Arrivé finalement à mi-chemin, Natsuki s'arrêta dans une niche qu'il trouva dans la parois rocheuse. Elle n'était pas bien large, juste assez de quoi tenir assit s'il se recroquevillait un peu, mais c'était suffisant, il n'était pas là pour profiter de la vue. Les yeux clos, il se préserva des rayons du soleil du matin, maintenant pleinement levé au-dessus de la cime des arbres de la forêt entourant Konoha. Seul retrouver son souffle lui importait, et reposer les muscles de ses membres endolorie par l'escalade. Il doutait qu'il soit bien vu d'escalader la falaise des Hokages, celle qui portait gravée en son sein les visages de tous les dirigeants successifs du Village de la Feuille jusqu'à l'actuel Hayashi Daiki, aussi il avait fait l'effort de contourner les portraits, en commençant son ascension dès l'aurore. C'était capital pour lui, il n'avait nulle part d'autre où se rendre pour s'essayer à la nouvelle technique qu'il préparait. Et ce n'était pas faute d'avoir essayé...

Le principe découvert par hasard au cours d'une mission, Natsuki s'était exercé dès son retour à Konoha avec assiduité, conscient du potentiel tactique et stratégique que pouvait lui apporter cette technique s'il parvenait à la maîtriser – si bien sûr, c'était seulement possible. Et comme il préférait la garder secrète pour le moment, il s'était entrainé dans la plus grande discrétion, dans des lieux assez peu fréquentés. Sauf que étant encore genin, et donc coincé à Konoha, il s'était vu très vite limité dans ses options : la forêt dense, la grotte placée non loin du terrain d'entrainement, ou le terrain lui-même de nuit. L'héritier Nara les avait essayé les trois, et aucun n'avait pu répondre à ses exigences. Sa maîtrise de son affinité naturelle, le vent, était encore trop précaire, trop incertaine pour ce qu'il essayait de faire. Il lui fallait un environnement complétement dégagé. Du vent, il y en avait partout, mais en trop faible quantité. Avant de parvenir à puiser uniquement dans sa propre ressource, il avait besoin de tirer sa puissance de la nature pour concrétiser sa technique. Ce n'est que progressivement qu'il pourra donc – théoriquement – l'effectuer dans des lieux où la force du vent présent sera de moins en moins fort. Mais pour le moment, il n'en était pas encore là, simplement à mi-chemin dans son escalade de la montagne des Hokages, le point le plus élevé et le plus dégagé qu'il avait pu trouver. Si le vent ne soufflait pas assez fort là haut, alors il pouvait tirer un trait sur la théorie de sa technique : elle serait tout simplement irréalisable.

S'essuyant le front, Natsuki inspira un grand coup. Il était temps pour lui de se remettre en route. C'était un pari risqué qu'il s'était lancé, en escaladant sans équipement la parois rocheuse, n'usant que de la force de son corps pour se tracter vers le haut. Surtout lorsque l'on savait qu'un chemin balisé permettait d'atteindre le sommet un peu plus aisément. Mais pour le genin tatoué, c'était une part de son entrainement, il en avait besoin. Durant les jours à venir, il pratiquera essentiellement des exercices psychiques, en cherchant à malaxer et modeler à sa guise son chakra, le mêlant d'abord à la nature, puis en puisant uniquement dans ses ressources. Ses capacités physiques risquaient donc d'en prendre un coup, et ce n'était pas quelque chose qu'il pouvait se permettre. D'une part par sa profession, et de l'autre par spécialité. Il était un combattant, un adepte du taijutsu entrainé depuis qu'il était capable de tenir sur ses jambes. En se ramollissant, il se mettait donc autant en danger qu'il faisait courir un risque important à ses coéquipiers de mission. L'un comme l'autre n'étaient donc pas des éventualités envisageables. L'escalade de la montagne offrait ici un bon compromis : échauffement musculaire idéale – quoi qu'un peu violent – et entretien physique. Un début de matinée voué au corps, et le reste de la journée à l'esprit. Et en cas d'erreur, le droit peut-être d'avoir son nom figurant sur le monument mémorial des Nara. Mais une vie sans tenter de repousser ses limites était une une existence sans progression, morne et fade.

Heureusement pour lui, l'ascension fut sa seule difficulté. Il ne connu pas de prises de dérobant sous ses doigts, le plongeant dans une chute vertigineuse, ou d'éboulis rocheux capable de l'assommer, lui assurant ainsi l'inconscience lorsqu'il formera plus bas une petite flaque organique. Aussi, lorsqu'il posa le pied sur l'un des points culminants du mont Hokages, il inspira grandement en profitant de la vue, fier de sa performance. Mais le temps n'était pas au repos : l'objectif de son entrainement n'était pas de gravir la montagne, là n'était que le début. Un court quart d'heure destiné à récupérer un peu de force lui fit le plus grand bien, tout comme l'eau qui coula dans sa gorge asséchée autant par l'effort que la poussière rocheuse qu'il avait avalé en chemin. Puis la pause bien méritée arriva à terme, il était temps d'attaquer le cœur de l'entrainement : atteindre un degré de maîtrise de son affinité naturelle avec le vent suffisant pour élever son corps au-dessus du sol – et à terme, voler aussi librement qu'un rapace en chasse.

En tailleur, Natsuki resta un long moment sur un rocher. Les mains liées, paumes vers le ciel, et les yeux clos, son esprit s'était fermé totalement sur l'extérieur. Seul le vent troublait son immobilisme total, en caressant sa chevelure bleutée et agitant ses vêtements au gré des courants. Le corps détendu, il inspirait calmement. L'air pur de l'altitude entrait dans ses poumons, amenant avec lui l'odeur de la roche humide, de la poussière, des fleurs, de la terre et de l'automne, puis filait entre ses lèvres deux fois plus lentement. Et tout comme l'oxygène qui filtrait dans ses bronches, le genin tatoué sentait le chakra qui parcourait son corps, circulant dans un réseau similaire au système lymphatique. D'abord passif, il s'efforçait simplement de prendre pleinement conscience de cette circulation, de la comprendre. Puis progressivement, il assurait une emprise dessus, lui imposant une direction, une vitesse de parcours, un lieu de canalisation. Parfois, il perdait le contrôle, parfois il ne parvenait même pas à l'imposer, parfois il l'exerçait mieux que d'autres. Mais au final, il savait que la patience était la mère de la réussite. Il savait que lentement mais sûrement, il habituera sa circulation d'énergie à sa volonté, élargira les réseaux pour accroitre le passage du chakra là où il en avait le plus besoin. Et les premiers endroits étaient sûr la plante des pieds et la paume des mains, lieux d'émission les plus évidents. Un entrainement nécessaire pour ajuster la dose et l'intensité exacte d'énergie requise pour sa technique d'envol, ni plus ni moins.

La notion du temps lui échappa entièrement, perdu dans sa concentration. Il fut ainsi incapable de dire combien d'heures s'étaient écoulées lorsqu'il se sentit s'élever légèrement au-dessus du sol, ni depuis combien de temps il l'était. Tout ce qu'il en retint, c'est que son derrière retrouva le dur contact du sol au moment où il ouvrit les yeux, réalisant qu'il flottait. Mais avec le recul, avait-il vraiment réussi ? N'avait-il pas simplement rêvé, perdu qu'il était au plus profond de son être, en interprétant une bourrasque de vent plus forte que les précédentes ? Difficile à dire, mais l'espoir qui naquit dans le cœur de l'héritier Nara fut suffisant pour lui donner la motivation de persévérer encore un peu. Il se donnait deux semaines. Si au bout de celles-ci il ne parvenait pas au moindre résultat, il admettra qu'il courait derrière une chimère.

La tête rocheuse de Daiki le regardait depuis la montagne aux Kage. Gravée depuis peu dans la roche, il l’observait avec une certaine gêne. Voir sa tête affichée ainsi à tous avait un rendu des plus étranges qui ne le mettait pas à l’aise. Malgré le fait qu’il se répétait de ne pas y faire attention, il ne pouvait s’empêcher de la regarder toutes les trois secondes pour se dire au final : « C’est moche ». Ou d’autres trucs du style. Il quitta donc le toit du Palais pour se rendre dans son bureau. Mais même là-bas, l’idée le hantait. Il ne tarda donc pas à retourner sur le toit pour observer tout ça. Ce spectacle le désolait presque. Il était perturbé par cette histoire ainsi que par la masse de travail qui l’attendait. Il ne savait que faire. Lorsqu’il entendit du bruit dans l’escalier. Son assistante arrivait.

D’un simple mouvement, il s’éleva dans les airs pour aller se planquer derrière une des colonnes s’élevant du toit. Il attendit sagement derrière l’une d’elles que son assistante dégage de l’endroit. Elle avait beau être gentille et toute mignonne en apparence, elle était un véritable démon et une machine de guerre sur le travail. Elle en faisait même peur. Si les ennemis de Daiki voyaient ce dernier à ce moment précis, il perdrait grandement de sa réputation et de sa crédibilité. Mais il n’avait jamais eu affaire à Atsue la Sanglante aussi. Cette femme pouvait réellement faire peur là-dessus. Mais maintenant qu’il l’avait fui, il ne pouvait réapparaître comme ça. Autant s’en aller pour de bon. Mais pour aller où ?

Tandis qu’il y réfléchissait, son regard fut de nouveau attiré par ses visages de pierre. Qu’est-ce que c’était moche ! Et en plus… Mais bon sang ! Daiki faillit se frapper d’avoir été aussi bête. Pour échapper à la furie qui l’attendait, il passerait un moment sur les hauteurs de Konoha. Personne n’allait là-bas et il y serait tranquille le temps de se détendre et de retrouver courage et motivation pour ses tâches administratives. Il s’envola donc vers les pics pour se poser au sommet de l’un des crânes. Il arrivait en haut, lorsqu’il se rendit compte qu’il n’était pas du tout seul.

Un garçon aux multiples tatouages et cheveux bleu clairs se tenait assis là. Difficile de dire ce qu’il pouvait faire là. peut-être n’avait-il même pas remarqué Daiki. On ne dirait pas en tout cas. Oh et puis après tout peu importe. Qu’il appelle à l’aide la Sanglante ou autre ça lui était égal. Sa promenade au grand frais valait le coup d’œil. Il regarda le village et la beauté du spectacle le stupéfia. Il restait abasourdi devant la richesse d’un tel paysage. Pour le coup, le garçon allait remarquer la présence de l’Hayashi maintenant puisque ce dernier se mit à parler à voix haute pour apostropher le garçon :

Quelle vue hein ? Qui aurait cru qu’il y avait ça « au-dessus de ma tête » sans que je n’en profite !J'imagine que c'est ce qui t'as amené ici, non ?

Remarque sur le fait que les visages étaient gravés sur la montagne se situant près du Palais. Les Hokage d’antan veillant ainsi sur l’Hokage actuel et lui prêtant la force la montagne pour les évacuations d’urgence en cas d’attaque. Une belle métaphore quand on y pense. Daiki y songerait pour son prochain discours. A condition qu’il s’en souvienne.

Dépliant ses jambes engourdies par la position de méditation prolongée, Natsuki se releva, et s'étira de tout son long, les bras bien haut. Quelques os craquèrent, et un frisson agréable traversa tout son corps. Motivé par son nouvel objectif, un sourire se dessina sur ses lèvres, tandis qu'il contemplait avec un regard de conquérant le Village de Konoha depuis son perchoirs.

« Non pas vra... » commença-t-il à répondre mécaniquement à la question qui lui était posée, avant de s'interrompre brutalement en réalisant ce qu'il faisait.

Tournant la tête vers la voix, il écarquilla les yeux en sursautant d'un bon mètre sur le côté, ce qui manqua de lui faire perdre son équilibre à la réception, et chuter lamentablement dans le vide. Il n'avait pas encore réalisé qui s'était adressé à lui, sa réaction étant uniquement dû à sa surprise. S'il avait choisit le Mont Hokage, c'était autant pour les fortes rafales de vent qui y soufflaient que pour la tranquillité, cette montagne étant vraiment très peu fréquentée, pour ne pas dire pas du tout. Aussi, complètement coupé du monde pendant sa méditation qu'il espérait le rendre capable d'affuter sa maîtrise du vent, il ne s'était absolument pas attendu à la présence de quelqu'un tout près de lui maintenant qu'il avait émergé. La stupeur ne fut cependant pas accentuée lorsqu'il identifia l'individu en question, qui n'était ni plus ni moins que Hokage actuel de Konoha. De toutes les personnes qui auraient pu le surprendre ici, Natsuki pensait être tombé sur la pire de toute. En espérant qu'il ne prenne pas trop personnellement le fait que le genin soit actuellement juché sur sa '' tête ''. Au ton de sa voix, non, mais cela ne signifiait pas grand chose : un sourire et un ton amical pouvaient cacher beaucoup, comme un poignard dans le dos. Remis de l'instant de surprise, Natsuki reprit ses moyens, s'éloigna un peu du bord, et salua Daiki en inclinant respectueusement la tête.

« Bonjour, Hokage Hayashi. »

Pour autant qu'il sache, il n'était nécessaire de s'agenouiller devant le dirigeant du Village que lors de certaines cérémonies officielles. Pour le reste, comme lorsqu'on le croisait dans le palais du Hokage ou lorsque lui-même s'occupait de distribuer certaines missions, seul le respect était de mise. Un peu comme maintenant. L'héritier Nara savait que Daiki n'était qu'un homme, tout comme lui, mais le statut et les exploits du passé de ce dernier ne l'autorisaient pas à s'adresser à lui comme il dialoguerait avec un ami ou un parent. Aussi, il répondit à la question qui lui avait été posée sans faire démonstration de plus de respect – ni moins d'ailleurs – que l'exigeait la situation :

« La vue est en effet magnifique Hokage, mais ce n'est pas le désir de profiter du spectacle du Village de la Feuille baigné dans la lumière du soleil qui m'a poussé à gravir la montagne. Je vous prie d'ailleurs de bien vouloir m'excuser si je me suis montré présomptueux en venant ici. »

Le genin se retint de tapoter de la pointe du pied le sol pour illustrer ses paroles. Si déjà c'était mal vu d'escalader la sculpture historique, il n'était pas désireux d'en rajouter une couche en piétinant la tête de l'une des figures emblématiques de Konoha.

« Non, si je suis venu ici, c'était pour... »

Encore une fois, la voix de Natsuki se perdit, mais de façon beaucoup moins soudaine. D'une part, parce qu'il ne voulait pas paraître ridicule en avançant l'idée qu'il essayait de voler, et de l'autre, car Daiki ne lui avait pas demandé de se justifier. Répondre à des questions non posées – implicitement ou explicitement - n'a jamais été une bonne chose, surtout pour des ninjas. Un mot de travers qui n'aurait pas dû être prononcé pouvait coûter la vie de beaucoup. Néanmoins, maintenant qu'il avait commencé... Peut-être cela allègera les charges contre lui ?

« Je cherchais un endroit calme, peu fréquenté et exposé au vent. »

Trouver l'un des trois n'était pas difficile : l'on pouvait compter dans l'ordre une chapelle, une grotte et le sommet d'un arbre. Cependant aucun des trois n'était adapté à la finalité de ce que l'héritier Nara désirait parvenir à réaliser, contrairement au Mont Hokage.

« J'essaie d'affuter mon affinité avec le vent. Je ne sais pas encore jusqu'où la maîtrise de celui-ci me permettra d'aller dans la création et l'utilisation de techniques, mais il j'espère que ce sera au moins assez pour ce à quoi j'aspire. »

Il espérait que cela suffise pour que Daiki le laisse s'en aller à si bon compte, mais il remarqua soudainement quelque chose qui ne pu laisser sa bouche close.

« Comment êtes-vous arrivé ici, Hokage ? »

Question en apparence anodine, et simplement emprunt de curiosité, elle prenait un tout autre sens pour quiconque était doué d'un minimum d'observation. Ce matin même, Natsuki avait prit plusieurs heures pour atteindre la position qu'il occupait actuellement. Il suffisait de le regarder pour le comprendre : les vêtements sales et poussiéreux, il avait de la terre jusque sur le visage, alors que la sueur qui l'avait maintenu avait désormais séché. Au contraire, Daiki était lui encore très propre sur lui, avec une tenue immaculée. Un peu comme s'il était apparu de nulle part, atterrissant simplement ici sans effort. Même s'il avait emprunté un autre chemin que l'escalade, le terrain poussiéreux que le vent balayait sans cesse l'aurait sans aucun doute salit durant l'ascension. Et même pour un ninja de légende tel que lui, simplement bondir de son palais jusqu'au sommet paraissait être une idée absurde pour l'héritier Nara. L'espoir qu'il avait d'entendre une réponse particulière était tout aussi absurde cela dit. Mais ladite réponse pouvait très bien lui prouver que son projet n'avait rien d'impossible.

Le garçon n’avait pu que remarquer la présence de son Kage suite aux mots de ce dernier. D’abord plus inspiré par une réponse que par sa présence, il avait finalement interrompu sa réponse en s’apercevant de ce qu’il se passait. La situation fit doucement sourire l’Hayashi. Suite à quoi vinrent les formules de politesse inhérentes au titre de Kage de ce dernier. Lui qui n’était pas fan de ce genre de choses, il avait dû s’y plier au fur et à mesure. Une habitude à prendre au final. Pour ça aussi que sa rencontre avec le Raïkage lui avait laissé une si bonne impression puisqu’ils avaient pu parler d’égal à égal.

Mais ce n’était pas le sujet de cette conversation. Apparemment, le garçon n’était pas venu ici pour la vue. Il s’excusa d’ailleurs au cas où cet acte ne soit mal vu. Daiki n’y avait pas pensé mais il est vrai qu’ils se trouvaient sur le crâne des Kages. Niveau symbolisme c’était pas terrible de dire qu’on piétine la tête des ancêtres. Enfin, ancêtres. Façon de voir bien sûr puisque deux de ses ancêtres étaient encore à Konoha et n’étaient pas si rouillés au final. D’un signe de tête imprimant une négation, le Renard rassura le jeune homme qu’il n’y voyait pas d’offense. Il ne fallait pas tout le temps voir le symbolisme de tel acte et savoir reconnaître l’insouciance dans certains actes lorsque cette insouciance était sincère. C’était là le plus dur en réalité.

En tout cas, le garçon commença à expliquer ce qui l’avait amené ici. C’était assez flou. Du moins en premier lieu. L’explication se précisa et s’affina ensuite. Le shinobi voulait affuter sa maitrise du Fûton. Daiki aurait pu l’y aider étant donné qu’il pouvait manier cet élément. Mais ce garçon semblait avoir une idée bien particulière que l’Hokage ne pourrait satisfaire. Mais sans en demander un peu plus, il ne saurait pas. Il laissa néanmoins cette interrogation pour plus tard. Pendant ce temps, le garçon tatoué ne se gêna pour en poser une autre. Comment Daiki était arrivé ici. La réponse risquait de l’intéresser étant donné l’objet de sa présence ici. C’est donc dans un sourire que l’Hayashi lui répondit :

Par le Fûton justement. Une dose de chakra concentrée dans la plante des pieds et vous voilà maître des airs ! Enfin si l’on peut dire. Mais cette affinité nécessite pas mal de travail et d’entraînement donc tu as bien fait de venir t’entraîner ici. Mais une question me taraude néanmoins. Tu as une idée précise de ce que pourrait t’apporter le Fûton ou pas du tout ?

Tant qu’à faire, il avait fini par demander. Sait-on jamais s’il pouvait l’aider dans sa quête d’apprentissage. C’était aussi le rôle de l’Hokage de guider ses hommes et de les aider dans leur entreprise. Si l’un d’eux désirait s’entraîner et qu’il pouvait l’y aider, il devrait le faire sans aucune hésitation. Voilà pourquoi il s’informait autant auprès du garçon. Mais avant que le garçon ne réponde, une question plus importante vint à l’esprit du médecin et sa langue la traduit bien rapidement à l’oral :

Au fait, tu sais qui je suis mais je n’ai aucune idée de la personne à qui j’ai à faire pour ma part ! Tu es ?

Un sourcil haussé à l'écoute de la réponse, Natsuki ne sentit que son sourire s'élargir, avant d'éclater d'un rire franc, qu'il ne pu contenir. Ce n'était pas vraiment l'attitude modèle à adopter face à un Hokage – ni même envers qui que ce soit méritant un minimum de respect – mais le mal était fait. Il reprit néanmoins très vite ses moyens, et la bouche couverte d'une main pour endiguer le flot, se redressa. Essuyant la larme perlant à son oeil du doigt – ce qui ne fit que l'irriter avec la poussière – il toussota, et reprit la parole :

« Toutes mes excuses Hokage. C'est juste que... en une phrase, vous venez de combler toutes mes attentes. Je ne pouvais en espérer plus. »

Il reprit alors une posture de respect, et s'inclina à nouveau :

« Je manque de politesse à bien des égards aujourd'hui, il semblerait. Je me nomme Natsuki, du clan Nara. »

Pour le coup, il n'avait pas fait vraiment honneur à son clan par son comportement, lui qui d'ordinaire tend plutôt à faire la fierté des siens. L'on a jamais deux fois l'occasion, de faire une première bonne impression. Après avoir piétiné la symbolique des anciens Hokage, rit au nez de Daiki et ne pas s'être présenté derechef, autant dire que de ce côté là, c'était plutôt plié pour lui. Détournant alors le regard, pour le poser à nouveau sur le Village de la Feuille, il prit un instant pour réfléchir à ses mots : le Hokage attendait toujours une réponse.

«Oui. Voler. » répondit-il en hochant la tête.

Puis, après une courte hésitation, il expliqua sa démarche, bien que cela ne lui avait pas été demandé.

« Il y a une semaine, j'ai découvert l'idée, complétement par hasard, au cours d'une mission. J'ai été projeté de l'arbre où je me battais, et promis à au moins une belle fracture au vue de la hauteur. Mais sans savoir comment, j'ai senti que ma chute a été ralentis. Comme si un contre-courant m'avait, l'espace d'un instant, figé dans l'air. En plein combat, je n'ai pas eu le temps de me pencher sur le comment du pourquoi, mais par la suite, j'ai eu tout le loisir de revoir ce passage en me remémorant le combat – je le fais toujours pour analyser ce qui m'a fait défaut. Ce n'était alors qu'une intuition, mais j'avais le sentiment que mon doigt s'était posé sur quelque chose, quelque chose que je ne voulais pas laisser s'échapper. C'est donc tout naturellement que je l'ai gardé dessus, et commencé à creuser la question : '' venais-je réellement de projeter suffisamment de chakra pour me propulser ? ''. L'idée apparaissait comme absurde, aussi j'ai préféré ne pas la crier sur tous les toits. Un Nara qui profère des inepties, ce n'est pas vraiment ce qu'il y a de mieux pour l'image du clan. J'ai donc travaillé dans mon coin. N'ayant rien trouvé dans les livres, je suis immédiatement passé à la pratique. Et après une poignée d'essais, je me suis dit que ce serait ici le mieux. »

Natsuki leva doucement les mains, comme si un ruban reposait dans ses paumes ouvertes. Le vent soufflait toujours, agitant ses cheveux qu'il n'avait pour une fois pas attaché.

« Ma maîtrise de mon propre chakra est encore trop imparfaite pour que je puisse me reposer entièrement dessus. Mais comme pour n'importe quelle technique élémentaire, il est plus simple de s'exercer là où l'élément correspondant est présent en quantité abondante. Et nulle part d'autre à Konoha souffle un vent de cette intensité. »

En passant la main dans ses cheveux bleu terne, Natsuki afficha à Daiki un sourire mi-gêné, mi-amusé.

« Peut-être aussi que j'espérais que la sagesse des précédents Hokage coule en moi, et me montre la voie. »

Pieu mensonge, qui tenait davantage du trait d'humour. Natsuki était plutôt du genre très terre-à-terre, il ne croyait donc pas aux esprits, ce qui ne l'empêchait pas de se prêter à la plaisanterie.

« En toute honnêteté, je ne savais pas si c'était possible. De voler je m'entends. J'étais simplement venu ici pour essayer, et abandonner si mon projet s'était révélé être une chimère. Aussi, vous pouvez comprendre mon amusement, lorsque la vérité ne m'est pas venue de la pierre, mais de la chair. »

Natsuki faisait ici allusion aux anciens dirigeants de Konoha - gravés dans la roche -, dont il était prétendument venu quérir les conseils, pour que au final ce soit un Hokage de chair et de sang qui lui apprenne qu'il ne courait pas '' après du vent ''.

« C'est pourquoi vous avez tous mes remerciements, Hokage. »

Il lui avait déjà expliqué pourquoi, mais ne l'en avait pas encore remercier, bien que le geste – ou plus exactement la parole ici – était involontaire. En une seule phrase, Daiki l'avait gonflé d'énergie, bien davantage encore que quand il avait cru '' léviter '' moins d'une demi-heure plus tôt. Son dirigeant venait de lui offrir l'espoir, la certitude que lui aussi pouvait y arriver. La mention que l'exercice était par contre très difficile ne le rebuta en rien : Natsuki n'était pas connu pour s'arrêter à la moindre contrainte, bien au contraire. Analyser, comprendre le problème pour ensuite y apporter la meilleure solution possible lui était aussi plaisant, sinon plus, que la réussite en elle-même. '' Le voyage est riche d'expérience, et apporte souvent bien plus que l'arrivée. '' lui avait enseigné son père. Si le sens de la citation était on ne peut plus connu, il était aussi tout autant véridique. Cela dit, tous les voyages ne s'effectuent pas seul. Un sourire de reconnaissance sur les lèvres, Natsuki riva son regard sur celui de Daiki, et formula sa requête :

« Hokage, serait-ce abuser de votre sagesse et de votre temps en vous demandant quelques conseils pour parvenir à mes fins ? »

Là était une demande que l'on pourrait aisément qualifier d'audacieuse. Néanmoins, d'un point de vue plus pragmatique, l'héritier Nara ne lui demandait pas plus que quelques instants. Aiguillé dans le bon sens, il était certain d'y parvenir par ses propres moyens ensuite. Et si Daiki était présentement sur le Mont Hokage avec lui, c'était sans doute qu'il n'avait rien de mieux à faire – ou  envie de faire.

Le Nara finit par se présenter et il expliqua même avec beaucoup de détails et de précisions ce qu’il entendait par le fait d’affiner sa maîtrise du vent. Le Fûton était une affinité très utile et potentiellement dévastatrice dans bien des cas. Il n’y avait pas plus efficace en combat. Surtout quand on est adepte du Taïjutsu. Daiki pouvait le dire même s’il n’était pas non plus un grand expert en la matière. Mais il savait néanmoins l’utiliser en Ninjutsu à des fins plus qu’utiles. C’était d’ailleurs comme ça qu’il était parvenu à voler jusqu’ici. Une aubaine pour le dénommé Natsuki.

Les explications de ce dernier étaient incroyablement détaillées et précises. Rien d’étonnant pour un Nara. Leurs capacités cognitives et d’analyse étaient sans égales. Daiki avait éclaté de rire la première fois qu’il avait entendu une rumeur sur le fait qu’il ait disputé une partie de shogi avec un Nara et comme quoi il aurait réussi à lui tenir tête. Par simple esprit joueur, il avait toujours détourné le sujet sans jamais confirmer la moindre des versions. Et laquelle était vraie en réalité ? Ah bonne question… Hors de question de dévoiler ça ici ! Ce serait comme mettre fin à cette rumeur devenue une mini légende. Quel gâchis vous en conviendrez !

Au final dans toute cette histoire, il s’était montré hilare en apprenant que le rêve qu’il poursuivait était possible et que son propre Kage venant à peine de le rencontrer maîtrisait un tel jutsu. Il s’en était montré tellement hilare qu’il avait tout simplement ri de bon cœur. Une réaction qui avait fait sourire le médecin au passage. Et le discours du Nara se termina par une demande à laquelle il fallait s’attendre. Daiki n’était pas né de la dernière pluie et il avait bien perçu où mènerait cette conversation au final. Cela ne l’ennuyait pas et il avait laissé le jeune Natsuki en venir au sujet qui les intéressait. Suite à sa demande maintenant clairement formulée, l’Hokage posa son séant sur le sol et observa Natsuki. Puis il prit finalement la parole :

Qui serais-je à part un mauvais Hokage si je n’aidais pas l’un de mes soldats à se perfectionner ? Bien sûr que je peux t’aider à parvenir à ton but !

Et avant même que le Nara ne puisse dire quoique ce soit, Daiki enchaina en reprenant la parole :

Commençons par le plus important. Il faut que tu travailles sur la concentration de ton chakra. Montre-moi ce que tu es parvenu à faire jusque-là et j’aviserais pour voir ce qu’il te manque.

Daiki posa les coudes sur ses genoux alors qu’il était assis en tailleur et ses mains vinrent se joindre sous son menton pour observer le garçon. Pas le cadre le plus reposant et le plus idéal pour s’entraîner mais après tout il fallait bien commencer par quelque part.

Un nouveau sourire s'afficha sur les lèvres de Natsuki, mais celui-ci paraissait sans joie. Pour la seconde fois, et toujours involontairement, Daiki venait de lui confirmer par ses mots un sentiment dont il était depuis longtemps persuadé. Un sentiment issu d'années d'observation du système dans lequel il vivait. Un sentiment exprimé à un ancien Hokage qui ne lui avait pas fourni de réponse, mais qui de la bouche de l'actuel avait tout autant de valeur, voire plus. En ce jour, l'héritier Nara n'avait plus moyen d'en douter maintenant. Ce n'était ni un poids, ni un regret, mais il pouvait désormais vivre avec ce concept avéré, jusqu'alors seulement une idée présumée.

« Merci. » répondit-il en hochant la tête pendant que le Hokage se mettait à son aise pour l'observer, bien que le remerciement ne s'adressait pas seulement à la coopération présente.

La position étant plus pratique pour lui aussi, le genin tatoué l'imita, et s'installa en tailleur à environ un mètre de lui. Sans perde davantage de temps, il tendit sa main gauche en direction de Daiki, la paume orientée vers le ciel, si ouverte que ses doigts en blanchirent. Une petite tornade de la taille d'un pouce se forma alors au centre après un bref instant. Manifestation sans prétention, elle n'avait d'intérêt que de montrer que Natsuki était capable d'un minimum de maîtrise sur son affinité naturelle.

« Pour le moment... » expliqua-t-il « … j'arrive à convertir mon énergie physique en énergie élémentaire, et à la manifester sous différentes formes. »

Le poing sur lequel ne figurait aucun tatouage se referma brutalement, ce qui souffla la tornade comme l'on éteint une bougie, et frappa ensuite le sol. Dès qu'il entra en contact avec la roche, une sorte de dôme de vent s'éleva, et enveloppa le ninja – qui tenait à peine dedans – de façon continue. D'apparence violentes, les rafales ne soufflaient pourtant pas assez fort pour que Daiki puisse les sentir, lui qui était si proche. S'il fermait les yeux, il ne se rendrait sans doute même pas compte qu'une technique de vent venait d'être lancée.

« Que ce soit en énergie destinée à protéger... » commença-t-il avant de relâcher sa main, ce qui entraina l'arrêt de la technique. « … ou renforcer. »

Joignant le geste à la parole, Natsuki ramassa une petite pierre, et la leva à hauteur d'œil entre son pouce, son index et son majeur. L'instant d'après, une sorte d'aura semblait en émaner, prenant la forme d'une lame. D'une lame de vent. Il était inutile qu'il la lance : l'Hokage avait sans doute déjà vu au cours de sa vie ce qu'il advenait des projectiles dans lequel l'on insufflait du chakra convertit en énergie. Il coupa alors les valves, et lâcha la pierre qui chuta au sol comme n'importe laquelle de ses congénères rocheuses.

« Quant à l'énergie destructrice... »

Après quelques mudras, le genin posa ses coudes sur ses cuisses, les mains en forme de demi-sphère l'une en face de l'autre espacées d'une dizaine de centimètres, et se concentra. Une sorte de rafale de vent circulaire commença à se former entre les paumes après quelques instants, mais l'énergie se dispersa tout aussi vite, produisant l'effet d'un pétard mouillé. Il soupira alors, puis passant une main dans ses cheveux, il adressa un sourire à Daiki, comme si son échec n'avait pas d'importance.

« Il faut croire que je suis un meilleur combattant que lanceur de technique. Mais je m'entraine. Celle que je viens d'échouer n'en est qu'au stade d'apprentissage, je ne la maîtrise pas encore. Cela dit, j'en suis donc à là. Je sais convertir mon chakra, et user de la nature environnante pour ne pas avoir à puiser entièrement dans mes seules ressources. Je suis aussi capable de faire émaner cette énergie par mes paumes, et par mes pieds – même si j'ai préféré escalader le Mont Hokage sans y avoir recours pour des raisons qui m'arrangeaient. A terme, il doit être possible d'y arriver au travers de tout le corps, mais pour ce que j'en ai compris, ce n'est pas un prérequis nécessaire pour maîtriser la technique dont il est question. La propulsion vient des pieds – et éventuellement des mains -, pas du reste. Jusqu'à ce que vous arriviez, je m'exerçais au contrôle de la circulation de mon énergie, afin que le réseau chargé de la faire affluer soit plus efficace là où j'en ai besoin. Les pieds donc... »

La dernière phrase ne fut qu'un murmure pour lui-même, qu'il souffla alors qu'il se levait. Reculant de deux pas, il se tint bien droit, ferma les yeux, et joignit les mains en signe quelconque. Il passa plusieurs poignées de secondes à se concentrer, à reprendre son exercice précédant pour imposer à son chakra d'affluer vers ses jambes, puis ses pieds. Le canaliser dans un membre, il savait le faire : c'était l'un des basiques que chaque parent ninja apprenait à son rejeton, et qui sera sans doute enseigné en cours quand l'Académie de Konoha ouvrira. Il y avait cependant une différence entre modeler son énergie pour adhérer à une surface solide - puis plus difficile liquide - et s'élever dans les airs. Pour le moment, tout ce dont parvenait Natsuki était de renforcer ses deux jambes, les emplissant de chakra comme pour se rendre capable de bonds prodigieux. Or ce n'était pas cette sensation de puissance qu'il devait ressentir. Du moins le supposait-il.

Abordant alors le problème autrement, il tenta de convertir son énergie, grassement aidé par les rafales du vent d'altitude, comme s'il cherchait à recourir à sa technique du dôme précédant, mais avec ses pieds. La finalité n'était pas la même, mais si c'était de fûton dont il avait besoin dans la plante de ses pieds, la procédure était identique. Une minute s'écoula pour le genin, peut-être deux, dans un immobilisme total. Discipliné de corps comme d'esprit, il ne pouvait cependant contenir la sueur qui commença à perler le long de sa tempe. Même si en apparence il ne faisait rien d'éprouvant physiquement, gérer et malaxer son énergie intérieur était une tâche ardue, et à terme épuisante mentalement.

Dans un soupir, il ouvrit les yeux tandis que ses bras tombèrent mollement avant de se réceptionner sur ses hanches. Il n'était même pas sûr d'avoir décollé d'un centimètre. Mais loin d'être démotivé, il plongea son regard sur son formateur du jour.

« Conduire l'énergie jusqu'à mes pieds ne me fait pas défaut, mais je coince à partir d'ici. Sous quelle forme dois-je amener mon chakra pour parvenir à un effet de propulsion ? »

Parler de '' forme '' ici était très imagé. Il s'agissait davantage de la façon dont l'on ressentait l'énergie en soi. En effet, elle ne se '' modelait '' pas de la même façon pour lancer une boule de feu que pour dresser un mur de terre. Néanmoins, ce n'étaient pas des termes étrangers dans le langage qu’employaient les formateurs lorsqu'ils conseillaient leurs élèves.

Lorsque le Nara fit étalage de ses capacités dans l’affinité Fûton, Daiki observa chacun de ses gestes. Ils allaient lui en apprendre plus que les paroles du garçon que le médecin continuait d’écouter malgré tout. Des gestes méthodiques et nets. Aucun mouvement inutile. Certainement le sang Nara qui coulait dans ses veines. Après si c’était de la flemme naturelle ou un de la stratégie poussée à l’extrême, difficile à dire ! Il continua en tout cas de l’écouter et d’observer. Il put voir que le Nara avait un arsenal assez complet dans le domaine. Pour Daiki qui n’était pas un grand utilisateur de cette affinité, il pourrait s’en inspirer.

Après toute cette présentation, Natsuki en revint au sujet principal et il se mit à réessayer de nouveau. Un bon moyen de voir où il en était. Il resta debout pendant un moment, puisqu’il s’était assis peu après l’Hayashi, et ferma les yeux pour se concentrer. On pouvait lire toute son application et son assiduité dans son visage fermé pleinement concentré dans la tâche très particulière et difficile de voler. Daiki ne prononça le moindre mot et ne bougea pas d’un cil pour ne pas perturber le garçon. Il attendait donc de voir les résultats de cet entraînement. Mais rien ne vint. Le garçon rouvrit les yeux et l’Hokage comprit que c’était là que le jeune homme s’était arrêté.

Natsuki posa la question à Daiki de savoir sous quelle forme il devait expulser le chakra sous la plante de ses pieds pour parvenir au résultat escompté. C’était une bonne question et il était difficile d’y répondre. Daiki resta un moment à fixer le sol. Son esprit réfléchissait pour retrouver la sensation qu’il avait en volant avec son chakra et à quoi il pouvait comparer ça avec quelque chose de déjà existant. Il resta ainsi un moment à retourner les moindres recoins de son esprit dans tous les sens pour trouver une réponse lorsqu’il finit par trouver. Un sourire aux lèvres, il se releva et déposa sa main au sol pour poser un sceau. Après quoi il s’approcha du garçon et déposa sa main sur son épaule. Sans que le Nara ne puisse dire quoique ce soit. Le paysage se volatilisa pour faire place aux abords d’un lac en milieu de forêt. L’endroit était marqué du sceau de l’Hiraishin de Daiki. C’était ici qu’il venait se ressourcer ou s’entraîner à certains jutsus.

Une fois au bord de l’eau, il relâcha l’épaule du garçon à qui il tourna le dos le temps d’avancer sur l’eau. Une fois au milieu du petit étang, il se retourna et fit signe au garçon de le rejoindre. Il y avait de fortes chances qu’il comprenne avant qu’il ne revienne sur le Mont Hokage. Mais la pratique était nécessaire et évitait des explications futiles et difficilement compréhensibles dans certains cas. Il laissa le temps à Natsuki de le rejoindre et, lorsqu’ils furent face à face, il reposa de nouveau la main sur son épaule. Ils étaient de retour sur les hauteurs de Konoha. Daiki reprit sa place assise près du sceau qu’il avait posé. L’Hiraishin était vraiment pratique. Mais gourmand en chakra. Il souffla un instant pour en revenir à l’essentiel et s’adresser à son élève intérimaire :

Alors, tu as compris où je voulais en venir ?

Les mots semblaient manquer à Daiki. Il avait l'idée, cela se lisait sur les traits de son visage, mais pas la juste formulation pour l'exprimer. Aussi, il y renonça après un moment de réflexion. Natsuki le vit alors apposer un sceau à même sol, et comprit que ce n'était pas avec des mots qu'il allait devoir comprendre, mais avec un exercice pratique. Il passa outre le caractère douteux qu'était l'apposition d'une marque sur la tête rocheuse de l'un des anciens Hokages, cela ne le regardait pas. Si Daiki, l'actuel dirigeant de Konoha, l'avait fait, c'est qu'il pouvait se le permettre. Il resta alors immobile lorsque son formateur s'approcha de lui, et posa une main sur son épaule. Il s'attendait à beaucoup de chose – se faire jeter de la montagne en faisait partie – mais pas à la technique à laquelle recouru Daiki. S'il avait cligné des yeux pendant, il n'aurait d'ailleurs même pas  comprit ce qu'il venait de lui arriver : en un instant le paysage avait changé du tout au tout, troquant le mont qui surplombait Konoha par un lac entouré d'une forêt. Enfin, ce n'était pas tant l'environnement qui s'était transformé, mais plutôt les deux ninjas qui s'étaient déplacés. L'héritier Nara comprit alors la nature du sceau qu'avait formé le Hokage : une marque de déplacement instantanée. La technique était impressionnante. Non ps esthétiquement – ce n'était visuellement qu'une disparition – mais pour le tour de force qu'elle représentait. Avec elle, les distances perdaient tout leur sens, visiter un autre pays et revenir pour le déjeuner devenant aussi facile à réaliser qu'une promenade dans la cour de sa maison. Néanmoins, Natsuki s'en doutait, il devait y avoir des limites, que ce soit la distance maximum à laquelle un sceau devait être pour servir de balise, ou le nombre de personne pouvant être transporté à la fois. Il n'avait cependant pas le temps d'être impressionné. D'une part parce qu'il savait que ce genre de technique existait – bien qu'il n'en avait jamais vu – et de l'autre car il avait mieux à faire : la leçon continuait.

En silence, Daiki marcha en direction du lac, et poursuivit sa route sur les eaux une fois le bord franchi. Si le spectacle aurait pu être impressionnant il y a deux mille ans, il faisait maintenant partie du quotidien pour les shinobis. Pourtant, Natsuki se montra très attentif au moindre fait et geste de son Hokage. Les professeurs ont quasiment tous la même façon d'enseigner : ils font une démonstration, ou montrent quelque chose sans dire ce que c'est, puis laissent leurs élèves réfléchirent sur ce qu'ils viennent de voir. Paresse et/ou sadisme en apparence, Natsuki trouvait pourtant cette méthode très sensée : l'on ne s'approprie au mieux une connaissance qu'en ayant longuement travaillé dessus par ses propres moyens. Aussi, dans l'hypothèse très probable où Daiki ne lui donnera aucune explication, l'héritier Nara avait tout intérêt à ne pas le perdre de vue. Il l'observa alors user de sa marche sur l'onde, déversant en continue son chakra dans l'eau. Chaque pas générait des remous en forme de cercles mouvants, jusqu'à ce que l'Hokage s'arrête au milieu du lac, et signale à Natsuki qu'il pouvait le rejoindre. Avant même d'avoir mit le premier pied devant l'autre, le genin tatoué savait où son mentor du jour voulait en venir. Il ne s'était donc pas trompé en reliant l'exercice du vol à celui de la marche sur une étendue d'eau. Imitant alors Daiki, il posa son premier pied à la surface du lac, et y fit affluer son énergie avant que le deuxième ne le rejoigne. La pratique de cette technique ne lui posant aucune difficulté, il se montra aussi apte à rester à la surface que s'il se tenait sur la terre ferme. En quelques pas, il atteignit à son tour le centre du lac où l'attendait Daiki, qui les fit aussitôt regagner le Mont Hokage de Konoha. L'effort avait visiblement coûté à son formateur, car il dû prendre un instant pour souffler avant de poser une simple question. En toute réponse, Natsuki hocha la tête.

« Un ninja apprend très tôt à marcher sur les murs. Ce n'est qu'une fois cette aptitude maîtrisé qu'il passe à la marche sur l'onde, un peu plus difficile. Le vol n'est donc que l'étape suivante, avec la même procédure de base. »

Il ne se sentait pas le besoin de préciser que, s'il n'y avait qu'une marche entre la première et la deuxième étape, c'était près d'un étage, voire deux, qui séparait la deuxième de la troisième. Daiki le savait, et lui en était maintenant persuadé. Mais aussi haut que l'obstacle soit, il ne le serait jamais assez pour l'empêcher de le franchir. A son tour, il prit quelques instants pour réfléchir à la meilleure façon de procéder. Quelle était la différence fondamentale entre marcher sur une surface solide et une avec une résistance moindre ? La quantité d'énergie à délivrer. La forme était presque la même pour les deux, mais la densité drastiquement plus importante. Dans le premier cas, il s'agissait d'une faible quantité de chakra à modeler pour pouvoir adhérer à une parois. Dans le second cas, c'était l'inverse : la quantité de chakra, plus importante, était façonnée pour repousser. En toute logique, comme avait sans doute voulu lui faire comprendre Daiki, voler était la même méthode, mais avec davantage d'énergie à déployer.

Reprenant une posture similaire à celle d'avant leur départ du Mont Hokage, Natsuki retourna dans une transe méditative. Les yeux clos, il commença par donner forme à son chakra, puis à l'extérioriser par la plante de ses pieds, comme s'il cherchait à tenir sur une surface d'eau. Il ne suffisait pourtant pas d'ouvrir simplement les valves, et de maximiser le débit. S'il ne fallait pas plus que du chakra brut, n'importe qui serait capable de voler. C'était donc dans la nature de son énergie qu'il devait puiser la force de propulsion : la puissance du vent. Faisant le tri, il maximisa son élément sous ses pieds, comme lorsqu'il chargeait ses armes en chakra. La difficulté résidait alors ici : amener le vent sous ses plantes comme lors de l'insufflation, alors qu'il fallait que celui-ci ait la même '' forme '' que pour marcher sur l'onde. Une sorte de combinaison entre les deux techniques. Il n'y avait pas que des contraintes pour Natsuki cependant. Le Mont Hokage n'avait en effet pas été choisit pour rien : le vent y était très présent, ce qui lui facilitait une partie du travail. De nombreuses gouttes de sueurs se mêlèrent à la poussière collée sur son visage, au fur et a mesure qu'il malaxait son énergie. Puis finalement, il ouvrit brusquement les yeux, et animé d'une pulsion sans nom, il bondit en hauteur. Le saut l'amena à s'élever d'un bon mètre, mais ce n'était rien de prodigieux pour un shinobi entrainé. Ce qui était intéressant à voir n'était de toute façon pas le bond, mais la chute qui suivit. Plutôt que d'atterrir de tout son poids, Natsuki retomba au ralenti. Stable l'espace d'une seconde, il commença ensuite à patiner comme s'il dérapait sur de la glace, avant de tout bonnement s'écrouler à plat dos sur le rude sol rocailleux. Pourvut que l'Hokage en question n'ait rien senti... Sa réception ne l'empêcha cependant pas de lâcher un rire de satisfaction.

« J'ai réussi. »

Prétendre qu'il avait réussit était comme de dire qu'un jeune archer pouvait se prétendre accompli sitôt que sa flèche atteint pour la première fois sa cible de bois. Mais il ne s'attendait pas à réussir dès le premier jour. Il avait maintenant la méthode, seule la maîtrise lui manquait désormais.

« Merci Hokage. »

Daiki lui avait fait gagner facilement deux semaines d'exercices. Il n'avait plus qu'à s'entrainer. Un entrainement qui risquait de lui prendre bien plus de temps encore, mais la pratique et la persévérance étaient à son goût un noble tribut à payer pour l'accès à la puissance. Bien plus que la santé mentale, comme l'avaient choisi certains... Pour lui, le voyage comptait autant que la destination.