Arriver à Konoha, Ok.
Ce n’était pas fléché, mais presque, donc bon.
Entrer à Konoha, Ok.
On n’entre pas dans ce genre d’endroit comme dans des moulins. Donc forcément, il avait fallu montrer patte blanche pour entrer. Mais finalement, ça s’était bien passé.

Découvrir Konoha, Ok.
Heh… « Les goûts et les couleurs… » D’accord mais bon parfois… parfois quand quelque chose n’est vraiment pas bon, les avis tendent à être unanimes. La feuille, c’était « différent », pour rester dans le politiquement correct. Entre le climat, le cadre, la couleur locale et les choix architecturaux, Hayato était incapable de dire ce qui lui déplaisait le plus. Ce n’était tout simplement pas le genre d’endroit où il se verrait résider à long terme.

Le shinobi masqué moustachu n’avait pas menti en disant que ses faits et gestes seraient épiés. Hayato ne les voyaient pas, mais se sentait observé à chaque instant. De toute façon, à lui seul il ne pourrait pas faire de bêtise. Il n’aurait probablement même pas le temps de sortir la moindre d’arme qu’on l’aurait déjà maîtrisé. Toute cette pression le décourageait de plus en plus de faire face au Kage. Tawako n’était même plus là pour le distraire avec… son énergie.

- C’est trop… Je ne vais pas y arriver, je veux rentrer !

Cette crise d’angoisse prit fin lorsqu’il avala ses trois pilules. La camisole chimique fit très rapidement effet et quelques instants plus tard, Hayato frappait à la fameuse porte. Elle était à présent le seul obstacle qui le séparait de son objectif. Pour se donner du courage, il pensa au pantin qu’il construirait à l’effigie de celui qui le recevrait sous peu. Et sans être certain de bien avoir entendu un quelconque signal d’approbation, il se lança…

- Hayato, Jonin de Suna. Le Kazekage m’a demandé de vous…

Aaah finalement, il n’y avait peut-être pas de quoi s’inquiéter. A première vue, il ne paraissait pas menaçant.

- De vous remettre un message en mains propres. Je tiens toutefois à signaler qu’en arrivant ici, un certain « StreamWalker » a tenté de se faire passer pour vous. J’ai réussi à déjouer le piège, mais si j’avais manqué de vigilance ce précieux message serait peut-être actuellement entre de mauvaises mains.

Il espérait, par ce petit discours, nuire au moral du vantard. Peut-être qu’en apprenant la nouvelle, le Kage le ferait arrêter. Peut-être alors qu’il subirait un long et éprouvant interrogatoire.

Sans perdre d’avantage de temps, il tendit vers son interlocuteur une lettre usée, ornée d’un symbole vieux de plusieurs années. Aujourd’hui, ce signe représentait la plus ancienne mais la plus importante des unités spéciales de Suna : le Kakumeigun.

- Oups, je me suis trompé. C’est celle-ci.

Le sceau apposé par Kyoshi Rei était cette fois bel et bien présent. La lettre qu’il avait montré par erreur était un vieux souvenir, datant de plusieurs années. Il avait dix-sept ans à l’époque et c’était ses débuts dans ce monde impitoyable.

Trouver le Hokage, Ok.

Sur les remparts de Konoha, de subtiles petites tâches d'encre avaient été placées sur le bois de façon périodique. Ces sceaux-microphones enregistraient tout ce qui se passait directement autour du village; le flux de données audio était recueilli par une team d'ANBU spécialisée, qui traitait l'information pour n'en garder que le plus pertinent et l'envoyer à Onpu sous forme de rapport télépathique. Une façon de garder un certain contrôle sur les frontières du village, et de s'assurer que Miko ne chassait pas sans la moindre espèce de distinction la totalité des étrangers à grands coups de mandibule dans le

- Hayato, Jonin de Suna. Le Kazekage m’a demandé de vous…

- Yep, yep, je sais déjà tout ça, t'inquiète. Désolé de pas être venu vous retrouver directement aux remparts toi et ta copine, mais j'avais une super ligne de basse en tê... euh, un gros dossier à éplucher, donc j'ai pas pu sortir de mon bureau, gomen.

Il referma furtivement son classeur, sans laisser à quiconque la possibilité d'entrevoir son contenu, avant tendre grand les oreilles.

- Je tiens toutefois à signaler qu’en arrivant ici, un certain « StreamWalker » a tenté de se faire passer pour vous. J’ai réussi à déjouer le piège, mais si j’avais manqué de vigilance ce précieux message serait peut-être actuellement entre de mauvaises mains.

- Ha... j'ai senti comme un quiproquo, effectivement. Ce "streamwalker" s'appelle Izumi Suiatsu, et c'est mon élève, mais que ce soit toi, ton équipière ou même ce très cher Ano, fit-il en adressant un petit regard amusé à l'ANBU qui escortait Hayato, vous l'avez mal écouté, il ne s'est jamais fait passer pour moi. J'ai l'enregistrement, on pourrait le réécouter ensemble si vous voulez, mais plutôt d'essayer de vous convaincre que ce guignol est un brave bonhomme - ce que j'ai moi-même mis beaucoup de temps à admettre -, j'avoue être impatient de savoir ce que me veut votre cher Kazekage.

Il tendit la main pour recevoir le fameux billet dont il était question. Pour une lettre, elle avait l'air d'avoir vraiment vécu... les transporteurs avaient-ils bravé tant de dangers pour la lui apporter?
Hélas non. La véritable lettre semblait avoir vécu une histoire bien plus banale.

Il attrapa le papier en remerciant Hayato d'un hochement de tête, et la descella soigneusement.

Lecture. Quelques secondes suffirent.

Re-lecture.

Re-re-lecture, des fois qu'il y ait un sens caché qui lui aurait échappé.

Un peu gêné, Onpu se passa la main dans les cheveux.

- Mes aïeux... vous avez traversés désert, rivières et forêt pour ça?

Il relut une dernière fois, juste au cas où.

Lettre de Kyoshi Rei:

... sérieusement ???

Un soupir.
Après tout, pourquoi pas? C'était une belle preuve d'écoute de la part de ce Rei. Mais tout ce grabuge était-il vraiment nécessaire? N'existait-il pas un système postier, des oiseaux voyageurs? Faire parvenir un message aussi banal en main propre ne relevait pas de l'anxiété, mais bel et bien de la paranoïa. L'écriture de la lettre était fluide et parfaite, comme s'il avait injecté un soin professionnel dans l'effort de sa rédaction.

Il releva les yeux vers Hayato, alors qu'il s'emparait d'un parchemin vierge d'une main et d'une plume de l'autre.

- Bon, ben... merci hein. J'espère que vous avez apprécié votre voyage et tout... 'tendez... voilà. Vous pouvez lui remettre ça de ma part.

Il scella sa lettre à son tour avec l'emblème de Konoha, avant de la tendre à ce bleu garçon. C'était fondamentalement ridicule de lui en cacher le contenu, mais comme son entretien avec mademoiselle Otenba le lui avait fait savoir, mieux valait ne pas rigoler avec les petites formalités.

Lettre de Myakudou Onpu:

Au moins, du point de vue diplomatique les choses seraient peut-être plus facile qu'avec la brume. Suna était plus jeune qu'elle, mais semblait beaucoup moins instable sur tous les plans, surtout depuis l'avènement de ce Kyoshi Rei.

- Ça... m'embête un peu de vous renvoyer chez vous comme ça, je peux faire autre chose pour toi, Hayato-san?

HRP:

En voyant la réaction du Hokage, la dernière indication donnée par le Kazekage avant le départ prit tout son sens. Hayato n’était pas ici pour jouer les facteurs. Il avait la chance de se trouver en face du leader de la feuille et devait saisir cette occasion pour Suna, là résidait sa véritable mission. Tandis que le destinataire couchait quelques mots de réponse sur le papier, il se lança dans une intense réflexion. Il s’agissait de faire le point sur tout ce qu’il savait, ignorait, pouvait deviner. Il chercha d’abord à déterminer s’il avait déjà entendu le nom « Myakudou Onpu » quelque part. Et alors qu’il fut sur le point de renoncer, un flash lui apporta la solution. Il rangea la lettre de réponse en lâchant ceci.

- Je me souviens, le rapport de guerre. Vous avez... combattu Makka aux côtés du Sandaime Kazekage…

Hai no Kuni. Makka, l’homme masqué, Raiu no Kenji, Hayato ne savait pas comment continuer. Il y avait trop d’éléments, trop d’inconnues. Son long ermitage ne facilitait pas les choses. L’exercice n’était pas évident. Il repensa au premier discours du Yondaime, qu’il n’avait suivi que de très loin, dérogeant à son habituelle manie de poser mille et une questions – Kioshi avait de toute façon bien assuré de ce côté. Sans pouvoir mettre le doigt dessus, Hayato se souvenait que la situation ressemblait fort à ce qui s’était déroulé pour la montée au pouvoir du Nidaime. Mais il décida de partir sur une autre piste.

- Votre titre n’est pas usurpé, vous êtes l’un des grands de ce monde… Aussi, j’aimerais pouvoir prendre vos mesures. J’ai pour ambition de monter un spectacle retraçant les évènements marquant de ces dernières années…

L’un des « grands » de ce monde. Ce n’était pas un « spectacle » à proprement parler mais… il y avait des costumes, des marionnettes et un public –Hayato lui-même – donc d’une certaine manière, il ne mentait pas. Au cours de ces derniers mois, sa dernière lubie fut l’une des rares choses à l’avoir poussé à sortir pour se documenter. Son statut de membre du Sasae était alors un pass, lui donnant accès à toute une série d’informations et de rapport. Ainsi, sans spécialement avoir assisté à la scène, il savait par exemple que…

- Je suis plongé dans l’écriture, mais je bloque pour la scène de la défaite de Mak… la démone cendrée. On dit qu’au cours du combat, Raiu no Kenji, illustre héros, fondateur et leader de Suna, aurait disparut dans une tempête verte, qu’il aurait lui-même générée…

Voilà, il s’en souvenait à présent. Araakoa Aare. Suite à la mystérieuse mort du Shodaime, il était arrivé au pouvoir. Mais il s’avéra par la suite que le meurtrier de ce dernier n’était nulle autre que le Nidaime lui-même, qui avait même été jusqu’à se disculper en organisant une mission de recherche. Et l’histoire s’était très étrangement répétée. Disparition mystérieuse, nouveau Kage apparut de nulle part, mission de recherche échouée. Fallait-il en conclue que Kyoshi Rei était à l’origine de la disparition de Meteora ? Non, ce serait tiré par les cheveux. Certains aimaient y croire, histoire d’alimenter le mythe du « poste maudit » qu’était celui d’ombre du village du sable. En repensant ainsi au passé ainsi qu’aux disparitions progressives de ses idoles, Hayato se surprit à serrer le poing.

- Suna possède toutefois d’excellentes raisons de penser que ce n’est pas le cas. Sandaime Kazekage s’est probablement enfuit… D’ailleurs, on tient d’une certaine source qu’il serait apparu du côté de Konoha, il n’y a pas si longtemps.

Il faisait référence à l’acte de mansuétude de l’homme masqué. Rumeur, fait avéré ? Selon les faits ce personnage énigmatique aurait profité d’une attaque sur un poste avancé de Suna pour révéler la nouvelle nature du Sandaime, ainsi que son comportement agressif aux alentours de Konoha. La première partie avait d’ailleurs été confirmée par le Yondaime, les Furyou n’étaient pas morts avec Makka. Si la seconde partie lui paraissait moins probable auparavant, à présent elle lui semblait évidente. Le changement de Kage, les travaux… Il y avait eu bien plus que de simples « agressions ».

- Je sais – merci Tawako – que les relations entre nos villages sont purement d’ordre économique actuellement mais, si vous saviez quoi que ce soit… vous nous mettriez au courant, non ?

Il l’avait joué très safe. Ton amical, à peine accusateur, sourire forcée, pas trop exagéré non plus, les yeux pas trop insistants. Il n’avait pas bougé, pas crié, n’avait pas plaqué ses mains sur un bureau, ou fait les cent pas à la manière des détectives dévoilant la démarche qui leur avait permis d’élucider le mystère. Non, il avait été prudent. Konoha n’était pas Kiri, certes, mais il ne fallait pas sous estimer l’impact que pouvait avoir un geste, surtout maladroit..

Spoiler:

- Monter un spectacle ?

Une idée cocasse et surprenante. Mais de quel genre de spectacle s'agissait-il exactement ? Théâtre ? Probablement un drame lyrique, ou même d'un Bunraku. Flatté, Onpu, dans toute sa niaiserie enfantine, était plus qu'intéressé.
Il se leva, haussant les épaules.

- Ok, prends donc mesure, cher ami.

Il resta debout pendant que cet étranger déployait son mètre-ruban et s'agitait avec.

C'était une noble quête que de vouloir reconstruire la réalité avec finesse pour une œuvre d'art, mais ce jeune homme s'engageait sur une voie dangereuse; la prudence avec laquelle il choisissait ses mots montrait qu'il en était conscient.
Les rumeurs avaient eu raison du masque de Meteora, l'image des deux entités qui l'incarnaient fusionnaient lentement mais sûrement : celui-qui-fut, celui-qui-chasse... une seule griffe. La « certaine source » dont il était question n'avait pas vraiment d'importance.

- Hayto-san... comprends que même si j'accepte ce « signe de la main » diplomatique de ton chef avec bonheur, les problèmes de Konoha n'appartiennent qu'à Konoha. Depuis sa disparition, votre ancien Kazekage est devenu, aux yeux de mon village comme de tous les autres, un simple déserteur. Il est vrai qu'il est encore vivant, et qu'il est apparu dans mon pays. Toutefois, je peux t'assurer qu'il n'en sortira jamais. Ce n'est plus le guerrier que vous avez connu, et au vu de ses provocations directes j'ajouterais même son sort n'appartient qu'à nous autres, shinobis de la feuille.
Je t'invite donc cordialement à oublier cet homme, et à le considérer comme mort. La menace qu'il a pu représenter durant les dernières saisons n'est plus qu'un mauvais souvenir tout le monde.

On' était conscient qu'il avait tourné autour du pot, mais il aurait été dangereux d'en révéler plus à cet aimable inconnu. En lui offrant ce tissu de vérité flou, il avait poliment invité Hayato et le Sable tout entier à se mêler de ses propres affaires. Après tout, le Sunajin n'avait lui-même pas révélé sa source, et Kyoshi Rei était quant à lui resté très sobre dans son billet. Aucune espèce d'alliance n'était à envisager.
Pas d'alliance, pas de confidences.

- Je suppose que tu devras t'accommoder de certaines zones d'ombres dans le scénario de ton fameux spectacle, mais crois-moi, c'est mieux ainsi. Enfin, envoie-moi un courrier quand il sera prêt, j'assisterai avec joie à ses premières représentations. Je serais vraiment curieux de voir une... projection fictive de moi-même, et des autres figures historiques de notre continent.

Il lui donna une petite carte sur laquelle était inscrite l'adresse postale de la lutherie d'Onpu. Ses coordonnées officieuses.

- Ça sera tout.

Cette fois, ce n'était plus une question. Il l'invita à sortir, non sans regret. Ce garçon lui inspirait presque confiance, sa sincérité et son apparente ingénuité le touchaient presque.
Avec un peu de chance, il remplacerait Zanshi et deviendrait son correspondant Sunajin. Le premier échange épistolaire avec Kyoshi Rei s'était révélé plutôt stérile et impersonnel ; les hautes sphères ne l'inspiraient décidément qu'à moitié...

HRP: