Howaito n’aimait pas les surprises et son intelligence lui avait permis de tout temps d’en éviter la plupart. Mais ce pourquoi il était venu à Taki no Kuni c’était pour sûr une surprise ! Il avait conversé longuement par un moyen sûr avec la tierce personne qui avait organisé ce rendez-vous. Et ces échanges épistolaires n’étaient pas de tout repos spirituellement parlant. Ils soulevaient des questions épineuses, qui rentraient en total désaccord avec la situation du monde shinobi actuel.

Pourquoi se prendre la tête sur tout ça alors qu’il était en route pour en discuter pleinement avec les concernés ? Il n’y avait pas d’autre raison que le caractère d’Howaito lui-même. Original, antipathique, surprenant mais toujours éveillé.

La personne qui l’avait convoqué – la même avec qui il avait échangé par lettres – avait prévu d’arriver en dernier. Lorsqu’il entra dans la taverne un peu plus tôt que l’heure indiquée, le moine ne fut pas surpris de ne repérer aucune des trois personnes avec lesquelles il allait devoir converser. Le lieu en lui-même était une taverne des plus banales, comme il en existait des dizaines dans le pays. Un lieu qui rassemblait des groupes de personnes de tout horizon.

Il choisit la table vide la plus proche, et s’y installa. Son regard ne faisait aucun trajet inutile, mais enregistrait telle une machine le plus d’informations possible. Etait-ce utile ? Le doute pouvait persister, mais c’était un trait de caractère difficile au Gekei.

Désormais il fallait patienter, car malgré les tristes circonstances de ce rendez-vous, il allait être le lieu pour revoir une camarade qu’il n’avait pas oubliée. Et peut-être qu’une collaboration de plus grande ampleur naitrait alors.

Spoiler:

• "Je retournerais bien sur l'île après ça." Pensait-il.

• "Je suis prêt."

Ps:

J'ai toujours aimé les surprises. Nan je déconne. Je les aimais pas.

A part quand c'est moi qui les réservait à mon prochain. C'était généralement mon prochain qui se mettait à les détester, lesdites surprises du coup ... Pourquoi je parle de ça, d'ailleurs ? Un mauvais coup en perspective ? Un mauvais coup subi ? Quoi donc ? Trois fois rien, même si ce trois fois rien, il ne l'est pas, rien. J'avais été conviée expressément à une auberge, par un destinataire inconnu, et pour un dessein encore plus inconnu. Tout de suite, voilà que je me crispe, me met à cran, trouve que cela a goût de piège.

Puis je me dis que, vraiment, si on voulait m'en tendre un, on ferait en sorte qu'il ne le sente pas à dix kilomètres de distance.

Je suis juste devant l'entrée, là. Je me suis pincée les lèvres, en regardant d'autres personnes rentrer.

J'aime pas du tout les surprises. J'aime pas tout ça. Ce quelqu'un qui m'a convié, il a beaucoup a caché pour m'inviter dans de telles conditions, et j'sais même pas si j'ai envie de savoir ce qu'il en est ...

... Puis je me souviens que j'ai vu à Ame de magnifiques boucles d'oreille en opale ... Et que j'ai donc besoin d'argent. De beaucoup, beaucoup d'argent. Puis si on fait appel à moi, ça peut être que pour ça. Soyons lucides deux minutes : Pourquoi voudrait-on de ma présence sinan, hein ? J'arrivais pas à le voir, même si mon charme et ma beauté exotique étaient des réflexions flottant dans mon esprit.

Je franchis le pas, entre à l'intérieur en poussant la porte. J'aime pas, cette impression de ne pas arriver en premier. J'ai toujours adoré être assise, épier les arrivants. Ca me donnait une sensation de contrôle, me manquant terriblement à cette occasion. Je balaye la sale de mes prunelles dorées, rapidement. Et constate une silhouette que je connais. Un visage familier. Howaito ?

Sourcils qui se froncent, une petite moue s'installant sur mon visage. Il n'est pas seul, visiblement. Un autre individu est installé en face de lui, mais ils n'échangent aucun mot. M'attendaient-ils, pour converser ? Quelque chose me disait que c'était le cas. Ca se tenait. Lui ... C'était sûrement lui, le commanditaire. Ahah.

Il fallait que je m'y fasse, on dirait. Un individu aussi sibyllin que moi, ça ne me plaisait pas. Mais je m'y ferai. On se faisait à tout, après tout, et on finissait bien par y prendre goût. De ma démarche féline, voilà que je décide de prendre le siège à la droite de l'inconnu, histoire de montrer ma déférence envers le Tigre Blanc, et me contentais de dire, sur une voix amusée.

- Et bah, je ne savais pas qu'on faisait tant de mystères pour revoir une amie.

Un magnifique sourire sur les lèvres, révélant toutes mes dents.

L’homme encapuchonné entra dans la taverne sans un bruit, et ne tarda pas à remarquer la tablée qui l’intéressait. Trois personnes qu’il connaissait plus ou moins bien. Il ne pouvait de toute façon pas se tromper. Choisissant la dernière chaise en bois de libre, il se plaça à gauche d’un homme auquel il adressa un soupir.

Alors tu la connaissais ? Tu ne perds jamais une occasion pour servir tes propres intérêts…

L’amulette que l’inconnu portait autour du coup était peu rassurante : une tête de mort entourée d’un cercle aux sculptures et détails millimétrés. Mais c’était surtout un symbole pour les grands manipulateurs d’esprits et de démons. Rien qu’en voyant cela, que ce soit Kurei ou Hikari : tous deux pouvaient comprendre. En face d’eux s’était invité le chef de leur clan.

Lentement, l’homme dévoila son visage en laissant basculer son couvre-chef. Des cheveux longs et presque blancs malgré son jeune âge apparent. Un physique d’une trentaine d’années pour un corps fin mais compensé par un visage des plus noirs et expressifs.

Je suis Mamoru, et quelque-part, je suis le chef des Mamoru en cas d’extrême nécessité. Ou plutôt disons que je sais beaucoup de choses sur ceux qui maîtrisent mon art.

Mamoru, un simple nom qui était pourtant le sien, et qui s’était propagé pour tous ceux qui manipulaient avec brio esprits et autres démons. Il n’avait pas de lien de sang avec tous ses comparses, mais tous les Mamoru avaient appris un jour ou l’autre qu’il existait une sorte de chef, qui pouvait faire valoir son autorité sur ceux qui avaient sa maîtrise.

Kurei, j’ai connu ton père. Ouka était un homme plein de secrets, mais un être digne. C’est lui rendre hommage que d’être ici et d’avoir répondu à mon appel, même si tu ne le soupçonnais peut-être pas.

Le visage fermé de Mamoru se tourna vers la seule femme de la table.

Hikari, tu en as fini avec tes petits travaux misérables ? Après Ame no Kuni, il me semble que tu as fais des efforts pour recevoir une éducation digne de ce nom et faire de ton mieux… Mais aujourd’hui, tu as choisi d’être avec « lui » ?

Il s’était tourné vers Howaito. Une vieille connaissance. Mais sûrement pas un ami. On ne pouvait pas être ami avec quelqu’un d’aussi fourbe.

Spoiler:

Ou pas. Ça, c'est quand un troisième comparse se joint à notre petite table, et commence à faire les présentations, et à parler tout seul. Parce qu'il est connu que les hommes aiment s'entendre parler, naturellement. Howaito ne m'avait pas convié, c'est tout ce que j'avais besoin de savoir. C'était lui. Mamoru. Mon chef de clan ? Bah ... J'arrivais toujours pas à comprendre comment on pouvait s'faire appeler ça ... J'veux dire, aucun de nous n'a de lien avec les autres ! C'est le sang qui lie les clans, sinan les Nécromanciens auraient le droit de s'appeler clan ! Et ceux qui utilisent le Katon ! Et le Suiton ! ET TOUS LES PUTAINS D'AUTRES !

C'est pour ça que je me suis sentie obligée de dire, le plus agréablement possible.

- Même si ma vie en dépendait, vous ne le seriez pas, mon chef.

Toujours souriante, mais avec une pointe de menace dans la voix. Je n'avais pas aimé le ton qu'il avait employé à mon égard. Ni les propos qu'il avait tenu, cela dit. Il était qui pour me juger, à part un connard qui faisait vingt ans de plus que son âge réel ? Un homme. Juste un homme. Et ça lui donnait le droit de tout faire, même ça. Je soupire, dédaigneuse, avant de continuer.

- Quant à Howaito ? Nos intérêts coïncident, mais ce n'est pour autant que je suis avec lui.

Je n'étais avec personne, à part moi même. C'était la seule réalité, en ce qui me concernait. Après tout, envers qui pouvait-on être plus loyal qu'envers sa propre personne ? On ne souffrait d'aucune trahison, d'aucune surprise. Je croisais les bras sous ma poitrine, alors que je penchais la tête sur le coté.

- Mais si je comprends bien ... C'est vous, l'inconnu destinataire qui nous a réuni ici ? Et si c'est le cas ... Est-ce par cette extrême nécessité que vous avez cité auparavant, que vous avez besoin de ... nous ..?

Je ne perdais pas le nord, jamais. Certes, il me dérangeait. Il laissait entendre qu'il savait bien des choses sur moi, des choses qu'il n'était pas censé connaître. Mais ... Je sens le gain. Et si il a tellement besoin de nous, comme il le laisse entendre, de vaines préoccupations physiques comme l'argent ne devraient pas le déranger, n'est-ce pas ?

• *Je le savais.*

• "Mamoru..."

Il se tournait les pouces en attendant. Et ce n’était pas qu’une simple image : il prenait réellement chacun un pouce avec son autre main et le tordait ci et là avant de passer à l’autre. Patienter était quelque-chose qu’il n’aimait pas faire, même si c’était nécessaire pour de nombreuses occasions. Howaito se savait de nature plutôt impatiente. Mais il savait contrôler très bien contrôler son corps – ses dix années passées chez les moines de Ta no Kuni n’y étaient pas pour rien – et aujourd’hui ne faisait pas exception. Néanmoins il ne pouvait s’empêcher des petites mimiques.

Car il savait la situation difficile et dangereuse. Il ne savait juste pas à quel point. Mais l’arrivée des autres invités éclairerait sûrement tout ça. Il fallait attendre, décidément…

La première personne à s’inviter à sa table fut celle qu’il avait rencontrée récemment. Monza. Après l’urgence de cette entrevue, elle était la deuxième raison pour laquelle le moine s’était décidé à venir ici. Ils s’étaient juré de se retrouver lorsque leurs plans coïncideraient avec une envie de travailler en collaboration. Et ce jour était arrivé pour le Gekei. A savoir si à la fin de cette discussion il en serait de même pour la kunoïchi.

Etrangement, Howaito n’adressa même pas un regard à Monza, et ne sortit aucun mot de sa bouche. Il attendait, écoutait, et vit à moitié arriver un second invité. Ce n’était pas Mamoru. Ou plutôt, c’en était « un ». Voici donc la seule personne qu’il ne connaissait pas déjà. Il lui adressa naturellement un regard long de deux ou trois secondes, suffisant pour noter dans son esprit de premières informations. Mais là encore, pas un mot.

Enfin, il arriva. Mamoru. Il commença par saluer le moine avec une remarque plutôt percutante, comme à son habitude. Puis il dressa un peu le portrait de chacun des deux autres « Mamoru » présents. Howaito ne manqua pas de noter des détails croustillants, mais resta silencieux et attendit de voir la suite. Ni « Hikari » ni Kurei ne semblaient être au courant de quelque-chose.

Howaito tapota des doigts avec insistance sur la table, et jeta pour la première fois ses yeux vers la jeune femme.

« Ils « coïncident » ? Sachez que si vous voulez collaborez avec moi, un peu de confiance… Que dis-je : de politesse s’impose ! Ravi d’apprendre, enfin, votre vrai prénom, Hikari. »

Il s’était naturellement douté, ce jour-là, que la kunoïchi ne lui avait pas forcément donné sa véritable identité. Mais elle aurait pu le faire à la fin de leur précédente conversation. Howaito se tourna vers Mamoru.

« Je suis moi aussi ravi de te revoir, mais ne perds pas de temps à essayer de raviver d'anciennes querelles. Ce n’est pas parce que j’ai couché avec ta cousine qu’il faut faire passer ta petite personne avant le monde shinobi, n’est-ce pas ? »

Sur quoi il arrêta de taper sur la table, et croisa gentiment les doigts.