Ordre de mission:

Natsuki accueillit presque l'ordre de mission que lui passa Yuri avec un sourire. Depuis son opération au bras, il n'avait plus eu l'occasion de travailler pour le compte du Village. Cela faisait deux semaines maintenant que les dernières broches avaient été retirée. Avec la rééducation, son bras avait retrouvé la quasi-totalité de ses facultés initiales. Peut-être un peu légèrement moins musclé que l'autre – et non pour des raisons qui sauteraient à l'esprit de beaucoup... - , ce n'était qu'une affaire de temps avant que son membre blessé redevienne identique à l'autre. Assit à la terrasse d'un bar, il vérifia le contenue de l'enveloppe, laquelle contenait un second morceau de papier plié qu'il glissa sous ses doigts, et lu à son tour l'assignation qui leur avait été confié. L'objectif lui arracha un sourire : ou les deux genins avaient de la chance, ou les hautes sphères de Konoha avait entendu parlé des talents culinaires de Natsuki. Car si ce n'est un ninja avec l'odorat très fin pour détecter des produits agro-alimentaires périmés ou empoisonnés, seul un connaisseur de la bonne chair sachant choisir avec un œil aiguisé ses aliments pouvait réellement mener efficacement cette mission. Et l'héritier Nara, bien que loin des plus grands chefs gastronomique de ce monde, entrait plutôt dans la deuxième catégorie. En espérant que ce soit assez... Il cala ensuite le plan déplié dans la première lettre, le consultant rapidement pour repérer le village suspect, puis se leva à son tour, et quitta le bar une fois sa note réglée.

« L'on se retrouve dans vingt minutes aux portes d'entrée de Konoha ? » proposa Natsuki.

Les deux genins n'habitaient pas vraiment dans le même quartier, aussi il était plus logique pour eux qu'ils se séparent pour se préparer, bien que leur mission n'était pas une urgence-minute. En arrivant chez lui, Natsuki entendit la douche couler. A en juger par les chaussures à l'entrée, c'était sa mère qui était revenue de mission depuis peu. Les deux membres du clan Nara n'allaient que, au mieux, se croiser visiblement, car le plus jeune devait en avoir pour au moins cinq jours avec sa mission : A vol d'oiseau, le village pouvait être atteint le lendemain soir en partant le matin. Dans le cas des deux konohajins, il leur faudra, au vu de l'heure de l'après-midi, faire deux haltes en chemin.

Natsuki gagna sa chambre, et déverrouilla d'une clef la porte qui donnait directement accès à l'annexe, où se trouvait son matériel ninja personnel. L'annexe ne devait pas faire plus d'un mètre carré, ce qui lui donnait davantage un aspect d'armoire que de salle, mais pour un shinobi de son niveau, c'était bien assez. Il y avait tout ce dont il pouvait avoir besoin, soigneusement rangé et organisé. Sur des supports fixés au mur reposaient six exemplaires de ses tonfas, qu'il utilisait toujours par paire pour se battre : il en retira deux qu'il posa derrière lui, sur le sol. Un peu plus loin, deux sacoches contenaient déjà les projectiles qu'il avait l'habitude de prendre, lui faisant ainsi gagner de précieuse seconde s'il devait se préparer dans l'urgence pour partir. Figuraient dedans aussi deux '' bombes-flash '', qu'il n'avait encore jamais eu l'occasion d'employer en combat, mais dont les effets pouvaient être dévastateur, si utilisé à son avantage. Pour le reste, il se contenta de son gilet tactique à poche multiples, son habituel rouleau de ficelle, et de deux parchemins d'invocation d'arme glissés dans ses manches. Inutile de voyager trop lourd, il ne partait logiquement ni pour très longtemps, ni pour une mission périlleuse l'attirant dans plus échauffourées qu'il ne pouvait en imaginer. Tout au plus, quelques marchands belliqueux et leurs mercenaires gardes du corps. Il chargea alors dans son sac seulement une tenue de rechange, une couverture de voyage et deux autres parchemins d'invocation d'arme. S'il devait emporter davantage '' juste au cas où '', il pouvait tout aussi bien emporter son armoire entière. Bien choisir son équipement en fonction de la mission est aussi un aspect capital de la profession de ninja. Juste avant de sortir, alors qu'il enfilait une paire de chaussures fermées adaptées pour la route, sa mère l'arrêta, le temps d'un bref salut. Natsuki n'avait pas besoin de lui dire qu'il partait en mission, son équipement parlait pour lui. Il l'étreignit alors simplement, chacun étant content d'avoir au moins pu entrevoir l'autre, puis il partit rejoindre Yuri, portant avec lui l'odeur du savon frais qui se dégageait de sa génitrice. Néanmoins, il s'arrêta avant dans un magasin ninja, où il acheta trois sacoches de flacons au contenu translucide. Une mission, qui commençait déjà à lui coûter cher...

« Tiens, jette un œil à cela. » indiqua le genin tatoué à son homologue quand il le retrouva près de la sortie du village. « C'est la carte avec le village où nous devons aller. A moins que tu ne connaisses déjà la direction sans l'avoir vue ? » ajouta-t-il sur le ton entendu de la plaisanterie. « Nous avons de la chance, ce n'est pas trop loin. Deux journées de trajet, deux et demi tout au plus, nous nous arrêterons donc ce soir quelque part, à la belle étoile ou dans un bâtiment de passage, selon ce qui s'offrira à nous. Je n'ai jamais emprunté le chemin, je ne serai donc pas en mesure de nous dégoter les bons coins, tu m'en excuseras. »

Et sur ces mots, ils se mirent en route. Rien ne servait de discuter devant l'entrée du Village de Konoha, maintenant que l'essentiel avait été dit : le duo allait avoir tout le loisir de converser lors de leur long chemin. Et cela commençait par le travail :

« Pour ce que j'en ai étudié géographiquement, le village où nous allons, Ôtake, n'est qu'un point relais qu'utilisent les marchands pour échanger et récupérer les dernières marchandises avant le grand commerce à la frontière avec le Pays du Vent. C'est donc effectivement l'endroit idéal où nous pourrons contrôler ce qu'il va passer. Par contre, il y aura sans aucun doute plus de cargaisons à vérifier que nous n'avons de bras et d'yeux pour les inspecter. Il va donc falloir agir méthodiquement, tout en ne se leurrant pas : si les soupçons sont fondés, nous n'arriverons peut-être pas à endiguer complètement le flux d'aliments périmés et/ou empoisonnés. J'ai néanmoins bon espoir que notre simple présence suffise déjà à inciter certains des marchands à se débarrasser du compromettant. »

En tournant son regard vers Yuri, Natsuki lui accorda un sourire un peu triste.

« C'est malheureux n'est-ce pas ? Ce que la haine pousse à faire. La guerre a rongé le cœur des peuples, qui maintenant continuent un conflit froid entre eux en s'empoisonnant. Alors qu'au final, qui a décidé de cette guerre ? Les civils et les ninjas ? »

Les conflits armés sont parfois la dernière réponse possible face à certains ennemis. Mais ici n'était pas le cas, c'est pour cela que Konoha avait envoyé une patrouille de contrôle non ? Ou bien était-ce seulement pour éviter que la situation ne s'envenime avec le Pays du Vent, et que les gains du commerce ne soient perdu ? Difficile à dire, mais Natsuki était au moins convaincu d'une chose : il n'est pas aisé d'être juste et équitable lorsque l'on dirige un pays ou un Village, alors que l'on est responsable de tant de vies humaines.

« Revenons-en à nos moutons. Est-ce que, comme ça à chaud, tu as un plan d'action ? »

Natsuki avait, bien sûr, déjà une ou deux idées possible, mais ne les dévoila pas tout de suite. Si Yuri se débrouillait globalement mieux que lui dans certains domaines – il commençait même à le rattraper en Taijutsu – l'héritier Nara avait l'impression qu'Hayashi se bridait en sa présence pour ce qui était de la stratégie. Un peu comme si, du fait du nom de son clan, les idées du genin tatoué étaient forcément meilleures, et indiscutables, ce qui était loin d'être le cas. Et si cette impression était fondée, c'était bien dommage pour Yuri : car même s'il lui arrivait d'être distrait, son point de vue bien différent de son coéquipier sur le monde était toujours le bienvenue. En agissant ainsi, Natsuki l'incitait à peu à ôter cette bride, et à parler sans retenu.

Spoiler:

Le ninja tatoué adressa un sourire à son coéquipier : il était bien capable de réfléchir par lui-même.

« Ton raisonnement est tout à fait pertinemment mon cher ami. De mon point de vue d'amateur, tout du moins. Tu es dans le juste en pensant que nous devrons aviser sur place, car en effet, nous avons de nombreux facteurs inconnus, le plus important étant le nombre de caravanes que nous allons découvrir là-bas. En fonction de, nous ne pourrons peut-être pas tout contrôler. Comme tu l'as fait remarquer, s'ils prennent du retards, les commerçants itinérants ne seront pas forcément content. Et crois-moi, un marchand en colère peut être terrifiant. Alors imagine une foule d'entre eux... Cela va sans dire, l'usage de la force ne devra être qu'un ultime recourt. Nous venons de Konoha, nous ne pouvons pas nous permettre de jeter le discrédit sur le Village en nous donnant en spectacle. Si la population nous voit frapper un homme pour un oui ou pour un non, ce n'est pas seulement nous qui aurons des ennuis, mais la réputation de Konoha aussi. Bon, pour en revenir au contrôle, si nous devons contrôler seulement une partie des commerçants, il va falloir choisir méthodiquement lesquels. C'est ce que l'on appelle l'échantillonnage. Quand l'on manque de temps ou de bras, comme dans notre cas, l'on se contente d'échantillons d'un tout pour déterminer une conclusion pour la globalité. Ce ne sera pas la méthode la plus efficace, j'en conviens, mais nous n'auront peut-être pas le choix. Aussi, j'ai prit cela pour nous. »

Pendant leur déplacement, Natsuki fouilla dans son sac, et en sortie une sacoche assez longue et plutôt fine, qu'il lança à l'attention de Yuri.

« Des flasques se trouvent à l'intérieur. Le liquide qu'elles contiennent permet de détecter par réaction chimique certains poisons. Chaque flacon contient cinquante centilitres, donc choisit méthodiquement ce que tu testes, sans être timoré pour autant. Tu en as cinq, j'en ai dix. Soit attentif par contre : cela détecte les poisons, pas les aliments toxiques par date dépassée. Pour tout ce qui est fruits et légumes, je ne m'inquiète pas : cela se voit s'ils sont passés ou non, mais pour le reste... J'y pense. Je ne sais pas si tu en es capable – je ne suis même pas sûr que ce soit seulement possible – mais comme tu es très copain avec la nature et les arbres, est-ce que tu seras capable de détecter à l'odeur un fruit ou un légume qui a été altéré ? Avec la foule de senteurs qu'il y aura, et si le bon est mélangé au mauvais, ce qui sera très probablement le cas, je doute que cette méthode marche, mais cela, ce sera à toi de me le dire. »

Natsuki en arriva à la dernière possibilité d'approche, en saisissant le bandeau de Konoha qui pendait à sa hanche, qui produisit alors un petit nuage blanc, lequel fut bien vite derrière eux.

« J'ai pensé aussi que nous pourrions, l'un de nous deux, approcher certains marchands en arborant le bandeau du pays du vent. Si les marchands nous croient de Suna, ils seront alors peut-être tentés de nous vendre directement sur place de la nourriture avariée. Le défaut de cette méthode est que la guerre contre Suna est encore fraiche dans les esprits, et que les ninjas du vent ne sont pas forcément les bienvenu partout : nous risquons de coincer des marchands pas forcément très coupables, mais qui n'ont agit que par rancoeur. Nous verrons tout cela sur place, cela ne nous sert pas de débattre ici, maintenant que nous avons vu un panel d'éventualités. Il y a juste deux choses sur lesquelles je suis sûr : C'est que nous n'allons pas avoir le temps de chômer, et la disposition de la ville, que tu as évoqué tout à l'heure. Près de la frontière, toutes les villes ont la même disposition, à savoir deux entrées/sorties, qui ne sont jamais dirigées vers le pays frontalier. Comme ces zones sont plus sujettes à servir de territoire pour les conflits, les villes y sont plus faciles à défendre si les moyens d'y pénétrer sont réduits. Nous n'aurons donc pas de problème de fuite de marchandises sur ce plan là normalement. »

Au fur et à mesure de leur avancée, le soleil décroissait derrière les montagnes, plongeant la nature dans une pénombre progressive. Yuri, qui avait fanfaronné plus tôt sur le fait de pouvoir voyager plus vite qu'estimé, commençait déjà à donner des signes d'épuisements après une demi-journée de parcours, malgré les haltes. Il était temps de se poser quelque part : Hayashi semblait savoir où, au grand damne de son coéquipier, qui lui aussi connaissait la ville dont il faisait allusion. Pour résumer en de simples mots, c'était une ville d'attrape-touristes. Tout ce qu'il était possible de trouver ici n'avait qu'un seul but : soulager les visiteurs du poids de leur(s) bourse(s) contre un plongeon dans une ambiance enivrante de fête, de débauche, et de jeux en tout genre. Le type d'endroit sans doute, où n'importe quel adolescent serait ravit d'être, et pouvoir ainsi laisser libre cours à sa libido naissante tant qu'il en avait les moyens. N'importe quel adolescent, si ce n'est Natsuki. Le genin tatoué tenait – pour le meilleur et pour le pire – plus du chien que de l'homme : lorsqu'un os lui était jeté, il le rongeait jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Et l'os était à l'animal ce que la mission était au ninja du clan Nara : lorsqu'un travail lui était confié, seule la mort pouvait le faire dévier de son chemin. Et à ce qu'il en savait, la Mort ne portait pas de corset, pas de bas en résille, pas de talons hauts ni ne faisait la '' quête '' avant d'accomplir le devoir pour lequel elle existait. Yuri ne semblait pas de cet avis, au vu de son sourire. Toute trace de fatigue semblait l'avoir désertée.

« Oui, la ville est sympathique, mais si tu m'attends pour venir goûter la qualité de la '' viande locale  '' et les activités exotiques qu'elle offre, je suppose que je te retrouverai demain matin planté ici à m'attendre encore. » répondit-il de ce même ton amical dont il était si difficile de deviner s'il plaisantait ou non. « Avant quoi que ce soit d'autre, nous devrions trouver un endroit où passer la nuit. Pas trop cher de préférence, je ne roule pas sur l'or. »

Sauf que trouver un lieu abordable ici était aussi probable que de faire retomber une pièce de monnaie sur la tranche. Mais quiconque à déjà joué suffisamment de fois à pile ou face savait que minime ne voulait pas dire inexistant. Aussi, après une bonne heure passée à arpenter Kotawe au milieu des ivrognes, des fêtards et des fleurs de bitumes tout en surveillant ses affaires, Natsuki finit par trouver la perle rare : un petit hôtel bas de gamme – qui devait correspondre à du trois étoiles partout ailleurs. Cette mission commençait à coûter vraiment cher à l'héritier Nara. Le retour devra sûrement se faire à la belle étoile. Mais c'était l'été, alors ce ne pourra pas être aussi dramatique que l'expérience similaire qu'il avait vécu avec Ryuki, en pleine hiver alors qu'il partait pour le sud à l'occasion d'une assignation.

Natsuki ignorait pour le moment le programme de la soirée de Yuri, mais en ce qui concerne le sien, il se limitera au repas, et au sommeil – avec peut-être un passage dans le bain à bulle, ce serait dommage de ne pas profiter de l'occasion si déjà il payait pour. En ce qui concerne le service, l'hôtel de La Cavalière proposait un buffet qui n'avait rien à envier à la cuisine de Natsuki. Il n'osait du coup imaginer ce que les autres lieux de passe pouvaient bien servir au vu de leurs tarifs. Ce qu'il n'eut pas l'occasion d'imaginer non plus était quel genre d'hôtesse travaillait ici, car plus d'une vint à sa table proposer ses services si particuliers. Même s'il faisait un peu plus que son âge, la situation commençait à devenir indécente comme lui, si bien qu'il n'avait qu'une hâte, c'était de terminer sa côte de porc, et de gagner sa chambre. C'était sans compter la plus audacieuse des hôtesses, qui malgré le fait qu'elle essuya le même refus que les autres de la part du shinobi tatoué, se permit de s'installer sur ses cuisses, en passant un bras autour de son cou. Dépité, et la moitié de son visage dans le décolleté de la robe vert émeraude de l'hôtesse, Natsuki se demanda s'il n'était plus efficace de s'accrocher autour du cou un affiche '' je suis pauvre '' plutôt que de simplement refuser. Car derrière les sourires, les attentions et les gestes sensuels, il n'y avait pas à se leurrer : ces femmes travaillaient, et leur job consistait à lui faire dépenser le plus possible ici. Mais qui croirait à sa pauvreté, puisqu'il avait trouvé les moyens de loger ici ?

« C'est la première et dernière fois que tu m'emmènes ici Yuri. Et cela comprend le jour éventuel où nous enterrons ma vie de garçon. Si je vis assez vieux pour... »

Dehors, des cris de paniques s'élevèrent au-dessus du brouhaha de la foule.

Habituellement, Natsuki  ne se serait jamais donné la peine de se lever. Peu importe la cause du bruit, elle ne concernait pas sa mission. Il n'avait donc pas à s'en mêler, et à prendre le risque de se faire blesser : son assignation était prioritaire. Mais, au vu de sa situation, tous les prétextes étaient bons pour se débarrasser sans incident du poids qui pesait sur ses genoux. Aussi, il gagna la porte de l'hôtel en se montrant à peine plus courtois que Yuri, et en se frayant un chemin dans la foule avec la dextérité propre aux ninjas, ils trouvèrent ce qu'ils cherchaient. Une altercation avait éclaté, un mort gisait à terre. Un shinobi refroidit, et cinq nukenins : rien qui vaille pour le duo de Konoha, qui fit immédiatement machine arrière, mais chacun pour des motivations différentes. Encore une raison qui justifiait que l'héritier Nara ne fourrait pas son nez dans les problèmes des autres : à quoi avait servit de venir jusqu'ici, si ce n'était satisfaire la curiosité mal placée de son collègue, et de les mettre dans le jus ?

« J'ai vu »signala Natsuki d'un ton froid alors que les deux ninjas s'engouffraient dans une ruelle.

Un des nukenin les avait suivit, et ne semblait pas trop disposé à poser des questions. Le genin tatoué non plus. En position d'embuscade, Yuri et lui n'attendirent qu'une poignée de secondes avant de fondre sur leur traqueur, prit au dépourvu. La lame de l'Hayashi le tua sur le coup en perçant de part en part les tempes, suite à quoi son kunai à la main, Natsuki se chargea de rendre le cadavre encore chaud méconnaissable. Avec rapidité, il découpa grossièrement le contour du visage dont il arracha la peau, avant de trancher les vêtements aux points de couture. Désormais nu et soulagé de son argent, le corps termina dans la benne la plus proche, ce qui restait de sa peau et de ses affaires beaucoup plus loin. Les mains couvertes de sang, l'héritier Nara qui n'avait pas prononcé encore un mot joignit ses doigts, et forma le signe de la métamorphose. Du nuage de fumée blanche émergea alors une demoiselle rousse de son âge, dans une tenue d'hôtesse pas trop tape à l'œil. D'un geste, il incita son coéquipier à l'imiter. Impossible de savoir si les autres nukenins les avaient vu dans la foule, mais Natsuki ne pouvait pas se permettre de prendre le risque de vérifier. Ils n'étaient pas encore sur les traces de leur allié, les deux genins avaient donc une chance de rejoindre leur chambre en tout discrétion. '' Discrétion '' était un mot à manipuler avec précaution cela dit : car si Natsuki avait l'apparence et la démarche d'une femme actuellement, et apparaissait comme telle aux yeux de la foule, il était aussi brillant qu'un phare dans la nuit pour un senseur utilisant ses dons de perception. Faisant alors preuve de naturel en conversant avec Yuri, ils se hâtèrent tous deux de retourner dans la chambre qu'ils avaient réservé, tout en s'assurant que personne ne les suivait. Mais à quoi bon ? Si les nukenins avaient un minimum de jugeote, ils utiliseraient le même stratagème qu'eux, à savoir la métamorphose pour changer de visage régulièrement. Impossible donc de revoir le même faciès derrière eux dans ces conditions, au milieu des rues chargées de passants.

« C'est pour cela que je déteste me mêler de ce qui ne me regarde pas. Et que je ne le fais jamais... » soupira Natsuki d'une voix beaucoup moins tendue en déplaçant la commode devant la porte verrouillée de leur chambre. « Je n'ai pas de parchemin explosif à retardement pour piéger la porte au cas où, et toi ? » demanda-t-il d'un ton tout à fait naturel en reprenant sa véritable apparence.

Dans la salle de bain, le genin se rinça abondamment les mains. Le sang maculait encore sa peau, il tenait à s'en débarrasser au plus vite avant l'odeur ne s'imprègne autant sur lui que dans la chambre.

« Je ne sais pas ce que tu en penses Yuri... » murmura-t-il « … mais nous sommes dans une belle mouise. Chose que nous ne pouvons pas trop nous permettre. »

Assit torse nu sur son lit, Natsuki observait Yuri, ses arme à porté de main. Dans un soupir, sa tête roula en arrière, et tapa sur le mur. Il resta un moment à contempler le plafond en silence, seule sa poitrine se soulevant au rythme de sa respiration témoignait qu'il était encore en vie.

« Bon... Mieux vaut ne pas sortir d'ici ce soir. Et ne dormir que d'un oeil. Navré pour ta soirée de folie, mais il va falloir faire ceinture mon ami. En espérant que d'ici demain cela se sera assez tassé pour nous permettre de quitter la ville sans accroche. Tu auras toujours l'occasion de t'amuser ici au retour, si l'envie t'en dit encore... »

De soudaines frappes à la porte l'interrompirent. Au premier coup, il riva ses yeux sur la porte. Au second, son poing était serré sur le manche de son tonfa.

« Au vu de notre situation, je ne sais pas si je serai content ou non d'apprendre que tu nous as commandé dans mon dos de la compagnie nocturne. »

Ses armes en mains, le doigt sur la gâchette dissimulée, Natsuki s'allongea face à la porte, et fit signe à Yuri d'ouvrir par le côté une fois la commode poussée. S'il y avait une menace de l'autre côté, il s'assurait ainsi un effet de surprise et une couverture : personne ne vise les pieds en première intention en pénétrant quelque part. La porte s'écarta, son projectile caché était prêt à partir, puis il se ravisa au dernier instant, sans pour autant retirer son index de la détente. Dans encadrement apparut une femme qu'il avait déjà vu un peu plus tôt dans la soirée, sur ses genoux. Elle avait l'air de vouloir dire quelque chose, mais se bloqua, incrédule, en apercevant son client potentiel allongé à même le sol. Les yeux de ce dernier se plissèrent en réponse. Il marcha jusqu'à elle sans la quitter de regard.

« Mon mari et moi aimerions profiter seuls de notre lune de miel. » lâcha-t-il d'une voix froide qui interdisait toute protestation.

La main sur la poignée, il ferma la porte sans la claquer au moment où le dernier mot quitta ses lèvres, clôturant ainsi la question de manière ferme et définitive. Dans un soupir las, il s'adressa à Yuri sans même lui accorder un regard.

« Je te la retiens celle-là, cette idée de venir ici... »

Dès qu'il fut en état de se coucher, il s'exécuta. Plus tôt il s'endormirait, et plus tôt ils partiont tous les deux de cette ville qui ne semblait leur apporter que des ennuies. Au lendemain, le soleil n'était même pas encore levé que les deux ninjas étaient déjà affairés à préparer leur sac. Lorsque les premiers rayons dépassèrent la ligne de l'horizon, ils parcouraient les route. Le lendemain dans l'après-midi, ils arrivèrent aux abords du dernier point commerciale avant le Pays du Vent. Comme tous ceux qui entraient ou sortaient de cette citée, ils furent arrêtés et questionnés sur les raisons de leur venue. Yuri, en tant que plus gradé du groupe, présenta leur ordre de mission. Ils ne furent pas accueillit avec le sourire du coup. Même les gardes, au plus proche de la frontière, portaient encore rancoeur envers leurs voisins visiblement, à moins que leur visage renfrogné ne soit leur expression habituelle. Ce n'était pas si important au final, puisque les hommes d'armes les laissèrent entrer. L'après-midi débutait, il était temps de se mettre au travail.

« Bien, nous sommes là pour contrôler la marchandise circulant du Pays du Feu au Pays du Vent. » rappela brièvement Natsuki. « Il n'y a que deux entrée, celle-ci, et celle à l'autre bout de la route centrale. Je pense laisser deux clones ici pour la journée, afin de surveiller, pendant que nous nous occuperons de fouiller les marchandises du côté de la frontière. A quatre, cela devrait allez assez vite, pour peu que l'on sache ce que l'on cherche vraiment... »

Détecter des poisons n'étaient pas si évident, surtout lorsque l'on avait pas de connaissance dans ce domaine. L'héritier Nara n'était ni médecin, ni assassin chevronné. Tout au mieux, l'on le qualifiait de meurtrier parfois. Heureusement, ne disposait pas de poison n'importe qui. Ainsi, ce qu'ils auront surtout à chercher, ce sont des aliments douteux, et toxiques à la consommation.

Il s'écarta de la route, là où le regard ne portait pas trop, et généra ses deux premiers clones. Les doubles se contenteront de surveiller discrètement le portail au cas où, mêlés à la foule sous une autre apparence. Les deux shinobis entreprirent ensuite de traverser la très grande ville commerciale. Divisée grossièrement en deux, elle comprenait la partie touristique, et celle s'occupant du confort des marchands. Ainsi, le commerce au sein de ce poste frontière était très réglementé , et laissait la marchandise destinée à l'exportation réservée à cette usage. La route centrale, une ligne droite directe entre l'entrée et la sortie, servait à l'acheminement des chariots des deux côtés de la ville douanière. Et contrairement à ce que l'on pouvait penser, la circulation était loin d'être fluide. L'air charriait la sueur des bêtes de somme, les épices, les fruits, et beaucoup d'autres produits encore qui n'étaient pas destinés à se rencontrer dans la nature, le tout pour une ensemble peu agréable, si l'on se permettait les euphémismes. Le cas échéant, l'on pouvait plus simplement parler d'un cholestérol de puanteur qui enserrait le cœur même de la cité.

Les deux shinobis durent passer par un chemin parallèle pour avancer, tout aussi bondé de piétons que la route principale l'était en charrettes. Même en jouant des coudes, il n'était pas aisé de se frayer un chemin dans la foule dense des habitants qui pullulaient dans les rues annexes. En théorie, rien ne les empêchaient de passer par les toits, un chemin facile d'accès et rapide pour des ninjas comme eux. Mais aucun du duo ne s'y aventura, pas plus qu'ils n'évoquèrent cette possibilité. En effet, c'était quelque chose... d'assez mal vu, même au sein de Konoha. C'était le genre de chemins que privilégiaient les assassins, et toutes autres catégories de voleurs ou de suspects. Ainsi, à moins que cela ne soit nécessaire, les shinobis évitaient ce mode de déplacement : cela attirait l'attention et la suspicion sur eux, ce dont ils n'avaient pas besoin. Au cause de Yuri, ce fut déjà bien assez le cas dans la ville précédente... En tant que piétons, ils mirent près de deux heures pour atteindre la deuxième grande porte de la cité douanière, le dernier rempart avant la frontière séparant le Pays du Feu de celui du Vent. La traversée ne fut pas simple pour Natsuki comme pour son équipier, lesquels furent obligés de fournir autant un effort physique pour avancer qu'une attention redoublée pour éviter la fauche. Les gens d'ici semblaient habitués cela dit. Lorsque l'héritier Nara avait brisé d'un geste discret le poignet anonyme qui avait tenté de faire main basse sur le contenu de son sac, pas un cri ne s'éleva.

En ce milieu d'après-midi, de nombreux chariots se pressaient devant la sortie donnant sur le Pays du Vent, tandis qu'une poignée d'hommes d'arme contrôlaient pour la deuxième fois les marchandises qui allaient être exportées. Quelques autres, couverts de sueurs, s'affairaient à lever et baisser un système de barrière destiné à empêcher les véhicules de passer en force. Natsuki se présenta avec Yuri à celui qui semblait être le plus gradé, lequel supervisaient les opérations et donnait ses ordres d'une voix audible et autoritaire qui semblait s'élever au-dessus du tumulte de la ville. Mais après quelques mots seulement, ils furent redirigés dans l'une des petites tours construite à même le rempart qui servait de bureau aux douaniers. Les deux ninjas n'eurent cependant pas à gravir les étage, car un homme à la barbe sombre et drue les accueillit immédiatement. Au moins quelqu'un qui les attendait... S'en suivit un long entretient qui dura près d'une heure au cours duquel le barbu, Sanada, leur expliqua qu'il avait bien reçu les instructions de Konoha, et qu'il acceptait que la ville coopère bien qu'il ne voyait pas d'un très bon œil que des shinobis se mêlent des affaires de la cité – et surtout de son travail. Au moins comprenait-il que c'était nécessaire, car les rumeurs avaient voyagé jusqu'à ses oreilles aussi. Étant sûr de la qualité du travail de ses hommes, il n'espérait que que les ninjas envoyés démentent les désobligeants bruits qui couraient. Bien sûr, de la marchandise douteuse circulait toujours et tentait de passer la frontière en douce : c'était là que son métier prenait son sens.

En cette période, le commerce était très prospère, et le nombre de passages de marchands ahurissant. Les deux paires de bras en plus allaient faire du bien aux douaniers tout comme à la circulation. Sauf que Natsuki comptait apporter bien plus. De quelques mouvements de doigts, il composa trois autres clones, chacun d'une allure différente. Ils n'avaient tous que deux points en commun : une taille et une musculature impressionnantes. C'était triste à admettre, mais les se montraient en général plus courtois et coopératifs lorsqu'ils avaient affaire à des armoires à glace capable de les faire voler d'une pichenette. A moins d'être en surnombre et armés de chaussettes contenant des demi-briques, mais cela, c'était un tout autre problème...

C'est ainsi que Natsuki et Yuri purent se mettre au travail dans la métamorphose d'une tenue similaire à celle des douaniers. L'essentiel leur ayant été expliqué durant l'entretient, ils ne perdirent donc pas plus de temps. L'héritier Nara prit place au devant d'une file d'une charrettes tractées par toutes sortes de bêtes de sommes, en compagnie de deux de ses clones et d'un employé officiel. Yuri de son côté bénéficiait de la couverture du dernier clone et de deux douaniers qui n'avaient rien à envier au double du ninja.

Pendant près d'une semaine, les deux Konohajins travaillèrent chaque jour à la porte de sortie de la cité douanière, chacun dans leur file à contrôler les marchandises qui allaient être exportées. Finalement, l'ensemble s'avéra moins contraignant que ce que pensait Natsuki. Le système était bien rôdé, et permettait de ce fait de contrôler approximativement 80 % des cargaisons circulant. Plutôt que de parler longuement de ces jours de travail, il était plus simple de les résumer en décrivant les cas de figures les plus fréquents au moment d'un contrôle.

Premier cas

« Bonjour Monsieur. Puis-je voir les documents liés à votre marchandise pendant que mes collègues se permettent de vérifier vos caisses ? » demanda Natsuki du ton courtois que l'on adresse à son client.
« Il y a un problème ? » questionna le marchand en donnant ce que son contrôleur voulait voir.
« Non aucun, simple opération de routine, histoire de s'assurer que tout est en ordre. Cela arrive parfois que nous procédons à des examens un peu plus minutieux. Hum. Mon collègue me fait signe que tout est en ordre, vous pouvez y aller. Faites bon voyage »

Second cas

« Bonjour Monsieur. Puis-je voir les documents liés à votre marchandise pendant que mes collègues se permettent de vérifier vos caisses ? » demanda le Nara du ton courtois que l'on parvient à conserver après quatre heures de travail en plein soleil.
« Oui voilà. Faites vite, je suis pressé. » fut la seule chose dont Natsuki dû se contenter en se faisant presque jeter les documents à la figure.
« Nous ferons aussi vite que nécessaire Monsieur, soyez-en assuré. Hum... Vous n'êtes pas au courant j'imagine qu'il est interdit depuis près d'un an d'exporter des fourrures d'écureuil brun ? »
« Euh... non je l'ignorais... » lâcha-t-il sur le ton faussement innocent qui écrivait '' coupable '' sur son front.
« Ce n'est pas grave. Nous allons simplement saisir la caisse. » expliqua le shinobi tatoué en griffonnant quelque chose dans son carnet.
« Mais vous ne pouvez pas, j'en ai besoin pour vivre ! C'est mon fond de commerce! »
« Allons allons, il n'y a qu'une seule caisse, vous avez encore les autres peaux de bêtes réglementaires. Prenez ceci, cela vous permettra de réclamer votre dû quand vous reviendrez. La vente de la fourrure d'écureuil brun est toujours autorisé au sein du Pays du Feu. Faites bonne route Monsieur. »
« Ouais c'est ça... »

Troisième cas

« Bonjour Monsieur. Puis-je voir les documents liés à votre marchandise pendant que mes collègues se permettent de vérifier vos caisses ? » demanda Natsuki du ton courtois que l'on garde après une longue journée à respirer la sueur des bêtes, l'arôme trop mélangé des denrées, et le souffle des marchands peu coopérants.
« Ce ne sera pas nécessaire je pense. »
« Plait-il ? »
« Je suis Shinrei Kindoku, l'éminent propriétaire du réseau commercial Kindoku ! Ma simple présence devrait vous honorer, déjà que je daigne m'adresser à vous. »
« Je suis la dernière file encore ouverte, et il reste pas moins d'une dizaine de personnes qui attendent encore derrière vous pour passer. Alors pouvons nous sauter les préliminaires, imaginer que je vous dise que vous êtes le plus beau le plus fort et que vous sentez bon, et aller directement au moment où vous autorisez mes collègues à fouiller vos trois charrettes pendant que je vérifie si ce que vous déclarez est conforme à ce que vous transporter ? »

Le visage empourpré du marchand lui signifia que non. L'arrivée de l'homme tout en muscles qui conduisait la seconde charrette du convoi le confirma.

« Veuillez traiter avec ce grossier personnage je vous prie, et lui explication la situation comme il se devrait. »
« Entendu Patron. Alors comme ça tu as un problème ? » lâcha d'un sourire menaçant le voiturier en toisant Natsuki de ses deux têtes supplémentaires.

Il esquissa un geste de la main en avant, probablement dans une optique mal intentionnée, mais s'arrêta environ à la moitié, et se décomposa : il ne pouvait plus bouger.

« Non, mais je peux vous en trouvez un si vous voulez. » répondit Natsuki d'une voix calme alors que son ombre avait filé sur celle de son presque agresseur. «  '' Sachant que s'en prendre à un fonctionnaire de douane équivaut à trois ans d'emprisonnement selon la loi en vigueur ici, qu'il faut ajouter une année supplémentaire en cas de refus de coopérations flagrants, et que l'on frise les quinze ans en cas de tentative de passage en force du poste de contrôle, combien pensez-vous moisir de temps dans une geôle en mettant en œuvre la moitié de ce que vous avez à l'esprit ? '' En attendant que vous et votre corpulent ami trouviez la solution, je vais vous demander une dernière fois de me remettre vos documents. Les gens d'impatientes derrière, et je n'apprécie pas beaucoup le remue-ménage. »

Quelque chose dans la voix de Natsuki avait changé, et ses yeux laissait entendre qu'il y avait beau être jeune et plus petit, mieux valait coopérer. Dix minutes plus tard, les trois véhicules traversaient enfin la frontière en règle. Toute cette histoire pour simplement l'équivalent de deux caisses de vin non déclarées cachées parmi les autres produits.

Quatrième cas

« Bonjour Monsieur. Puis-je voir les documents liés à votre marchandise pendant que mes collègues se permettent de vérifier vos caisses ? » demanda Natsuki du ton courtois que l'on parvient à tenir même en sachant que cela n'allait pas bien se passer.
« Bonjour cher contrôleur ! Il me fait grand plaisir de vous voir, toujours aussi efficace dans votre difficile travail. »

Son sourire manquait de conviction – ou débordait trop d'enthousiasme pour être naturel, au choix.

« Merci. Puis-je avoir les documents que je vous ai demandé maintenant ? »
« Ôtake est vraiment une superbe ville, je passe toujours par ici pour le commerce, car je m'y sens en sécurité. »
« Hum hum. Vos documents s'il vous plait. » réclama encore Natsuki avec un flegme épatant au vu des jours passés.

Le marchand commença à triturer ses doigts d'un air nerveux sans se dépêtrer de son sourire qui l'était tout autant. Après une brève hésitation, il finit par tendre les documents Natsuki les étudia d'un oeil avisé, et la seule différence qu'il pu noter entre ce qu'il avait entre les mains et un dessin d'enfant de trois ans était que les couleurs ne débordaient pas. Sans doute le papier méritait-il une note artistique, mais en tout cas, il était on ne peut plus faux, cela sautait aux yeux même pour un amateur comme lui. Le Nara releva juste la tête, posa un regard dubitatif sur le marchand, puis afficha un sourire.

« Voilà vos papiers. Faites bonne route. » dit-il simplement en rendant les documents à leur propriétaire, avant de se tourner vers les douaniers qui s'occupaient du système des barrières.« Messieurs, ouvrez la voie de gauche je vous prie. »

Rassuré comme s'il ne croyait pas à sa chance, le marchand fit avancer sa monture et sa charrette dans le passage qui s'ouvrait.

Cinquième cas

« Bonjour Monsieur. Puis-je voir les documents liés à votre marchandise pendant que mes collègues se permettent de vérifier vos caisses ? » demanda Natsuki du ton courtois de celui qui fait bien son travail.
« C'est une blague ? Vous avez à peine contrôlé celui qui vient de partir, et moi je devrais subir une fouille complète ? Je suis pressé ! »
« Celui qui vient de partir a emprunté le chemin de gauche, celui par lequel nous évacuons les fraudeurs et les fauteurs de troubles directement vers un hangar pour tirer les affaires au clair sans que cela ne gène les autres usagers. Mais je vous en prie, si vous voulez sauter l'étape de la fouille, et utiliser directement le même passage, je ne vous retiens pas. Messieurs... » commença-t-il a appeler ensuite.
« Non c'est bon, je vous en prie, contrôlez seulement. Voici mes papiers. Je n'ai rien à cacher. » le coupa le marchand avec précipitation.
« Je vous remercie. Voyons si tout correspond... »

Les journées s'enchainaient ainsi. Cependant, il était évident que tout ne pouvait toujours aller. Et bien entendu, des incidents survinrent...