La basse sur le dos, Onpu exultait déjà à l'idée d'arriver au point de rendez-vous avec dix minutes d'avance pour pouvoir jouer tranquillement sur le balcon au sommet du palais, avec la vue sur le village d'un côté et les têtes sculptées des 3 premiers Hokages de l'autre.

Seulement voilà, c'était sans compter la maniaquerie de Seitô. Le fourbe était là avant lui. Pas de tapping ce matin.
Il lui fit un signe de la main comme à son habitude, avec tout de même un reste d'appréhension, celle du chef de village encore convaincu qu'il s'adresse à un plus gradé que lui.

Sans détacher son instrument de son dos, il s'assit en tailleur sur le dallage et entra dans le vif du sujet.

- Bon, pour l'ANBU c'est réglé, apparemment. Le protocole semble vouloir que tu te choisisses un nom de code et un avatar pour la création de ton masque – animal, créature mythologique.. à ta convenance.
Ce qui m'inquiète en revanche, c'est plutôt comment on pourra faire pour camoufler ton masque à gaz dessous. Parce que concrètement, si on adapte la taille, ça sera rôdé...

Oui, le sujet le préoccupait vraiment. A croire qu'il n'avait rien d'autre à faire de ses journées que de penser au confort de l'uniforme des policiers de son village.

Seitô avait sa place parmi eux, mais Onpu abordait le sujet à tâtons. L'ex-intendant n'avait pas caché son arrivisme la dernière fois, et pour le luthier cela témoignait à la fois d'une arrogance à toute épreuve et d'une certaine franchise. L'un étant le prix de l'autre, il s'était dit qu'il n'avait rien à perdre en le pistonnant chez les brigadiers qui, vraisemblablement, l'avaient déjà adopté.

Il se garda également de lui dire qu'il avait tort de se méfier de quelqu'un comme Raito, qui malgré sa phase d'égarement relativement dommageable, était quelqu'un avec beaucoup de contacts et de ressources : précisément ce dont l'ANBU avait besoin.
On' n'avait pas envie d'argumenter dans le vide, d'autres projets étaient sur le feu.

- Sinon, comme je te l'ai dit dans le billet qui t'est parvenu, mon entraînement … ou plutôt ma rééducation fait partie de mes priorités. J'ai pensé à toi comme professeur, d'abord parce que ta réputation te précède et également pour faire plus ample connaissance.

« Car non, je ne me souviens pas de toi. Navré ». Inutile de remuer le couteau dans la plaie.

- Tout ce qu'il m'ont laissé, c'est ma sensorialité auditive. J'ai conservé certains réflexes et mon esprit d'analyse, mais mon corps s'est ramolli. Et pour des raisons indépendantes de ma volonté, je ne peux pas compter sur les chauve-souris que j'avais apparemment l'habitude d'invoquer pour se battre à ma place. Et en ce qui concerne mon ninjutsu, j'en suis à la synthèse sonore à amplitude non risquée, donc y'a du boulot.
Il me faut une mise à niveau au plus vite. Je peux compter sur toi ?

Une convocation du Hokage, du haut du balcon de celui-ci. J'avais donc pris mes dispositions, réservant ma journée avec un programme d'entraînement chargé. Deux programmes différents pour être précis... Le premier était du genre classique, tandis que le deuxième était un peu plus corsé. En vérité, je n'aurai de base pas laisser le choix à un élève traditionnel. Mais pour mon supérieur -bien que je soit plus puissant que lui actuellement je n'avais pas le choix.

J'avais aussi mené au préalable des recherches sur l'amnésie pour récupéré des capacités physiques perdue ultérieurement. C'était intéressant, et c'était aussi d'ici que je tirai mon enseignement traditionnel. Stimuler la mémoire "Primitive" de l'homme afin de débloquer et réactiver la mémoire des réflexes. Car après tout, il devait bien y avoir un moyen de récupérer le passage perdu.

Arrivant 10 minutes en avance, le Hokage me fit un signe de la main, tandis que je faisais une inclinaison légère de la tête en signe de respect tout en fermant mon bouquin sur la neurophysiologie. Même si le Hokage n'était pas actuellement aussi puissant qu'avant, j'arrivais encore à percevoir en lui cette aura de puissance. Une aura qui imposait un respect, qu'il soit amical ou non. Oui. Car même s'il avait perdu ses capacités physiques, je pouvais sentir ce chakra terriblement supérieur au mien et au commun des mortels.

Il avait donc pris les dispositions pour m'intégrer dans l'Anbu, ce qui était parfait en soit. Cela me permettra de mieux défendre le village. Même si je devais dire que les préoccupations du Hokage me laissaient assez perplexe. J'étais un Sabakyô, j'avais donc de quoi faire un masque...

« Je vous remercie Maître Hokage. Ne vous inquiétez pas, nous avons des prototypes de masque à gaz miniature, et de fuînjutsu filtrant l'air sur un masque classique. Tout ce dont j'avais besoin était votre autorisation et votre bénédiction pour rejoindre l'ANBU. »

Le Hokage continua ensuite ses explications. Il n'y avait rien d'affolant en soit, c'était plus la masse de travaille gigantesque que cela allait demander qui était inquiétant. Je lui répondis simplement...

« Si ma réputation me précède, vous devez savoir que mes méthodes sont bien plus drastiques, sévères et dangereuses que ce qui se fait habituellement. Néanmoins, elles sont efficaces, et peuvent pousser à un pallier bien supérieur que la moyenne. Un mal pour un bien. J'avais préparé deux programmes d'entraînement, mais au final, je vais prendre celui que je pratique actuellement... Suivez-moi Maître Hokage, il va falloir sortir du village pour un tel entraînement. »

Tout était dit. Cela ne laissait place à aucun doute de la dureté et de la difficulté d'un tel entraînement, mais c'était nécessaire... Sur le chemin, j'entamais donc la discussion...

« Je n'ai pas grand chose à dire à mon sujet, Hokage-Sama. Je suis un natif d'Ame, et j'ai vécu depuis toujours dans la guerre, le danger, la souffrance et la mort. C'est vous-même en personne qui avait ouvert ma cellule, et recueilli mon corps frêle et abîmé par le temps et les tortures, ainsi qu'offert la liberté. Depuis ce jour, Konoha et la sécurité de ses citoyens sont devenues mes principales préoccupations. Et je suis prêt à tout pour parvenir à mes fins. C'est la base de mon Nindô : la Fin justifie les moyens. Pour l'instant, cela me réussit bien. Si vous avez des questions, j'y répondrai. »

Aucun remords, aucun regret. A vitesse ninja, nous arrivons rapidement sur une large clairière. Une sorte de terrain vague, probablement dû à une des guerres précédentes.

« Je me suis renseigné sur l'amnésie. Je pense que cette chose est partiellement réversible. Vous ne retrouverez probablement pas cette capacité d'invoquer vos Kuchyose, mais il existe un moyen d'éveiller en vous les réflexes endormis de votre corps. »

J'allais commencer l'explication des principes de mes "méthodes".

« Le meilleur moyen de progression pour un Ninja est d'être en situation critique. C'est entre la vie et la mort que les capacités d'un Shinobi se décuple et passe à un tout autre niveau qu'un entraînement classique. Scientifiquement, cela correspond à la stimulation du cortex primaire, gérant les bases du fonctionnement psychologique et neurophysiologique du corps humain. C'est une chose immuable, et qui ne fut pas affecté par le Furyou que vous avez combattu, sinon, vous seriez dénuée de toutes sensations. »

Il était temps d'en venir au fait.

« Si votre cortex primaire n'est pas affecté, il contient encore les réflexes de survies de vos combats passées, bien qu'endormis. Il est donc possible que l'éveil de ce cortex rétablisse en vous vos capacités de Taïjutsu premièrement. Le malaxage de chakra reposant sur la force physique et mentale du Shinobi, il vous sera plus facile d'en produire et d'en prendre le contrôle juste après, facilitant alors l'accès au Ninjutsu. »

Mais tout s'équilibre....

« Néanmoins, l'éveil du cortex primaire est dangereux. Il consiste à vous mettre en situation de vie ou de mort. Éveiller votre instinct de survie afin de débloquer les réflexes, provoquant ainsi la récupération de vos capacités précédente. Oui, vous allez devoir revenir aux raisons primaires de votre existence. C'est semblable à être une bête sauvage. La mémoire peut oublier, pas le corps... C'est pourquoi je vous le demande. Jusqu'à quel point souhaitez-vous accélérer le processus de votre formation ? Choisissez vite, mais choisissez bien. Le danger de mort est réel, c'est le quotidien du Shinobi. »

Alors qu'ils bondissaient de branche en branche pour atteindre le lieu que Seitô avait en tête, Onpu commençait déjà à sentir un malaise lorsqu'il lui raconta son histoire.
La libération d'Ame était l'un des épisodes qu'il s'était fait raconter le plus de fois par Maïka, il le connaissait sur le bout des doigts. Et selon sa version, Kyoshi Rei avait pris le luthier en otage et l'avait emmené avec lui avant même qu'il aie le temps de pénétrer dans les geôles. C'était Hyuga Kotori, son élève, qui avait héroïquement brisé les chaînes du clan, Onpu n'avait fait que lui créer une ouverture.

Le fait que Seitô lui dise qu'il l'avait libéré lui-même de ses propres bras était en contradiction avec cette version. Cela pouvait signifier deux choses : le temps avait altéré la mémoire de Seitô et il était persuadé que c'était vraiment ce qui était arrivé, ou alors il profitait de l'amnésie d'Onpu pour lui faire croire n'importe quoi et se le mettre dans la poche. Dans les deux cas cela témoignait d'un déséquilibre.

Lorsqu'il s'arrêtèrent enfin dans la clairière, Onpu succomba à la poésie du lieu. La nature avait reprit ses droits sur le terrain, c'était l'endroit idéal pour rêvasser et composer.
Aussi, à mesure que Seitô lui exposait la suite du programme, son estomac se nouait. L'exposé de l'Amejin semblait bien documenté, ce qui le rendait tristement très pertinent.
Le mélomane n'avait aucune envie de se lancer là-dedans, mais il s'y était préparé.

- Je n'ai pas le choix. Un Hokage incapable de protéger le village ne vaut pas mieux qu'un Hokage mort ou disparu. Donc si ça tourne mal, quelque part, ça sera tant mieux.

Il se rendit compte qu'il avait parlé à la place du peuple. En réalité, il n'avait aucune envie de mourir.

D'un geste du bras, il décrocha finalement sa basse de son dos, déroula un parchemin dans lequel il scella l'instrument. Celui-ci ne ferait que l'encombrer : en s'en séparant, il signait.

- Je suis prêt. Ne perdons pas une seconde.

Un coup de vent balaya l'herbe. Les oiseaux des arbres alentours s'en allèrent tous de concert, comme attirés par un signal lointain, ou chassés par la présence de ces deux individus prêts à invoquer la mort.

Le Hokage semblait perplexe sur l'explication de mon histoire. En vérité, j'étais totalement incapable de dire avec exactitude ce qu'il c'était passé. Mes souvenirs étaient floutés par l'épuisement physique et psychologique... Je me souvenais précisément de ma geôle et de mon état, mais quand les Konohajin étaient arrivé, tout ce que je me souvenais et d'avoir vu une personne me disant de tenir bon, et une autre apposant un masque sur mon visage. Suivis de quoi, mes souvenirs étaient encore moins précis de la suite des évènements. Quand je m'étais réveillé, j'avais appris que l'opération avait était dirigé par Myakudou Onpu', à cette époque Jônin de Konoha. J'étais incapable de me souvenir de mon sauveur, hormis le fait qu'il appartenait au village caché de la feuille.

En tous les cas, ce n'était pas ce qui me préoccupait actuellement. Le Kage avait pris sa décision de suivre probablement l'actuel entraînement le plus difficile de Konoha. Sur une cinquantaine de Genin, seul une poignée avait réussi et encore moins avait passé avec succès le test d'admission à l'équipe Yose. Bien entendu, ici, je ne retiendrai aucun de mes coups... Je n'avais pas à faire à des Genin fraîchement sorties de l'académie, mais bien au célèbre Hokage 6ème du nom, bien qu'amnésique et sans force réelle.

Il ne fallait pas commencer en douceur, sinon l'entraînement serait tout à fait basique. Dès le début, il fallait reproduire les conditions d'un combat tout ce qu'il y avait de plus réel. L'aura meurtrière n'y faisait pas exception. M'armant d'un Kunaï, j'entamais le cycle d'attaque classique pour mettre fin à la vie de quelqu'un. Sautant dans les airs, je lançais celui-ci sur le Hokage avant de me téléporter à proximité de ce dernier. Le Hiraishin était un pouvoir physique reposant sur les sceaux très intenses, mais mon corps avait pris l'habitude de subir ce déplacement sans que cela n'entraîne de gêne.

Le combo qui suivit la téléportation était intense, je ne faisais aucun cadeau au Hokage. Il fallait le mettre en situation de danger, et j'allais le mettre en situation de danger, même si cela signifiait le passer à tabac. Il voulait redevenir fort, et je suivais mon Nindô. La fin justifie les moyens.

Dès que je fus proche de lui grâce au Hiraishin, je lui frappai le visage avec mon poing gauche, chargé de chakra pour le déstabiliser. Le deuxième coup fut un coup de genou au niveau du diaphragme afin de lui couper la respiration. Après qu'il fut légèrement courbé, j'agrippais son haut avant de l'envoyer valser contre un arbre plus loin. Dans un mouvement toujours aussi soutenu, j'arrivais vers lui, dégainant un Kuani afin de le frapper au visage. Le Rokudaime était balafré par un précédent combat fort éprouvant psychologiquement : celui de Meteora. Reproduisant ainsi l'attaque, j'espérai tout simplement stimuler la mémoire de ce précédent combat... Sinon... Advienne ce qu'il adviendra...