Ouvrant difficilement un œil puis l’autre, Seishirō s’éveillait peu à peu d’un sommeil lourd et extrêmement reposant. Le regard, dirigé vers le plafond, s’habituait peu à peu à l’obscurité ambiante. Quelle heure était-il ?
Lentement, le Sunajin tourna la tête sur sa gauche et après avoir cherché à tâtons le réveil, finit par enfin appuyer sur le bouton qui permettait l’allumage de l’écran. 6h00… A quelle heure devait-il se lever déjà ? Les yeux rivés sur la lumière verte qui détourait les chiffres affichés devant lui, il essayait tant bien que mal de sonder son esprit à la recherche de quelques souvenirs. Et, un court instant après, il parvint finalement à se rappeler l’heure d’éveil : 6h10…

Avez-vous déjà eu cette terrible sensation de vous réveiller seulement quelques minutes avant la sonnerie ? A cet instant précis vous maudissez votre propre corps et vous lui demandez, avec désespoir, pourquoi il se montre aussi injuste avec vous et pourquoi il ne vous a pas laissé dormir jusqu’à la sonnerie du réveil ! Malheureusement il restera muet et feindra l’ignorance… d’un autre côté, si un jour votre corps se met à vous parler, je vous conseille de consulter un spécialiste rapidement… passons.

Voyant les minutes qui défilaient très lentement, le Kawaguchi préféra éteindre son réveil avant même qu’il ne sonne et se leva. La démarche semblable à celle d’un zombie, lente et incertaine, Seishirō s’approcha de sa fenêtre et ouvrit les volets, laissant ainsi entrer la lueur du jour dans sa chambre.
Quelques nuages gris s’étaient amoncelés au-dessus du Village caché du Sable. Fort heureusement il ne pleuvait pour ainsi dire jamais ici, néanmoins ce ciel couvert était triste et morne. Notre héros observa le village encore endormi avant de se tourner vers son armoire. Tout en préparant ses affaires, il surveillait de temps à autre l’heure qui tournait petit à petit. Il avait rendez-vous en ville avec son supérieur Kibō, pour une mission au Pays de l’Eau.
Il gagna par la suite la salle de bain et, tandis que l’eau chaude de la douche ruisselait sur son corps, il resongea aux paroles de sa mère, la veille. Clairement : elle était inquiète. Laisser son fils partir, quitter le village et même les frontières pour un pays dit hostile… voilà qui ne la rassurait pas du tout. Mais après avoir tenté de plaider sa cause, son père et son frère firent irruption dans la pièce, prenant par la suite sa défense. Il était maintenant en âge de parcourir le monde et d’endosser son rôle de ninja : Satomi Kawaguchi n’avait plus à couver son fils. Il était grand maintenant.

Une fois lavé et habillé, Seishirō gagna la cuisine pour y prendre son petit-déjeuner. Toute la famille était déjà là, réunie dans la pièce. Pour cette première mission en milieu hostile, les parents du jeune ninja, son frère et sa sœur avaient tenu à partager un dernier repas tous ensembles… très gai, hein ?
Le Sunajin lâcha un soupir et déclara, en râlant :

« C’est qu’une mission de rang B… il ne m’arrivera rien voyons. Donc arrêtez de stresser, okay ? »

Sur ces mots il se servit un bol de lait tout en jetant un vif coup d’œil à l’horloge fixée au mur. Il lui restait encore trois quarts d’heure avant de gagner le point de rendez-vous... en un mot : il était large !

Désormais repu après un petit-déjeuner consistant, le ninja du Sable remonta dans sa chambre et prépara ses dernières affaires. Combien de temps durerait cette mission ? Impossible de le dire, c’est pourquoi il valait mieux se munir de quelques habits de rechange.
Quelques t-shirts qui, en plus de son manteau, lui permettrait de ne pas trop souffrir du climat humide du Pays de l’Eau. Une écharpe grise, une dizaine de kunaïs et de shurikens, quatre notes explosives et quelques makibishis. Il récupéra également de la pommade pour les blessures ainsi qu’un petit pot contenant quelques pilules du ninja qui permettent d’accroître la production de chakra pendant une courte période… ces médicaments pouvaient se montrer très pratiques.

Il était enfin prêt. Un dernier petit coup d’œil à l’horloge : 6h45… plus qu’un quart d’heure. Il était temps d’y aller. Après avoir embrassé ses parents, son grand frère et sa petite sœur, Seishirō quitta la demeure Kawaguchi et prit la rue qui menait à la Voie Illusionnée.

Arrivé sur place, le jeune Genin du Sable fit quelques pas droit devant lui, rejoignant ainsi la façade d’un vieux magasin aujourd’hui fermé. Il attendrait ici la venue de son supérieur… normalement, ce dernier ne devrait pas tarder.

Le regard tourné vers le ciel, Seishirō fixait l’épaisse masse grise qui recouvrait le Village caché du Sable. Le paysage était triste, morne… A tel point que notre héros peinait à sourire. Depuis longtemps il avait appris à adapter son humeur en fonction du temps, comme la plupart des individus d’ailleurs… Alors que le soleil illuminait son visage, les nuages gris l’assombrissaient…

Soudain, du mouvement attira son attention. Instinctivement, le ninja baissa la tête et observa la silhouette qui approchait. Un sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu’il vit la chevelure blanche de son senseï et lorsqu’il entendit le son de sa voix.
Arrivé à sa hauteur, Kibō salua son élève et, sur un ton calme, lui demanda si tout allait bien. Ce à quoi répondit notre héros, tranquillement :

« Oh tout va bien oui. Ce sont mes parents qui stressent… mais je leur ai assuré que j’étais entre de bonnes mains ! dit-il en adressant un nouveau sourire à son supérieur hiérarchique. »

Sans perdre une seconde, l’homme aux cheveux blancs enchaîna sur la raison de cette mission. Et, tandis qu’il s’exprimait, Seishirō ressentit dans la voix de son interlocuteur un soupçon de volonté. Il semblait résolu à mener à bien cette mission, comme s’il devait satisfaire un besoin vital. Mais le jeune ninja préféra rester silencieux et se contenta d’écouter. Étrangement, il savait que creuser davantage la question risquait d’énerver Kibō. Ce dernier finit par conclure ses recommandations en insistant sur un point crucial : ne jamais baisser sa garde.

Ces mots laissèrent de marbre notre héros. L’expression sérieuse et le regard vif, Seishirō comprenait que cette mission n’allait pas être une partie de plaisir. Certes nos deux compères ne seraient pas constamment en danger, néanmoins il valait mieux faire attention.
Puis Kibō se mit en marche, suivi par son élève et, après quelques minutes, l’équipe traversa les portes du Village caché du Sable.

Le Kawaguchi marchait derrière son supérieur. Ce dernier semblait pressé de gagner leur objectif, si bien qu’après plusieurs minutes de silence, qui parurent à notre héros une éternité, ce dernier prit la parole :

« Vous… euh… je peux te tutoyer ? Ce sera plus simple je pense ! Il attendit un simple hochement de tête de la part de son coéquipier et poursuivit. Tu as parlé d’un Pays hostile tout à l’heure… peux-tu m’expliquer le programme s’il te plaît ? »

Tout en continuant leur traversée du désert, Kibō mis au courant le Sunajin. Une mission au Pays de l'Eau, une mission de sauvetage. Étrangement, il resta mystérieux sur l’individu à secourir là-bas et continua ses explications. A l’est du Pays du Feu, sur la côte, un bateau les attendait et leur permettrait de traverser la mer en direction d’Uzu no Kuni. Et, tandis que son interlocuteur s’exprimait, Seishirō hochait la tête, ponctuant chacune des phrases de Kibō par des « Hm… ». Il écoutait avec attention, chacune des informations de son supérieur était importante : il ne fallait rien laisser au hasard.

Le voyage se poursuivit sans encombre. Les deux ninjas avaient traversé la forêt qui faisait la jonction entre le Pays du Vent et celui du Feu. Habituellement fréquentée par des bandits et détrousseurs qui surveillaient les allées et venues des touristes, les lieux étaient calmes ce jour-ci. Et, au fur et à mesure que nos deux héros progressaient au sein d’Hi no Kuni en direction du port, le ciel s’était assombri jusqu’à ce qu’une pluie fine ne vienne humidifier la terre et l’atmosphère.
Et, après une journée complète et une nuit de marche, Seishirō et son maître atteignirent le port où ils devaient embarquer.

Aaaah… l’air frais et pur de la mer. En levant la tête, notre héros aperçut quelques mouettes qui survolaient le port à la recherche de nourriture. Et à juger le nuage de ces volatiles qui tournaient autour d’un petit bateau au bout des docks, la pêche a été bonne.
Kibō, suivi de son élève, cherchait du regard le capitaine du port. Il fallait à présent trouver le bateau pour pouvoir embarquer en direction du Pays de l'Eau.

Tandis que Kibō cherchait du regard la personne qui les ferait traverser la mer, notre protagoniste observait les lieux. Les dockers s’agitaient autour de lui, certains chargeaient des caisses à bord de différents navires, tandis que d’autres tiraient les cordages d’un grand bâtiment qui venait faire une halte au port.
Un marin s’approcha de lui et le fixa avant de le contourner pour récupérer un grand sac derrière le Sunajin. Son regard lui parut très peu aimable… y avait-il un problème ?

Soudain, l’homme aux cheveux blancs aperçut l’homme qu’ils étaient venus trouver ici. D’un pas décidé, il monta sur le ponton et vint se placer face à son interlocuteur. Un béret rouge recouvrait sa tête, une barbichette blanche recouvrait son menton et une balafre creusait sa joue droite. Un vieux loup de mer…
Derrière lui se trouvait leur embarcation : une barque. Étrangement, l’enthousiasme du jeune genin s’effondra en voyant le moyen de transport. Lui qui s’attendait à faire une traversée sur un bateau plus « classieux », voilà qui était raté. Après avoir lâché un soupir, Seishirō laissa passer son supérieur et le capitaine de ce frêle esquif, avant de monter à son tour à bord.

Une fois sur le pont, le Kawaguchi observa avec davantage d’attention le bateau. Il l’avait peut-être mal jugé après tout. Certes, comparé à d’autres navires amarrés au port il pouvait paraître bien moins spacieux, néanmoins ce rafiot avait tout ce qu’il fallait pour garantir un minimum de confort. Une cabine comprenant quelques lits, ou plutôt un lit et des espèces de hamacs comprenant des coffres de rangement ; un cabinet de toilette, une cuisine… Finalement, cette traversée allait être agréable !

Et, cerise sur le Macdo… euh le gâteau pardon, alors que le temps s’était montré plutôt capricieux en début de journée, voilà que les nuages étaient finalement chassés par le vent, laissant ainsi leur place à un soleil des plus radieux.

Appuyé sur la rambarde, Kibō observait l’horizon avant de se tourner vers son élève et de lui faire signe d’approcher. L’intéressé ne se fit pas prier et s’avança avant de poser ses poignets contre le bois et de se pencher vers l’eau. Il tourna la tête vers l’homme aux cheveux blancs et écouta ce que ce dernier avait à lui dire.
Un flot d’informations s’échappaient de sa bouche… notre héros avait mille et une questions en tête, et bien que la durée de leur voyage lui permette sans aucun doute de toutes les poser, il préférait éviter d’asséner son interlocuteur de cet interrogatoire ! C’est ainsi qu’il décida de commencer par les bases :

« Tu as parlé des Furyous… peux-tu m’en dire plus à ce sujet ? J’ai voulu en savoir sur ces… choses… mais je n’ai jamais réussi à avoir d’explications. »

Notre héros se montrait curieux, curieux de découvrir ! Après tout, n’était-ce pas ce qu’il avait dit lors de son entretien avec Kibō il y a de cela plusieurs jours ? Mais quelque chose le taraudait… il voulait en apprendre davantage sur son interlocuteur, sur sa coéquipière, sur plein de choses ! Mais se montrer trop curieux était un vilain défaut, si bien qu’une fois de plus il préféra procéder étape par étape…

Et, tandis que nos deux protagonistes conversaient sous ce beau ciel bleu, l’embarcation voguait tranquillement en direction du Pays de l’Eau…