Maïka:

Suiton, serpillère no jutsu.

Sans surprise, mon appartement était crade. Pas moins rangé que quand je l'avais quitté, mais crade. Plus de trois saisons entières de poussière avait recouvert parquet, meubles et décorations. A part ça, je le retrouvais exactement tel que je l'avais laissé, en partant en catastrophe pour rejoindre Onpu avec le petit.

Le petit qui dormait déjà comme un ange dans la chambre. Ce gosse était un miracle de vitalité et de persévérance, comme si le fait d'avoir été abandonné près d'une rivière dans ses jeunes années l'avaient endurcis, faisant de lui un môme tout terrain. Ni On' ni moi ne l'avions ménagé, et pourtant nous menions un combat permanent pour que son enfance ressemble à une enfance. Le savoir en train de se reposer paisiblement entre des draps me procurait un sentiment de travail accompli.

Aussi absurde que cela pût paraître, ce n'était pas pour lui que je m'inquiétais, mais pour le plus dégourdi de notre fausse famille. Je me demandais comment les choses étaient en train de se passer pour lui, et redoutais plus que tout qu'il ait fait aveu d'incompétence et que tout le village soit au courant. Konoha n'avait pas besoin de ça.

J'avais fini ma technique, le sol était nettoyé.
En faisant coulisser la porte d'entrée pour aérer la pièce centrale, je tombai sur celle que j'attendais.

- Entre. Le sol est moite, fais pas gaffe.

Miko et moi nous étions déjà saluées aux remparts. Mon arrivée au village avec Ninigi entre les bras était passée quasi inaperçue avec le grabuge qu'avait provoqué celle du Rokudaime, ce qui était regrettable dans la mesure où je n'avais personnellement pas grand chose à cacher publiquement. Mais l'heure était à la mise à jour : la doyenne de la Racine voulait tout savoir, nous avions donc fixé un rendez-vous chez moi.

- On cause pas trop fort, le petiot dort à côté.

Voilà qui nous forcerait à ne pas nous énerver toutes les deux, peu importe la tournure que prendrait la conversation.
Je n'avais rien à offrir, alors je plongeai la main dans mon sac à dos que je n'avais pas encore défait, pour en sortir un sachet que je balançai sur la table basse.

- Sers-toi. Ninigi ne les a pas adorés, il se peut que j'y aie mis de la mauvaise volonté.

Il fallait dire que je n'avais jamais éprouvé du plaisir à l'idée de cuisiner des sauterelles en beignets, et que je n'avais sans doute pas le doigté d'une Aburame pour le choix des ingrédients.

S’asseyant sur le canapé, l’Aburame plongea sa main dans le sachet que venait de balancer la jeune femme aux cheveux roses. Sortant une friture de laquelle dépassait une longue patte, Miko sourit quelque peu. Ses beignets de sauterelle. Mordant dedans, la Jonin réprima une grimace. Le met croustillait bien plus que la normale. A croire que celle qu’elle considérait comme son amie depuis le temps avait fait exprès de trop cuire les insectes pour ne pas avoir à sentir le goût.

« Je suis peut-être passée trop tôt ? »

Une vraie question qu’elle se posait en voyant le sac encore plein à craquer de Maïka qui trainait à côté et les traces de pas sur le parquet humide qu’elle avait laissé derrière elle en entrant. Elle n’aurait peut-être pas dû être ponctuelle. Mais les salutations avaient été bien vites expédiées aux portes même si elle avait pu constater à quel point Ninigi avait grandi. Elle avait été rassurée de les voir tous les deux sains et saufs mais les vraies questions n’avaient toujours pas de réponse.

« On vous a remis le courant ? »

Prenant sur elle, Miko se resservit d’un beignet. Maïka avait sans conteste fait un effort pour cuisiner un plat comme celui-ci, la moindre des choses était de ne pas la décourager. Sortant de sa sacoche une petite boîte, l’Aburame regarda son interlocutrice avant de se lever.

« J’ai ramené du thé, ne sachant pas s’il t’en restait ou s’il était toujours bon... Comment s’est passé ce petit séjour en famille sinon ? Raconte-moi tout, pendant ce temps-là je te prépare une tasse. »

S’engouffrant dans la cuisine, l’Aburame sans gêne commença à faire comme chez elle, sortant une bouilloire pour la remplir d’eau. Où Maïka rangeait-elle les tasses ?