Eh ! Les mecs, je. Je déconnais hein, pas la peine de...

Ferme un peu...

... Ta gueule.

Crochet du droit de ma part. Suivi d'un coup de pied latéral de mon cadet. Symbiose et harmonie. Voilà ce qui guide nos coups. Notre synergie est inégalable. Je le sais. Il le sait. Tous ici le savent. C'était une mauvaise idée de nous contrarier. Et il vient de le comprendre. Je pris alors appui sur le dossier de ma chaise, prenant un peu d'élan, tandis que mon frangin effectuait le même mouvement à coté de moi. Et nous voilà lancés tous les deux, alors que quatre pieds viennent frapper le pauvre type en plein torse, l'envoyant traverser la porte du tripot où nous étions installés. Odeur d'alcool et de tabac. Ivresse notable. Un homme assomé et le visage en sang à l'intérieur. Son compère à moitié inconscient fraichement balancé dans la rue. C'est ce dernier que j'allais ramasser, le soulevant par le colback.

Ecoute moi bien mon gars. Quand on t'a emprunté du fric, on te l'a rendu en temps et en heure. Alors quand tu nous dois de la thune pour une date, tu paies, point barre. J'me suis bien fait comprendre ?

J'achevais alors mon oeuvre d'un coup de poing au visage, avant de lui retirer sa veste pour en fouiller les poches, et finalement en retirer quelques billets. Cours de diplomatie par les frères Shinmei. Je n'avais pas récupéré la somme espéré, mais c'était déjà ça. Je rentrai alors dans le bar, mains dans les poches.

Alors ?

Y'a pas la moitié de ce qu'ils nous devaient là. Enfin bon. Eh, patron ! On décolle avant que t'aies des ennuis ! A la prochaine !

Violents mais pas non plus totalement dénués de bon sens. De toutes façons, tout le monde nous connait là-dedans. Et personne n'irait balancer. Alors on avait juste à changer de coin pour la soirée. Et personne n'irait nous retrouver. De toutes façons, les bagarres étaient monnaie courrante dans le coin. Les gens étaient habitués à nous voir faire des vagues. Mais ce soir là... Il y en avait un qui n'était visiblement pas du coin.

HRP:

Une longue journée que venait de subir l’adolescent. Il s’était tout d’abord entrainé aux rudiments de l’Iroujutsu avec sa grande sœur. Son but était de soigner l’aile fêlée d’un oiseau, un pigeon pour plus de précision. La tâche était en réalité simpliste, mais il n’en était pas de même pour l’apprenti médecin. En effet il avait beaucoup de mal à doser son chakra, la valeur du yin et du yang qu’il devait y donner. En effet, trop de ce premier donnerai une excroissance osseuse qui empêcherait l’animal de voler normalement, tandis qu’un excès du deuxième briserait plus encore le squelette déjà fragilisé du volatile. Au bout que plus d’une heure il était enfin parvenu à un résultat, bien qu’il ne fût pas à la convenance de Rei. Il n’’était en effet parvenu qu’à soigner une petite partie de la fissure, la partie postérieure s’étendant sur le dessus de l’aile. Sa sœur le félicita néanmoins pour l’aboutissement de plusieurs jours d’efforts. Le premier pas avait été franchi, restait maintenant à finir de travers le sentier qui se présentait devant lui.

Il prit ensuite une petite pause et se dirigea aux cours de l’académie, ninjutsu, et autres arts étaient ainsi dispensés. Pour un élève aussi peu assidu qu’était Rei, les remarques des professeurs furent nombreuses aux cours des heures qui passèrent, se finissant par un entrainement sportif, dans lequel, encore une fois, le jeune homme n’excellait point. Mais à cette époque, à l’aube de ses quinze ans, le Samui n’était pas un adolescent réfléchi, comme la plus grande majorité de son espèce. Lorsqu’il revint à sa maison, prenant soin de trainer le pas durant le chemin du retour, il put apprécier les remarques désobligeantes de ses parents vis-à-vis de son comportement minimaliste, s’en suivit une dispute qui eut pour conséquence l’arrivée en ce lieu de médecin.

Il avait assisté là à une bagarre comme une autre, même si pour lui et ses habitudes de vie, cela était une exception à son quotidien, la première exception du genre. Un règlement de compte dans les règles de la rue, règles qu’il ne connaissait pas car il n’avait pas l’habitude de côtoyer dans les quartiers riches et bourgeois dans laquelle était installé son clan. A travers on esprit embourbé dans la colère et l’incompréhension, il avait déambulé jusqu’à ces lieux assistant à l’intégralité de la scène. Il n’avait pas remarqué le regard étrange et agressif que lui portaient les passants. Il regarda l’homme partir la queue entre les jambes, au préalablement gentiment racketté par trois autres hommes. Il les regarda les yeux emplis de surprise et de peur et bafouilla quelques mots tout en reculant d’un pas. Le premier réflexe fut de penser à la fuite, mais il savait qu’il ne pourrait pas se sortir de cette situation ainsi, décidant donc de se rapprocher d’eux, tout en plaçant ses bras le long de son corps afin de feinter la confiance en soi, et ainsi cacher sa peur.

« Je n’ai rien vu, c’est ça ? »

Pauvre, pauvre, pauvre petit. Livré à lui même dans ce monde de brutes. Petit nanti perdu au milieu de cet océan de fange dans lequel nous évoluions. Naufragé en détresse. Pas encore rescapé néanmoins. Car il y avait un obstacle entre le salut et sa petite personne. Un obstacle double, nommé Hayato et Yamato.

Mon frangin et moi observions cet oiseau tombé du nid. Nous étions les charognes, et lui le nouveau-né livré à lui même. Le petit bout de chair que nous allions nous disputer pour savoir qui aurait le privilège de le déchiqueter en premier. Qui aurait les meilleurs morceaux. Toutefois... Premiers arrivés, premiers servis. Telle est la dure loi de ces bas-fond. Et les faits étaient là. Nous étions les premiers sur le coup. Je souriais, d'un air carnassier. Danger. Warning. C'est ce qui aurait du tilter chez ce gamin. Et il aurait du fuir à l'instant où il nous avait vu en train de frapper ce pauvre type. Toutefois il était encore là. Et je m'adressais à lui, tout en sortant un couteau de ma poche.

C'est cruel ce que je m'apprête à faire. Terriblement cruel. Et tu m'en vois désolé.

Je me redressais alors, m'avançant vers lui, la main refermée sur mon arme, tandis que mon autre bras se levait, en direction de sa gorge. La scène suivante était évidente. Ou peut être pas. Et je m'arrêtais alors, éclatant de rire. Devant son expression, ou celle des passants aux alentours. Je riais à gorge déployée, tandis que mon cadet faisait se disperser la foule après un geste de ma part.

Bon allez là, circulez y'a rien à voir !

Aaah. Pauvre petit gars, tu verrais ta tête ! Enfin bon. Je veux bien admettre que tu sois au mauvais endroit au mauvais moment. Sauf que dans le coin, tu vas pas faire long feu. Donc ! Mon frère et moi on peut te couvrir. Mais va falloir que tu nous explique ce que tu fais là.

Etait-il destiné à faire partie de notre petit univers ? A se plonger dans nos combines ? Probablement pas. Mais il y avait toujours une façon, peu importe laquelle, d'utiliser les moyens que la providence nous avait mis sous la main. Et cette fois c'était ce gosse. Ce gosse paumé. Perdu. Seul. Oui, seul. Et c'était probablement pour ça que, dans un coin de ma tête, je l'avais pris en pitié. Mais j'allais pas me changer en nourrice pour autant. Nan, même si on allait pas aller jusqu'à le rouler dans les emmerdes, il allait trimer.

Paralysé par la peur, l’inconnu d’une situation qu’il n’avait encore jamais vécu, lui qui vivait bien paisiblement dans son quartier bourgeois, loin des problèmes des rues malfamé et des règles les régissantes. Alors que les deux hommes s’approchèrent de lui, l’un d’eux sortit un couteau de sa poche. A la vision de celui-ci, Rei eut des sueurs froides. Dans le pire des cas, il lui suffirait de donner son clan et la position de sa famille. Tuer le fils d’un haut conseiller n’était pas une bonne idée si l’on voulait rester en vie, son père, Hideaki, aurait donné tous les moyens pour rattraper et punir ces criminels, sans prendre garde aux pertes collatérales. Kiri ne se nommait pas le Village caché de la Brume Sanglante sans raison, ses criminels restaient des criminels, mais ses civils n’étaient pas des tendres eux.

Il s’excusa pour ce qu’il s’apprêtait à faire, tandis qu’il se rapprochait de Rei sa main se leva pour se saisir de son cou. Mais alors que Rei allait utiliser ce qu’il croyait être sa dernière chance, l’homme éclata de rire, dans le même temps son cadet dispersa la foule qui s’était alors regroupé sous la scène qui se déroulait. Yamato se moqua alors du Samui, le pauvre adolescent sans défense et apeuré, naïf qu’il était. Comme il le disait si bien, il se trouvait là au mauvais endroit au mauvais moment, sans aide dans un tel endroit, il se ferait rapidement prendre à part avant même de retrouver son chemin vers des quartiers plus paisibles, Yamato lui proposa donc de le protéger à condition qu’il lui explique sa raison de sa présence ici.

« Je… Je ne sais pas, je déambulai simplement sans faire attention où je marchais et quand je m’en suis rendu compte j’étais ici… »

Il prit alors une courte pause afin de se calmer, veillant à ralentir son rythme cardiaque, puis il continua.

« Je ne veux pas d’embrouille, comme vous l’avez je suis vraiment là au mauvais moment, je n’ai aucun intérêt à balancer ce que j’ai vu sur tous les toits… »