La guerre est proche. Kiri est confiant. Kumo aussi. Cela-dit il semble évident que tout se jouera sur des détails. L’armement, les capacités à soigner les shinobis, la fraîcheur physique lors des batailles. Autant de paramètres à prendre en compte. C’est donc histoire d’être fin prêt que tous au village s’activent, les médecins, les hauts gradés, les genins et même les villageois lambdas. Moi dans cette histoire ? Et bien, au même titre que mes compatriotes, je faisais la part des choses. A la seule différence près que je n’étais pas à Kiri mais bien en terre ennemie. Une sorte de « Rendez-vous en terre inconnue » si vous voyez ce que je veux dire.

Voilà une semaine maintenant que j’avançais, seul, arpentant les sentiers glacés du Pays de la Foudre. Pour ne pas me faire repérer par les autorités compétentes, j’avais dissimulé mon visage via le henge, mon sabre et bien entendu tout signes pouvant trahir mon appartenance au village caché de la brume. Adieu le bandeau frontal, mon uniforme de shinobi et toutes les petites babioles comme ma chaîne ou mon bracelet. Désormais mon apparence était celle d’un jeune homme d’une trentaine d’années tout au plus. J’étais devenu grâce à ce jutsu de rang E, un marchand itinérant tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Chevelure noire, yeux grisâtres, teint ni trop pâle ni trop bronzé, bref, j’ai de quoi passer inaperçu et c’est l’essentiel, pensais-je. Pour jouer le rôle du parfait marchand, j’ai même quelques outils indispensables. Oui, une charrue pleine de produits de saison était tirée par deux chevaux. Au vu des efforts et des moyens considérables mis en jeu, je ne pouvais pas, selon toute logique, me faire repérer.

Certes je ne suis pas d’un naturel anxieux néanmoins là, je me devais de la jouer fine. Nul doute que si jamais on apprenait ma venue en ces terres, les hauts dirigeants des nuages s’empresseraient d’envoyer une horde de shinobis à ma poursuite. Sachant que mon voyage avait pour unique but de récolter quelques informations sur les routes et terrains du pays, il serait idiot de devoir me battre. Car oui, le but n’était pas de déclencher une guerre avant l’heure. D’autant que si on m’avait envoyé moi plutôt qu’un autre c’était car j’étais déjà venu ici à de nombreuses reprises. De fait on comptait sur mes capacités à me fondre dans la masse de villageois pour soutirer le plus d’informations sur les structures du pays. Pour l’heure, j’avais pas mal d’éléments. Certains intéressants, d’autres beaucoup moins. Dans tous les cas il y avait deux ou trois passages que j’avais remarqués et qui valaient le coup d’être notés. Sait-on jamais, si Kiri lançait une offensive surprise alors nous avions tout intérêt à connaître ces sentiers.

Toujours seul, je continuais de me frayer un chemin. Pas facile quand on voit les conditions météorologiques néanmoins je tenais bon. En outre, qu’on se le dise, j’avais vu bien pire dans ma courte carrière de ninja. Effectivement, le sabreur que je suis n’était pas de ceux qui craignaient la neige. Bien au contraire, mon corps s’était habitué au froid ; Et pour cause, n’oublions pas mes nombreuses expéditions à Yuki no Kuni – dont une qui se solda par l’obtention d’un pacte de Kuchyiose. Bref, pas question de retourner à Kiri tout de suite, il y avait encore deux ou trois choses à voir, j’en étais sûr. Dans un moment d’égarement, j’avais sûrement loupé LE truc à voir. Une zone où placer une base temporaire, un chemin menant directement au sentier perdu de Kumo ou je ne sais trop quoi encore. Comme vous l’aurez très certainement remarqué, je ne sais pas trop ce que je cherchais mais une chose est certaine, c’était là, sous mes yeux. Je n’avais qu’à les garder grands ouverts.

« Allez, plus vite… »

Saletés de bêtes. Elles me faisaient perdre mon temps celles-là. Toujours à vouloir se reposer, à manger et à boire. Si je pouvais, je les laisserais mourir de froid ici. Malheureusement, ce n’était pas possible. Perdre ces chevaux revenait à perdre ma couverture, et perdre ma couverture revenait à me faire griller. L’équation est donc simple à résoudre puisqu’elle n’admet qu’une solution : Je vais devoir m’arrêter… Encore. N’ayant d’autres possibilités, je me posai dans un coin tranquille, à l’abri des regards indiscrets. En y réfléchissant bien, je ne sais même pas pourquoi je me donnais tant de mal. En ces temps hivernaux, rares sont les personnes qui partent s’aventurer dans les montagnes enneigées. C’est justement en me disant cela que je vis au loin un homme bien en chair arriver. Son visage ne m’était pas inconnu. Ça y est, cela me revenait, c’était lui, l’homme que j’avais croisé lors de la première « guerre » entre Kiri et Kumo : L’Hypnotiseur.

Attendez, stop. Il me croit mort ? Hum… Et d’où il connaît mon nom ce gonz ? Bizarre ça. Le pire c’est qu’il m’a reconnu alors même que mon faciès était caché par un Henge. Est-il possible que, par un heureux hasard, le visage que j’ai pris soit ressemblant à celui d’un inconnu portant les mêmes nom et prénom que moi ? … Cela semble difficilement probable. Tellement peu probable que cette supposition est à mettre à la poubelle. De plus, il affirme m’avoir reconnu malgré ce jutsu de rang E. Soit disant qu’une technique d’aussi bas rang ne peut tromper son œil expert. Je me demande bien qui il est et surtout ce qu’il veut. C’est vrai quoi ; S’il était de Kumo, nul doute qu’il m’aurait déjà attaqué. Par logique, j’en déduis qu’il n’est pas originaire de la région. Mais alors d’où sort il et surtout, pourquoi est-il ici ? Je n’en sais trop rien et ses dires ne m’aident en rien à comprendre. Le bougre ne m’aiguille même pas un peu. J’essaie donc, en tant que brillant Kirijin – ça, c’est de l’oxymore – de trouver par moi-même les réponses à mes questions.

Déjà, tentons de savoir qui il est. Pour cela, il n’y a pas trente-six solutions, il faut analyser. Ainsi, je le regarde et me remémore ce qu’il m’a dit quelques secondes auparavant. Je ne sais pas pourquoi mais sa manière de parler comme un monarque unijambiste du seizième siècle me rappelait quelqu’un que j’avais croisé auparavant. Mais qui ? Ce n’est seulement après quelques secondes d’intenses réflexions que je trouve la réponse à mon interrogation : Samidare Teichiro. Plus connu par ma propre personne sous le nom de « l’Hypnotiseur ». Quand j’y pense, il n’a pas grandement changé en deux ans, il a juste pris un peu de bide. Cela-dit, il est toujours aussi habile avec les mots. C’est cette même habilité qui m’avait fait somnoler la dernière fois. Bon dieu qu’il est doué. Bref, blagues mises à part, je dois faire attention. En effet avant ma maladie, je m’étais renseigné sur lui et d’après les ragots, ce n’est pas un enfant de chœur. Déserteur de Konoha, fondateur d’une organisation dont le nom ne me revient plus et nukenin de haut rang. Il y en avait des appellations pour ce type de shinobi. En passant, je suis sûr que sa tête doit coûter chère au village de la feuille. Dans un contexte différent, je me serai bien jeté sur lui mais là, j’ai des choses urgentes à faire… Quoique…

« Non, je ne suis pas mort, désolé pour toi. Et je te retourne la question. T’es là pour le tourisme ou bien … ? »

De l’ironie, bien entendu. Après tout, personne n’est assez fou pour visiter un endroit aussi laid. Autant j’avoue volontiers apprécier le pays de la foudre, sa gastronomie et ses habitants, autant le paysage me donne l’irrépressible envie de vomir mon déjeuner. Pour ce qui est du passage sur ma mort, j’ai fait sobre. J’aurai pu sortir un truc du style : « Un Lutin ne meurt jamais », sauf que je serai passé pour un bel abruti. D’autant que bon ; Soyons franc, j’ai failli y rester. Enfin bref, revenons-en aux faits et uniquement à ces derniers je vous prie. Un nukenin de rang SSS, chef d’une organisation connue mondialement de surcroît, se trouve devant moi.

Deux choix s’offrent alors à ma sainte personne. Ou bien je tente de le tuer, ou bien je continue ma mission de détection. Allez savoir pour quelles raisons, je choisis la première solution. Sûrement l’appel du sang ou un truc dans ce genre-là. D’autant qu’il me fait des avances le bougre. Un combat amical lui plairait, dit-il. Ah ah. Allez, c’est parti. Dans ma grande générosité – et parce que je suis un Kirijin –, je dissipe mon henge. De toute façon il servait à rien vu qu’à ce qu’il paraît, tous les senseurs ou presque sont en mesure de distinguer le vrai du faux. Ayant repris mes traits de Lutin Bleu, je me gratte machinalement la tête. Bon, je crois que c’est l’heure de partir à la chasse aux nukenins. Sans plus attendre, je regarde le ciel. Il semble bleu, avec quelques nuages ci et là, de la neige qui tombe. En bref, ce sont des conditions climatiques qui, sans être idéales, ne me pénalisent pas trop. J’aurai bien ajouté de l’huile mais bon. Ah, tient, ce n’est pas idiot ça ! Modifier le terrain à ma guise pour qu’il pleuve. Qui sait, ce sera sûrement ma prochaine action. Il ne faut rien laisser au hasard. Ah, d’ailleurs, je pourrai aussi invoquer un de mes Kuchyiose comme je l’avais fait avec Haru et l’inconnue à Kiri. C’est sûrement ce que je ferai tient. Notez au passage que quand j’affronte des ninjas puissants, j’ai le besoin quasi obsessionnel d’invoquer du monde. Car comme je le dis souvent : Un Lutin ne traîne jamais seul. Ces pensées inutiles passées, je fais semblant de me dégourdir les articulations. Vous méprenez, c’est juste pour la forme et pour faire comprendre au Samidare que j’ai bien l’intention de lui botter l’arrière train. D'ailleurs, s'il n'avait toujours pas saisi ; Je pense que ce sera désormais chose faite avec ma prochaine action. En effet, alors que même que le combat n'ait commencé, je croque mon doigt. De là sort du sang et hop ; Invocation. Oui, je suis pas fait pour combattre seul et j'assume. Parce que j'ai trop la classe, j'ai invoqué Rock. Alias le Fort. En bref, j'ai appelé Rock Fort !

« Je crois que c’est bon ; On peut y aller. »

C’est simple, c’est concis. Que demande le peuple ?

Spoiler:

Il faut de tout dans la vie, des grands, des petits, des maigres, des gros, des connaisseurs et des ignares. Là, je crois que j’ai affaire à un gars ayant dépassé le stade de simple « ignorant ». Confondre un lézard et une salamandre … Non mais je vous jure. Bon d’un côté, il faut avouer que cela se ressemblent. Les deux sont petits, les deux ont une queux, les deux ont une silhouette similaire et … Bah c’est tout. Oui, vous ne rêvez pas ; Cela mis à part, ils n’ont aucun point commun. Leurs couleurs, leurs races, leurs lieux de vie tout est différent. La stupidité de ses mots étant, je ferme les yeux puis pose ma main contre ma tête, adoptant ainsi la fameuse posture du facepalm.

« Toi, ça se voit que t’es pas allé au zoo étant enfant. C’est pas un lézard ce truc-là, c’est une salamandre, inculte. »

C’est d’un coup, d’un seul que j’ai fait apparaître Rock le Fort. C’est donc d’un coup, d’un seul que le monarque unijambiste du seizième siècle l’a fait disparaître. Un coup de laser qui sort des yeux et paf, terminé, fini, KO, one shoot comme dit chez moi. C’est à n’y rien comprendre. Comment a-t-il fait cela ? Et d’où sort-il des yeux pareils ? Aucune idée. Le fait est que je dois faire attention à cela sous peine de moi aussi finir gravement touché. Un regard à droite puis à gauche et je vois la salamandre repartir chez elle dans un nuage de fumée dont la taille est proportionnelle à la sienne. Agacé, je pousse un soupir. C’est franchement pas drôle. De plus, une question idiote vient à moi. Celle-ci se résume à peu de choses près à cela : Pourquoi se donner tant de mal et me priver d’un de mes kuchyioses sachant que j’en ai trop autres derrière ! Non, sincèrement, quoi ! S’il voulait jouer à ça, je pouvais, hein ! Ivan, Andreï, Mikkai et Vlad n’attendaient rien de plus que d’être invoqués. Ainsi, à ce petit jeu, ce serait sûrement moi qui gagnerais. En effet, je pense très clairement avoir plus d’invocations qu’il n’a de chakra à perdre.

Bref, passons. Il a fait sa technique, il est content et moi, j’ai qu’une seule envie, c’est d’invoquer un second compagnon et de m’exclamer : « Pas grave mon gars, j’en ai un autre ! » Ce serait tellement drôle que je ne sais pas ce qui me retient d’agir de la sorte. Son défi dites-vous ? Rien à secouer. Effectivement, je n’ai rien à prouver à personne. En outre, je sens le coup fourré à des kilomètres. Paranoïaque, moi ? Un peu je dois l’avouer. En tout cas, pour d’obscures raisons, je me prête au jeu. C’est pas non plus comme si j’avais que ça à faire et dans le pire des cas, je pourrai toujours invoquer en coup de vent une de mes invocations.

Après un petit bâillement, je me gratte machinalement la tête. Il continue de neiger ce qui en soi n’est pas si mal. La présence d’eau, même dans cet état, m’avantage. Cela-dit, pour rester dans l’ambiance feutrée, je fais tomber discrètement une petite averse. Celle-ci se mélange doucement avec la neige. Sans plus attendre, je sors moi aussi mon arme. N’ayant rien de plus intéressant à faire, je m’amuse et feinte un étirement improvisé. Ainsi, je bouge avec une classe sans pareille mes bras, un coup à droite, un coup à gauche, un coup au centre et un coup sur Teichiro ! Mince. « Sans faire exprès » j’ai lancé quelques gouttes sur le shinobis aux iris rubis. Dans le même temps, je fonce sur lui à grande vitesse, poussé par la technique que j’ai tout modestement appelée : La vitesse des dieux. Le but de cette manœuvre ? Gêner le Samidare via la lame qui va se ré matérialiser devant lui pour le trancher et en profiter pour attaquer au kenjutsu. C’est une entrée en matière en somme tout à fait classique mais je nous sommes là pour nous amuser, n’est-ce pas ? De fait, loin de vouloir gagner à tout prix et très rapidement, je me contenterai d’un petit coup circulaire très rapide, une fois arrivé à une distance raisonnable. Pas sûr que cela marche, pas sûr que j’arrive à son niveau sans que le shinobi ne tente quelque chose mais comme on dit chez moi : Qui ne tente rien n’a rien.