Le soleil s'était levé, aucun nuage ne se montra pour l'obscurcir; l'astre du jour rayonnant, réchauffant; annonçait une journée radieuse. Radieuse d'apparence seulement. Le temps, la météo, le climat ne pouvaient en rien définir une journée, qui plus est celle-ci, comme bonne ou mauvaise. Une seule chose la ferait pencher d'un côté ou de l'autre de la balance, Hiryuu le savait. Elle s'était levée pleine d'espoir, s'était affairée, préparée à cette journée. Elle les y avait aussi préparé, même s'ils ne comprenaient pas exactement de quoi il retournait. Pour eux, ce n'était qu'une journée comme une autre, bien que les deux enfants avaient nettement compris qu'ils s'en allaient en excursion. Leur excitation, même de bon matin, était assez... amusante, suffisante pour faire sourire leur jeune mère; malgré leur particularité; ils restaient énergiques, plein de vie et parfois pour ne pas dire souvent : épuisants.

Un mot déposé sur la table adressé à ses parents et se fut le moment de partir. Il était encore tôt, mais comme eux, le soleil était bien réveillé, alerte... Si seulement la suite pouvait s'annoncer sous d'aussi bons hospices, ce serait merveilleux, s'avouait la jeune femme. En effet, depuis qu'elle recouvrait la mémoire, un peu plus chaque jour, la présence de ce ninja qu'elle avait d'abord détesté puis ensuite aimé, lui manquait terriblement. Elle s'était même demandée comment elle avait pu oublier ça, ce sentiment bien plus fort que tout, plus fort que la peur, que la détresse; comment avait elle pu ? Le cerveau, ou le coeur; aucun des deux ne comprenaient vraiment ça, l'amour; sinon; ils ne l'auraient pas oublié et ne lui auraient pas fait endurer tout ceci, enfin, le passé appartenait toujours au passé. Hiryuu ne se morfondait pas, et ne s'était jamais apitoyée sur son sort, alors quelle que soit le résultat, elle s'y résignerait.

Il leur fallut quelques heures pour faire le trajet de leur petit village sans importance jusqu'au grand temple d'Hachibi. Malgré un grand soleil pour le moins agréable, le fond de l'air demeurait assez frais et le vent n'arrangeait rien. Hiryuu les avait parés à la route, emmitouflé pour leur éviter d'attraper tout mal. C'était dans ces moments là qu'elle se rendait compte qu'au final elle faisait plutôt une bonne mère alors que jamais avant elle n'y avait pensé, ni même ne s'y était intéressée. Cette époque d'insouciance ou seul son bonheur, son plaisir et ses envies comptaient, était belle et bien révolue. Enfin, cela ne signifiait pas pour autant qu'elle s'était aigrie, bien au contraire. Elle avait muri, grandi intérieurement aussi. On lui disait même par moment qu'elle était surprotectrice envers eux, une critique facile à donner et qui n'était pas forcément vraie. Ce fut en fait certainement l'événement le plus bénéfique de sa vie.

Leur marche, longue et rude, s'acheva finalement lorsqu'au loin se profila l'imposant édifice. Il devait être aux alentours de midi lorsqu'ils arrivèrent au pied du temple. Il y avait quelques personnes ici et là, des visiteurs, des moines... Cet endroit donnait l'impression d'être assez sûr, mais bon, quel lieu l'était vraiment ? Quand on sait que même un village "ninja" peut être prit pour cible par des ninjas, des bijuus et bien d'autres monstres. Midi, les deux bambins firent savoir qu'ils étaient affamés. En dépit de leur jeune âge théorique, ils étaient capables de manger des aliments solides, enfin, des nouilles en somme, et surtout. Ils savaient déjà à peu prés se servir des baguettes, et manger plutôt proprement, enfin, c'était assez relatif et relevait souvent de l'approximation. Enfin, tout se déroula plutôt bien, aucune plainte, aucuns pleurs; comme d'habitude. C'était plaisant, et à la fois étrange voir effrayant de le voir...

Le temps s'écoula sans que l'ombre du Seki ne vienne planer sur cette journée si lumineuse. Hiryuu commençait à penser qu'il ne viendrait pas. Elle observait au loin, dans la direction de Kumo et ce pendant plusieurs heures. Durant celles-ci, Ozura et Setsu dormirent, jouèrent, dormirent encore et jouèrent encore. Tout semblait terminé, Hiryuu s'y était préparée; elle soupira et alla s'asseoir plus loin dans l'herbe, regardant, surveillant ses jumeaux assis un peu plus loin. Elle ne faisait pas attention à ce qui se passait autour; maintenant elle ne pensait plus qu'à une chose : repartir, passer à autre même si cela lui paraissait pour insurmontable. Elle avait entendu des choses sur les chagrins d'amour -dans son cas on parlerait plutôt de tristesse- pouvait mener dépérissement de l'âme et inévitablement à la mort. Le soleil commençait à descendre, et la brise qui soufflait se faisait plus froide. Un frémissement lui hérissa les chairs, peut être dû à la fraîcheur ou... à un autre sentiment, ou pressentiment.

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