Tandis que j'étais dans mes idées noires, à propos du meurtre de mes parents -pour pas changer- que je mettais en relation avec tous ces assassinats, Hiryü était là pour me remonter le moral. Enfin, si on peut appeler ça comme ça. Bien sûr lui ça le faisait rire, moi ce n'était pas la même chose. Bon ok, j'avoue que c'était plutôt drôle, mais il me lançait des piques et je me sentais presque obligée de lancer une offensive. Seulement là, je ne trouvais rien à dire. Cela viendrait plus tard.

"Mouais, enfin ça serait plus drôle qu'une dégénérée tue toutes les femmes du village plutôt que ce soit l'inverse."

Bref, tandis que j'étais en train d'interroger la pauvre petite veuve sans défense qui n'arrêtait pas de sangloter, Hiryü lançait des petites vannes qui n'étaient pas spécialement de bon goût dans ce genre de situation. J'ai déjà dit que je n'étais pas du genre à m’apitoyer sur le sort des autres, mais fallait pas en faire trop non plus. Quand cet imbécile sortit sa réplique royale de la journée, je le fixais de mes yeux à la couleur sanglante en me demandant ce que j'allais faire de lui.

"Madame, veuillez m'excuser un instant."

Je lui lançai un bref sourire, même si ce n'était pas vraiment sincère -Oui j'étais pas non plus super contente d'être là- et me retourna vers mon coéquipier. Je lui lançai également un sourire, mais pas le même genre de sourire. Lui eut droit à un grand sourire, le genre de sourire qui signifie "toi, tu vas t'en prendre plein la gueule". Je le sortis de la pièce en le traînant par le col et le frappa d'un coup de poing monumental pour lui faire comprendre que ses blagues pourries fonctionnaient dans beaucoup de situations, me faisait même rire parce que c'était le genre d'humour que j'aimais, mais là, ce n'était pas possible.

"T'as de la chance que mes poings ne soient pas aussi explosifs que les tiens, chéri. Maintenant dehors."

Je rentrais à nouveau dans la pièce pour m'entretenir avec la femme de la victime, et c'est à ce moment qu'elle me décrivit plus en détails tout ce qu'elle savait, tout ce qu'elle avait vu. Elle me décrit le physique du personnage. Dès que cela fut fait, je la remercia et quitta la pièce aussi vite que possible. J'avais envie de retrouver l'air libre, c'était trop déprimant là. Un combat sanglant me remonterait peut-être le moral. Je retrouvais Hiryü, en train de rêvasser -comme d'habitude- et lui rapporta tout ce que j'avais pu entendre. Quand cela fut fait, il me demanda ce que nous allions faire.

"On pourrait déjà aller voir les femmes qui ont encore un mari en vie et les mettre en garde. Peut-être qu'on pourrait les regrouper, les protéger, j'sais pas. On va pas le retrouver comme ça ce mec, il est pas totalement stupide non plus. Ou peut-être que si."

Je commençai à prendre la route pour entrer plus amplement dans les quartiers résidentiels. Je cherchais les résidences des couples toujours en vie afin d'en savoir plus à leur sujet. Cependant, ce n'était pas une très bonne idée. Nous ne pouvions pas savoir à qui l'homme s'attaquerait. Soit c'était un taré qui agissait à l'arrache sans autre raison que l'envie de tuer, soit il faisait ça pour une raison précise et il avait donc un mode opératoire particulier. Nous pourrions peut-être le retrouver là-bas. J'évoquai alors mon idée à Hiryü et commençai à parler à toutes les veuves que nous pouvions trouver pour récoler un maximum d'informations. Avec un peu de chances, nous finirions vite cette mission et nous pourrions passer à autre chose. Enfin ça, c'est sans compter le temps qu'on passera à torturer notre cible.

Apparemment, Hiryü n'était pas très enchanté à l'idée de devoir discuter avec tous les couples encore vivant ou alors d'aller voir les veuves en pleurs s'apitoyer sur le sort. À dire vrai, cela ne me plaisait pas non plus, sauf que moi je n'avais pas le choix, parce que Monsieur l'homme de la situation s'était barré comme un lâche en me laissant faire tout le sale boulot. Tandis que j'étais exaspérée à l'idée d'être avec un type aussi con que lui, je réfléchissais à la correction que je lui ferais subir dès que je recroiserais son chemin, c'est-à-dire probablement dans très longtemps puisqu'il devait certainement être en train de roupiller quelque part.

Quoi qu'il en soit, je me rendais maintenant chez toutes les femmes dont le mari était encore en vie afin de les mettre en garde, non pas que cela m'inquiétait franchement. À vrai dire, leur vie ne m'était pas tellement importante, mais c'était les ordres de la mission : Assassiner l'assassin et faire en sorte qu'il ne fasse pas d'autres victimes. Alors tant bien que mal je m'attelais à ma tâche, même si je devais jouer la fille la plus hypocrite qui soit sur cette planète. Même si je comprenais ce que tous ces gens pouvaient ressentir, j'essayais de ne pas trop y mettre de mes sentiments parce que je ne voulais pas me rappeler. Je ne voulais jamais me rappeler parce que cela alimentait trop la haine que j'avais envers le monde entier. Mais rien ne fonctionnait comme je le voulais. Ma soif de vengeance était bien trop puissante pour être stoppée.

Bref, j'avais prévenu tous les couples qui devaient l'être afin que ceux-ci se protègent comme ils le pouvaient. Personne ne devait sortir cette nuit et nous veillerons à ce qu'aucune personne suspecte ne s'approche des demeures ciblées. Dans un deuxième temps je voulais aller voir les autres veuves afin de leur poser des questions à propos de l'assassin, mais je n'en eu pas le temps. Regardant l'heure, je réalisais que je devais aller retrouver Hiryü à notre point de rendez-vous. Je m'imaginais déjà l'attendre pendant je ne sais combien de temps et le voir arriver tout en fleur comme si de rien n'était, mais bon, je préférais être là avant lui et ne pas risquer d'arriver après lui pour qu'il en profite pour me charrier pendant je ne sais combien de temps.

Je n'allais donc pas mettre à exécution la deuxième étape de mon plan et m'attelais à rejoindre mon coéquipier pour savoir ce qu'il mijotait. J'arrivais au point de rendez-vous et bien sûr mon très cher compagnon n'était pas là. Je l'attendais alors, aussi furieuse qu'on pouvait se l'imaginer, jusqu'à ce qu'il se pointe, comme je l'avais prévu, comme si de rien n'était. Le pire, c'était la phrase qu'il m'avait balancé en pleine figure en arrivant, comme s'il avait tout fait et que je m'étais tournée les pouces. Je m'approchais de lui, sans un mot, et posta mon visage à quelques centimètres du sien.

"Tu as du culot de me dire ça alors que t'as même pas été foutu de rester avec moi pour faire le boulot de merde. Alors franchement redis moi un truc comme ça et je t'explose. Maintenant on va aller boire un café pour que JE te raconte ce que J'AI fait pendant que toi tu jouais à faire je ne sais quoi pour éviter de m'accompagner."

Nous allions donc au café et pendant ce temps, Hiryü m'expliqua ce qu'il avait fait pendant cette heure où j'étais allée m'occuper de toutes ces pauvres familles sans défense. Nous pouvions maintenant nous reposer en attendant que la nuit tombe et que nous puissions agir pour de bon.

Pendant que nous buvions ce café, Hiryü m'avait raconté plus en détails le plan qu'il avait échafaudé pendant que j'interrogeais les victimes et que je prévenais les couples encore en vie. Bien sûr j'étais toujours en colère contre lui, car il aurait pu m'accompagner et nous aurions fait le piège ensemble, mais bon. Au final c'était une bonne idée, alors je m'étais décidée à ne pas lui refaire le portrait pour l'instant. Lorsque notre petite pause fut terminée, nous nous installions sur l'un des toits afin de pouvoir observer le village d'une vue plus ample et de pouvoir également surveiller notre piège que mon cher compagnon avait mis en place. À ma grande surprise, je découvrais une toute autre facette de ce dernier. Il semblait presque.. attentionné. C'était quelque chose que je trouvais vraiment douteux, mais je ne m'y attardais pas trop. Je restais tout simplement prudente au cas où il préparait un sale coup contre moi. Bref, je fus confortablement installée dans une chaise longue lorsque je tendis les dossiers que j'avais constitué pour cette mission à Hiryü. Il aurait un peu de lecture avant de s'endormir.

Comme je m'y attendais, Hiryü préparait quelque chose en douce et c'était pour cela qu'il était si gentil avec moi. Cela ne lui ressemblait tellement pas que j'avais eu raison de m'inquiéter dès le moment où il m'avait tendu une tasse de café alors que je m'installais dans l'une de ces chaises longues. Il voulait que je lui cède le corps du tueur afin que je n'applique pas mes désirs sadiques sur lui avant qu'on le tue. Je ne pus m'empêcher de rire dès que j'entendis sa phrase complètement absurde.

"Moi j'ai des désirs perfides ? Il mérite un peu de dignité ? Laisse-moi rire. De un, il ne mérite pas de dignité, loin de là, et de deux, comme si toi tu allais l'épargner. Je t'imagine bien en train de le démembrer avec le sourire. Comme si c'était moi la plus tarée des deux."

Je ne cherchais pas plus loin. De toute manière, au moment où nous attraperions cette ordure, nous lui ferions sa fête, tous les deux, ensemble. Maintenant qu'il m'avait donné ces petites conditions, il était prêt à dormir pendant que moi -oui moi, bien évidement- j'allais prendre le premier tour de garde. Il prit mes dossiers, les dossiers que j'avais mis du temps à faire, et s'en servit pour se cacher les yeux, ce qui me mit immédiatement en rogne. S'il ne respectait pas mon travail, il le payerait. Et j'avais déjà ma petite idée. Je pris l'un des dossiers qu'il n'avait pas utilisé, en sortit une feuille et la passa sur le feu. Elle s'enflamma rapidement, mais j'eus tout de même le temps de la mettre en contact avec le dossier qui était sur le visage de Hiryü. En quelques secondes à peine, celui-ci commença à s'enflammer. Je m'allongea à nouveau dans ma chaise longue et observa le spectacle en me retenant d'exploser de rire. Ce petit con allait être cramé sur tout le visage mais je n'en avais rien à faire. Au moins il arrêterait de me prendre pour une idiote. Lorsqu'il sentit l'odeur de brûlé, il sortit une blague d'assez mauvais goût à mon sujet, mais je ne l'avais même pas écouté. J'étais trop pressée de voir comment il allait réagir en se rendant compte de la chose. Lorsque ce fut le cas, il étouffa un petit cri et enleva très vite le brasier qui s'enflamma sur son visage. J'avais de plus en plus mal à me retenir alors je ne faisais plus d'effort. Je riais aux éclats, me réjouissant de voir cet imbécile en train de souffrir de brûlures superficielles. Aah s'il avait dormi plus longtemps, j'aurais peut-être pu remodeler son visage de psychopathe...

Je ne me réjouis cependant pas très longtemps, car le piège qu'Hiryü avait mis au point dans la journée se mit à fonctionner. Quelqu'un se déplaçait dans les alentours, et nous devions le retrouver au plus vite avant qu'il y ait une autre victime dans le quartier -ou au moins, faudrait qu'on arrive au même moment pour qu'on puisse voir un spectacle intéressant-. Je pressais mon coéquipier afin que nous nous mettions en route. Nous cherchions sur tous les toits en nous concentrant sur nos capacités à repérer les personnes le plus précisément possible. Notre course ne dura pas très longtemps puisque nous ne mîmes pas très longtemps à retrouver notre cible. Il était là, sur un toit, sans bouger, sur le point de commettre un crime probablement, mais nous n'allions pas le laisser faire. C'était notre mission.

Je m'approchais furtivement, puisqu'il ne nous avait pas encore vu, mais cela ne dura pas très longtemps. Il nous repéra, ce qui me fit supposer qu'il était ninja. Un senseur peut-être ? Cela me paraissait logique après tout. Il s'enfuit le plus rapidement possible, et c'est à ce moment que commença notre course poursuite. Hiryü et moi nous étions séparés afin d'être plus efficace. Ce serait à celui qui le trouverait en premier qui pourrait s'amuser, il faut croire. Enfin bref, la course poursuite continuait mais je finis par le trouver. Je me jetais sur lui pour le faire tomber au sol, et dans les secondes qui suivirent Hiryü me rejoignit. Je l'avais attrapé mais comme il était ninja, quelque chose me disait que cela n'allait pas s'arrêter là. L'affrontement allait commencer, mais nous avions l'avantage du nombre...