Quel heure est-il ? Où suis-je ? Pourquoi et depuis quand suis-je ici ? Tellement de questions sans réponses...

Nous retrouvons notre jeune Kunoichi à l'hôpital. Suite à sa mission de rang B avec Samidare Teichirô dans le village Kusa no Kuni, un village envahit par une étrange maladie, la jeune femme attrapa ce virus et en tomba dans le coma. La jeune fille ne se rappelait plus exactement les détails de ce qui venait de se passer. Elle se souvenait d'avoir soigné le chef du village et d'avoir comprit que la maladie avait été implantée mais en aucun cas, elle ne sut ce qui l'avait mit dans un tel état...

Une infirmière rentra dans la chambre et lui fit les soins habituels. Elle s'équipa d'un masque et des gants vu que la jeune fille était placée en quarantaine dû à sa maladie. Elle ne remarqua pas tout de suite que la jeune fille était en train d'ouvrir les yeux. Ce ne fut que lorsqu'elle voulut la laver qu'elle remarqua sa gestuel mouvante. L'infirmière sursauta puis regarda le visage d'Emerald, il reprenait vie...

Plusieurs ninjas s'attelèrent dans sa chambre et ausculta la jeune fille. Elle n'était plus contagieuse et son état était stabilisé. Il n'y avait plus aucune trace du virus. Tous, retirèrent leurs masques et gants. Emerald était sorti de son cauchemar. Pourtant, les médecins n'arrivaient pas à comprendre comment elle avait pu survivre au virus qui était pourtant mortel. Elle était seulement tombée dans le coma et son sang la, comme qui dirait, lavée voire soignée de ce virus. Peut être une particularité des Uchiki. Qui sait...

La jeune fille sortit de sa torpeur. Elle ouvrit grand les yeux et émergea de sa long sommeil. Elle se releva et tourne sa tête de droite et de gauche. Un hôpital ? Pourquoi...La jeune femme se leva de son lit puis retomba aussitôt. Ses jambes lui étaient devenus comme un lourd fardeau qu'elle n'arrivait à porter. Une infirmière rentra et vit la jeune fille se débattre pour se relever. Elle l'aida à se remettre sur son lit et lui expliqua que si elle voulait se déplacer, elle aurait besoin de béquilles. Des heures de rééducation l'attendaient... Emerald demanda à la jeune femme les béquilles et lui demanda de faire un tour. L'infirmière ne put lui refuser voyant que cette dernière avait besoin de voir le monde extérieur. Cela faisait un an et demi qu'elle était plongée dans un profond sommeil, c'était une sorte de renaissance pour elle...

Alors que l'infirmière aida Emerald, la jeune femme aperçut son reflet dans le miroir. Ses cheveux avait tellement poussé. La jeune kunoichi put alors comprendre qu'un temps assez long c'était écoulé...mais combien...elle ne savait pas...

Emerald devant la glace:

Puis, la jeune fille put enfin sortir de sa chambre. Elle vit plusieurs patients se promenant également, toussotant, parlant etc. Emerald informa à l'infirmière qu'elle pouvait se débrouiller seule. Cette dernière la laissa encore très inquiète. La kunoichi avait besoin de retrouver Konoha. Soudain, la jeune femme d'effondra. Ses béquilles tomba au sol, faisant alors un bruit fracassant. Une image noirâtre se dessina dans sa mémoire mais qu'elle était elle ?...

Une fille sombre à l'allure d'Emerald faisait surface dans sa tête, une sorte de folie meurtrière. Emerald pleura du à la souffrance de ce mal de crâne incessant...

Emerald Madness:

Seul dans sa chambre d'hôpital, Natsuki s'amusait d'une main avec deux kunais, lesquelles lui servaient tantôt d'objets de jongle, tantôt elles devenaient des lames dont il tentait de les faire tenir en équilibre l'une sur l'autre. La raison de sa présence ici ? Elle se trouvait sur son autre main. Résultat d'une mission de la semaine passée, il s'était retrouvé avec un sabre dans tout l'avant-bras. Les dommages avaient été plutôt lourds à cette occasion. Les os qui n'avaient pas été fendues étaient au moins ébréchés, les tendons et les muscles sectionnés par endroit, les nerfs touchés, et son capital veineux bien entamé. Rapatrié en express dans la clinique militaire de Konoha – médecine à deux vitesses oblige – il avait pu éviter de nombreuse conséquences grâce à une prise en charge rapide. Les ninja médicaux s'étaient occupés d'une partie de sa condition avec leurs sorts de soins, et une fois que le plus grave était arrangé, ils avaient laissé le reste à la médecine conventionnelle en le transférant, leur énergie devant être économisées au possible au cas où. Au final, Natsuki ne comptait plus qu'une seule broche sur les os carpiens de sa main droite, maintenu bien en place par une orthèse, de nombreux points de sutures, et un bandage en écharpe. L'on lui avait assuré néanmoins qu'avec le traitement adapté, il ne conservera ni séquelle, ni cicatrice. Il n'aura donc qu'à faire redessiner une partie de son tatouage, afin d'en rendre le motif à nouveau bien ajusté au reste, comme avant l'opération, et de rééduquer son bras.

D'un mouvement rapide de la main, il récupéra ses deux kunais, et les cacha sous son oreiller. Il s'était débrouillé pour les faire entrer dans l'hôpital, en sachant pertinemment que ce genre d'outil n'y avait pas vraiment sa place. Des pas s'étaient arrêtés devant la porte : s'il s'agissait d'un aide-soignant ou d'un infirmier, il préférait ne pas se faire prendre sur le fait. L'on ne savait jamais avec eux, s'ils entraient ou non, puisque rare était le personnel médical se donnant la peine de frapper avant d'enter. Il feignit alors d'être en pleine méditation, le regard porté bien plus loin que ce que le mur le limitait. Ce n'était ici bien sûr que fictif ici, mais le personnel lui connaissait maintenant cette habitude. En effet, Ne pouvant plus composer de mudra pour le moment, et son activité physique étant limité tout autant, il profitait du lieu calme et serein qu'était l'hôpital pour méditer. Outre ses vertus apaisantes pour l'âme, il pouvait surtout augmenter sensiblement ses réserves de chakra. L'entrainement, bien sûr, n'avait d'intérêt que s'il était régulier.

La porte de sa chambre s'ouvrit. Encore un impolie qui se permettait d'entrer sans frapper... Personne ne lisait la charte du règlement ? Le patient est dans sa chambre, chez lui. Enfin, l'équipe médicale n'était pas très prise de tête avec lui, malgré le charge importante de travail au quotidien, alors il pouvait bien leur pardonner cela. Sauf que soudainement, mû par un réflexe, il capta le projectile grossier qui lui fonçait dessus et l'intercepta en dressa sa main encore valide. Le fruit heurta le creux de sa paume, avant que les cinq doigts ne se referment sur lui. L'héritier Nara tourna alors les yeux vers son agresseur, pour tomber sur son vis-à-vis de l'équipe Hiatari. Il lui adressa alors un sourire en réponse, tout en lançant mollement au-dessus de sa main l'orange avant de la rattraper.

« Des oranges ? Tu as cru que j'étais en prison, ou bien ? » plaisanta le convalescent.

Depuis qu'il était là, c'était la première fois que Yuri était venu lui rendre visite. Cela faisait un point partout avec Nikkou, lequel était passé le troisième jour. Les deux coéquipiers prirent du temps pour discuter ensemble. Enfin, c'était surtout Hayashi qui parlait, Natsuki n'avait rien de bien grisant à raconter de son séjour à l'hôpital, si ce n'est qu'il s'y plaisait plutôt bien. Il était libre de repartir depuis l'avant veille déjà, pour des visites ambulatoires tous les deux jours, mais il avait réussi à négocier, sous réserve que la place qu'il occupait n'était pas la dernière disponible, pour rester encore. Cela lui coutait un peu cher en hébergement, certes, mais étant seul à la maison, il n'avait au moins pas à s'embêter avec les corvées domestiques. Son père, qui était passé le voir le lendemain, lui avait donné des nouvelles de sa mère. Elle devait rentrer de mission d'ici une poignée de jour, moment qu'il choisira pour retourner au domicile lui aussi. Tout comme son père, sa mère était de formation militaire, et passait beaucoup de temps en extérieur. Il ne la voyait qu'une semaine par mois environ. L'occasion sera de se faire choyer un peu, pour changer.

Finalement, après un moment, Yuri décida de bouger un peu, histoire de changer d'air. Natsuki n'était que moyennement convaincu de la pertinence de cette idée pour trois raisons. La première était cette chemise d'hôpital hideuse qu'il se coltinait, et qui le faisait ressembler à tous les autres. Conçu pour être enfilée aisément, ce n'était ni plus ni moins qu'une couverture avec deux trous rallongés en manches pour les bras, qui se fermait dans le dos à l'aide de bouton en clips. La seconde raison se résumait à l'ambiance des couloirs de l'hôpital. Où que l'on regarde, il n'y avait presque que de la misère, de la souffrance, et cette odeur médicale omniprésente s'échappant de nombreuses chambres accueillant des blessés lourds. La troisième raison, et sans doute la pire, consistait aux affaires que son père lui avait déposé quand il était venu le voir. Loin de lui avoir apporté les siennes, il n'avait amené qu'une paire de pantoufles rose à fourrure représentant chacune une tête de lapin aux oreilles remuantes. Aussi sérieux et strict qu'il connaissait son géniteur, il était aussi connu pour l'amour qu'il lui portait, et son humour désobligeant par moment. Dans un grognement, il se résigna néanmoins, non sans lancer au préalable un regard à Yuri pour le dissuader de tout commentaire.

Au détour d'un couloir, ils virent la même chose que dans les autres : des blessés et des malades défilants. Qu'est-ce qui attira leur regard sur une jeune femme plutôt que sur les autres, outre le fait qu'elle était plutôt agréable à regarder avec ses mèches tombantes ? Peut-être le fait que ce soit elle qui tomba dans un grand fracas, justement Yuri fut le premier à intervenir, en posant la question la plus idiote possible dans ce genre de situation. Vue de près, la demoiselle avait d'ailleurs moins bonne mine que ce qu'il n'y paraissait de plus loin. Une atrophie musculaire creusait ses traits, et laissait apparaitre par endroit le dessin de ses os. Et elle pleurait surtout. Inutile d'être médecin pour voir à son visage qu'elle souffrait. Il fallait l'être par contre, pour savoir de quoi... Yuri la ramassa du sol, et la déposa dans la chambre ouverte et libre la plus proche, avant de tourner son regard vers Natsuki, lequel l'avait suivit.

« Ne me regarde pas comme ça, je ne suis pas médecin. »

Il parcouru alors des yeux rapidement la pièce, avant de s'approcher du duo.

« Tu es au moins sûr que c'est la bonne chambre ? »

Il ne fit pas grand cas des larmes de la jeune fille, puisque impuissant, il ne pouvait pas agir directement. Il ne restait pourtant pas sans réaction. Il releva sur le bracelet d'identification usé que portait la patiente son identité, ainsi que son numéro de chambre. Au moins, ils étaient dans la bonne chambre. Il repéra alors le bouton de présence, celui que le personnel médical utilisait pour signaler sa présence dans une chambre, et l'actionna. Une petite lueur verte brilla au-dessus de interrupteur pour signaler son bon fonctionnement. Il retourna ensuite au chevet du lit, et utilisa la sonnette d'appel, celle confiée aux patients afin qu'ils puissent signaler s'ils rencontrent un problème ou ont besoin de quelque chose. Depuis le temps qu'il était ici, Natsuki avait eu le temps de voir comment fonctionnait l'hôpital. Utiliser la sonnette d'appel faisait résonner toutes les dix secondes un bip dans la salle de soin, alertant ainsi l'équipe médicale d'où venait le son. Utiliser la sonnette alors qu'un infirmier est déjà dans la chambre, par contre, transformait la sonnerie d'aide en sonnerie d'alerte : un bip strident et répété à intervalles très courts, poussant n'importe qui à venir voir la source du problème, ne serait-ce que pour faire taire la machine.

« Tiens le coup, quelqu'un va arriver sous peu. » lui glissa-t-il en surveillant la porte.

Cela ne manqua pas. Moins de deux minutes plus tard, un aide-soignant que Natsuki avait déjà vu se pointa, et coupa l'alerte. L'homme y trouva alors deux ninjas, dont un présent en tant que patient, dans une chambre dans laquelle ils n'avaient rien à faire, et ayant utilisé un dispositif réservé à l'usage de l'équipe médical. Les deux genins allaient se faire saucer... Natsuki reconnaissait avoir peut-être légèrement abusé sur son moyen d'appel, mais le visage tordue de douleur – et de peur ? - de la jeune femme ne devait certainement pas ses larmes à sa chute.

Alors que la jeune fille était en pleine abomination et en plein supplice, des gens commencèrent à pousser des petits cris de surprise et parlèrent entre eux. Personne n'osa vraiment se bouger. Le visage d'Emerald se décomposait dû à la douleur. Des images lui hantèrent le cerveau. Des images plus folles que les autres...leur seul lien était la mort...

La jeune Kunoichi entendait dans sa tête quelqu'un lui murmurer des choses horribles... :"Tu n'aurais pas dû survivre...tu devrais être morte...comme les autres...". Emerald se mit à pleurer d'angoisse, qui pouvait autant en avoir après elle. Pourquoi elle n'aurait pas dû survivre ? Et à quoi ? A cette maladie ? Pourquoi...? La kunoichi aperçut son père en train de faire du piano dans le salon lui murmurant des mots d'amour : "J'aurais aimé que tu nous rejoigne, ta mère pense beaucoup à toi..." Puis l'image se déchira. Les personnes qu'elle voyait se mélangeaient pour faire une image difforme qu'Emerald n'arrivait à comprendre. Une sorte de monstre gisait dans sa tête...voilà la conclusion qu'elle s'était faite...

Monstre dans la tête d'Emerald:

Puis, tout ce cassa. Une voix la ramena à la raison mais ne calma pas la douleur pour autant. Emerald put voir au travers de sa folie, un jeune homme. Ses cheveux étaient noirs, grand, c'est tout ce qu'elle avait pu voir. Elle l'entendait parler mais ne comprenait pas ce qu'il disait. Le garçon prit l'initiative de porter la jeune fille dans les bras et de la ramener dans sa chambre. Il hésita un moment puis la posa dans la première chambre qui était libre. par chance, ce fut celle d'Emerald. A vrai, elle n'avait pas pu faire beaucoup de kilomètre car son mal de tête avait vite prit le dessus. Un autre garçon fit irruption. Il avait la tenue des patients de l'hôpital donc il devait occuper les lieux. Emerald pu apercevoir une écharpe autour de son bras, qui était effectivement blessé. Tout était flou et une douleur intense. Les deux jeunes hommes se tuaient à vouloir prévenir quelqu'un, ce qui fut assez pénible. A l'arrivée des infirmiers, les deux hommes durent partir. Ils commencèrent à s'affoler autour d'Emerald qui avait toujours aussi mal à la tête. Une demi-heure plus tard, le calme revint dans l'hôpital. L'état d'Emerald était maintenant stable. La jeune femme dormait paisiblement. Lors de son réveil, le médecin alla à sa rencontre. Il attendit que cette dernière reprenne bien ses esprits pour lui expliquer les raisons de son mal-être...

Après que cette dernière put voir clair, le médecin lui donna tous les détails de cette crise. Il n'y alla pas de main morte et lui expliqua qu'elle avait une toxine dans le cerveau. Une partie du virus s'est installée dans son cerveau et ne semble pas vouloir partir. Le médecin prit un air peu fière. Il ne pouvait pas l'enlever... Il ne pouvait seulement lui prodiguer des soins pour calmer ses crises mais en cas de forte réaction dû à un évènement, une crise peut alors intervenir et devenir fatale. La phrase allait être dite... Elle ne pourrait plus être ninja...

Emerald ouvrit grand les yeux et baissa la tête tristement. Des larmes coulèrent le long de sa joue. Le médecin d'excusa de cette nouvelle et préféra la laisser seule. La kunoichi resta un moment assise dans son lit. Elle n'arrivait pas à avaler ces mots. Soudain, un torrent de larmes arriva. Ses parents étaient morts depuis son plus jeune âge et maintenant, elle ne pouvait plus être ninja à cause d'une saleté de virus ? Emerald se frappa les jambes. Elle ne sentait pas la douleur dû à l'engourdissement à long terme. Puis, elle repensa à son petit chat, Ao. Qu'était-il devenu depuis son coma ? Avait-il réussit à survivre...sans elle...? Ao... La jeune femme se remit à pleurer...

Alors que l'aide-soignant s'attela immédiatement auprès d'Emerald, Natsuki fit ses premiers pas vers la porte. Il n'avait rien à faire ici, confidentialité médicale oblige. Mais le temps qu'il lance un regard vers Yuri, lequel semblait s'inquiéter beaucoup pour la jeune femme, pour le lui signaler, Katsuhiko – l'aide soignant – était déjà sur eux pour les faire sortir. D'une façon assez désobligeante, au vu du  mouvement menaçant qu'il esquissa. Comme s'il s'était trouvé sur un sol glissant, Natsuki se décala de sa position sur la droite sans effectuer le moindre mouvement apparent, laissant les doigts de Katsuhiko se refermer dans le vide. Et lorsque ce dernier leva les yeux sur sa victime, il comprit qu'il ne s'en sortirai pas à si bon compte s'il réessayait. En sortant de la chambre, l'humeur de l'héritier Nara s'était bien dégradée. Depuis qu'il était là, c'était la première fois que quelqu'un s'était montré menaçant envers lui, un membre de l'équipe médicale qui plus est. L'on n'était décidément plus en sécurité nulle part.

« Hum... » acquiesça Natsuki d'un grognement. « Allons dans le hall, il y a des distributeurs. C'est par là. »

Sauf qu'ils ne firent pas dix pas avant qu'une voix vociférante ne les arrête dans leur lancée. Un infirmier se rua sur eux, emporté dans le même élan que le précédant, et les plaqua tous deux au mur. Natsuki n'eut que le temps d'interposer sa main valide sur l'avant-bras brandit. Mais la force de l'homme était écrasante : il ne pu en rien l'empêcher de le repousser avec vigueur en arrière, jusqu'à ce que la cloison de bois ne l'arrête. Pourtant, il ne cilla pas. Les traits de son visage se fermèrent, ne laissant plus transparaître de ses yeux qu'une fureur noir. Son bras tremblait en tentant de contenir lui force d'ours qu'avait l'homme, mais pas sa voix.

« Il y a des façons beaucoup plus polie de demander des explications. » énonça-t-il sur le timbre de la conversation, mais d'un ton glacial.

A dire vrai, les affirmations de l'infirmier lui passaient largement au-dessus : la raison de son courroux était le geste. Natsuki avait toujours eu beaucoup de respect pour les hôpitaux, et ceux y travaillant. C'était un métier difficile, et sans doute bien plus éprouvant parfois que ce que peuvent connaître les ninjas. Tout comme les shinobis, ils sont confrontés à la souffrance, à la misère et à la mort, à la différence des hommes de l'ombres, eux affrontaient ces situations du quotidien avec le sourire. Ils donnaient le meilleur d'eux-même pour apporter un peu d'apaisement dans le quotidien des patients,  même quand il n'y avait plus aucun espoir d'avenir. Ils ne soignaient pas que le corps, mais aussi l'âme, bien souvent d'un simple sourire, d'une parole ou d'un geste bienveillant. Ainsi, lorsque des individus comme celui qui lui faisait face ternissait l'éclat du corps médical par des gestes de la sorte, aussi injustifiés qu'inutiles – et ce quel qu'en soit la circonstance – c'était bien plus que ce Natsuki pouvait supporter. Cela en faisait déjà deux en moins d'une minute. Mais répondre de la même façon, bien que l'envie de lui apprendre un peu le respect et l'humilité le démangeait, n'était pas une solution. Il n'avait pas à s'abaisser à ternir lui aussi l'image de sa profession. Sans détourner le regard un seul instant, il s'expliqua sur la situation et vit progressivement le visage de l'infirmier passer du rouge colère au rouge honteux. Ce dernier regrettait son geste, cela se voyait, mais c'était trop tard, le mal était fait. Tous les yeux étaient braqués sur eux, plongeant le couloir de passage dans un silence environnent,  interrompu seulement de temps à autres par quelques murmures. Beaucoup ne reprirent leur respiration que quand l'infirmier s'éloigna d'ailleurs.

« Hey ! » appela à son tour Natsuki de la même voix neutre avant qu'il se s'engouffre dans la chambre. « J'ai compté cinq témoins initiaux, plus trois arrivants. Et toi ? »

Il n'y avait aucune trace de colère, ou de menace dans son ton. Et pourtant, le message était clairement passé. Même sous l'impulsion du moment, il y avait des choses que l'on ne devait pas se permettre.

Le genin tatoué n'attendit pas la réaction du concerné pour reprendre sa route dans l'autre sens. Ses pantoufles roses lui donnaient toujours un air aussi ridicule, mais pour cette portion du couloir, elles ne furent plus sujet de discussion.

« Non, merci à toi Yuri. » répondit-il sans donner davantage d'explication.

Mais Yuri ne l'écoutait plus vraiment. Il était tourné vers cette porte close, derrière laquelle ils avaient laissé l'étrange jeune femme aux muscles atrophiés et au teint livide.




« Pourquoi est-ce qu'elle t'intéresse autant Yuri ? » lui demanda l'héritier Nara en passant son badge de patient devant le distributeur du hall

Il avait retrouvé un ton de conversation agréable, mais lui avait posé la question comme s'il voulait savoir pourquoi il préférait les oranges plutôt que les pommes. Il pianota sur le clavier pour sélectionner sa boisson, et proposa à son coéquipier de choisir à son tour sur sa note.

«  Je veux dire. Regarde autour de nous. Des patients en proie à la souffrance et au mal-être, il y en a tout autour de nous, si l'on se limite seulement à l'hôpital. - tient, aide-moi à ouvrir le bouchon -. Alors pourquoi elle en particulier ? Ne me dis pas que tu ne sais pas de quoi je parle, cela se lisait dans ton regard jusqu'à ce que l'on quitte l'étage. »

Le sourire de Natsuki révéla ses dents blanches. Il ne cherchait pas à déstabiliser son coéquipier – lui même ayant passé l'âge de rougir sous les sous-entendu de ce genre -, mais vraiment à obtenir une réponse sincère sur un questionnement que devaient se poser ceux qui décidaient de vouer leur vie à répandre le bien autour d'eux : '' pourquoi se limiter à agir sur les souffrances que l'on voit, ou même une seule partie d'entre elle ? ''

La journée de visite de Yuri se termina d'ailleurs sur cette question et la discussion qui en suivit.

« Merci d'être venu Yuri.» lui dit- Natsuki en lui serrant la main. « Je sors d'ici dans trois jours. N'hésite pas à revenir d'ici là si tu t'inquiètes, pour moi ou pour elle.» Il termina sur cette plaisanterie, et regagna sa propre chambre, en compagnie de ses chaussons à tête de lapin.

Emerald était désespérée. Son rêve venait de prendre fin. Elle regarda ses mains qui tremblaient encore en apprenant cette nouvelle. Ne plus jamais être ninja...voilà quelque chose de vraiment dur à avaler... La jeune femme regarda tristement par la fenêtre. Une belle journée s'annonçait et pourtant, elle devait rester là, dans ce lit si froid et si maussade...

Elle avait passée tellement de temps à apprendre, à lire des livres sur la médecine. Depuis sa rencontre avec son "père", elle s'était promis de sauver les gens de quelconque manière. Elle voulait soigner, sauver des vies, apprendre la médecine. Mais tout cela n'était maintenant qu'un songe... Comment en si peu de temps, tout avait pu s'écrouler ? Les larmes ne pouvaient s'arrêter de couler. La vie lui avait semblé si cruelle. Elle ne l'avait pas épargnée. Vivre sans vraiment réellement vivre...

Emerald enleva la couverture. Elle vit de nombreux hématomes sur ses jambes. Ses mains les effleura. Aucune douleur ne se faisait réellement sentir. Ses jambes étaient encore bien trop faible pour pouvoir ressentir la douleur de ses blessures. La jeune femme se tourna et s'assit sur le bord du lit. Elle essaya de toucher légèrement le sol de ses doigts de pieds. Elle sentait un peu de fraîcheur dû à la température du sol. Ses yeux se dirigèrent vers le bas sans vraiment avoir de direction. Son regard restait vide et triste. La jeune kunoichi essaya une nouvelle fois de se mettre debout. Ses jambes commençait à ressusciter. Ses forces revinrent petit à petit. Elle put supporter son poids. A vrai dire, il n'était pas très élevé...

La jeune Uchiki se dirigea lentement vers la fenêtre de sa chambre. Elle regarda au travers. Pourquoi vivre si elle ne pouvait faire ce qu'elle veut le plus au monde. A quoi bon vivre en ne pouvant entreprendre son rêve. La jeune fille au cheveux vert serra son poing gauche. De sa main droite, elle posa cette dernière sur son front pour la faire descendre sur ses yeux. Des larmes refirent leur apparition. Une image lui traversa l'esprit. Ao. Il la hantait. Son petit chat qu'elle avait depuis qu'elle était enfant, qu'avait il pu devenir...? Elle s'imaginait des images atroces, le voyant mourir dans un coin d'une rue de faim... Il était si petit quand elle la laissée. Pourquoi la-t-elle laissée ?! S'il était mort, elle préférait le rejoindre...ainsi que ses parents, son père, sa mère...

Elle avait fait autrefois une promesse mais elle se dit au fond d'elle même qu'elle ne pourrait la tenir... Elle voulait mettre fin à ses tristes jours. Emerald regarda autour d'elle et chercha une chaise sur lequel elle pourrait monter pour se hisser en haut de la fenêtre. Elle ouvrit un placard et vit un petit tabouret pour que les visiteurs puissent s'asseoir. Emerald le souleva péniblement et le glissa vers la fenêtre. Un regard vide était plus que présent. Pour elle, c'était la meilleure solution. Elle s'aggripa au rideau pour pouvoir grimper sur le tabouret. Arrivée en haut, elle empoigna la fenêtre et posa son premier pied. Le deuxième ne tarda pas. Elle se trouva devant le vide. Elle n'avait pas peur... Elle était décidée à en finir...

Spoiler:

En arrivant dans sa chambre, Natsuki referma la porte derrière lui, et songea à se mettre immédiatement au lit. La journée n'avait pas été particulièrement épuisante, bien au contraire : la visite de Yuri eut été un vrai plaisir. Il avait pu converser avec lui, et surtout avoir un peu plus le temps de le connaître. Car de temps passé avec lui, il n'y en avait eu que très peu. Ils s'étaient vu à l'occasion de leur première mission en commun, rien de plus. L'on pouvait, bien entendu, citer leur rencontre d'il y a deux ans, mais cette dernière, compte tenu de la date, n'était pas indicative de grand chose : tous les deux avaient beaucoup changé et évolué depuis. Moments plaisants donc, mais cette altercation avec l'équipe médicale lui avait laissé un certain sentiment de honte, autant pour eux que pour lui. Si Yuri n'avait pas été là, s'il n'y avait pas eu sa simple présence, la situation ne se serait peut-être aussi bien désamorcée pour lui. Il arrivait à l'héritier Nara d'avoir le sang chaud, et de ne pas réagir avec le calme et la limpidité d'esprit dont il avait l'habitude de faire démonstration. Tout ce qu'il voulait désormais, c'était se coucher, et laisser aux jours passés l'incident de la journée.

Avec l'approche de l'été, il commençait à faire de plus en plus chaud. Et pour les chambres comme la sienne dépourvu de ventilateur ou de climatiseur, la seule solution pour un peu de fraîcheur consistait en fin de journée à aérer en ouvrant la fenêtre, quand le soleil ne frappait plus de la totalité de ses ardents rayons sur le verre. Mais alors qu'il s'exécutait, Natsuki remarqua qu'il y avait de l'agitation en contrebas. Plus que d'habitude tout du moins. N'ayant rien de prioritaire à faire, il fit passer la fenêtre de l'entrebâillement à l'ouverture complète, puis se pencha pour déterminer la source de l'anxiété qui se dégageait des visages des badauds. De nombreux doigts pointaient la façade du bâtiment, sans qu'il ne puisse exactement repérer de quoi il s'agissait. Mais peu importe ce que ce fut, la raison n'étais désormais plus sur la façade, mais bel et bien dans l'hôpital. Restait à savoir quoi.

Natsuki enfila un pantalon sous sa chemise d'hôpital, glissa ses deux kunai avec délicatesse dans ses poches pour ne pas les déchirer, et quitta sa chambre pour tirer cette affaire qui ne lui disait rien qui vaille au claire. Il n'y avait pas de raison de s'inquiéter, aucune menace sérieuse ne pouvait s'être enfoncée si loin dans le Village de Konoha, mais quelque chose l'incitait à tout de même se renseigner – et à se préparer au pire. Dans les couloirs de son étage, c'était le calme habituel, rien ne valait la peine d'être relevé. Il descendit alors par les escaliers, où si d'apparence tout était similaire au pallier qu'il venait de quitter, ce ne fut que pour un temps. Alors qu'il avançait d'un pas ferme sur le carrelage, une blouse blanche arriva précipitamment dans le couloir, des traits anxieux sur le visage, et gagna aussi vite qu'elle le pu une chambre. Et pas n'importe laquelle, remarqua le genin tatoué : celle d'Emerald Uchiki. Voilà qui n'annonçait rien de bon. S'il était arrivé quelque chose à la fille, surtout après les propos que lui avait tenu Yuri, son coéquipier risquait de se sentir très mal. Il tendit alors l'oreille près de la porte quand un deuxième aide-soignant entra. Les bribes de la conversation qu'il capta ne le rassura pas vraiment : d'après ce que l'un des deux avait vu dehors, entouré de tous les autres badauds, Emerald avait tenté de mettre fin à ses jours en se jetant par la fenêtre. Le pire avait été évité par l'intervention d'un ninja, qui l'avait sauvé en l'attrapant le long du mur pour terminer sa course en atterrissant dans la chambre, sauf que ladite chambre était désormais vide. Le personnel médical s'inquiétait vraiment pour elle, d'autant plus avec le temps qu'elle avait passé dans cette chambre.

Natsuki s'éloigna de la porte, pour regagner sa propre chambre, dressant mentalement la chronologie des événements. Yuri et lui s'était quitté il y a dix minutes. Le temps qu'il remonte par les escaliers jusqu'à sa chambre, il s'était passé grand maximum cinq minutes. Et la fille qu'ils avaient épaulé un peu plus tôt dans l'après-midi venait visiblement de faire une tentative de suicide dans le même laps de temps. C'était improbable, au vu de la quantité de ninjas présents à Konoha, mais l'esprit de l'héritier Nara ne parvenait pas, pour une raison qu'il ignorait, à écarter la possibilité que le shinobi en question n'était personne d'autre que Yuri. Où était-il parti avec la squelettique patiente maintenant ? Rien ne l'obligeait à se lancer à leur poursuite pour les retrouver, sinon la loyauté envers ses amis. Mais quoi d'autre que l'amitié – et l'amour – poussait à agir avec son cœur plutôt qu'avec sa tête ?

Hayashi n'avait pas pu aller bien loin. Natsuki retourna dans sa chambre, et acheva de se préparer à sortir. Il chaussa une paire de chaussures fermées en peinant avec une seule main, se débarrassa de sa chemise d'hôpital au profit de sa cape de voyage qui laissait son torse visible – faute de pouvoir enfiler un autre haut à cause de son bras – et se dirigea finalement vers la réception, où il signala sa condition. Il quittait l'hôpital, sa chambre était libre, il règlera son solde demain en venant chercher ses affaires restées dans les placards : qu'on les lui laisse en vrac dans un sac quand il passera.

A l'extérieur, Natsuki commença sa rapide enquête. Ce ne fut pas dur de retrouver la trace du mystérieux ninja, il n'avait pas fait preuve de discrétion particulière, et les témoins ne manquaient pas. La vague description qu'il pu obtenir de quelques uns, bien que discordantes sur certains points, ne laissait pas de place au doute. Elle correspondait à peu près à Emerald, perchée sur le dos de son coéquipier Yuri. Mais plus il s'éloignait de l'hôpital, et moins il lui était aisé de savoir où les deux étaient passés. C'était une ville après tout, il n'y avait pas de trace de passage significative, et pour ceux qui n'avaient pas vu l'histoire depuis le début, un jeune homme portant une femme passait relativement inaperçu dans un village ninja. L'héritier Nara s'arrêta après un petit moment de recherche sur un banc, alors que le soleil arrivait à son dernier quart derrière les montagnes. Son bras droit toujours en écharpe dans son bandage, il passa son autre main dans ses cheveux, remuant dans sa mémoire le peu d'informations qu'il avait sur Yuri. Il doutait que ce dernier avait amené la jeune femme chez lui. Peut-être qu'il l'avait conduite à un endroit que elle désirait voir, mais il en doutait : si ce n'est les cieux, que pouvait bien vouloir voir un jeune femme déterminée à en finir avec la vie ? La question était donc : si comme l'avait dit Hayashi, il voulait lui venir en aide par tous les moyens, où pouvait-il bien l'avoir guidé s'il voulait lui donner envie de commencer une nouvelle vie ? Un large sourire se dessina sur les lèvres du tatoué à cette pensée : il cru avoir comprit.

Un quart d'heure de marche plus tard, il arriva dans un lieu assez connu de Konoha : le terrain aux trois bûches, là où pour Yuri et lui, tout avait commencé. Bien que la nuit venait de tomber, les environs n'en étaient pas moins illuminés. Des lucioles par millier s'élevaient au-delà des herbes, et flottaient paresseusement par essaim. Quelques pas de plus, et Natsuki remarqua ce qu'il voulait trouver : aux pieds des rondins de bois éclairés par les insectes, dépassaient un corps. Et lorsqu'il fut suffisamment proche, il en vit un deuxième blotti. Telle une ombre, l'héritier Nara les rejoignit dans le silence le plus complet qu'il était capable de faire, et s'installa sur le sommet de la bûche, tout près d'eux, d'où il pu confirmer définitivement qu'il s'agissait bien de Yuri et Emerald. Il ne savait pas s'ils l'avaient entendu, ou s'ils étaient trop absorber par le spectacle qui défilait sous leurs yeux, mais il resta silencieux un moment, profitant lui aussi des merveilles de la nature.

« Là où tout a commencé pour nous Yuri. Nous l'ignorions encore à cette époque là, mais l'équipe Hiatari s'est rencontrée ici pour la première fois. Tu t'en souviens ? »

Natsuki avait rompu le silence d'une voix très douce, achevant de se signaler si ce n'était pas encore le cas. Il ne bougea néanmoins pas de sa position assise, se contentant de baisser les yeux vers le couple pour la suite :

« J'ai entendu parlé de tes exploits à l'hôpital Yuri. Et bien que ce soit sous le secret médical – les gens parlent beaucoup sous l'effet de la panique – j'ai aussi entendu quelques bribes de ton histoire, Emerald. Ce faisait un plus d'un an que tu étais inconsciente là bas. »

Mais ce n'était pas une histoire qu'il souhaitait faire ressasser à la jeune femme. Il resta alors silencieux à nouveau un moment, alors que l'air continuait de se rafraîchir autour d'eux.

« Tout le monde s'inquiète pour toi à l'hôpital. Te voir disparaître de ta chambre alors que les témoins affirment t'avoir vu sur le dos d'un ninja doit jouer. Cela dit, je comprendrai parfaitement que tu me dises que tu ne souhaites pas y retourner cette nuit. Alors pour ce soir, si vous avez faim, venez tous les deux chez moi, je vous préparerai le repas. Enfin, j'essaierai... »

Il dégagea un pan de sa cape, qui révéla son bras maintenu en écharpe un sourire navré.

« Un peu d'aide peut-être ? » demanda-t-il avec un large sourire.

C'est la fin. Emerald se tenait sur sa fenêtre devant le vide. Ces souvenirs furent bref. Sa vie n'a jamais été vraiment rose. Peut-être n'aurait elle dû jamais vivre...

Elle se penchait de plus en plus vers le vide. Son coeur de remplissait de peine. Elle pleura à chaudes larmes. De toute façon, elle ne manquerait à personne. Lors de son sommeil d'un an et demi, avait-elle manqué à quelqu'un ? Non...qui sait... La jeune femme aux cheveux vert ferma les yeux. Elle leva sa main droite et sentit le vent lui glisser entre les doigts. Puis, elle avança doucement sa jambe gauche du vide qui l'attendait. Enfin, elle se décida. Emerald lâcha tout. Son corps balança vers l'avant. Elle tomba mais ce fut de courte durée...

Un ninja sortit de nulle part, rattrapa la jeune femme en plein vol. Emerald ouvrit grands les yeux. En moins de deux, la jeune femme était dans sa chambre comme ci de rien n'était. Emerald regarda son "sauveur". Elle le dévisagea. Elle l'avait déjà vu. Sa voix, elle s'en souvient. C'était lui qui était venu la secourir quand elle avait fait une crise. C'était la deuxième fois qu'il venait à son secours. Pourquoi tenait-il autant à elle ? Pourquoi persistait-il à la garder en vie ? Emerald baissa tristement la tête. Une larme coula sur sa joue. Elle attrapa ses bras comme ci elle avait froid. Un frisson lui parcourait tout le corps. Avait-elle vraiment envie de mourir. Voyant celle-ci trembler, le ninja alla lui chercher de quoi lui tenir chaud. La jeune femme ne dit rien. Elle observa sans rien faire. Puis soudain, ce dernier attrapa la jeune fille et la fit grimper sur son dos. Emerald fut stupéfaite de cette action et pourtant, elle ne s'était pas pour autant débattue...

La garçon sauta par la fenêtre. Ni une ni deux, les deux personnages étaient dehors. Emerald avait les yeux fixés sur l'arrière de la tête du jeune homme. Pourquoi faisait-il tout ça pour elle ? Pourquoi ? La jeune femme se demanda à plusieurs reprises où ils allaient se rendre...

Le paysage changea. Les arbres étaient maintenant très présent ce qui fit dessiner un sourire sur le visage d'Emerald. Enfin, ils arrivèrent. Le garçon la posa par terre mais resta près d'elle pour ne pas qu'elle prenne froid. Emerald le regarda avec un air enfantin, se demandant quelles étaient ses attentions. Puis, de jolies lumières apparurent autour d'eux. C'étaient de belles lucioles qui faisaient leur apparition. Le garçon lui murmura un mot : "Regardes". Un léger sourire se dessina sur le visage de la jeune fille. Elle ferma doucement les yeux, profitant de cet instant. Le calme se fit vite interrompre par l'arrivée d'un deuxième individu. Ce dernier lui annonça qu'il connaissait un peu l'histoire de la jeune femme, de son long sommeil. Il accentua sur le fait que plusieurs personnes s'inquiétaient pour elle. Emerald baissa la tête tristement mais elle n'était pas pour autant convaincue. Le garçon lui expliqua qu'elle n'allait pas retourner à l'hôpital cette nuit. Ce fut un soulagement pour la jeune fille. Il l'invita elle et le premier jeune homme à venir manger chez lui. Emerald ne répondit pas. Elle était bien plus préoccupée par l'extérieur. Elle n'avait aucune envie de retourner dans des cloisons qui allaient encore l'enfermer. Emerald enleva sa couverture se retrouvant avec sa seule chemise d'hôpital, pied nus. Cette dernière fit quelques pas. Elle sentait la douceur de l'herbe. Ça lui avait manqué. Elle tournoya sur elle-même avec un sourire radieux sur le visage. Emerald se calma se mit à chanter. Elle avait envie de ne faire qu'un avec son entourage. Cela faisait plus d'un an qu'elle n'avait pas chanté même parlé. Sa voix devait être rouillée. Tout d'abord un petit son sortit puis une mélodie...

Natsuki avait beau être jeune, il avait déjà vu beaucoup dans le Pays du Feu. Mais encore jamais un tel spectacle. En soit, il n'avait rien d'extraordinaire : ce n'était qu'une fille affaiblit qui dansait au milieu de lucioles. Mais il y avait un contexte, un contexte dont la lumière transformait une scène banale en la plus belle des peintures. Emerald, qui l'après-midi encore ne parvenait même plus à marcher sans chuter, bougeait maintenant son corps avec une certaine grâce au milieu des volutes lumineuses, qu'une légère brume rendaient flou. Un cadre mystique, dont l'aspect surnaturel se décupla lorsqu'Emerald laissa pour la première fois s'échapper un son de ses lèvres. Une voix qui ne semblait même pas être la sienne. La vie respirait au travers des paroles, pulsant comme le battement d'un cœur sur le rythme de la mélodie. Comment une fille pouvait-elle insuffler tant de désir alors qu'elle souhaitait la mort si peu de temps auparavant ? Yuri devait y être pour quelque chose. C'était une excellente idée qu'il avait eu de l'emmener ici. Pour tous c'était un kidnapping, mais la méthode fut efficace. Respirer l'air de la nature et sentir la vie couler en elle était sans doute ce dont elle avait le plus besoin.

Les mots manquaient à l'héritier Nara pour décrire la beauté de la scène qu'il voyait. C'était simple, et pourtant infiniment plus porteur de sens que de nombreux spectacles. La victoire de la volonté de vivre sur la mort dans toute sa splendeur. La pureté de la voix d'Emerald bien plus que le sens de ses paroles avait un quelque chose d'envoutant. Il ne parvenait à décoller ses yeux d'elle. La jeune femme était affaiblit, son état entachait sa beauté naturelle, mais en cet instant, il la trouvait radieuse, tout simplement. Un peu comme ces grandes figures de l'Histoire, hommes comme femmes, dont le magnétisme donnait sans raison envie de les suivre, Emerald dégageait une aura.

« Oui je t'écoute Yuri. » dit-il d'une voix douce sans quitter du regard pour autant la jeune femme. « Mais ce n'est pas à moi de décider cela. Est-ce que tu es au moins seulement sûr que c'est une ninja d'abord, ou que cela l'intéresserait ? »

Le plus simple parfois, pour avoir des réponses, était de poser des questions. Natsuki cependant ne souhaitait pas pousser la jeune à s'exprimer. Si Emerald voulait leur parler de son histoire, de ses choix avenirs, elle devait se sentir libre de le faire quand elle le désirait.

« Hé, Yuri. » appela-t-il de la même voix douce lorsque ce dernier amorça un mouvement pour se lever, et aller vers Emerald. « Prétends encore une seule fois que je suis un pervers, et je te promets que tu craindras jusqu'à ta propre ombre. »

Il l'avait dit avec un sourire, mais il était difficile d'évaluer si c'était du lard ou du cochon. Il se redressa doucement, resserrant sa cape de sa main valide sur lui lorsque Yuri alla chercher Emerald, et sauta de sa bûche. Ils étaient visiblement prêt à partir. Il posa à nouveau son regard sur la jeune femme. Comme il s'y attendait, l'aura que lui avait alloué le décors enchanteur avait disparut. Elle n'était dès lors plus qu'une fille parmi tant d'autre dans le monde. Mais ses yeux étaient désormais porteur d'une étincelle de vie, quelque chose à laquelle l'on ne pouvait attribuer de prix. A Yuri désormais de la faire croître jusqu'au brasier, et à l'héritier Nara de l'y aider.

Natsuki marcha en silence avec plusieurs pas d'avance du duo, et ce jusqu'à atteindre son domicile. Comme il s'y attendait, la porte était verrouillée. Son père était encore en mission, et sa mère ne devait en revenir que dans trois jours – si elle revenait. Il fourra alors sa main dans un plis de sa cape, et en tira la clef métallique qu'il logea sans attendre dans la serrure. La porte s'ouvrit dans un petit grincement, suite à quoi il entra le premier, et activa interrupteur de la lumière. Un court flash aveuglant força ses pupilles à changer de mode de vision pour s'adapter à la luminosité qui contrastait avec le faible éclairage extérieur.

« Installez vous autour de la table de la cuisine, je vous rejoints dans un instant. » leur annonça-t-il après leur avoir fourni des chaussons d'appartements – beaucoup plus sobres que l'horreur que lui avait apporté son père à l'hôpital par plaisanterie.

Il lui avait en effet fallut très peu de temps pour revenir. Sous son bras, il tenait quelques vêtements qui semblaient constituer un ensemble.

« Peut-être as-tu envie de porter autre chose que ta chemise d'hôpital. » expliqua-t-il à l'attention de Emerald en les posant sur un meuble. «  Ils appartiennent à ma mère, mais ils devraient t'aller à peu près, quoi qu'un peu grand. La salle de bain est là-bas si tu veux te changer. Yuri, cela c'est pour toi. »

L'héritier Nara attrapa un stylo dans un pot en verre sur le réfrigérateur, et nota sur un petit calepin un numéro de téléphone.

« C'est celui de l'hôpital. Dit leur que nous avons retrouvé la patiente Uchiki Emerald, et qu'ils n'ont plus besoin de s'inquiéter. Elle reviendra quand elle en aura envie et/ou besoin. Enfin, je te laisse gérer. Le combiné est là bas dans le hall. »

Il s'en retourna vers la petite pile de linge, et attrapa celui du dessus, un haut noir à manche courte qu'il avait ajouté au tout. Il retira alors sa cape, et enfila le vêtement comme il le pu, laissant son bras en écharpe former une grosse boule sous le tissu, avant de saisir sa paire de lunettes, qu'il posa à leur place. Rangeant alors ce qui devait l'être, il ouvrit un placard, déposa sur la table trois verres l'un après l'autre, puis tira du frigo un bouteille d'eau et une brique de lait. D'un simple geste, il indiqua à ses invités qu'ils pouvaient se servir à leur guise, alors que lui même s'en était retournée à la contemplation de son réfrigérateur, à la recherche d'une idée de plat. Il fit l'inventaire rapide, d'un claquement de la langue, il signala qu'il avait trouvé. Prenant les ingrédients les uns après les autres, à savoir un poulet déjà vidé, un paquet de riz, un ananas frais, une petite bouteille de sauce aigre-doux, du poivron, une carottes, du persil, et quelques autres légumes de saison, il disposa le tout sur son plan de travail, et y ajouta deux marmites. Il demanda un peu d'aide pour fermer le nœud de son tablier de cuisine, et s'attela à sa tâche de mieux qu'il le pu à l'aide de sa main gauche.

«  J'espère que vous aimez l'ananas. annonça-t-il d'un sourire.

Il commença par se laver la main, alluma la gazinière et régla le feu sur doux, puis vida sa bouteille de sauce aigre-doux dans la première marmite qu'il posa sur la flamme. Sur son plan de travail a côté, il découpa  le poulet en petits dés à l'aide d'un couteau large, en prenant bien soin d'ôter la peau et les os de la viande – avec une aide bienvenu lorsque cela devenait trop compliqué -, viande qui vint rejoindre la sauce dans le récipient. Il passa ensuite à l'évier, où il rinça puis taillada en rondelles les poivrons et autres légumes, carotte et persil exclus, avant de leur faire découvrir à leur tour le fond de la marmite.

« J'aurai bien utilisé les oranges que tu m'as apporté Yuri, mais elles sont encore dans ma chambre d'hôpital, ou plus vraisemblablement dans un sac avec le reste de mes affaires comme j'ai dit que je partais. Il faudra que je cherche tout demain. » dit-il en se tournant vers ses invités, surtout le concerné.

Il reporta ses yeux vers l'ananas. Il le coupa d'abord en deux, puis fit de petits morceaux avec la chair du fruit qu'il ajouta au contenu de la marmite. Il touilla le tout durant quelques minutes avec une cuillère en bois, laissant encore la préparation chauffer à feux doux. Il renonça par contre à passer à la touche esthétique avec la carotte. S'il avait eu ses deux mains de valide, quelques habiles coups de couteau auraient suffit à la débarrasser de sa pelure, suite à quoi il l'aurai découpé avec minutie, taillant dans trois morceaux l'emblème du Village de Konoha, la feuille que l'on retrouvait sur le bandeau de tous les ninjas d'ici. Mais avec seulement son bras gauche de disponible, il ne courut même pas le risque de demander à son coéquipier de tenir le légume.  La carotte termina alors découpée en lamelles comme le reste, et ajoutée dans la marmite avec le persil. Ne restait plus qu'à mélanger doucement pendant que le repas cuisait, et commencer en parallèle la cuisson du riz sur la plaque d'à côté. Le temps que ce soit prêt, il dressa la table, disposant le couvert et les serviettes, à l'exception des assiettes, qu'il garda prêt de côté.

Il se mêlait à la discussion lorsqu'il y en avait une et qu'il avait quelque chose de sensé à dire, mais gardait toujours un oeil sur la cuisson. Il ne posa d'ailleurs qu'une seule question : si Emerald avait une maison à Konoha où vivre. Il ne souhaitait pas particulièrement l'héberger, mais ne le montra pas : il n'allait pas la laisser dehors s'il n'y avait pas d'autre solution. Il l'arrêta lorsqu'il sentit que c'était bon, et d'une louche il agrémenta le riz déposé dans l'assiette de la recette qu'il avait préparé dans la marmite. Servit les une après les autres, les trois plats étaient encore fumant lorsqu'il se joignit à ses convives à table.

«  Le repas est servit. » déclara-t-il avec un sourire satisfait.

Emerald chanta de tout son être. Ça lui faisait un bien fou. Elle se sentait libérée de sa cage dorée. Cette chanson, c'était sa mère qui lui avait apprise. A vrai dire, toutes chansons qu'elle connaissait, venait de sa mère. La chanson était pour elle comme un moyen de communication. Elle trouvait cela plus facile que de simple mot. Alors que la jeune fille passait un agréable moment dans la forêt, une main se posa délicatement sur son épaule. Emerald eut un léger sursaut mais rien de bien méchant. Il lui indiqua qu'il était temps de partir. Emerald lui sourit timidement. Elle ne savait pas pourquoi mais elle aimait sa compagnie...

Alors que cette dernière se dirigeait vers le deuxième garçon, un frisson lui parcourut tout le corps. Elle sentit comme un besoin de revenir dans cet endroit. Peut être qu'un jour, cette forêt pourrait lui apprendre quelque chose d'important. Emerald sourit alors de toutes ses dents. Enfin, les trois personnes quittèrent cette forêt enchanteresse. Par la suite, ils se dirigèrent vers le domaine du garçon tatoué. Sa maison était tout à fait ravissante, bon y vivre. Ils attendirent quelques instants, le temps que le garçon ouvre la porte de sa demeure. Après cet acte, il invita les deux autres personnes à y entrer. Les yeux d'Emerald ne savait pas où se poser. Cette maison radieuse renfermait une aura tellement chaude et accueillante qu'un sourire se dessina de nouveau sur le visage de la jeune fille. Par la suite, le garçon informa que ses invités pouvaient prendre place autour de la table. Emerald tira une chaise timidement et s'installa, regardant ses doigts, posés sur ses genoux. Ses joues rougirent de timidité.

La jeune femme plaça ses petits pieds dans les chaussons bien chaud et confortables que lui avait donné le garçon tatoué. C'était agréable. Il partit ensuite et ramena quelques vêtements aux invités. Il l'informa qu'elle voudrait peut être se changer. Il n'avait pas tord. Cette chemise d'hôpital n'était pas très habillée. Il lui proposa des vêtements qui appartenaient à sa mère. Ils étaient simple et ravissant. A vu d'oeil, ils seraient peut être un peu grands. La jeune femme se dirigea alors vers la salle de bain pour pouvoir se changer. En rentrant, elle fut accueillit par un miroir qui montrait tout le corps. Elle vit alors sa silhouette très amaigris et ses cheveux longs. Elle ne semblait pas se reconnaître. Un an et demi et la voilà une autre personne. Emerald enfila alors la tenue. Malgré qu'ils étaient un peu grand, ils lui allèrent bien.

Tenue d'Emerald:

Par la suite, Emerald sortit de la salle de bain et retourna s'asseoir autour de la table. Enfin, le garçon tatoué décida de s'atteler à la cuisine. Il eut un peu de mal à mettre son tablier. Emerald se leva alors précipitamment pour lui donner un coup de main. Elle lui fit un joli nœud, aux boucles saillantes. Elle fit alors une courbette devant le jeune homme et alla de nouveau s'asseoir.  

Le repas allait être délicieux. Une odeur très agréable s'en y échappait et cela donnait très faim. Emerald était pressée. Elle se trouva devant un des garçon, celui aux cheveux noirs et lui adressa quelques mots, pour la première fois...

"-Je...heu...merci...merci de m'avoir sauvé...Je ne sais pas pourquoi j'ai voulut faire ça. Je m'excuse. Je m'appelle Emerald Uchiki et je suis ninja genin de Konoha spécialisée dans la médecine, je maîtrise le fûton et l'art de l'épee...d'ailleurs je ne sais même pas où elles sont..."

Emerald baissa la voix tristement. C'est alors que le deuxième garçon arriva et apporta des plats succulents. C'était magnifique. Il avait un don ce garçon, avec une seule main en plus. Emerald leur annonça également qu'elle habitait dans un petit Studio à Konoha avec un petit chat mais elle ne savait pas s'il était encore en vie... Assez parlé, mangeons ! Emerald mangeait avec grand appétit ce délicieux repas. Elle, qui n'avait pas mangé quelque chose d'aussi bon depuis longtemps, se régalait...

Pour un cuisinier, il n'y a pas de plus grand plaisir que de voir les autres se régaler du repas qu'il a préparé. Natsuki, pour qui ce titre était plus honorifique qu'autre chose, éprouvait lui aussi la satisfaction d'avoir bien travaillé. Il suffisait de regarder ses convives manger avec appétit ce qu'il leur avait servit.

« Le poulet à l'ananas est le premier plat complet que j'ai appris à préparer plus jeune. Je ne pense pas que l'on puisse compter les omelettes et les pâtes simples comme des préparations compliquées. » avoua-t-il.

Mais ce qui l'arrangeait surtout avec ce plat, c'était que nul couteau n'était nécessaire pour le déguster. Pour quelqu'un dans son état, avec le bras droit en écharpe, cela lui évitait bien des peines. Il avait su associer l'utile à l'agréable. Même si le plus agréable ne semblait pas pour lui, à voir Emerald, qui semblait redécouvrir ce qu'était la vraie nourriture. Avait-elle gardé le souvenir de plus d'un an d'alimentation parentérale durant son coma ?

La soirée passa dans la convivialité, mais avant même que Natsuki n'ai pu s'en rendre compte, Yuri avait quitté la maison en fin de soirée, non sans lui demander de s'occuper d'Emerald. En claire, il l'avait entrainé dans une histoire, puis s'était tiré non sans lui refiler le bébé au préalable.

« Petit salaud... » siffla-t-il mentalement

Pendant quelques instants, il resta à contempler la porte ouverte par laquelle s'était échappé son coéquipier, comme de marbre. Nikkou n'avait pas choisi son premier disciple par hasard visiblement. Les deux étaient taillés dans le même bois, s'il pouvait se permettre l'expression... Il ferma finalement la porte sur la nuit, et tourna ses yeux vers sa dernière invité, la main gauche sur la hanche.

« Je dois t'avouer que je ne comptais pas vraiment héberger ce soir, pas plus que tu ne pensais passer la nuit ici je pense. Du moins, ce n'était pas planifié. L'on sait tous les deux ce que cela sous-entendrait, même si l'on sait tous les deux aussi que cela n'arrivera pas. Mais bon, je ne vais pas te demander de retourner chez toi. Même si ton studio est encore à ton nom, après autant de temps passé sans être aéré, j'imagine que tu rêves de mieux comme première nuit hors des murs de l'hôpital. »

Il passa mollement sa main dans sa chevelure bleu terne, affichant un sourire désolée.

« Ce n'est bien sûr pas contre toi. C'est juste que je n'aime pas spécialement partager mon toit avec quelqu'un que je ne connais pas. Le premier soir surtout. »

Maigre plaisanterie, il garda une voix chaleureuse en revenant à plus de sérieux.

« Les craintes et les appréhensions sont les même pour toi j'imagine. Enfin, ce n'est pas ce soir que l'on changera grand chose. Le choix est tien de rester ou non. Mais si tel est le cas, tu peux disposer de la chambre de mes parents, ils sont tous les deux absents pour le moment, mission pour le Village oblige. Viens avec moi, je te montre. »

Éclairant le chemin sur son passage à l'aide des interrupteurs, Natsuki conduisit précautionneusement Emerald vers la pièce qu'elle allait occuper le temps d'une nuit, s'assurant que ses jambes atrophiées parviennent à la soutenir encore. La chambre était un lieu intime pour celui, celle ou le couple qui l'occupait, ce n'était pas le genre d'endroit que l'on aimait voir '' profané ''. Ses parents n'étaient plus des adolescents, mais c'était justement ce qui rendait l'acte pire, peut-être. S'efforçant de ne pas y penser, il poussa la porte, qui s'ouvrit sur le grand lit. Plutôt large, la couche à deux places revêtait une couverture bleu nuit dont seuls les oreillers assortie dépassaient. De part et d'autre, un table de chevet encadrait le sommier, avec une lampe disposée sur chacune. Pour le reste de la chambre, il n'y avait qu'une grande armoire, les portes des deux placards, une fenêtre à volets clos, et une descente de lit ocre. Inutile de préciser que sous cette dernière se dissimulait une trappe d'acier cadenassée couverte par les lattes du plancher vernie, laquelle donnait accès à l'armurerie personnelle des géniteurs du Nara tatoué.

« Si tu veux prendre une douche avant de te coucher... » expliqua Natsuki en sortant un t-shirt léger de l'armoire pour faire office de pyjama « … la serviette sur le côté près de la porte de la salle de bain est propre, tu peux t'en servir. Je vais voir s'il reste au moins une brosse à dents non utilisée pour toi. Les toilettes sont la porte à côté de la salle d'eau.» indiqua-t-il ensuite en retirant naturellement un kunai de sous le coussin de son père, et un poignard teinté de sous celui de sa mère, qu'il emporta.« Si tu as besoin de quoi que ce soit, je reste encore dans la cuisine un moment, tu pourras m'y trouver. »

Natsuki usa du lavabo en premier, reportant sa toilette au lendemain, quand son bandage au bras sera refait à l'hôpital. Il recroisa encore Emerald et plongea alors ses yeux sur elle. Ses traits étaient toujours creusés, mais la vie y avait reprit ses pleins droits.

« Je sais que l'on ne se connait pas vraiment, et que tu es encore affaiblit, mais moi aussi, j'aimerai te compter dans notre équipe de shinobi un jour. Je ne sais pas si ton état est une conséquence de ta profession ou non, mais si cela ne t'a pas dégouté, si tu en as encore la motivation, quand ta rééducation sera terminée, l'offre de nous rejoindre sera encore valable. Bonne nuit Emerald. »

Le genin tatoué gagna la salle à manger, et s'installa sur une chaise, avant de retirer ses lunettes qu'il posa sur la table. La tête basculée en arrière, il observa le plafond d'un air pensif, comme si la solution à ses soucis y était inscrite.

« Ah Yuri, pourquoi ai-je la désagréable impression que je vais passer ma vie à t'éviter autant de problèmes que tu m'en apporteras ? » murmura l'héritier Nara d'un ton fatigué.

Dehors, une chouette bien au-dessus de ce genre d’ennuis hululait dans la nuit, à la recherche d'un mulot.