Nous voilà mises en routes, Sonoshee et moi-même. Vous ne pouvez pas savoir à quel point s’est perturbant de voyager avec un ennemi, surtout quand notre destination est mon village. Heureusement, ma technique du miroir me permet de voyager sereine. Même si elle s’amusait à me tendre une embuscade, il ne pourrait pas s’attaquer à moi sans blesser leurs alliées. Par contre de mon côté… Je peux très bien annuler mon jutsu après l’arrivée des renforts. Pourtant, ce n’est pas ce que je vais faire. C’est bien trop risqué. Déjà que je suis en danger perpétuel en restant avec elle alors on va éviter d’en rajouter une couche. Surtout que vu sa vitesse, elle aura largement le temps de me tuer avant de se faire attaquer.

Ce n’est qu’après quelques heures de marches traversant le pays du feu que nous arrivons aux environs de Konoha. Personnellement, je reconnais la forêt qui entoure le village, ce qui n’est sûrement pas le cas de la sunajin. D’ailleurs, est-elle toujours sunajin ? Là est la question. Tout à l’heure, lors de notre affrontement, elle a déclaré ne plus être de Suna, mais était-ce bien vrai ? Il faudrait que je lui demande à l’occasion, mais pas maintenant en tout cas. À mon avis, aucune de nous deux n’a envie de s’adresser à l’autre à l’heure qu’il est. De toute façon, dès que nous arriverons, je la laisserais aux mains des ANBU pendant que j’irais faire mon rapport.

Nous y voilà, les grandes portes du village caché de la feuille. Directement, nous pouvons apercevoir les membres de l’ANBU qui surveille l’entrée. En même temps, nous sommes en temps de guerre, donc la surveillance n’est pas laissée à des chunin comme habituellement. Une fois arrivé assez près pour qu’ils voient mon bandeau de Konoha, je prends la parole d'une voix affirmée et sûre de moi.

- Yamanaka Natsumi. Je reviens du front avec une… Sunajin.

Instantanément, je sens tous les regards se poser sur Sonoshee puis revenir sur moi. Même à travers leurs masques, il est facile de deviner qu’ils sont tendus à l’idée qu’une sunajin soit ici. Il ne me reste plus qu’à me justifier.

- Il semblerait qu’elle connaisse personnellement l’Hokage comme le démontrent ces lettres.

Sortant le parchemin de ma poche, je le donne à l’ANBU le plus proche qui se presse d’y jeter un coup d’œil.

- Elle souhaiterait parler avec Onpu-sama.

Puis, comme pour m’innocenter, je communique directement dans l’esprit de tous les ANBUS présent sans que Sonoshee ne puisse entendre.

- Elle est très puissante. Mon coéquipier de Kumo a été mis K.O en moins d’une seconde. Du coup, j’ai préféré l’emmener moi-même à Konoha plutôt que d’attendre qu’elle me tue pour ensuite se rendre seule ici.

J’espère juste pouvoir rentrer chez moi et me couler un bon bain pour oublier cette journée. Après je devrais probablement retourner au front.

Pour certains, la vie ne serait que faite de hasard, des successions d'événements fortuits parfaitement imprévisibles qui façonneraient le monde jour après jour. Pour d'autres, tout n'est que destin, tout est écrit quelque part, et rien ni personne ne peut aller son encontre. Peu importe les efforts déployés, l'on échappe pas à sa destinée : si un incident doit arriver, alors il se produira. Une minorité d'individus cependant reste persuadée que l'avenir n'est défini ni par l'aléatoire, ni par la prophétie. Pour eux, le futur se taille à la force des poings et à la sueur du front. Peu importe ce que l'on peut bien leur dire, ils ne croient dur comme fer qu'en eux-même, et ne reculent devant aucune difficulté pour atteindre leur objectif. A ceux qui tentent de mater leur volonté en prétendant que le destin régit tout, eux répondent qu'ils comptent bien le faire au moins fléchir – si ce n'est plus.

Qui de la destinée, du hasard ou de la volonté s'était arrangé pour que Natsuki passe près des remparts à ce moment là, c'était difficile de le déterminer, puisque chacun défendait son bout de gras. Mais au final, ce n'était pas si important pour la situation en elle-même, puisque le Nara s'y trouvait, et c'était tout ce qui comptait. Depuis là où il se tenait, il avait une vue d'ensemble sur ce qui allait et venait par la Grande Porte de Konoha. Et pour le moment, cela se résumait à pas grand chose. Le Village de la Feuille avait pour habitude d'être plus vivant, mais depuis le début de la guerre, la circulation avait grandement diminué – à peu près en opposée exacte avec la courbe d'insécurité à l'extérieur des Remparts – que ce soit en terme de civils, de marchands, ou même de ninjas, lesquels partaient beaucoup plus longtemps pour tenir les différents fronts du conflit. Aussi, lorsqu'il commença à y avoir un peu d'animation et plusieurs hommes masqués qui s'attroupèrent pour cerner l'entrée principale de Konoha, cela passait difficilement inaperçu. Natsuki n'était pas du genre à se mêler de ce qu'il ne le regardait pas – sauf s'il en dépendait de sa mission - , mais en voyant qui étaient impliqués, il se décida à tenter d'intervenir. Outre les visages anonymes des membres de l'ANBU, il y reconnut celle qu'il avait recruté dans son équipe récemment créée, Natsumi Yamanaka, et la Sunajin qu'il avait rencontré il y a de cela quelques mois, Sonoshee Nogori. A y regarder de plus près, son étudiante ne semblait pas particulièrement satisfaite d'être ici, à croire qu'il s'était passé quelque chose. Plus qu'un doute, c'en était une certitude.

« Je vois que vous avez finalement trouvé quelqu'un pour vous accompagner jusqu'à notre Village, Sonoshee. » lâcha-t-il sur un ton naturel à l'adresse de la Sunajin après avoir trouvé son chemin entre les ANBU.

Si Natsuki n'était pas une légende au sein de Konoha, et ne disposait pas de davantage de droits qu'un autre, son visage était néanmoins connu, et son grade reconnu : sa parole avait donc un peu plus de poids que le commun des shinobis. Mais juste un peu.

Virant son regard vers la Yamanaka, il la gratifia d'un sourire amical.

« Merci de t'être occupée de jouer les guides Natsumi. Nous allons prendre le relais maintenant si tu as autre chose à faire. »

Le Nara tatoué tiqua soudainement, comme s'il venait de se souvenir de quelque chose qu'il avait oublié. Et c'était effectivement le cas, aussi il corrigea le tir en ramenant son attention sur Sonoshee.

« Peut-être ne vous souvenez-vous pas de moi ? J'étais masqué la première fois que nous nous sommes rencontrés, à Kawa no Kuni. Je suis '' Natsuki de Konoha ''. » précisa-t-il sans évoquer le résultat de ladite rencontre.

S'il ne tendait pas la main à son interlocutrice, il n'en conservait pas moins une attitude relativement agréable envers elle. Sonoshee n'était pas à proprement parler une alliée du Pays de Feu, mais elle ne s'était pas présentée en ennemi non plus. Aussi, malgré qu'elle ne bénéficiait pas - pour le moment – des égards du premier statut, elle ne méritait pas non plus le traitement qui incombait avec le second.

« Au point où nous en sommes maintenant, si vous êtes effectivement ici pour rencontrer notre Hokage, j'imagine que vous comprenez qu'il n'est plus question de discuter les conditions de votre séjour à Konoha. Néanmoins, si vous acceptez de nous remettre l'équipement que vous transportez – au moins jusqu'à votre entretien- j'engage ma responsabilité pour que vous soyez reçu en tant qu'invitée, et non prisonnière. »

Le mot '' prisonnière '' lui déplaisait, car la phrase sonnait comme une menace, ou comme une éventualité qui se serait concrétisée de toute façon s'il n'était pas intervenu.

« Cela inclut donc l'absence d'un sceau inhibiteur de votre chakra. Et nous savons tous les deux que ce ne sont pas vos kunaïs qu'il y a le plus à craindre chez vous. Je vous propose donc une liberté relative au sein du Village et un endroit où vous reposer en attendant que notre Hokage ne soit disposé à vous recevoir contre seulement votre équipement. Cela, et bien sûr une certaine surveillance de votre personne. Pour le reste, ce sera le Kage qui décidera de maintenir, lever ou modifier ces conditions provisoires. Avec un peu de chance, peut-être pourra-t-il même vous recevoir aujourd'hui. Cela vous convient ? »

La dernière question tenait plus de la rhétorique qu'autre chose. Comme il l'avait expliqué avec d'autres mots, ce n'était pas un acte anodin que de recevoir un shinobi ennemi au sein même du Village sur le pied de guerre. Et il y avait une limite aux risques que chacun acceptait de prendre en laissant entrer la Sunajin dans Konoha - et ce, même si elle avait annoncé avoir renoncé à œuvrer pour le Pays du Vent. Natsuki avait posé la sienne. Si Sonoshee ne s'en contentait pas, alors son séjour sera probablement moins agréable, au bas mot.

Mais mieux valait demander pardon ensuite pour des mesures prises, que de regretter amèrement de ne pas les avoir appliqué.

Nous arrivions enfin à Konoha, je n'étais pas mécontente de voir ce périple, s'il en fut; toucher à sa fin. Cette jeune Konohajin ne se doutait pas un instant du rôle qu'elle avait joué; me permettre de trouver ce lieu dont j'ignorais l'emplacement exacte m'éviter bien des tracas. Bien sûr cela ne se fit pas totalement sans douleur. Mais au moins avait elle pu juger, vaguement, le type de personne que j'étais, celles qui ont une parole et n'ont pour seul objectif que de la respecter du début à la fin. Finalement, je ne lui en voulais de m'avoir tenu tête, cela montrait que le village de la feuille n'était qu'un regroupement de hippies à la structure anarchique. J'éprouvais donc pour le moment, pour chacun des représentants de cette faction, un rare respect que même le Kazekage Rei, l'intriguant comme je le nommais, n'avait jamais connu.

Et voilà les portes qui se dressaient, c'était bien différent de Suna ici et en plus l'air était bien plus respirable, ça ressemblait un peu à Ame dans le fond, la pluie en moins. Ame.. Et dire qu'une petite quinzaine d'années avant je croyais que ce pays s'appelait ainsi parce qu'il était en feu... La belle époque. Je ne décochais pas un mot, que ce soit pour la genin ou pour les autres, les ANBU. Je n'étais ni empreinte de crainte, ni de colère, ni d'envie quelconque à leur égard si ce n'était peut-être une curiosité grandissante, l'un de mes pires défauts. J'allais leur poser une question lorsque intervint une voix que je connaissais, Natsuki de Konoha. Je le regardai et me souvins que je n'avais qu'un masque, fort heureusement ma mémoire audio était bien plus développée que ma mémoire visuelle, enfin; tout était relatif.

"Si, si si, je me souviens de toi, tout au moins de ta voix. Je n'ai pas d'équipement particulier, je ne suis pas vraiment adepte des armes. Néanmoins, j'ai ceci. Tendant quelques senbons qui trainaient au fond de ma sacoche. Je ferai comme vous voulez, je suis ici... chez vous! Souriais-je. En revanche, je ne suis pas contre un peu de repos. Je vous fais confiance."

Je supposai que la suite se passerait de façon un peu plus décontractée. Je n'étais pas là pour faire du bruit, ou du grabuge. Mais ce qui était sûr, c'est que ma présence s'étalerait sur une période assez longue pour qu'on apprenne à me connaître et forcément on comprendrait facilement et mieux encore que la jeune Yamanaka, qui j'étais. Car en effet, j'étais ici comme je le disais tant de fois ces derniers temps à tout ceux qui voulurent m'affronter, pour servir une cause plus juste et moins vénale qu'à Suna en ce moment même sous les ordres de Kyoshi Rei. Après, je concevais parfaitement qu'on puisse me jeter dans les geôles de Konoha mais ce serait tellement dommage après ce... périple..

Un des ANBU prit les quelques aiguilles.. ça y était, je répondais à leurs conditions.

Avant même que les ANBU n’est put dire quoique se soit, un visage bien familier se présentas à nous. Enfin présenter… non. Les ANBU devaient déjà le connaître, idem pour moi mais contre toute attente… La sunajin le connaîtrait aussi. Est-ce vraiment le hasard que cette femme connaisse mon sensei ? J’espère, sinon ça commencerait vraiment à me faire peur. Le pire, c’est que Natsuki lui parle comme si elle n’était pas un ennemi, comme si elle faisait partie de notre village. Limite j’ai l’impression d’avoir mal agit en la considérant comme une adversaire. Le jeune Nara ne tarda pas à me remercier de l’avoir guidé jusqu’ici avant de me libérer de ce fardeau. Ouais m’enfin, je ne l’ai pas amené ici par plaisir. Vu comment qu’elle faisait sa diva à refuser toutes les conditions que je posais, j’aurais largement préféré qu’elle reste au front toute seule.

- Je ne comprends pas vraiment la relation que tu entretiens avec cette femme Natsuki, mais sache une chose : Je ne l’ai pas amené ici de mon plein gré.

Je ne sais pas pourquoi mais je me sentais obligé de casser cette atmosphère trop gentille là. Car oui, avant que j’intervienne, madame à accepter gentiment de laisser ses armes et tout le tralala, comme si de rien n’était. Non mais faut arrêter le délire là.

- Quant à toi Sonoshee. Ne crois pas que j’ai oublié ce qui s’est passé. De nous deux, tu es celle qui est en tord, moi je n’ai fait qu’obéir aux ordres. Je ne te fais pas confiance et je ne te ferais jamais confiance. Sans mon jutsu, je ne serais sûrement pas là à l’heure qu’il est. Il suffit de voir ce que tu as fait à mon coéquipier.

Dentô Akeno… Nul doute que Kumo n’en restera pas là avec cette histoire. D’un seul mudras, j’annule mon jutsu miroir avant de reprendre la parole d’un ton tout aussi neutre.

- Attends-toi à avoir des nouvelles de Kumo sous peu ma chère. Ah et soit dit en passant, ma technique est annulée. Donc si tu as envie de me faire la même chose que ce que tu as fait à Akenon c’est le moment. Enfin, si tu penses pouvoir me tuer avant que les forces spéciales te tuent.

Fini de cracher mon venin, je fais volte-face avant de marcher lentement en direction du village.

- Sur ce, ton cas ne me concerne plus.

Et j’espère qu’il ne me concernera plus jamais, ou alors, quand je serais aussi puissante qu’elle. Ce jour-là, je la ferais se mettre à genoux, qu’elle soit d’accord ou non.