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Trois jours s'étaient écoulés depuis sa précédente traque lorsque Natsuki quitta enfin l'hôpital. Couvert de bandages et de points de sutures à peine cicatrisés, c'était Maïka qui s'était personnellement occupée de lui, comme à chaque fois depuis son réveille. Occupant un lit dans les sous-sols, sa présence était presque ignorée de la majorité du personnel médical, et c'était mieux ainsi. La plupart de ses blessures nécessitaient encore du repos, mais lui ne pouvait pas se le permettre. Il s'était trop égaré sur sa route, et le temps pressait : il lui fallait de se retrouver au plus vite. Non seulement sa force, mais aussi son identité, qui il était vraiment. Pour recouvrir sa puissance d'antan, ce n'était pas difficile : il lui suffisait de forcer la pratique comme il l'avait fait depuis tout jeune, que ce soit en exercices personnels ou en assignations sur le terrain. Pour ce qui était de redevenir l'humain de jadis par contre, c'était une tout autre affaire. Mais l'un n'allait pas s'en l'autre, il en était persuadé. Et Iji veillait au grain.

Néanmoins, s'il pouvait se terrer au sein d'un hôpital et n'être pas plus qu'une chambre vide dans les dossiers, il existait une organisation qui savait le retrouver où qu'il soit : les messagers de Konoha. Les collecteurs d'impôts impayés mis à part, personne n'étaient capable mieux qu'eux de débusquer le destinataire de leur missive, ni assurer avec davantage de véhémence l'acheminement des courriers importants. Sans eux, plus d'une guerre aurait été perdue...

Natsuki ne fut donc pas vraiment surprit d'en voir un l'interpeler dans la rue moins de cinq minutes après sa sortie. Il s'agissait de la jeune femme qui lui apportait souvent ses assignations par le passé. Sous ses vêtements sombres et sa capuche à l'ouverture si étroite que son visage des yeux aux lèvres tenait à peine dedans, elle n'avait pas changé. Le temps par contre avait lui beaucoup changé leur relation. Sans parler d'amitié, il avait toujours prit le temps d'échanger quelques mots de courtoisie avec elle au moment de la réception. Mais depuis l'an passé, l'attitude du Nara tatoué s'était dégradée au point de les re-situer dans une relation strictement professionnelle : Sans un mot, elle lui remettait ce qui lui revenait, et repartait aussitôt.

Observant la bordure de l'enveloppe, bleu foncé, Natsuki l'identifia immédiatement : il s'agissait d'une mission d'au moins rang B. Autrement dit, le contenu ne lui révèlerait que le strict minimum, avec sa convocation dans l'un des bureaux du Palais du Hokage pour recevoir un briefing plus complet. Avisant la missive à l'écart de la foule, elle ne lui donna pas tort : il était question d'une chasse à l'homme en compagnie d'un genin, une opération de catégorie B. Il accompagnera donc Matawa Hyô.

Situé juste à côté du Palais, il ne lui fallu pas longtemps pour rejoindre le bureau où il était attendu. Frappant mécaniquement à la porte avant de la pousser, il pénétra dans la petite salle qui n'avait qu'une fonction : fournir toutes les informations nécessaire aux ninjas pour remplir à bien les missions auxquelles ils ont été affectés. Et pour cela, ils avaient droit à un fonctionnaire installé derrière un bureau, quelques chaises pour s'assoir, et de la documentation. Pour le café, libre à eux de s'en servir un dans le distributeur du couloir...

Étant arrivé le premier, Natsuki se contenta de remettre sa convocation au jeune trentenaire qui prépara alors les dossiers nécessaires, puis de prendre place dans le silence en l'attente de son équipier. Mais plutôt que de perdre son temps à se tourner les pouces, il attrapa les pochettes contenant les fiches détaillées des trois fugitifs qu'il était chargé de ramener. Ce qui était consulté maintenant ne sera plus à lire plus tard. La composition de cette ancienne équipe était classique : deux hommes et une femme.

La Chûnin se nommait Inuzuka Izayoi, et son chien-loup au pelage cendré répondait au nom de Tenaka. Sans surprise, c'était une pisteuse hors paire, et principalement douée dans le combat au corps à corps. Pour une brunette de vingt-cinq ans, elle était plutôt petite, atteignant à peine le mètre cinquante deux. Outre son patronyme, la photographie jointe trahissait ses appartenances claniques : elle arborait sur ses joues les motifs classiques que l'on retrouvait peint chez tous les membres de cette grande Famille, et son sourire révélait des canines saillantes comme l'on n'en voyait qu'au sein de son clan. Affiliée au feu, ses capacités étaient donc essentiellement offensives, d'autant plus qu'elle pouvait compter sur son animal pour assurer ses arrières. A cause de ses aptitudes canines, elle sera sans nulle doute une contrainte majeure pour les neutraliser par surprise : elle sentira la menace venir bien avant que Natsuki n'ai même réussit à les localiser.

Le Genin à la tignasse ébouriffée comme les blés quant à lui était bien plus jeune : il comptait dix printemps de moins que son ainée. Mais malgré son jeune âge, le prénommé Makoto Tokigawa transpirait la maturité. D'après son dossier, il suivait une formation spéciale afin de devenir ninja-médic, une branche à laquelle n'importe qui ne pouvait pas prétendre. De fait, même avec un historique de carrière assez court pour le moment, il n'était pas à sous-estimer, surtout qu'un grade ne reflétait pas la puissance de la personne : il ne planchait qu'un minimum. Naturellement affilié à la terre, il y avait fort à parier qu'il assurait essentiellement la défense de ses équipiers. S'il n'est probablement pas capable de traiter leurs blessures graves, il restait un atout important pour leur survie en milieu sauvage : pour ce qu'en savait Natsuki, la base de formation médicale consistait non pas à manipuler le chakra, mais à reconnaître les vertus médicinales ou toxiques des plantes.

Juste avant que Natsuki n'ouvre le troisième dossier, quelqu'un d'autre frappa à la porte du bureau. Lançant alors un regard désintéressé par-dessus son épaule, il le croisa avec l'arrivant juste assez longtemps pour confirmer qu'il s'agissait bien de son équipier du jour.

Matawa étant présent, le briefing pouvait commencer.

Se matin là, Matawa s’était réveillé en sursaut, comme si une attaque nucléaire allait lui tomber dessus, mais s’était normal, une fois de plus, Seitô n’était pas content de la disposition des tunnels de l’endroit et s’était mis à tous les changés…

En faisant abstraction de la suite, il s’était fait un copieux déjeuner et était tout de suite parti en direction du palais. Il avait reçu la veille une convocation pour une mission de rang B et c’était l’occasion rêver de prendre un peu d’air frais. Son équipe lui convenait, mais il avait encore un peu de mal à vivre avec deux bouffons…

Quand il arriva au palais, les choses lui sembla plus simples, aller ici, signer là et prenez la troisième porte à gauche au quatrième étage. En plus il n’avait pas besoin de porter son masque à gaz ici et le personnel était bien souvent constitué de femme assez attirante alors bon… Il se plaisait bien ici.

Quand il ouvrir la porte qui l’apportait à l’endroit indiquer par contre, il faillit s’évanouir. Devant lui se tenait son partenaire de la journée, mais ça n’allait pas le faire. Non.

De tout le monde dans le village, il fallait qu’il tombe sur lui, le Nara tatouer, égocentrique et faiblard en plus, mais bon. Le village passait en premier et la règle numéro un de son nindô était de ne jamais abandonner. Il allait donc tenter le coup.

- C’est une blague hein ? Encore se vieux ? Quelqu'un me joue une mauvaise blague ?

- Bien, alors j’en déduis que tu as déjà rencontré notre intendant du village Matawa ! Il vous sera donc plus simple de travailler en équipe pour attraper nos déserteurs !

- Quoi ? C’est Seitô l’intendant du village…

- Oui, lui Raito et Natsuki… Bon ne perdront pas plus de temps, je vais vous donner les détails.

Matawa n’en revenait pas, en plus d’être aussi insupportable, il était puissant, probablement autant que son propre chef d’équipe. Décidément, la journée serait des plus intéressante…

Lançant un regard enflammé à son coéquipier de la journée, le jeune prit place à ses côtés.

- Natsuki.

Dit-il simplement en guise de salutation.

« Hum. » lâcha simplement Natsuki en guise de réponse sans relever la tête du dossier dans lequel il s'était replongé.

Le dernier shinobi du trio devenu Serviteur s'appelait Saigado Tori. Dix-neuf ans, un mètre soixante-deux, brun aux yeux noisettes, tout de sa photo jusqu'à son histoire étaient quelconque. Le genre passe partout qui sait ne pas se faire remarquer. Tout comme Makoto, son historique n'était pas très fourni, mais il ne comptait aucun échec pour des assignations qui dépassaient de loin son niveau théorique. Utilisateur du Kinton et du Futon, il représentait sur le plan technique le plus équilibré du groupe entre le potentiel offensif et défensif.

Tandis qu'il transmettait les trois pochettes à Matawa, il écouta la suite du briefing du gratte-papier. Celui-ci confirma sa première impression : ils avaient affaire à une équipe efficace et bien rodée, qui connaissait aussi bien qu'eux le terrain. La mission s'annonçait donc ardue. Le Village avait précisé qu'Il souhaitait que les déserteurs soient ramenés vivants, dans la mesure de possible, mais au sens de Natsuki, c'était une précision superflue. En effet, sauf mention du contraire, les pertes étaient autorisées, mais toujours regrettables. Pour les commanditaires qui désiraient voir la cible éliminée, ils devaient le stipuler spécifiquement. Concernant la position des fugitifs, les informations du réseau d'espions dataient de la veille : les trois nouveaux Serviteurs partaient en direction de la frontière Nord. Remonter leur piste ne devrait donc pas être compliqué.

Une dizaine de minutes furent suffisantes pour faire le tour, questions comprises. Il était temps pour le duo de se mettre au travail.

« Rendez-vous dans moins d'une demi-heure à la Grande Porte. » annonça Natsuki à l'attention de son coéquipier en se levant pour quitter la pièce. « Prévoyez de l'équipement pour trois à quatre jours. »

Trente minutes, c'était environ deux fois le temps le temps nécessaire à un shinobi expérimenté pour sélectionner avec soin son matériel dans l'optique d'un départ imminent – si bien sûr il n'avait pas déjà de sac tout prêt. Bien évidemment, après avoir comprit que Matawa était un genin d'arrivé récente dans le Village, Natsuki ne pouvait pas attendre de lui la même performance. Là était d'ailleurs l'intérêt des équipes mélangeant bas et hauts gradés : assurer la transmission d'expérience d'une génération à l'autre dans des conditions de sécurité relative. Seront donc évaluées d'une part les aptitudes pédagogiques du Nara tatoué, et de l'autre les prouesses physiques du Renard d'Encre. Pour Natsuki, qui avait déjà été à la tête d'une équipe au destin sordide, il s'agissait surtout d'une piqure de rappel pour vérifier qu'il était toujours apte à diriger un groupe – alors même qu'il avait demandé personnellement de ne s'occuper que de mission en solitaire pour le moment. Pour Matawa, ce sera l'occasion de vérifier s'il est à bonne école avec l'Intendant Seitô.

Arrivé chez lui, une maison toujours aussi vide en l'absence de ses parents assignés à l'autre bout du monde, il ne perdit pas de temps, et gagna immédiatement sa chambre où il déverrouilla la porte donnant accès à son armurerie. C'était une assignation clairement orientée sur le combat, il devait donc s'équiper en conséquence. L'annexe atteignait à grande peine les deux mètres sur deux mètres, mais s'était au fil des ans étoffée de matériel jusqu'à pouvoir presque soutenir la comparaison avec celle respective de son père et de sa mère. Tout y était soigneusement et méthodiquement rangé, de sorte à ce qu'il ne perde jamais de temps à plier bagage lorsqu'une mission imposait un départ immédiat. Il n'avait qu'à tendre le bras pour récupérer ce qu'il désirait, regarder n'étant même plus nécessaire. Commençant comme toujours par enfiler son gilet de combat tactique à poches multiples, il accrocha ensuite à sa ceinture une sacoche de projectiles standards étudiée pour pouvoir saisir et lancer son contenu rapidement. Il ajouta au tout ses deux armes de prédilection – des tonfas à l'alliage particulier – dans les sangles dorsales de son gilet prévues à cet effet. Dans presque chacune de ses poches, il plaça un rouleau de parchemin, lequel servait d'explosif, de leurre, ou de sceau pour convoquer une arme de rechange. Il n'était pas un grand pratiquant du Kenjutsu, préférant très largement employer le Taijutsu pour se battre, mais il ne pouvait nier que dans certaines situations, avoir une arme sous la main apportait certains avantages. Beaucoup moins que de se battre à mains nues, certes, mais en fonction des événements, un seul avantage pouvait faire basculer la donne. Et un shinobi devait être capable de s'adapter et jongler avec tous les facteurs s'il espérait vivre vieux. Quant à ceux qui pensaient qu'une lame était bien plus meurtrière qu'un coup de poing, ceux là n'avaient jamais rencontré un véritable artiste martial – ou n'étaient plus en état de témoigner. Pour le reste, il se contenta d'une cape de voyage et d'un sac dans lequel il rangea une tenue de rechange et de la corde.

Vingt minutes s'étaient écoulées depuis son départ du Palais Hokage. Il n'avait plus qu'à se rendre à la Grande Porte, et y attendre son coéquipier du jour.

Après s’être séparé de son nouveau et fantastique coéquipier, Matawa s’était également rendu chez lui, dans la nouvelle demeure souterraine. S’équipant de tout le nécessaire pour la mission avec l’armurerie du petit trio, il prit une bonne quantité de rouleaux, d’encre et de Kunai en tout genre, mais aussi de petit supplément au cas où il en aurait besoin. Sans rien se cacher, il était plutôt inquiet étant donné que c’était sa première mission ou il ne devait pas impérativement tuer, mais aussi puisqu’elle relevait plus d’une mission de traque qu’autre chose. Il termina donc un sac de vivres et accosta son maitre des virus afin d’obtenir son avis.

Hors de toute attente, Seitô lui donna même l’opinion qu’il avait sur son ancien camarade, ce qui surprit le blondinet.

- Natsuki est un bon Ninja, modéré et calme, qui sont des qualités indéniables, avec lui tu ne devrais pas avoir de difficulté à les retrouver.

Après cette brève conversation à sens unique qui troubla Matawa puisqu’il ne disait que rarement du bien des gens, il lui souhaita bonne chance sans oublier de lui rappeler que tout ceci n’était qu’un test supplémentaire afin de le garder sur la voie des shinobis. Il ferait donc de son mieux pour remplir les exigences et réussir cette mission. Il n’avait pas le droit à l’erreur.

Retournant à l’extérieur, Matawa huma l’Air frais de l’extérieur et se précipita aux portes du village, cela faisait un moment qu’il vivait sous terre ou dans le village directement. L’extérieur lui manquait terriblement, mais voilà qu’il avait de nouveau la possibilité de partir à l’aventure. Il courut donc en se promettant de changer d’attitude envers se Nara tatoué, après tout il était non seulement son collègue, mais également un shinobi de la feuille sans oublier son titre qui égalait celui de son maitre. Malgré ce pressentiment qu’il n’aimait pas chez lui, il valait mieux être de son côté et lui soutirer le plus d’expérience possible afin de devenir plus puissant.

Arrivé en premier, il se serait généralement permis de lui faire une petite blague sur l’importance de la vitesse dans une mission, mais à la vue de la mine neutre de son maitre du jour, il se dit qu’il valait peut-être mieux changer d’idée. Il fit donc une mince révérence en courbant le torse et indiqua la sortie ouverte par les gardes à leur intention.

- Près pour partir papy Nara ?

Arrivé en vue du portail, Natsuki repéra son équipier déjà paré à partir. Il s'était préparé dans les temps, un bon point pour lui. Restait maintenant à voir s'il l'avait fait correctement. Le Nara tatoué hocha simplement la tête à sa rencontre, puis le dépassa. La seule phrase de Matawa – la phrase de trop – l'arrêta cependant dans son élan.

« Peut-être avons-nous besoin d'une mise au point.» lui annonça-t-il d'une voix aussi froide qu'à l'accoutumée. « J'ai cru remarquer que vous ne m'aimez pas beaucoup, Matawa, mais honnêtement, je m'en fiche : je n'ai pas besoin que l'on se trouve des atomes crochues pour vous aider dans votre mission. Ce que je ne supporte pas par contre, c'est l'indiscipline au sein de l'équipe que je dois mener. Alors vous êtes libre d'appeler notre Intendant par son petit nom si cela vous sied, mais au risque de me répéter, le tutoiement n'est pas encore de mise entre nous. Je ne suis pas là pour faire le flic avec vous, et je n'exige pas grand chose de plus de votre part. Ce ne devrait pas être trop compliqué pour quelqu'un comme vous. Ai-je été assez clair ? »

Sur ces mots, il s'écarta, et s'élança sur la route nord qui coupait la forêt. Ils avaient déjà assez perdu de temps inutilement, et s'ils continuaient tous deux dans ce climat de friction, ne manqueront pas d'en perdre davantage encore. Natsuki n'était pas du genre à s'énerver, du moins par le passé, mais même dans sa meilleure époque, il n'aurait jamais toléré de comportement conflictuel au sein de son équipe. Il considérait chacun comme son égal en terme de poids de parole, et si ses équipiers avaient le droit de ne pas être d'accord avec ses décisions et d'émettre leurs avis, ils étaient tenu de se tenir à la décision finale, laquelle lui appartenait. Il était essentiel que Matawa intègre ceci, car c'était ainsi que fonctionnaient les équipes shinobis. Même à Konoha, l'indiscipline était sévèrement punit.

Natsuki n'ajouta rien pendant un long moment. La lutte constante qu'il menait contre sa maladie le rendait moins loquace, et tant qu'il pouvait éviter de parler, il s'y tenait. Néanmoins, si les banalités n'étaient pas de rigueur, des points en rapport avec la mission nécessitaient d'être abordés : que cela lui plaise ou non, il était aujourd'hui un formateur. Il fini donc par reprendre la parole, à l'adresse de Matawa.

« Que pensez-vous de notre mission, et des trois shinobis que nous devons ramener de force ? »

La question était moins simple qu'en apparence, car elle impliquait de réfléchir au contexte dans lequel s'inscrivait la situation. Elle lui permettra aussi de mieux comprendre la logique de pensée du jeune Hyô : était-il du genre à se questionner sur la portée et l'intérêt de ses actes, ou au contraire, se contentait-il d'obéir aveuglément aux ordres – ce que chaque Village était en droit d'attendre de ses soldats - ?

La route continua de défiler sous eux, tandis qu'ils franchissaient la partie la plus dense de la forêt. La course du soleil suivait les heures de voyage des deux shinobis au rythme de Matawa, amenant irrémédiablement l'astre vers la fin de son règne journalier. Ce fut au cours de son crépuscule, un rouge si mordant que la cimes des arbres donnaient l'impression de s'embraser, que les premiers événements impromptues firent leur apparition : à une quinzaine de mètres du groupe retentirent des cris puis des bruits de luttent. En tournant la tête, Natsuki pu en apercevoir l'origine. Il s'agissait d'une caravane marchande prise d'assaut par un groupe d'hommes, une scène qui n'avait plus rien d'inhabituelle maintenant que les Furyou avaient semé les graines de la folie dans le monde, et qu'il n'y avait plus assez d'effectif ninjas pour patrouiller dans le pays. Avec deux gardes armés et un cocher, les chances du convoi de protéger ses marchandises étaient plutôt minces face au double d'attaquants. Pour autant, le Nara tatoué n'avait qu'à peine ralentit sa course.

« Continuez votre route. Nous sommes en mission, ceci ne nous regarde pas. » lâcha-t-il d'un ton neutre, indifférant au pillage en règles qui s'opérait non loin de lui.

Matawa avait retenu la leçon et s’était même excusé auprès de Natsuki, il avait raison et même s’il ne savait pas d’ou lui venait cette opinion de lui, il n’avait que faire de leur petite chicane à comparer de leur mission. Pour lui c’était donc réglé, il le verrait comme un remplaçant de Seitô et non comme un rival.

« Que pensez-vous de notre mission, et des trois shinobis que nous devons ramener de force ? »

- Et bien, la mission en soit est bien correcte, j’imagine que c’est la routine ses dernier temps, j’ai entendu parler de cette histoire de F maudit et de la chute de Kiri, mais bon… Je ne pensais pas que j’aurais besoin moi même de courir après des gens de mon propre village. Heureusement je ne les connais pas, il sera donc plus facile de simplement remplir la mission et d’oublier qu’ils viennent de notre village. Sans oublier les enseignements de Seitô, il dit que le village doit passer avant tout le reste et j’ai accepté ses conditions en devenant moi même un ninja de la feuille. Je n’ai aucune idée de ce qui les pousse à nous trahir, mais j’imagine qu’il vaut mieux les rattraper au plus vite.

Sans doute était-il préoccupé par sa réponse, car Natsuki ne lui reparla pas avant un bon moment, peut-être même qu’elle lui convînt. Dans tous les cas, Matawa était prêt à intervenir et à les arrêter, sa seule inquiétude face au combat se résumait dans ses propres capacités, il aurait bien aimé en parler avec Natsuki, mais comment lui avouer qu’il n’avait que des techniques offensives ? C’était un peu la honte de ne pas avoir de technique d’entrave ou de défense …

Puis vint ce moment fatidique, devant eux une caravane en détresse réclamait de l’aide et dans tout les cas possibles, bien que la mission soit prioritaire, ces gens se trouvaient sur les terres de Konoha.

« Continuez votre route. Nous sommes en mission, ceci ne nous regarde pas. »

- Natsuki… et si c’étaient eux ? Ils auraient pu se dissimuler changer leur apparence ou même tendre se piège pour nous attirer, malgré l’envie que j’ai d’aller voir pour le bien du village, je crois que nous devrions vérifier également pour le bien de la mission. Si c’est eux, nous pourrions les manquer de peu. De plus, ils ne sont qu’à un instant, si se n’est que de simples brigands, on en finira rapidement et on retourner sur la mission ? Personnellement je n’ai aucune faculté qui me permettrait de vérifier sans y être… Qu’en penses-tu ?

Natsuki baissa encore en allure, jusqu'à finalement s'arrêter. Maintenant que Matawa avait cessé de le provoquer inutilement, il se montrait presque satisfaisant. D'une part, car même s'il n'y avait pas de réponse fondamentalement fausse, il n'avait pas déblatéré des inepties aberrantes à la première question que le Nara tatoué lui avait posé, et de l'autre car il s'était bien gardé de vouloir jouer les héros venu au secours de la veuve et de l'orphelin. Hormis un tutoiement toujours pas effacé qui lui vaudra bientôt un sceau explosif sur la langue, l'ensemble n'était pas mauvais.

« La réflexion est bonne, mais elle ne colle pas au contexte. Je vous expliquerai après pourquoi. D'ici là, nous allons faire exceptionnellement un rapide écart sur notre route pour nous occuper du groupe là-bas. Affrontez-les en les considérant tous largement supérieur à votre niveau. »

Un moyen comme un autre de cacher les véritables raisons de ce revirement... Car si jusqu'à présent, Natsuki ne s'était jamais mêlé de quoi que ce soit qui ne concernait pas directement ses missions au cours de ses affectations, c'était pour des raisons logiques. Mais aujourd'hui – comme chacun des jours depuis son retour dans les effectifs de Konoha – ses besoins de violence et de sang exacerbés nécessitaient d'être atténués. Le cas échéant, les pulsions meurtrières qui le dévoraient continuaient de se faire de plus en plus lancinantes, s'accumulant comme de la vapeur dans une cocotte : arrivées à un seuil de pression trop élevé, il ne sera plus capable de contenir son monstre, et de répondre de quoi que ce soit... Il n'était pas difficile de comprendre que voir son jugement troublé et sa vie dirigée par des pulsions aussi primaires que malsaines le répugnait, néanmoins il n'avait pas le choix. Il s'était montré capable de les dompter grossièrement par le passé, avant qu'un Furyou ne '' l'infecte '', et était certain d'y parvenir à nouveau avec l'aide d'Iji. Mais d'ici là, il devait apprendre à parfois courber l'échine devant son propre démon. Des défaites amères et insupportables qui ne faisaient que lui rappeler sa propre faiblesse.

D'un bond, il s'élança en direction de la caravane et prit la tête du duo. Il avait annoncé un rapide écart, que son assaut éclair ne démentit pas : une brusque pointe de vitesse dans les derniers mètres l'amena au beau milieu de la débâcle, dans laquelle il libéra un véritable orage de coups. Ses poings frappèrent avec la nette volonté de tuer, fêlant les crânes et brisant les cages thoraciques dans lesquels ils s'enfonçaient. Il ne lui avait pas fallu dix secondes pour éliminer cinq des six opposants prit au dépourvu. Le dernier resta aux soins de Matawa, suite à quoi il n'attendit même pas les remerciement de ceux désignés de prime abord comme les victimes de l'histoire pour reprendre son chemin au pas de course.

Natsuki et son équipier eurent beaucoup de chance dans cette opération de rescousse. En effet, la force du Nara n'était pas encore revenu à son plein potentiel, ce qui l'aurait empêché de garantir une sécurité optimale à Matawa et lui-même si les bandits avaient été plus coriaces. Heureusement pour eux, ces derniers n'étaient pas d'anciens ninjas ou des criminels vétérans, seulement un groupe inexpérimenté. Du sang coulaient encore le long de ses doigts lorsqu'il revint sur ce qu'il venait de se passer.

« Je disais donc. La réflexion est bonne, ç'aurait théoriquement pu être ceux que nous cherchons, mais cela ne collait pas avec les informations que nous avons reçu. Ils ont été aperçu la veille par notre réseau à une journée d'ici au nord. Revenir en direction du Village pour commencer une vie de rapine et se faire remarquer en attendant la Purge aurait été un pari risqué de leur part : ils ont plus de chance de s'en sortir de l'autre côté de la frontière, pour rejoindre les Furyou ou un autre groupe de Serviteurs. »

Avant de poursuivre, il s'accorda un instant et observa les environs pour s'assurer qu'ils étaient bien sur la route à laquelle il songeait. S'ils ne se trompait pas, dans deux heures environ ils atteindront la ville d'Heifei.

« Ceci dit, j'aimerai que vous soyez attentif sur ce que vous appelez '' de simples brigands ''. Il y a une raison évidente pour laquelle je ne me mêle jamais de ce qui ne concerne pas mon objectif lorsque je suis en mission : en affrontant des adversaires qui ne sont pas les notre, l'on encourt le risque de se faire blesser. Je ne pense pas avoir besoin de préciser que ceci peut avoir un impact significatif sur les chances de réussite d'une assignation. C'est facile de croire que parce que nous sommes des ninjas, nous sommes forcément meilleurs que les autres. Mais la vie n'est pas un jeu vidéo avec ses monstres prédéfinis : un bandit n'est pas forcément un vulgaire vagabond muni d'un couteau. Certains sont d'anciens mercenaires, des ninjas exilés ou non affiliés, et peuvent représenter une réelle menace. Nous ne pouvons donc pas nous permettre de batifoler à gauche à droite et régler les soucis de chacun lorsqu'un objectif plus important nous attend. Si vous n'êtes pas sous la responsabilité d'un supérieur, c'est à vous d'évaluer la situation, et de prendre votre décision en âme et conscience. Mais souvenez-vous que si vous êtes le seul à devoir assumer les responsabilités de vos actes, c'est tout votre Village qui peut subir les conséquences d'un échec. »

Malgré sa voix toujours aussi dénuée de toute note de sympathie, il ne s'agissait ici ni d'un sermon, ni d'une réprimande. Natsuki exposait simplement les faits tels qu'il les percevait : à Matawa d'en faire ce qu'il voulait.

Comme estimé, ils arrivèrent à Heifei sous le couvert des étoiles. Dans un soucis de ne pas se faire identifier comme un ninja, Natsuki eu recourt à la métamorphose physique avant d'entrer à proprement parler dans la ville. Lorsqu'il traversa les remparts, il semblait vieillit de quarante ans. Ses cheveux poivre et sel tombaient en filament sur les côtés de son crâne légèrement dégarni, et son ventre enfla légèrement sous sa tenue de voyageur, gras accumulé faute d'une condition physique qui ne permettait plus vraiment l'activité. Sa démarche mi-boitillante compléta l'ensemble de sa panoplie. Concernant Heifei, la petite ville comptait environ six mille habitants, et était principalement connue pour son célèbre miel. Cela mis à part, elle n'avait rien de touristique, et il n'était donc guère étonnant de voir que les rues relativement vides : les villageois vivaient avec le rythme solaire. Natsuki connaissait les lieux, aussi il savait exactement où se rendre pour passer la nuit avec une restauration sur place.

L'endroit en question s'appelait '' Le Pot des Abeilles '', une petite auberge classique ne disposant que d'une dizaine de chambres pour les voyageurs. Le nom de l'établissement tenait à sa peinture miel, et aux nombreux pots de décoration de toute taille qui ornaient chaque étagère. Son gérant, Tamao, s'occupait comme à son habitude du service en salle, les tables étant toujours au moins à moitié pleine. C'est deux plateaux à la main qu'il les apostropha pour les installer, occasion dont Natsuki profita pour réserver une chambre cette nuit. Il prit alors place sur la petite table qui leur était désigné, et fit glisser l'un des menus vers Matawa. Par de discrets coups d'œil, Natsuki détailla les lieux, repérant les autres clients présents. La salle baignait dans un doux brouhaha festif, suffisant pour que les paroles de chacun se perdent dans l'ambiance sitôt les frontières de la table franchie.

« Supposons que nous retrouvions demain nos trois fugitifs, après une course poursuite. » murmura de but en blanc le Nara tatoué à son équipier. « Chacun est donc conscient de la présence des autres. J'aimerai savoir comment vous aborderiez la situation. Vous pouvez réfléchir à une stratégie jusqu'à notre arrivée en chambre si vous voulez. »

Bien que similaire à un devoir sur table de l'Académie, il s'agissait ici surtout de montrer à Matawa qu'il n'était pas un simple exécutant sous les ordres de son supérieur, mais d'un membre actif du groupe dont les idées et la parole avaient une réelle valeur. L'occasion d'une prise d'assurance, et de montrer ce qu'il valait sur le plan stratégique.

Du côté de Matawa, son déguisement n’était certes pas aussi élaboré, mais un peu de terre dans les cheveux, sous les ongles et sur les vêtements ferait l’affaire. De plus, tout son matériel resterait dans son sac de voyage et le reste de ce dont il avait besoin était habillement dissimuler sur sa personne. Quant à la stratégie à adopter, s’était une chose bien difficile, ayant peut d’expérience il se résigna d’abord à s’emplir le ventre. Choisissant une assiette typique et non couteuse pour rester dans le personnage, il reçut une simple assiette de nouille au légume tout en savourant déjà l’idée de manger la viande salée qu’il avait dans son sac. Plus le repas avançait, plus le stress montait également, jusqu’au moment où il se décida à tout balancer à son coéquipier.

- J’avoue ne pas être l’homme de la situation, j’imagine qu’on m’a placé dans cette mission pour éventuellement développer ses talents qui manquent à mon éducation. Avec Seitô, j’ai plus l’habitude de travailler sur les bases et de renforcer non seulement ma rapidité d’esprit, mais aussi ma riposte face à des situations toujours plus dangereuses ou impossibles à envisager.

Tout en continuant de manger, Matawa se senti soudainement soulager, il était vrai qu’avec un certain recul et surtout après avoir vue Natsuki à l’œuvre un peu plus tôt contre les bandits, un côté plus intimidant se délogeait de ça personne. Il semblait maitriser le Taïjutsu dans ses moindres recoins et c’était sans parler de tout ce qu’il devait connaitre encore.

- Sinon, j’imagine que je ferai la première chose qui me passe par la tête. Tout d’abord il faudrait s’assurer des spécialités de chacun, autant que se soit sur le côté offensif que défensif, même concernant les attaques rapprocher ou à distance, sans oublier se chien de garde qui traine avec eux. Ci on ne le néglige pas, on arrive à du deux contre un alors il faudra être très attentionné pour ne pas se faire prendre. J’ai entendu dire que les Inuzukas étaient bien souvent plus en symbiose avec leur animal qu’il ne le serait jamais avec un autre coéquipier. Ensuite sans foncer tête baisser j’irais pas illimitation, du maillon faible de l’équipe jusqu’au plus dangereux pour pouvoir réduire leur nombre et ainsi les épuiser psychologiquement, ils sont une équipe depuis un bon moment déjà, donc ils doivent être beaucoup plus proche que nous le somme.

Tout en terminant le repas, le Nara tatouer semblait écouter ses paroles avec la plus importante des attentions, ce qui eut pour effet de satisfaire le jeune Hyô dans sa quête d’approbation. Puis arriver dans leur chambre ou un mobilier simple les accueillit, Matawa se dépêchât de tirer la table de chevet entre les deux lits simples tout en insistant son mentor à s’assoir en face de lui, puis il fouilla un peu dans son sac et fit une démonstration de ses talents.

- Loin de moi l’idée de vous impressionner, mais je me voie mal partir au combat sans vous expliquer le fonctionnement de mes techniques. Je suis un Hyô et je contrôle l’encre, jusqu’ici tout va bien, mais cependant je ne suis pas comme les autres, aucunement besoin de pinceau.

À se moment, Matawa ouvrit une fiole d’encre et le liquide répondit à son appelle tout en se tortillant à l’extérieur pour se contorsionner et prendre diverse forme géométrique.

- J’ai depuis mon plus jeune âge la faculté de contrôler l’encre directement avec mon chakra, de plus chaque fiole que je transporte avec moi est un mélange spécial de ma création. En général l’encre utilisée par mon clan provient du même arbre qu’on utilise pour déceler la nature d’un chakra, par conséquent elle absorbe l’énergie vitale pour s’en nourrir. Ce que peut de gens savent, c’est que cette matière première est vivante, même réduite à l’état de poudre pour la concoctions de mes mélanges et ainsi elle essaie constamment de se régénérer, voilà donc pourquoi je peux injecter mon chakra à l’intérieur et le retrouver sans difficulté ou le rattacher en moins de deux secondes. Ensuite, j’utilise en général deux types d’encre, car les autres ne sont pas encore assez stables pour pouvoir les utiliser en combat. La première que j’utilise pour de simples constructions arme et, etc. Ce n’est que de l’encre comme mon clan l’utilise et qui même si elle est amplifiée par mes modifications, n’a que pour but de se faire appliquer pour ensuite invoquer se que j’aurai dessiné. La seconde encre elle est plus subtile, j’ai réussi à isoler mon chakra de type Katon et ainsi l’intégrer dans l’encre afin qu’elle devienne inflammable. Il est donc très important de ne pas vous retrouver recouvert de cette encre si par exemple l’une de mes invocations se fait détruire et se repend partout. En général j’invoque des animaux et les envoie sur mes cibles, il ne se doute pas que l’attaque n’est pas l’animal en soie, mais bien le liquide qui les recouvrira ensuite. Il ne me sufi qu’à envoyer une simple étincelle et voilà pour les dégâts. Cependant je n’ai que des techniques offensives, je suis bien capable de dessiner des cordes pour attacher des gens, mais aucune technique d’immobilisation et je ne maitrise que le Katon… Outre ceci, je me débrouille bien avec des Kunai et des parchemins explosifs… J’aimais mieux vous prévenir que dans cet affrontement il sera plus facile malgré moi de les blesser que de simplement les capturer… Vous comprendrez donc que mon expérience militaire sur comment les aborder en situation de combat comme celle décrite plus tôt, je n’ai pas beaucoup d’autre choix que de tenter une approche de la sorte avec mon encre…

Natsuki se contenta de manger son travers de porc au miel en silence tandis que Matawa préféra ne pas mettre son temps à profit pour lui faire part de sa stratégie selon la situation évoquée, mais aussi ses impressions quant à ses capacités vis-à-vis de leur mission. Il n'y avait rien d'étonnant à cela : il n'avait accompli que peu d'assignations jusqu'à ce jour, et encore moins de ce rang-ci.

« Seitô vous entraine pour que vous deveniez un homme capable d'assumer toutes les situations. L'on n'attend rien de plus de vous » lui répondit-il simplement.

Lorsqu'il se retirèrent finalement dans leur chambre commune, le Nara tatoué commença par dissiper sa métamorphose. Le petit * pouf * étouffé qui en résultat laissa immédiatement en voir les effets : sa tunique de voyage retrouva sa forme et ses teintes sombres habituelles, et ses équipements réapparurent à leur place. Ses cheveux se refirent denses au sommet de son crâne et les seuls tatouages visibles de ses joues émergèrent en crocs de lune sous ses yeux à l'éclat toujours aussi terne. D'un regard bref, il parcouru mécaniquement la chambre en déposant son sac près de son lit, mais celle-ci n'avait pas changé depuis ses derniers souvenirs de l'an passé. Le mobilier était proportionnel à la somme qu'ils avaient payé pour la location – c'est-à-dire pas grand chose -, avec deux lits, une table de chevet pour la forme, et une salle d'eau pourvu uniquement d'un lavabo. Bien que pas réellement insonorisée, la pièce avait l'avantage d'être à l'étage, plaçant ainsi un solide plancher de poutre et de terre entre eux et les festivités de la salle de restauration : les deux shinobis allaient être au calme, ce que Natsuki avait besoin pour aborder encore quelques aspects avec son coéquipier. Et visiblement, Matawa partageait son sentiment lorsqu'il l'invita à s'assoir face à lui. Il parla alors un moment, lui expliquant la particularité de ses techniques liées au clan Hyô, comment il avait l'habitude de se battre et ce à quoi il était nécessaire de se montrer attentif. Une bonne initiative, qui fera au Nara tatoué une question de moins à poser. Ce dernier ferma alors les yeux un moment, comme prit de fatigue, et gratta mollement son cuir chevelu.

« En ce qui me concerne, j'utilise essentiellement des techniques du registre du ninjutsu, affiliées au vent et à la terre, et dans une moindre mesure, le taijutsu. Le problème est que je ne peux pas combattre en équipe, et que j'avais spécifiquement demandé à n'avoir personne dans les pattes. Ce n'est pas contre vous en particulier, mais la quasi-totalité de mon répertoire actuel ne comporte que des techniques à large zone d'impact ou des défenses personnelles. Et je suis déjà assez limité actuellement pour pouvoir me permettre de faire attention à ce que je fais. Autrement dit, nous allons difficilement être capable de combattre en équipe, ce qui confère un avantage certain à nos adversaires. »

Un soupir fit office de transition.

« Pour être honnête vous n'apprendrez pas grand chose de ma part, car je n'en ai ni l'envie, ni les capacités. Alors contentez-vous simplement d'essayer de revenir en vie de cette assignation. Je ne pourrai pas couvrir vos arrières, mais en se préparant assez, nous arriverons à quelque chose. Concrètement, trois situations ont le plus de chance de ressortir. La première – et la moins probable - est que nous les débusquons par surprise, auquel cas nous devons frapper leur plus grosse puissance d'attaque en premier pour réduire le potentiel combattif avant qu'il soient en mesure de riposter. C'est le principe même d'une embuscade, je n'ai pas besoin de vous faire un dessin. Vous noterez d'ailleurs que je ne considère pas l'éventualité de subir une embuscade de leur part s'ils se sentent traqués, puisque si nous ne montrons pas attentif, l'issu vous serait assurément fatale. Dans le second cas, nous les trouvons séparé, et les neutraliseront donc au fur et à mesure. Enfin, si d'aventure nous tombons en face à face contre eux, comme supposé pendant le repas, je m'arrangerai pour nous séparer, afin que vous puissiez pleinement vous concentrer sur Makoto Tokigawa. »

Matawa lui avait bien expliqué qu'il n'avait pas de techniques d'immobilisation ou autres, seulement un registre offensif, mais Natsuki ne voyait pas problème. Il leva donc les doutes de son équipier.

« Nos cibles ont fuit de leur plein gré Konoha, car ils savent ce qui les attendent s'ils sont arrêtés. La probabilité qu'ils se rendent donc est faible, il est clair qu'ils se battront. Notre ordre nous suggère de les ramener vivants, pas intacts, alors n'hésiter à recourir à la violence jusqu'à ce qu'ils s'écroulent. »

Sur ces mots, le Nara se leva, et accorda ses dernières paroles de la nuit à son équipier :

« Nous partirons avant le levé du soleil demain. Soyez prêt pour cinq heures. »

Il passa assez peu de temps dans la salle d'eau, juste assez pour s'en jeter sur le visage et le haut du corps. Torse nu devant le miroir, il n'en paraissait pas moins habillé au vu de la quantité de bandages qui lui enserraient le corps. Rares étaient les pans de sa peau tatouée révélés, mais l'on devinait quelques formes dessinées sous ses pansements, signe d'une musculature de jadis peinant à se reconstruire. Sa nuit ne fut pas moins terrible que les autres, continue mais saturée de ses habituels cauchemars, mais aussi peu reposante qu'elle ai été, il fut prêt à partir à l'heure convenue.

Dans la grande salle, quelques piliers de bar terminaient ou commençaient leur nuit, le front étalé contre des tables nappées d'ivresse. La vie ne s'arrêtait jamais vraiment dans une ville. D'un geste, Natsuki attrapa l'une des poivrières laissée sur une table dont il dévissa le capuchon pour en jeter sans préavis une généreuse poignée sur Matawa.

« Cela couvrira votre odeur. » lâcha-t-il avant que le concerné ne songe à émettre le moindre râle de contrariété. « Nous les attraperons aujourd'hui ou demain, alors ne perdons pas de temps. »

Après s'en être étalé sur ses propres vêtements pour en imprégner la forte odeur qui trompera partiellement l'odorat des Inuzuka, ils quittèrent le Pot des Abeilles, puis Heifei sous un matin encore embrumé de lune. Il indiqua la direction à prendre après avoir brièvement étudié une carte, puis imposa l'allure du jour. Au bout de quelques heures de trajet, le soleil commença à se lever lentement à l'horizon, comme s'il doutait de l'utilité de cet effort. Une courte pause pour consommer quelques provisions marqua la fin de la matinée, une autre lorsque l'astre lumineux arriva à son zénith. Natsuki maintenait une vitesse soutenue qui poussait Matawa plus loin que le simple footing, mais gardait tout de même un œil sur lui. Cela ne servait à rien qu'il l'épuise, si c'était pour qu'il croule de fatigue lorsqu'ils affronteront les trois déserteurs de Konoha. Lui-même n'aurait pas encore été capable de beaucoup plus de toute façon : même si son cœur palpitait bien trop vite chaque nuit, cela ne faisait que l'affaiblir, pas le renforcer.

C'est après bien des kilomètres avalés sous un ciel devenu nuageux puis assombrit par la fin du crépuscule mourant, et plusieurs inflexions dans leur trajectoire, que les deux chasseurs arrivèrent dans une nouvelle bourgade, bien plus petite qu'Heifei. Malgré leurs efforts du jour, ils n'étaient pas parvenu à remonter toute la piste du trio de Serviteurs. Néanmoins, Natsuki savait qu'il se rapprochait : avant le soleil de midi demain, l'affrontement aura éclaté. La suite prouvera qu'il ne s'était pas trompé...

Usant de la même ruse que la veille, le Nara tatoué se métamorphosa en vieillard voyageur en un instant à l'abri des regards, puis pénétra avec son équipier au sein du village nommé Tojika. L'endroit faisait partie des régions qu'il ne connaissait pas particulièrement, aussi il vagabonda dans les rues jusqu'à trouver un endroit susceptible de les accueillir. L'enseigne affichait '' le Chêne Centenaire '', et se découpait à peine du reste des habitations, si bien que l'établissement n'était pas aisé à repérer du premier coup. Se faisant discret, il entra avec Matawa et trouva rapidement une table où prendre place. Alors seulement il prit le temps d'observer ce qui l'entourait, de façon moins évidente que s'il s'était bêtement campé sur ses deux jambes à l'entrée. Il ne mit pas vingt secondes à repérer soudainement au milieu de la foule les trois têtes figurant sur les photographies qu'il avait emporté, attablées à moins de six mètres d'eux en profitant d'un repas généreux. Seul manquait à l'appel Tenaka, le molosse d'Izayoi.

A cet instant, Natsuki regretta de ne pas avoir vérifié si le Renard d'Encre connaissait les bases de la discrétion lorsque l'on observe ou suit quelqu'un. Seitô les lui aurait apparemment enseigné, mais '' les bases '' dans leur terme général étaient bien vaste de domaines... Adoptant alors l'expression d'un vieil homme passant une bonne soirée avec sa compagnie de table, il entama un dialogue de connaisseur sur la culture de la pomme de terre, en appuyant ses dires à l'aide de dessins tracés du bout du doigt sur le gras résiduel de la table. Et lorsque la serveuse d'un âge avancé fut repartie après les avoir abordé pour leur commande, Matawa pouvait voir au milieu des schémas succincts cinq mots : Cibles, Ici, Attaque, Cette, Nuit.

Certains risquaient de ne pas voir l'aube se lever...

Contrairement à son maitre du jour, Matawa lui aurait préféré les attaquer maintenant, mais avec tous ses gens dans les pattes, l’acte en soit serait plus difficile. Il comprit rapidement se que voulait dire les mots inscrits sur le papier et avant qu’il n’ai le temps de les reprendre, il appliqua son indexe sur la feuille tout en injectant du chakra dans celle si. Les mots commencèrent à changer afin de former de tout nouveau caractère pour ainsiter la compréhension du jeune homme. Puis il indiqua à son maitre par le biais de son encre qu’il allait prendre leur chambre compte tenu de l’heure tardive.

Jouant toujours le jeu du jeune paysan, Matawa se leva doucement pour aider son ainé à se relever, il en profita pour accrocher une serveuse et ainsi renverser de la bière sur ses habits, ainsi l’odeur caractéristique de l’encre se verrait voiler pour la soirée.

La suite des évènements se produisit sans accroc, Matawa fit mine de raccompagner Natsuki puis avec son accord il retourna boire un peu afin de surveiller les cibles. Au préalable, il invoqua un minuscule renard d’encre qu’il laissa avec son maitre, il lui confia qu’il le ferait disparaitre s’il se retrouvait en danger se qui était parfait comme signal d’alerte, subtile et efficace.

Tout en renforçant sa couverture, il apprit plusieurs choses, comme le fait que la petite blonde à qui il faisait la cour depuis le début de son retour aimait beaucoup les pierres précieuse, qu’elle n’aimait pas la pluie et, etc. Mais aussi qu’il serait plus dur de s’en prendre aux cibles que prévue, l’homme au chien dormait à l’extérieur avec le molosse afin de prévenir toute offensive, puis les deux autres se partageaient une chambre à l’étage. Tout juste dans la chambre au dessus de la leur.

Laissant le temps passé, vint enfin le temps ou les trois troubadours se séparèrent pour aller dormir. Laissant l’homme bête sortir, puis suivant les deux autres des yeux, voilà que Matawa décida de prendre les choses en main. Il se leva de son siège, fit mine d’embrasser la blonde sur chaque joue et partie à la rencontre de ses ennemis.

Arrivé à l’étage, il appliqua rapidement et silencieusement quatre parchemins explosifs sur le cadre de la porte par laquelle il avait vu le dernier membre du trio rentrer. Usant de son encre pour camoufler ceux si et enfin sceller l’ouverture de cette porte, il se retourna et ne fit même pas deux pas pour tomber nez à nez avec Makoto Tokigawa le médecin aux cheveux de blé. Jouant la comédie, il feignit s’être trompé de chambre et se mordit les lèvres, il venait officiellement de se faire prendre, cependant son rival ne semblait pas armé et jouant avec la chance Matawa mima s’être accrocher le pied dans une latte de travers et bouscula cheveux de blé au passage, lui collant un dernier parchemin explosif dans le dos avant de se retourner et de lui lancer un coup de Kunai habilement dégainer, l’arme fit une trajectoire parfaite, mais l’instinct de shinobi de sa cible l’emporta et il para le coup avec sa propre main, enduite de chakra elle semblait plus forte qu’une simple prise normale, mais le Hyô lui enfonça quand même sa lame dans l’épaule avant de lui lancer un coup de pied directement dans le ventre avec pour simple intention de le repousser et d’éviter le dégât de l’explosion.

Au dernier moment, son ennemi hurla le nom du chien géant avec l’intention d’alerter ses collègues.

- TENAKA !

Puis BOUM, BOUM,BOUM,BOUM,BOUM. L’explosion dans son dos suivi de celle sur la porte réduire leur visibilité a zéro, laissant le Hyô à moitié conscient dans le passage, lui laissant juste le temps d’annuler son renard pour prévenir Natsuki. Heureusement, ils les avaient pris par surprise, il ne restait plus qu’à vérifier les dégâts, puis finir le travail.

« Ne faites pas l'imbécile, et ne les attaquez pas de front. » furent les seuls conseils que Natsuki donna à Matawa avant que celui-ci ne redescende dans la grande salle.

Resté seul dans la chambre, Natsuki fit défiler mentalement bon nombre de scénarios déjà étudiés et maintenant affinés par les nouvelles informations dont il disposait ce soir. La disposition de l'étage qu'il parcouru en boitillant comme s'il cherchait les toilettes, les environs qu'il observait par les fenêtres, les entrées et échappatoires possible étaient tout autant de données qu'il collectait et emmagasinait pour se préparer au plus large panel de situations possible. La réussite d'une opération ne se résumait pas à de l'application pratique, mais aussi à sa simulation préalable pour en évaluer la fiabilité.

Par l'une des vitres verrouillées, il aperçut en contrebas une jeune femme s'avançant vers la ruelle qui bordait le Chêne Centenaire. Et malgré l'obscurité de la nuit, le faible éclairage lui révéla l'éclat furtif de prunelles animales lorsqu'elle déposa un morceau de viande à terre. Izayoi et Tenaka... Un chien de cette taille, même dans une contrée shinobi connu pour ses clans, serait difficilement accepté dans cette petite ville. Il était donc logique que le chien loup était resté caché à l'extérieur, préférant attendre la nuit pour se tapir plus discrètement dans le couvert des ombres et surveiller les alentours pour sa maîtresse. Le lien qui liait un Inuzuka à sa bête dépassait la compréhension des simples humains, il n'y avait rien de surprenant à ce qu'Izayoi se soit occupée de ramener de quoi manger à Tenaka, quitte à s'éloigner du groupe.

Au milieux des allées et venues dans le couloir, Natsuki finit par voir Matawa s'affairer sur une porte, mais ne s'attarda pas sur lui, et continua sa route pour se poster à une autre fenêtre avec un air absent. Moins de deux minutes plus tard, il l'entendit parler à quelqu'un. Il ne le voyait pas, mais au ton de ses propos, il visualisait globalement la situation. Ce qu'il n'estima que dans le dernier instant par contre furent les explosions qui retentir soudainement, trahit uniquement par le son propre qu'émettait le parchemin en s'embrasant. Le Renard d'Encre n'avait pas fait dans la dentelle. Ce n'était pas moins de cinq déflagrations qui détonnèrent et ravagèrent ce qui les entourait, rongeant les murs et perçant le sol dans une pluie de gravats qui causa d'important dégâts, autant matériel que humain. Il était clair que Matawa n'avait prit aucune considération pour les civils présents dans l'auberge : seul l'objectif comptait, pas les moyens. Même si raser un bâtiment pour éliminer la cible qui se trouvait dedans n'était pas le premier chemin qu'aurait emprunté Natsuki, il partageait parfaitement cette approche avec son équipier. S'il avait été amené à se battre dans la grande salle parmi les convives, il n'aurait à aucun moment dévié un coup sur d' une victime malencontreuse pour éviter de la blesser si cela permettait à son adversaire de s'esquiver.

Matawa et lui ne seront plus jamais les bienvenus dans ce village lorsque les citoyens les verront se battre, mais c'était un faible prix à payer, et une scène déjà vécue : le tout était de ne pas trahir leur identité et salir Konoha. Et de toute façon, il y avait d'autres choses à penser dans l'instant...

Le souffle de l'explosion engorgea tous les couloirs, et brisa le verre des fenêtres alors projeté à l'extérieur pour tomber en pluie d'éclats. Immédiatement, et comme à peu près n'importe qui d'autre dans la bourgade, Izayoi et son molosse tournèrent les yeux vers l'auberge. Mais aveuglés par le feu de la violente déflagration, ils n'aperçurent que trop tard l'ombre qui leur tomba dessus. Propulsé depuis la fenêtre donnant sur la ruelle, Natsuki fondit comme un oiseau de proie sur l'Inuzuka sous ses traits âgés, sentant à peine le renard caché dans sous sa tunique disparaitre, et la frappa d'un uppercut sauvage dans le ventre après s'être ramassé sous elle. Devenue malgré elle le bouclier de chair qui empêchait son chien de se jeter sur l'attaquant, elle sentit ses pieds décoller du sol sous la force du coup. Mais c'est une tout autre impact qui la projeta à plusieurs mètres dans le ciel : le sceau que le vieillard venait de lui apposer au moment de sa frappe détonna. Repoussée par tout le potentiel répulsif de la technique, Izayoi se retrouva impuissante au-dessus des toits. Il ne fallu qu'un instant au Nara tatoué pour la rejoindre d'un bond, et la frapper du même sceau à l'horizontal. L'Inuzuka fit un vol plané sur plusieurs dizaine de mètres avant de choir dans le petit bosquet à l'extérieur du village.

La gravité ne s'appliquait cependant pas pareil pour tous. Loin de retomber, Natsuki resta à flotter dans le ciel, n'accordant qu'un bref regard à un à l'animal enragé. Le poil hérissé et les crocs révélés, il ne laissait pas de doute sur ses intentions. Le Nara non plus. A l'aide de sa technique de vol, il quitta les lieux pour se rendre sur celui de son affrontement. Poussé par la volonté de servir sa maîtresse, Tenaka fit de même. Matawa avait probablement causé de lourds dégâts à ses adversaires, il était même probable qu'au moins l'un d'entre eux ne soit même plus en état de se battre. En conséquence, il devait être capable de gérer son affaire seul sans l'aide de son équipier occupé ailleurs.

Izayoi était une dure à cuire, spécialisée dans le combat en duo avec son chien au corps-à-corps. Natsuki ne fut donc pas sur la retrouver au sol, prête à en découdre après un si petit enchainement. Déterminée à se battre, elle semblait avoir comprit la situation en voyant le vieillard qui l'avait attaqué venir par la voie des airs, et se poser à quelques mètres d'elle : Konoha a traquait. Un éclair de doute passa cependant devant ses yeux lorsque la métamorphose de son assaillant se dissipa : en voyant le Céruléen apparaître, elle hésita un instant.

Ce n'était pas le Village de la Feuille qui était à ses trousses, mais la Mort Elle-même.

Après l’explosion, cela prit un petit moment pour que la fumée se disperse. Puis enfin alors que Matawa se relevait doucement, la situation lui apparut tout en lui tirant un sourire de satisfaction. Le médecin était accroupi tout en soignant la blessure a son dos du mieux qu’il le pouvait, apparemment ça avait fonctionné, pas assez pour étaler les deux, mais celui qui s’était trouvé dans la chambre s’était pris une quadruple explosion à bout portant et ne semblait plus en mesure de se relever pour l’instant.

Examinant les alentours puis sa propre personne, Matawa se rendit compte que l’auberge était déjà en train de se vider, suscitant une foule de gens apeurer dans les rues environnantes. Après toutes les explosions, ce n’était pas pour les faibles. De son côté, la main enduite de chakra de son adversaire semblait lui avoir tranché l’abdomen, pas assez pour dire que la blessure était mortelle, mais assez pour dire qu’un mince filet de sang s’en écoulait. On appelait cette technique le scalpel de chakra. Intéressant.

Matawa se dépêchât, voulant profiter de la situation, il s’arma de ses doubles Kunai et fonça sur sa cible avec la ferme intention de l’empêcher de se guérir plus. La tentative fut une réussite, ils s’échangèrent quelques coups, se coupèrent sur les avant-bras et ainsi de suite jusqu’à se que le médique soit poussé dans ses retranchements, plaqués contre une fenêtre au bout du couloir, Matawa décida de l’envoyer faire un tour a l’extérieur. Un coup de pied bien placé et hop, il pénétra la fenêtre pour partir s’écrouler au sol. Une chute de quelques mètres qui avec sa blessure au dos ne lui feraient pas beaucoup de bien.

Revenant sur ses pas, il s’accroupit pour s’assurer que son ennemi soit toujours inconscient et ne prenant aucune chance, il lui frappa la tête pour s’assurer qu’il reste au sol. Invoquant par la suite sa chaine d’encre pour le retenir.

Une fois ligoté solidement, il traina le corps jusqu’en dessous du lit ou il le cachât pour plus tard, c’était sûr qu’il ne se réveillerait pas de si tôt, mais avec les deux autres toujours en liberté, il valait mieux ne pas prendre de chance.

Tout en faisant de son mieux, il retourna à la fenêtre pour voir ou était rendu l’autre, qu’elle ne fut pas sa surprise quand il ne vit qu’un peu de verre brisé et des taches de sang. Au moins, il avait une piste ce qui n’était pas rien quand on n’a aucune technique de pistage.

Descendant du toit à son tour, Matawa se mit à courir en suivant la piste de gouttelette rouge, invoquant son renard d’encre pour s’assurer une certaine protection.

Le visage figé dans une expression neutre, le Céruléen évalua Izayoi, immobile. Ses yeux éteint, comme dépourvu de vie, n'étaient désormais plus que des fenêtres donnant sur une chambre noir. Il n'y avait plus rien à lire sur lui, ni joie ni colère, ni doute ni peur. L'esprit vidé, plus aucune pensée parasite ne pouvait troubler son jugement. Ce qui ne lui servait pas à tuer était refoulé, pour qu'il ne puisse se focaliser que sur une seule idée : vaincre. Ses émotions, comme tout ce qui faisait son humanité, Natsuki s'en débarrassait pour se battre, devenant une coquille vide de ses scrupules et de son âme, un pantin dont les fils l'animaient d'une unique volonté. Le seul signe trahissant qu'il était encore vivant était le soulèvement discret et régulier de sa poitrine. Pour autant, il n'en perdait pas la raison : Loin de s'enfoncer dans la soif de sang frénétique, il conservait la tête parfaitement froide, et les idées claires. Tout son être s'optimisait pour tirer la quintessence de son expérience du combat et de ses aptitudes qui l'avaient hissé à sa position actuelle. Plongé dans sa transe, plus rien n'était capable de faire hésiter son poing. Plus rien, sinon le maléfice qui le consumait. Tenaka grognait de plus bel, n'attendant que l'ordre de sa maîtresse pour frapper. Mais celui-ci de vint pas. Bien qu'en garde, les mains et les jambes d'Izayoi tremblaient.

« J'ai reçu pour ordre de vous ramener tous les trois vivants. » annonça Natsuki d'une voix qui fit chuter la température de plusieurs degrés. « Donc vous avez deux options. Soit vous vous rendez maintenant, et je vous ramène à Konoha, soit vous essayez de résister, avec les conséquences fâcheuses que cela peut entrainer. »

L'air était saturé de pulsions meurtrières, ne laissant aucun doute sur les intentions du Nara tatoué si son adversaire préférait tenter sa chance.

« Nous n'avons aucune chance contre les Furyou, vous le savez ! » hurla l'Inuzuka, le timbre vibrant entre l'indignation d'être accusée et la terreur. « Vous avez vu de quoi ils sont capable, vous les avez combattu ! Cette marque... C'est notre seul espoir de survie ! Rien ne les arrêtera, et je ne veux pas mourir. Pas comme ça, pas en vain... »

La voix d'Izayoi mourra doucement, presque dans un chuchotement de regret. La peur continuait de faire son chemin dans le cœur de la kunoïchi, poison froid et insidieux, mais aussi profondes qu'étaient les craintes qu'elle avait vis-à-vis de Natsuki, elles n'égaleront jamais celles qu'inspiraient les Furyous. Pas seulement les shinobis, mais le monde entier avait vu le pouvoir de ces '' Dieux '', comme les appelait Onpu : aucun humain n'était en mesure de les arrêter. Comment blâmer alors ceux qui désiraient vivre sous la coupelle de ces entités déïques plutôt que de mourir inutilement contre une force qui les dépassaient en tout point ? Il était clair Qu'Izayoi était la première dégoutée de son geste, mais la peur poussait parfois à faire des choix défiant les principes de chacun. Après tout, elle était le premier moteur de la survie.

Toujours est-il que sa réponse était exprimée : elle avait tout à perdre en se rendant, la marche arrière n'était plus une option. Un sifflement retentit, et Tenaka se jeta à la gorge de son adversaire. Plongeant alors sur le côté, le Céruléen dressa un mur de terre devant son point de réception sans même voir quoi que ce soit. Les bruits discrets des shurikens se fichant dedans lui confirma ce que son expérience du combat lui avait enseigné : lorsque deux combattants chevronnés affrontent un ennemi commun, il y en avait toujours un pour ouvrir les brèches, et l'autre pour s'y enfoncer. Il faisait nuit, et les étoiles étaient les seules témoins du combat, aussi Natsuki bénéficiait-il d'un avantage écrasant de par son éventail de techniques claniques. Cependant, la plupart d'entre elles n'étaient efficaces qu'en terme de support ou de duel : si dans le cas présent il se concentrait sur un adversaire pour l'immobiliser, l'équipier de ce dernier ne manquerait pas d'en profiter pour le blesser. Sans la pleine possession de ses capacités, il lui fallait terminer ce combat au plus vite s'il espérait s'en sortir.

Ce fut au tour d'Izayoi de mener l'offensive. Elle enchaîna les attaques rapides au corps-à-corps, privilégiant la quantité à l'efficacité. Elle ne frappait même pas avec l'espoir d'ouvrir des brèches suffisantes pour y placer de vrais coups, simplement pour cantonner le Céruléen à l'esquive. La tactique n'était pour autant pas dénuée de sens, car elle avait pour objectif de maintenir l'attention du défenseur, pendant que le second membre du duo préparait l'offensive suivante. Elle ne manqua pas d'arriver. Prit en latéral, le Nara tatoué sentit plus qu'il ne vit arriver le tourbillon de crocs lui foncer dessus. Une esquive de justesse par un bond en hauteur lui évita de finir tailladé, mais ce fut un mauvais choix : la Chûnin attendait précisément ce mouvement. Elle porta rapidement une main à ses lèvres, et projeta un nuage incendiaire d'une expiration qui avala entièrement sa victime. Natsuki réagit une fois de plus par instinct en laissant exploser son chakra dans une véritable décharge de vent pour se protéger et repousser ses adversaires, mais trop tard. Lorsqu'il se réceptionna, il comptait plusieurs brûlures sur le corps, et sentait le cheveux grillé.

Pas le temps de s'apitoyer sur ses blessures cela dit, c'est à peine s'il les sentait. Sitôt qu'il eu touché le sol, il chargea avec une vitesse surnaturelle Izayoi, et la frappa de la main droite au ventre à l'aide du tonfa qu'il avait dégainé. Blocage parfait de son adversaire par le membre opposé, il visage la gorge de son poing libre pour un même résultat qui ne le coinça pas pour autant. Profitant de ses nouveaux appuies, il se laissa basculer en arrière pour jeter ses jambes en chandelle, et enfoncer avec force ses talons dans la mâchoire de l'Inuzuka. L'impact violent lui cassa probablement quelques dents, et l'étala sur le dos un mètre plus loin.

Ce fut au tour de Tenaka d'entrer en scène. Avec un Natsuki au sol, il pouvait jouer de son fort gabarit pour l'y maintenir et tenter de lui arracher le visage, ce dont il ne se priva pas. Il ne lui fallu qu'un bond pour plaquer sa victime avant qu'elle ne se relève et faire appuie de tout son poids sur ses pattes avant. Sa gueule claquait à quelques centimètres seulement du Céruléen qui peinait à l'aide de son tonfa à le garder à bonne distance. L'animal avait l'avantage de la puissance physique et de la position, ce n'était qu'une question de temps avant que le Nara tatoué ne s'épuise. Pour autant, et malgré sa situation, il conservait un visage parfaitement stoïquement, sa bouche haletant seulement pour assurer un apporte suffisant en oxygène à ses muscles mit à l'épreuve. Plusieurs de ses blessures moins récentes s'étaient déjà réouvertes sous les bandages, qui ne firent qu'accentuer la pression de la montre contre lui. Un paris risqué s'imposa. Natsuki se laissa sciemment mordre son bras armé, puis lorsque le chien loup tenta de secouer la tête pour le déchiqueter, tira d'un coup sec et accompagna le premier mouvement d'un puissant crochet du gauche. Emporté, Tenaka bascula sur le côté et échangea de position avec sa victime. Il n'eut même pas le temps de voir cette dernière dégainer sa deuxième arme et la lui fourrer dans l'œil. Le senbon qui en jaillit de l'extrémité s'assura d'ailleurs qu'il ne voit plus jamais. Dans un jappement de douleur, le chien-loup relâcha le bras qu'il tenait entre ses crocs.

Le Céruléen n'eut cependant pas le temps de l'achever, et dû rouler à plusieurs reprises sur le côté pour éviter la salve de shuriken enflammés qui le cibla. Chacun d'entre eux n'était plus qu'une flaque de métal à demi fondu en touchant le sol. S'il se laissait toucher par eux, autant dire que le fer durci sur lui nuirait beaucoup à ses mouvements. D'une pirouette, il se redressa sur ses jambes, prêt à poursuivre. La tendance ne s'était toujours pas inversée pour lui, et l'échange ne lui avait pas été profitable. Tenaka avait perdu un œil, et la douleur qui en résultait devrait le tenir tranquille quelques instants, mais lui n'était plus sûr de pouvoir compter sur son bras droit longtemps. Son tonfa avait empêché l'os de se briser, la morsure n'en était pour autant pas moins profonde.

La peur avait cédé sa place à la rage dans le regard d'Izayoi. La notion de survie se perdait, au profit d'un besoin viscéral de décharger tout le torrent d'émotions violentes qui la parcourait. Elle avait soif de vengeance pour ce que Natsuki avait fait à son chien, soif de justice contre ce monde fou qui l'accablait, soif de sang comme unique solution pour reprendre le contrôle d'une situation qui la dépassait. Tout comme Tenaka, elle se transforma en un tourbillon de coup en imprimant un mouvement de rotation rapide à son corps, et rua son adversaire. Le Céruléen l'esquiva de justesse une fois, mais elle ne s'arrêta pour autant. Après un virage serré en tête d'épingle, elle s'enflamma littéralement, ajoutant à son assaut une nuée ardente, et fonça à nouveau.

Le combat ne durait que depuis dix minutes, et déjà, la vue de Natsuki se voilait de sang. Réagissant à la douleur, et à ses pulsions meurtrières exacerbées, son esprit s'embuait progressivement. Le bras de fer permanent qu'il menait contre ses instincts les plus bestiaux touchait inexorablement vers sa fin, une défaite de plus dans un match qu'il ne gagnait jamais. Déjà, sa logique de combat était perturbée, et bientôt, il sera entièrement noyé dans son flot de violence. L'homme cèdera alors sa place au monstre, une créature infernale ne semblant exister que pour semer la mort et la destruction. Il n'était plus question de finesse : le sang du Céruléen brûlait dans ses veines, un besoin de sauvagerie le démangeait. Aucun plaisir éprouvé, seulement une nécessité aussi intense que respirer.

Tenaka avait reprit du poil de la bête, et c'était désormais un duo de tornades qui assaillait Natsuki de tous côtés. Impossible de tout esquiver, leur coordination était parfaite. L'instinct primaire prit alors le dessus sur la stratégie. Izayoi chargea d'un côté, son chien-loup de l'autre, et dans un hurlement, le Céruléen les bloqua. Deux bras monstrueux déchirèrent ses aisselles, et émergèrent dans un bruit sinistre avant de se solidifier. Paumes tendues, les deux nouveaux membre encore sanguinolent encaissèrent les deux attaques sans pour autant en stopper la rotation. Un nouveau flux de douleur irradia le Monstre alors que malgré ses bras renforcés, le duo d'Inuzuka continuaient d'avancer et de rogner ses mains avant de s'atteler à l'os des avant-bras. Mais la vitesse de leur tourbillon avait diminué, et c'était suffisant. Lorsqu'ils en arrivèrent au niveau des coudes, une paire supplémentaire de bras émergèrent encore de sous les précédents, et les saisirent tous deux à la gorge dans une poigne de fer. La Chunin tout comme Tenaka, qui se guidaient uniquement à leur flaire pendant leur attaque infernal, ne purent comprendre ce qui leur arriva lorsque les deux mains puissantes les étranglèrent et les frappèrent avec force l'un contre l'autre avant de les jeter au loin.

Sous le choc, les deux alliés mirent un instant à comprendre ce à quoi ils faisaient désormais face. Le visage du Céruléen avait complètement changé. Là où avant, il n'y avait que le néant, c'était désormais une expression de rage qui y trônait. Ses pupilles avaient disparut pour ne laisser que deux deux orbites blancs injectés de sang, et ses crocs révélés trahissaient sa soif inextinguible de violence. L'esprit de Natsuki était toujours là, quelque part, mais ce n'était plus qu'une flammèches vacillante au milieux de la tourmente. Son ombre reflétée dans les ténèbres était celle d'une bête au regard aveuglé par la haine. Ses pulsions avaient prit le dessus sur sa volonté, et bien que rien ne pouvaient les assouvir, elles allaient essayer tout de même. La raison même de leur existence...

L'espace d'un instant, Izayoi hésita, n'étant plus sûre d'être face à un être humain, mais très vite, son doute se dissipa : elle en devint certaine. L'explication lui manquait, mais la conclusion ne pouvait être niée : l'affrontement ne concernait plus les Hommes sous un motif de justice, mais des bêtes enragées. La reddition, si elle avait été encore une option à un moment, n'était plus à concevoir : la mort des protagonistes était la seule issue possible.

« Tenaka, métamorphose ! » cria Izayoi, bien décidée à affronter à sauvagerie égale son adversaire.

Au milieux de l'immense nuage de fumée qui se dressa en réponse à leur technique combinée, un chien bicéphale atteignant les trois mètres de haut émergea en lieu et place du duo d'Inuzuka. Il ressemblait trait pour trait à Tenaka, mais en bien plus massif, et avec une tête supplémentaire. Ce n'était pourtant pas bien difficile de deviner à qui appartenait chacune des têtes jumelles : l'une des deux avait son œil crevé. Dans un hurlement, le chien géant se jeta sur le Céruléen, et enchaina les morsures liées aux coups de pattes. La force aurait dû jouer à son avantage, mais la furie du Nara levait toute inhibition du cerveau pour accroitre sa puissance musculaire. Aussi il teint tête au duo métamorphosé jusqu'à se retrouver coincé, ses trois bras encore valides retenant la gueule béante d'Izayoi de le broyer. L'autre, celle de Tenaka, en profita pour l'arroser allègrement de son souffle enflammé. La douleur était cuisante, mais elle n'arrêta pas le Céruléen. Malgré le torrent ardent, il repoussa l'Inuzuka, et se jeta à la gorge du visage borgne. Tout comme Héraclès face à Orthos, il aggripa son cou d'une étreinte puissante. Il serra une fois, et tarit sa nuée ardente. Il serra encore, et brisa tout bonnement sa nuque. La symbiose du chakra mixe entre entre Izayoi et Tenaka se rompit aussitôt à la mort de l'animal, séparant les deux corps de leur fusion. La Chûnin fit un bond de recul, le chien resta sous les bras du Nara tatoué. D'un geste, le Céruléen jeta la carcasse avec mépris sur le côté qui se brisa dans un bruit spongieux contre un arbre du bosquet, n'ayant plus aucune considération pour les morts, et tourna son regard voilé vers la survivante.

Le visage d'Izayoi avait changé lui aussi. D'abord figé dans l'horreur lorsqu'elle vit le cadavre de son compagnon se rompre et giser immobile au sol, le monde sembla s'écrouler autour d'elle, et sa vision se limiter à celle de l'animal. Nul homme ne pouvait comprendre la déchirure qui frappa son cœur. Les Inuzuka naissaient, étaient élevés et grandissaient avec leur paire canidé. Plus qu'un frère d'arme ou un compagnon fidèle, ils étaient chacun une part de l'autre. Partageant tout et ne se cachant rien, ils nourrissaient les mêmes espoirs et aspiraient aux mêmes rêves. Et alors qu'ils étaient encore à l'aube de leur destinée, le Céruléen venaient d'étouffer dans l’œuf tous leurs projets.

La haine déforma les traits d'Izayoi, et révéla ses canines saillantes dans son hurlement de rage. Deux larmes de fureur perlèrent sur les tatouages de ses joues tandis qu'elle tremblait de tout son corps pour contenir sa rage. Peine perdue, c'était impossible : elle ne pouvait qu'exploser. Elle se jeta sur Natsuki, un poing enflammé prêt à frapper. Plus rien ne comptait pour elle désormais. Sa vie avait perdu son sens, sa survie ne lui importait plus. Un seul désir l'animait encore d'une force brute et la retenait de trépasser : abattre sa vengeance sur le monstre à l'origine de sa souffrance.

La seule main gauche valide du Nara tatoué se referma sur l'attaque, tandis qu'une des droites se planta dans la gorge de la Chûnin. D'une torsion, il réduisit l'attaque à néant en brisant l'os du bras, puis planta ses pouces sous les clavicules d'Izayoi. C'en était fini pour elle. Elle avait beau se débattre, frapper des pieds jusqu'à en briser deux cotes à son agresseur, il ne la lâcha jamais. Son regard resta rivé sur sa proie, comme s'il s'appropriait l'expression de sa souffrance, mais sans jamais en tirer la moindre satisfaction. L'Inuzuka n'eut pas le temps de suffoquer cela dit, Natsuki tira avec tant de force que le frêle corps de la jeune femme fini par céder. La chair se déchira d'abord près du cou, puis s'étira jusqu'à la hanche opposée, répandent ses fluides dans une gerbe d'éclaboussures. Le hurlement dans la gorge étranglée de la Chûnin mourut sur ses lèvres en même temps que ses derniers os se rompirent sous la pression exercée. Dans un grand cri de frustration, le Céruléen brandit ses deux moitiés de trophée en l'air, puis les rabattit avec force avant de tomber lui-même à genoux.

Le son qui s'échappa de ses lèvres à l'adresse du ciel n'avait rien d'humain, et sans doute sans rendit-il compte, car peu à peu la tension retomba. Ses bras et moignons excédentaires se résorbèrent, mais les blessures, elles, restèrent sur son corps. Trempé de sang et de sueur, il resta plusieurs minutes immobile, la respiration haletante et le cœur battant à tout rompre. Comme à chaque fois qu'il cédait à ses pulsions, il se sentait misérable, anéantit. Le quotidien, privé du goût de la vie par sa malédiction, il le supportait encore, mais lorsqu'il sombrait dans celle-ci, il se dégoûtait de son propre devenir. Mais la vie continuait. Izayoi n'avait pas su l'abattre, le combat se poursuivait pour lui. Ramassant alors la moitié du cadavre qui comportait la tête, il la traina par les cheveux en boitant lui-même hors du bosquet, où il ne tarda pas à croiser Matawa qui courait dans sa direction.

« Vous les avez eu ? » demanda-t-il simplement sans préciser s'il s'agissait de vivant ou de mort.

Natsuki n'avait pas fière allure avec ses nombreuses blessures et vêtements en lambeaux, mais la suite des événements allaient sans dire : ils leur fallait quitter le village au plus vite.

Natsuki était tellement affecté par sa transformation et son combat qu’il ne vit pas l’ennemi arrivé sous la forme de son collègue. Une simple permutation lui avait soufie pour se camoufler derrière l’image du jeune shinobi. Sa voix était semblable, seule sa gestuelle aurait pu le trahir, mais dans la situation, le Narra tatouer n’était probablement pas en mesure de l’identifier. Se qui permis à Matawa d’intervenir à temps, s’était le corps de sa collègue et amie, sans parler de son chien. Lui le médecin de l’équipe avait lamentablement échoué… Ils étaient morts et leurs âmes ne reposerait pas en paix dans un était pareil. Paralysé devant l’échec, il regarda son Kunai et s’apprêtait à le planter dans le cou de son ennemi quand le jeune Hyô bondit de l’obscurité pour le défendre. Un coup de Kunai lui avait sufi pour désarmer l’adversaire qui redevint lui-même au contact des armes. Utilisant de nouveau ses mains de chakra, il offrit un combat merveilleux. Coup après coup, il se défendait vec brio, mais la perte du combat était inévitable, trop affecter psychologiquement pour être au summum de son efficacité, il commit une erreur, puis une autre et voilà qu’il se fit trancher la jugulaire.

S’agenouillant les deux mains sur la gorge, il essaya de se guérir dans un ultime effort, mais Matawa étaient devenues sans pitié. Il se positionna derrière lui et replaça sa lame sous le cou de son adversaire avant d’abréger ses souffrances.

- Repose en paix.

Un cri étouffé retentit suivant le mouvement du métal contre la chair, ramenant le silence sur le petit bosquet. C’en était fini.

Aussitôt, un grand renard d’encre apparut avec dans sa mâchoire la chaine qui retenait le troisième membre du groupe toujours inconscient. Tout s’était déroulé trop vite, trop facilement au gout du blondinet, mais peut-être qu’il en était arrivé à ce point. Peut-être qu’il était temps pour lui d’accéder au prochain niveau de difficulté. Bref, il laissa la bête apporter sa proie alors qu’il aida Natsuki à se remettre debout.

- J’ai pu voir une partie de votre combat, j’imagine que vous aurez besoin de temps pour vous remettre de tout ceci. Laissez-moi vous aider.

Sortant de sa ceinture une fiole d’encre encore sceller, Matawa la fit miroiter à la lueur de la lune. Il l’utilisa pour invoquer deux renards d’encre supplémentaire. L’un deux était destiné à Natsuki, ainsi il pourrait se reposer tout en retournant vers le village. L’autre serait le sien alors que le troisième s’occuperait de rapporter les cadavres.

Ils pouvaient retourner au village avec les deux morts et le traitre encore vivants. Épuiser par l’affrontement l’équipe rentrerait cependant victorieuse, il n’y avait plus qu’à espérer qu’il ne rencontre plus d’autre problème, mais pour le moment il était simplement temps de retourner à la maison. Le village ne supporterait probablement pas qu’on ait pénétré leur petite vie bien rangée pour venir y foutre un bordel pareil, mais le temps n’était plus à la réflexion.

- En route.

Matawa couru dans sa direction, seul, avant de s'immobiliser en l'apercevant avec sa macabre prise comme s'il venait de percuter un mur. Il faisait trop sombre pour lire l'horreur qui emplissait ses yeux, mais elle n'était pas trop difficile à deviner. Ainsi le disciple de Seitô avait l'estomac sensible, horrifié devant seulement quelques intestins trainant sur le sol et des blessures à os apparent. Mais comme pour Izayoi, la peur devint de la colère, et la haine obscurcit son jugement, le poussant brandir un kunaï dans la direction du Nara Tatoué. Indigné devant la monstruosité dont ce dernier pouvait faire preuve ? La distance était courte, et Natsuki n'avait pas le temps de trouver une raison au comportement de son équipier, seulement celui de songer à lui lancer la moitié de cadavre dessus. La situation prit alors un autre tournant.

Un second Matawa, au regard déterminé celui-ci, émergea du néant et se rua sur la copie de lui-même qu'il frappa de sa lame. Aussitôt, le premier explosa dans un ''pouf '' étouffé pour retrouver ses traits d'origines, ceux de Makoto Tokigawa. Une métamorphose, comprit Natsuki. Compte tenu des circonstances, le plan de l'apprenti médecin aurait pu fonctionner : dans son état actuel, il n'aurait pas été en mesure de lui tenir tête longtemps s'il avait été poignardé d'abord. En tout et pour tout, il se contenta donc de reculer de quelques pas, et laisser le combat à son équipier qu'il observa en silence.

Les coups s'enchainèrent, et très vite la balance pencha en direction de Matawa. Une décision rationnelle pour Makoto aurait été de se rendre, mais son esprit embué de rage bloquait toute pensée logique. Il était jeune, et n'avait pas encore pu construire une carapace assez solide pour encaisser l'horreur du monde : c'est ce qui causa sa perte. Poussé par la colère, il ne réalisa pas sa propre défaite. Le froid mordant de l'arme du Renard d'Encre s'abattit sur sa gorge, et projeta une large gerbe de sang scintillant sous les étoiles. La jugulaire était touchée, s'en était finit de lui. Face à la mort, la raison reprit le dessus pour assurer la survie, mais c'était déjà trop tard. Le jeune médecin tenta d'endiguer le flot de vie qui s'échappait entre ses doigts, mais il n'avait probablement pas le niveau pour soigner une telle blessure. Ce n'était qu'une question de secondes avant que son cerveau ne commence à manquer de sang, et que sa vue ne se brouille. Un voile froid l'enveloppera et engourdira ses membres, suite à quoi il tombera inconscient, et ne sentira même pas son dernier soupir mourir au bord de ses lèvres.

Une mort rapide mais cruelle que Matawa n'entendait visiblement pas lui accorder. Par pitié ou par désir de lui ôter lui-même la vie, il lui asséna personnellement le coup de grâce en lui élargissant la large entaille de la gorge. Makoto poussa un râle rauque guère plus audible qu'un murmure, puis s'écroula, baignant dans ce qu'il lui restait encore de sang. Imperturbable, Natsuki observa la scène sans prononcer le moindre mot. Le disciple de Seitô était aussi impitoyable que son maître, mais cela, le Nata tatoué n'y accordait aucune importance. Seul comptait le résultat. Et en l'occurrence, le résultat en question était deux cadavres de déserteurs plus un en vie. Du moins, il supposait que le troisième était en vie en voyant un renard d'encre l'amener au bout d'une chaine : quel intérêt d'attacher un mort ? Compte tenu de leur ordre de mission, la pêche n'avait pas été très bonne, mais c'était le mieux qu'ils avaient été capable de faire. Avec deux bras fonctionnels, Natsuki aurait pu utiliser sa Manipulation des Ombres pour neutraliser Makoto pendant que ce dernier affrontait Matawa, réduisant ainsi le nombre de victime à Izayoi – et son animal. Ce n'est pourtant pas sa soif de meurtre qui l'en a empêché, juste le fait d'avoir une main gauche trop endommagée pour composer des mudras avec celle de droite. Comme quoi la vie des individus tenaient parfois à peu de choses... Celle de Matawa aussi.

« Et qu'est-ce que vous avez vu exactement ? » lâcha-t-il en posant sur son équipier un regard sombre à faire pâlir l'obscurité environnante.

Probablement pas grand chose, puisqu'il l'avait vu arriver à la fin, mais cela ne l'empêcha pas de songer brièvement à le tuer. Enfin, avec plus d'insistance qu'au quotidien.

« Laissez tomber. » corrigea-t-il finalement dans un soupir.

Personne ne méritait de mourir pour l'avoir vu se laisser engloutir par son maléfice. C'était un secret qu'il gardait depuis des années, mais tôt au tard, il savait qu'il se répandrait. Onpu avait été le premier au courant – et le seul s'il l'ont exceptait Iji -, car Natsuki pensait qu'il serait le plus à même de l'aider, ou de l'éliminer quand il deviendra une menace pour son propre Village. Il n'avait ni plaisir ni remord à tuer, car il savait pourquoi il fauchait la vie. S'il l'ôtait à quelqu'un simplement pour cacher ce qui lui faisait le plus honte – à savoir lui-même -, alors il ne ferait que confirmer la bête qu'il s'efforçait de ne pas devenir. Si Matawa était arrivé à son insu avant et qu'il l'avait vu... Le mieux était simplement de ne pas en parler. Il n'en avait de toute façon aucune envie, la fatigue mêlée à ses blessures ayant raison du peu de contact social qu'il pouvait encore éprouver.

Alors que Matawa invoqua de nouveaux renards en tous points identiques aux premiers, Natsuki lui avisa les cadavres de cette nuit sanglante. Les ramener sans attirer l'attention serait compliqué. Surtout avec la nouvelle du carnage dans le village qu'ils bordaient qui ne tardera pas à se répandre. Mieux valait voyager léger... D'un coup, il abattit son talon sur la nuque des restes d'Izayoi. Le son des vertèbres brisées se perdit au milieu des feuilles mortes, suite à quoi il ramassa simplement la tête. Makoto avait encore le mérite d'être entier, aussi il ne profana pas davantage son corps qu'en lui faisant les poches à la recherche du nécessaire pour soulager ses blessures. Une pilule accélérant la coagulation ferait l'affaire. Elle transformerait son sang en véritable purée, bouchant par la même occasion ses artères en cas de mauvais dosage, mais au moins il arrêtera de semer son ADN un peu partout...

Une fois les trois paquets chargés et ficelés sur le dos du renard-chameau, le duo de Konoha se mit en route de nuit en direction de leur Village. La monture de Natsuki était loin d'être aussi confortable qu'un animal de cette noble allure le laisserait entendre, mais il s'en contenta : elle au moins ne s'épuisera pas en chemin. Et dieu sait que lui avait besoin de sommeil.

Le retour se fit par des itinéraires longeant les axes principaux pour ne pas trop attirer les regards sur eux, mêmes si les ninjas étaient légions dans la région. Voyager avec des enchainés, des morts et des têtes emballées dans un sachet, peu importe le pays, c'était toujours perçu de façon particulière par la population. Au final, le silence du trajet ne fut troublé que par une seule question de la part du Nara tatoué le deuxième jour, une qu'il lui arrivait de poser à ceux dont il voulait jauger les principes :

« Qu'est-ce que vous ressentez quand vous tuez, Matawa ? » demanda-t-il d'une voix morne.

Alors qu'il se tenait à moitié écroulé sur sa monture, encore épuisé de la veille, et qu'il ne regardait même pas son interlocuteur, sa question était sortie de but en blanc.

Cette question troubla Matawa, venant d’une personne ayant littéralement déchiqueté un corps en vie, c’était étrange, mais une certaine confiance c’était immiscé entre eux, du moins, il l’espérait après avoir vue se dont il était capable. Se qu’il ressentait n’était jamais pareil, mais la raison qui le poussait à le faire elle restait toujours aussi glorifiante, c’est donc avec cet arrière pensé qu’il tenta d’expliquer au tatoué se qu’il en pensait. Du meurtre, de son métier et de la mort elle-même.

- Je ne ressens jamais la même chose. Je n’ai cependant ressenti du plaisir qu’une seule fois à le faire. La raison est encore si importante à mes yeux, qu’elle ne me gêne même pas. J’étais esclave durant les quelques années passées, justes avant mon retour au village et mon premier assassinat remonte à mes douze ans environ. J’avais un maitre, sadique, froid et manipulateur qui ne cessait de maltraiter ses esclaves, moi y compris. Puis un jour, il s’attaqua à une mère, tuant devant elle son nouveau-né sous prétexte qu’elle n’avait pas eu le droit d’enfanter. Il l viola ensuite, là… Devant tout le monde, chaque esclave servant et ainsi de suite. Je me rappelle encore avoir agrippé une flasque d’encre sur un bureau avant de l’avoir jeté au sol. Il m’a regardé avec dédain et m’a ordonné de ramasser croyant à l’accident, j’en ai profité pour utiliser se don qui est le mien fin d’invoquer la créature la plus dévastatrice que je pue imaginer. J’ai jubilé devant sa mort, mais elle ne m’a jamais apporté le réconfort que je cherchais, j’imagine qu’il ne remplacera jamais ceux qu’il avait tués, mais au moins j’avais la certitude qu’il ne recommencerait pas.

Matawa fit une pause pour regarder le Nara à ses côtés, puis termina sa réponse.

- Dans les autres cas, tuer n’est jamais agréable si la personne ne le mérite pas, je ne tue que pour ma survie et la protection du village, or je me demande se que je dois faire de vous Natsuki.

À cette final, son interlocuteur lui lança un regard froid, mais aussi sombre que la veille alors qu’il lui avait demander se qu’il avait vue. Il remarquerait un Hyô au regard empli de bonne volonté, prêt à tout pour obtenir une réponse qui le satisferait enfin.

- J’ai tout vu, mais là n’est pas le problème. Dans l’enseignement de mon maitre, j’ai juré de protéger le village, loin de moi l’idée de vous faire du chantage ou quoi que se soit, je commence à reconnaitre certaines valeurs chez vous, de plus votre secret deviendra le mien s’il n’est pas dangereux, mais je me demande. Êtes-vous une menace pour notre village Nara Natsuki ?

Matawa ne pouvait accepter qu’une seule réponse à cette question, c’était ainsi. Tel était le serment qu’il avait rendu lors de son dernier passage dans l’équipe Yose. De plus, si la réponse ne lui plaisait pas, c’était le moment parfait pour vaincre le tatouer, épuiser et gravement blesser, il ne se laisserait surement pas faire, mais un petit je ne sais quoi intriguait Matawa dans ce personnage, c’était d’ailleurs se qui lui avait octroyer un temps de réflexion et cette question avant qu’il ne passe à l’acte. Se rangerait-il du côté du village ou serait-il une menace qu’il devrait tenter d’éliminer ? Il n’osait imaginer le pire, mais restait tout de même prêt à faire ce qu’il devait pour le village.

Aussi silencieux qu'à son habitude, Natsuki écouta la réponse de Matawa. Une réponse honnête, mais qui semblait indécise. Au moins il n'appartenait pas à cette catégorie que le Nara tatoué détestait tant. Personnellement, il ne voyait aucun mal à prendre plaisir à tuer : c'était une forme de défense comme une autre pour parvenir à supporter le poids des meurtres perpétués tout au long de sa vie. Le problème était pour lui ceux qui tuaient par plaisir. Ces individus étaient les plus dangereux, car ils ne répondaient en général à aucun principe commun. Semer la mort n'était pas une étape dans un objectif plus grand, mais une fin elle-même, pour la simple satisfaction de voir le sang d'autrui couler. La frontière entre le Bien et le Mal était très ténue, et bougeait constamment en fonction du point de vue, mais d'où qu'il se place, Natsuki n'arrivait pas à voir les susmentionnés autrement que des parasites nécessaire d'éradiquer. Au nom de quelle justice ? La sienne uniquement, probablement.

Comme le disait Matawa, tuer n'est jamais agréable, mais comment ou de quel droit juger celui qui le mérite d'être éliminé ou non ? Le piège est de tomber dans cette logique, de croire que le Village sait mieux que les soldats qui le composent qui peut vivre, et qui doit mourir. Des ordres que Natsuki ne remettait jamais en question, et visiblement, son équipier non plus. Indépendamment des notions de bien et de mal, il appliquait les ordres, tout simplement. Un régale pour les travaux de Stanley Milgram... A l'instar de beaucoup de shinobis, passé son cinquième meurtre, il était devenu un assassin comme les autres, réfléchissant et bougeant de la même manière. Ôter la vie n'était plus un exercice compliqué, il pouvait l'arracher froidement sans même un battement de cœur superflue. Le fait qu'il n'exécutait qu'au nom de ses principes et de ceux de son Village rendait-il le geste plus louable ? En un sens, pas vraiment, mais le monde tournait ainsi, alors chacun l'acceptait.

Dans l'hypothèse où un mince fil aurait commencé à se tisser entre Natsuki et Matawa, celui-ci se rompit net lorsque le Renard d'Encre ouvrit la bouche après son histoire. L'ambiance n'aurait pas été plus lourde si un bloc de glace s'était écrasé sur eux. La réponse fut sèche, et sans appel.

« Vous m'avez vu éventrer une femme, et alors ? Cela fait-il de moi une menace pour notre Village ? Je ne vous ai pas vu faire preuve de moins de sauvagerie en détruisant un établissement remplit d'innocents et égorger un déserteur sans défense. Alors occupez-vous d'abord de votre cul avant de vous mêler des affaires qui ne vous concernent pas. »

Telle une palourde à qui l'on tentait de voler sa perle, Natsuki se referma complètement, ce qui fin au dialogue en cours, et dissuada toute nouvelle tentative.

Matawa prétendait avoir tout vu, mais il ignorait en réalité tout. Que savait-il des enjeux derrières les stigmates de Natsuki ? Il ne l'avait observé, tout au mieux, qu'avec de monstrueux bras supplémentaires et luttant avec rage contre un autre monstre d'un genre différent. Les Gekei, les Jinmenju et les Gogyou étaient capable de prouesses similaires. Le Renard n'avait aucune preuve concrète contre lui, si ce n'était peut-être son instinct de survie qui lui avait hurlé de rester loin de la Créature qu'il avait vu hier soir. Mais s'il croyait rendre une justice impartiale en éliminant le Nara tatoué sur une simple impression – même bonne ! -, un ressenti personnel, alors c'est que son jugement était encore plus tronqué par les principes que lui avait inculqué Seitô. Un parfait soldat, et une arme de guerre formidable en somme. Un peu comme ce que serait resté Natsuki sans sa maladie...

En observant Matawa plus en détails, le Nara tatoué n'y voyait pourtant pas un deuxième Seitô, seulement un gamin avec encore du lait derrière les oreilles, et les yeux emplit de préceptes qu'il s'efforçait de suivre à la lettre pour faire la fierté des siens, et en particulier celle de son mentor. Une absence de recul de la situation et dans la vie en général qui le rendait d'autant plus dangereux.

« Essaie seulement, et je te garantis que tu finiras comme les deux autres. »

Les mots étaient inutiles, le regard posé sur Matawa exprimait à lui seul très clairement cette phrase. Techniquement, le genin avait toutes ses chances en cet instant, mais il n'aurait droit qu'à un seul essai. Natsuki se fichait éperdument de ce que son équipier pouvait penser de lui. A sa demande personnel, il s'était déjà soumis au jugement du Hokage, aussi celui du Renard n'importait pas.

Mais si ce dernier se décidait à agir à son encontre, mieux valait qu'il soit sûr de son coup, et préparé à subir toutes les conséquences qui en découleraient, quelle qu'en soit l'issue...

Matawa se retint de lui dire qu’il l’avait vue avec des bras en plus, succomber à la folie meurtrière si évidente qui semblait toujours le ronger de l’intérieur, pourquoi ? C’était une question de tact, il savait qu’il n’avait rien de tangible contre cet intendant, mais il n’avait aucune connaissance sur ce pouvoir qu’il voyait la veille pour la première fois non plus, ce qui le troublait tout autant. Une sorte de malédiction s’était emparée du céruléen ? Persuadé qu’il y avait un lien entre le regard perdu de son maitre lors du combat dans le bosquet et cette modification corporelle, Matawa hésita à passer à l’acte. Comment un Nara pouvait-il se faire pousser des membres en plus ? C’était complètement incohérent. Un clan pourtant réputer pour leur intelligence hors du commun, de fins stratèges et, etc.

- Ce n’est malheureusement pas dans mon intérêt de finir comme les deux autres, mais faites attentions aux menaces que vous lancer dans le vide. Je suis en super forme et vous transpirer la mort, il est clair que malgré le niveau qui nous sépare, vous n’auriez pas autant de facilité que vous pouvez le prétendre. Je n’ai aucunement l’intention de m’en prendre a vous pour des raisons personnelles, mais j’avoue flippé quand je repense à vous avec se regard émousser par la violence, près à tuer n’importe qui qui aurait traversé votre champ de vision. De plus, ses un Shinobi qui se tien à vos côtés, si vous voulez mentir faite le bien, là les trous dans votre chemise trahisse encore votre… Mutation ? Comment appelez-vous cette transformation qui vous rajoute des bras ?

Un silence de plomb s’installa entre eux. Peut-être que de son côté il savait que Matawa l’avait vu, mais espérait qu’il garderait le tout pour lui. C’était légitime, il semblait avoir honte de se qu’il semblait pouvoir devenir et était tellement affecter par la situation qu’il n’avait pas pris le temps de se changer, tout se sang maculent toujours ses vêtements, toutes cette sueur qui perlait de son front, s’était bien trop pour lui. Il devrait se reposer en arrivant au village.

- Écoutez Natsuki, honnêtement, je vous aurais attaquer, j’aurais profité de se moment de faiblesse pour tuer un maillon faible de notre village et je n’aurait pas eu de regret, aucun. Mais deux choses retiennent ma lame. En premier, le fait que vous semblez avoir votre tête en se moment, se qui signifie que peut importe la chose que vous devenez, vous pouvez apprendre à la contrôler. Je n’ai donc aucune certitude que vous êtes une réelle menace pour le village. Puis finalement Seitô m’a déjà parlé de vous, vous plaçant en haute estime. Du coup, je ne vous laisse pas de chance rien de grotesque, mais je vous promets une chose, je vous garderai a l’œil. Mon but étant simplement de protéger ceci.

Finit-il par dire en pointant droit devant lui. Les portes du village, ils étaient rendus à bon port avec la marchandise. Cependant, les deux renards d’encre stoppèrent leur avancé à une dizaine de mètres de l’entrée. Matawa attendait l’explication de ce Nara tatoué. Qu’avait-il à dire après tout ceci ?

« Petit con insolent... » songea Natsuki.

Si Matawa en avait visiblement un peu plus apprit sur lui depuis leur dernière rencontre devant le Grand Rempart, notamment via Seitô, il semblait encore ignorer que Natsuki ne menaçait jamais. Depuis sa malédiction, ses poings dépassaient parfois sa pensée, mais jamais ses mots. Le Renard d'Encre marquait cependant un point : le Nara tatoué avait l'air bien plus cadavérique que d'habitude. Un coup de couteau, qu'il soit porté par un paysan maladroit ou un shinobi chevronné restait mortel si celui qui le recevait n'était pas en mesure de se défendre correctement. Et puis, sa métamorphose de la veille couplée à ses blessures l'avaient fatigué. S'il se sentait toujours d'une humeur horrible, elle était abyssale, et non plus explosive.

« L'on en reparlera de votre santé mentale, quand vous aurez le sang de l'équivalent d'une moitié de pays sur les mains, et égorgé tout autant de criminels innocents sur ordre du Village. »

Pur mensonge, bien évidement : Natsuki n'avait jamais éprouvé le moindre remord à ses actes du passé. Ils étaient nécessaire pour le bien collectifs, ou jugés comme. Le Céruléen le protégeait de ce genre de considérations et le préservait des regrets, c'était sa raison d'être. Son maléfice lui, beaucoup moins...

Il soupira, lassé, et reposa son menton sur la fourrure d'encre du renard. Sa vue un peu trouble l'empêchait de voir bien loin, mais il lui semblait reconnaître les environs proches : Konoha ne devait plus être qu'à quelques minutes encore d'ici. Tant mieux, qu'ils arrivent vite. Matawa commençait à sérieusement éprouver sa patience déjà bien entamée. C'était normal qu'il s'intéresse à ce qu'il avait vu la veille pour en évaluer la menace, mais Natsuki n'était pas d'humeur à en parler. Cela dit, dans une situation similaire mais avec des rôles inversés, sans doute aurait-il agit pareil – sur le fond en tout cas, car il aurait abattu ses cartes différemment.

Mais les questions de Matawa s'enchainaient. Peut-être que si Natsuki lui répondait, il finira par se taire ?

« J'appelle cela '' l'héritage que m'a légué ma garce de génitrice avant de me laisser crever la gueule ouverte sur un champ de bataille. '' » lâcha-t-il d'une voix tranchante.

La suite ne coupait plus, elle était juste rauque. Rauque, et fatiguée, avec un regard perdu dans le lointain.

« Certains préfèrent l'appeler le sang des Jinmenju. »

La suite était tacite : débrouillez-vous avec un bouquin.

« Et maintenant, si vous vous voulez nous rendre service à tous les deux, vous allez vous taire. J'apprécie grandement votre investissement pour la sécurité du Village, et je ne manquerai pas d'en faire l'éloge à notre cher Hokage pour qu'il puisse encenser votre dossier comme il se doit et le ranger à côté du mien dont il sait déjà tout. Mais je vous ai assez entendu pour aujourd'hui. Alors grand bien vous fasse si vous voulez jouer les chaperons, de mon côté je n'hésiterai pas à faire appel à vous Batman si je vois le crime menacer notre Nation, mais restons en là pour le moment. »

Sur sa lancée là, Matawa finira par s'en prendre à la mauvaise herbe, de peur qu'elle envahisse Konoha s'il la laissait faire. Il est vrai qu'il avait raison de se méfier de Natsuki, mais il n'avait encore les raisons de savoir à quel point.

« Sur ce, si vous pouviez faire avancer vos renards par là-bas. » dit-il en désignant du doigt un passage largement à l'écart de la Grande Porte Principale.« C'est par-là que l'on doit livrer ce qui n'a pas besoin d'être vu par la population civile du Village. La viande froide en fait partie »

Il était temps de rentrer, de rédiger une conclusion de mission – dont la tâche lui incombait en tant que plus gradé de l'équipe... - et de prendre une bonne douche à l'hôpital. Sa carte de fidélité sera d'ailleurs pleine avec ce séjour-ci...

Matawa s’esclaffa. Il aurait voulu plus, mais au moins il avait assez d’information pour combler ses désirs d’informations durant un bon moment, il n’aurait qu’à demander à Seitô s’il connaissait un rapport avec se pouvoir spécial. Pour l’instant, Natsuki n’était rien de plus qu’un rouage de plus dans cet univers et il n’allait pas le prendre en pitié pour si peu, bien qu’il n’éprouve aucune affection pour lui, il restait un homme désagréable. De plus, la mission était officiellement terminée et il ne voulait plus avoir affaire avec lui, pas pour le moment. Il se saisit donc du colis et détruit les deux renards qui ne lui étaient plus d’aucune utilité. Une explosion d’encre s’étouffa sous le poids du Nara tatouer qui trainait maintenant au sol avec un gémissement de douleur. Le Hyô lui trouva la chose assez cocasse, trop faible pour comprendre et surtout se relever, Natsuki semblait avoir pris vingt ans d’un coup.

- Si j’étais toi, j’essaierais de me la fermer quand il le faut, tu n’es pas mieux que mort si tu restes là, les coyotes viendront te grignoter d’ici la tomber de la nuit et oups, tu me traites comme un débutant, alors passe-toi de mon aide et fonce a l’hôpital. Je m’occupe du reste et sache que malgré tout, j’ai bien essayé de t’aimer, mais tu me parais toujours louche.

C’était dur, mais vrai, Matawa n’était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds et puis il n’avait jamais vraiment aimer se mec de toute façon, il puait le gars louche et n’avais aucune raison de continuer à essayer de jouer les gentils. Il le laissa donc là en commençant sa marche.

- Ne t’inquiète pas pour la mission, je m’occuperai de la paperasse, trouve-toi de l’aide et bonne journée ! Oh et si tu veux parler de ton cadeau maudit, je suis tout ouïe !

Sur cette dernière phrase, Matawa partit en direction du poste indiqué. Pas question de l’aider une seconde de plus, après tout il l’avait traiter comme un chien trop longtemps et lui avait trop de fierté pour écouter les ordres d’un homme si affecter par la vie. Ce n’était pas une malédiction au contraire, c’était un moyen de survivre qu’elle lui avait offert, un cadeau empli d’amour et de protection a son égard. Elle n’avais probablement même pas penser qu’il aurait l’apparence d’un monstre non, elle avait protéger son fils comme lui comptait protéger le village.

- Nara Natsuki… J’ai comme l’impression que la prochaine fois où nous nous croiserons, seul l’un de nous en sortira vivant…

Pensant à haute voix, il espérait qu’il l’ait entendu, mais la chose était peu probable, il venait de passer la porte vers un repos bien mérité.