Music ♫:

L'astre diurne n'épargnait personne de sa flamboyance au sein de la contrée désertique qui constituait le pays du vent. Suna non plus n'était pas épargné par l'incandescence de ses rayons et mieux valait savoir se protéger convenablement de ces derniers si on ne voulait pas mourir sous le courroux de notre luminescence adorée.
Pour autant, il n'était pas question de s'abriter pour éviter ses caresses impétueuses : non. Nous vivions dans cet environnement et nous avions appris a nous en accommoder. C'était pourquoi, malgré la lourde chaleur, je m’entraînais avec ferveur sur les terrains d’entraînements. Cela faisait déjà une bonne heure et demi que je m'évertuais à le faire dans la plus grande précision. Mon sang claquait dans les airs en un fouet fin, se mouvant avec grâce de part mon affinité fuuton que j'y avais incorporé.

Je le faisais fondre avec célérité sur les cibles de bois, entaillant ces dernières de façon successives. Mon entraînement devait s'en doute davantage ressembler à une danse d'un œil extérieur tant je me mouvais avec aisance et toute la prestance que m'attribuait mon sang noble. J'étais amenée a devenir la cinquième Comtesse Ketsueki lorsque mon grade me permettrait d'obtenir le titre de chef de clan mais d'ici là, il fallait me perfectionner.

J'avais volontairement laissée ma faux a double lames dans ma chambre, souhaitant accroître ma maîtrise du sang plus que le maniement de mon arme. En effet il fallait à tout prix que je parviennes à accentuer ma résistance face à l'utilisation de mon fluide vermeil. Bien sûr, j'avais un jutsu pour accentuer ma régénération sanguine, de manière à ne pas perdre connaissance à la moindre utilisation un peu plus importante de mon propre sang mais ce liquide écarlate renouvelé rapidement n'était autre qu'un nectar corrompu par ma maladie sanguine que j'avais depuis ma naissance. Ce dernier était néfaste pour moi et je devais l'éliminer rapidement en recevant un sang plus sain si je ne voulais pas y laisser la vie et c'était cette faiblesse dont je voulais tenter de ralentir le processus à défaut de pouvoir l'éradiquer.

Cette maladie m'empoisonnait la vie et les veines et je me devais de trouver une solution pour la rendre moins handicapante. J'étais déjà parvenue à éviter les visites incessantes à l'hôpital mais cela me demandait de trouver des personnes susceptibles de m'aider ou des ennemis à tuer et bien que ces derniers ne manquaient pas, c'était plutôt des premiers dont j'avais besoin. Takeshi était l'un de mes donneurs réguliers et je me chargeais de le débarrasser de ces maux de tête incessants en échange, pour un temps.
Je n'aimais pas du tout cette dépendance que j'avais d'autrui mais je devais bien m'y résoudre pour survivre. Je n'estimais pas vraiment les autres mais je deviens bien reconnaître que j'accordais un remerciement infini aux personnes qui m'étaient venus en aide sur ce point. Tout comme je savais remercier mes ennemis en prenant mon temps pour les dépiauter un par un pour mieux extraire leur élixir encore tiède...

Mon front perlait de sueur alors que j'arrivais bientôt à bout de mon chakra et que mon sang aussi commençait à se faire rare. Jamais je n'avais tenue aussi longtemps sans ressentir les prémices d'une anémie toute proche. J'avais su doser la quantité d'hémoglobine que j'avais utilisé et celle que j'avais rappelé a moi pour éviter tout gaspillage.

J'attrapais ma gourde et la portait à ma bouche pour me désaltérer, haletante et épuisée. Au même moment, j'aperçus un homme dans les gradins, là a m'observer. Je n'avais aucune idée de quand datait son arrivée car j'avais été si concentrée par mon entraînement que je n'avais pas remarqué sa présence : un mauvais point pour moi... Je n'aimais pas être prise par surprise, et bien que l'homme n'avait pas cherché à se cacher, cela ne me plaisait pas de n'avoir pas été suffisamment sur mes gardes pour me rendre compte de sa présence. Sa peau hâlée, ses cheveux blancs et ses yeux de glace contrastait sans pareil face à ma peau diaphane, mes longs cheveux noirs et mes pupilles rubis. Nous ne semblions presque pas appartenir au même village et pourtant il était bien là et shinobi tout comme moi. Il dégageait de lui une certaine aura de puissance : il devait possédé un grade et un rang bien supérieur au mien et pourtant, c'était la première fois que je le voyais.
Je continuais de le scruter, refermant ma gourde et la replaçant à ma taille tout en passant ma main du revers sur ma bouche pour retirer l'eau qui y perlait encore.

«  Que faites-vous ici ? Vous souhaitiez vous distraire ? »

Il était vrai que bons nombres de personnes : civils comme shinobis, venaient admirer les performances de ceux qui s’entraînaient pour se divertir ou encore pour apprendre. Qu'en était-il pour lui ?

Music ♫:

Le Sunajin quitta son perchoir pour se retrouver face à moi juste après m'avoir fait par de ses motivations. Selon lui, il passait simplement par là lorsqu'il était tombé sur moi : je n'avais pas de raison de ne pas le croire. Je relâchais un peu ma méfiance vis à vis de sa personne puisqu'il ne semblait pas être venu ici pour chercher à s'attirer des ennuis.

Il se présenta : Kibo était son nom. Je ne savais rien de lui mais le fait qu'il s'excusait pour m'avoir perturber et qu'il n'avait pas pensé me déranger en me regardant m'entraîner me laissait penser qu'il était de ces gens qui courbaient l'échine pour éviter les conflits : il devait être un pacifiste. Je n'aimais pas spécialement m'entretenir dans une discussion musclée et tendue mais cela ne me gênait pas non plus : j'étais franche et si les choses ne me plaisaient pas, je le ferais comprendre de la manière la plus naturelle du monde.

Kibo poursuivait en faisant mon éloge sur mon style de combat qu'il trouvait élégant et plaisant a voir. A quoi s'attendait-il ? Que je le remercies pour ses compliments ? Je ne savais pas vraiment ce qu'il espérait ou attendait de moi mais je restais impassible et neutre comme s'il venait de me parler de la pluie et du beau temps.

Mes pupilles rubis ne lâchait pas ses perles azurés, cherchant a sonder son esprit pour voir quelle idée il avait derrière la tête. Je doutais fortement qu'il s'était avancé dans le seul but de faire ma connaissance, il avait beau l'air d'un pacifiste je ne le pensais pas si stupide au point de vouloir faire ami ami avec le premier venu qui croisait sa route.

Il avait tendu sa main et j'ignorais cette dernière, ne voyant pas d'intérêt pour ce genre de geste lorsque la personne était un inconnu. Je me contentais de lui retourner la politesse en déclinant a mon tour mon identité d'un ton neutre.

« Yami. »

Il m'adressait un sourire que je ne comprenais pas. Pourquoi faisait-il preuve de tant d'attentions à mon égard alors qu'il y avait cinq minutes nous ne nous étions jamais vus ?! Ce genre de comportement me dépassait au plus haut point ! La confiance ça se méritait et il n'était pas prêt d'avoir la mienne bien qu'il semblait déjà prêt à me concéder la sienne. J'avais toujours trouvé que les personnes agissant ainsi étaient des faibles. Les relations étaient bien assez compliquées comme cela, j'en savais quelque chose, c'est pourquoi je m'y limitais pour ne pas avoir à gérer des situations de crises : je n'avais pas que cela a faire que de m'embrouiller avec les autres pour x ou y raison ! La solitude avait fini par me peser malgré tout et c'était bien pour ça que j'avais laissé à Oniri le libre court de me montrer ce qu'était l'amitié mais maintenant, alors que toutes ces nouveautés m'apparaissaient comme bien plus compliquées que je n'avais pu l'imaginer, je me demandais vraiment si j'avais bien fait de quitter ma solitude et la quiétude qu'elle avait pu m'apporter. Oui je m'étais sentie seule durant de longues années mais j'avais fini par m'y faire ! Pourquoi partager des moments de sa vie et de son précieux temps avec des personnes qui sont davantage sources d'ennuis que de sollicitude.

Haletante à cause de mon entraînement intensif et de mon utilisation poussée de sang, je me dirigeais vers les gradins pour m'y asseoir et reprendre un instant mon souffle. Il n'était jamais bon d'exposer une posture de faiblesse face à un inconnu mais il était sunajin et je doutais fortement qu'il souhaitait me nuire. Je reprenais une rasade d'eau pour rendre moins douloureuse ma gorge sèche sans jamais lâcher ce Kibo du regard sauf pour constater un instant la coagulation de mon sang sous l'action de mon chakra sur ma paume blessée : mon élixir venait se gorger dans ma blessure jusqu'à se durcir légèrement pour stopper le saignement. Satisfaite, je reportais mon attention sur le Sunajin que j'interrogeais à mon tour :

« Tu m'as l'air plutôt puissant alors pourquoi s'attarder sur l'entraînement d'une Genin telle que moi ?! Que me veux-tu ?  »

Quelles étaient ses intentions ? J'étais peut être simplement paranoïaque néanmoins je n'avais pas pour habitude d'y aller par quatre chemins et je voulais savoir ce qu'il me cachait et pourquoi.
Je scrutais avec intensité le regard de l'homme aux yeux de glaces, assise sur les gradins alors que mon manque de sang commençait à se faire ressentir légèrement et de façon supportable tout en attendant sa réponse.

Ce Kibo semblait vraiment déterminé à mettre les pieds là où ça ne le regardait pas. Il m'expliquait avoir de la peine à me comprendre : qu'à cela ne tienne car j'avais du mal moi même. Il se demandait pourquoi j'étais si peu enclin à engager la conversation et si ce comportement que j'adoptais ne s'adressait qu'à son encontre où si j'étais ainsi avec tout le monde.

« Si cela peut te rassurer c'est ainsi avec a peu près tout le monde. Ce n'est pas tant que je n'ai pas envie de te parler mais que je n'ai rien à te dire. »

Je le regardais avec dédain alors qu'il s'était assis à côté de moi sur les gradins.
Il argumentait sur le fait qu'un Genin était digne d'intérêt même pour un plus haut gradé et je supposais que ça dépendait du point de vue et de ses occupations. Excepté si j'avais une team mais jamais je ne m'imaginais assister a l'entraînement d'un Genin alors que mon rang était bien supérieur. Quel intérêt que du perdre du temps à regarder un novice s'entraîner lorsque l'on avait tant à faire et que nos pairs se meurtrissaient dans le désert aride ou sous le courroux d'un ennemi ? Je n'arrivais pas vraiment a cerner le sens des priorités de cet homme.

« Je ne sais pas si tu es puissant ou non mais tu sembles dégager une énergie qui n'appartient pas vraiment à un amateur. Ne t'en vois pas flatté car je ne cherche nullement à te faire des fleurs. »

Je marquais une pause puis j’enchaînais pour lui expliquer mon attitude, dans l'espoir qu'il finisse par se lasser et me laisser en paix :

« Ecoute. Tu viens peut-être en toute innocence comme tu le prétends, soit, mais, quel intérêt aurais-je à te parler ? Il y a des jours où je suis plus encline à la discussion que d'autres : il n'y a qu'à voir tout ce que j'ai traversé avec Tsukiko en une soirée alors que je ne l'a connaissais pas ! Et il y en a d'autres comme aujourd'hui où je ne suis vraiment pas d'humeur et que mon entraînement à plus servi d’exutoire qu'autre chose pour me défouler sur mes problèmes. Après tout, tu devrais même te sentir privilégié que je daigne t'adresser quelques mots car il n'y a même pas une année, tu n'aurais entendu aucun son sortir de ma bouche tant j'aurais feint l'ignorance sur ta personne... »

Au moins cela avait le mérite d'être clair. Je ne pouvais pas nier avoir changer au cours de cette année car j'avais appris bon nombre de choses que j'ignorais sur les codes sociaux et ce, grâce à Oniri en premier lieu puis j'avais élargie mon champ de vision sur l'amitié et la joie partagée avec des personnes auxquelles je tenais. Toutefois, depuis qu'Oniri et même Shinji m'avait fait part de leurs sentiments à mon égard, j'étais complètement perdue par la situation qui me happait de plein fouet comme une vague déchaînée et déferlante. J'aurais pu tout simplement les ignorer mais le fait que nous nous trouvions tous les trois dans la même équipe - le Bushidan - n'arrangeait pas la situation... D'où le fait que parfois, je préférais renfermer sur moi même de nouveau, au moins les choses étaient beaucoup plus simple mais ça, j'étais bien incapable de le dire à l'oral et je n'en avais pas envie non plus. Une fois encore, je ne connaissais pas Kibo et je comptais pas entrer dans la confidence avec lui simplement parce qu'il me le demandait, si nous étions amis peut-être mais ce n'était pas encore le cas.

Mon sang pulsait dans mes tempes si bien qu'une migraine commençait à m'assaillir : j'avais définitivement repoussé les limites de ma consommation de sang et surtout de mon sang sain tandis que celui contaminé par ma maladie gangrenait peu à peu dans mes veines... J'avais l'habitude de subir cette altération mais c'était toujours aussi désagréable et déstabilisant. Le décor tourna un coup alors que j’eus le réflexe de cramponner mes mains au banc du gradin sur lequel j'étais assise. Je fermais les yeux et prenais une grande inspiration avant de les rouvrir pour constater que me champ visuel était redevenu normal. Je faisais mon possible pour rester impassible face à Kibo car si je n'aimais pas dévoiler mes faiblesses, celle-ci, je la haïssais par dessus tout...

Il était peut être franchement stupide de s'intéresser a tout le monde mais au moins il avait le mérite d'être tenace ! La détermination dont il faisait preuve pour tenter de comprendre ma façon de penser était assez remarquable et j'aimais bien les gens qui allaient au bout de leurs idées, aussi idiote soient-elles.

Kibo revenait à la charge en trouvant que j'avais tord de ne trouver aucun intérêt quant à la discussion avec des inconnus mais je trouvais au contraire que cela était parfaitement justifié. Il prétendait que passer à côté de certaines relations me fermait des portes et m'enfermait dans mes problèmes sans y trouver de solutions : comme s'il était la solution à mes problèmes... Visiblement c'est ce qu'il pensait...

Je ne risquais rien à lui poser la question après tout et peut-être même que son jugement pourrait s'avérer utile pour démêler le méli-mélo auquel ressemblait le fil de mes pensées en ce moment mais je n'avais pas vraiment envie de rentrer dans la confidence avec lui alors qu'il m'apparaissait comme un parfait étranger : je n'étais pas du genre à crier ma vie sous tout les toits et puis j'avais toujours trouvé que les histoires de cœur faisaient tâches dans la vie d'un shinobi formé pour le combat et la protection de son village. Je partais du principe que je ne devais pas laisser mes sentiments altérer mon jugement...

Etait-il une solution ou un problème supplémentaire ? Pourquoi avais-je l'impression d'entendre mon Kuchiyose et ses débats philosophiques... Je ne pouvais pas réellement savoir s'il serait l'un ou l'autre et tenter reviendrait à ce que ce soit quitte ou double et il y avait un an je ne me serais même pas poser la question : a quoi bon s'embêter et risquer de s'attirer des problèmes lorsque l'on en a déjà a résoudre ? J'aurais passer mon chemin et empêcher toute relation de s'installer dans ma vie au moins tout était plus simple. Toutefois, je devais bien admettre qu'aujourd'hui beaucoup de choses avaient changé et j'étais réellement en pleine réflexion sur sa proposition... S'il venait a devenir un problème je n'aurais qu'à m'en débarrasser : c'était aussi simple que cela !

« Tu peux peut-être m'aider en effet... Mais n'attend pas de moi que je te retourne la faveur ! Nous ne sommes pas amis que je sache ! »

Lui disais-je, les yeux emplis de malices tout en élevant la voix. Je marquais une pause avant de reprendre :

« Mais avant toute chose, parle moi de toi que je puisse faire ta connaissance, puisque tu y tiens tant ! »

Poursuivais-je avec un sourire en coin tout en fixant ses yeux de glaces.
Une fois qu'il se serait présenté, j'en ferais autant si le coeur m'en disait, puis je lui exposerais mes problèmes pour voir s'il était une solution ou une source d'ennuis supplémentaires...

Il espérait m'aider avec sincérité alors que nous ne nous connaissions pas... Décidément, je n'arrivais pas a comprendre sa vision des choses et comment il pouvait offrir sa confiance à l'inconnue que je représentais pour lui...
Il souhaitait que je me présentes également après qu'il m'aurait donné plus de détails de sa vie mais ça, je ne pouvais pas le lui promettre : ça serait suivant mon bon vouloir. Je n'avais pas grand chose a cacher cela dit.

Il n'était donc pas originaire de Suna mais du Pays du Bois. Je n'étais pas très douée en géographie mais je savais que ce pays était l'un de nos voisins et que du coup, il ne se trouvait pas très loin de sa famille adoptive. Je me demandais bien ce que ça pouvait faire d'avoir une famille... Après tout, j'ignorais tout de mes parents moi aussi.
Kibo poursuivait dans sa lancée en m'apprenant qu'il ne se destinait pas a devenir shinobi mais que les aléas de la vie avait fait qu'il avait choisi cette voie pour répandre … la paix ? Pour l'obtenir, il fallait tout de même tuer des gens... était-ce là sa conception de la paix ? Tuer pour être plus tranquille? Je n'avais jamais abordé les choses sous cet angle mais je devais avouer que cela se valait mais encore fallait-il ne pas être bercé d'idéaux de pacifiste pourtant, Kibo semblait faire partie de ce genre de personne.

« Combattre pour apporter la paix ? N'est-ce pas un peu contradictoire ?! Je le conçois parfaitement mais tu n'as pas l'air du genre a vouloir exterminer les gêneurs au profit d'un monde de quiétude... »

Il ajoutait faire partie du Kakumeigun ce qui signifiait qu'il devait connaître Tsukiko car, de ce que j'en savais, le chef de cette unité s'avérait être le sensei de la kunoichi au sunaton.

« Je vois. Tu dois connaître Tsukiko alors ? »

Lorsqu'il eut terminé son récit, sourire au lèvres, j'en concluais qu'il attendait que je me présente à mon tour. Il n'avait pas été avare en détails et j'en savais suffisamment pour me faire une idée de sa personne, c'est pourquoi je me lançais en ne le quittant pas des yeux :

« Eh bien je m'appelle Yami, je suis une Ketsueki, bien que tu l'ais sans doute déjà deviné. J'ai 18 ans également et je suis née a Suna en principe. Moi aussi j'ai été abandonné par mes parents mais je ne sais rien d'eux. En fait, je ne sais même pas s'ils sont encore vivants ou morts et je dois dire que je m'en moque un peu. »

Pourquoi connaître mes géniteurs alors qu'ils m'avaient abandonné ? S'ils ne voulaient pas de moi à ma naissance, je ne voyais pas en quoi cela aurait changé aujourd'hui ! Rester dans l'ignorance était donc encore la meilleure des solutions.

« En revanche, contrairement à toi, je n'ai pas été adoptée par d'autres personnes, j'ai grandi à l'orphelinat de Suna et j'en suis sortie à mes 15 ans suite à mon adoption par l'une des membres de mon clan qui était la dernière Ketsueki connue du village. Je suis atteinte d'une maladie sanguine depuis ma naissance qui fait que mon sang s'altère de lui même au fil des jours : environ 1L de mon sang par jour sur les 5L que constitue notre corps. Pour faire simple, mon sang se contamine et devient impur pour mon système sanguin de ce fait, j'ai passé de long moment hebdomadaire à l'hôpital de Suna depuis mon enfance pour subir des transfusions et ainsi renouveler mon sang pour survivre. Mon entraînement à ce jour, était fait pour parvenir à repousser mes limites sur ma consommation de sang et apprendre à mieux gérer mon sang contaminé pour éviter qu'il ne m'incommode trop vite. »

Cela faisait déjà beaucoup d'éléments et il n'était pas vraiment utile de parler de Megami qui gangrenait mon corps. Je poursuivais donc sur mes aptitudes.

« Je suis une Genin de la team Bushidan, la Kazekage est mon sensei. Je suis spécialisée en ninjutsu et kuchiyose, j'ai une affinité particulière avec le fuuton et je maîtrise bien entendu mon sang et celui des autres... »

Je laissais planer un certain doute sur mon dernier mot comme pour lui intimer que je pourrais bien m'amuser avec le sien...

Moi qui n'était pas forcément loquace, sauf lorsque la situation l'exigeait, je devais avouer m'être surpassée sur ce coup-là. J'adressais un sourire en coin a Kibo, plongeant mes pupilles rubis dans les siennes, azurés : je me demandais comment il allait réagir face à cette accumulation d'informations sur ma personne. Et encore, il ne savait pas tout...

Kibo m'expliquait que son but était d'apporter la paix par les mots et non la violence : doux euphémisme... Je n'étais pas la pour juger les idéaux des gens tant qu'ils en avaient et s'y accrochaient cela m'allait même si j'étais sceptique quant à la façon d'apaiser les esprits de shinobis peu scrupuleux, sans se battre... Cette technique fonctionnerait certainement avec certains mais avec d'autres, c'était peine perdue...

Comme je le pensais, il connaissait Tsukiko et plutôt bien visiblement puisqu'ils vivaient même sous le même toit... Je me demandais s'ils entretenaient une relation charnelle... Après tout, ce n'était pas mes affaires...
Toutefois, je ne pouvais m'empêcher d'esquisser un sourire lorsque l'homme aux yeux de givre soulignait que j'évitais le contact avec autrui :

« En effet, je me complais dans la solitude mais cela ne veut pas dire que je ne côtoie personnes... Elle comme d'autres ont le même âge que moi et je suis amenée a faire des missions en leur compagnie. Il est également utile de connaître des personnes issues de chacun des clan de Suna... »

Il semblait intrigué par le pouvoir de mon clan, aussi, il me demandait une démonstration. Mes yeux luisaient d'une intensité nouvelle à cette simple suggestion : parviendrait-il a le supporter ?
Je tendais la main pour qu'il y pose son avant bras et entaillais un fin sillon sanglant à l'aide de ma bague à pointe que je portais constamment à mon pouce. L'un de mes doigts récupéra une rasade que je portais a ma bouche. Son nectar était assez sucré, c'était la sa propre marque car chaque sang avait un goût différent. Concentrant mon chakra dans celui-ci, je faisais léviter un filament de sang depuis sa plaie, sans la toucher, l'arquant et la faisant tourner à ma guise. Une fois l'exemple donné, je faisais retrouver à son élixir son emplacement initial avant de concentrer davantage mon chakra. Cette fois-ci, en prenant tout de même attention à ne lui infliger une douleur que modérée, je tendais ma main vers lui, tournant mon poignet tout en refermant mes doigts, serrant ses veines, artères et organes, l'immobilisant de douleur, à ma merci, sous mon emprise.

J'annulais ma technique dans les secondes qui suivirent, ne voulant pas le faire souffrir. Je lui adressais un nouveau sourire.

« Satisfait ? »

Mon sourire se transformait en véritable rire lorsqu'il me promettait de trouver une solution à ma maladie.

« C'est gentil mais... Il n'y en a pas. Elle est incurable... à vie. Je vais devoir faire avec le restant de mes jours. C'est contraignant mais … ça ne me gêne pas... C'est pas comme ci boire le sang d'autrui me déplaisait... »

Lui avouais-je, pleine de sous entendus...

« Quant à mon équipe... Pour le moment je l'ignore. Nous n'avons effectué qu'une seule mission et Zanshi nous a choisi, moi et mes coéquipiers, parce qu'elle nous jugeait comme des « électrons libres »... Elle ne doit pas avoir tord au fond car nous avons chacun nos caractères et nos spécificités... Elle nous a convoqué dans le désert pour nous en faire l'annonce officielle bien qu'elle semblait prise par le temps pour annoncer la création de sa team puisque des Juunins en mission se demandaient bien qui étions nous, pauvres génins, pour accompagner la Kazekage...»

J 'imaginais qu'elle n'avait pas eu le temps d'en parler de manière officielle... Et puis qui s'en souciait ? Pas moi en tout cas...

Kibo semblait impressionner par le pouvoir de mon clan, tant et si bien qu'il me demandait des précisions que je tardais à lui fournir : j'étais méfiante... Après tout il était aussi un sunajin mais s'il s'avérait être un traître du village un jour alors qu'il connaîtrait les limites de mon pouvoir... Autant dire que ce n'était pas une bonne idée... Toutefois, il m'avait vu procéder, aussi, il devait bien s'en douter...

« Oui. Je suis obligée d'avoir le sang de mon adversaire dans mes veines ou ma bouche pour le contrôler. Je ne suis pas obligé de le goûter cependant. Je peux très bien le mêler au mien a partir d'une plaie pour que cela fonctionne aussi. J'aimerais bien pouvoir contrôler le sang des autres même sans y goûter mais je crois bien que c'est impossible... »

Je marquais une pause.

« Sais-tu que chaque personne a un sang unique, au goût qui lui est propre ? Lorsque j'ai déjà bu le sang de quelqu'un, il m'est possible de reconnaître son propriétaire rien qu'en le buvant de nouveau. Si on me présentait dans des fioles le sang de différentes personnes que j'aurais déjà bu, je saurais mettre une identité sur le liquide écarlate en le goûtant. »

Bon... moi qui avais jugé que trop lui en dire n'était pas très malin, j'avais complètement abandonnée l'idée au vue des détails que je venais de lui confier. A vrai dire, sa réaction m'intriguait. J'avais envie de savoir tout ce qu'il pensait de cela. Peut-être, qu'au fond, parler de mon clan et de sa maîtrise me conférait l'impression de diaboliser la chose, nous qui étions si montrés du doigt.

Kibo restait têtu puisqu'il continuait tout de même à croire qu'il trouverait une solution pour ma maladie bien que je savais que c'était un combat perdu d'avance.

La discussion s'arquait de nouveau autour de ma team. Cela m'avait étonné moi aussi que la Kazekage choisisse de prendre des élèves alors même qu'elle était déjà submergée de travail mais je n'allais pas chercher midi à quatorze heure tant que je ne trouverais rien de louche à cela.

« Bien sûr que cela m'étonne mais c'est ainsi. J’attends de voir la suite et ce qu'elle nous réserve, pour le moment, nous nous contentons de missions servant a évaluer notre potentiel : rien d'anormal en soit. Je pense aussi que ses enseignements nous seront profitables.»

Il me demandait de me livrer mes problèmes et je trouvais que je lui en avais déjà suffisamment dit sur ma personne. Je me voyais mal lui parler de Megami et du fait qu'elle me pourrissait la vie surtout que cette dernière se manifestait de plus en plus facilement à travers moi et je ne voulais pas en parler avec lui et prendre le risque qu'elle prenne le dessus sur moi pour lui nuire...

« Mes problèmes... Si je t'en parlais tu t’enfuirais en courant... Et tu aurais bien raison... »

Voilà la seule chose que je pouvais lui dire. Mes yeux rubis s'étaient plantés fermement dans les siens d'un air entendu qui tachais de lui dire : «  n'essaie pas de les découvrir où toi aussi tu seras condamné... »

Kibo était réellement impressionnée par mes capacités et il m'exposait une idée à laquelle j'avais déjà songé et pour laquelle j'avais même déjà pris les devants...

« En effet. C'est d'ailleurs ce que je cherches à faire : me créer une sorte de « banque de sang » pour les identifier plus facilement et surtout avoir celui de mes adversaires à porter au cas où je les rencontre de nouveau pour leur causer du tord plus rapidement. J'ai d'ailleurs déjà commencé puisque j'ai récupéré le sang de deux Jisetsu. J'avais confié les échantillons a Takeshi, un ninja médecin que tu connais peut-être : c'est un ami qui se trouve être l'un de mes donneurs... »

Je marquais une pause pour faire comprendre a Kibo l'étendue de ce que signifiait mes dernières paroles.

« Il est parvenu a synthétiser le sang pour le « cloner » de façon à en créer une quantité plus importante. Si je revois ces Jisetsu et que je dois les combattre, je n'aurais alors pas besoin de me débrouiller pour récupérer leur sang pour leur nuire gravement puisque j'ai déjà sur moi des flacons de leur sang. »

Je remontais ma manche, découvrant on épaule gauche sur laquelle était attachée une lanière de cuir sertie d'une fine aiguille et d'un socle creux.

« Il me suffit de positionner la capsule de sang que je veux mêler au mien, sur ce dispositif et l'aiguille se plante dans ma peau pour le diffuser. C'est une amie Saibogu qui m'a confectionné cet appareil. »

Je souriais au Sunajin avant de reprendre :

« Pour répondre à ta question : non je n'ai pas de limite pour la mémorisation des différents sangs... Pas que je ne saches en tout cas ! Le sang ne me dégoûte pas... je l'utilise : c'est mon arme. Et puis, avec ma maladie j'ai même appris à aimer son goût... désormais je m'en délecte... C'est un véritable plaisir et une grande euphorie que d'en récolter... Le tien était teinté d'un goût semblant sucré et ça ne m'étonne pas vraiment quand je vois ton caractère... Je n'ai jamais rencontré de sang « mauvais »... Je ne pense pas que ça existe : ils ont tous leur particularité. Je dois tout de même avoué que je ne me serais pas risqué a boire du sang noir de Furyou cependant... »

Il se montrait relativement têtu sur notre autre sujet de discussion à savoir: « mes problèmes »... Je soupirais avant d'abdiquer : je n'avais aucune envie de le voir me coller pour savoir de quoi il retournait et je l'avais mis en garde c'était donc son problème si les vieux démons se réveillaient...

« Mon problème a failli me faire éventrer ma meilleure amie... »

J'observais un instant sa réaction, cherchant une lueur quelconque dans ses pupilles de glaces :

« Un seul mot : Megami... C'est celle qui a été ma sauveuse de l'orphelinat mais aussi mon gourou. C'est elle qui m'a fait goûter au sang pour la première fois alors que j'y ai vu un moyen de palier à ma maladie qui ne nécessitait plus des passages répétés et épuisants à l'hôpital de Suna. J'ai donc bu son sang alors qu'elle allait mourir et elle s'est servie de ce lien de sang pour... transférer son âme en moi dans un ultime effort. Elle trempait dans des affaires louches à Suna : c'était une traîtresse, c'est la raison pour laquelle elle a été traquée et tuée et maintenant, elle vit à travers moi et bien que j'arrive a la maintenir au second plan, il m'arrive de relâcher ma « barrière mentale » comme j'aime à l'appeler, et qu'elle en profite pour prendre ma place... »

Mes yeux ne reflétaient plus l'assurance que j'avais arboré depuis le début de notre entrevue. Mon regard se montrait fuyant et lorgnait le sol : la crainte m'envahissait.

Ainsi donc, mon ami et donneur Takeshi, faisait partie de la team de Kibo qui était son sensei. Ce dernier semblait définitivement fasciné par ma maîtrise du sang et il jugeait que j'en faisais bon usage. Je ne savais pas quelle était les limites de mes facultés tant et si bien que je voulais les pousser à leur paroxysme pour voir l'étendue des possibilités. Je n'avais aucun autre membre de mon clan pour m'expliquer son fonctionnement réel, je me devais donc de faire avec et de découvrir tout cela par moi même.

Kibo reparlait des expériences menées a Suna sur le « sang » des Furyou que nous avions pu récupéré, m'expliquant qu'il ne valait mieux pas y toucher quand on voyait ce qu'il avait provoqué au chef du Kakumeigun qui avait perdu la mémoire...

Par rapport à Megami, il me conseillait d'aller voir un Mamoru, un clan qui contrôlait les âmes mais je n'en connaissais aucun et je n'étais pas sûre que cela fonctionne... Ma Némésis s'était immiscée en moi à travers notre lien de sang, il n'y avait pas que son âme de lier à moi mais également une partie de son fluide écarlate. J'imaginais que cela s'avérait bien plus complexe : Megami était perfide, elle n'aurait pas permis qu'un simple sceau ou un pouvoir de clan puisse corrompre ses plans. A voir la façon dont elle s'était servi de moi, il était certain qu'elle avait préparé son coup de longue date. Toutefois, je ne pouvais nier la gentillesse dont le Sunajin faisait preuve à mon égard en me proposant de tenter de l'extirper de là... Que risquais-je après tout ? Si ce n'est une manifestation incontrôlable et une souffrance incommensurable ? Mouais... pas très engageant mais il me fallait essayer...

« Ce sont des propositions intéressantes... Je suis d'accord pour que tu tentes de m’apposer un sceau qui pourrait la contenir ! Ça me soulagerait énormément de ne plus avoir à constamment maintenir « une barrière mentale » comme j'aime à l'appeler, pour l'empêcher de prendre l'ascendant sur ma personne. »

Je ne savais pas vraiment où il devait poser son sceau ou si l'endroit importait, si bien que je lui dévoilais l'une de mes épaules, montrant mon omoplate. Lorsque sa main entra en contact avec ma peau, une violente douleur m'assaillait, me coupant le souffle tout en me faisant écarquiller les yeux. Ma peau me brûlait atrocement à l'endroit où il l'avait touché, et la marque qu'il avait apposé disparaissait à vu d’œil comme si on l'avait retiré ou que mon corps était immunisé ou du moins, protéger contre ce genre de stratagème. Mon sang pulsait dans mes tempes, me donnant des migraines magistrales qui me faisaient me tordre de douleur un instant tandis que je recrachais une gerbe de sang. Je savais que Megami poussait de son côté, je le sentais.
Je gémissais de douleur avant d'adresser un regard assassin à Kibo, un regard flamboyant qui ne m'appartenait pas, bien plus emprunt de noirceur que moi même était capable. Ce dernier ne se posait qu'une fraction de seconde sur mon interlocuteur mais j'avais senti, en cette instant, que je ne contrôlais plus mon corps. Mon envie de vouloir me débarrasser d'elle ne lui avait visiblement pas plu.

Je devais m'éloigner de lui et éviter de le blesser si jamais je ne parvenais pas à la contrôler. Je me redressais, titubant et me rattrapant in extremis à un mur, haletante, le front perlée de sueur, avant de m'effondrer sur le sol, inconsciente. Mon corps avait choisi de se mettre en veille sous la lutte acharnée entre les deux entités qu'abritaient mon corps. Pour couronner le tout, j'avais besoin de sang : mon entraînement m'avait fatigué, j'en avais utilisé en quantité effroyable et celui qui me restait était gangrené par ma maladie... Quelle journée...