Une explosion, un bruit extrêmement désagréable pour les oreilles. Il avait suffi de cet éclat pour que les villageois fussent totalement déboussolés. Une cohue infernale qui réduisait son ouïe à néant. La Haine et la Violence déversaient leurs poisons sur la contrée de l’eau, comme l’engloutissant de toutes parts. Les Shinobis prisonniers s’évadaient, profitant de cette opportunité soudaine pour retrouver leur douce liberté. Mais cela ne se passerait pas ainsi. Chaque Kirijin se voyait mobilisé dans le but de les arrêter, de ne pas laisser les choses se dérouler selon un plan donné par un sombre inconnu. Ils ne dirigeraient rien et rentreraient dans leurs cages sans rien dire. Les chiens ne méritaient que d’être tenus en laisse.

Le village brûlait, les villageois hurlaient. Ils connaissaient le système de la guerre, ce que cette dernière impliquait mais, jamais, non, jamais, ils ne s’étaient sentis aussi menacés. Jamais personne ne les avait tant embourbés dans le conflit, depuis que le village était construit. Ils craignaient que la mort vînt les chercher et les étranglât purement et simplement. L’étau, autour d’eux, semblait se resserrer chaque seconde un peu plus, les étouffant doucement. Ils avaient peur, se bousculaient, malgré toutes les forces mises en œuvre pour les rasséréner. La Peur les compressait, ils tremblaient tous face à la mort. Cette situation déplaisait au plus haut point à la jeune femme. Elle ne pouvait rester là à les regarder, tous, apeurés comme des enfants.

Yuka se précipita vers le temple de Sanbi, déployant ses capacités sensorielles afin de repérer les criminels. L’hérésie suintait de chacun des murs de la bâtisse, comme si une matière visqueuse et ignoble se répandait sur tout le pays. D’une certaine manière, il s’agissait de cela. Juste une hideuse pâte violette et verte de laquelle émanait une odeur à en perdre l’odorat. La kunoichi grimpa sur le temple lui-même, regardant au loin. Seuls des hommes extrêmement bien préparés pouvaient se porter coupable d’un tel crime. Bien que cela relevait d’une fourberie des plus notables, Yuka se voyait incapable de le nier : Les ombres derrière cette explosion étaient relativement puissants, il ne fallait pas les sous-estimer. Seuls des combattants aguerris et réfléchis avaient la capacité de mener à bien une telle mission. La demoiselle devait se tenir prête à se battre, dans ce cas.

Yuka se concentra au maximum. Hors de question de les laisser passer. Les Hérétiques méritaient le châtiment divin. Souiller le temple de Sanbi, oser mettre des pattes pleines de crimes sur cet endroit saint. Yuka n’était absolument pas religieuse et n’avait rien d’une personne pieuse, mais, tout de même. Son éducation faisait que, lorsqu’un tel événement se produisait, le plus condamnable restait l’hérétique. Celui qui marchait fièrement sur les terres sacrées de Sanbi. La brune poussa un long soupir et se tint prête.

La Haine s’écoulait, les remparts se dressaient. Le glas de la violence sonnait, tandis que tous se préparaient. Ce serait quelque chose de grand, de monstrueux, de sanglant. Pire qu’une guerre entre villages, une bataille contre un ennemi inconnu, peut-être plus puissant, qui le savait ? Cela ne faisait que commencer et le pire était à venir.

Regarde-moi, Kyurei. Regarde bien. Ils ne partiront pas.

Un bruit. Une présence. Quelqu’un. Un être, ici. Certainement un prisonnier. Un sourire naquit sur les lèvres de Yuka. La fête pouvait enfin commencer. Quel bonheur intense.

Elle sauta de son perchoir et atterrit gracieusement sur ses deux pattes, lançant un regard plein de sadisme au bonhomme. Il venait de se jeter droit dans la gueule du loup et ne tentait même pas de se débattre. Un homme paniqué, en proie aux crises de terreur. C’était presque s’il tremblait. Il balbutia quelques mots. Des menaces ? Amusant. Une sorte de chantage, auquel Yuka ne céderait pas. Des explosifs sur le temple, tout partout, de manière à les faire péter en cas d’offensive de sa part. Intéressant. Elle réfléchit un instant, considérant la situation : Il s’agissait d’une explosion permettant l’évasion d’un très grand nombre de prisonniers. De ce fait, les prisonniers n’avait aucune utilité de s’élancer joyeusement dans les bras de leurs adversaires et, encore moins de proliférer des menaces. Surtout que ces dernières ne tenaient pas la route. Quelque chose clochait dans son baratin. Il baragouinait quelque chose de trop bancal pour que Yuka ne pût le croire. Le pauvre type ressemblait à un funambule chancelant. Il suffisait d’un souffle pour qu’il s’écrasât violemment sur le sol et perdît la vie, passant d’abord par l’agonie. Le sourire de la Mitsuharu s’agrandit.

Pourtant, dans cet univers, il était impossible de se fier à une bête intuition. Surtout à ce moment précis. La jeune femme respira un grand coup et se concentra, les yeux rivés sur son adversaire, de peur qu’il ne prît la fuite. Alentour, il n’y avait que deux sources de chakra. Mais aucune d’entre elles ne provenait du temple. Il mentait. Sur l’édifice ne se trouvait aucun sceau explosif. Alors pourquoi ? Quelle utilité d’agir ainsi ? Un pauvre petit homme dressé face à une kunoichi certainement beaucoup plus puissante que lui … Yuka se mordilla la lèvre. Il ne pouvait pas … Non, impossible. Ils n’oseraient pas. Ou alors ils avaient vraiment, vraiment mauvais fond.

La brune posa sa main sur Suishô, prête à la brandir en cas de geste mal placé. L’arme lui permettrait d’exercer une puissance suffisante sur l’homme pour qu’il ne tentât pas quelque chose de dangereux. Ses prunelles incarnates se posèrent sur lui en une œillade inquisitrice. Aucune tendresse. Pas de pitié, même s’il s’agissait d’un opprimé. Elle passa derrière lui d’un bond et posa un kunai sur sa gorge, tout en se mettant d’une position favorable à avoir l’œil partout.

— Tu mens. Dis-moi qui t’envoie et surtout pourquoi. Dis-moi tout ce que tu sais, ou je plante mon joli kunai dans ta jugulaire et je te regarde agoniser. 

Une voix au timbre neutre. Elle ne lui indiquait aucun sentiment, ni peur, ni quoi que ce fût de ce genre. Au contraire. Cette réplique, lancée sur le ton de la menace, avait pour but de le terrifier un peu plus pour qu’il réagît correctement. Comme pour accentuer la réalité de la menace, Yuka exerça une pression plus forte sur le petit couteau.

Récap':