Il faisait froid. Beaucoup trop froid.

Je m'étais encore égaré dans un champ de batailles. On entendait alors les bruits des épées, les flammes se levaient et les morts s'accumulaient. Une triste réalité. Pourtant, j'étais là, je les regardais, je n'agissais pas. Est-ce que c'était cette fille que j'avais rencontré à Yuki no Kuni qui m'avait autant bouleversé ? Était-ce ses menaces, sa manière de jouer avec moi qui avait fait que je n'étais plus le même ? En quelques paroles elle avait simplement réussi à me faire devenir l'homme le plus faible et la personne la plus ridicule au monde. Mes idéaux étaient-ils tous faussés ? N'avais-je alors plus aucun but dans ma si piètre vie ?

Douce ironie pour celui qui se dit grand et fort.

Je partais alors un peu plus loin. Je ne voulais pas déranger les combattants. Il fallait peut-être que je respire plus, que je change mes idées. Si je voulais suivre Aoji', il fallait que je sois fort, que je sois une personne bien plus solide mentalement que physiquement car je savais que là où je me dirigeais n'était pas forcément une terre de paix et de bonté. Mais je voulais peut-être la protéger elle car elle était la dernière chose qu'il me restait de mon passé. Ce n'était pas en étant un lâche, un faible et un homme si ridicule que j'allais pouvoir faire ce que je voulais faire.

Pourtant, des voix continuaient de m'appeler. Elles criaient mon nom. Elles criaient mon ancien titre que j'avais au sein du village. « L'éclair bleu ». Pourquoi ces voix revenaient-elles ? Que me voulaient-elles et pourquoi ? Des fragments du passé ? Des chaînes qui me liaient encore aux ruines du village de la Brume. Ce n'était pas parce que j'avais vouée ma vie à la Brume Sanglante... Non, ces voix ne m'étaient pas destinées. C'était les cris des morts de Kiri, l'appelle funeste. Demandant de l'aide dans la vanité et dans l'espoir de revivre.

Bien sûr que non, tout cela était fini. Et tandis que je continuais de marcher dans une forêt perdu, des bruits de pas m'encerclaient comme le faisait le vent. Ils se rapprochaient. Quelqu'un, quelque chose. Pourquoi moi ? Que me voulaient-ils ? C'était si étrange, je connaissais déjà cette sensation si horrible et monstrueuse. Le palais des enfers ? J'entendais encore des rires. Oui c'était ça. Je m'en souviens très bien. Cela se passait il y a si longtemps... Pourquoi revenir me hanter ? Quel était ton jeu et pourquoi me choisir moi encore une fois comme détenteur des 7 pêchés ?

« Hein, Crazy Slots ? »

Il était là, toujours avec sa tête de clown bien monstrueuse.

« Tu as bien changé, Kaïto. As-tu oublié notre serrement ? La promesse que tu as faite aux 7 flammes ? Veux-tu que je te rappelle tout cela ? »

Il était toujours aussi énervant. Je n'étais plus le même enfant orgueilleux qui se prenait pour un Roi. J'étais peut-être supérieur mais ma piètre mentalité n'était égale à rien et çà, Crazy Slots s'en était très bien servit pour me convaincre d'obtenir son pouvoir. Il était vrai que son pouvoir était l'un des plus effrayant que je n'avais jamais vu. Mais rien ne m'était attaché à lui. Absolument rien.

« Ce n'est plus moi. »

Ainsi je lui tournai le dos. Mais je ne pouvais pas défier le prince. Bien sûr que non. Et tout autour de moi se présentait déjà les 7 princes dirigeants des enfers. Les flammes de Belphégor représente l'orgueil, les flammes de Mamon représente la luxure, les flammes de Rypus représente la paresse, les flammes de Rafro représente l'envie, les flammes de Avaria représente l'avarice, les flammes de Torkort représente la colère et enfin les flammes de Furou représente l'envie. 

« Celles-ci font partit de toi, elles sont ton âme, tes défauts. Elles sont le pouvoir que tu possèdes, elles consument le mal, dévorent les pêchés des autres pour instaurer ta domination. »

Je soupirais lentement.

« Ce ne sont plus mes pêchés, ce ne sont plus mes vices. Je ne suis plus ce Kaïto, ne m'appelle plus ainsi. Je m'appelle Tatsuô et je suis un Nukenin errant. Je veille sur les personnes avec qui je voyage en cherchant un sens à ce que je veux être. »

La marque d'autrefois réapparaissait. Une sorte d'oiseau était gravé sur ma main accompagné de trois triangles. Elle brûlait alors ma peau. C'était lui, il jouait avec moi.

Il rigolait doucement de ce que je pouvais penser. Il s'amusait alors à me faire mal. Il augmentait la puissance de la brûlure et je ne pouvais me retenir de crier de douleur. J'étais alors à genoux devant le seul prince réel. Les sept flammes continuaient ainsi de brûler. Je savais très bien ce qu'il attendait de moi. Il ne voulait que ça, que je le dise. Que je dise que j'avais besoin de lui, que j'avais besoin de son pouvoir et qu'ainsi depuis un trône, je pourrai savourer ma supériorité. Mais je ne pouvais rien y faire. Je ne pouvais combattre ce mi-démon mi-ange. Il m'était bien plus supérieur.

Devais-je alors me plier à sa volonté et redevenir le corps sans âme ne cherchant qu'à se divertir du mal des autres ?

Non je ne devais pas. Je devais résister à cette tentation. C'était ce qu'il voulait. Je n'avais jamais rien promis et je n'avais jamais rien juré. Mais il voulait que je le fasse en ce lieu, entouré des 7 pêchés capitaux. Il voulait que je succombe à la tentation et ainsi nourrir mon âme d'un des pêchés pour qu'il puisse détruire mon harmonie. Je ne pouvais alors résister. J'avançais doucement vers le Prince qui tenait cette flamme, ce pouvoir incontrôlable m'appartenait de tout droit.

Néanmoins, une légère lumière intervenait encore alors dans toute cette pénombre. Une lumière qui réconfortait les âmes en peine et celles perdues. Je me souvenais parfaitement de cela aussi. C'était une gardienne. Ma mère, oui, qui avait réaliser ce dernier jutsu avant de mourir pour me protéger. Une protection divine. L'ange de la volonté se levant contre les sacrilèges. Elle l'a toujours su. Elle savait parfaitement qu'un jour, j'allais accomplir un sacrilège qu'est de prêter serrement à un ange mi démon. Alors cette lumière était là pour me rappeler que dans tout ténèbres, dans toute obscurité, se cachait de l'espoir.

Il suffisait d'y croire.

Mon corps ainsi s'illuminait d'une lumière blanche pure. Je m'approchais encore du clown qui riait doucement. Et enfin devant la tentation ultime d'un pouvoir inconnu, je le détournai en le jetant d'un simple geste de la main. Le prince vu alors sa création s'effondrer au sol. Il comprit qu'il ne pouvait rien changer et que ce que j'étais devenu ne ressemblerait plus jamais en rien avec mon passé.

Mes yeux devenaient bleus et mes cheveux changeaient d'un tout autre, devenant blond-châtain comme la nuit. De nouvelles et longues oreilles, un nouveau nez. Je me souvenais alors de cette légende qui disait que ces oreilles permettaient d'entendre les messages divins. J'étais devenu quelqu'un d'autre. J'avais rajeuni d'au moins 4 ans devenant alors un jeune homme de 17 ans. Et dans le dernier éclat de lumière je brisa toute barrière qui me retenait avec les 7 flammes des pêchés capitaux. Je partais alors plus loin, m'éloignant du clown qui regardait encore son pouvoir s'effondrer au sol. Et dans un dernier élan, je me retourna vers lui en lui souriant.

J'étais devenu un seigneur, un seigneur de guerre.

« J’ai coupé les rênes et sans remords j’ai enlevé la bride avec le mors. »