour le coup et leur corps semblaient prêt à se détacher ?

-On dirait un adieu. Faisons en sorte que ça ne soit qu'un prélude, le souvenir réchauffera nos nuits trop froides.

Lui susurrait-elle à peine en caressant avec douceur la peau de son épaule, chassant au passage les cheveux trempés.