Mission B (Prologue) - Prêt pour aller en balade ? [PV Suoh]

Dernière édition par Yorurai Mikami le Mar 21 Oct 2014 - 13:14, édité 1 fois

Spoiler:

Un départ en mission au milieu de la brise matinal, sentant celle-ci caresser fraîchement les pigmentations de la peau de son visage, soulevant doucement la chevelure sur son passage alors que le soleil ne s'est lui-même pas encore levé. Ce sentiment... La lumière de l'aube se reflétant sur les derniers kunai entrant dans leur poche, bien à portée de la main, la vue du sentier s'éloignant des remparts et cet instant entre concentration et éparpillement quant à l'appréhension de la mission. Mikami respirait cet air comme l'on respire le parfum de la chevelure d'une kunoichi passant son pallier hors du cadre d'une mission. Tout ce qu'il se passe avant le moment fatidique, on le reçoit avec calme, patience et excitation ; épaulé à l'arche sous les remparts du Shozaichi, le regard sereinement arrêté sur ce point d'horizon où les rangées d'arbres finissent par entièrement cerner la route, le jeune shinobi sentait son sang s'agiter, alors que son pouls continuait de se propager à un rythme normal. Et comme une voix dans sa tête, une émanation de son subconscient, un chant qui murmure *Ça va saigner, ça va saigner...*

Il avait pris l'habitude de tendre l'oreille à ce que son Moi intérieur lui chuchotait, son état d'amnésique ne lui permettait pas d'ignorer toute trace de son passé qui serait restée enfouie au plus profond de ses entrailles. En quelques mois après son réveil au beau milieu d'un néant fumant de doutes, ces attentions l'avait amené à redécouvrir son statut de shinobi lorsqu'il fut confronté aux obstacles que la vie mine sur la route de chacun, peu importe si l'on sait où l'on va ou si l'on se sent perdu, statique ou non, aux prises avec des questions existentielles. Mais aujourd'hui, il se demandait quel genre de ninja pouvait-il bien être durant ses vingts premières années. Pour lui, apprécier avec autant de contemplation l'approche d'une mission qui pourrait s'avérer risquée compte tenu de son rang n'était pas anodin. Quel genre d'arme avait-il pu bien être alors que son esprit ne semblait réclamer que de la difficulté... ?

Tout nouvellement membre de l'armée de l'alliance des pays neutres, genin, ce dernier ne se sentait pas le moins du monde dérangé par une affectation à une mission de rang moyen. Après tout, si son expérience passée continuait de ressurgir comme elle le faisait depuis sa renaissance, il n'aurait qu'à se laisser aller au plaisir des adversités tout le long de son aventure. *Plaisir de l'adversité.* Drôle d'expression qu'il eut en tête à ce moment là, mais son propre cas n'était pas le seul facteur de cette assignation qui aurait pu paraître bancale s'il n'avait pas été bien accompagné. Il y avait aussi la juvénilité du village ninja qui faisait la carence des rangs de l'armée et tout ce qui en découle. Une armée pour des pays qui se réunissaient pour la paix...

Bref, ses pensées vagabondes finirent par se recentrer sur l'ordre du jour et de ceux qui allaient suivre. Et s'il se demandait comment une instance si récente pouvait faire confiance à des shinobi venant d'horizons tous aussi différents les uns des autres, recrutés en grande partie par nécessité et sûrement dans l'urgence, par précaution, et bien la réponse se trouvait sur son ordre de mission. Il fallait tout simplement allier ces nouveaux venus à quelqu'un de haut placé dans la hiérarchie, comme un capitaine par exemple... en l'occurrence celui du Buki. Considérant le grade de son co-équipier – dont le suffixe de senpai allait sûrement être plus approprié – Mikami ne pouvait s'empêcher d'avoir envie de tomber dans une mauvaise embuscade ; encore un indice sur son ancienne vie, fonction, ou comportement, qui sait ? C'est fou comme l'on peut réclamer la guerre alors qu'on se dit œuvrant pour la paix. Se retrouver aux prises d'une bataille au côté du commandant des forces armées, c'était comme un grand pas en avant dans sa carrière alors que ce n'était que le premier ; et le jeune homme n'avait pas l'intention de fricoter longtemps avec les missions tranquilles, il se savait capable de bien plus grandes choses. Mais ressentir ce désir de combat comme le besoin d'évacuer ce qui ressemblait à de la frustration le laissait perplexe tandis qu'il se rappelait que ce qu'il avait vu jusqu'ici le poussait à renier le concept de Guerre. Mais tout de même...

C'est fou comme l'on peut réclamer la guerre alors qu'on se dit œuvrant pour la paix.

Dernière édition par Suoh le Jeu 6 Nov 2014 - 9:28, édité 1 fois

Ce n'était pas sa bataille et pourtant il était envoyé sur le front.

Oui ce n'était pas sa guerre, ce n'était pas son passé, néanmoins il allait devoir se rendre à Mizu no Kuni. Et en plus ... Il n'était pas seul. On lui avait conseillé un Genin à prendre sous son aile pour le voyage, un nouveau fraîchement débarqué au Shûkaï qui ne connaissait presque personne enocre. Cela faisait sourire notre homme, c'était peut-être pour ça qu'il avait accepté, ils n'étaient pas vraiment différent. Le Capitaine de l'armée était tout comme lui à son arrivée et trouver du soutien était parfois difficile. Allongé dans son lit, il quitta le lit qui n'était pas vide. Sahori dormait comme un bébé, pareil que d'habitude. Le général déposa un doux baisé et partit en direction de son bureau, il devait récupérer quelques affaires avant de partir à Mizu no Kuni. Il allait surtout s'assurer que tout tourne durant son absence, pour cela il siffla deux fois une fois la porte franchie. Akishi et Shin ne tardèrent pas à arriver, jamais en retard ces deux là. C'était lors des rapports, tout se passait bien aux frontières pas de mouvement apparemment pour Shin. Néanmoins, Akishi n'avait pas de bonnes nouvelles et son visage se ferma tandis qu'il remit un dossier à son chef. Suoh fronça les sourcils ... Ce n'était pas bon, il y avait de l'agitation là bas.

Il fit signe alors aux deux hommes de partirent. Pas besoin de plus d'explications, chacun savait ce qu'il avait à faire. Quant à Suoh, il était temps pour lui de rejoindre le morveux pour la mission. Marchant dans les couloirs des quartiers du Buki, ses pas résonnaient sans cesse, annonçant l'arrivée du général. Il ne portait pas la tenue officiel des Capitaines, comme à son habitude il préférait son t-shirt blanc surplombé de sa veste. C'était pour lui plus décontracté, plus facile pour se mouvoir et surtout un peu moins solennel que la grande robe blanche. Souriant rien qu'à cette idée, il quittait sa demeure pour tomber en plein dans le centre ville. Le soleil s'affronta à ses yeux l'espace de quelques instants, le choc entre l'obscurité et la lumière était rude. Se dirigeant vers les portes, il ne calculait pas vraiment tout ce qu'il y avait autour de lui, ce n'était pas son genre de chercher à se faire voir, il se contentait d'avancer. Clope à la bouche comme à son habitude, il ne lui fallut que quelques minutes avant d'arriver au lieu de rendez-vous devant les portes. Le mioche était déjà là, s'approchant de lui par sa grande carrure, une certaine aura se dégageait du Capitaine, il n'était pas haut gradé pour rien. Il prit la parole, sans vraiment savoir comment s'y prendre :

- Mikami je suppose ? Moi c'est Suoh, Capitaine du Buki, tu dois déjà le savoir. Pour faire simple et bref, je te demanderai d'être discret tout au long de cette mission, ne cherche pas à jouer les héros, ne te fait pas remarquer. Tu es un soldat comme les autres, si tu te mets dans un pétrin je ne viendrai pas te sauver. Tu seras rapidement remplacer. Néanmoins, prouve moi que tu peux bien remplir ton rôle et je ferai en sorte qu'on ne te remplace pas. Compris gamin ?
Ce n'était pas tellement vrai dans le fond, Suoh savait très bien qu'il sauverait le gamin s'il en avait l'occasion. Cependant, il fallait quant même lui faire comprendre que la discrétion était primordial et que jouer au héros ne servait à rien. Surtout dans une terre comme Mizu no Kuni laissée à l'abandon depuis peu. Il valait mieux faire profil bas. Suoh porta alors son regard sur le petit, il avait quelque chose d'étrange ce gamin, comme un fond mauvais, comme une envie de meurtre, était-ce de la rage ? Il ne savait pas trop, mais il y avait quelque chose, rien qu'à voir son faciès on comprenait. Cependant, le général ne désira pas s'attarder là dessus, il avait bien plus important à faire. S'allumant une cigarette en claquant des doigts, il tira une bonne latte avant de recracher la fumée, il reprit alors la parole d'un ton plus doux cette fois, le gamin allait-il se faire au caractère du Capitaine ? Dans le fond il n'avait pas le choix.

- Nous prendrons le bateau à la ville portuaire de Gifu, nous penserons ensuite par Yuki no Kuni, nous reprendrons la mer afin de finir sur Mizu no Kuni. Si tu as des questions n'hésite pas je suis là pour y répondre.

Il tira une latte et se mit à regarder droit devant lui, il était temps de partir. Ouvrant la marche, il activa ses dons de senseur, maintenant il allait devoir être sur ses gardes, car l'ennemi était partout désormais et surtout dans les lieux où on ne l'attendait pas. Suoh espérait surtout que cette mission se passe sans accroc, non pas pour lui, mais pour la vie du gamin. Oui, un capitaine ne laissera jamais tomber un soldat, au contraire il est prêt à donner sa vie pour sauver celle des autres ...

Nul besoin d'être en expert en sensorialité pour sentir la présence d'un ninja qui ne se camoufle pas. Tout initié aux arts shinobi est capable d'arriver à un résultat relativement précis s'il prend la peine de se concentrer sans trop se laisser éparpiller, même si ceci n'est rien comparé aux prouesses que peuvent accomplir les maîtres en ce domaine. Cependant Mikami s'en suffisait pour sentir arriver son co-équipier - car quel que soit son grade ils formeront une équipe à eux deux - qui n'hésitait pas à laisser filtrer son aura tout autour de lui ; et bien plus puissant que les autres, ce qui lui permit de repérer le capitaine du Buki au milieu de la foule matinale. Lorsque le bruit de ses pas lui indiqua qu'il se trouvait à sa portée, le jeune homme tourna la tête d'un quart de tour pour plonger ses yeux jaunes dans le regard expérimenté du jûnin qui témoignait du passage de nombreux hommes et femmes, aux camps, aux idéologies, et aux fins variées. Combien de bataille avait-il déjà mené, face à qui et aux côtés de quels genres de personnes... combien avait-il déjà vu mourir ? Cette question, le genin amnésique se l'était déjà bien souvent posée à lui-même alors qu'il fouillait les méandres de son âme avec pour seuls indices les quelques pierres blanches que le diable vola au petit-poucet après lui avoir tranché la tête.

- Mikami je suppose ? Moi c'est Suoh, Capitaine du Buki, tu dois déjà le savoir. Pour faire simple et bref, je te demanderai d'être discret tout au long de cette mission, ne cherche pas à jouer les héros, ne te fait pas remarquer. Tu es un soldat comme les autres, si tu te mets dans un pétrin je ne viendrai pas te sauver. Tu seras rapidement remplacer. Néanmoins, prouve moi que tu peux bien remplir ton rôle et je ferai en sorte qu'on ne te remplace pas. Compris gamin ?

Ainsi vint le discours du grand général à son escouade prête à mourir au combat. Quel était la part de credo qu'accordait Suoh aux paroles qu'il venait de prononcer ? La drôle de motivation des troupes, la hiérarchie omniprésente, la dénaturation des rapports entre êtres humains, à quel point le capitaine collait à ce schéma ? En fait, le jeune homme ne pouvait pas croire aussi facilement qu'un membre éminent d'une alliance de pays qui se réunissent pour la paix puisse avoir une profonde conviction en 100 % des mots qu'il venait de prononcer, même s'il était le chef de l'armée. Boah après tout ces pays avaient bien fondé un village qui reprenait le modèle des pays guerriers, mais le grade de cet homme ne pouvait pas avoir eu entièrement raison de son humanité...

Trop de questions que Mikami soulevait pour un premier contact direct avec les forces du village dont il faisait nouvellement parti. Il valait mieux en passer aux actes plutôt que de rester statique à se poser des questions dont seul le futur répondra à la plupart. Il y avait aussi ce pan là dans le comportement du jeune ninja, qui ne le brouillait et ne lui faisait perdre du temps que trop souvent, à remettre en question chaque détail qui pourrait s'avérer être le fruit d'une idée reçues sans fondement ou être la source d'un évènement déterminant à anticiper. Ceci étant sûrement une bonne méthode, mais il y a tout de même un juste milieu à appliquer si l'on ne veut pas divaguer et trop s'écarter du vif du sujet et oublier l'essentiel : la mission.

Ce fut pourquoi, lorsque son capitaine lui indiqua l'itinéraire maritime qu'ils allaient suivre, Mikami s'abstint de répondre "J'espère que vous ne formez pas vos soldats à modérer leurs actes qu'au moment de partir en mission" ou "Ni vous ni moi ne savons ce que j'ai accompli par le passé, alors jouer au héros ou non est loin d'être la question qui devrait le plus vous préoccuper l'esprit" ou encore "Est-ce qu'il y a un repas de prévu au pays de la neige ?" mais, pour lui montrer sa détermination à avancer, il bondit en un éclair aux côtés du capitaine à l'aide de chakra qu'il avait concentré sous ses pieds puis s'ajusta au rythme de marche de son vis-à-vis. Le dosage de l'énergie était parfait, il n'y avait rien de surjoué et la vitesse avait été telle qu'un œil non-entrainé aurait cru à une téléportation ; mais la distance n'avait rien d'insurmontable, et le nuage de poussière que le jeune homme souleva dans son mouvement démontrait qu'il s'était bel et bien déplacé sur le sol. Le voile tellurique retombait sur le sentier comme si personne ne l'avait jamais touché, impassibles grains minuscules témoins du passage de l'Homme et de ses folies tandis que ceux qui furent cloués au sol sous l'impulsion du chakra semblait ne pas vouloir arrêter de se débattre, dans une agitation étouffés par le frottement des quatre semelles ninjas sur la terre et par les vibrations de la voix flegmatique du plus jeune, comme ponctuée par un imperceptible sourire rassurant.

- Ce n'est pas parce que la plupart des shinobi qui entrent au Shukaï deviennent Genin qu'ils n'ont aucune expérience derrière eux. Ne vous inquiétez pas, si la situation exige que l'un de nous soit en retrait et l'autre dans la bataille, dites-vous que je ne suis pas du genre à foncer tête baissée.

Encore un Genin avec un passé se prenant pour un super héros. Par soucis de pour parler et pour éviter tout conflits inutiles avec le jeune, le Capitaine se retenu de lui mettre une grosse baffe. Mais bon, la jeunesse était insolente et ne respectait plus aucun codes, alors bon pourquoi parler à un mur. Suoh ne prit même pas la peine de répondre au néophyte qui semblait être bien trop confiant dans ses agissements, il avait ce quelque chose que notre homme ne supportait pas. Surement l'arrogance, ou peut-être un excès de confiance. Enfin bref ce n'était pas le plus important. Aussi il fallait rappeler le spectacle stupide qu'avait offert le jeune ninja aux passants, un simple courant Raïton pour améliorer légèrement sa vitesse, y avait vraiment pas de quoi tomber des nues. C'était même trop facile, le général ne releva même pas cette petite démonstration minable, il valait mieux ne pas en donner d'importance et puis le mioche ne le méritait pas. Au bout de quelques secondes tout redevint à la normale et quelques minutes plus tard les voilà à l'extérieur du Shûkaï, marchant sur cette route qui s'annonçait longue. Surtout en compagnie de comment déjà ... Mi-ka-mi.

Direction Gifu, la ville portuaire de l'Alliance. Notre protagoniste passait sans cesse par là bas, c'était un peu une vieille habitude. Il y avait des amis, des bars aussi qu'il connaissait par coeur, des maîtresses peut-être même. Non ça il valait mieux ne pas le dire à Sahori surtout que c'était faux. Fin bref, vous ne l'avez jamais vu en pétard, je vous jure que ses cheveux c'est le bordel. C'est ainsi que Suoh alluma une clope comme à son habitude, tirant quelques lattes il observait le gamin qu'on lui avait coltiné, il semblait confiant. D'ailleurs à ce moment le général aurait bien aimé une attaque ennemi pour faire fermer son bec au jeune débutant, pour qu'il comprenne que rien n'était facile et encore moins une mission à Mizu no Kuni, c'est le danger qui rôde la bas. Mais bon, ce serait au gamin de faire ses preuves et de se démarquer, qui sait ... Peut-être ferait-il la surprise, le spectacle ! Cependant, avant il était nécessaire que Suoh lui rappelle quelques trucs :
- Ce n'est pas pour moi que je m'inquiète bien au contraire, un général ne s'en fait jamais pour sa vie. Celle de ses camarades vaut dix fois la sienne, tu apprendras ça plus tard, avec le temps.

Sans un mot de plus il continua de tirer sur sa clope et de surveiller les alentours. Sondant la zone rapidement il n'y avait de ninjas ennemis, le champ était libre. Cette route semblait interminable, passant par des campagnes le paysage était essentiellement composé de verdure. Des montages se profilaient sur la gauche, le décor était assez plaisant. Suoh pensa alors qu'il n'avait jamais prêté attention aux paysages de l'Alliance alors que ces derniers valent le détour, comme quoi parfois on ne s'estime pas assez chanceux. Gifu était encore à une bonne heure de marche et la ville portuaire était prête à accueillir nos hommes, qui d'ailleurs mirent un peu moins de temps à arriver. Les voici donc dans le port, premier détour obligatoire, un contact, un navigateur à contacter pour le passage. Ou ça ? Dans un bar, néanmoins Suoh ne prendrait pas un verre. Obtenant ce qu'il voulait de l'homme, il en ressortit avec un papier et prononça quelques mots au jeune homme resté dehors :

- Quai n°30. On a une demi-heure devant nous avant le départ, allons prendre place dans le bateau.

Suoh scrutait à droite et à gauche rapidement s'ils n'étaient pas suivis et ce n'était pas le cas. Bien, le duo pourrait prendre place dans le bateau désormais, espérons que Mikami ne fasse pas encore le spectacle. Le général pourrait avoir bien des ennuis dans le fond si tout se corsait ...

«Un général ne s'en fait jamais pour sa vie. Celle de ses camarades vaut dix fois la sienne...» «Celle de ses camarades vaut dix fois la sienne...» «Celle de ses camarades vaut dix fois la sienne...» «Ses camarades...»

Camarades... Parmi tous les mots qui passèrent d'une oreille à l'autre, celui-ci avait sonné bien plus singulièrement, comme si au passage il avait laissé une empreinte dans son esprit, ou alors qu'il y avait déjà une place réservée. Mikami ne pouvait que constater que ce mot ne le laissait pas indifférent, qu'il provoquait une réaction amer au plus profond de ses tripes, indicible réminiscence d'un passé happé par un trou noir.

«...tu apprendras ça plus tard, avec le temps.»

Aussi, il avait remarqué que sa réponse ne rassurait pas vraiment le commandant et qu'elle tendait même à avoir eu un effet opposé. À quoi bon essayer de le convaincre par un autre discours, ou une autre démonstration de chakra ? La prochaine démonstration de force serait une preuve de faiblesse. Le visage du jeune homme restait impassible alors que les formalités ne s'étaient pas révélées très complaisantes ou probantes. Encore une fois, la suite des évènements éclaircirait les choses. En attendant, Suoh s'emmerderait l'esprit avec les a priori qu'il venait sûrement de se monter. Mikami s'en voulait un peu quelque part, après tout il y avait sa part de responsabilité mais bon, ce n'était que partie remise. Il aurait apprécié être attaqué durant le voyage, avoir une réelle occasion de montrer à son capitaine qu'il est capable de s'adapter aux situations en cas de danger ou d'urgence. Quoi qu'il en soit il resterez à sa place, et accueillerait le dénouement de cette mission comme il se doit.

Tous deux marchaient sans parler, non pas qu'un froid s'était instauré, mais le calme régnait. Le sifflement continu du vent, le rythme saccadé et régulier des paysans fauchant leur riz, les battements aléatoires des ailes d'oiseaux et leur chant, participaient à un orchestre qu'aucun ninja ne pouvait se permettre d'interrompre. Au fond, c'était pour ces gens et cette paix qu'ils se battaient ; l'absurde serait de venir les perturber avec ce genre de grabuge que peut faire un shinobi. Les guerres, les embuscades entre les montagnes et la forêt, les démonstrations de force à la sortie d'un village... Ouais. À chaque fois qu'il y songeait il était un peu plus sûr de son identité, un d'ces ninjas au fer battu à chaud et soumis à la loi du plus fort. Le monde shinobi était une vraie bête enragée, reflet trouble de chacun de ses composants ; mais à l'image de cet homme qui récoltait les semences arrosées pas plus tard que la veille, chaque jour est un perpétuel renouveau et chaque minute l'occasion d'amorcer un changement concret. Le genin attendait alors patiemment que vienne l'occasion de démontrer ses qualités.

[...]

- Quai n°30. On a une demi-heure devant nous avant le départ, allons prendre place dans le bateau.

Enfin ! Mikami ne voyait plus l'heure de se mettre à l'écart de l'effervescence ambiante. Le décalage entre la plénitude de la zone rurale et la pression flottante de l'agglomération portuaire de Gifu avait été si grand que les oreilles du jeune homme chauffèrent vite tandis que les deux ninjas fendaient la foule. Ils se dirigeaient en direction d'un des quais les plus en marge du centre névralgique de la côte où déchargement de marchandise et vendeur à la criée jouaient à un concours de décibel.

Ils prirent place sur le pont, la ligne de flottaison du bateau s'enfonçait petit à petit et les deux shinobi s'assirent côte à côte dans le sens inverse de la marche. L'atmosphère était plus reposante, et le navire n'allait pas tarder à s'en aller. Depuis le début du trajet, Mikami sentait que Suoh ressassait l'évènement survenu au Shozaichi. Il sentait son regard en coin qui illustrait "À quoi dois-je encore m'attendre avec ce marmot ?" La route s'avérait longue, et les amarres venaient à peine d'être larguées. Il fallait en profiter pour créer un esprit d'équipe entre les deux hommes. Le plus jeune savait très bien que son comportement n'entrainerait pas de scission dans l'équipe ; même s'il ne connaissait que très peu son capitaine il le tenait en bien plus haute estime que cela. Mais unis ils obtiendraient une force bien moins évidente à acquérir qu'il n'y parait. Il fallait qu'ils discutent ne serait-ce qu'un peu pour plus tard pouvoir se comprendre.

Et qu'est-ce qui d'après vous est capable de lier et de parler à des ninjas qui n'ont jamais officié ensemble ?

- Suoh-taichô, permettez-moi de vous poser une question personnelle... Combien de camarades irremplaçables avez-vous dû remplacer ?

Et la rive s'éloignait d'eux progressivement comme si rien ne pouvait la retenir.

Mikami ... Sacré personnage qui désormais entamait un sujet bien dangereux. Parler des disparus d'un Homme est très risqué, soit celui-ci le prend bien, soit ça le bouffe. Heureusement pour le gamin, Suoh n'était pas du genre à s'énerver sur un tel sujet, il comprenait la question. Mais ... C'était beaucoup de visages qui apparaissaient dans sa tête en même temps, des amis, des proches. Perdre quelqu'un n'est jamais facile, c'est une épreuve qui surpasse bien celle des examens Genin. Ainsi en tirant sur sa clope notre protagoniste se mit à penser, il ne comptait pas non. Loin de là et puis ce n'était pas son genre. Au contraire il essayait de chasser de son esprit quelques vieux démons, pourquoi ? Il en avait vu mourir sous ses yeux, dans ses bras, sur un même champ de bataille. Les pertes ne se comptaient plus et il se pourrait même que le jeune homme qu'il avait en face de lui disparaisse un jour lui aussi. Cela était de même pour notre capitaine. Respirant l'air marin notre appréciait la petite brise qui lui caressait le visage, une bonne façon de chasser des mauvaises pensées. Prenant sur lui il prit la parole pour répondre à la question de son interlocuteur :
- Je ne compte pas ... Personne ne le fais, les pertes furent trop nombreuses. Mais, c'est la vie de shinobi, on passe tous par là un moment où l'autre.

Regardant l'horizon qui s'éloignait notre protagoniste observait le bateau. Celui-ci semblait assez solide et l'équipage dès plus confiant. Le temps de trajet n'était pas très long, du moins si vous étiez habitué à prendre le bateau. Pour notre homme il ne comptait même plus, il espérait que ça soit de même pour son collègue. Souriant alors, il mit un pied sur le rebord du cargo, ça lui donnait un petit air penseur comme ça. Dans le fond, il ne faisait qu'apprécier un doux moment. En effet, pour une fois qu'il n'avait pas à courir ou sauter partout, même se battre, autant savourer l'instant. Toussant légèrement, c'était peut-être la clope de trop, il se tourna vers le jeune Genin. Suoh commençait à se faire à ce gamin, surtout qu'il était rempli de mystères et c'est ce qui intéressait notre protagoniste. Il prit alors la parole d'une voix plus agréable que les précédentes fois, cette fois il se faisait compréhensif :
- Et toi Mikami ? Tu as déjà perdu des proches ?

Il voulait en savoir un peu plus sur lui, c'était le moment de faire connaissance d'ailleurs. Et puis qui sait, Mikami pourrait peut-être devenir un des nouveaux élèves du Capitaine alors autant récolter quelques informations tout de suite. D'ailleurs, c'était même étrange que notre homme tende l'oreille comme ça, d'habitude il se moque totalement de la vie des autres, néanmoins cette fois c'est différent. Peut-être cette part d'ombre qui entoure le Genin, ou alors Suoh s'ouvrait-il de plus en plus aux autres ? Impossible de savoir la réponse, ce qui était sûr c'est que le Capitaine commençait à changer. Maintenant il ne restait plus qu'à savoir si cela était positif ou non, c'était une autre affaire ça encore. Toujours ce foutu sourire vicieux aux lèvres il reprit :

- Es-tu déjà mort ?

Drôle de question n'est-ce pas ? Mais ... Suoh ne cessai de penser à quelque chose, il préférait en avoir le cœur net.

[HRP : Fais péter ton code couleur pour les paroles parce que d'ici à ce que je trouve le bon on aura fini la mission x)]

Si Mikami avait perdu des proches ? Finalement répondre à la question s'avérait plus compliqué que ce qu'il pensa, même s'il était tout à fait naturel qu'on la lui renvoie. Alors son esprit eut un moment de flexion comme il en a souvent, peut-être même trop. Ce dernier s'en était allé un peu plus loin que ce que son corps pouvait l'emmener, survolant passé, présent, et univers parallèles, planant au-dessus des deux personnages méditant et notant toutefois la relâche à laquelle s'était abandonné son capitaine. Un bon point pour la suite de la mission, entre autres. Puis cet entité volante se retrouva nettement aspirée dans son enveloppe charnelle par la voix de Suoh qui suppléait son interrogation :

- Es-tu déjà mort ?

Le visage du jeune homme se ferma et ses pupilles au jaune nappé de ténèbres vinrent s'enfoncer dans le regard du capitaine ponctué d'un drôle de sourire crapuleux qui se trouvait aux antipodes du sérieux, du flegme et du froid dont témoignait le faciès blême du jeune shinobi ; qui finit par rétorquer dans une sentence implacable :

- C'est ça, je suis un fantôme Suoh-taîcho.

Un silence s'instaura. Pendant quelques secondes, il n'y eut plus un bruit et même un membre d'équipage s'était arrêté de travailler et avait tourné la tête vers les deux ninjas qui se fixaient gravement. Les fracas des vagues contre la coque se succédaient alors qu'ils fendaient l'air iodé aux odeurs occultes provenant des plus profonds fonds marins.
Puis Mikami éclata de rire, sous le regard décontenancé du commandant et de l'assistance qui se remettait au travail, le cerveau posé à côté de lui et essuyant une larme sous le regard peut-être ébahi de son vis-à-vis. Dire qu'il ne put empêcher la venue de cette ô hilarante boutade serait mentir, en réalité il n'essaya même pas de la contenir. Le jeune homme aurait pu répondre à la question en prenant en compte sa dimension philosophique, mais il savait comment casser immanquablement le sérieux d'une discussion ; même si ceci pouvait être mal vu, on finissait vite par ressentir le poids du monde et des douleurs passées s'amenuiser, ce qui lui permettrait de reprendre sans trop être secouer par ses propres mots dont il ne voulait pas revivre l'expérience.

- En fait... Je dirais plutôt que ce sont mes proches qui m'ont perdu, du moins si j'en ai eu un jour. J'en ai le sentiment, mais je ne me souviens de rien passée une période de quelques mois. Je me suis réveillé dans le noir complet et depuis je me redécouvre petit à petit...

Les paroles qu'il prononça à la sortie du shozaichi, bien que maladroites, commencèrent à prendre un autre sens au-delà de la démonstration de force et de la présomption ostentatoire. L'assurance d'avoir été bien plus puissant que ce qu'il ne l'était à ce jour et le détachement face aux difficultés, contrastant avec les doutes qui l'enveloppait quand il se réveilla et la perdition à laquelle il fut en proie. Être dans le noir dépassa souvent le stade de la simple métaphore tant le brouillard qui le cernait était opaque. Mais ce n'était plus le cas, à moins qu'il ne l'ait fui par rejet de la souffrance et qu'en vérité rien n'était en voie de résolution.
À chacun ses démons, et l'on se demande encore pourquoi le monde shinobi est si instable. Sans s'en rendre compte Mikami avait fermé les yeux, se laissant bercer par les flots. Tantôt en haut, tantôt en bas, balloté car existant, forcément confronté aux obstacles qui les couleraient s'ils ne faisaient pas suffisamment front pour se retrouver au somment de la vague, puis redescendant de la cime, tiré loin de l'écume alors cédée au fond marin. N'avez-vous jamais eu l'impression d'y voir un visage ? Même perdu au milieu de l'océan, ne pas perdre espoir, garder le cap, un rivage finit toujours par se dessiner. Mais serait-ce le bon ?

- Et de quel pays venez-vous ?

[...]

Un courant d'air glacial l'avait ramené à lui, signe précurseur de l'arrivée au pays de la neige. Un matelot vint leur apporter deux capes au revêtement renforcé pour mieux conserver la chaleur du corps, leur escale s'avérait froide. Le plus jeune s'en saisit et en tendit une à son capitaine avant d'enfiler la sienne et se contentant de n'attacher que le col tant qu'ils étaient encore en mer. Le navire entra dans le port, accosta. Les deux shinobi saluèrent l'équipage alors qu'ils descendaient la passerelle rejoignant le quai. Enfin la terre ferme. Mikami ne savait pas s'ils avaient du temps devant eux avant de reprendre la mer, mais Suoh, lui, le savait sûrement, alors autant aller à l'essentiel...

-Bon, on va graille ou quoi ?

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