[Mission C - Satsuki/Hassei Lucy] "Hey les machos ! Les gardes du corps c'est nous, compris ?!"

Spoiler:

Le printemps était déjà un lointain souvenir. Des pages se tournaient, clôturant les bons mais aussi les mauvais souvenirs des mois passés. La guerre, elle, s’éternisait déjà depuis plusieurs pages. Enfin, d’autres s’écrivaient à peine avec des surprises et plein de nouveaux problèmes à se soucier. Malgré un hiver froid, qui rendait plus passionnant les récits de shinobis tout juste revenus de mission, Suna ne souffrait que d’une légère baisse de température. Il s’agissait bien évidement d’une délivrance pour les habitants et commerçants du village. Habitués à vivre sous un soleil de plomb tout le reste de l’année, ils pouvaient enfin souffler le temps d’une saison. Cependant ce n’était pas les seuls à profiter d’un tel avantage climatique. De l’autre côté des remparts, la guerre menaçait chaque jour la population d’Hattan. C’est le cœur serré que les quelques forces sunajins n’étant pas sur le front s’attelaient à rendre service du mieux qu’ils le pouvaient. Il y avait les gens honnêtes et serviables et il y avait les autres : des bandits, habituellement “calmes“, qui se révélaient ces derniers jour comme d’ingénieux pilleurs. C’était malheureux, mais certains n’avaient aucun scrupule à tirer avantage dans le malheur des autres. Il fallait lutter face à cette nouvelle délinquance opportuniste et dangereuse.

Cette journée qui commençait sous le soleil radieux du petit matin, s’annonçait chaude, sans surprise. Lucy, déjà levée, avait profité d’un rare moment de tranquillité qui s’échappait tout doucement depuis l’aurore. Elle tirait parti de ce magnifique paysage qui s’offrait à elle pour faire le point sur ce qu’elle avait déjà accompli. Sirotant un thé aux côtés de son fidèle écureuil, qui s’émerveillait sur quelques friandises, elle se réjouissait des rencontres qu’elle avait fait depuis qu’elle était devenue une ninja. Ce choix avait apporté un peu de piment à sa vie qu’elle trouvait monotone et ennuyeuse. Ravie, elle était impatiente de voir ce que lui réservait cette journée. Bouclant la ceinture de son petit short, elle terminait tout juste de se préparer. Saisissant d’une main un bloc-notes, qui lui était fortement utile lors d’inspiration soudaine, et de l’autre main sa courte veste en soie, la chanteuse s’approchait du palier de la porte pour la franchir. Aujourd’hui elle prendrait la direction du Palais du conseil souverain pour apporter son aide. Elle n’était pas non plus à l’abri d’une rencontre hasardeuse qui aurait alors décidé autrement du déroulement de sa journée.

Sur sa route, elle croisait quelques connaissances mais surtout beaucoup de commerçants sortant leurs étalages et ajustant leurs marchandises. Elle les saluait, et ceux-là lui rendait amicalement cette expression de politesse. D’autres, parents dont les visages n’étaient pas inconnus de la genin, la remerciaient pour ses récentes actions. Elle ne se sentait pas à la hauteur d’un tel mérite mais comprenait les réactions de ces personnes qui avaient été frappés par le pire des malheurs sur la courte période où leurs enfants avaient été enlevés. C’était pour ces sourires d’inconnus qu’elle avait choisi cette voie. Faire le bonheur des autres et leur offrir une certaine sécurité étaient une vocation. Au détour d’une rue, la demoiselle fut accostée par un chunin, ou bien même un jônin. Il était assez âgé et sentait l’odeur d’un bureaucrate. Mais lorsqu’il prit la parole, Lucy oublia toutes ses pensées moqueuses. Au travers de l’expression de son visage et de la voix grave et posée utilisée, elle comprenait le ton officiel et important que prenaient ses dires.

« Bon, écoute moi bien car je vais être rapide et concis pour perdre le moins de temps possible. Tiens. », entama-t-il tout en tendant un ordre de mission à la jeune Hassei.
« Ne m’interromps pas. », enchaina-t-il, laissant à peine le temps à son interlocutrice de lire le contenue du document.

Il l’obligea à le suivre, grimpant sur les toits puis prenant la route en direction de la voie illusionnée à base de sauts. Ne se retournant pas, il continuait son discours.

« Voici la situation : les marchands nomades du désert commercent énormément avec les pays voisins. Depuis quelques temps maintenant leurs caravanes subissent des attaques. Demain le chef du clan des marcheurs de l'Ouest partira avec une petite délégation vers Kusa, afin d'étendre leur route commerciale. Il nous demande une escorte pour l'accompagner jusqu'à la frontière. », dit-il tel un récit qu’il avait appris sur le bout des doigts.
« Pour ce qui est des informations complémentaires : le chef lui-même est un cinquantenaire très aimable, mais il en est différent des membres de sa délégation, quatre hommes qui n'ont aucune confiance en Suna, et qui ont une vision plutôt archaïque de la place de la femme dans le monde... Tu comprendras très vite pourquoi je te dis cela. »

Captivée, Lucy ne s’était pas aperçue qu’ils avaient déjà presque atteints les portes du village. Le gradé ralentit alors sa course, s’apercevant en regardant au loin qu’ils étaient les premiers. Il n’avait cependant pas encore accordé sa subordonnée à prendre la parole. Intimidée, elle n’avait d’ailleurs pas eu la prétention de l’interrompre. Ce dernier reprit alors la parole une dernière fois avant d’abandonner la chanteuse aux limites du village.

« Mon collègue doit être en train d’amener celle qui t’accompagnera dans cette mission. Vous les escorterez donc depuis Suna, jusqu’à la frontière ; là-bas, des chunins en poste prendront le relais. Nous avons pris un peu d’avance sur l’heure de rendez-vous pour vous permettre de vous mettre au point toutes les deux, décider d’un plan de route… enfin, tout le tralala...
Si vous pouviez leur donner une bonne image du village, ce serait magnifique », termina-t-il son monologue.
« Très bien. », répondit-elle en manque d’inspiration.

Quittant le lieu de rendez-vous, le gradé rajoutait une dernière mention de mise en garde, rappelant la position actuelle de la délinquance qui menaçait les alentours. Alors qu’il n’était plus visible, un « Bonne chance ! » soufflé par le vent vint au oreilles de la genin. Elle se tenait là, seule à attendre sa coéquipière. Aucune information à son sujet n’avait été divulguée. Cela rajoutait un léger suspens à cette situation déjà bien assez stressante. Il était peu commode de de faire une telle rencontre de bon matin. Lucy réfléchissait d’ores et déjà à un plan d’action, sur les conseils du bureaucrate. Elle priait également pour accomplir cette mission aux côtés de Satsuki. Il y avait quelques chances pour que cela se produise… Regardant au loin vers le village, pour getter l’arrivée du binôme, la chanteuse s’exerçait à prendre un air autoritaire pour faire bonne impression à la rencontre des marchands. Kwizz, tout excité de retrouver les dunes dont il était originaire, faisait le singe, impatient de quitter enfin ses murs. L’attente s’annonçait être longue vu l’avance qu’avaient prévu les shinobis entre maintenant et l’heure de rencontre avec le groupe à escorter. Une bonne préparation pourrait être faite…

**Satsuki** Informations **Messages** : 113 **Rang** : B

Lucy se tenait à l'entrée du village, sur un toit en hauteur. Elle était déjà arrivée. Derrière elle, une ombre apparut, marchant tranquillement dans son dos. A quelques mètres d'elle, une voix féminine se fit retentir.

Il faut croire que le village est vraiment démuni s'il envoie deux kunoichis soutenir une caravane pleines de machos... Enfin, ce sera l'occasion de prouver qu'une femme vaut autant si ce n'est mieux qu'un homme dans le monde ninja. Ca va toi ?

Satsuki se dévoila enfin en accostant Lucy. Encapuchonnée dans son habituelle tenue de combat, son visage resta imperceptible. Pourtant, de l'amertume se dégageait de ses paroles. Si les objectif principaux étaient d'escorter la caravane des Marcheurs de l'ouest ainsi que de redorer l'image de Suna, la genin s'en accordait un troisième personnel : celui de rehausser la gente féminine. Il était temps que les médisants ouvrent les yeux sur les capacités des femmes ninjas et reconnaissent leur potentiel au combat. Toutes ne sont pas fait pour rester au foyer ou garder les enfants.

Un chunin m'a abordé tout à l'heure et m'a dit de venir. Il m'a fait un topo sur la prochaine mission. Apparemment, la caravane part demain matin à l'aube. Ca nous laisse une bonne demi journée pour nous préparer. Mais avant tout, j'aimerai te demander : si tu le veux bien, je te laisserai parler pour nous deux. J'ai cru t'entendre t'exercer à l'autorité avant que j'arrive, je te laisse cette tâche, je préfère me faire silencieuse. Si je m'emmêle, je vais forcément créer le conflit.

La marionnettiste s'assit finalement et déballa un long rouleau de parchemin qu'elle posa au sol.

RUPTURE !

Dans un nuage de fumée, un amoncellement de nourriture apparut devant elle, de quoi subvenir à tout un groupe. Sur le long ruban de parchemin, le sceau s'était dissipé au profit de multiples bols de soupe, riz, sushis, maki, ramens et même du sake. Et oui, la jeune femme savourait le sake autant que les adultes et s'en buvait régulièrement.

C'est une technique fuinjutsu que m'a montré une jonin lors d'une mission. Il n'est que dix heures mais j'ai déjà faim, sers-toi. Il y a environs deux jours de marche d'ici à la frontière d'Ame no Kuni. J'ai prévu d'autres provisions, je pense qu'ils ne nous offriront rien. Je me disais qu'on pourrait prendre la moitié de l'après-midi pour tout préparer et la fin de journée pour les rencontrer, qu'est ce que tu en penses ?

La mission ne s'annonçait pas de tout repos et il était primordial de prévoir l'ensemble des modalités des trois jours à venir. Le groupe et le prince marchand à protéger se trouvait à l'entrée du village. Une nuit aux abords des remparts de Suna ne pouvait que repousser l'ennemi et dissuader les meilleurs bandits de les attaquer. La suite s'avérerait sûrement plus difficile mais en attendant, place à la détente et au repas.

Je n'y ai jamais vraiment prêté attention mais ton écureuil, il te sert au combat ?

Le son doux et agréable d’une voix, que Lucy connaissait fort bien, résonna dans son dos. Les souhaits de la chanteuse avaient été entendus et exhaussés. Satsuki serait sa coéquipière lors de cette escorte. Au moins, les demoiselles se connaissaient l’une l’autre, permettant ainsi un travail plus fusionnel et professionnel. De la même manière, elles gagneraient du temps pour peaufiner leur plan d’action.

« Très bien, et toi ? … Je suis heureuse que ce soit toi qu’ils aient choisi. », s’exprima-t-elle pour répondre à la première question de Satsuki.

Entre temps, la kunoichi avait exprimé son souhait de ne pas s’adresser au marchand et sa délégation. La jeune Hassei acquiesçait ses dires à l’aide de petits mouvements de tête répétitifs partant du haut vers le bas. Elle était du même avis que Satsuki. Il était temps de mettre les choses au point. Et quoi de mieux que de faire ce petit briefing autour d’un bon et copieux repas. Le temps ne pressait pas, autant faire les choses dans les meilleures conditions. La chanteuse appréciait en souriant la manière de son amie à utiliser son don pour les sceaux. Malgré le côté amusant de la situation, il fallait bien reconnaître que ce genre de technique était des plus essentielles en temps de coups durs. Assises sur le toit d’une demeure aux abords de la voie illusionnée, les deux genins réfléchissaient à un plan d’action, mais interdiction de parler la bouche plaine !

Les oreilles de Kwizz se dressèrent lorsqu’il comprit qu’il faisait partie de la discussion. D’ailleurs ce dernier ne s’était pas fait prier pour se servir sur la nourriture qui venait apparaître. Lucy, terminant sa bouchée, répondit aux interrogations de Satsuki quant au troisième participant de la mission.

« Il sait mordre et griffer pour me protéger. Mais pour être franche, je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de voir comment il pouvait réagir… »

Lucy essayait d’apporter le maximum de précision à son amie. Elle devait déjà être en train d’élaborer quelque chose. D’ailleurs, la chanteuse profitait du sujet choisi pour à son tour gagner quelques informations sur le style de combat de l’acajou des sables.

« Et ta marionnette alors, il y a-t-il d’autres choses qu’elle soit capable de faire qui me sont inconnues ? J’veux dire, est-ce qu’elle est capable de transporter quelqu’un ? Quelle zone de protection peut-elle offrir ? Et jusqu’à quelle distance es-tu capable de la contrôler ? », termina-t-elle son monologue avant de rajouter cinq mots : « Excuse-moi d’être aussi curieuse… »

On dit souvent que la curiosité est un vilain défaut. Dans le cas présent, il ne s’agissait que d’une “déformation professionnelle“ qui poussait Lucy à s’interroger sur les compétences de Satsuki. Tandis que les deux jeunes filles discutaient sur les atouts de chacune, la chanteuse posait sa gourde au sol. Dans la continuité de son mouvement, elle posa sa main droite dans un panier qui gardait de délicieuses petites boulettes. Ce mets était une découverte pour la genin. Cependant, lorsqu’elle tenta de piocher l’une d’elle, elle n’en trouva plus une seule. Machinalement, son regard se tourna vers son animal. Ce dernier regardait sa maître, d’une expression d’écureuil battu, les joues gonflées par de nombreuses boulettes, en réclamant le pardon.

« Réflexion faite, c’est aussi un voleur espiègle, malin et discret ! », disait-elle sur un ton quelque peu agressif, visant à faire culpabiliser son fidèle compagnon.

Sur le visage de Lucy on pouvait lire son air blasé justifiant que Kwizz était irrécupérable. Sans scrupule, ce dernier continuait à mâcher à grandes bouchées les boulettes qu’il avait englouties.
Alors que le repas venait tout juste de commencer, il était nécessaire d’être en accord parfait sur la ligne directrice que les deux genins allaient suivre durant cette escorte. Appréciant les rayons du soleil qui frappait leur peau, elles profitaient de ce brunch improvisé pour dévoiler tous ce dont elles jugeaient utile à la mission.

« Je pense qu’on doit rester naturelles face à ces types, mais en aucun cas montrer la moindre faiblesse… Après tout, nous sommes les shinobis, non ? …
D’ailleurs, tu sais quel itinéraire on va prendre ? »

**Satsuki** Informations **Messages** : 113 **Rang** : B

Tirant un premier sushi sur le plateau devant elle, Satsuki rabattit sa capuche en arrière. Devant l'acquiescement de sa camarade, un large sourire se dessin sur son visage.

"Contente également de faire équipe avec toi. Un duo féminin me paraît parfait pour cette mission, on aura à se soutenir.."

Gobant le sushi à l'avocat et au thon entre ses baguettes, la marionnettiste poursuivit.

"J'espère qu'il mord aussi bien qu'il ne s'empiffre alors !" Lança t-elle en fixant avidement l'écureuil avare.

Visiblement, le sceau de stockage de nourriture était apprécié. Lucy et son petit animal ne se firent pas prier pour y goûter et ils faisaient bien. Ce festin s'avérait comme une véritable bénédiction à en voir le rongeur affamé. En réalité, la kunoichi mangeait plus que de raison. Le réel intérêt de ce repas était de s'unir encore plus pour gonfler le moral de l'équipe. Comme disait son mentor, un ascendant psychologique fort sur l'ennemi contribue toujours à une victoire facile et vise avant tout le moral. Un groupe soudé, confiant et qui entretient des liens ne montrera jamais de faille sur ce point. A cette idée, elle s'évertua tant bien que mal à appliquer ce principe. Même si sa nature l'oppose à la joie, à la fête et aux rires, Satsuki n'en oublia pas sa relation avec la chanteuse, nécessaire pour survivre, vaincre et gagner. Elle désirait former un véritable duo de fer féminin et comptait bien plus sur sa partenaire qu'elle ne laissait l'entrevoir.

Après sa réponse, Lucy retourna la situation et submergea sa coéquipière de questions ce qui ne fut pas pour déplaire à la marionnettiste. Après tout, le temps était propice à la discussion, le calme ambiant aussi. Seule une forte agitation régnait en contre bas dans les ruelles adjacentes mais le brouhaha omniprésent des marchandages et touristes nomades ne faisait qu'égayer le quotidien paisible du village. Satsuki plaça temporairement ses deux baguettes servant de couverts dans la bouche puis plaqua ses deux paumes l'une contre l'autre. Entremêlant ses dix doigts, elle joua habilement avec chacun d'eux. Dans un craquement sinistre, sa crinière de poils hirsutes s'éleva au dessus d'elle avec sa cape. Son apparat de combat laissa place à une longue et belle chevelure brune rayonnante sous le soleil du désert. Vêtue d'une légère robe marron et d'un haut ne couvrant pas le bas de son ventre, la marionnettiste se révéla au naturel. Derrière elle, dans son ombre, un humanoïde immobile se tenait droit, raide et silencieux comme un piquet.

"Oui, je peux faire plus de choses que tu ne l'imagines !" Répondit le pantin debout.

Une voix soudaine s'extirpa de sous la capuche. Relevant la tête, l'épouvantail articulé contemplait Lucy. Le long drap beige formait un manteau couvrant l'ensemble de son corps. Seul le visage assemblé en bois était visible. Deux petits trous noirs attendaient qu'on y place de jolies billes vertes pour ressembler à des yeux émeraudes.

"Je m'appelle Kazetaka et je suis la seule marionnette à pouvoir parler ! Satsuki m'a implanté un système vocal manuel qu'elle peut aisément utiliser avec ses fils de chakra."

Il stoppa son discours puis reprit un instant après un petit clic dans le vide.

"La cape me sert de voile. Je peux planer dans les airs et porter Satsuki sur mon dos si l'envie l'en prend", reprit-elle avec la voix exacte de la marionnettiste.

A ces mots, la marionnette s'assit aux côtés du petit groupe et se tut. Satsuki continua :

"J'ai créer ce système vocal à deux voix pour m'imprégner un peu plus de mon pantin. Il est unique et peut changer de voix à volonté, entre la mienne et celle d'un homme lambda. Je peux le contrôler jusqu'à environs vingt mètres mais je travaille sur l'allonge de cette distance. Mon mentor m'a aussi apprit comment manipuler deux marionnettes en même temps alors je m'y entraine et je conçois pendant mes temps libres ma seconde marionnette personnelle. Pour ce qui est de la protection, Kazetaka ne m'en apporte pas vraiment c'est pourquoi ma prochaine création est axée plus spécialement sur ca."

Elle reprit les deux baguettes entre ses dents et arracha rapidement un maki plein de wazabi du parchemin au sol.

"Et ne t'en fais pas, il n'y a pas de mal à être un peu curieuse..." lâcha t-elle en avalant son met préféré.

Malgré ce qui les attendait, Satsuki semblait ravie de ce début de journée. Encore plus lorsque Lucy approuva l'idée qu'elle serve d'unique interlocuteur pour le groupe. L'Acajou du désert termina son brunch par un bol entier de soupe au miso et un verre de sake puis laissa les deux autres finir tranquillement. Elle tira un kunaï de sa sacoche de ninja et se mit à dessiner quelques croquis dans le sable éparpillé sur le toit. Le désert ne lui était pas inconnu et la plus part de ses recoins lui étaient familiers. Pointant et traçant ca et là les petits amas de sable devant elle, elle expliqua quel chemin elle imaginait suivre pour rejoindre la frontière. En parallèle, elle décrivit la démarche qu'elle entretiendrait durant le périple. En effet, la moindre faiblesse était à proscrire au profit d'un total contrôle de la situation.

"Un peu que nous sommes des ninjas, on va leur montrer ce qu'on vaut. Donc pour résumer, je pense qu'on va marcher un peu plus d'une demi journée jusqu'aux ruines de l'ancien sanctuaire du vent. De là, nous nous dirigerons sûrement vers le Passage des colonnes voûtées sans pour autant l'emprunter. C'est un lieu à embuscade fréquentes, on ne peut pas se permettre de s'y aventurer. Le crépuscule tombe vite en cette saison, il faudra faire attention aux abords de cet endroit. Après l'avoir contourner sur environs quinze kilomètres, nous n'aurons plus qu'à suivre le nord pour atteindre notre objectif sur une journée."

A la fin de son discours, la genin planta avec force son kunaï sur la croix symbolisant leur objectif et se leva. Elle replia le parchemin une fois le festin terminé et le rangea dans une poche de sa robe sous ses multiples sangles. Voilà que l'heure de midi s'achevait. Une heure de l'après-midi pointait déjà son nez. Le soleil torride déjà au zénith illuminait tout le village. La journée s'accélérait petit à petit.

"Tu as prévu quoi maintenant ?"

Spoiler:

Appréciant sa petite salade composée par ses soins, Lucy écoutait sa coéquipière en mangeant doucement. Ces deux-là étaient vraiment sur la même longueur d’onde. D’un brin d’humour, Satsuki mettait au défi le petit écureuil à lui prouver qu’il était bien plus qu’un glouton. Affectionnant tout particulièrement les challenge, Kwizz aurait néanmoins beaucoup de mal à remporter ce dernier. D’ailleurs il arrêta de se nourrir par fierté, afin de prouver sa volonté. En fait, il n’avait tout simplement plus faim. Le ventre bien gonflé, il s’allongea alors sur les genoux de sa maître, avant de piquer un somme. Cette dernière souriait face au comportement animal de sa peluche vivante. Qu’importe s’il savait se défendre honorablement, la chanteuse l’aimait pour ce qu’il était et ne lui en demandait pas plus. Les caresses qu’elle lui prodigua l’aidèrent à s’endormir plus rapidement.

L’échange se poursuivit. Plutôt très encline à répondre aux questions de Lucy, l’Acajou des sables passa à la démonstration. En même temps, il était rare de voir un artiste rebuté à l’idée d’expliquer son talent. Ainsi, la marionnette, répondant au nom de Kazetaka, sortit de l’ombre sous les bruits mécaniques de son ossature. Désormais elle se tenait derrière celle qui la guidait à l’aide de fils de chakra. Mais surprise, ce ne fut pas Satsuki qui prit la parole, mais belle et bien son humanoïde. Sous le contrôle évident de la marionnettiste, Kazetaka expliqua elle-même ses capacités. A la manière d’un ventriloque, on pouvait croire à un état de vie proche du réel. L’idée du détail octroyant à sa marionnette la parole permettait de créer le doute. L’illusion était parfaite. Ses mouvements d’ailleurs, lorsqu’elle vint s’asseoir auprès de la genin, étaient également très fluides. Enfin, Satsuki reprit la parole, clôturant le sujet en décrivant les quelques lacunes de sa création. Néanmoins, elle avait trouvé un subterfuge : un second pantin. Cela lui permettrait ainsi de se diversifier tout en gardant des caractéristiques spécifiques et restreinte afin d’éviter de favoriser la quantité au détriment de la qualité.

« Enchantée. », dit alors Lucy, fermant les yeux et inclinant la tête vers le bas.

La chanteuse avait attendu que les explications soient terminées pour ne pas couper la parole à son amie. A la suite de son intervention, elle prit en main une gourde d’eau, dans le but de se désaltérer, qu’elle reposa au bout de trois gorgées. Là, Satsuki s’exprima pour proposer son itinéraire. Il correspondait à celui qu’avait imaginé la jeune Hassei. Elle, qui connaissait si bien le désert, avait cherchée à avoir un deuxième avis, histoire d’avoir un élément de comparaison. Les deux propositions, ne divergeant pas, devaient finalement être la bonne.

Maintenant que les rôles avaient été donnés, que l’itinéraire était tracé, et que les provisions étaient rassemblées, il ne manquait plus qu’un dernier détail. Cela ne devait pas en être un pour Satsuki, qui, méticuleuse et professionnelle, aurait sûrement prévu ce genre de choses. Cependant, Lucy était différente et surtout ne connaissait rien en matière de “matériel“. Ce dernier point était nécessaire pour éviter d’être prise au dépourvu. Terminant le repas en croquant un fruit exotique et rafraichissant, la chanteuse se leva et s’étira, réveillant ainsi le rongeur. Légèrement honteuse, elle redoutait le moment où elle allait demander de l’aide à son amie. Pourtant, prenant son courage à deux mains, elle se lança.

« Euhh Satsu’ ?... J’ai un petit service à te demander… », marquant un temps de pause pour permettre à la kunoichi de ranger tous les restes du festin.
« En fait voilà, je ne sais pas quoi prendre pour faire mon fond de sac pour le voyage… Tu sais, je ne sais même pas quoi choisir comme armes… Kunai ? Shuriken ? Tu voudrais bien me conseiller ? »

La jeune fille terminait alors sa phrase en regardant son amie, mais en pointant du doigt la direction d’une boutique shinobi. Satsuki devait être une experte pour ce genre de chose, étant une fille plutôt manuelle. Désormais, Lucy espérait juste une réponse positive, avec de préférence aucune moquerie. Essuyant les quelques miettes présentes sur sa tenue, elle était prête à suivre l’Acajou des sables pour faire des achats, dans l’espoir que celle-ci accepte de l’aider.

**Satsuki** Informations **Messages** : 113 **Rang** : B

Lucy se prenait au jeu. Elle écoutait et mangeait en compagnie de son amie marionnettiste et du pantin. Une p'tite bête était là aussi mais elle roupilla bien vite. Terminant de ranger ses affaires, Satsuki écopa d'une nouvelle question très pertinente. Elle se releva tranquillement, adressa un long regard à la chanteuse puis décrocha un demi sourire amical. Que Lucy lui fasse confiance l'encourageait. Une aide mutuelle qui payerait forcément plus tard...

"Sans problème. Je ne sais pas si tu as une préférence pour une arme bien spécifique mais comme tu use du genjutsu et de l'onkyoton, j'imagine que de base tu n'as pas besoin d'armes pour tes jutsus ? Je te conseillerai donc de privilégier le shuriken, il est plus léger. Par contre, il te faut quand même au moins deux kunaïs, on ne sait jamais... et puis, ca coupe mieux qu'un shuriken ! Mais avant qu'on aille à la boutique..."

Dans un élan de rapidité, elle composa les six signes nécessaires à l'activation d'un second sceau, respectivement Chat-Chien-Singe-Serpent-Chien-Rat, puis invoqua, sur une large parchemin, son panel d'outils et d'armes en tout genre. Une multitude de kunaïs différents, de shurikens plus ou moins grands, de ressorts, de câbles, de tiges métalliques, de rouages, de plaques en fer, de tubes cylindres et coniques s'amoncelèrent devant elle après la rupture de son sceau de stockage.

"Je collecte lorsque j'en ai l'occasion plein d'objet pour améliorer mon pantin, sur le champs de bataille ou dans les marchés. Sur les étals dans la rue comme sur les dépouilles, tout est bon à prendre, que se soit des armes ou des gadgets, pour pouvoir réparer mes marionnettes sur le terrain."

Son comportement et son éthique allait sûrement au delà du raisonnable mais Satsuki s'en fichait. En temps de guerre, tout était permis, elle s'accordait tout sans limite. Pointant du doigt le bord haut du ruban déroulé, elle indiqua à sa coéquipière la rangée de kunaïs ordonnée. Juste au dessous, une pile de shurikens et un petit amas de senbons se tenaient alignés et impeccablement agencés. Avant que la genin au teint bronzé ne poursuive, elle agrippa la main de la chanteuse pour raidir son bras puis le relâcha. À demi courbée, Lucy était bien ridicule avec son bras complètement droit. Sur le parchemin de stockage se trouvait un autre sceau, plus petit, qui entourait tout le ruban d'une fresque complexe. Un sceau de sécurité qui garantissait à son utilisatrice l'accès unique à cette réserve énorme de jouets dangereux. L'Acajou du désert plaqua immédiatement sa paume gauche à celle de sa partenaire et sa paume droite sur le sceau de sécurité. Une petite décharge instantané parcourue les trois membres supérieurs et les symboles de la fresque s'inversèrent automatiquement en prenant une allure légèrement différente. Dorénavant, la signature de chakra de la manipulatrice d'onkyoton était accordée avec le sceau de stockage, Satsuki lui autorisait un accès libre et total à sa réserve personnelle.

"Tu es la seule à partager ce parchemin avec moi. Sers-toi, prends ce que tu veux, ne te gênes pas, j'en retrouverai toujours. En plus de tes armes, penses à prendre une couverture chaude. Même dans la saison la plus chaude de l'année, il fait froid la nuit dans le désert, alors en ce moment... Kwizz pourrait te servir d'écharpe tout au plus mais ce ne sera pas suffisant", ajouta t-elle avec humour.

Marquant une pause, l'usagère du fuinjutsu reprit avec tout autant de dérision :

"Ce repas était bon qu'est ce que tu en penses ? La prochaine fois, c'est toi qui offre ! Sourit-elle ironiquement. Si tu as d'autres choses à chercher pour terminer ton sac, on peut passer chez toi. Je n'ai jamais vu à quoi ressemble ta maison en plus."

Les demoiselles avaient terminé ce succulent brunch avec beaucoup d’appétit. D’ailleurs, l’après-midi était déjà bien entamée. Finalement cette journée passait très vite… Terminant de ranger ses affaires, Satsuki répondit à la question de Lucy. Cette dernière, dépourvue d’information sur les armes, appréciait fort bien les conseils de son amie. Ceux-ci convenaient parfaitement aux attentes de la chanteuse, qui n’y avait jamais vraiment réfléchi jusqu’à aujourd’hui. Sur ces bonnes paroles, il fallait désormais aller faire les courses… Mais l’Acajou des sables n’était pas de cet avis. Elle semblait ravie de pouvoir aider celle dont elle pouvait désigner comme étant une personne de confiance, lié par un pacte d’amitié. Ainsi elle dévoila un second parchemin qui renfermait cette fois-ci un stock indénombrable de matériaux et armes en tout genre. Cette genin était pleine de surprises !

Par l’action mystérieuse d’un sceau nouveau, et sur autorisation de la propriétaire, la jeune Hassei pouvait alors se servir sans restriction dans cette boutique à ciel ouvert qui s’annonçait à elle. D’ailleurs, elle ne savait plus où donner de la tête… quoique ! Il n’y avait rien à redire quant au rangement du bazar. Tout était trié, classé, et regroupé. La recherche ne serait pas compliquée, excluant déjà tous les divers objets nécessaires à la réparation de pantins. Il ne restait donc plus que les kunais, les shurikens et les senbons. Toujours courbée suite à l’action de la kunoichi, Lucy réfléchissait. Avant de s’emparer de quoique ce soit, elle se redressa et serra son amie dans ses bras. Un « merci », ému, fut porté à ses oreilles. Puis enfin, la chanteuse s’équipa. Elle eut un coup de cœur pour les aiguilles fines et discrètes. Ainsi, elle boucla une sorte de bracelet autour de sa cuisse gauche, étant un support pour senbons. Elle se chargea d’une douzaine d’unités… à la louche. Puis, n’écoutant que les conseils de l’experte, debout à ses côtés, elle prit également un lot de cinq shurikens et deux kunais. Ces nouveaux équipements firent fixés à sa ceinture. De cette manière, elle se sentait une femme différente, prête à partir en mission… ou presque... D’après Satsuki les nuits prévoyaient d’être froides. Il manquait donc un peu de matériel à la jeune fille. Sur proposition, Lucy invita son amie à se rendre chez elle.

« Oui bonne idée, je t’invite chez moi ! », s’exclama-t-elle, joyeuse.
« Le repas était délicieux, tu places la barre très haute… mais je relève le défi. »

Rares étaient ceux qui avaient eu le privilège de fouler le domicile de la famille Hassei. D’ailleurs, Satsuki était la première à qui Lucy ferait la visite. En réalité, ce qui la freinait était la peur du regard des autres, d’être jugée à tort. Héritière d’une fortune assez importante, il faut dire qu’elle avait vécu, et vivait encore, dans un certain luxe que la jalousie ne pardonnait pas. Mais là, la question ne s’était pas posée. La genin désignait son amie comme étant sa sœur de cœur. C’était avec grand plaisir et excitation même qu’elle laisserait pénétrer Satsuki dans la propriété de sa famille.

Elles prirent donc le chemin du centre-ville. Là-bas, elle n’y trouverait pas la demeure. Mais ce trajet était le plus court chemin pour atteindre les remparts à l’opposé de leur position actuelle. Entre temps, l’écureuil s’était échappé, investi d’une mission de la plus haute importance : pister le groupe qui faisait l’objet de l’escorte du lendemain. Sur la route, les genins restaient muettes. Sautant rapidement de toit de maison à un autre, elles arrivèrent très rapidement au pied de la muraille de sable. L’ensemble du village caché respectait un style architectural bien particulier. La maison de Lucy ne dérogerait pas à cette règle. De formes ovales, chaque pièce de la propriété semblaient s’échapper du sol tel des bulles qui longeaient la paroi. Ce genre de demeure était très convoitée par les sunajins, mais également très onéreuse. Pour y entrer, il fallait emprunter un escalier creusé dans les remparts. Franchissant tout d’abord une arche auprès de ceux-ci, les deux demoiselles gravirent les marches jusqu’à atteindre la pièce à vivre qu’était le salon/séjour/salle à manger. Personne n’était présent. Habituée par la déco des lieux, Lucy n’en était pas surprise. Elle laissa alors Satsuki s’emparer visuellement de cette pièce pour partir à la recherche d’une couverture. Se dirigeant vers sa chambre, elle croisa son père qui soignait ses blessures, cigarette à la bouche, dans la salle de bain.

« Où cours-tu si précipitamment, Lucy ? »
« Ah ! Bonjour père. Je pars en mission d’escorte jusqu’aux frontières d’Ame no Kuni. Tu es déjà rentré ? »
« Oui, j’ai terminé ma mission. Approche… », dit-il, semblant souffrir du moindre geste. « Tiens, prends ça. », ajouta alors le père en tendant une boite d’allumette à sa fille. « Et prends ma trousse de survie que j’ai laissé dans le hall. »
« Merci père. », répondit Lucy, le sourire au bord des lèvres.
« Aller, file, je sais ce que c’est ! … Mais reviens vite ! », termina-t-il le dialogue en embrassant sa fille sur le front.

La jeune Hassei s’empressa alors d’aller dans sa chambre pour chercher la couverture en question. Là, sur le rebord de la fenêtre, Kwizz l’attendait. Il lui expliqua qu’il avait trouvé le groupe et qu’ils se trouvaient en ce moment même dans un bar, pas très loin d’ici. Elle le récompensa à l’aide d’une friandise, comme s’il ne s’était pas déjà assez gavé lors du repas… Gourmant, il trouva en plus la dite couverture avant sa maître afin de réclamer une nouvelle collation… Toujours à l’affut celui-là ! De retour dans le salon, la chanteuse s’adressa à son amie après lui avoir laissé le temps de se familiariser avec les lieux.

« Ça te dit d’aller boire un verre ? Il paraitrait que cinq hommes s’y trouvent actuellement… »

**Satsuki** Informations **Messages** : 113 **Rang** : B

Lucy se servit et s'équipa de tout ce qu'elle put trouver. Voilà la meilleure manière de procéder. Suite à cela, elle invita bien amicalement la kunoichi du désert chez elle pour terminer son baluchon. Qu'à cela ne tienne, les deux genins prirent la direction de sa maison sans tarder. L'après midi avançait à grands pas. Elle se retrouvèrent vingt minutes plus tard devant la demeure Hassei. Bravant une haute arche et plusieurs escaliers, elles débouchèrent dans une grande salle qu'était le salon. Ornements, peintures et pièces d'art décoraient la fabuleuse pièce. La marionnettiste n'était pas habituée à tout cela. Elle ne dévisagea pourtant pas ce qu'elle voyait. Elle prit le temps d'inspecter chaque mur, chaque angle, chaque meuble aussi.

Il y avait de quoi être jaloux ou envieux mais Satsuki ne ressentit rien de cela. Au contraire, sa dure jeunesse lui fit juste apprécier ces belles enjolivures. Sûrement pas à leur juste valeur mais elle appréciait le spectacle tout simplement. Son enfance difficile, sous l'étreinte et le fouet de ses bourreaux lui rappelaient à quel point elle devait être reconnaissante de son destin et ne devait pas demander plus. Satsuki éprouvait aussi une certaine joie pour la chanteuse de connaître ce luxe plutôt que la douleur du désert. Mais par dessus tout, elle appréciait la manière dont se comportait sa binôme vis à vis d'elle, malgré leur différence sociale. Voilà un point fort de l'appartenance au rang de ninja. Lucy revint peu de temps après, prête à partir pour l'aventure. Kwizz l'accompagnait.

"Sacrée maison que tu as là. C'est la première fois que je vois ça, c'est beau, merci de m'avoir fait découvrir une telle chose. Prête, on peut y aller ?", fit-elle en se courbant pour remercier.

La suite s'annonçait plus attractive. Finie la petite promenade au village et les préparatifs. L'écureuil avait flairé le groupe d'hommes dans un bar, le temps d'aller à leur rencontre était venu. Sans se presser pour autant, elles empruntèrent de nouveaux les escaliers pour quitter la demeure et se dirigèrent à travers les ruelles de Suna en suivant le rongeur. En chemin, elles serpentèrent toutes deux à travers la foule enragée du centre ville. Les villageois se bousculaient en ce jour de brocante. Tout le monde pouvait y apporter ses vieux objets et les troquer contre d'autres. Satsuki s'y serait volontiers arrêter une demi journée mais l'heure n'était pas aux marchandages. Tournant à gauche, esquivant les touristes puis filant au détour d'une allée adjacente vide, elle marchèrent jusqu'à arriver sur les lieux. Là, elles débarquèrent incognito dans le bar et se fondèrent dans la foule. Le groupe n'était pas difficile à reconnaître. Cheveux courts à la manière de soldats bien entretenus, visages bronzés, la milice du riche marchand prenait du bon temps avant de prendre la route. Chaque homme était vêtu d'une tunique en maille, accompagnée d'un harnais en cuir. Une pile de casques pointus en fer se trouvait à côté de leur tablée ainsi qu'une rangée de hallebardes bien aiguisées. Ils n'avait rien de ninjas et cela se voyait bien.

Avant de les accoster, Satsuki se figea un instant pour appréhender leur caractère, inspecter leur attitude et décrypter leur intention. Costauds, bien taillés, voix graves ou rauques pour certains, il n'avait rien de bien méchants mais se démarquaient clairement du reste des clients. Ils n'appréciaient guère la gente féminine à leurs côtés en mission, seulement dans leur lit. Un travail de grande retenue et de contenance s'imposait pour la marionnettiste. Elle s'écarta pour laisser passer Lucy et son animal bien veillant. Elle comptait sur elle pour le reste.

"A toi de jouer !", lui susurra t-elle discrètement.

C’est là que le plus intéressant commençait. Les deux jeunes genins quittaient la demeure familiale des Hassei et se rendaient au bar qu’avait indiqué l’écureuil. Elles le suivaient sans vraiment trop se poser de questions. On sentait qu’un stress avait envahi les kunoichis, car celles-ci ne parlaient plus. Esquivant la foule qui s’était rassemblée pour une brocante annuelle, le groupe se pressait pour ne pas manquer cette rencontre. De cette manière, c’était elles qui mèneraient la danse. Elles seraient les maîtres de la situation et il ne tenait qu’à elle pour que ce premier contact soit des plus marquants. Prendre les choses en main dès leur entrée en scène était obligatoire pour que tout se déroule dans les meilleures conditions. Arrivée devant le bar, Lucy saisit Kwizz qu’elle posa sur son épaule. Entraînée par Satsuki, elle prit une dernière bouffé d’air chaud avant de franchir ces portes.

Le bar était bondé de monde. C’était bruyant et une odeur désagréable de sueur et d’alcool empestait les lieux. L’Acajou des sables repéra bien vite le groupe recherché. La chanteuse n’avait pas oublié la requête qu’avait formulé son amie, cependant une petite piqure de rappel ne faisait pas de mal. Ainsi, l’approche allait s’entreprendre. Sa main faisant office de peigne, la demoiselle figea sa frange en arrière, lui donnant un petit côté rebelle. Suite à cela, elle s’élança d’un pas décidé en direction du groupe.

Un homme, plus âgé que les autres, se tenait au centre et tenait une tasse de thé. Ses yeux, recouverts d’une paire de lunette regardait en direction des demoiselles, comme s’il avait compris de qui il s’agissait. Il ne semblait pas s’intéresser à la discussion de ses gardes du corps. Embrassant le rebord de sa tasse pour apprécier une nouvelle gorgé de sa boisson, il s’échappait de cette ambiance pesante. Habillé d’une longue cape blanche, il se démarquait du groupe. Ses fidèles chevaliers, quant à eux, portaient une tunique sombre en maille, épousant leurs muscles à l’aide d’un harnais en cuir. Le teint bronzé, qu’ils avaient tous, pouvait donner une orientation sur leur origine géographique. Chacun de ces gaillards avalaient des pintes de bière qu’ils ne lâchaient jamais par peur de prendre du retard sur leur compagnon de beuverie. Ils s’esclaffaient et trinquaient sans raison. Leurs joues rougies indiquaient qu’ils étaient présents déjà depuis un moment… Ils avaient déjà bien assez bu au goût de Lucy. Elle craignait même qu’ils n’aient pas complètement dessoulé avant demain matin. Elle fit alors son entrée en scène. Sa bouche, légèrement ouverte, laissa s’échapper un ultrason qui fit exploser chacune des pintes des quatre membres de la milice.

« Il semblerait que c’était votre dernière tournée d’alcool… On prendra deux diabolos à la violette… », dit-elle sur un ton sarcastique avant de tendre sa main au cinquantenaire.
« Enchantée, moi c’est Lucy. Et voici ma collègue Satsuki. Nous sommes chargées de vous accompagner demain. »
« Quelle entrée fracassante Mesdemoiselles. Allez-y, installez-vous à notre table. Je me nomme Hiro SAKAYA. », lui répondit-il aimablement.

Tout s’était passé tellement vite, laissant de marbre les quatre hommes baraqués. Au moins, le dialogue était lancé. N’avait-elle pas dit qu’elles devaient rester naturelles ? Peut-être n’avait-elle pas la même définition de ce mot… Les kunoichis s’assirent l’une à côté de l’autre, en bout de table, faisant dos à la piste de danse. Maintenant, il était temps de parler “boulot“…

[Mission C - Satsuki/Hassei Lucy] "Hey les machos ! Les gardes du corps c'est nous, compris ?!" Marchands2

La nouvelle tournée n’avait pas encore été commandée. Plus les secondes passaient, plus l’effet de surprise retombait. Ainsi, l’un des gars, assit à côté de la jeune Hassei, se leva. On pouvait sa lire la colère sur son visage. Rapidement il la saisit par l’épaule et lui susura quelques mots : « Hey ma belle… ». Cependant, il fut stoppé dans son élan misogyne. Non pas par la demoiselle, mais bel et bien par son animal. Ce dernier encercla l’avant-bras du garde du corps avec sa mâchoire et planta ses griffes sur son coude et sa main. Sa réaction fut sans appel : il lâcha la genin et cria virilement sa douleur, incité à se rassoir et à se tenir à carreau. Dès lors, Lucy prit la parole, tapotant à son tour la cuisse du macho.

« Écoute-moi bien, je n’ai peut-être pas été assez claire tout à l’heure, alors cette fois-ci ne sera qu’un avertissement. Ne t’avise plus jamais à poser tes sales pattes sur moi… je ne serai pas aussi clémente que ma petite bête à poil… », s’exprima-t-elle doucement, en posant ses mots, et sans aucun stress apparent.

C’était une Lucy transformée qui faisait face à ces hommes. Tapant du bout des ses doigt sur la table, suivant un mouvement répétitif, elle faisait comprendre son envie d’être servie en boisson. Cependant, la réaction de l’un d’eux, encouragea un autre à prendre la parole. Assit, il pointa du doigt Satsuki et s’exprima.

« Et toi là, pourquoi on ne t’entend pas parler ? T’as pas de langue, c’est ça ? Hein ? »
« Bon, j’ai l’impression que beaucoup de personnes, autour de cette table, manquent de maturité et sont indiscipliné. Je vais donc fixer des règles ! Nous sommes ici toutes les deux pour vous protéger. Si l’un de vous n’est pas d’accord avec cela, qu'il dégagé maintenant, ça nous fera un marmot en moins à surveiller. », dit-elle sans laisser le temps à son amie de s’exprimer, honorant donc sa promesse.
« Bon, tout le monde semblent ravis de faire le voyage demain alors voici ce que j’attends de vous : Monsieur SAKAYA est le marchand, nous sommes les shinobis, vous n’êtes rien. Dorénavant, si l’un de vous souhaite s’exprimer, il oubli ! D’accord, vous venez avec nous, mais vous obéissez comme des bons chiens chiens… », ajouta-t-elle, instaurant un climat de révolte.

Le ton était donné mais ne semblait pas satisfaire aux quatre hommes de main. Les tensions grimpaient et étaient prête à exploser. Peut-être était-ce justement ce que recherchait la jeune Hassei. Elle savait à qui elle avait affaire et ne connaissait qu’une façon de les faire obéir : leur montrer qui est le plus fort. Elle n’avait pas été agressive jusqu’à maintenant mais ses paroles touchaient directement la fierté des machos qui lui faisaient face. Elle n’aurait donc rien à se reprocher sur ce qui allait suivre. Ajoutant trois mots, elle déclencherait des réactions de colère démesurées, laissant sûrement place à combat “indoor“ mais qui permettrait aux kunoichis de montrer leurs vraies valeurs…

« On a soif… »

**Satsuki** Informations **Messages** : 113 **Rang** : B

Satsuki, imperturbable sur sa chaise, resta silencieuse durant les présentations. Pourtant calme et infaillible, elle n'en revenait pas du changement d'attitude de Lucy. La voilà qui se montrait farouche à la gente masculine et forte de caractère. La marionnettiste ne pouvait pas demander mieux, le binôme s'endurcissait à mesure des heures passées ensemble. Si le ton donné ne reposait pas sur la force et le respect à imposer, la genin encapuchonnée se serait permise de complimenter la chanteuse mais il n'en fut rien. Elle ne devait pas perturber l'atmosphère rigide qui planait. La tension était à son comble en moins de cinq minutes et les prochaines paroles décideraient de la supériorité d'un des deux camps.

Les deux kunoichis du village étaient presque encerclées par les soldats. Alors que Satsuki se tenait tranquille à écouter sa paire, une nouvelle intervention fit rage.

"Ecoutes gamine, t'as dix-huit ans tout au plus et tu la ramènes parce que tu portes un kunaï à la ceinture ? Tu ne crois quand même pas que je vais me laisser impressionner par une femme et encore moins que je vais faire le voyage accompagné par deux femmes ? T'es capable de quoi, donner une claque ? AHAHAHAHAHAHA"

L'homme hargneux fit une pause, serra le poing, se leva et reprit plus frénétiquement :

"Comment votre village peut accepter d'engager des femmes dans ses rang, vous êtes clairement plus faibles que nous !"

Le vacarme ambiant bouchait l'agitation. Rien ne se faisait entendre. Dans certains coins, les clients beuglaient, dans d'autres, ils riaient aux éclats. Quelques femmes se mêlaient gaiement aux tables en s'amusant avec eux tandis que les serveurs et serveuses couraient partout pour servir tout le monde.

"Hé toi, la p'tite muette, qu'est-ce qui se cache sous ta capuche ?" s'exclama un soldat en se penchant par dessus la table soulever la capuche de Satsuki.

"L'autre aussi n'est pas mal du tout avec sa p'tite mèche de côté là, et son caractère de chef, ca me plait bien, lança un troisième homme en armure. On pourrait se faire plaisir avant le départ non ?"

Il se leva dans la foulée pour caresser le visage frêle de Lucy, assise, tandis que son compagnon le suivait pour en faire autant. Apparemment, le tempérament bien trempé de la kunoichi à l'onkyoton ne faisait pas l'unanimité. La force allait sûrement être de rigueur dans ce qui suivrait. La marionnettiste ne se fit pas prier. Pourtant sereine jusque là, elle sortit de ses gonds, de façon muette. Deux bras articulés en bois jaillirent de par dessus ses épaules. Le premier propulsa un poing fermement gardé dans la tête du gredin et l'autre le plaqua aussi rapidement sur la table. Son visage fracassa le bois du support et renversa les bières. En silence, la kunoichi poursuivit en se levant et, en un éclair, décocha un coup de kunaï à hauteur de son nez. Le coutelas vint se loger dans la table à cinq centimètres de ses yeux. La sueur perlait sur son front gras. Dorénavant, peut-être lui accorderait-il un peu plus de politesse si ce n'est de respect.

Le prince marchand qu'était monsieur Sakaya n'avait vraiment rien d'un leader et cela se voyait. Ses compétences s'étendaient dans le commerce et s'y arrêtaient aussi nettes. S'il employait une milice personnelle, arrogante et masculine, c'est qu'il ne savait pas se battre et n'avait pas le caractère non plus pour prendre le dessus. Ses soldats pouvaient faire ce que bon leur semblaient sous sons autorité, il ne les restreignait pas. Toutefois, il était à noter que chacun d'eux vouait un respect particulier pour leur employeur.

Spoiler:

La bombe à retardement qui plainait au dessus de la table de bar vint à explosée. Tout se passa très rapidement. La jeune Hassei s’était préparée à cette réaction et n’en fut gère surprise. Au contraire, elle avait eut suffisamment de temps pour préparer ses prochains agissements. D’ailleurs, même les paroles déplacées, quasiment vulgaires, avaient été anticipées. Certes, cette situation n’était pas facile, et il fallait prendre sur soi pour rester lucide et professionnelle.

L’un, plutôt pervers, s’approcha donc de la genin, et posa sa main sur son épaule. Il pouvait se lire dans ses yeux, depuis l’arrivée de Lucy à cette table, une certaine envie le poussant à ne pas détourner le regard de sa poitrine. Celui-ci, incité par le mouvement de révolte, mais surtout obsédé par ses désirs malsains, n’avait pas hésité une seconde à agir de la sorte. Cependant, il ne devait sûrement pas s’attendre à ce que la demoiselle réagisse au tac au tac. Elle lui tira le bras, le faisant se courber et approcher sa tête au même niveau que celle de la chanteuse. Non sans lui déplaire sur le moment, le garde du corps n’allait pas être déçu. Approchant sa bouche à l’oreille de sa future victime, Lucy prit une bouffée d’air puis insuffla un cri persan et très aigu, dont il était la seule cible. Le retrait de l’homme fut bien plus rapide que son approche, et ce malgré son attirance pour la genin. Enfin, il se coucha au sol se tenant l’oreille saignante et criant sa douleur. Les avertissements qu’avaient été prononcés portaient leurs fruits.

De son côté, Satsuki faisait un meilleur usage de ses techniques, si joliment exécutées, que de sa parole. Lucy lui faisait confiance sur ce point de vue, et ne souciait donc pas de son état de santé : elle avait d’autres chats à fouetter. En autre, un second homme de main qui voulait à son tour tester sa puissance qu’il pensait supérieur à celles des jeunes filles. Enjambant son collègue, il venait donc au contact, mais ferait rapidement demi-tour. La chanteuse ne lui porta qu’une légère attention, ne le défiant même pas du regard. Elle tendit son bras vers son nouvel ennemi, proposant sa main à son visage. Puis, elle claqua des doigts, faisant apparaître une flamme épaisse et très chaude. Tel un masque, cette production lumineuse, répondant à une combustion, épousa la figure du personnage musclé, laissant sûrement une brûlure au second degré. Il ne lui en faudrait pas plus pour reculer suite à cette agression. Étant privé momentanément de sa vue, il n’esquiva donc pas son amie qui jonchait le sol sur lequel il trébucha et tomba à son tour. Ils étaient lamentables…

Aucun des hommes de main n’avait été à la hauteur des ninjas que représentaient Satsuki et Lucy. En réalité, ils n’avaient même pas apporté une quelconque résistance… Alors comment pouvaient-ils défendre le marchand face à peut-être d’autres shinobis plus expérimentés ?

« Je crois que vous avez bien fait de requérir nos services Monsieur SAKAYA… », dit-elle sur un ton légèrement ironique.
« Où en étions-nous ? », ajouta-t-elle, regardant sa coéquipière à qui elle fit un clin d’œil.

S’en suivit un long discours au milieu du même et constant brouhaha, à ceci près qu’il y avait désormais en plus quatre hommes qui se plaignaient de leurs blessures. Les deux kunoichis sirotaient leur diabolo à la violette et profitaient de cet instant privilégié pour indiquer la démarche et l’itinéraire qu’ils emprunteraient.

« Notre but n’est pas de venir perturber vos habitudes. Continuer à agir comme vous le faisiez avant de faire appel à nous. Cela permettra entre autre d’éviter de mettre la puce aux oreilles de vos agresseurs et de changer leurs plans. »

Non pas qu’elle voulait que cela se passe mal, mais plutôt que cela ne soit pas pire que prévu.

« On fera tout le trajet avec vous, à vos côtés. L’une de nous deux sera quelques mètres en amont, en tant qu’éclaireur, tandis que l’autre fermera la marche. Au moindre souci, on vous demandera de vous tenir à l’écart pour ne pas nous gêner… »

A ce sujet, il ne pourrait qu’être en accord avec la genin, vis-à-vis du spectacle dont il avait été le spectateur particulier.

« Pour ce qui est du reste, ne vous en faites pas, on s’occupe de tout. », termina-t-elle son discours bien rodé.

Enfin, une réelle réunion post-départ avait pu être effectuée. Lucy avait su marquer des petites pauses pour permettre à son amie de s’exprimer si elle le souhaitait. Et si elle ne le souhaitait pas, cela avait permis de séquencer les explications et être plus claire. Bientôt les kunoichis se retireraient et iraient passer leur soirée ailleurs que dans ce bar mal odorisé. Elles avaient fait passer un message lors de cette première rencontre, il était à espérer qu’il ait été bien saisi…

**Contenu sponsorisé** Informations