Le temps était clément, une légère brise de vent se faisait sentir et soufflait dans ma direction, dans mon dos, comme si la nature voulait que j’accélère, que j’atteigne rapidement mon objectif. Après tout, pourquoi pas.. Cette idée me plaisait, celle comme quoi la nature était de mon côté, et cela collait parfaitement, car jamais aucun animal n’a nuit à la nature, à « mère nature » et à ses nombreux paysages, alors pourquoi est ce qu’un animal comme moi ne serait pas soutenu par cette force infinie ? A cette idée, j’accélérais encore ma course, faisant craquer sous mes pieds certaines branches alors que je sautais sur les quelques arbres présents sur l’archipel de Mizu. D’un saut, j’atterrissais désormais sur le sol avant de continuer ma course effrénée vers ma cible. J’étais un chasseur et je traquais mes proies sans relâche, aujourd’hui, il s’agissait de l’un de mes anciens alliés, un homme pour lequel je donnerais ma vie, un homme à qui je confierai ma vie sans hésiter une seule seconde. C’était un membre de mon clan, un polymorphe, un homme plus proche des animaux et de la nature que de l’avarice humaine. Il s’agissait de Gekei Asagoro !

Alors que j’étais en compagnie de l’ancien chef des épéistes de la brume, que j’avais contemplé la désolation de la brume, j’avais soudainement ressentis un chakra familier, et après avoir cherché dans mes souvenirs qui portait cette trace, j’étais tombé sur le Gekei du gorille. Un homme droit et puissant, une force admirable pour les projets qui étaient les miens. Après quelques longues dizaines de minutes de course, je tombais sur cet homme, mon ami, mon allié, l’un des hommes qui avaient voulus m’escorter lorsque j’étais partis dans les marécages de la brume en compagnie de Soranamida et de Masashi pour former le fameux pacte des marais, réunissant d’un loi tous les membres du clan - continuellement traqués et haït par les habitants de Kiri – en une seule faction, forte et unie contre l’adversité. Il se fallait que la nature reprenne ses droits, et seul les Gekei pouvaient lutter contre la race de hommes. C’est comme cela que je le voyais désormais.. J’avais toujours compris que l’avarice des hommes était corrosive pour la nature et la planète en générale, mais avant la désolation de Kiri, je ne m’étais pas rendu compte de ce que la haine des hommes pouvait engendrer. Il était grand temps de changer les choses, et les Gekei en étaient capables. Je nous voyais désormais comme le bras armé de la nature, l’épée de Damoclès au-dessus de la tête des hommes. Bien entendu il n’était pas question de faire un génocide de la race humaine, mais de lutter contre l’ignominie humaine, quitte à devenir comme eux.

« Il n’y a que dans la cruauté que nous pouvons espérer les vaincre. » pensais-je soudainement. Mais je secouais la tête pour chasser cette idée de mon esprit, pour pouvoir me concentrer sur la situation actuelle. J’étais désormais dans la zone de vision de mon homologue polymorphe, je l’observais de mon regard de glace, quelle serait sa réaction après quelques années sans nouvelles ? Je ne pensais pas qu’il aurait changé de camp, car je connaissais le phénomène qu’était Asagoro, mais j’étais tout de même surpris de la voir sans son compère Fujichiro. J’avançais lentement vers lui sans le quitter du regard, sans même cligner des yeux. Je pris alors la parole lorsque celui-ci me remarqua. Je n’arrivais cependant pas encore à lire quelles émotions il pouvait ressentir à ces retrouvailles.

« Alors mon ami, quelles nouvelles depuis ces longues années ? J’espérais bien tomber sur toi un jour ou l’autre, et voilà que tu te présentes devant moi. Et où es donc Fujichiro ? Généralement, il était impossible de voir l’un sans que l’autre ne soi dans les parages. Raconte moi tout ! »

Finalement, lorsque je fus certain qu’il se rendre compte de mon identité, son visage changea soudain, se durcissant. Cela m’étonna fortement, mais en réfléchissant pendant quelques instants, je compris la raison de son énervement. Il n’était pas méfiant, il savait que c’était bien moi. C’était contre moi qu’il était en colère, comme je m’y attendais… L’homme se dirigea vers moi rapidement, sans lâcher mon regard du sein et je vis son poing se serrer, aller en arrière, comme s’il allait me frapper. Je le voyais venir, mais je ne l’esquiverais pas, je savais pourquoi il faisait ça, et d’un côté, je le méritais…

Les phalanges d’Asagoro s’écrasèrent violement sur ma mâchoire alors que je reculais de quelques pas sous la violence de l’impact. Je regardais le sol alors qu’il venait de me frapper, cela faisait vraiment mal, mais si cela était nécessaire à le calmer, je l’acceptais avec joie. Cet homme était comme mon frère, et je ne laisserais rien lui arriver. Pourquoi m’en voulait-il ? Tout simplement parce que j’avais recueilli Asagoro en lui chuchotant de belles promesses sur le clan Gekei, mais après la grande guerre contre Kumo, j’avais soudainement disparu. J’avais laissé tomber le clan pour m’occuper du bien de mon village, mais où tous mes sacrifices avaient menés aujourd’hui ? A rien.

Après avoir levé la main contre moi, Asagoro se recula, certainement avec la main endolorie, car il avait frappé avec sa haine, se moquant donc de se faire mal ou non. Il tentait de se calmer avant de me répondre, toujours avec un ton très sec et froid, sans quitter mon regard du sien. Il était toujours énervé et je ne pouvais en aucun cas lui en vouloir. J’étais la cause de ses soucis. D’ailleurs, comme un pic lancé en pleine figure, il commença sa réponse avec un ton ironique, un humour jaune, voulant me faire réagir, comme quoi il avait compté les crapauds des marécages depuis toutes ces années ou j’avais disparu. Puis il continua néanmoins avec le fait qu’il avait été gravement blessé, poursuivi par des chasseurs après la destruction de Kiri, qu’il avait malheureusement été séparé de Fujichiro. En voici un point noir.. Où le corbeau pouvait-il être ?

Après avoir explosé un rocher, m’envoyant plein de débris de pierres, vint le temps de reproches, où étais-je ? Que faisais-je pendant qu’on voulait le tuer ? Qu’avais-je fais après la destruction de Kiri ? Etc etc.. Ils me croyaient mort, c’était bien ce que je pensais. Mais dans un sens il avait raison, je m’étais exilé un temps dans la grotte de Yuma, là où les ténèbres étaient les seuls maîtres des lieux, privant l’un après l’autre des sens d’un homme, là où il ne restait plus que la pensée qui nous dévorait petit à petit. Mais j’étais revenu à la lumière du jour, prêt à venger cet affront et à réunifier les Gekei.

« J’ai été pris par les affaires de Kiri, j’ai vu une opportunité en or de faire cesser ces querelles incessantes entre Kiri et Kumo. Je pensais que si l’on faisait ça, des miliers de Kirijins et de Gekei par la même occasion cesseraient de mourir pour des raisons futiles. Mais à la vue du spectacle que j’avais sous les yeux il y a de cela quelques heures – le ton que j’employais devenait soudainement triste, à la pensée de la douce Kiri disparue -, finalement, tout cela n’aura servi à rien, strictement rien. En revenant, je me suis donc mis à la recherche des coupables ainsi qu’à la votre, et je tombe sur toi aujourd’hui. Mais ne t’en fais pas, nous retrouverons Fujichiro. Je n’ai pas perdu espoir de réunifier les membres du clan et d’en faire une force conséquence dans la balance de ce monde. Seras-tu toujours mon allié comme tu l’as été jadis ? » – Dis-je en tendant mon bras, pour qu’il le saisisse comme un frère le faisait à un autre, partageant une confiance mutelle et sincère.

Je sentais mon poing qui s'endolorissait doucement, sous une certaine apparence fragile, il était aussi solide que de la pierre. Après tout mon énervement et un tas de questions et d'ironie, un long silence prenait place entre nous deux. Je lui laissais le temps de bien réfléchir à ce qu'il allait me dire. Je commençais à me calmer, c'était un acte primitif, une pulsion, mais dans le fond je ne pouvais pas lui en vouloir car il avait toujours été là pour nous. C'était bien ça le problème, il avait disparu longtemps et nous avions perdu la volonté de nous battre, même si je faisais en sorte d'essayer de retrouver les Gekei pour poursuivre son œuvre. Je savais que Pô était dévoué au clan et qu'il donnerait sa vie pour moi ou un autre, tout comme le ferais pour lui, mais j'avais besoin d'explication.

Il décidait enfin à ouvrir la bouche en me disant qu'il avait été pris par les affaires de Kiri, qu'il avait l'opportunité de faire cesser les querelles entre Kiri et Kumo pour éviter des milliers de morts et surtout éviter la mort de Gekei. Il employait un ton bien plus triste qui révélait une profonde sincérité et il m'avouait que tout cela n'avait servi à rien. Il s'était mis à la recherche du coupable et aussi à notre recherche et il voulait me rassurer en me disant que nous retrouverions Fujichiro. J'avais l'espoir de le retrouver aussi et j'y mettrais toute mon énergie. Et je me mettais à sourire légèrement quant à sa volonté de toujours vouloir réunifier notre clan et d'y retrouver notre véritable place.

Il finissait par me demande si je serais toujours son allié tout en tendant son bras comme un frère, cette question me donnait une pousser de rage, elle était stupide, comme si je ne voulais pas de cela. Pô était ma famille et il n'y avait rien de plus précieux à mes yeux. Je prenais alors son bras pour le serrer fermement tout en continuant à le fixer.

« Bien sur et je comprends mieux ton sacrifice, mais nous ne devons plus nous détourner de notre objectif et notre clan. Les hommes payeront pour leurs erreurs en tant voulu. »

Je continuais à serrer son bras un peu plus fort.

« Mais pour débuter, il nous faut un guide, un chef et le faire savoir au Gekei et pour cela, tu dois en endosser la responsabilité. »

Je souriais de manière plus détendue.

« Mais ne me dit pas que tu es seule, tu n'as vraiment personne d'autre à rallier à notre cause. Si c'est le cas, nous n'avons pas de temps à perdre. »

Mon tond froid et distant était retombé depuis que je parlais avec Asagoro, le revoir me redonnait un peu d’espoir de voir un jour le clan Gekei totalement unifié sous une seule bannière. Et bien que cela ne m’étonnait pas, je ne m’étais pas réellement attendu à ce que le polymorphe qui me faisait face me lance d’office que je devais devenir le chef des Gekei. Il était vrai que la situation avait changé, autrefois, c’était un pacte, un triumvirat qui dirigeait le clan Gekei, car certains s’étaient opposés à avoir un chef unique au sein d’un clan de polymorphe. Cependant, maintenant, il en était autrement, la maison des Gekei n’était plus, le pacte des marais n’était plus : j’avais disparu pendant de nombreuses années et je n’avais plus aucune nouvelle de Masashi et de Soranamida, surement mort ou caché quelque part en attendant que tout cela cesse. Mais moi j’étais là, le seul encore présent du triumvirat et comme me le disait Asagoro, je me devais de prendre la tête des Gekei. J’y avais déjà pensé, et j’allais œuvrer dans ce sens.

Toujours avec le bras d’Asagoro dans la main, je le regardais et souris face à sa réplique : effectivement, si j’avais été seul un jour, je ne l’étais plus, et ce depuis que j’avais retrouvé Kiru, mais plus important, depuis quelques dizaines de minutes où j’avais retrouvé mon compagnon de guerre Asagoro. Un fidèle allié, sa loyauté me toucha, mais ne m’étonnait guère, un animal est fidèle et loyal toute sa vie, contrairement aux hommes.

Je lâchais enfin le bras de mon interlocuteur en reprenant un air sérieux, il voulait que j’endosse la responsabilité de chef de clan, je le ferais, mais il fallait avant tout unir le clan. Personnellement, je traquais les Gekei, mais je n’avais guère beaucoup de temps, car avec Kiru nous avions une mission capitale. A quoi servirait de réunir les Gekei si je n’avais pas de toit à leur offrir, ou ni même une vengeance à mettre en place ? Donc j’enverrais mon compagnon ici présent pour traquer les membres du clan de polymorphe à ma place. Je fixais mon regard de glace droit dans le sien, prenant un ton plus sérieux qu’autoritaire. Après tout, même s’il était loyal, il ne fallait pas que je prenne Asagoro de haut, sinon, il me mettrait le même coup qu’il venait de m’administrer dans ma mâchoire qui étai encore endolorie.

« J’ai quelques affaires à régler, mais tu as raison, il faut que j’endosse cette responsabilité. Cependant, tu fais partit du clan Gekei et tu vas m’aider. Parcours le monde et trouve les membres de notre clan encore vivant ou apte à rejoindre nos forces. Plus important, si tu trouves Masashi ou Soranamida, envoi moi immédiatement un oiseau. Mais dans le cas ou ce ne serait pas le cas, concentre toi sur les autres et sur Fujichiro. Il faut réunir toutes les forces dont nous disposons pour réunifier le clan Gekei. »

Il y avait eu un long moment sans dire un mot, mais des fois le silence était bien plus important dans ce genre de moment. Il lâchait alors mon bras pour me fixer de son regard de glace, j'en avais l'habitude et je savais que celui-ci n'avait rien de grondeur envers ma personne, nous nous connaissions depuis tellement longtemps. Je n'éprouvais même aucune jalousie envers sa part, il était devenu si puissant rapidement, je n'avais pas son talent mais j'avais la même volonté de fer que lui. Maintenant que je le savais en vie, je ferais tout pour lui être utile le plus rapidement possible et je m’entraînerais dur pour devenir aussi puissant que lui, j'avais du temps devant moi et nous avions beaucoup à faire pour refonder le clan Gekei.

Il me disait qu'il avait quelques affaires à régler, mais il me donnait raison dans le sens où il devait endosser la responsabilité d'être notre chef. Il me demandait alors mon aide afin de parcourir le monde et de trouver des Gekei vivant et apte à rejoindre notre cause. Mais la priorité était de retrouver Masashi et Soranamida... Je ne disais rien, mais ils avaient disparu tous les deux depuis vraiment longtemps, bien plus que Pô, si je les trouvais, je ferais ce qu'il me demandait en priorité. C'était clair, trouver les Gekei pour réunifier le clan et le rendre bien plus puissant qu'il ne l'était auparavant.

« Je remplirais cette tâche du mieux que je peux, je commencerais par me rendre à Kumo, il paraîtrait qu'il y aurait des Gekei dans le coin selon certaines rumeurs. »

J'étais peut être isolé, mais je faisais en sorte de toujours me tenir informé sur ce que je pouvais entendre.

« Je vais cependant faire un petit détour, j'ai entendu dire qu'un nukennin puissant était maître dans l'art du Kiezan, j'aimerais le rencontrer pour voir si je peux évoluer à ces côtés. Ce qui serait une bonne chose, car je risque de devoir encore essuyer la haine des hommes à mon égard. »

Je me tournais légèrement et je regardais l'horizon, un beau bleu en tout point, le ciel comme la mer. C'était un signe que notre mère nature me soutiendrait dans ma quête.

« Tiens moi au courant de tes déplacements, j'en ferais de même pour que l'on puisse se retrouver facilement. Maintenan, j'ai à faire, je te dis à bientôt et ne disparais pendant des années... »

Je me mettais alors à courir vers la mer et je bondissais pour y plonger, j'avais une longue nage à y faire et je n'avais plus de temps à perdre. Je savais exactement quoi faire, cela ne servait à rien de traîner sur place en belle parole.

L’heure commençait à tourner et il était grand temps que je rejoigne le Sensoo sous peu, sinon il prendrait bien trop d’avance sur moi. Le mastodonte en face de moi me dévoila ses plans, semblant être en accord avec la tâche que je lui confiais. Il allait tout d’abord se rendre au village des nuages, la capitale du pays de la foudre car il paraîtrait qu’il y aurait des polymorphes là bas. Mes yeux s’écarquillèrent d’étonnement. Des Gekei, ex-Kirijins à Kumo, le monde marche réellement sur la tête, mais soit, qu’il en soit ainsi. Cependant, mon compagnon voulait faire tout d’abord un détour, car il semblerait qu’il y avait un moine Kiezan qui pourrait l’aider. Encore une fois, soit, qu’il en soit ainsi. Je pris alors la parole, d’une voix totalement amicale.

« Ne t’en fais pas, je ne risque plus de disparaître, je le ferais, mais j’aimerais que tu en fasses autant. Envoi moi un oiseau avec des lettres, tiens moi au courant de tes déplacements, mais avant tout de tes découvertes, des informations que tu as. Tu sais pertinemment que je base tout mon travail sur les informations, alors tiens moi au courant, que je puisse prendre en compte toutes les possibilités d’actions dans le futur. » Dis-je, sachant qu’il annonçait son départ imminent.

Sans un mot de plus, je regardais mon compagnon à poil s’éloigner en courant, je restais ainsi jusqu’à ce qu’il disparaisse de mon champ de vision, car trop loin pour le discerner de nouveau. Il fallait que je réfléchisse correctement, il fallait que je joue correctement dans les prochaines actions futures, afin que je place correctement toutes mes pièces avant le début de cette partie d’échec. J’avais encore trop de données inconnues pour résoudre à bien cette énigme. Qu’était devenue Kiri avant sa destruction ? Qui l’a détruite ? Pourquoi ? A qui sa disparition profite-il ? Il fallait que je replace le contexte avant de faire quoi que ce soit. « Peut-être que.. » Pensais-je avant de rapidement chasser cette idée de ma tête. Non ! Kiri n’était certainement pas responsable de son sort !

Je me retournais enfin, commençant à marcher tout en continuant à éluder toutes les informations qui me manquaient. Comment Asagoro était-il parvenu à savoir que certains Gekei étaient à Kumo, et pourquoi d’ailleurs ? Kiri et Kumo n’avaient-ils pas étés des ennemis de longues dates ? Et même avec mon intervention en tant que Kage, je n’avais jamais réussi à établir de bons rapports avec la brume. Les cicatrices sont parfois trop profondes.. M’ôtant désormais ces pensées de la tête, je me mis à courir pour atteindre rapidement le point de rendez-vous avec l’ex-chef des épéistes de Kiri.