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 Une vie honorable, un soldat dévoué. [Solo, BG Clanique]

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Samui Kakeshuou
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Message(#) Sujet: Une vie honorable, un soldat dévoué. [Solo, BG Clanique] Une vie honorable, un soldat dévoué. [Solo, BG Clanique] EmptyLun 7 Avr 2014 - 23:09

    An -27 – Début de l’Automne


1 • Jeux d'enfants • 1



~ Tu pars en mission, Kake' ?
~ Non, j'en rentre ! Mais je vais pas tarder à y retourner !

Une figure que vous connaissez, et qui pourtant est bien différente ! S'avançant d'un pas énergique dans le Quartier Général du Clan, l'homme d'une vingtaine d'années filait droit sans poser de questions, se contentant de saluer de tête ceux qui le croisent. Il revenait du nord, où il avait fait la jonction avec un groupe de son Clan. Ils étaient là bas pour tenter d'assurer le contrôle de la zone. Mais les combats étaient devenus acharnés, depuis que les seigneuries alentours avaient appelés de nouveaux Clans sur ce champ de bataille. En l'occurrence, si les Honku et les Jinmeju n'étaient pas des adversaires coriaces, les Kaguya restaient des êtres d'exception. Prodigieux barbares, mais grands combattants. Le Clan des Os et celui des Glaces ne parviendraient jamais à s'entendre : et à eux deux, ils avaient certainement versé plus de sang qu'aucun autre conflit sur cette terre.
Dans sa chance, le jeune guerrier n'en avait pas croisé, et avait pu rejoindre ses Camarades sans encombre. Ayant gravi les monts, il avait pu constater de l'état des troupes. Certains restaient blessés, quelques morts à déplorer. Mais dans l'ensemble, cet affrontement stagnait. Après deux semaines de progression et d'emprise sur le territoire, les Samui avaient été stoppés par une coalition locale qu'il faudrait mater à tout prix. Après avoir observé la carte de la région avec son mentor, et avoir enregistré en lui les informations les plus vitales, Kakeshuou Samui s'était empressé de faire demi-tour et de se diriger vers l'Est, pour rallier le Q.G. Central. Une course de deux jours, pas des moindres ! Et qui était loin d'être dépourvue de danger. Mais une fois encore, il fallait croire que le Soleil souriait aux audacieux et à la jeunesse. Et le gamin à peine adulte avait pu accomplir son rôle pleinement.

Arrivé au camp de base, un arrêt auprès de la famille, et un bout de pain échangé avec son frère avant de s'en retourner vers le Haut commandement. Si la situation n'était pas urgente, elle restait une priorité pour le Clan. Ce qui avait amené le jeune ninja à retrouver ses supérieurs. Une petite montée avant de rejoindre le centre de commandement : un abri naturel, taillé dans la roche où les plus âgés s'étaient établis avec cartes et conseillers pour voir les prochaines manoeuvres. Là affluaient les missions des différents nobles de la région et du Pays de l'Eau. C'était à partir de ce lieu que l'on déversait mort, terreur et puissance sur cette île. Se présentant sous une pluie légère, le jeune garçon prit une posture militaire standard : jambes légèrement écartés, bras dans le dos, mains jointes. Il attendait, sous la pluie battante, qu'on lui porte attention pour intervenir. Avec ces vieux sages, il était capital de respecter l'étiquette et de ne pas faire de vague.
Les Anciens étaient penchés sur les régions de l'Ouest. Une nouvelle demande venait visiblement de leur être faite. Un Clan allié qui requérait leur aide. Il faut dire que l'Ouest était souvent en conflit. Outre les guerres locales entre seigneuries et Clans ninjas, le poids de la mer et du commerce dans les relations insulaires était des plus importants. Sans même parler des nations étrangères qui ne voyaient sur cet îlot perdu qu'une province à se rattacher pour mieux détenir la région. La question ici se posait : intervenir ou non ? Les bellicistes sont majoritaires dans ce genre de Clan; il était déjà évident que nous interviendrons. Le tout était de savoir quand, et avec quels moyens. Le contrôle de la mer devenait une priorité dans un temps où l'hiver était rude et l'alimentation l'arme première du combattant. Sans même parler de la place des autres Clans dans ce conflit. Les immondes Kaguya n'en démordaient pas et aimaient à répandre sang et brutalité. Sans aucune pitié, ils dévastaient les terres sans poser de questions. Les pires cancrelats qui soient ! Heureusement, les Samui se livreraient aux mêmes exactions sur les terres détenues par ce Clan. Et ce n'est pas la même chose ! Ici, il s'agit de justice !

Déjà trempé mais n'ayant pipé mot, on lui porta enfin l'attention qu'il demandait, et les anciens se tournèrent vers lui. Un signe de mot lui fut adressé, l'invitant à prendre couvert et parole. Saluant respectueusement ses aînés, le jeune Kakeshuou fit quelques pas en avant pour se mettre à l'abri avant de reprendre sa posture initiale.

~ Alors, quelles nouvelles du Nord.
~ La situation s'est compliquée. Les Kaguya et leurs alliés ont pris position sur les cimes des montagnes, où les mines sont les plus productives. Mais nous avons contraints le seigneur local, et il rallie ses troupes aux nôtres.
~ Bien. Des pertes ?
~ Soshui et Minamine sont morts. Rendo a perdu sa jambe. Les autres n'ont que des blessures superficielles.
~ Tant mieux, même si je déplore la perte de nos deux Frères. Tu as les cartes ?
~ Oui.

Se permettant d’avancer jusqu’à la table, le petite jeune s’invitait ainsi parmi les anciens, et se penchait sur les cartes. Apportant les informations qu’il devait livrer, il achevait fièrement sa mission en pointant du doigt les localités en difficulté, la position actuelle du Clan et celle des adversaires. A partir de cela se créerait une stratégie pour s’emparer de la victoire. Une belle contribution pour un ninja encore bien jeune.
Ayant terminé ses explications, il fut remercié et s’envola d’un pas hâtif sous la pluie. Peu importe cette rosée ; il était satisfait de son rôle, et espérait trouver un refuge chaud et agréable. Un temps pour se consacrer à lui et à réfléchir à ses propres envies, à ses intérêts ; à son ambition personnelle. Après tout, plus on est jeune, plus on est fougueux. Trouvant enfin un abri sous cette bouche ouverte dans la roche, le garçon rejoignait un groupe de Camarades autour d’un feu. Se réchauffant un temps et profitant d’un peu de viande qui lui était tendu, se rassasier avec ses Frères était un véritable bonheur. C’était finalement – et malgré le temps – une excellente journée.

Mais tout petit plaisir a une fin. Et cela devait aujourd’hui s’incarner chez une gamine, qui tenait absolument à lui parler et à être avec lui. Alors que le jeune Kakeshuou préférait passer du temps avec ceux de son âge. Mais cette morveuse, pas plus haute que trois pommes, et à peine âgée d’une dizaine d’années, ne le lachaît jamais ! Dès ses retours de mission, elle était là à l’attendre ! Dès qu’il prenait une pause, c’était une partie de cache-cache pour éviter de la croiser ou d’être retrouvé. Une véritable folie. Cette fois-ci, l’enfante était de nouveau là. Elle venait de courir sous la pluie pour rejoindre sa position. En la voyant risquer la flotte et la pneumonie, l’homme déjà mûr et agile soupirait. Mais c’est pas vrai, fiche moi un peu la paix ! Certes, les conflits étaient interdits au sein du Clan ; dans ces temps de guerre, la fraternité et l’unité avec ses Frères était primordiale. Mais cette garçonne manquée lui collait aux basques, ma parole ! Ayant trotté sous la pluie, elle était désormais trempée, grelottante, mais bel et bien là, à tirer sur le kimono du jeune guerrier. Les yeux remplis d’espoir, d’attente, elle n’attendait qu’une seule chose : le regard de ce grand garçon. Feignant de voir sa présence, la répétition sur le tissu commença à agacer … . Passant de la discussion active à l’écoute passive, puis grimaçant, ce fut finalement l’évincement par la mise en avant. Prenant la gamine par l’épaule, Kakeshuou mettait la petite Masayuki aux premières loges.

~ Aaaaaah arrête, tiens ! Mets toi devant, réchauffes-toi auprès du feu, et ne dis rien ! Ne dérange pas les adultes !

L’enfante placée au premier rang se tint calme et silencieuse. Quoi … l'espace de trois minutes ? La discussion planait sur les champs de bataille, sur les techniques apprises et créées, sur les compétences et les exploits récents de chacun, avant de retomber dans la morosité des évènements de la guerre. Bref, tout cela planait bien trop haut pour une petite fille qui n'avait pas encore mené son premier combat. Un véritable casse-tête dont elle souhaitait se tirer. Ayant d'abord observé les alentours et les participants au débat, son ennui prit rapidement le dessus ; la poussant tout naturellement à revenir au principal intéressé.
Se tournant vers Kakeshuou, elle lui portait des yeux de Mickey, et espérait attirer chez lui de l'intérêt, voire même – si les anges le veulent – un soupçon de gentillesse ! Malheureusement, elle allait employer les moyens les plus appropriés pour obtenir des faveurs improbables.

~ Kakechouuuu ? Kakechou, s'te plaaaît !

La goutte de trop dans cette journée pluvieuse. Lorsque l'on sort de l'adolescence, que les poils sont là en nombre et que les muscles endoloris signifient clairement votre appartenance à 100 % au Clan et à ses tâches, être ramené à la petite enfance par un surnom ridicule est ce qui plaît le moins ! Et là, ce n'était pas vraiment le moment. Pour un personnage fier et indépendant comme le jeune Lionceau des Neiges, qui ne comptait que sur lui et son frère, ce genre de diminutif n'était pas à éviter : il était à bannir, à enterrer dans un ravin avec des termites et des piranhas pour dévorer le tout ! Et dans ce contexte, alors qu'il était entouré de compagnons de son âge et de son ambition, le rabaisser à cet enfantillage n'était pas l'option à prendre.

~ MASAYUKI ! JE SUIS OCCUPÉ, LAISSE MOI TRANQUILLE ET VA PLUTOT T'ENTRAINER !

Face à la violence des propos et au rejet évident, suivirent les larmes, les sanglots et le départ en courant d'une morveuse du nez, criant un pitoyable « J'te déteste » avant de disparaître sous la pluie. C'est ça, commence par courir ! L'entraînement physique est la base dans notre métier ! Les jeunes sont parfois si téméraires et butés … . La scène était en soit ridicule, et si les compagnons d'arme du jeune Ninja avaient ricané au surnom, ils avaient tiré une tronche de quatre pieds de long devant la réaction exagérée de leur comparse. Un regard suffit à leur faire comprendre que conversation il n'y aurait pas, et voilà ces jeunes gens relancés dans la discussion et les débats qui en découlent. Pendant ce temps, la pluie battante ne cessait pas, et le brouillard ambiant, élément naturel et perpétuel de l'île, s'épaississait, isolant chaque abri pour le rendre indépendant pour les prochaines heures.

C'était donc après un long repos et une belle tranche de de partage, de rires et de palabres que le groupe se dissout, et retournait à des activités plus rentables ou plus intéressantes pour l'instan. De son côté, Kakeshuou Samui était le dernier à quitter les lieux. Son regard plongé dans le vide depuis une dizaine de minutes, il restait muet ; songeur. Revenant doucement à la réalité, son esprit restait focalisé sur l’enfant qu’il avait si sèchement rembarré. Hum … il avait peut-être un peu dérapé. Après tout, ce n’était qu’une gamine, et il ne pouvait pas se permettre de jouer au gros dur avec elle. Raah, pourquoi ne pouvait-elle pas être plus calme ! Déjà une puce sauteuse à son plus jeune âge, que deviendrait-elle par la suite ! Enfin … . Remontant le col de son kimono et jetant un œil vers le ciel comme si cela suffirait pour atténuer l’averse, l’homme se décida finalement à se lancer sous les eaux, et à parcourir le camp à la recherche de la gamine.

Après avoir parcouru le camp en large et en travers, et avoir transformé sa peau en éponge sans fin pour cette bruine, le jeune combattant semblait perdu. Mais où est-elle ?! Elle n’aurait pas commis l’irréparable en quittant le camp ; tout le monde sait ici, dès le plus jeune âge, que risquer de s’aventurer seul et sans soutien est synonyme de mort dans ces temps d’affrontement permanent. Elle devait être bien cachée, et sa petite taille devait aider à la chose. Toujours là quand il ne faut pas, jamais là quand il faut … . J’vous jure … . Ce sont les bruits de pas dans les flaques au sol qui attirèrent le regard interrogateur du Ninja vers la droite. Là, trempée comme jamais, tête basse et visage ruisselant, la gamine avançait sans un mot, trainant les pieds et se livrant volontairement à la pluie, au froid et aux microbes volatiles. Grognant comme un chien errant, Kakeshuou marcha d’un pas inquisiteur vers le marmot, et se saisit d’elle par le bras pour la tirer vers une grotte voisine, que personne n’avait élu domicile. Un feu y était certes, au cas où d’autres arrivent ; mais ils n’étaient plus que tous les deux dans cette cavité. La môme ayant titubé vers l’intérieur en poussant des gémissements plaintifs de bébé, elle s’était finalement recroquevillée en position fœtale, feignant d’ignorer son Frère. Ce dernier n’attendait pas dix ans, et préférait rester près du feu. Au moins, il se réchaufferait.

~ Viens te réchauffer … .

La mioche ne bougeait pas. Elle préférait bouder, mais sans piper mot. Ses bras entourant ses genoux, elle regardait droit devant soi, et choisissait de crever de froid plutôt que d’obéir. Ca y est, la puberté et les vices de l’humanité qui vont avec ? Non, seulement une enfant gâtée qui voulait tout avoir et n’acceptait pas que les choses n’aillent pas dans son sens.

~ VIENS !

Une nouvelle fois, ce ton rauque et agressif. Décidément, Kakeshuou n’était pas doué avec les enfants. Une véritable brute en puissance. S’il parvient à survivre assez longtemps, il sera l’un de ces vieux grincheux que tout le monde critique et maudit dans l’ombre. N’empêche que ca marche, bande de cancrelats ! Déjà tremblante par le froid, il gigotait comme une feuille sous la crainte. Se levant avec difficulté, ce fut comme un effort surhumain pour elle de se rapprocher du feu, pour finalement se placer dans l’orbe de chaleur ; et reprendre exactement la même pause qu’avant.
Le silence qui suivit fut lourd. Kakeshuou ne savait même pas ce qu’il devait faire. Il voulait s’excuser pour lui parler sur ce ton, mais il venait tout juste de renouveler l’exploit. Rien de très brillant, sur le sens de la diplomatie … . Il devrait faire des efforts à l’avenir ; cela devenait une priorité de premier ordre … .
Mais il fallait briser la glace ! Ironique, étant donné l’identité du Clan. Il serait bête de laisser les choses comme tel. Un petit sourire en coin, un regard rapide et encore quelques secondes. Les deux tenaient fermement leur position sans poser de questions … .

~ Tu veux faire un jeu … ?
~ … des échecs …

Malgré la grimace qui se dessinait sur le visage du jeune adulte, il décroisa les bras, posa sa main sur la p’tite tête, et repartit sous la pluie d’un pas rapide, pour aller chercher le nécessaire. Au moins, cela réinstallerait un climat plus serein et paisible entre eux … .

* * *
~ Mat.

Serrant le point, se mordant le doigt, Kakeshuou scrutait le plateau, dans l’espoir de trouver une ultime solution. Inutile, la stratégie du Berger était imparable une fois mise en place. Une partie : 6 minutes. Et c’était déjà la huitième partie. Non pas qu’il avait aussi peu résisté ! Mais il n’y avait rien à faire. Malgré son attitude infantile et son air de gamine, Masayuki était un stratège né, faite pour réfléchir, analyser, parer et vaincre !
Ce n’était pas la première fois que l’enfant jouait à ce jeu avec son aîné. Mais ce dernier n’avait pu caser aucune victoire ! Les plus jeunes sont parfois terrifiants … . S’ils parviennent à s’installer sur le champ de bataille et à développer leurs atouts, ceux d’en face ont de quoi s’inquiéter. Et même s’il rageait, il était satisfait intérieurement de voir un tel talent face à lui. Cette morveuse, malgré sa timidité et son retrait de la scène principale au sein du Clan, finirait par être d’un grand secours pour les siens. Son éducation et son Sang joueraient pour beaucoup dans son avenir. Le tout était de savoir si cette histoire terminerait bien ou mal … .

~ Encore une partie ?
~ Faut bien que je te batte un jour, non … ?

La pluie tombe toujours sur le paysage boisé et montagnard. Mais elle cessera bien à un moment. Pour l’instant, autant profiter de ce repos et de cet espace de réflexion. Aujourd’hui, l’accent serait mis sur les relations entre Frères de Clan. Demain, ce serait sur le champ de bataille.


Dernière édition par Samui Kakeshuou le Mer 7 Mai 2014 - 19:22, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Une vie honorable, un soldat dévoué. [Solo, BG Clanique] Une vie honorable, un soldat dévoué. [Solo, BG Clanique] EmptyLun 7 Avr 2014 - 23:18

    An 0 – Fin de Printemps


2 • Fureur sous la Pluie • 2



Un jour de pluie. Un de ces jours où l’homme sage préfère rester sous la véranda, et où le fainéant savoure sa couverture. Un de ces jours où personne n’irait au travail, pour en profiter et reprendre des forces. Mais il est des métiers où il ne peut en être ainsi. Et parmi tous ceux existant sur cette Terre, celui le Soldat est certainement celui qui fait fi du temps. Inutile d’attendre le soleil et la chaleur de l’été pour mettre fin à une vie, ou pour servir sa patrie. Le sacrifice d’une santé destinée à connaître l’amer goût du métal et du sang n’est rien. Et, malgré cette tempête sourde qui s’abat sur le Pays de l’Eau, les pas frappent puissamment le sol et les flaques d’eau, comme pour tenter de les enfoncer dans la terre. Saccadés, rapides, entraînant avec eux feuilles et brindilles, des mouvements ombrés se faufilent entre chaque goutte, derrière chaque tronc. Des silhouettes humaines se cachent, apparaissent puis disparaissent. Dans l’Ombre, les guerriers avancent et accomplissent leur sale besogne. Dans l’Ombre, le Ninja frappe sans sourciller. Et dans l’Ombre, il remplit son devoir.

Mais il est des fois où l’être humain, celui qui se cache derrière le Ninja, doit trouver du repos afin de mieux accomplir sa tâche. Et il est fréquent que cela soit d’ailleurs un ordre ! Le guerrier, dévoué à sa tâche, a parfois du mal à accepter une mise à l’arrêt pourtant bénéfique. Il se doit pourtant d’obéir, car tel est le crédo qu’il se doit de respecter. S’il renonce à cela, il perd toute identité, tout sens à son existence. Ainsi, en de rares moments, se reposer est donc un trait indispensable de sa survie.
Cela n’empêche pourtant pas l’existence de certaines têtes brûlées. Et sur ses cinquante printemps, le soldat à crinière hirsute et blanche observait, calme bien que ténébreux. Sous la pluie, au milieu de la cour de réception, il scrutait ce portail menant vers l’extérieur du quartier Samui. Tôt ce matin, il avait reçu la consigne de rester et de se reposer. Après de nombreuses missions pendant près de cinq semaines, et plusieurs rappels à l’ordre où on lui avait intimé de rester calme et de prendre un peu de temps pour lui, voilà qu’il était condamné à rester en ces lieux, avec l’interdiction de sortir. Et pourtant, cet homme déjà mûr et fort contemplait ces portes de bois. Il laissait ses pensées le dominer, d’où un visage rude, brutal, marqué par une profonde rage de vivre et de lutter.

Pourquoi était-il là ! Pourquoi ne pouvait-il pas continuer sa tâche ! Il avait des responsabilités, et devait continuer sur son devoir. Il ne pouvait se permettre de rester là à ne rien faire. La pluie commençait déjà à ruisseler sur son corps. Sa coiffure ne ressemblait plus à rien. Sa tunique, kimono ample aux ourlets en fleur et au tissu noir, donnait plus l’allure d’un jean moulant et sombre. Ses membres, pourtant forts et sévères, transformaient peu à peu l’individu en statue de jardin. D’ailleurs, il faisait presque partie du paysage, désormais. Mais rien, ni les intempéries ni une présence ennemie, ne l’aurait délogé de là. Il observait les portes. Il restait … observer ces portes.
Tant de ses camarades étaient déjà partis. Le jour était sombre, on se serait cru en pleine nuit ; et pourtant, les hommes n’avaient cessé de prendre le départ. Tous étaient passés proche de Kakeshuou ; sans adresser un regard, un mot, ils étaient nombreux à être partis en mission. Et lui, contemplant leurs corps de dos, il avait prié intérieurement pour qu’ils puissent tous revenir en vie. Chaque homme, chaque enfant passé par là, pouvait aller vers une mort certaine. Mais il en est certains qui sont prêts à tout. Et c’est le devoir d’un Ninja que se mettre sa vie en péril pour accomplir son devoir. Bouillonnant de rage, le vieux shinobi gardait ses muscles bandés, son attention à son comble. Il était prêt à se jeter droit devant, quitte à plonger dans la gueule du loup, si cela revenait à aider, secourir ses camarades et remplir son devoir.

~ Je ne devrais pas être là … . Je devrais être sur les premières lignes !
~ Mets-toi à l’abri, Kakeshuou. Ne te rends pas malade sous cette pluie diluvienne.

La pluie venait soudainement de cesser. Ou plutôt de changer. Malgré son état déjà trempé et gelé, il était évident que ce corps rafraichi n’était plus béni par la pluie tombante. Le tintement des perles d’eau était plus lourd, plus creux. Sans bouger d’un pouce, les prunelles assombries se levèrent pour observer le ciel. Une ombre étrange, arrondi et soutenu de bambous, donnait une nouvelle forme aux nuages. Un parapluie, venant le protéger des intempéries. Il n’avait pourtant rien demandé. Mais la voix lui était étrangement familière … . Grognant comme un ours au réveil, la tête pivota doucement pour poser ces yeux plein de colère sur la silhouette l’ayant rejoint.

Face à lui, la magnifique femme qui lui apportait le couvert se tenait proche, mais conservait une certaine distance. Le regard timide, elle n’était que très peu confiante. Elle s’était plusieurs fois fait remarquer au sein du Clan pour cette faiblesse. Elle n’était pas femme de pouvoir, voire même de combat. Si son âge mûr la plaçait proche de celui de Kakeshuou Samui, elle n’avait par contre pas son expérience. Elle s’était certes illustrée par moment dans certains affrontements avant la fondation du Village caché de la Brume. Mais aucune vaillance lui offrant quelque renommée. Alors que son parent se dressait en cette heure comme Shodaime Mizukage, elle demeurait une ombre du Clan des Glaces, ne cherchant autre qu’une vie paisible auprès des siens. Tout le contraire d’un vieux rustre comme celui qui s’était bâti le surnom de Lion des Neiges par sa hargne et sa fougue au combat. Et pourtant, les deux se connaissaient parfaitement ! Ils avaient déjà parcouru les mêmes lieux, partagé les mêmes intérêts, échangé le fer et le sang au cours de combats sanglants. La preuve que, malgré des personnalités divergentes, l’entente reste possible entre personnes d’exception.
Fin des fanfaronnades. Ayant compris qui venait le priver de sa méditation guerrière, l’homme se retourna lentement pour faire face à son interlocutrice. Les regards se croisèrent : celui du mâle viril ne semblait avoir aucun mal à dominer celui de la frêle femme. Mais il n’en était rien. C’était une relation classique entre ces deux énergumènes.

~ Je n’ai pas besoin de ton aide, Masayuki … .
~ Et le Clan a besoin d’hommes forts et valides dans ces temps difficiles. Viens te mettre à l’abri.

Un nouveau silence. Les deux individus s’affrontaient dans un combat de regard, dont personne ne sortirait vainqueur. C’était en cela que le vieux grincheux aimait cette femme : malgré son apparente faiblesse de muscles et de caractère, elle restait profondément forte et déterminée. Bien plus qu’on ne pouvait le supposer. Elle aimait rester discrète, ne demandant rien à personne. Mais pour avoir déjà discuté, argumenté et échangé avec elle, Kakeshuou savait qu’elle n’était pas n’importe qui. La preuve en direct : malgré le caractère belliqueux et sauvage du cinquantenaire, cette femme qui abordait la quarantaine ne baissait pas pour autant les yeux, ni ne se dérobait. Grimaçant, l’homme alla même jusqu’à montrer les dents et grogner. Toisant la « gamine » du regard, il espérait la voir fléchir. Mais il n’en était rien … . Finalement, ses traits se relâchèrent brusquement et – ô miracle !! – un sourire à bouche ouverte fit son apparition sous cette pluie martelant la terre. Et pendant qu’il riait aux éclats, il abandonnait le couvert du parapluie pour rejoindre la véranda ouverte plus loin. Il savait pertinemment qu’il ne gagnerait pas à ce jeu-là. Il avait déjà essayé, mais rien ne semblait l’impressionner. Autant abandonner là.

La femme lui emboita le pas, et referma sèchement deux fois le parapluie traditionnel afin de le sécher. Puis elle déposa l’objet contre une poutre soutenant la bâtisse, et rejoignit son camarade de Clan. Ce dernier s’était adossé au mur, assis, l’air pensif mais toujours aussi sévère. Elle esquissa un sourire. C’était un homme avare en comportements. Il n’en connaissait – et n’en pratiquait – que trois : le sérieux, la colère, la rage ! Rien de plus. D’ailleurs, ce rire étrange l’avait surprise. Ce n’était pas un gloussement vicelard ou mesquin ; c’était un rire franc, honnête. Rien qui ne lui ressemblait, donc. Mais l’ignorait-elle ? il était la seule avec qui il se permettait de changer un peu … . Elle imita son geste, et se mit en seiza, face à lui. Restant silencieuse, elle ne pipa mot, et patienta. Elle était douée pour cela, et savait qu’il finirait par briser le silence. Ce qui fut le cas, mais pas avant de longues minutes.

~ Que me veux-tu … .
~ Toi, qu’est-ce que tu veux … . A quoi cela peut te servir de rester sous la pluie … .
~ Je fais bien ce qui me chante. Et tu es trop jeune pour m’imposer quoi que ce soit … .
~ Tu esquives la question. Qu’est-ce qui te tracasse, Kakeshuou-Nii. Nous nous connaissons depuis longtemps … .

L’homme resta impassible. Mais pas tant que ça. Ses sourcils montraient clairement son mécontentement. Sauf que … quoi de plus naturel chez quelqu’un d’éternellement insatisfait ! Pas étonnant qu’il n’ait jamais trouvé femme à ses petons. Cette seule pensée fait naître un sourire étouffé mais espiègle sur le visage de Masayuki. Elle connaissait bien le personnage. Bien que son aîné d’une bonne dizaine d’années, ces deux-là avaient suffisamment partagés comme deviner leurs pensées mutuelles. Et, en l’occurrence, elle se contentait d’un décompte dans sa tête. Trois … Deux … Un … .
D’un bond, le quinquagénaire à la coiffure éclatée se redressa et fit quelques pas énervés à droite et à gauche, reliant ses mains dans son dos. Son comportement impulsif était connu ; c’était certainement la raison d’un grade aussi bas que Chûnin pour un homme aussi âgé et expérimenté. On ne pouvait nommer un homme aussi emporté et caractériel à la tête d’opérations importantes. L’air rageur, il se mit à agiter ses bras de façon vindicative ; ses arguments l’étaient tout autant.

~ Pourquoi ne suis-je pas sur le champ de bataille ! Sur des missions ! Se reposer … . A quoi ça peut servir ! Je ne suis ni vieux ni usagé ! Je VEUX me battre !
~ Et te fatiguer jusqu’à en mourir ? Que se passera-t-il si nous sommes en danger mais que tu es trop fatiguée pour nous défendre ?!
~ Je ne suis jamais fatigué !!

Il avait davantage craché ces paroles que déclarer dans la douceur et l’honnêteté. On ne peut arrêter un lion lorsqu’il a décidé de se repaître d’une proie. A la différence de la lionne qui chasse pour la survie de sa race, le Lion chasse par plaisir et pour se distraire. D’où ce fameux surnom : Kakeshuou Samui n’accomplissait pas son devoir. Il le poussait à l’extrême, et sans ménagement ; ni pour lui, ni pour les siens. Encore moins lorsque les siens n’étaient pas … les Siens ! Avec la création du village, il avait été contraint de se plier aux mêmes règles que les autres. Remplir des missions avec les membres d’autres Clans, coopérer avec ses anciens ennemis … quelle ineptie !! Il avait rempli une mission il y avait cela trois jours avec un homme dont il avait lui-même arraché l’œil ! La magnifique entente cordiale qui avait existé entre eux avait failli faire échouer la mission ! Encore un point pour lequel il était enragé … .

~ Nous sommes en guerre constante … . Et ce village n’est qu’une vaste fable … .
~ Pourtant, nous parvenons à travailler en commun ; et notre Clan a l’avantage d’être à la tête de cette organisation … .
~ Jusqu’au jour où nos ennemis nous sauterons à la gorge ! Ces … Kaguya ! sont à côté de nous ! Ils errent dans les rues, et disent être nos alliés après plus de cent ans de guerre ! Ils pensent pouvoir me berner ?!?!
~ Tu es le seul à y voir un conflit ! Arrête de soupçonner tout le monde, ou tu seras aliéné du Clan … !
~ Et Mahan laisse faire ça …. !!
~ STOP !

La première fois que Masayuki montait la voix ! Pour une femme aussi effacée et discrète qu’elle, c’était chose surprenante. Même pour Kakeshuou ! Mais cela n’avait en rien déridé l’ancien. Sur sa profonde certitude et sa cinquantaine d’années, il se tournait lentement vers son interlocutrice, et la toisait de sa position. De nouveau ce petit jeu ? Il ne gagnera pas comme ça, et il le sait. Mais c’est un tout autre sérieux qui s’empare de lui. Il est persuadé que le Mal a déjà pénétré le village. Est-ce une réalité ? ou de vieux démons qui le poursuivent ? Il est certainement aujourd’hui parmi les rares de sa Race à avoir survécu aux conflits centenaires et à l’apparition du Sanbi. Il n’est pourtant pas le seul à voir cette histoire de village shinobi comme une farce monumentale. Et dans les premiers mois, ils étaient nombreux à avoir attendus le moindre mouvement de trop pour intervenir et faire éclater les évènements en morceaux.
Mais d’autres avaient fidèlement embrassé cette cause. De jeunes crétins utopistes ou pacifistes, pour le vieux Lion. Mais ils étaient de plus en plus nombreux. Être capables de s’entendre après une véritable histoire corse ? La vengeance est le propre d’un combattant attaché à sa cause. Comment lui demander de travailler main dans la main avec ceux qui furent ses ennemis des décennies durant … . Mystère. Kakeshuou Samui ne le pourrait pas. Mais Masayuki ne partageait – de toute évidence – pas sa position.

~ Mahan-Nii reste mon plus proche parent. Et il fait tout pour protéger les Nôtres, ainsi que ce pays. Nous devons lui faire confiance, Kakeshuou-Nii … .
~ … Mahan est quelqu’un de puissant et de droit … . Bien que jeune … . Mais on ne peut lutter contre certaines choses dans ce monde … . Et je ne suis pas ton frère … . Mais je resterais toujours là pour les Miens … .

Sur ces paroles cinglantes, bien que toute trace de méchanceté en soit absente, l’homme déterminé et têtu comme une mule quitta l’abri pour reprendre sa position sous la pluie battante. Droit comme un « i », les bras croisés, son regard se figeait une nouvelle fois sur cette porte. Et il ne bougea plus. Bientôt, les efforts et le temps qu’il avait mis à profit pour sécher un brin furent réduits à néant.
Devant le spectacle, la jeune femme restait passive, désespérée. Elle était consciente qu’il y avait là un gouffre sur le plan de la détermination, … et de la bêtise. Être aussi borné … est-ce humainement possible ! Le détourner de cette concentration trempée serait le meilleur moyen de réussir : lui demander de l’aide ou lui proposer une activité commune, peu importe ! Quelque chose pour mettre fin à cette situation ridicule ! En faisant sa proposition, Masayuki ne se doutait pas qu’elle se torpillait et brisait ses dernières chances de tirer son Frère à l’abri.

~ Kakeshuou-Nii … tu veux faire une partie d’échecs ?

L’homme, cette fois-ci, prit le temps de la regarder directement, le regard ébahi et l’air hébété. Puis il brisa le rythme scintillant de la pluie pour combler l’espace sonore d’un rire large et ouvert. C’était une blague, de toute évidence !

~ Non ! Non merci, Masayuki ! Je ne t’ai jamais battu, et je ne tiens pas à me prendre une nouvelle branlée ! Je préfère attendre le retour des Nôtres.


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Message(#) Sujet: Re: Une vie honorable, un soldat dévoué. [Solo, BG Clanique] Une vie honorable, un soldat dévoué. [Solo, BG Clanique] EmptyJeu 1 Mai 2014 - 22:37

    An 3 – Début de l’Été


3 • Une ère de changement • 3



La nouvelle vint comme une bombe. En peu de temps, le village s’était agité et craignait le pire. Personne, jusqu’à maintenant, n’avait pu imaginer telle chose arriver. Que le chef du Village soit éliminé était inconcevable pour tous ceux qui l’avaient croisés, ou encore ayant croisé le fer avec lui. Et les blessés depuis l’Île de la Cendre n’avaient cessé d’arriver par masse. Un véritable cataclysme pour tout spectateur se contentait d’observer les choses sans vraiment y prendre part. Les voix s’élevaient, l’inquiétude était dans le ton. Le Village était une création neuve ! Sa seule existence avait reposé sur la lutte contre un ennemi commun – le Monstre Sanbi – et autour d’une figure emblématique : celle du Shodaïme Mizukage. Que ce dernier meurt des mains de Gogyou Makka était en soi la fin de tout ! Et on pouvait même craindre que l’avenir ne s’en trouve scellé à jamais ! Une fois cette figure disparue, les Anciens retrouveraient leur force et leurs discours d’antan. Ils encourageraient la méfiance et la destruction ; frapper avant d’être frappé. Tuer avant de défaillir. Car tel avait été le maître mot pendant tant d’années … .

Au milieu des brancards et du remue-ménage, personne ne faisait de différence entre les corps qui passaient les uns après les autres entre les rues pour rejoindre la section hospitalière la plus proche. Qu’ils soient à peine blessés ou à l’agonie, ceux qui se trouvaient là étaient les conséquences d’un affrontement titanesque, où l’homme le plus important comme le plus dérisoire avait eu son rôle. Dans cette masse, qui aurait remarqué ce vieillard lourdement blessé et couvert de sang au niveau du ventre. Peu de marques de coups, mais de toute évidence mis au tapis. Pour quelles raisons cet ancêtre était-il envoyé au combat ? A son âge, ne finissait-on pas membre du Conseil, à regarder les évènements se dérouler par la fenêtre en attendant l’issue fatale ? Vous ne connaissez rien à cet homme qui a tout donné, y compris son Frère trois ans plus tôt.

Conduit rapidement à l’hôpital, le quinquagénaire connu sous le nom de Samui Kakeshuou resta étendu là pendant près d’un mois. Ne recevant que quelques rares visites d’une personne ou deux, son état était trop instable pour qu’il s’en rendit compte. Mais la vérité allait faire bien plus mal à son réveil. Réveil que chaque personne le connaissant espérait le plus lointain possible. Face à un pareil caractériel, il serait difficile de faire entendre raison. Aussi, lorsque les premiers signes indiquèrent un rétablissement progressif, il fut tenu d’y envoyer la principale responsable du Clan. Ancienne amie du vieux combattant, celle qui l’avait souvent regardé dans l’ombre s’était décidé à prendre son courage à deux mains et à lui rendre régulièrement visite, en attendant le jour où il serait prêt à entendre la vérité. Cette si douloureuse vérité.
* * *

Ouvrant péniblement les yeux, l’homme aux traits d’ancêtre mit un temps à réaliser où il se trouvait. Mais ce plafond qu’il avait déjà vu plusieurs fois dans sa vie de Ninja et la sensation des draps de lin lui fit comprendre où il se trouvait. Ses souvenirs … un coup violent ? En pleine poitrine, alors qu’il venait tout juste d’arriver sur l’Île de la Cendre. Une sensation de nausée. Un évanouissement … . Quoi, il serait tombé au combat de façon aussi misérable ? Lui, alors qu’il s’était dédié à l’Art du Combat et à une mort certaine dans l’accomplissement du devoir ? « Pathétique … ». C’est certainement le premier mot qui vint à son esprit. Bougeant lentement une main jusqu’à son visage, il la passa afin de redécouvrir ses traits et de vérifier si tout était en place. Rien d’alarmant visiblement ; et sa visibilité était bonne, il n’avait donc pas été mutilé par la suite. En revanche, la fin du visage émit un signal d’alarme à son esprit vivifié. De la barbe ? Attends, cela faisait combien de temps qu’il était dans ces lieux ?! Tentant de redresser son corps pour regarder autour de lui, il ne put qu’entrevoir une silhouette avant de retomber sur le dos dans un râle profond. Sa blessure au ventre lui faisait toujours mal.

~ Si tu te surmènes dès ton réveil, tu ne sortiras pas très vite … .

Cette voix … . Elle était familière ! Notre homme l’aurait reconnu entre mille ! Tournant la tête sur la droite, ses prunelles sur posaient sur celle qu’il avait connu pendant tant d’années. Lorsque vous sortez d’un profond coma, des pensées étranges vous viennent à l’esprit en premier lieu. Comme tu as grandi ! Tu n’es plus la gamine qui me courrait tout le temps après ! Tu as mûri, tes traits se sont embellis, et tu es désormais une femme … . Mais qu’est ce que je raconte, nom d’un chien ?! Je la connais depuis longtemps, et elle n’a pas autant changé que cela !
Secouant la tête, Kakeshuou confirmait en même temps qu’il reconnaissait Masayuki, celle qu’il avait côtoyée pendant si longtemps. Alors même à l’hôpital, tu restes à mes côtés ? C’est une obsession, ma parole ! Un sourire niais sur le visage, en réponse à cette remarque. Mais le vétéran des guerres kiriennes n’était plus assez affaibli pour comprendre que des choses lui étaient cachées. Masayuki, toute parente que tu sois avec notre Leader, tu restes aussi facile à lire qu’un livre pour enfant de trois ans ! Soupirant donc, afin de gonfler ses poumons d’un nouvel air pur, l’homme se permit de prendre un verre d’eau qui lui était tendu, pour se dessécher le gosier. L’opération fut douloureuse ! La gorge sèche, la barbe naissante … . Il était là depuis plusieurs jours ! Et sur Mizu no Kuni qui plus est ! Bien des choses avaient du se passer.

~ Masayuki … Raconte moi tout … je sens qu’il s’est passé des choses …
~ Plus tard, Kake’-Nii … commence par te reposer, et on verra pour la suite.
~ Masayuki ! … C’est bon, je suis fatigué mais en forme ! Je t’écoute ! Parle-moi …

Chaque seconde qui séparait cette demande d’une réponse laissait présager du pire. Au-delà d’une minute de lourd silence, on peut s’attendre à ce que l’information soit de taille ! Après tout, on attend rarement dans le suspens pour donner une bonne nouvelle ! Non, là, étant donné le visage qu’affichait Masayuki Samui, il fallait s’attendre à quelque chose de grave. Quelque chose qui avait marqué le village. On aurait perdu la bataille, malgré la présence de nombreuses forces ? C’eut été surprenant ; mais étant donné avec quelle facilité l’homme avait été mis K.O., il était prêt à présager de tout. Et puis, le monde est fait pour connaître victoires et défaites. Être du mauvais bord pour une fois ne serait pas l’aspect le plus dramatique … .

~ Mahan-Sama est mort …

Par contre, cette nouvelle-là, Kakeshuou ne s’y attendait pas ! Écarquillant les yeux, fixant durement celle qui lui parlait, il attendait non avec gentillesse le moment où elle lui dirait qu’il s’agissait d’une blague. Il est des choses sur lesquelles on ne plaisante pas, gamine ! Surtout avec une personne qui vient à peine de se réveiller !
Mais les éléments qui suivent son on ne peut plus clair. L’affrontement a pris fin il y a déjà un mois … . Le Shodaime a été éliminé, et un successeur a déjà été choisi après la victoire. Quant à elle … en tant que plus proche parente de Mahan, elle prenait la succession du Clan Samui. Tant d’éléments qui s’amoncelaient les uns sur les autres. Kakeshuou semblait perdu. Celui qui avait obtenu le surnom de « Lion des Neiges » perdait de son mordant, ne reconnaissant plus le Village qui l’entourait, son propre Clan … ses soutiens. Les piliers fondamentaux sur lesquels il avait forgé son identité semblaient s’être détruit les uns après les autres … . Un véritable drame. Que faire dans cette position … .
* * *

Une heure était passée depuis l’affreuse nouvelle, et Masayuki avait laissé l’homme pour aller chercher une boisson chaude. Kakeshuou, laissé seul dans sa chambre, s’était redressé et avait croisé les bras pour se plonger en pleine réflexion. Il tentait de rassembler les différentes pièces du puzzle, et de savoir quelle serait désormais sa place. Il avait toujours mal aux membres, et son ventre lui causait toujours des maux étranges … . Mais l’endurance était le propre de l’Homme ; il ne souhaitait donc pas se poser plus de questions là-dessus. Le Clan devait certainement être en plein bouleversement. Peu importe, la présence de Masayuki ; il était aussi clair que de l’eau de roche que certaines rivalités allaient naître entre les anciens. Et, en tant que tel, Kakeshuou Samui n’avait pas une place misérable, bien qu’il puisse se présenter comme l’un des plus jeunes Anciens. La question maintenant était de savoir ce qu’il comptait faire.

Regardant à la fenêtre, un premier constat. Le Village, après un mois de malheur, semblait encore tenir debout. Une chance sans doute. L’héritage du Chef du Village décédé ? Il y avait certainement autre chose. Mais quoi qu’il en soit, il ne fallait pas se reposer sur ces lauriers. Le moindre écarte, et les conflits reprendraient de plus bel dans les rues. Il était donc primordial de garantir la sécurité de chacun. Et de voir si les conflits étaient toujours présents dans l’Ombre. En ce qui le concernait, la réponse ne pouvait être qu’affirmative … . Le Lion des Neiges ne pouvait pardonner aux Kaguya de ne pas avoir pris part aux combats lors des récents affrontements. Si querelle il devait y avoir à Kirigakure no Sato, ce serait certainement entre ces deux phratries.

La porte s’ouvrit derechef pour laisser entrer cette frêle figure d’un chef. La scrutant du regard, le vieux briscard commençait déjà à se faire une idée de l’avenir. Elle, comme Chef ? En avait-elle seulement les épaules ? Oubliez, c’était une question rhétorique. Pour lui, qui l’avait croisé à de nombreuses reprises, on ne pouvait guère dire qu’elle avait le talent ou la hargne nécessaire pour guider le Clan. Serait-elle renversée par une tendance ? Trouverait-elle assez de soutien ? Intérieurement, l’homme allait même jusqu’à imaginer l’inconcevable. Malgré tous les liens qu’ils avaient tissés ensemble … il serait certainement meilleur chef de Clan qu’elle. A n’en point douter … .
Tiens ! Ce regard … . Un autre problème ? Allons bon, ce ne serait pas la première fois dans la journée après tout ! Qu’avait-on trouvé, cette fois-ci ? La moitié du Clan décimée, une bombe nucléaire planquée dans le grenier d’une grand-mère rebelle, et sur le point d’exploser ? Vous en avez beaucoup, des comme-ça, sérieusement ? Vous pensez pas qu’il faut mettre la sourdine à partir d’un moment ?

Non. Là, c’était quelque chose de bien plus dur. Une larme au coin de l’œil ? Hola, je n’aime pas ça ! Le visage crispé, le mal de ventre toujours fort, Kakeshuou se tenait prêt à se lever afin de prendre la nouvelle sur tout son corps. Il ne comptait pas attendre pendant cent ans que cette femme se décide à tout lui raconter ! Cette fois-ci, il était temps de vider le sac et de se faire une raison ! Allez, parle ! Ou je te jure que je me mets en colère avec une virulence que tu n’as pas vu depuis bien longtemps ! Mais la main levée de la jeune femme fut suffisante pour mettre en pause la hargne du combattant … . Même s’il était prêt à bondir et réagir d’entrée. Il n’allait pas rester là à rien faire !
Hélas, la nouvelle serait cette fois-ci bien plus difficile à avaler que les précédentes … .

~ Il a été établi que la circulation de ton chakra a été altérée. Tu as perdu presque l’intégralité de ses capacités en Ninjutsu.

La nouvelle fut si soudaine et si violente pour cet homme aimant le sang et la guerre qu’il renversa d’un revers de main sa table devant lui, comme si cette mauvaise plaisanterie se trouvait dessus. Après un vacarme des plus assourdissants, la voix rauque et agressive du quinquagénaire frappait les murs, et faisait trembler la fenêtre de la salle d’hôpital.

~ Et vous croyez que je vais avaler un diagnostic pareil ?! Où est ce toubib, que je lui fasse manger ses tripes ?
~ Inutile d’être menaçant ! Ta condition actuelle ne te permettrait même pas de le prendre par le col ! Et nous sommes dans un hôpital, alors baisse d’un ton !
~ Où est ce toubib ?!? Je vais le transformer en glaçon, on va bien voir si je suis inapte ou handicapé ! Je suis un combattant, pas un merdeux de l’Académie !

Tout ce boucan ne tarda pas à faire intervenir du personnel soignant. La porte s’ouvrit sur une jeune femme en tenue d’infirmière, le regard mêlé entre sévérité et inquiétude. Un tel raffut ne pouvait être toléré dans un centre de soins, où les malades vivaient dans une certaine proximité. Chacun devait veiller au respect du voisin, et s’assurer de rendre le séjour de tous le plus calme possible ; pour la santé commune.
La pauvre n’allait pas faire le poids bien longtemps… .

~ S’il vous plaît ! Faites silence, au moins pour ceux qui veulent être soignés !
~ SILENCE, FEMME !! NE ME DONNE PAS D’ORDRE !

La suite fut très rapide. S’étant levé de son lit pour s’opposer par la force au membre du personnel, Kakeshuou avait revêtu son apparence la plus effroyable, se montrant prêt à laisser des corps sur le carreau si l’on refusait d’entendre sa voix. Mais une fois pied à terre, son corps était d’une traite devenu faible, presque incapable de se tenir sur ses jambes. Le temps de réaliser cet état de faiblesse, il était expédié en l’air par le chef du Clan, et plaqué au sol aussi sec. Si ce genre de remontrance n’était pas un fait exceptionnel, n’avoir opposé aucune résistance et être aussi démuni était une première ! Ventre à terre, avec une belle bosse sur le front, un genou placé sur la colonne vertébrale et un bras tordu dans le dos, voila le Chuunin neutralisé et sans danger pour le reste de l’assistance. SI quelques médecins et autres Ninjas intervenaient sur place et se présentaient à l’entrée de la chambre, ils ne furent d’aucune utilité. Celle qui se plaçait à la tête du Clan Samui avait les choses bien en main.

~ CALMES TOI ! Ou je te garantis que les évènements à venir seront bien plus douloureux pour toi !

Après quelques minutes de silence et d’abnégation, tout le monde retrouvait sa place. Kakeshuou retrouvait son lit et Samui Masayuki prenait une chaise pour s’asseoir non loin de lui. La discussion qui allait suivre serait longue en explication. Pourtant, notre combattant n’en retint que quelques bribes. « Incapacité à utiliser son chakra correctement ». « Nécessité d’une remise à niveau ». « Dégradation au rang de Genin, en attendant une amélioration ». Ces mots raisonnèrent dans sa tête, comme les cris d’un condamné dans un tunnel sans fin. Le déshonneur. Le ridicule. Lui qui souhaitait se hisser à la tête du Clan et mener ce dernier vers une grandeur désormais oublié ! Lui, que le destin avait choisi pour une gloire sans précédent !
Son regard se porta sur ce bracelet, qu’il avait adopté le jour de sa montée en grade. Quelle valeur avait-il, maintenant que son grade lui était arraché ? Son regard repartit au loin, comme s’il cherchait à reconnaître le paysage qu’il voyait par sa fenêtre de chambre. L’air méchant revint se loger sur ses traits faciaux. Tout n’était pas à l’eau. Il suffisait de reconquérir sa place. De s’élever jusqu’au sommet ! Une fois sorti d’hôpital, il saurait de nouveau s’imposer sur les siens et sur ce village qu’il mènerait au bout du monde.
* * *

Après une semaine en soins prolongés, l’homme avait récupéré ses vêtements et signes de prestige. Aussi maigres étaient-ils. La pilule de la rétrogradation avait été dure à gober. Mais après un temps, il fallait bien passer à la suite. Ce n’est pas en restant sur place que l’on parvient à grimper la montagne. Plaçant son arme à ses côtés, l’homme quittait l’hôpital et prenait le chemin du Quartier clanique. Un pas décidé, un peu titubant, malgré tout … . L’homme n’avait pas recouvré toutes ses forces ; mais il se faisait un devoir de se rendre auprès des Siens et de savoir à quoi s’en tenir.

Le Village continuait à évoluer, et sa population n’était pas plus agitée qu’à l’accoutumée. Navrant ? Non, pas forcément. En fait, le quinquagénaire avait du mal à mettre un pas devant l’autre tout en analysant ce monde qui l’entourait. Des coups, il en avait pris. Mais ici, les blessures psychologiques étaient bien plus dures qu’il n’en avait jamais connu auparavant. Et le vétéran de guerre aurait du mal à franchir cette étape. Au-delà de sa puissance, c’était son honneur qui était remis en question. Il devrait donc suivre le même parcours que tous ces mioches …. . En fait, retourner se faire éliminer sur l’Île de la Cendre n’était pas une si mauvaise idée en fin de compte !

Tournant à droite, puis prenant la rue sur l’Est, l’homme à la coiffure ébouriffée se trouvait enfin face aux Portes du Quartier Samui. Un instant hésitant, il finit par pousser les deux portes qui menaient à la Cour Centrale. Continuant sur sa marche, il se passait de répondre aux regards qui le fixaient et qui scrutaient sa progression. Peu importe, tous ces gens qui se croient maintenant supérieurs. En revanche, c’est bel et bien un fait : il y a des divisions au sein du Clan. La nouvelle Chef ne semble pas faire l’unanimité. Dans une Famille aussi vaste que celle des Samui, on a du mal à concilier les avis et les désirs de chacun. Si vous regardez tous dans votre coin, vous finirez par plonger le Clan dans l’oubli et la déchéance. Mais, grâce à cette hospitalisation, Kakeshuou avait déjà bien mûri sa réflexion. S’il devait choisir un camp, il savait qu’il devait prendre celui où il trouverait alliés, intérêts … et surtout son honneur. Et pour cela, il n’avait pas fallu très longtemps pour choisir du côté de qui il se pencherait.
Poussant porte après porte, la dernière porte coulissante ouvrait sur une salle vaste ; mais vide. A l’exception de cette personne, installée sur un coussin au fond. Face à cette belle femme, aucun ami, ni support. Dur d’être faible d’esprit alors que l’on est en fait brillante, et de ne trouver aucun soutien au sein de sa propre famille. Mais il est parfois nécessaire de patienter, pour trouver la perle rare. Restant un court instant au pas de la porte, Kakeshuou entrait finalement d’un pas boiteux, interpelant celle qui venait de remarquer son entrée si discrète.

~ Quel accueil … Tu m’as l’air bien entourée ! …
~ Que veux-tu … avec la grande Chef que je suis, ma faction n’a rien à craindre ! La Samui la plus faible de l’Histoire du Clan …
~ La faiblesse commence par ses propres erreurs de jugements … . Et si tu te perçois ainsi, il est clair que cette responsabilité ne restera pas longtemps la tienne …

Sur ces paroles sages, l’homme avançait pas à pas. Dans un sens, Masayuki avait on ne peut plus raison. Après tout, s’il souhaitait à ce point prendre le pouvoir, il suffisait au Lion des Neiges de se jeter en avant et de briser cette femme. Tout aussi faible qu’il était, il était encore en mesure d’éliminer une pauvre fille incapable de cerner clairement ses ennemis. Il n’y avait plus qu’une courte distance entre les deux protagonistes.

~ Ta faiblesse est trop visible. Ne serait-ce que comme image. Si tu restes coincée dans des recoins lugubres, jamais personne ne te prendra au sérieux. En revanche, si tu disposes de soutien et que tu tentes progressivement de t’imposer sur la scène politique du Clan, tu seras certainement plus reconnue et plus puissante de Mahan-Sama … . Et si tu as besoin de soutien dans un premier temps …

Un genou à terre, une légère inclination de la tête. La nécessité d’un changement.

~ … alors tu me trouveras à tes côtés. Et ce, jusque dans la mort. Masayuki-Sama.

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