Ce matin là, alors que deux jours plus tôt, je tuais deux hommes et une femme, j’avais décidé d’aller méditer. Pour cela, je partis marcher dans le désert. Pourquoi un jeune partirait-il seul ? Car je connaissais l’emplacement de l’un des Oasis d’Eden. Vous allez donc surement me demander pourquoi je partais là-bas ? Et bien c’était dans le but de me soigner. Pas physiquement. Je n’avais rien. Mais j’étais traumatisé. La vue du sang me refaisait penser à la femme. Quand je vis un enfant tomber et se relever avec du sang coulant de son front, je cru plonger dans la démence. Je devais absolument méditer. Vider mon esprit comme on me l’avait appris. Je devais absolument oublier. Oublier ou sceller dans ma mémoire ce souvenir. Au moins l’éloigner. Prendre du recul en sommes. Je me mis en route donc. D’abord, il fallut traverser le village. Rien de plus aisé. Je le connaissais comme ma poche. Je montais donc sur les toits pour passer. Je souhaitais éviter la foule … Les gens avaient généralement peur de moi et de mon aspect. Je ne voulais pas rendre les mères plus hystériques qu’elles ne l’étaient déjà. Au contraire. Je voulais rester dans le calme le plus complet.

Rapide, je dépassais les murailles par le haut. Une fois en bas, je contournais la grande muraille. Cela fait, je me dirigeais plein nord. Je connaissais le chemin parfaitement. J’aurais pu y aller les yeux fermé. Après un bon kilomètre, je déviais légèrement vers l’ouest. Je devais juste avancer désormais. En passage, je vis quelques animaux assez rares et dangereux comme le scorpion blanc. Non mortel, son poison était pourtant très terrible car il simulait les symptômes de la mort. On découvrit il y a peu que le poison vous mettez dans un état de léthargie pendant une semaine. Imaginez-vous le nombre de personne qu’on a enterré les pensants morts à cause de cela ? Et bien … Je dirais beaucoup. LE nombre étant indéterminable. Bref. Je suis finalement arrivé à l’oasis. L’endroit était paradisiaque. Il était composé d’un cercle d’eau profond d’un mètre d’où sortait un rocher un peu plus haut que le sol dont le sommet est plat. C’est là que j’allais.

D’après des légendes, les sources d’eden étaient spéciales. Bien plus puissantes qu’un simple Ninjutsu Médical, elles aidaient ceux en ayant besoin par un moyen ou un autre. La première fois, c’est la famille de Tatou qui était là. Je considèrerais toujours que la source m’aida ce jour là. Après avoir posé mes habits sur le coté, et donc étant désormais en sous vêtements, je me baignais un peu. Cela fait, je me mis sur le rocher et je me mis à méditer.  Je méditais donc tout à fait tranquillement. Je repris chaque élément. J’avais certes tué des gens mais je n’en avais pas le choix. Alors que je commençais à me dire que se n’était au final pas ma faute, la phrase du premier homme me revint en tête. Des perles d’eau roulèrent sur mon visage et tombèrent dans la source. Quelques tremblements au souvenir de l’ultime soupir de ce dernier. Et puis je me calmais. Et au moment où j’avais enfin atteint le calme absolu, l’image de la femme se jetant sur moi pour se planter mon Kunaï à la gorge me revint en tête. Je tombais alors en arrière. Puis plus rien le noir. Serais-je en train de me noyer ? Ah non.

Je sentis l’air revenir dans mes poumons. Doucement, mais surement. Quand j’ouvrais les yeux, il y avait une jeune femme a coté de moi. Vachement grande, les cheveux cendrés, des habits assez légers … M’avait elle sauvé ? Ou étais-je sorti seul de l’eau sans m’en rendre compte ? Le plus simple était de demander. Il faut avouer qu’elle était plutôt mignonne.

« Excuse moi … Que vient-il de se passer ? »

J’allais me taire quand je me rendis compte qu’elle était du village et que je ne connaissais pas son nom et elle ne connaissait pas le mien.

« Au fait, je suis Netsu. »

Espérons que mon corps soit disant maudit ne lui fasse pas peur. Oreilles en pointes, yeux violets et cheveux blancs … Voilà qui habituellement faisait peur aux gens. A ma voix elle reconnaîtrait que je suis un homme.

Un succulent air de déjà vu.

Car ce n'était pas la première fois que l'adolescente sortait une bestiole de ce genre de l'Oasis. La dernière fois remontait à quelques années, avant l'Incendie de Cendre. Elle avait brillamment assommé un Kaguya avec une marque étrange entre les sourcils, marque qu'elle apprit être le symbole de Makka et de la partisanerie quelques mois plus tard. Ce souvenir était un peu comme un trophée pour elle.

Et là, la situation était à peine différente. L'homme – ou du reste la créature androgyne au visage efféminé et aux oreilles de diable – ne s'était juste pas débattu, il s'était simplement laissé couler. Elle n'avait même pas eu besoin de l'assommer ce coup-ci, quel dommage.

- J'vais te dire ce qui vient de se passer, Legolas. Tu viens de signer un séjour pour l'Ergastule.

Une enfant s'approcha. Elle ressemblait beaucoup à Tawako mais faisait deux têtes de moins.

- Tawie... tu m'avais pas dit qu'on pêchait des gens dans cette Oasis.

- Méfie-toi Rossu, c'est un Kirijin. Il peut faire sortir ses os de son corps.

Foudroyée par cette perspective effrayante, la petite se braqua et écarta ses bras. Des centaines de petits canaux de sang jaillirent de ses bras et les prolongèrent, comme pour créer des dizaines de griffes géantes. Elle se fit monstrueuse, fronça les sourcils, montrant les dents.

La grande Tawako, quant à elle, jubilait. Ses bras s'allongèrent brutalement de quelques mètres et s'étirèrent comme des serpents qui vinrent plaquer les bras et les jambes de Netsu au sol pour l'empêcher de se relever.

- Je suis Tawako du clan Akuzu. Et toi, tu es Kaguya Netsu, et tu es mon prisonnier.

- Mais Tawie, intervint la petiote, tu es sûre de ça ? Que c'est un Kagaya ou ch'ais pas quoi ?

- C'est une évidence ! Je reconnais cette petite marque colorée sur le visage.

- Mais je croyais que les Kaguya avaient deux points rouges au niveau du front... Je crois bien que celui-ci est un Sunajin, comme nous.

Tawie regarda Rossu. Puis Netsu. Puis Rossu. Puis Netsu.

- Ah.

Silence de quelques secondes.

- Tant pis. Ça sera quand même mon prisonnier ! Ahaha.

Rossu rangea ses griffes sanguines dans ses vaisseaux, et dévisagea sa sœur spirituelle avec un certain mépris malgré la différence d'âge.

- Tawie, t'es vraiment très très bête, tu sais.

Stop ! Elle m’avait prit pour un Kirijin ? Non mais c’était une blague ? Visiblement non. Un kaguya en plus ?! Elle était complètement cruche ou quoi ? Je puais le sable, comme quasiment toutes les personnes venant de Suna. Enfin … Puais, au sens où l’odeur de ce dernier était imprégnée en moi et dans mes habits. Enfin bref. Cela me faisait sourire. Elle parla alors des traits sous mon visage. Il ne s’agissait pas du tout d’un symbole de clan. Il s’agissait d’une divagation personnelle. Quelque chose de fort sympathique de mon point de vue. Mais après que ces traits m’aient fait passer pour une femme, il me faisait désormais passer pour un ennemi. Intéressant et bon à savoir.

Et puis quand elle se rendit compte que j’étais un allié, et qu’elle réaffirma mon statut de prisonnier, je ne pus m’empêcher d’exploser de rire. Elle était sérieuse ? C’était soit une folle soit une surexcitée. Dans tous les cas, elle serait intéressante. Enfin bref. Elle m’avait sauvé et, toujours allongé, je m’apprêté à la remercier. Ou plutôt à les remercier.

« Euh … Sans vouloir vous perturbez pendant votre discussion, merci de m’avoir sauvé. Ensuite, je ne suis le prisonnier de personne ! »

A ces mots, je tentais d’attraper la fameuse Akuzu Tawako pour l’envoyer dans l’oasis. Cela me fit rire. J’attrapais au passage la petite aux cheveux violets pour faire la même chose avec. Elle voulait un prisonnier ? Sincèrement ? Elle se frottait là à la mauvaise personne. L’avilissement me dégoutait plus que tout. Même pour rire. Je plongeais à l’eau et, une fois dans l’eau, je me rendis compte que depuis que je les avais rencontrés je n’avais plus pensé à mon aventure à l’Ergastule. C’était une grande avancée. Une très grande avancée. Je restais donc sous l’eau avant d’en sortir la tête en riant. J’avais l’impression que, peu à peu, le poids semblait s’alléger sur mes épaules. C’était comme une libération soudaine. Une chose des plus étranges.

« Et sinon, réellement, vous êtes qui ? Genin, Chunin ? Certainement pas jonin. Vous n’en avez pas l’allure et vous êtes trop jeunes. Surtout toi. Sans vouloir te vexer. »

J’avais jeté un coup d’œil à la petite en parlant. Il était possible qu’elle soit un ninja hors du commun. Possible mais improbable. Je l’avais vu faire des griffes en sang et la maîtrise de cet élément nécessitait un minimum de puissance. Un peu comme mes cendres qui étaient la source de ma capacité de combat et de mon style. Bref. Inutile de tirer de conclusions hâtives. Le temps saurait me donner des réponses. Alors autant attendre des mots.

Tawako n'avait pas vraiment eu le temps de comprendre ce qui lui était arrivé. Son prisonnier avait trouvé une combine, ou peut-être saisi un improbable moment d’inattention pour échapper à l'étreinte de l'adolescente et la balancer dans l'Oasis.

Sortant la tête de l'eau, elle entendit d'abord le gémissement de Rossu qui fit un vol-plané malgré elle également pour finir dans l'eau.

Plouf.
Oh, et re-plouf. L'elfe n'en avait pas eu assez, le petit chou supportait-il mal la chaleur du désert.

Rossu émergea à son tour.

- Ben voilà, tu l'as énervée, patate !

- Pas ma faute s'il a aucun sens du jeu.

Netsu sembla démentir cette affirmation, puisqu'aussitôt la tête hors de l'eau, il leur adressa la parole comme si son geste précédent avait été une petite blague.

- Ben euh... moi je suis pas encore gradée en fait. Et Tawako elle est ge...

Rossu s'interrompit quand elle vit que Tawako s'était approchée du garçon et qu'elle avait posé son bras autour de son épaule.

- Euh... Tawie ?

Elle ricana d'abord, les dents serrées. Puis son bras s'allongea et s'enroula autour du cou de Netsu comme un boa constrictor. Elle n'allait pas laisser son prisonnier lui filer entre les doigts aussi facilement, surtout si lui aussi avait envie de jouer.

- Je suis genin, mon cher ami. Mais ce n'est qu'une formalité, car mon sensei est le Kazekage en personne, vois-tu ? L'examen chûnin qui approche ne sera qu'une formalité pour moi.

Alors que son bras continuait de serpenter autour de la tête de sa proie et s'emparait de son menton, elle lui souriait d'un air faussement innocent. Ces belles paroles ne faisaient que mieux effacer les souvenirs du dernier examen de ce genre où son sensei précédent avait fait l'erreur de l'inscrire, au lendemain de la construction du village ; celui où elle avait lamentablement abandonné parce qu'elle refusait catégoriquement de se battre contre un étranger.

- Monsieur l'elfe aime nager, mais combien de temps tient-il sous l'eau ?

Aussi, après avoir totalement enroulé son bras extensible autour de la tête du pauve garçon, elle fit un geste vif de l'épaule pour flanquer la tête de Netsu sous la surface de l'eau. Un « splash » sonore accompagna les éclaboussures de l'eau sainte de l'Oasis.

Elle n'était pas sadique, c'était juste un jeu. Mais vu de l'extérieur, il plus dur de voir les choses ainsi... Rossu se plaqua la main contre le visage, affligée.

Une non gradée et une genin ? Intéressant. Très intéressant même. Un regard rapide mais tout se passa très vite. La fameuse Akuzu posa sa main sur mon épaule et cette dernière serpenta pour mettre ma tête sous l’eau. Comment avait-elle … Ah oui. Les Akuzu sont des gens légèrement extensibles. Mais extensibles à quel point ? J’étais donc la tête sous l’eau et je me suis rappelé du conseil de cette chère Rei : la force d’un ennemi est parfois son point faible le plus terrible. On allait rire. Elle voulait jouer ? J’étais un terrible joueur. Le genre fourbe qui fait tomber tout le monde. En sommes, un mauvais perdant. J’attendis donc le plus longtemps possibles. Cinq secondes. Vingt secondes. Une minute. Une minute trente. Et puis soudain, je concentrais mon chakra Haïton dans mes poumons pour utiliser une technique Haïton normalement trois à quatres fois plus efficaces mais je n’en avas pas besoin là :

« Haï no Kumo ! »

De dehors cela devait ressembler à un « Blublublu » mais qu’importe. Un tout petit nuage de fumée englobant ma peine ma tête et le bras de ma nouvel camarade de jeu se fit. Sauf que dans l’eau, cela ressemblait à de l’encre. J’en profitais pour me faufiler hors de l’étreinte de cette chère Tawie. Elle était fière de son entraîneur ? Moi aussi. Certainement bien plus qu’elle. Une fois la tête de l’eau et après quelques secondes à reprendre mon souffle je dis :

« Tu as été entrainée par le Kazekage ? Fort intéressant. J’ai mieux. Ce sont des Tatous qui m’ont entrainé. Oui, des tatous. Une belle est grande famille de tatous qui m’ont tout appris. Je suis heureux que tu n’ais pas peur de mon apparence habituellement effrayante à cause de ma différence. Mais bon. Venant d’un élastique vivant, cela m’aurait fait de la peine. Bref. Ou en étions-nous ? A oui ! »

Je sautais rapidement sur le promontoire central. Sur place, je concentrais mon chakra Raïton dans ma main. L’attaque que j’allais utiliser, et à cet échelle là, ne leurs ferait aucun dégât. Ce serait comme toucher un filet électrique ayant pour but de retenir des animaux de pâtures. Sauf, que ce serait toutes la parties inférieur du corps qui serait déstabilisée pendant quelques secondes. Je pensais alors à la gamine et en deux temps trois mouvements, je la sortais de l’eau avant de mettre ma main dans l’eau tout en étant en dehors :

« Attention chérie, ça va te griller. Rakurai ! »

Ma main s’illumina et un léger courant électrique se répandit dans l’oasis. Il devait, en toutes logiques, atteindre l’Akuzu et lui choquer les pieds ce qui la ferait tomber en arrière. Enfin si elle n’esquivait pas. Sortir la gamine de l’eau l’avait peut-être prévenu qu’un truc en rapport avec l’eau arrivait. Je souriais. Jouer en utilisant le ninjutsu pour se perfectionner était quelque chose de très constructif ! Constructif et, comme tout jeu, amusant. J'attendais donc, l'oeil vif et le regard attentif ...