Elle a failli à sa tâche. La voilà seule sur le toit de l’Hokage, à pleurer à chaud de larmes comme une enfant de dix ans. Si elle avait eu un mauvais pressentiment en apprenant qu’Oha et Natsumi étaient venus au village, elle n’aurait imaginé qu’ils en étaient arrivés là. Il a suffi qu’elle quitte le village pendant quelques semaines pour qu’à son retour… tout se soit effondré. Comment pourra-t-elle faire face aux survivants après cela ? Car au fond, c’est en partie sa faute. Elle qui est considéré comme l’une des plus puissantes Yamanaka, elle n’a pas été là pour protéger son clan. Pire encore, elle est celle ayant formée la kunoichi ayant perpétué ce génocide. La chair de sa chair continue à la détruire jour après jour.

Levant les yeux pour apercevoir le village en contrebas, elle repense à comment était sa fille avant… Avant qu’elle ne réussisse son examen et qu’elle commence à développer ce côté rebelle et désinvolte. Quand on vous cesse de dire que le monde Shinobi change les gens… Natsumi en est la preuve même. Comment une petite fille comme elle a pu en arriver là ? Maintenant, elle n’est plus qu’un monstre sanguinaire assoiffé de puissance. Elle est devenue aussi risible qu’Oha, le père de la rousse. Ces deux-là vont peut-être bien ensemble finalement.

Seulement, en repensant à cela, un sentiment extrême d’inquiétude envahit le corps de la Dame. Elle sait que beaucoup de membre du clan sont morts, pour ne pas dire quasi tous… Mais qu’en est-il de sa famille proche ? Une pensée vînt directement pour son frère et sa nièce, Yoshie. Plaquant ses mains sur la bouche, elle réalise seulement maintenant qu'eux aussi, ont peut-être été tué par la borgne.

- …Non…

Sans attendre plus longtemps, elle fonce sans chercher plus à comprendre jusqu’au cimetière. Endroit où sont sûrement déjà enterrées toutes les victimes. Continuant à pleurer, elle ne rechigne pas quand elle sent l’air froid lui fouetter le visage. Une seule chose lui importe maintenant. Il faut qu’elle sache si eux aussi ont été victimes de tout cela.

Après quelques minutes de course folle sous les yeux écarquillés des passants, elle arrive enfin au cimetière. Comme dans une sorte de transe, elle regarde partout à toute vitesse, respirant bruyamment. La voilà bien loin de la belle kunoichi habituelle… avec cette inquiétude qui la ronge, elle n’a que faire de son apparence ! Elle traverse alors les sentiers parcourant toutes ces tombes jusqu’à arriver aux coins où son regroupé les Yamanaka. Lisant les noms à toute allure, elle ne peut s’empêcher de lâcher quelques sanglots en voyant certains noms. Toutes ces personnes qu’elle côtoyait sont maintenant dans un autre monde…

Seulement, l’ultime coup de massue se fait quand elle lit un seul et unique nom. Tombant à genoux, elle ne peut que regarder la tombe d’un regard vide. Face à elle, le prénom de son unique frère gravé dans la pierre. Il est mort.

- Mon frère… pardonne-moi…

Cachant son visage dans ses mains, elle éclate une nouvelle fois en sanglots. Est-ce qu’elle va réussir à passer cette épreuve ? Sûrement, mais elle y laissera de nombreuses plumes…

Pourtant, alors que tout semble calme, que seuls ses sanglots tranche l’air, elle ressent une présence derrière elle. Qui ?

Une voix. Une simple voix qui stoppa net les sanglots de la Dame de Konoha. Face à cette tombe, jamais elle n’aura pensé entendre cette voix. Une fille, que dis-je, une jeune femme que connaît bien Meia se trouve dans son dos. Sur le coup, elle crut presque à une hallucination tellement son esprit était tourné vers le désespoir. Pourtant, elle rassemble le peu de force qu’il lui reste afin de tout simplement se relever et se retourner. Un simple geste qui chasse une partie de l’inquiétude de la chef de clan. C’est comme si la vie lui avait envoyé cette personne afin de lui faire comprendre que tout n’est pas perdu.

- Yoshie…

Avant qu’elle n’ait le temps de comprendre quoi que ce soit, sa nièce, Yamanaka Yoshie lui saute dans les bras en pleurant. Si elle se trouve dans cet état, elle ne peut nullement imaginer celui de son homologue plus jeune. Une jeune femme dont la rousse se trouve être la marraine et une seconde mère. Beaucoup pense d’ailleurs qu’il s’agit de la mère biologique de Yoshie au vu de la ressemblance entre les deux femmes. Il faut dire aussi que la genin ressemble trait pour trait à la chef de clan, comme si elle avait été le résultat d’un simple clonage.

Plus que les retrouvailles, ce sont les mots de la jeune femme qui troublent une nouvelle fois Meia. Cette dernière essaie tant bien que mal de rangée son expression de chagrin afin d’arborer quelque chose de plus maternelle et rassurant. Comment est-ce que sa nièce pouvait s’imaginer que ses parents sont morts par sa faute… ? Pour elle, c’est tout simplement inconcevable et idiot. Plus que le chagrin et la tristesse, c’est la culpabilité qui semble avoir pris le contrôle du cœur de Yoshie. C’est donc en serrant fort dans ses bras qu’elle lui parle doucement avec un ton des plus réconfortants.

- Ce n’est pas ta faute ma chérie… Il ne faut pas que tu penses ça… Jamais. Il faut que l’on soit forte pour supporter cette épreuve… Il faut que l’on se serre les coudes.

Déposant un baiser sur le front de sa nièce, Meia continue avec ses paroles rassurantes.

- Jamais je ne t’abandonnerai Yoshie. Il faut qu’on puisse compter l’une sur l’autre plus que jamais ! Sais-tu seulement qui a osé causer tout ce mal… Sais-tu qui sont les auteurs de cette tragédie…

Même elle n’avait pas encore digéré l’information. Un semblant de haine se créer alors dans l’esprit de la Dame. Depuis qu’elle a appris la nouvelle, elle s’est effondrée de tristesse mais maintenant qu’elle a vu ce désespoir sur le visage de Yoshie… Une colère envers les criminelles l’envahit.

- Tu ne dois pas penser que cela est de ta faute… Seuls sont fautifs Oha, ton grand-père et… Natsumi, ta cousine. Ce sont eux les auteurs de ce massacre, de cette folie pur. Et moi… en tant que chef de clan… je n’ai pas réussi à vous protéger… Je suis désolé Yoshie… vraiment…

Détachant légèrement son corps de celui de sa nièce, Meia plonge son regard dans celui de l’autre rousse. Une larme coule alors le long de sa joue. La voilà qui culpabilise à nouveau de n’avoir pas bien rempli son rôle de chef de clan. Si elle avait été là, peut-être qu’elle aurait pu arrêter sa fille et son père… Peut-être même qu’ils n’auraient pas attaqués le village. Oui, si l’attaque a eu lieu à ce moment, le départ pour Kumo de Meia devait être un des facteurs du choix de quand agir pour le duo.

- Laisse-moi me pardonner Yoshie… je t’en supplie…

Une deuxième larme. Une troisième larme. Mais aucun sanglot. Peut-elle vraiment se racheter de son erreur ? Peut-elle vraiment venger son clan ? Nul doute que si Meia devait faire de nouveau face à Natsumi, ce serait pire qu’un désastre. Si certains pensent l’avoir vu au summum de la rage ils seront vite surpris. Mais pour l’heure actuelle, il lui faut être pardonné dans le cœur de sa seule famille restante. Yoshie représente cette main qu’elle recherche à atteindre tant bien que mal…