Minuit sonnait lorsque Michiki quitta le terrain d’entraînement. La raison de cette heure tardive ? Il aimait bien venir tard. Au moins il était sûr de n’être dérangé par personne. En plus, il préférait que ses entraînements restent un minimum discret. Il aurait pu sortir de l’enceinte du village pour ça mais il avait eu un peu la flemme de se farcir l’aller-retour loin du village. Il avait donc privilégié le terrain d’entraînement à un horaire tardif. Il n’avait pas été dérangé plus que ça au final. Mais la fatigue allait de pair avec cette heure. Il arrêta là son entraînement et repartit. Il n’avait pas particulièrement envie de rentrer tout de suite. Il était certes exténué mais se balader dans le village ne l’ennuyait guères. Il allait donc faire un tour avant de rentrer. Cela lui permettrait de se détendre. Les journées étaient bien remplies et le rythme était parfois dur à suivre.

Il se promenait donc dans le village. Dans des rues qu’il n’avait jamais fréquentées en plus. C’était des coins qu’il ne connaissait pas. Il en profita pour relever la tête et arrêter de penser. Il cessa de rêver pour s’intéresser aux bâtiments à l’architecture assez esthétique. Il y avait une certaine beauté dans ces maisons ancestrales. Mais la brume vint dissimuler tout ça. Une simple intempérie de la météo. Il ne fallait pas s’inquiéter davantage. Même si Michiki avait instinctivement placé la main sur sa ceinture pour se saisir d’un scalpel. Mais il s’était senti ridicule après. La brume est un incontournable au pays de la…Brume. Après cette ridiculité passée inaperçu, il descendit un escalier. Une fois au bas des marches, il vit quelqu’un devant lui. Il avait du mal à dire s’il s’agissait d’une fille ou d’un garçon aux cheveux longs. Le coin pullulait de bars. Il devait donc s’agir d’un(e) ivrogne de service qui vomissait ses tripes. Au sens figuré du terme bien sûr. Même si après un examen plus attentif, il se rendit compte que la personne à terre saignait. Elle crachait vraiment ses tripes ou quoi ?!

Il s’approcha d’elle et s’agenouilla à côté. Il commença par essayer d’identifier d’où provenait le sang. Elle avait une plaie à sa main et elle semblait avoir une cheville dans un sale état. Voilà où on en arrivait à force de boire. Il s’abstint néanmoins de toute remarque. Dans ce genre de situation, les reproches ne sont pas choses utiles qui font avancer la personne concernée, contrairement à ce que les donneurs de leçons pensent. Il se contenta donc de prendre le bras blessé délicatement et de déchirer une manche de sa chemise pour faire un bandage improvisé. Il vit également que les vêtements de la personne étaient tâchés. Il sourit un peu en s’assurant que son pansement bricolé était bien serré puis adressa quelque mot à l’alcoolique :

-Bonne chance pour récupérer les vêtements après ça. Vous allez bien ? Vous pouvez marcher ?

La première phrase était là uniquement pour entamer une conversation sans être désagréable. Les deux autres étant là naturellement pour se soucier de la santé de la personne. Et puis aussi il allait enfin avoir une réponse à une importante question qu’il se posait depuis quelques temps : c’était un mec ou une fille ?!!

Finalement c’était une fille. Le ton de sa voix avait immédiatement mis fin aux doutes ainsi que les traits fins du visage. Michiki ne l’avait jamais vu jusque-là. Mais en même temps si elle restait dans cette partie du village, où il n’allait jamais, ce n’était pas très étonnant. Et son visage ne lui disait rien. Il aurait pu le croiser dans un dossier. Mais si c’était le cas il avait oublié. Pas bien Michiki ! Vilain Michiki ! Après une tape sur la main pour mauvais comportement, revenons-en aux Kirijins. La jeune fille venait de dire au nécromancien qu’elle avait juste trébuché par malchance. Un mensonge pour se prévaloir de la honte d’être ramassée en état d’ivresse ? Possible mais rien de sûr. A sa voix, difficile de penser qu’elle était saoule. Mais il n’était pas là pour juger après tout. Il n’était pas fan d’alcool mais chacun était libre de s’enivrer avec ça.

Ensuite, la jeune demoiselle tenta de se redresser. Mais cela resta au simple stade de la tentative puisque elle retomba. Michiki ne l’avait pas rattrapé car il n’avait pas prévu qu’elle tente directement de se mettre à marcher. Elle se releva sans demander d’aide. On dirait que cette jeune fille était du genre très fier. Cela fit sourire le nécromancien qui dissimula son amusement. Elle ne vit rien puisqu’elle se mit à sauter à cloche pied. Elle s’inquiéta de la chemise du nécromancien en disant vouloir lui en offrir une autre. Cette fois, le Jônin ne se gêna pas pour rigoler à voix haute :

-Cette vieillerie ?! T’en fais pas va ce n’est pas grave je saurais trouver de quoi me mettre sur le dos. Garde donc tes sous pour te payer un verre !

Un petit clin d’œil afin de la renfrogner un peu plus. Il avait du mal à savoir si elle était bourrée ou si elle avait vraiment trébuchée par accident. Et dans cette deuxième option, il y avait des chances pour qu’elle se vexe un peu de la remarque. Ce qui n’était pas méchant en soi. C’était dans le caractère de Michiki d’être comme ça. Et il était tellement amusé de sa bêtise qu’il ne put prédire la suite. La jeune fille tomba vers lui. Elle se rattrapa sur l’épaule du binoclard qui la sécurisa. Elle soupira d’exaspération. Il avait fait quoi ? Puis il comprit lorsqu’elle se mit à grommeler comme quoi on leur apprenait à gérer l’équilibre en combat. La jeune fille était donc une shinobi comme Michiki. Mais il trouvait ça amusant qu’elle se culpabilise autant pour si peu. Il sourit et passa un bras autour d’elle pour lui attraper l’épaule. Il prit le bras qu’elle avait utilisé pour se rattraper et le fit passer derrière sa nuque. Délicatement à cause de sa blessure au poignet.

Maintenant qu’il assurait sa démarche, elle allait pouvoir se déplacer un peu mieux. Parce que faire même pas un mètre avant de tomber ça risquait de rendre le trajet un peu plus long. Puis il lui adressa enfin la parole :

-Je vais te raccompagner peut-être ! Non pas que t’es l’air débrouillarde mais là tu risques vraiment d’avoir du mal.

Il avait prononcé ces mots avec un ton amusé. Cela le faisait bien rire de la voir si sérieuse et si indépendante. Il comprenait ce qui pouvait amener quelqu’un à réfléchir comme ça mais les fruits de la fierté le fascinait toujours. Même avec un pied blessé, cette jeune fille avait eu dans l’idée de se débrouiller seule. COMME UNE GRANDE D’ABORD ! Il ricana intérieurement en l’imaginant en version naine en train de gueuler ça. Puis il se rendit compte qu’il avait manqué de politesse. Il y remédia donc simplement :

-Shinda Michiki, enchanté. Je te laisse me dire où aller hein !

La jeune fille acceptait sans trop rechigner l’aide du nécromancien même s’il se doutait qu’intérieurement elle devait bouillir. Jusque-là son comportement avait montré une personne très débrouillarde. L’aider ainsi ne devait pas l’enchanter au plus haut point par conséquent. Mais ça le faisait rire. Il n’était pas un mauvais bougre mais voir qu’il pouvait l’énerver rien qu’en était aimable et serviable, cela lui donnait presque envie d’en rajouter. Mais il ne le ferait pas. Du moins si ce n’était pas nécessaire. Mais elle sut se montrer reconnaissante. Elle l’exprima à voix haute d’ailleurs. Puis elle répondit à sa question après s’être présenté. Elle était membre du clan Kaguya. Un clan assez populaire de Kiri. Leurs techniques étaient intéressantes. Michiki avait eu l’occasion d’en observer certaines aux côtés de son ancien collègue Hojo qui avait récupéré les cellules de ce clan. Mais, n’étant pas un héritier du clan, il n’avait peut-être pas eu accès au plein potentiel de la maîtrise des os. Le nécromancien aimait bien ce clan. Il trouvait leur pouvoir passionnant.

Elle devait donc rentrer aux quartiers réservés à ces shinobis d’exception. Seulement un petit problème se posait. Michiki n’avait absolument aucune idée de là où ça pouvait se trouver. Il n’était pas dans un coin qu’il connaissait et même si le clan Kaguya lui était familier de par sa renommée, il ne connaissait pas pour autant l’emplacement de leurs quartiers. Embêtant dans la situation présente. Il allait devoir agir comme béquille et se laisser guider par Kairi. C’est ainsi que s’appelait la jeune Kaguya. Comme elle venait de lui poser cette fameuse colle, il allait lui répondre pour lui exposer son incompétence. Il n’allait pas se renfermer dans une fierté à deux balles lui interdisant de demander son chemin. Lorsqu’il réfléchit à cette réaction, il se rendit compte que c’était typiquement le genre de choses qu’aurait pu faire Kairi. Enfin du peu qu’il la connaissait. Il espérait qu’elle ne soit pas qu’une personne fière. Il se contenta de lui répondre pour le moment :

-Je ne passe jamais dans ce coin alors disons que tu seras mon chien d’aveugle.

Il allait en rester là avant de se rendre compte de l’énormité de sa bêtise. Il venait de la comparer à un chien. Il avait une envie irrépressible de rire. C’était tout lui. La finesse à l’état pur. Plus soft tu meurs. Mort ?! PREUM’S ! Ah non c’est pas ça. Il s’en voulait presque de cette image. Elle n’avait eu aucun caractère offensant pourtant. Il l’avait sorti naturellement sans penser au double sens. Espérons juste que la Kaguya n’allait pas mal le prendre. Il l’enquiquinait et la taquinait depuis tout à l’heure. Ce serait le summum pour passer pour un rustre. Mais il s’en fichait pas mal de l’avis des autres. Il avait connu bien pire.

Ils continuèrent donc leur route au rythme de la blessée. Cela n’ennuyait pas particulièrement le Jônin. C’était pile poil ce qu’il recherchait. Une balade tranquille pour l’apaiser avant d’aller se coucher. La cadence n’était pas rapide en raison de la blessure de Kairi mais c’était parfait. Il profitait encore un peu de la délicate petite brise nocturne. Un frisson le parcourut d’ailleurs lorsque le vent s’engouffra sous sa chemise par le trou béant à la place de sa manche. Forcément là ça allait être embêtant. Mais bon cela lui rappelait son entraînement à Yuki avec Pô. Quel enfoiré ce jour-là. Il lui en avait fait voir des vertes et des pas mûres. Les doux souvenirs d’un temps révolu maintenant que le Gekei n’était plus là. Un léger pincement au cœur qui fut vite balayé par un réel pincement physique.

Cela le tira de ses rêveries. La jeune fille s’était cramponnée un peu plus qu’avant à lui. Elle relâcha tout de suite son étreinte en rougissant légèrement. Ça Michiki n’y était pas habitué. Il était très rare qu’il fasse rougir les demoiselles. Celles qu’il côtoyait étaient assez…pâles dirons-nous. En plus de ça elle bredouilla un mot d’excuse. C’était assez comique. Elle avait honte de sa réaction ? L’être humain était fascinant dans sa sensibilité et dans sa manière d’aborder les situations. Leurs regards se croisèrent. Brièvement. Le bleu de leurs yeux se croisèrent un instant tels des saphirs provenant de mines différentes. Un sourire timide se dessina sur les lèvres de la jeune fille. Michiki lui rendit sans trop le vouloir. Voilà qu’il se ramollissait ! Bien joué le nécromancien ! Perte totale de crédibilité ! En plus il gênait la pauvre jeune fille. Il l’avait bien vu. Peut-être parce qu’elle le connaissait de renommée et qu’elle aussi avait peur de lui. Peut-être qu’elle craignait le redoutable nécromancien sans cœur que certains décrivaient. Un avis qui importait peu au Jônin d’habitude. Mais là, il avait forcé la jeune fille à se retrouver proche de lui. Et cela devait la débecter si elle le connaissait. Pour ça qu’elle se montrait si fière et débrouillarde. Oui c’était certainement ça. Son regard revint droit devant lui et il en fut presque triste. Mais bon. Après tout il était habitué ! Il n’allait pas embarrasser la jeune fille plus que ça. Il apaiserait son calvaire.

Il libéra une de ses mains doucement pour la porter à sa ceinture et saisir un rouleau. Il déroula ce dernier et un nuage apparut à ses côtés. De cet écran de vapeur, jaillit un loup. Un loup mort pour être exact. Le cadavre était néanmoins bien conservé. Pas de traces de décomposition ou autre. Rien d’alarmant qui disait : « CADAVRE ». Un loup comme les autres en gros. D’un signe de tête, il désigna la bête et s’adressa à Kairi :

-Une monture pour faciliter le transport peut-être ?

La monture de la demoiselle était avancée. Elle ne cacha pas son étonnement et elle le traduisit à voix haute. Une remarque qui ne manqua pas de faire sourire le Jônin. La jeune fille semblait sans gêne. C’était comme ça qu’elles étaient le mieux. Une demoiselle n’ayant pas peur d’assumer et de dire ce qu’elle pense vraiment avait un certain charme. Enfin c’était plutôt un luxe dans une société hypocrite où les sourires et les politesses inutiles étaient de rigueur afin de paraître pour quelqu’un de bien. Alors qu’en réalité ce n’était pas là la meilleure façon d’être quelqu’un de respectable. Ce qui était respectable c’était de savoir exprimer sans détour son opinion. Un peu comme venait de le faire la jeune Kaguya. C’était assez amusant à observer d’ailleurs. Elle s’approcha donc du loup. Et elle démontra une fois de plus qu’elle savait faire preuve d’honnêteté. Alors qu’elle se trouvait à côté du canidé, elle se retourna vers le nécromancien en lui demandant de l’aider avec un petit sourire gêné. Ensuite elle baissa les yeux vers le sol après avoir demandé de l’aide. Franche et débrouillarde. Pour une fois qu’elle ne regroupait les principaux défauts que l’on rencontrait chez les pouffes. Cette fille-là semblait bien différente de tout cela. Et ce n’était pas plus mal ! Sinon Michiki ne se serait jamais attarder à l’aider. Mais il fallait éviter de trop réfléchir et agir vite. la demoiselle avait besoin d’aide.

Le nécromancien la saisit pour la faire passer au-dessus de l’animal. Il allait éviter de lui révéler la nature véritable de ce loup. Chevaucher un cadavre est vraiment quelque chose de peu commun qui peut surprendre au premier abord. On se demande pourquoi franchement ! En quoi c’était particulier ? Pas plus que de se battre avec des morts ! Comment ça c’est bizarre ?! Mais non voyons tout le monde ! Enfin bref ce n’est pas le sujet. Après avoir aidé Kairi à monter sur son fidèle destrier, elle tenta tant bien que mal de s’agripper. Le voyage allait se faire au pas donc ça ne risquait pas de secouer. Mais il la laissa faire. Un coup de vent vint balayer la scène, faisant voler les cheveux des protagonistes ainsi que les vêtements déchirés du Jônin. Ce fut à ce moment-là qu’il prit conscience du froid qui l’entourait. Aucun frisson mais une légère chair de poule le parcourut. Il devait avoir l’air malin maintenant. Sacrifier un bras de chemise pour se les cailler après ! Il est beau le gentilhomme serviable.

Il s’apprêtait à reprendre la marche, un peu d’exercice physique le réchaufferait certainement mais il fut arrêté par les mots de la jeune fille qui lui demanda s’il ne montait pas. La formulation était là pour dire typiquement : « Monte s’il te plaît ». Enfin il pensait. Etait-ce vraiment ça ? Elle avait accentué son prénom avec une certaine intonation un peu étrange. Avait-elle peur des loups ? Non. Sinon elle aurait eu une réaction beaucoup plus violente en voyant l’animal. Dans ce cas, pourquoi cherchait-elle à ce qu’il monte lui aussi sur le loup. Pour se rassurer ? C’était une éventualité à envisager. Toujours est-il qu’il était rare qu’une demoiselle s’approche aussi près du nécromancien et lui demande tant de services. Cela l’intriguait lui aussi. De voir à quel point il arrivait à bien se comporter. On s’attendait plutôt à une réaction du type : « T’es pas un cadavre laisse-moi ! ». Et pourtant il avait agi en faveur de la Kaguya depuis le début. Et cela s’était fait naturellement sans qu’il ne contrôle vraiment tout ça. C’était un sentiment assez étrange. Mais elle n’était pas comme les autres. Pour ça aussi que l’aider ne le dérangeait pas. Mais après tout il réfléchissait beaucoup trop pour pas grand-chose.

Il revint près de son pantin animal qu’il enjamba pour se mettre derrière Kairi. Elle regardait droit devant elle pour lui dire qu’elle le guiderait jusqu’à chez elle. Son regard s’était précipité vers l’horizon. Qu’avait-il fait pour ça ? Peut-être que son contact la dégoûtait en fait. Il ne pouvait lui en vouloir en même temps. Il n’avait pas la réputation d’être l’homme le plus charmeur et le plus sociable du village. Il hésita un instant à continuer mais il se dit qu’il paraîtrait ridicule s’il se stoppait maintenant. Il termina de s’installer sur le loup juste derrière Kairi. Puis il ordonna mentalement à l’animal de se mettre en marche doucement. Les très légères secousses le forcèrent à se cramponner à la taille de sa voisine de devant. En espérant qu’elle n’allait pas se mettre à vomir à ce contact avec un…oui il fallait le dire…un monstre. C’était ainsi que beaucoup désignait le nécromancien. Même s’il ne faisait pas tout le temps exprès d’agir en tant que tel. Sa bestialité s’était largement amoindrie avec le temps. Mais l’étiquette du nécromancien de Kiri lui restait collée à la peau malgré tous ses efforts. Ce n’était pas bien grave. Cela le rendait solitaire. Et c’était ainsi qu’on reconnaissait la force d’un homme. A sa capacité à être seul et sans attaches. C’est ce qui en faisait un redoutable guerrier impitoyable. Tant qu’il ne se ramollissait pas avec le temps ! Les deux Kirijins continuaient donc leur petite promenade nocturne à dos d’une monture atypique. Et un nouveau coup de vent vint les rafraîchir. Ce qui arracha une seconde chair de poule à Michiki. Bien joué imbécile !

Michiki ignorait totalement ce qui lui était passé par la tête. Lui qui d’habitude était si sauvage. Enfin pas dans le sens propre du terme. En s’attachant à un sens figuré bien sûr. Il se faisait peu d’amis mais il était surtout assez difficile de l’appréhender la première fois. Déjà lorsqu’une réputation de nécromancien vous précède, il n’est pas facile d’être la personne sociable que tout le monde approche pour apprendre à la connaître. Ce qui pouvait conduire le Jônin à se conduire de manière assez froide parfois. Il lui arrivait aussi de faire preuve de compassion. Comme ça avait été le cas avec ce Gekei du loup. Là il l’avait fait un peu à sa façon. Mais avec la Kaguya, il sentait au plus profond de lui qu’il y avait quelque chose de différent là-dessous. C’était une sensation assez étrange. Il la délaissa. C’était inutile d’avoir des sensations. Comme les sentiments d’ailleurs. Cela faisait juste un fardeau supplémentaire au shinobi. Mais Michiki s’en sortait plutôt bien. Les seuls liens qu’il avait étaient des liens de camaraderie avec certains membres du village. Certains étaient un plus forts que d’autres, certes.

Une fois qu’il se fut installé sur l’animal, Kairi prononça quelques mots qui ne tardèrent pas à se perdre dans le vent qui venait de souffler sur eux. De ce que le nécromancien avait compris, elle s’assurait juste que le fait de s’installer avec elle sur la monture improvisée ne le dérangeait pas. Il faillit éclater de rire mais il sentait que s’il ferait ça, elle risquait de ne pas le prendre dans le bon sens. Elle allait penser qu’il se moquait d’elle. Et puis en se mettant à sa place deux minutes, il n’aurait pas apprécié non plus. Et sa politique première était de ne pas faire aux autres ce qu’il n’aimerait pas qu’on lui fasse. Enfin, à peu de choses près ! Mais sachant qu’il venait de l’aider, elle devait se sentir déjà assez mal à l’aise. Il aurait pensé pareil s’il s’était retrouvé handicapé à dépendre de quelqu’un. Il se retint donc de rire et se contenta de prononcer quelques mots.

-C’est surtout si toi ça ne te dérange pas.

Il s’arrêta là. Inutile de sortir un long discours barbant. Quelques mots suffisent pour apaiser quelqu’un. Il suffit de les choisir avec soin et cela vaut tout beau parleur qui compose un immense dialogue de plusieurs minutes. Il suffit juste de savoir être convaincant. Tant qu’on croit en ce qu’on prodigue, votre interlocuteur vous écoute et vous trouve convaincant. Des milliers de phrases ne suffisaient pas là. Quelques mots simples pour rassurer. Voilà tout ce dont avait besoin la Kaguya pour Michiki. Il espérait en tout cas ne pas se tromper en se contentant de si peu. Faire un tel flop après quelques mots qu’on pense efficaces, ce serait vraiment bête. Mais en rajouter maintenant n’arrangerait rien. Il fallait passer à autre chose pour le moment. Le loup se mit donc à avancer sur les ordres mentaux de son maître. Le duo avançait donc. Le rythme n’avait rien d’effréné. L’animal obéissait en avançant lentement, patte après patte en faisant le moins de mouvement brusque possible. Le nécromancien ne tenait pas à ce que la pauvre Kairi se fasse encore mal. Elle avait assez pris comme ça.

Comme à un moment, un pas avait quand même secoué les deux Kirijins, Michiki s’était accroché instinctivement à la taille de jeune fille en y posant ses mains. Il n’avait pas été violent ou quoique ce soit. Mais maintenant il se retrouvait un peu mal à l’aise. Enfin, pour être plus précis, il l’était pour Kairi. Déjà qu’une telle proximité avec lui avait dû demander de gros efforts à la jeune fille pour ne pas que son cœur se soulève. Mais alors là, elle devait être au bord de l’évanouissement. Juste en y réfléchissant quelques secondes, il avait déposé sur elle ses mains avec lesquelles il avait accompli autant d’horribles choses. Ses actrices de mort qui l’avaient rendu tristement célèbre à Kiri. Ces mêmes instruments qui attrapés la taille de la jeune fille sans brusquerie. Mais en imaginant le contact qu’il avait tous les jours avec les cadavres, les corps encore habités par une légère once de vitalité, Kairi devait vraiment se sentir mal. Il était peu fier de ce qu’il venait de faire. Il l’avait aidé jusque-là et maintenant elle devait subir ça. Pour ce coup-là il lui faudrait plus de quelques mots pour se racheter auprès de la jeune Kirijin.

Mais comment faire ? Il hésita pendant un moment à carrément retirer ses mains. Ce serait certainement la meilleure des solutions. Il allait le faire jusqu’à ce que la voix de Kairi lui parvienne. Ça y est. Elle allait lui demander de retirer ses mains. Il l’avait dérangé et elle n’allait pas se gêner pour lui faire la remarque. Ce qui était parfaitement normal. Il était prêt à assumer son geste et à s’excuser comme il se doit pour cela. Il commençait déjà à préparer son argumentation et ses excuses. Par rapport à tout à l’heure, il allait falloir faire chauffer la boîte à camembert ! Mais il fut un peu coupé dans son élan quand il entendit vraiment de quoi il retournait. Elle s’inquiétait juste de savoir s’il n’avait pas froid. Lui qui s’apprêtait à déblatérer un milliard de façons de dire « pardon », il était un peu sur le cul. Encore heureux qu’il était déjà assis ! Il n’eut donc d’autres mots en tête que ceux-ci :

-Euuuh non ça va ne t’en fais pas j’ai l’habitude.

C’était un petit mensonge mais en même temps elle n’allait pas lui en vouloir. Puis de toute façon elle l’apprendrait jamais alors on s’en fout un peu ! Et puis lui dire la vérité n’aurait fait que la faire se sentir encore un peu plus mal à l’aise. Déjà qu’il pensait l’avoir fait. Mais du coup il se retrouvait un peu perdu avec tout ça. Lui qui pensait qu’elle se sentait perturbée par le contact qu’il avait créé, il ne semblait n’en être rien. Ou peut-être qu’elle le cachait. Mais cette hypothèse se fit dégager immédiatement après. De ce qu’il avait pu constater jusque-là, si un détail la dérangeait, elle n’hésiterait pas en faire part. Mais comment se faisait-il qu’elle n’était pas gênée alors ? Michiki n’était pas le genre de gars qu’une jeune fille espère secrètement avoir comme cavalier sur un loup crevé alors qu’il la tient par la taille. C’était purement et simplement impossible qu’une telle jeune fille sainement constituée puisse rêver de ça. Et Kairi ne paraissait pas atteinte de folie ou autre. Alors qu’est-ce qu’il pouvait y avoir comme autre raison ? Il n’en voyait aucune. Se pouvait-il qu’en fait elle ne soit pas gênée du tout ? C’était une éventualité à ne pas laisser tomber. Mais cela signifierait qu’elle n’avait jamais entendu parler du nécromancien et de sa réputation sanglante. Ce qui n’était pas improbable mais généralement les gens avaient tendance à directement le remarquer rien qu’en voyant sa tête. Alors comment se faisait-il qu’elle, elle ne s’en rendait pas compte ?

Tant de questions et d’interrogations qui lui traversaient l’esprit et auxquelles il n’arrivait pas à trouver de réponse satisfaisante. Il échafaudait un nombre impressionnant de scénarios et de possibilités jusqu’à ce que, par un coup du destin taquin, il commence à comprendre lorsque Kairi reprit à nouveau la parole. Ils n’avaient pas parlés depuis un moment et ces mots-là semblaient avoir vraiment du mal à sortir. Comme si elle était allée les chercher au fond d’elle. Ce qui était peut-être le cas. Michiki l’ignorait mais en tout cas il se montra attentif car si tel était le cas, une attention des plus accrues serait perçue comme la plus belle des récompenses. En plus, c’était vraiment une confidence. Elle lui expliquait qu’elle n’était pas habituée à ce qu’on l’aide comme le nécromancien l’avait fait. Et tout cela parce qu’apparemment elle était mise à l’écart par les autres à cause de ce qu’elle était. Il fallut un instant à Michiki pour faire le lien et encore plus pour comprendre.

Il avait du mal à saisir où elle voulait en venir sur l’histoire de ce qu’elle était. Mais il avait élucidé un mystère. Elle n’était pas gênée parce qu’elle était accoutumée à un rejet de la part des autres. Sur toutes les raisons qu’avaient envisagées Michiki pour essayer de comprendre le fait qu’elle n’était pas gênée de se tenir aussi près d’un monstre comme lui, il n’avait même pas songer à celle-ci. Alors qu’il s’agissait de la plus simple qui soit. C’était souvent quand c’était simple qu’on avait du mal à le voir. Mais même si un mystère était résolu, il venait de se soulever un autre. Qui était-elle pour que les gens la fuient. Comme Michiki en fait. On le rejetait à cause de son pouvoir qu’il avait appris après maintes souffrances afin d’être utile à la société. Et pourtant il avait été traité de monstre et rejeter injustement car ce n’était pas dans la norme de manipuler des cadavres. Et pourtant il se retrouvait proche du sommet de la pyramide hiérarchique. Il était loin le petit Genin dont tout le monde se foutait. Tout ça ne serait pas arrivé sans sa rencontre avec Pô et une leçon primordiale qui était de ne jamais prêter attention à ce que les gens disent de soi. Seul notre avis compte pour définir de quoi nous sommes capables. Nous sommes la seule limite au développement de notre bonheur. Et alors qu’il réfléchissait encore, elle lâcha un dernier mot. Le plus important de tous et celui qui avait dû demander beaucoup d’efforts. Merci.

Un simple merci. Cela peut paraître anodin pour le commun des mortels. Mais après ce que venait de dévoiler Kairi sur elle, prononcer une telle chose à voix haute devait être un réel obstacle. Michiki s’en retrouva presque touché. Il avait rarement ressenti ça mais là il ne pouvait faire autrement. Un shinobi ne doit pas ressentir de sentiments mais c’était dur de rester insensible face à un tel applomb et un tel courage car la jeune fille avait dû mettre de côté une partie inhérente d’elle. Elle avait abaissée son bouclier qu’elle n’avait sûrement que très rarement abaissé pour permettre à un homme tel que Michiki de découvrir qu’elle était sensible comme n’importe quel autre être humain. Et le fait que l’aide que lui avait apporté le nécromancien l’amène à faire ça était une récompense des plus honorables pour le Jônin. Une récompense qui se résumait à un merci mais qui pourtant en valait plus d’un million. Il aurait pû verser une larme s’il n’avait pas été cet être froid et sans cœur que les rumeurs lui octroyait. Mais il ne pouvait rester silencieux face à ça. Il se devait de répondre suite à une telle déclaration. Par respect et pour apaiser la souffrance de la jeune fille. Car oui, après s’être dévoilé ainsi, un être doit énormément souffrir. En tout cas de ce que Michiki en déduisait. Il choisit donc soigneusement ses mots. Puis il finit par s’exprimer :

-Et moi qui craignais que tu sois mal à l’aise à cause du fait qu’on me décrit souvent comme un monstre ! J’ignore totalement quelle réputation on peut te faire Kairi. Et même si ça avait été le cas, j’aurais agi de la même manière que maintenant. Tout simplement parce que je connais ton fardeau. Etre rejeté par les autres pour ce qu’on est. Et je n’ai qu’un seul conseil à te donner face à ce genre de comportement : ignore-les. Procède ainsi et tu arriveras à de grandes choses. Je te le garantis.

Il s’arrêta là. Il était allé à l’essentiel. Et puis peut-être que la jeune fille avait également envie de répondre et de donner son avis. Il laissa planer le silence pour que Kairi pense à ce qu’il venait de dire alors qu’ils continuaient leur marche à dos de loup. La lune brillait haut dans le ciel et les éclairait tant bien que mal. C’était vraiment une belle nuit. Même si le vent devenait gênant avec une manche de chemise en moins !

Il n’y avait pas à dire c’était vraiment une belle nuit. Une belle nuit pour admirer la beauté de la voûte céleste essayant de grignoter l’astre lunaire petit à petit. Une belle nuit pour en apprendre un peu plus sur soi et sur les autres. L’expression revêtait en effet plusieurs sens. Mais chacun d’entre eux convenait pour décrire la situation dans laquelle les deux Kirijins se retrouvaient. Il fallait aussi reconnaître que l’ironie de la situation était assez amusante. Entre Michiki qui pensait de son côté que Kairi le craignait à cause de sa réputation tandis que de son côté elle pensait exactement la même chose, ils ne risquaient pas d’aller très loin dans la conversation avec tout ça. Mais comme la Kaguya avait fait un premier pas en avant pour exprimer ce qu’elle pensait, le nécromancien comprenait mieux et il saisissait maintenant toute l’essence humoristique de la situation. Il en avait ricané seulement intérieurement pour pas que Kairi, très sérieuse car elle s’était ouverte à un parfait inconnu quand on y pense, ne se vexe d’une telle réaction.

Le silence les entourait et semblait les bercer un peu plus dans cette atmosphère si particulière. C’était bien la première fois que Michiki se retrouvait dans une telle situation. Une simple rencontre de deux êtres qui tournait rapidement en une introspection personnelle de chacun d’entre eux. Ce sentiment de partage était assez étrange et nouveau pour le jeune nécromancien redouté et fui par tous. Ce qui était moins vrai maintenant mais il gardait à l’esprit que son art dérangeait pas mal de monde. Il n’était plus rejeté comme avant mais uniquement en raison de son rang et de ce qu’il pouvait apporter à la prospérité du village. S’il se retrouvait le lendemain avec le niveau d’un Genin, il y a fort à parier que beaucoup lui tourneraient le dos et l’exileraient en raison du côté macabre de ses techniques. Mais il se moquait éperdument de ce détail. Il avait toujours vécu ainsi. Le regard des autres a le poids d’une plume par rapport à celui que nous avons de nous-même.

Une expérience qu’avait vécu la Kaguya de son côté. S’il y avait bien quelqu’un capable de le comprendre, c’était cette jeune fille. Une fleur qui s’était finalement ouverte pour dévoiler la beauté de ses pétales. Ce moment pouvait être perçu ainsi. Mais Michiki n’était pas vraiment du genre à percevoir de la beauté dans une simple ouverture au monde extérieur. Le geste était courageux, ça il le reconnaissait. Mais il n’allait pas s’extasier non plus devant si peu. La seule beauté pour lui résidait dans un affrontement à mort où chaque protagoniste engage toutes ses forces dans la bataille. Là était la véritable valeur en ce monde. Un jugement assez primitif et pourtant le nécromancien savait se montrer sophistiqué. Mais il fallait reconnaître que rien ne vaut un combat où on en perd haleine et où les jutsus s’enchaînent en une parfaite mélodie dont les instruments se jaugent et s’affrontent.

Mais il fut vite interrompu dans ses réflexions personnelles. Kairi venait de répondre à ce qu’il lui avait dit un peu plus tôt. Elle ne semblait en effet pas au courant de sa triste réputation de meurtrier assoiffé de sang et de cadavres. D’un autre côté c’était bien mieux comme ça. Mais il semblait qu’elle aussi cachait un obscur secret. A peu près aussi similaire que celui du Jônin sans qu’il puisse pour autant l’identifier précisément. Il n’osa pas demander d’explications supplémentaires. La jeune fille avait déjà beaucoup donné dans cette conversation. Il n’avait pas cette force et cette maturité d’esprit. Il n’en demanderait donc pas plus et il n’en dévoilerait pas davantage. En tout cas tant qu’elle ne demanderait pas, il ne lui raconterait pas son histoire. Mais si elle le faisait, il répondrait volontiers. En lui retournant ensuite la question, naturellement.

Le silence s’installait tranquillement et paisiblement lorsqu’une bourrasque de vent vint perturber cet équilibre si prospère. Et ce souffle d’oxygène apporta une touffe de cheveux fouettant le visage du nécromancien. Ses lunettes se retrouvèrent légèrement de travers et il eut un des cheveux de la Kaguya qui vint se loger dans son œil. Il le retira, non sans une certaine douleur et une certaine gêne, avant de replacer correctement ses lunettes. Kairi s’empressa de dompter sa tignasse rebelle afin de ne pas gêner davantage le nécromancien. Et elle en profita également pour se répandre en excuses. Son comportement était des plus amusants. Il avait du mal à se passer de ce véritable spectacle. On aurait dit que sa propre existence était une faute dont elle tenait à se faire pardonner en s’excusant toutes les cinq minutes. Michiki avait envie de rire mais ce ne serait pas poli envers elle. Elle lui indiqua ensuite la route à suivre pour la mener chez elle. Comme elle ne disait plus rien, il profita de l’occasion pour enfin se manifester :

-Désolé de quoi ? Si tes cheveux m’avaient fait mal, ma place ne serait certainement pas dans l’armée de Kiri ! dit-il avec un rire.

Il regarda un peu plus loin devant lui pour identifier le trajet qu’il faudrait prendre. Il n’était jamais venu dans le coin et il avait un peu peur de se perdre sur le retour. Il devrait se débrouiller de toute façon. Pas trop le choix. Mais il ne dit rien à ce propos. Il se contenta d’un :

-Je ne suis jamais venu par ici. Le quartier est tout nouveau ou c’est juste moi qui ai le sens d’orientation d’une huître ?

Spoiler:

La remarque de Michiki sur son altercation des plus violentes avec les cheveux de la Kaguya arracha un rire à cette dernière. Cristallin et s’échappant tout naturellement de la bouche de la jeune fille. Une sorte de son de cloche dans le calme nocturne. Non pas que Kairi semblait être une cloche attention ! Non Michiki serait bien malvenu de juger si rapidement et si négativement une kunoichi tout juste rencontré à qui il était arrivé tant de malheurs en une soirée. De plus, elle s’était considérablement ouverte à lui en lui avouant certains aspects personnels et confidentiels d’elle-même. Un exercice pas facile qui avait dû lui demander un profond travail sur elle-même en si peu de temps. C’était d’ailleurs depuis cet instant que le nécromancien s’était « lâché ». D’abord gêné de mettre mal à l’aise la jeune fille, il avait compris après que ce n’était qu’à cause de son ressenti à elle qu’elle semblait si fermée et distante. Rien qui le concernait directement par conséquent. Depuis, il s’était détendu et il tâchait d’en faire de même pour l’atmosphère.

En même temps la pauvre venait de déballer son sac un peu. Elle s’était montrée sincère en dévoilant une facette d’elle-même que peu de gens avaient dû voir. Ou bien se jouait-elle du Jônin depuis le début ? Ce serait ça le fameux pouvoir de persuasion des femmes ? Iraient-elles jusqu’à ce point ? C’est ce que les remueurs présageaient ! Mais il n’avait pas que ça à faire en même temps d’écouter les ragôts masculins sur le sujet. Qu’elle se moque de lui ou pas, ça n’avait pas une grande importance. Il se montrait juste serviable car il était d’humeur sympathique pour l’heure et qu’il n’avait pas vu en elle les traditionnelles chieuses qu’il avait l’occasion de voir et de haïr tant. Pour ça qu’il était en partie associable. Et un peu aussi parce qu’il déteste les êtres humains trop imbus d’eux-mêmes etc. Une bonne leçon que lui auront transmis ses défunts parents dont il se servait comme armes aujourd’hui. Mais c’est une autre histoire ça !

Après avoir renouvelé sa tentative de détente de l’ambiance, l’initiative de Michiki fut couronnée de succès. Kairi se détendait. Ça se sentait dans ses actes et également dans ses mots. A la remarque sur les capacités d’orientation du nécromancien, elle avait répondu par l’affirmative en lui avouant que son sens de l’orientation égalait celui d’un fruit de mer. Michiki afficha donc un sourire tandis qu’elle lui expliqua que peu de gens passaient par là. Pas des petits nouveaux en tout cas. Tout le quartier devait être réservé au clan de Kairi si ça se trouve. Elle désigna d’ailleurs sa résidence. Lorsqu’ils arrivèrent devant l’endroit, Michiki ressentit quelque chose d’étrange. Comme…de la déception ? Non il se faisait sûrement des idées. Il chassa ses doutes d’un bref secouage de tête avant de descendre de son pantin de chair poilu. Il en oublia même sa blessée de guerre qui le rappela à l’ordre pour lui demander de l’aide. Il se retourna vers elle et vint la saisir par la taille pour l’aider à descendre de l’animal. Une fois le pied à terre, elle faisait attention avec sa cheville et donc le nécromancien resta à côté pour proposer son épaule salvatrice.

Une fois arrivé à la porte, il se recula un peu, la laissant ainsi ouvrir et rentrer se reposer chez elle après tout cela. Mais avant de rentrer, elle le regarda avec un sourire. Il le lui rendit puis elle brisa le silence régnant entre eux pour lui proposer de rentrer. C’était bien la première fois qu’on proposait ça à Michiki ! Il s’en étonna un peu et son faciès dut le trahir mais il reprit de suite son sourire pour lui répondre :

-Il se fait tard. Je risque beaucoup à sortir si tard. Je pourrais y laisser la vie en croisant des personnes mal intentionnées dans les rues. Qu’as-tu à me proposer ?

Il avait dit ça en prenant le temps de faire des pauses entre chaque phrase. Un temps plus long également pour sa dernière question alors qu’il faisait un pas pour entrer chez la Kaguya. Sans trop savoir pourquoi, il ne pouvait se défaire d’un petit sourire. Mais qu’est-ce qui lui arrivait à ce pauvre nécromancien si craint ?