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 L'Incendie de cendre

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Message(#) Sujet: L'Incendie de cendre L'Incendie de cendre EmptyJeu 26 Juil 2012 - 5:25

Forgotten logs : The Ashes



« C’est à ce genre de moment que tu te demandes, es-ce ta faute ? Ce n’est jamais un bon moment. Ce n’est jamais un bon moment, cet instant où tu te rends compte de ton erreur, de ta faute, et qu’il est trop tard. »

C’était un matin comme les autres. Ce vent frais de la nuit qui donnait ses derniers souffles avant de prendre congé. Ce soleil qui ne faisait pas encore souffrir, comme un changement de garde, cet instant l’où on est libre de ses geôliers. Ce moment qui ne dure jamais longtemps. Mais en ce matin, le silence semblait plus bruyant que le vent. Bien des yeux se posèrent sur lui alors qu’il montait sur la petite estrade, Kurogane Akio lui laissant sa place avant un regard empreint de sollicitude. Cet homme… Que penser de ses hommes qui essaient de se mettre à sa place, de sentir ce que lui sentait. Akio était sans doute le seul à savoir pourquoi son cœur était en morceaux en ce matin frais, pourquoi sa gorge était nouée, pourquoi ses yeux avaient à peine dérougis depuis la peine. Il savait, mais qu’avait-il compris. Ce bon vieux Akio…

Malgré le spectacle désolant qu’était Suna en flamme en matin, on avait fait tout le possible pour que cette sorte de célébration soit faite dans une pureté traditionnelle. Lui-même portait des vêtements d’apparât, un long manteau sombre fermé le long de sa poitrine, le symbole du Kakumeigun finement brodé dans son dos, ce rectangle infini qui semblait à présent mener la marche vers une sombre abyme. Même ses cheveux étaient propres, ses longues mèches blondes acculés derrière ses oreilles. Son œil faible était dissimulé par une plus épaisse frange.Il posa ses mains sur l’estrale et regarda le public, un mélange hétérogène de shinobi et de civils. Il y avait beaucoup, beaucoup de monde, et pas seulement des sunajins. Il avait aperçu des kumojins et soupçonnait le Raikage lui-même de ne pas être loin. Son cousin…Mais ce matin, Kenji n’avait pas le temps de s’inquiéter sur une rencontre fortuite avec un membre de sa famille. Ce matin, ils allaient vivre une dernière fois la gloire passée du Kakumeigun originel. Une dernière fois, ils paieraient hommage.

Akio avait déjà préparé l’assemblée, il leur avait parlé de courage, de tristesse, de destin aussi. Le Kazekage avait discuté d’admiration, de respect, de vengeance. De mort. De guerre. Tous des mots qui tournaient dans la bouche du blond sans pourtant y prendre moindre goût. Il lui semblait, ce matin, que le sable avait perdu sa teinte brunâtre pour devenir d’un gris n’ayant que mort comme semblable. Même la lumière semblait ombragée malgré l’absence totale de nuages. Kenji savait ce qui se passait mais ne pouvait rien y faire. Il s’agit de cette sorte de blessure qu’on ne peut guérir en un instant. Sa main serra un bout de papier dissimulé dans son poing. Comme pour l’emprisonner, l’empêcher d’exister, l’empêcher d’avoir prise sur son monde. Ses yeux lui piquèrent et il passa lâchement sa manche sur ceux-ci, mais le blond ne découvrit ni larmes ni rien d’autres. Son corps n’avait plus de larmes à donner. Kenji baissa les yeux et continua à regarder le public qui le regardait à son tour. Il y vit des jeunes enfants qui ne comprenaient de cet évènement que sa gravité. Il y vit ces jeunes filles qui même dans des vêtements sobres avaient trouvé le moyen d’être terriblement jolies. Que dire de ces kunoichis, qui même en sanglotant attirait les regards. En voyant tant de beauté, on pouvait se demander comment tant de mal pouvait surgir. D’où venait-il ? Où allait-il ? Les hommes eux, se partageaient. Certains restaient assis et immobiles, comme s’ils arrivaient à méditer en ce moment. D’autres semblaient mal à l’aise, mal à l’aise de leur manque d’émotion face à tout ça, ou ne sachant pas comment le montrer – ou le dissimuler. Enfin il y avait ceux qui étaient assez jeunes pour être sciemment touchés et compréhensifs, mais Kenji ne les voyait pas davantage que quiconque autre ici. Il ne voyait que Kusanagi.


« Bonjour à tous…Je.. »

Il s’arrêta avant de bégayer, ce qu’il n’aurait pas supporté, pas ce matin. Le blond ferma les yeux un instant et souffla doucement avant de rouvrir.

« Mon nom est Raiu no Kenji. Voilà à présent trois semaines que nous avons été attaqués par Makka et ses partisans. Trois semaines que nous avons brûlé, souffert sous le poids des flammes. Trois semaines que nous avons perdu…Le Triumvirat. Nous sommes aujourd’hui ici dire nos derniers adieux à ces hommes, à ces femmes, qui ont bâti un rêve. Une dernière fois, nous nous remémorerons la mémoire de nos pères et mères fondateurs. Puis nous partirons vers l’avenir, sans un regard en arrière. Nous partirons l’esprit en paix. Je ne suis ni meneur d’homme, ni bon orateur, mais en ce matin je souhaite vous raconter cette première épreuve que nous avons vécu, tous ensemble, cette épreuve qui a été…L’Incendie de cendre. »

Cette histoire, il l’avait déjà raconté, mais ce n’était jamais pareil. Ce n’était jamais plus facile. Et cette fois serait encore pire, puisque c’était la dernière fois. Mais Kenji était un homme de parole, du moins un homme qui cherche à tenir parole. Il n’avait oublié que tout ça était sa faute. Que s’il avait fort, derrière lui, ne se tiendrait qu’une seule tombe, une seule dalle de marbre blanc sculptée et orné d’un brasier pour le moment éteint. Aujourd’hui on compterait sa fin au lieu de celle du triumvirat…

« Lorsque Makka lança son assaut, je… »

Et ainsi débuta le dernier combat, la dernière marche du Kakumeigun originel, la marche vers ce brasier, la marche vers la fournaise et la cendre…

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Message(#) Sujet: Re: L'Incendie de cendre L'Incendie de cendre EmptyLun 3 Sep 2012 - 23:25

FUMÉE

D’abord, ce fut les arbres qui défilèrent. Une sorte de danse de bois, qui tournoyait autour de moi. Sans grâce, sans style, mais d’un naturel…Tout naturel. J’aimais bien les arbres, même si je me moquais sans arrêt de l’attitude du village de Konoha. Un arbre était stable, paisible. Il ne vivait pas le doute, ni la peur. Ni l’amour, d’ailleurs. Mais ça, c’était une toute autre question. C’était une mauvaise passe. Je me répétais ça, et ça finirait par avoir l’air vrai. J’étais inquiet. Aussi inquiet que je puisse le montrer. Jamais je ne serais le plus expressif des types, le plus…Énergique. La vérité est que j’enviais le calme des arbres, et j’essayais un peu à ma façon, de leur ressembler. Ça peut sembler stupide, mais en fait c’est seulement simple. Simple. J’aime les choses simples, j’aime penser à une chose en même temps, vivre au jour le jour. Je fais rarement ce que j’aime ces derniers temps, même si on peut le croire. Au mieux, il m’arrive de me réfugier dans des occupations pour ne pas me tracasser sur le reste. On pourrait sans doute appeler ça une petite addiction. Je préfère le terme de « sortie facile ». Mais peu importe le terme, je ne l’ai jamais utilisé pour me défiler.

J’en venais souvent à ce genre de pensées à ce moment-là, car ma plus grande crainte faisait surface, celle de la perdre. Au pire moment. Elle m’avait appris à aimer, mais j’avais peur de ne pas avoir appris comment l’aimer, elle. Je lui avais montré à être forte, mais je n’avais jamais été fort moi-même… Je l’avais supporté dans son ascension, je l’avais aidé à se relever à chaque fois, j’avais fait tout ça alors que je suis incapable de me lever tout seul, de vivre par moi-même. J’avais peur, et j’avais peur d’avoir raison d’avoir…peur. Ça faisait un moment que ça planait.

J’étais près des arbres danseurs, elle était toujours jusqu’au cou dans le sable chaud. C’était souvent comme ça. Mon travail de chef US, son titre au triumvirat, nous gardaient éloignés de long moments. J’entends quelques idiots qui murmurent que la distance ne change rien. La distance change tout. Essayez de réconforter quelqu’un à distance alors qu’elle aurait besoin de vos bras. Essayez de partager votre quotidien, de toujours avoir quelque chose d’intéressant à rapporter. Non, peut-être que vous y êtes, ce n’est pas la distance qui fait les dégâts, c’est tout ce qui vient avec. Le temps, meilleur exemple.

Il change tout. Et ce qu’on en fait, c’est la différence. Et comment les autres perçoivent cet usage, encore pire, je dirais. Et j’avais peur, comme j’avais peur pour tout le reste. Parce que je n’étais pas comme elle aurait voulu. On me considérait bien ; quand les gens me voient, ils se disent, quel fier shinobi, en voilà un que je ne voudrais pas comme ennemi. Du moins, en général. Mensonge. Je n’ai rien de fier. J’ai quelques principes, mais pour le reste, je suis la vie comme une vague sur l’eau. Je suis seulement une apparence, un beau parleur, un charmeur. J’avais peur qu’elle n’ait vu qu’à l’intérieur, comme un personnage de porcelaine, je suis vide.

Je ne suis pas rigide dans le cours de ma vie, mais ça ne fait pas de moi un amant de la futilité. Je pourrais être flâneur, paresseux, maladroit – et je le suis sans doute – mais jamais je n’avais aimé accorder de l’importance à ce qui n’en a pas. Comme si mon temps valait mieux d’être perdu en mes termes… Et elle n’aimait pas ça. Elle me le disait souvent. Pour elle, c’était comme si je ne voulais pas lui parler. Que je ne la trouvais pas intéressante. Et je ne pouvais pas lui prouver autrement parce que… Parce que je savais qu’au fond de moi, futile ou pas, les mots faisaient leur chemin bien plus loin que de par leur contenu linguistique.

Et j’essayais. Et j’échouais. Parce que ce n’était pas moi. Je voulais vraiment faire un compromis mais je n’arrivais pas à le respecter non plus. La vie se mettait dans mon chemin. La peur, le doute, aussi. Je n’avais jamais connu ça avant. J’essayais d’apprendre. Mais je n’avais jamais été un bon étudiant, même pendant la guerre. J’avais appris parce qu’il fallait que je vive, que je puisse me battre aux côtés de mon père. J’avais besoin de temps. Mais si moi j’en manquais cruellement, elle, elle en avait bien assez. Le temps fait les choses. Il peut aider, il peut ravager.

Mes pieds foulaient ce sol, et je me disais que ce n’était qu’un moment difficile, une adaptation à faire. Je n’étais certain de rien avec elle, et c’était un peu ce qui m’avait toujours fasciné chez elle. Au dernier moment, elle se retournait et bondissait dans une direction ou une autre. Suna ne pouvait avoir meilleur dirigeant. Non, ma seule certitude, c’était que je n’étais pas prêt à la laisser faire sans résister. Un homme m’a dit un jour qu’en présence d’une âme sœur, il ne faut jamais hésiter à se battre, même si l’objet de son attention ne souhaite que son départ. Je ne saurai jamais s’il avait raison là-dessus, ni même si on pouvait parler d’âme sœur. Mais elle était spéciale. J’avais de la chance, j’en avais eu.

J’avais des regrets, j’en aurai toujours. Des remords, aussi. Des remords pour ces moments que je n’avais pas vécus de la bonne manière. Parce que je savais que c’était important. Ce qui l’était pour elle, l’était pour moi. C’était pour ça que j’avais rejoint le Kakumeigun, à la fin. J’avais prétendu que c’était pour l’aventure, mais mes yeux gris ne voyaient que de la glace ce jour-là. Sa glace. Je reste une créature imparfaite, forcée de vivre avec une autre créature dont l’humanité pouvait être questionnée.

Mais tout ça je ne l’avouerais jamais à personne. Je parlerai d’elle comme si elle avait été à mes côté jusqu’à la fin, la sienne et la mienne. Moi qui prônais l’honnêteté, je préférais l’hypocrisie sur ce sujet-là. On pouvait dire du mal d’elle, je sauterais toujours à la gorge de quiconque oserait. Je me berce d’illusions, j’entretiens le rêve secret que sans l’incendie, nous aurions pu avoir un nouveau départ. Ensemble. C’est le genre de théorie qu’on ne pourra jamais tester. Mais j’aime penser que peu importe ce que nous avions… C’était bien. Assez pour me faire perdre espoir à chaque instant désormais.

Les arbres cédèrent le plancher aux arbustes, puis au sable sans vie. Cette longue mer de mort, cette plage sans fin. J’avais toujours cette peur de me perdre, car j’avais un horrible sens de l’observation. Elle faisait toujours cette partie-là pour moi, m’indiquant sur la carte les endroits à éviter et la direction du village à partir des bordures du pays du feu. Elle le faisait, sachant que ça m’éloignait d’elle. Y repensant, elle préférait probablement ça à me faire mourir bêtement dans un sable mouvant. C’était bien son genre, et le mien, aussi (de crever bêtement). Je pressais le pas parce que j’avais un mauvais pressentiment depuis ma rencontre avec Nelligan, le roi des Hiboux. Celui-ci m’avait dit avoir vu « des actes inquiétants ». Je ne croyais pas à ce genre de connerie, mais le grand hibou ne disait jamais rien sans raison, ce qui me plaisait.

C’est la fumée qui attira mon attention en premier.

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Message(#) Sujet: Re: L'Incendie de cendre L'Incendie de cendre EmptyMar 4 Sep 2012 - 21:55

TISON

Je vis cette noirceur dans le ciel pourtant si vide, pourtant si lumineux et bleu. Au même moment, mon cœur chavira, il doubla de rythme. J’aurais eu cinquante ans de plus, il aurait explosé et je serais mort dans le désert. Recouvert par le sable en moins d’une heure, on ne m’aurait jamais retrouvé… Es-ce que j’aurais manqué à quelqu’un ?

Cette charmante pensée fut vite remplacée par l’alarme, l’alerte qui résonna dans mon crâne. Mon pas eu un gain de vigueur. Je m’étonne de ne me souvenir clairement que du changement de ma démarche. J’ai trébuché sur quelques pas, désarçonné par la poussée de mon chakra dans mes jambes, mon équilibre humain ne s’étant pas adapté à ma force de shinobi. Puis d’un coup, c’était le bond, l’envol. Et je filais comme le vent. Ma main arracha le bandana serré autour de ma tête pour le porter à mon visage afin de ne pas être aveuglé par le sable qui volait par bourrasques. La fumée se rapprochait, ou plutôt je m’approchais d’elle. J’étais pourtant encore loin, irrésistiblement loin. Le soleil suivait avec moi et descendait à l’horizon. Comme s’il ne voulait plus voir ce qui se passait, comme s’il fuyait la scène. Ma tête me semblait vide à présent, comme si je vivais non pas l’instant présent, mais bien dans celui-ci. Il aurait été normal que je me fasse des idées sur ce qui se passait, que je tente de me rassurer. Me dire que tout allait bien, qu’un crétin avait laissé un feu allumé dans une cheminée. Mais ce n’était pas moi. J’attendais de voir. Je vivais mon propre genre de panique, un état sidéré, une catatonie neutre.

Et mes dents se serraient à mesure que j’approchais du but. À mesure que la fumée devenait rougeâtre, atteignait sa source, ses origines. Je savais déjà que ça n’avait rien de bénin, rien de normal. Je savais que ça n’avait rien de naturel. Aucun shinobi ne m’intercepta quand je frappai les bornes extérieures du village. Je savais, car c’était moi qui avais organisé ce système d’interception. Plutôt, je croisai les cadavres de l’équipe de reconnaissance. Trois chuunins dont un shinobi sensoriel, un type bavard avec qui j’avais partagé bien des verres de Misu. Que buvait-on, chez les morts ? Aurait-il toujours le sourire, là-bas ? J’avais eu de la chance de le reconnaître, car on ne pouvait plus discerner grand-chose d’eux : ils étaient brûlés vifs. Même la plaque du village sur leurs fronts était à moitié fondue. Konoha, Kumo, Kiri ? Non… Pas la peine d’essayer de fermer leurs yeux, ils n’en avaient plus de toute manière, je repris ma course.

J’avais vu la guerre, mais on ne pouvait pas dire que ce genre d’horreur me laissait insensible. La vérité est plutôt qu’au bout d’un moment, nous ne la voyons plus pour ce qu’elle est. Je parle de nous car je parle de la moyenne des gens. Il y aura toujours une minorité qui y deviendra si habitué qu’elle verra les humains comme de simples sacs de viande. Et une autre part qui en reviendra profondément traumatisée. Mais nous, la moyenne, nous finissons simplement par fermer les yeux sur tout ça. C’est plus facile pour certains, moins pour d’autre. Aucune généralisation là-dessus, mais en général, les dames ne réussissent jamais à parfaitement écarter leurs émotions de leur perception, ainsi elles restent plus hésitantes, plus nerveuses. Ça n’a rien d’un défaut ; entre elles et moi, qui est le vrai monstre, à ce moment là ? Exactement.

Devant moi se dressait alors les murailles de Suna. Par trois fois j’aurais dû avoir été rejoint, par trois fois j’avais croisé le vide. J’entendais des cris, des bruits, des sifflements caractéristiques, des sons que je connaissais comme une vieille chanson, une sorte d’hymne éternel de la guerre. La musique de champs de batailles. Kiri, Kumo, Konoha, tous ces k dansèrent dans ma tête comme une comptine d’enfant. Et pourtant, quelque chose semblait clocher. Je n’arrivais pourtant pas encore à comprendre. Y repensant aujourd’hui, quelle différence cela aurait fait, que je sache ou que je ne sache pas. J’allais apprendre la vérité dans moins de dix secondes. Puisque personne n’allait m’arrêter, je propulsai mon énergie vitale directement dans mes pieds, me projetant dans les airs. À partir de là, je pu me donner des élans sur les saillies de la murale. Mon dernier saut m’amener par-dessus les meurtrières.

Je versai mon premier sang en cette longue soirée. Je l’aperçu alors que j’étais encore dans les airs. Lui aussi m’avait entendu car il se retournait pour me voir. Je vis l’étincelle de son regard sous ses longs vêtements noirs, et je sus en une fraction de seconde qu’il n’avait rien d’un sunajin. Ma main se porta à ma ceinture et se referma sur le rouleau de fil de fer qui y était enroulé. Mon élan me permit de refermer le câble sur sa gorge alors que je passais à côté de lui. J’agrippai le fil à deux mains et serra, dos à lui. Ce fut fini en un instant. Mais je ne pris pas la peine de le regarder, car j’avais devant les yeux une scène beaucoup plus inquiétante encore.

Je me souvenais de beaucoup de coucher de soleil. Je n’étais pas un matinal. J’aimais dormir le matin. Aussi je manquais la totalité des levers. Mais les couchers, ça, c’était mes trucs. Mes préférés étaient ceux du pays du feu, car oui, les fins de journées ne sont pas pareilles partout. Dans le royaume de Konoha, c’était toujours très coloré. Peut-être parce que ça faisait un grand contraste avec le vert des arbres, peut-être parce que j’avais un parti pris pour ce pays-là, qui était paradisiaque en comparaison avec le pays du vent. Les couchers de soleil de Suna étaient toujours rudes et pourtant doux, car ils annonçaient la fraîcheur du soir. Une sorte de libération que tous appréciaient, hommes et bêtes. Mais ce soir personne ici ne sentirait le froid. Les lueurs rougeâtres du soleil qui tombait semblaient bien mornes en vérité.

Car je voyais Suna brûler.

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Message(#) Sujet: Re: L'Incendie de cendre L'Incendie de cendre EmptyMer 5 Sep 2012 - 20:25

FLAMME
Je regardai les flammes mais il me fallut bien du temps pour bien comprendre ce qui se passait, ou du moins en comprendre les bases. Ça peut sembler incompréhensible mais notre esprit a tendance à nier en bloc lorsque nous faisons face à des images si violentes. Un berger de Tsuchi no Kuni m’a un jour raconté que les moutons avaient une façon particulière de réagir au danger et à la violence. Leur corps devient soudain immobile, paralysé, et ils tombent à la renverse comme s’ils avaient été frappés par la foudre. Selon le berger, cela permettait au troupeau de fuir pendant que les prédateurs mangeaient l’individu incapable de fuir. Une sorte de sacrifice instinctif. C’était bien la différence entre l’homme et la bête. Nous avions le choix. Pas eux.

Et moi, qu’elle allait être ma réaction. À qui allais-je penser en premier ? Vers qui mes craintes, mais aussi mon énergie et ma force, allaient-elles surgir ? On m’a demandé de dire ce qui est vrai et non ce que j’aime comme vérité, mais parfois elles ne font qu’une. J’aurais dû penser à mon village, à ces habitants, mais le fait est que je ne voyais qu’une seule personne à travers les longues lames orangées, et c’était elle. Je voulus savoir si elle allait bien, si elle était en sécurité. Mais je savais pertinemment que Suna était sa création, sa créature. Jamais elle ne serait en sécurité si Suna ne l’était pas également. Elle m’aurait regardé de ses incroyables pupilles marron et m’aurait pointé ce village en flamme, en me demandant ce que j’attendais. Que pour aimer, il fallait protéger ce qui était cher à l’autre. Je n’étais pas un bon étudiant mais je pouvais comprendre ça.

Je ne savais pas depuis combien de temps l’attaque perdurait mais l’œuvre semblait assez avancée. La plupart des grands bâtiments étaient la proie des flammes, même le manoir du Kakumeigun et le palais du Triumvirat. Où était Kawei, Karas ? Tous les autres ? Morts, blessés, capturés, ou encore en train de se battre contre ses agresseurs inconnus ? Je me retournai et me penchai sur ma première victime. Mais je ne trouvai rien en le fouillant, aucun insigne ni symbole me permettant de l’identifier. Une escouade envoyée par un autre village ? Mais aucun village n’avait la puissance nécessaire pour attaquer en règle un village tout entier sans y mettre la totalité de ses forces…Et si c’était le cas, je l’aurais su. Ça ne laissait qu’une seule option, et celle-ci me terrifiait, mais pourtant je savais en moi-même que ça ne pouvait être que ça. Cette sensation, cette impression que laissait Tsura qui s’agitait dans ma tête comme une bête à l’affût. Il la sentait. Makka. Je n’eus pas le temps d’y réfléchir davantage car on me repéra et des projectiles enflammés filèrent vers ma position à partir de plusieurs points sur la muraille. Les partisans semblaient avoir pris le dessus sur les fortifications toutes entières, ce qui n’avait rien de rassurant. Je me laissai tomber dans l’enceinte du village, ébloui par les explosions qui retentirent à l’endroit où j’étais un instant auparavant. Mes pieds touchèrent le sol de la rue et je fus surpris par la chaleur qui y régnait. À ma gauche, à ma droite, tout ce qui pouvait brûler brulait. J’évoluai rapidement dans la rue, croisant çà et là des cadavres. Une porte carbonisée sur ma gauche éclata subitement, et une femme transformée en torche humaine s’en sortit, courant accompagnée de ses hurlements. J’enlevai mon manteau gris qui ne me servait à rien dans cette chaleur et bondit sur elle pour l’entourer dans l’espoir d’étouffer les flammes. Ces cris résonnèrent jusqu’au plus profond de mon être de par leur violence. Elle cessa de brûler mais il était bien trop tard pour espérer la sauver, sa vie quitta son corps quelques instants après, et je la déposai sur le sol, n’ayant encore une fois pas l’option de fermer ses paupières.

D’autres cris attirèrent mon attention et je repris mon pas de course, tournant le coin de la rue. Je vis un homme qui s’affolait à retenir une femme du même âge devant sa mansarde en feu. Mais derrière moi j’entendais les sifflements des Kunaï et je savais que plusieurs shinobis menaient le combat. Je dût me demander ce que j’allais faire, moi, entre essayer de sauver quiconque était pris dans cette maison, et porter aide contre les envahisseurs. Mon humanité contre mon devoir de shinobi. Il n’y avait pas de bonne réponse, mais je devais choisir. D’un coup de pied j’enfonçai la porte et j’entrai dans le logis. Des flammes léchèrent la manche de ma veste de combat mais je n’y prêtai pas attention. Les cris m’amenèrent dans une cage d’escalier délabré. Un bon me permit de m’accrocher à la rampe et ainsi me soulever jusqu’au deuxième étage. Aucun civil n’aurait pu faire ça, quelqu’un m’a dit. Es-ce que ça justifie mon geste ? Mon choix ? Cela me permit de sauver une vie qui se réfugiait dans un placard. Une vie qui semblait valoir le monde aux yeux des parents auxquels bras je déposai l’enfant. Mais ce n’était qu’une vie.

Une seule vie contre les trois cadavres de shinobis sunajins que je trouvai dans la rue où j’avais entendu les bruits de bagarre. Je me souviens d’avoir vu ces morts sans pourtant comprendre le jeu de balance que j’avais effectué il n’y a pas une minute de ça. Il y eut cette sorte de frustration lorsqu’on sait qu’on a échoué, et qu’il n’y a pas d’excuse possible. Je ne suis pas un homme de vengeance, je suis trop passif pour espérer pouvoir cultiver de la rancœur pour quoique ce soit. S’il y a, je parle de rétribution. De cause, d’effet. Je n’ai rien d’un grand philosophe, je reste un soldat. Mais c’est comme ça que j’aimerais le voir, le vivre. Le monde serait bien plus paisible si tous étaient comme ça. Mais bien plus morne, aussi. Incroyable la quantité de chose qu’on peut expliquer de cette manière…Je m’égare.

Je fis la seule chose que je pouvais faire, je continuai mon chemin en me dirigeant vers le centre de la ville. Je faisais de mon mieux pour aider ceux que je pouvais, tout en ne perdant pas de vue mon vrai objectif, les alentours du palais et du manoir. J’avais la conviction que Makka avait l’intention de frapper jusqu’au cœur de Suna si ce n’était pas déjà fait. Une grande déflagration confirma mes craintes. La haute tour du palais que je pouvais apercevoir d’où j’étais explosa dans une immense colonne de feu, une force qui ne ressemblait ni au Bakuton ni au Kiatsuton. Une technique d’essence Katon qui dépassait toute limite imaginée en termes de puissance individuelle. Le monde shinobi ne connaissait qu’un seul être possédant la puissance nécessaire à diriger une si grand quantité de chakra de cet élément et ce, à répétition. Tsura s’agitait dans mon œil droit, ma sa nervosité était bien différente de la mienne. Il avait hâte, parce que l’histoire s’écrivait à chaque instant ce soir. À partir de ce moment-là, mon désespoir prit le dessus sur mon réel devoir de shinobi et mon unique objectif fut de trouver le triumvirat et Makka. Mais surtout, de veiller à garder la femme que j’aimais en vie, car plus rien ici n’aurait d’importance si elle venait à quitter ce monde. Plus rien n’aurait de portance, de consistance. Tsura m’encouragea à pousser de l’avant, à me mettre en route. Il me poussait dans le dos, oubliant presque sa propre folie et inhumanité. Il y a de ses sensations qui font oublier qui ont est, aussi perturbé puissions-nous être. Et malgré tout…

Tsura voulait voir sa sœur.

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Message(#) Sujet: Re: L'Incendie de cendre L'Incendie de cendre EmptyVen 7 Sep 2012 - 3:51

FEU

Je vis la tour du palais voler en éclat, mais il n’effleura jamais mon esprit que c’était peut-être la fin de Suna. Ce village n’était pas, du moins dans mon esprit, un ensemble de pierre et de mortier. À l’image du Kakumeigun que j’avais servi avant l’émergence, Suna n’était rien plus qu’une autre forme d’organisation, avec plus d’ampleur. Je n’aurais pas su en dire davantage car je ne connais rien d’autre. Je n’ai vécu que le duo de moi et mon père durant la guerre, et celui que j’avais avec celle que j’aime, pendant le Kaku. Et ni un ni l’autre ne se ressemblait en rien. Je ne suis pas un homme de vue d’ensemble, j’aime les choses simples et précises. Même lorsque je me battais pour créer Suna, même quand j’enlevais des vies pour ce rêve, je ne réalisais pas le moindrement ce qu’était, ce qu’impliquait vraiment un village caché. Je le faisais parce que je l’ai choisi. J’ai toujours dit que c’était mon nindo : « Faire parce qu’on l’a choisi, invariablement de la morale, du hasard ou du destin. ». C’était tout de même un peu hypocrite de croire que j’agissais sans raison. Je le faisais pour elle. Parce que ça lui semblait important. Au début je n’aurais jamais dit ça, je n’étais pas pareil, non plus. C’est le recul qui me permet de dire ça. Sans elle je n’aurais pas fait ce que j’ai fait. Je me demande ce que je serais devenu en fait. Aurais-je continué à faire le tour du monde, charmant les plus jolies femmes sur mon passage, travaillant seulement de quoi pouvoir voyager ? J’aurais fini par oublier les arts shinobis pour de bon. J’aurais mis la guerre et la violence derrière moi. Peut-être que j’aurais fini par me calmer, m’arrêter. Fonder une famille avec une femme à la fois belle et pourtant assez indulgente pour voir davantage en moi qu’un enfant qui n’a jamais grandi… Un enfant qui n’a jamais eu d’enfance non plus.

Je n’entrevis pas la fin de Suna parce qu’elle n’était pas ma priorité, elle n’était pas ma raison de vivre. J’aimais ce qu’aime mon amour, rien de plus. Ou du moins, c’est ce que je croyais à ce moment-là. J’arrêtai ces pensées un instant car ma manche brûlait toujours et ça commençait à devenir sérieux…Après avoir retiré ma veste et remis mon Flak jacket, je remontai la rue en espérant éventuellement rencontrer des survivants des forces armées de Suna. Je suivis le bruit des combats en passant par des ruelles étroites, croisant des civils qui tentaient d’éteindre les multiples incendies avec le peu d’eau qu’ils possèdaient. Suna était assurément un très mauvais endroit pour le feu puisque nos réserves d’eau sont limitées. Les saibogus avaient fait des merveilles pour améliorer nos systèmes d’irrigations, mais ce ne serait jamais comparable aux rivières du pays du Feu… De toute manière, il serait inutile de chercher à éteindre les incendies avant que le village ne soit nettoyé des partisans qui se contenteraient d’alimenter les flammes sans arrêt. Une étincelle au coin de mes yeux m’alerta et je fis une roulade sur le côté alors qu’une immense sphère de feu s’écrasa sur le mur de la ruelle qui s’écroula dans une gerbe de feu. Le partisan se tenait sur le toit d’en face et semblait se préparer pour une autre attaque. Je manquais de temps pour apercevoir les zones de pression dans l’air ambiant aussi je concentrai mon chakra dans l’avalanche de débris à mes pieds, qui se souleva devant moi comme un bouclier de fortune. Ceci fait, je me remis sur mes pieds et propulsa les débris sur ma cible qui sauta du toit pour se mettre à l’abri. Mon attaque arracha le toit et le bâtiment s’effondra dans un fracas assourdissant. Mais j’étais « dans la zone » et je ne remarquai rien de plus que le nécessaire. Mes yeux cherchaient mon adversaire.

Je le trouvai mais un peu trop tard alors que son pied me toucha sur le côté de la tête. Ma vue cessa pendant une demi seconde, je sentis le sol sous moi. Mon regard monta et je l’aperçu qui était tout près de moi. Il sortait une longue lame de sa ceinture et je pouvais voir dans ses yeux masqués que de l’intention meurtrière pure, celle qui me caractérise tout autant au combat. Mes muscles me trahirent malgré toute ma peur de la perdre, elle. Mais sa lame ne me toucha jamais. Plusieurs pointes de pierre le traversèrent et il s’affaissa sur moi, me couvrant de son sang chaud en quelques instants. On m’aida à me relever alors que je me remettais du choc. Devant moi, une demi-douzaine de shinobis du simple Genin au jounin. Point commun, ils semblaient tous exténués. Plusieurs avaient des bandages sur une ou de multiples régions du corps. Beaucoup me posèrent des questions auxquels je n’avais pas de réponse. Pour la plupart, simplement savoir si j’avais vu tel ou tel personne, si je pensais que des renforts arrivaient. À cela je voulus me demander qui pourrait nous venir en aide. On m’informa que l’attaque avait eu lieu il y a environ deux heures. Ils étaient tombés sur les murailles d’un seul coup en incendiant tout sur leur passage. Civils, shinobis, ils ne faisaient pas la différence. Pas plus qu’ils n’épargnaient les enfants ou les vieillards. Je demandai si Makka avait été aperçue. Le jounin au faciès émacié m’informa qu’ils n’avaient rien vu mais que la zone du palais était gardée par une grande quantité de partisans qui ne participaient pas à la destruction, comme si leur rôle était différent. Le palais…Le Triumvirat. Le jounin hocha la tête. Makka devait donc s’y trouver. La meilleure manière de tuer un fauve restait toujours de l’atteindre directement à la gorge.

Selon l’homme, beaucoup de shinobis étaient morts au tout début de l’attaque car l’attaque avait été d’une vitesse extraordinaire. En un instant, ils avaient pris la muraille et toute tentative de reprendre les fortifications avaient été un échec. Pire encore, beaucoup de shinobis avaient abandonnés leur poste pour venir en aide aux civils aux prises avec les incendies. La résistance commençait à peine à s’organiser et les partisans avaient le contrôle des toits sur la plupart des zones de la ville, rendant difficile toute stratégie. Au mieux, le gros des forces restantes de Suna se battait en une unique masse qui tentait de reprendre quartier par quartier la ville. Mais il faudrait des heures pour espérer reprendre le dessus. Dans les circonstances, il suffisait aux partisans un nombre relativement limité de soldats pour réussir à ralentir considérablement l’armée si ce n’est qu’en mettant feu à tout ce qui bouge. Déterminée ou pas, les shinobis de Suna ne laissaient pas les villageois périr dans les incendies sans rien faire. Je ne les comprenais que trop : es-ce que je l’aurais laissé brûler, elle, pour aller me battre et risquer ma vie ?

Le type expliqua finalement qu’il était en train d’entraîner son équipe sur les terrains lorsque les alarmes avaient sonné, voilà pourquoi ils étaient encore dans cette zone, qui avait été l’une des premières à tomber aux mains des partisans. Les rues étaient de véritables abattoirs selon lui. Les partisans sautaient de toits en toits, prenant pour cible tout ce qui avait des jambes. Il avait perdu son apprenti aîné de cette façon, conclus-t-il, le regard mû entre la rage et les larmes. Je hochai de la tête. Nous étions loin d’être sorti d’affaire. Pour moi, ma trajectoire restait claire, le palais. Mais si ce jounin disait la vérité, une petite armée en gardait l’endroit, comme un périmètre de sécurité. Je n’arriverais jamais à passer à travers d’un tel mur seul, et rien ne me confirmait que Makka n’ait pas déjà mis un terme à la vie du Triumvirat. Mais s’ils étaient morts, si elle était morte, alors je n’avais pas d’autre ambition que finir de la même manière. Tout plutôt que de vivre sans elle…

Mais ça me semblait impossible. Le Triumvirat était constitué de trois des plus puissants ninjas du monde. À trois contre un, je me demanderais presque comment Makka pourrait avoir une chance de les battre. Elle surtout, elle…Elle ne laisserait jamais la Tyrante des flammes la battre, sachant que cela voudrait dire la fin de Suna… Une douleur terrible serra mon cœur à cet instant, car si j’étais arrivé plus tôt, je serais avec elle à ce moment, à combattre Makka ou bien à mourir. Mais dans tous les cas, je serais proche de celle que j’aime, une dernière fois. Je n’avais pas le temps d’être terrassé par le doute. J’allais avoir besoin de l’aide de cette équipe pour rejoindre le palais avant qu’il ne soit trop tard. J’expliquai mon plan à ceux-ci.

Et Tsura cacha à peine son approbation.

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Message(#) Sujet: Re: L'Incendie de cendre L'Incendie de cendre EmptyVen 7 Sep 2012 - 23:44

BRASIER

Je pouvais difficilement me faire une idée des forces défendant la zone du palais sans me rendre moi-même jeté un coup d’œil. Mais avant, il fallait que je traverse une rue assez large et surtout, totalement à découvert. Ça n’allait pas être facile, ne considérant que je n’avais rien d’un shinobi furtif et mon équipe consistait en un professeur fatigué et ses étudiants encore trop inexpérimentés pour avoir une chance dans un combat contre un partisan. J’allais pourtant utiliser ses ressources et me tailler un chemin. D’abord, nous passèrent une dizaine de minute à se frayer un chemin dans la dédale de ruelles qui nous permettaient d’éviter la grande avenue. C’était tout aussi risqué si comme le jounin l’avait dit, les partisans patrouillaient à travers les toits. Mais si celui-ci disait vrai, alors je me doutais que nos ennemis n’iraient pas chercher aussi prêt des limites du palais. Ils seraient occupés à retenir les forces de Suna qu’on entendait au loin, à l’autre bout de la ville. Il n’y avait rien à détruire ici non plus, tout ce qui pouvait brûler brûlait. D’ailleurs, nous devions être très prudents afin de ne pas finir en cendres comme cette pauvre femme précédemment.

Décrire ces moments est difficile. Je me souviens avoir rampé sur le sol pour me glisser sous des débris encore douloureusement chaud, d’avoir abattu un mur d’un coup de pied afin de créer un chemin lorsqu’un madrier s’était effondré, tuant presque un genin sur le coup. Après quoi je m’étais toujours assuré d’ouvrir le chemin moi-même malgré l’enthousiasme des jeunes. Je ne voulais pas leur mort sur ma conscience. S’approcher du palais était un risque suicidaire, un risque que j’aurais dû être le seul à prendre. Je n’avais rien à perdre, mais eux avaient encore toute une vie à vivre… Je me sentais ridicule. J’avais vingt-cinq ans et je parlais comme si j’étais un vieillard. Et pourtant j’avais cette impression parfois. Beaucoup de vécu en si peu de temps, et la guerre fait vieillir prématurément, ce n’est un secret pour personne. J’étais vieux car je n’avais pas eu d’enfance. En vérité, c’était comme si j’avais quarante ans.

Par miracle nous n’avons pas été repérés, ce qui confirmait que les partisans étaient occupés ailleurs dans la ville et n’avaient pas les effectifs nécessaire pour maintenir un périmètre serré partout dans le coin. Nous avions donc une chance, mais ça ne voulait rien dire. J’y pensais depuis un petit moment, que ferais-je lorsque je serais arrivé au palais ? Se cacher ne servirait à rien à ce moment-là. Si le triumvirat était mort, alors je les rejoindrais dans la tombe presque aussi tôt. Le résultat serait tout aussi funeste s’ils avaient réussis à fuir et que je filais droit dans la gueule du loup.

Mais pour une raison ou une autre, j’avais l’intime conviction qu’ils étaient toujours là, Makka y compris. Et ma place était avec eux, mort ou vif. Après un coup d’œil de chaque côté de la rue dévasté, je fis signe à mes comparses de fortune et nous traversâmes à toute vitesse. J’étais presque confiant quand j’aperçus des silhouettes qui se mouvaient vers notre direction. Mes yeux se tournèrent vers la route, un jounin et un genin traversait toujours. Je voulus les avertir, mais crier signerait notre arrêt de mort, aussi près du but. Trop de bruit et une vingtaine de partisans convergeraient vers notre position. Le jounin sembla comprendre mes gestes frénétiques et tourna la tête vers le ciel mais il était trop tard. Une demi-douzaine de shurikens se figea dans le dos de son apprenti qui s'écrasa au sol, mort sur le coup. Je devais m’éclipser avec les autres ou je serais repéré à mon tour et ce serait la fin. Je vis dans l’instant que je fuirais seul si je décidais de partir ; les autres s’étaient arrêté et regardait béatement le cadavre de leur ancien ennemi, paralysé par la surprise, la peine et la peur. Même le jounin restait stupéfié, la réaction normale d’un enseignant qui vient de perdre son élève. Il ne servirait à rien de tenter de leur expliquer les conséquences de leurs actes à ce moment. Mes dents se serrèrent alors que je devais encore choisir. Entre les vies de ces inconnus et celles du Triumvirat, mes seuls amis au monde, ma seule famille. Mon seul amour. Entre eux et ces gens qui avaient mis leurs vies entre mes mains sans la moindre hésitation, sur le seul fait que je portais un grade supérieur au leur. Ils connaissaient les risques. Mais es-ce que je pouvais supporter les conséquences, leur sacrifice ? J’avais une dizaine de seconde devant moi, tout au plus. Dix secondes pour les sauver, ou les livrer à une nuée d’hommes en noir qui les tueraient sans cérémonie. Dix secondes pour faire un choix.

On aimerait bien que je sois un héros à ce moment. Qu’une façon ou d’une autre je parvienne à sauver tout le monde. Que je profite de cet instant où les autres sont paralysés et pas moi. Mais ce n’est pas de l’héroïsme qui me garde alerte, mais bien l’instinct de tueur du shinobi. Certains hommes deviennent shinobis, d’autres le sont. Et c’est bien la seule prétention que j’ose faire. Pour en revenir à ce moment-là, et bien… Je suis parti. Je les ai laissé là, à leur sort. Ils m’avaient suivi, ils m’avaient aidé. Mais ça n’avait rien changé pour moi. Je ne pensais qu’à elle, à elle et Triumvirat. Je n’ai même pas la notion d’avoir ou de ne pas avoir de regrets. Je l’ai juste fait. Je n’y pense jamais. Un des problèmes des ninjas modernes, je pense, est qu’ils oublient ce qu’es à la base un shinobi. Un shinobi n’existe pas pour sauver les gens mais bien les tuer. Nous ne sommes pas entrainés à sauvegarder la vie mais bien la détruire. Je suis resté vrai à ça, d’autres se sont tissés des raisons morales. Des murs. C’est pour ça que lorsqu’on me traite de monstre, je ne dis rien, je ne nie rien, je n’affirme rien non plus.

Ils ont attiré toute l’attention et je vis des ombres traverser les toits des ruelles que je traversais. C’était ma seule opportunité et je devais la saisir. Sans un seul regard en arrière, mes pas me menèrent à l’orée. Un grondement se fit entendre et le vent balaya mes cheveux, mais j’étais trop énervé pour en penser quoique ce soit. Le mur de l’enceinte du palais se rapprocha dans mon champ de vision et le chakra refoula dans mes pieds. Je sautai.

Et l’air glacé me frappa en plein visage.

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Message(#) Sujet: Re: L'Incendie de cendre L'Incendie de cendre EmptyDim 9 Sep 2012 - 20:39

INCENDIE

Le temps peut nous sembler ralentir certains moments clés de notre vie. À la mort par exemple, mais ça peut être bien plus simple que ça. Retrouver ce que l’on a perdu, trouver une vérité fort différente de celle auquel on s’attendait. Puis on peut mélanger tout ça, et créer un cocktail explosif pour le système nerveux. Aussi puissant soit un shinobi, nous restons humain…Pour la plupart. En tant qu’humain, nous vivons dans une sorte de cadre de sécurité que nous nous sommes définis nous-même, une ligne de sécurité à ne pas franchir. Au-delà, on risque tout. À commencer par notre santé mentale en fait.

C’est cette sensation là que j’eue alors que mes pieds touchèrent le sol de l’enceinte intérieure du palais. Le froid balaya mes cheveux et mon souffle sortit de mes lèvres sous une brume blanche. Mes instincts de shinobi prirent le dessus et plusieurs éléments s’inscrivirent dans mon esprit. Au sol, Kawei gisait au sol, manifestement mort de par l’état de son corps. Karas était penché sur son corps, comme s’il vérifiait l’évidence. Le triumvirat était entouré d’hommes en noir indissociables. Mes pieds glissèrent sur le sol en dérapant et je finis ma course quelques mètres plus loin. Mes yeux trouvèrent enfin leur cible au milieu des partisans, un éclair de cheveux bruns et une silhouette unique dans le fait qu’elle ne trouvait aucun équivalent dans cette scène. Elle. Elle. Mes muscles se serrèrent, mes poings se blanchirent. Je revenais enfin dans ma famille, ma vraie famille. Je revenais enfin dans la scène.

Je regardais de gauche à droite afin de se faire un portrait de la zone. Il fallait rejoindre Karas et Kusanagi immédiatement. Peut-être n’avait-je pas la force d’un membre du Triumvirat, mais j’étais prêt à tout pour sauver leurs vies, même celle de cet idiot de Kadov, qui devait se demander comment le blond avait fait pour sauter si haut en étant qu’un simple civil. Oui, mon vieux, nous en sommes à une soirée de révélations chocs ! Mais les disputes pouvaient attendre… Mes yeux gris chercha Makka des yeux mais seuls des partisans « ordinaires » subsistaient. Le Triumvirat avait-il réussi à faire fuir la tyrante de feu ? Improbable, si ces hommes restaient là sans rien dire. Je me souvenais que la femme était une Gogyou et pouvait ainsi transformer son corps en flammes. Vu la quantité de feu régnant partout sur le bâtiment du palais, elle pouvait être n’importe. On sembla enfin remarquer sa présence, mais seul Karas me fit un léger coup d’œil avant de reporter les yeux sur la zone, manifestement en train de chercher Makka lui-aussi. J’avais fini par comprendre que l’air froid ressenti avant était le résultat d’une technique de Kusanagi qui visait sans aucun doute Makka. Celle-ci devait avoir ordonné à ses hommes de la laisser combattre le Triumvirat par elle-seule. Une ultime manière pour elle de satisfaire l’obsession du Furyou habitant son corps : exercer un contrôle absolu sur la vie ou la mort de son entourage, et ce personnellement. La Gogyou devait avoir compris qu’elle n’arriverait jamais à manipuler une femme du calibre de Kusanagi. Ainsi, le seul moyen de respecter l’idéologie du Furyou était de mettre à mort le village et ses dirigeants afin de justifier son pouvoir.

Une boule de feu orangé fusa du toit en flamme du palais et alla exploser sur la place publique dans une déflagration qui secoua le sol. Hors d’atteinte, je sentis tout de même l’immense température résiduelle. Kusanagi et Karas s’étaient mis hors d’atteinte grâce à un bouclier de glace qui avait fondu en à peine quelques secondes. Du cratère fumant de la supernova s’extirpa un corps aux courbes féminines portant une combinaison de cuir noir. De longs cheveux châtains étaient palliés à des yeux écarlates. Makka en personne. Celle-ci semblait avoir pris note de ma présence mais pourtant m’ignorait complètement. Elle avança d’un pas lent vers les deux membres du triumvirat, qui eux reculaient au même rythme. Ça ne pouvait plus durer, et j’entamai un mouvement de course pour rejoindre mes amis. À ce moment, la chef des partisans bougea distraitement la main vers moi et une demi-douzaine de partisans abandonnèrent leur immobilisme pour converger sur ma position. Je sus dès lors que je n’arriverais pas à les traverser sans me battre alors que des projectiles élémentaires convergèrent de tous les côtés. Je fus touché à plusieurs endroits et une vague de vent tranchante me décapita sommairement. J’explosai pour laisser derrière moi une brique en piteux état désormais.

Je m’étais cloné au moment de sauter le mur et était resté accroché pendant ce temps à bout de bras à la paroi. Ma main s’appuya contre la pierre et en un instant je pris contrôle des pressions atmosphériques entourant un pan entier du mur. À partir de là, il me suffit d’infuser mon chakra et dans un craquement je m’envolai vers l’intérieur de l’enceinte pour aller m’écraser à mon lieu de fausse mort. Je fus chanceux et dans un craquement sinistre je fus indiqué que je venais de broyer les os d’un partisan. Je vis les partisans restant s’écarter pour m’entourer plus efficacement tout en me bloquant le chemin vers le Triumvirat qui enchainait défense sur défense sur une Makka qui les pilonnait à coups d’attaques de feu d’une puissance extraordinaire. La femme n’utilisait aucun signe et se contentait de tendre les mains ou ouvrir la bouche pour relâcher un jet de flammes capable de faire fondre le fer. Le Hyôton de Kusanagi résistait péniblement malgré sa faiblesse élémentaire, démontrant le talent massif de celle qui avait ravi mon cœur dans le désert il y a déjà quelques temps. Mais combien de temps tiendraient-ils ? Je devais les aider ! Un jet d’eau concentré visa ma direction et je tendis la main vers lui au dernier instant. Le suiton se figea dans l’air comme le temps s’était lui-même arrêté. Loin de las. Je balayais la tête du jet d’eau d’une simple gifle de la main, et le jet entier éclata sur le sol sans dommages. Mais déjà je devais rouler pour éviter une volée d’armes de jet. Ils avaient tout prévu : pendant que je chutais, un autre partisan atterrissait au sol pour m’asséner un coup de Katana qu’il tenait au-dessus de sa tête. Ma main libéra un Kunai orné d’un parchemin que j’avais pris dans mon flack jacket mais glissa hors de ma poigne pour aller se planter au milieu des autres armes de jets. J’eus à peine le temps de lever les bras en croix que l’épée tomba sur moi. La lame heurta les plaques de fer disposé sur mes avant-bras dans un grincement métallique. Mon adversaire était d’une force étonnante pour sa carrure et je n’arrivais dans l’instant qu’à l’empêcher de me couper en deux. Mes yeux perçurent alors la vibration caractéristique autour de la lame du Katana qui s’emplit soudainement de chakra fuuton. Aussitôt, son acier trancha à travers mes protections et alla mordre ma peau. Instinctivement, je poussai mes bras sur le côté afin d’éloigner le Katana de mon corps, le forçant à relever sa lame pour asséner un autre coup. Les Katanas n’ont en vérité qu’un seul tranchant après tout. Je tombai le dos. Mon adversaire fit tourner sa lame vers la bas dans le dessein de m’empaler au sol. Mon bras indemne fit un geste précis qui activa le sceau inscrit sur le Kunai derrière moi. Les armes qui s’étaient plantées dans le sol se détachèrent à l’unisson pour aller se planter dans l’abdomen du partisan qui tomba à la renverse, mort sur le coup d’après la fraction de seconde de répit qu’on me laissa. Puisqu’on ne risquait plus d’atteindre ma défunte cible, les attaques au niinjutsu reprirent. J’en fu rapidement réduit à faire comme Karas et Kusanagi, enchaînant les défenses pour essayer d’échapper aux attaques de mes quatre adversaires. Mon bras saignait mais ça ne semblait pas handicapant pour le moment. Entre deux attaques j’attachai mon bandana solidement afin de faire un garrot. Ce n’était pas le moment de manquer de sang.

Mon dos toucha le mur et je sus que j’étais vraiment dans le pétrin. Plus de fuite possible. Si je sautais, ils me cueilleraient en vol. Si je restais là, ils allaient tous me bombarder en même temps sans même avoir à viser pour frapper dans le mille. Individuellement, j’étais plus puissant qu’eux, mais je n’arriverais pas à tous les contenir… Mon regard se tourna vers le Triumvirat et Makka, qui se battaient désormais dans les marches. Je croisai le regard de Kusanagi mais celle-ci semblait affolée et resta sans vraie expression, ni joie, ni tristesse, ni rancœur. Je me surpris à oublier tout ce qui se passait pour ne penser qu’à nous ; je me surpris à penser, laisse-moi une autre chance, ne détruit pas tout ce qu’on a. Puis mon regard erra sur Karas qui me montrait son pouce vers le haut, son éternel sourire à la gueule. Je ne compris pas d’abord. Que… ? Le deuxième homme du Triunvirat bondit alors et je sus ce qui allait se passer. Je criai de toutes mes forces.

NOOOOOOOOON

Makka mordit à l’hameçon et projeta un véritable barrage de boule de feu qui s’écrasa sur Karas en l’enveloppant tout entier. Je voulus m’élancer vers lui mais des projectiles s’écrasèrent à mes pieds empêchant ma course. Je sentis le grand bouleversement dans le chakra de la zone et les poils de mes bras se dressèrent. Je soufflai dans ma main et projeta de la buée. Mes yeux se centrèrent à nouveau sur Kusanagi. Cette femme qui venait de relâcher son ultime jutsu dans bien des sens du terme. Et cette constatation me mal pour bien des raisons.

Je venais de perdre, et j’avais peur de savoir à quel point.



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Message(#) Sujet: Re: L'Incendie de cendre L'Incendie de cendre EmptyMer 24 Oct 2012 - 4:57

PYROCLASME

Chaque infime mouvement de mon corps provoqua une symphonie d’hiver. Une sorte de cascade sonore. Mes vêtements se fendaient par endroit mais j’avais bien plus peur pour mes doigts et orteils. Comme un enfant qui tombe dans l’eau pendant la morte saison. Je m’étais bien fait prendre. Mais je ne pouvais en parler que par mon imagination : je n’avais jamais été enfant et ne le serait probablement jamais. J’avais été jeune de cœur, je pensais l’être encore un peu. Mais il n’y avait aucune justice, aucun deuxième essai dans la scène qui peuplait ce moment. J’avais failli mourir. D’autres étaient morts. Mais mon cœur de glace, comme inversé par ce froid surnaturel, semblait fondre à l’idée de savoir quels étaient les noms des victimes. De la victime. J’avais senti une flamme d’énergie mourir juste avant l’hécatombe de givre. Je connaissais cette technique, car je l’avais conçu avec elle. Après autant de temps ensemble, il était normal que nous allons pu apprendre quelques tours l’un de l’autre. Moi davantage qu’elle, car je n’étais pas, loin de là, son égal, en terme de puissance brute. Elle venait de le démontrer une nouvelle fois. Une dernière fois.

J’ouvris les yeux, mes paupières craquèrent sans se rompre. Mes mains se refermèrent doucement. Je ne ressentais rien, aucune sensation dans mon corps au bord de l’hypothermie. Seule l’injection de chakra dans mes membres me permettait de les mouvoir. Ça, et la couche d’air de dix centimètres que j’avais érigé au bord du désespoir autour de mon corps, me protégeant du choc thermique initial. Mes pieds cédèrent sous moi et je tombai à genou, sans force. Mes jambes perdirent également le relais et je me retrouvai à plat ventre sur le sol glacé. Je levais mes yeux gris. Si le ciel était qu’ombre de fumée causée par les immenses feux qui ravageaient la ville, le palais était le plus grand château de glace que j’aie pu voir dans mon existence. Même les gravures étaient finement tracées de l’élément froid qui allait vite se mettre à fondre dans la température du désert demain matin. Mais pour l’heure, la fraîcheur du soir conservait l’endroit. Pour l’heure, c’était un spectacle plus qu’impossible et pourtant là.

Mais je la vit et toute cette glace quitta mon esprit en son entièreté. Mes pieds refusèrent de bouger, et sans aucune sensation, je n’aurais su même marcher sans trébucher à chaque pas. Alors je rampai. Doucement au début, puis péniblement, désespérément, sans prendre de pause avant d’atteindre finalement sa silhouette couchée sur le dos. Mes mains ne tremblaient plus de froid mais de peur. Mes doigts engourdis se faufilèrent un chemin entre ses longs cheveux couleur automne et je forçais pour prendre position assise. Même les larmes n’arrivaient pas à se faufiler un chemin dans mes yeux. Ma tête était vide. Tsura reniflait dans le noir. Et moi je la regardais. Mon joyau. Mon âme sœur. Ma sœur. Ma meilleure amie. Ma seule amie. Celle que j’aimais. La seule. Ma main garrotée lui ferma les yeux sans que j’en aie la moindre conscience. Mon souffle s’était accéléré, je vivais une sorte d’état catatonique et pourtant hyper ventilé. C’était étrange, hirsute. Improbable, impossible. Et pourtant là. Pourquoi ne me vint pas à l’esprit, il faudrait du temps pour que j’en arrive à ce stade. Pour l’instant, j’acceptais, sans accepter, Je lui en voulais sans lui en vouloir. Je l’aimais si elle, n’en était plus certaine. J’avais failli à tout ce dont j’avais cru jadis. Mes principes. Mes valeurs. Ceux qui croyaient en moi. Le clan. Ma famille. Des craquements supplémentaires, et je relève enfin les yeux. Des statues de partisan aux alentours, une étrange arène désormais. Un macabre palais de cadavre. Mes mains serrèrent le vêtement de la femme que j’aimais. Le sang retournait à mes mains, ou bien l’adrénaline y faisait-il un tour ? Je n’aurais pu dire. Un autre craquement survint.

Cette tyrannie des flammes qui affiche toujours un sourire sur son visage dont le givre fond en gouttelettes sur le sol, comme une balle de neige jeté dans le plus brûlant des feux. Mais je ne la voyais pas. Je ne la voyais qu’elle, cette fille auquel j’avais jadis juré d’être fidèle. Et elle qui me le rendait bien, d’une façon parfois plus qu’espiègle. Je respirais toujours aussi fort, comme enfoncé dans un rêve cauchemardesque. Un rêve paradisiaque et pourtant cruel. Je ne levai le regard qu’au dernier instant, alors que la chaleur envahissait mon visage comme la réalité elle-même.

La douleur me fit crier, l’énergie m’emporta à plusieurs mètres, ma main lâcha le corps de ma première dame. Je la portais à mon visage qui n’était plus qu’une masse de souffrance. Je savais que ma blessure était grave. Mon œil… Mon œil. Perdu. Fondu. Mes mains étaient couvertes de cloques, gants et garrots avaient brûlés. Je n’avais pas à m’inquiéter de saigner, ma coupure était cautérisée désormais. J’avais mal ; je gémis faiblement, le côté blessé de mon visage. Je savais que je n’étais pas défiguré, mais il semblait qu’un tison m’avait frappé directement au mauvais endroit. Mais je ne pensais pas vraiment à tout ça. Mon unique œil ne regardait que le corps de Kusanagi alors que je restais évêché sur le sol. Comme tous ces cadavres. Je me dis parfois que je devais vouloir la rejoindre. Je n’avais plus rien à faire dans ce village, dans cette vie. Je ne pouvais pas vivre sans elle ! La moitié de mon âme était partie. Ce n’était pas un délire de peine d’amour, pas comme on la raconte dans les romans pour adolescente. On m’avait sectionné pour toujours de ma moitié, de ma deuxième pièce du puzzle. Pourquoi me suis-je finalement levé ? Je n’en suis pas certain. Peut-être les cris qui provenaient de la ville en flamme. Peut-être l’inconscience. Peut-être l’amour. Tout ce que je sais, c’est qu’au bout d’un certain moment, j’étais de nouveau sur mes jambes. De mes bras glissèrent mon manteau qui tomba sur le sol. Mon pied s’était posé sur celui-ci et j’en avais arraché sans cérémonie une manche pour m’en couvrir le côté de la tête. Deux autres bandes suffirent à enrouler mes mains. Je devais sembler si pathétique. Mais lorsque la flamme suivante se dirigea pour moi. La terre se souleva et la dissipa.

Je me battais sans penser, sans réfléchir, comme une machine qui fait son travail sans jamais se poser de question. La femme n’avait dit un seul mot et pourtant se battait tout aussi férocement. Je n’ai jamais aimé le feu. La gravité est démunie face à cette énergie. Comme moi, je songeai plus tard. J’aurais dû déclarer ma vengeance, ma colère. N’es-ce pas ainsi que les histoires doivent se dérouler ? Mais je n’ai rien fait. Je me suis battu. Elle aussi. Dans un silence…

Absolu.

L’attaque de mon âme sœur l’avait affaibli, mais elle me surpassait sur tant d’aspects que je me demandais pourquoi j’étais encore vivant. Je voulais lui demander pourquoi. Pourquoi ne pas m’achever ? Je suis à présent le dernier pilier de ce village, le dernier du premier kakumeigun. N’es-ce pas ce que tu veux, tous nous asservir à la cause du Furyou qui t’habite, Makka ?

Elle s’approcha finalement de moi en déviant chacune de mes attaques, comme une danse méthodique et pourtant mortelle, prenant la forme des flammes pour devenir insensible à mes coups. Je tremblais sur place de fatigue, un kunaî à moitié fondu à la main. Je tentai un maladroit coup à la gorge qu’elle évita aisément, me fauchant les jambes dans le même mouvement. Le sol accueillit douloureusement mon dos, l’arme blanche quitta ma main. Nos regards se croisèrent. Elle avait toujours ce sourire enfantin, comme un chat qui joue avec sa proie. Je voulus projeter mon poing vers ce visage si vicieux, qui provoquait ma rage, mais elle attrapa mon poignet d’une main agile et pourtant si forte que je sentis mes os se briser. Un cri de douleur quitta mes lèvres, mourut dans ma gorge un instant plus tard. Le noir envahit mes yeux, mais je ne sombrai pas dans les ténèbres. Mon œil gris se releva vers elle. Je devais avoir perdu la carte quelques secondes. Elle était à califourchon au-dessus de moi, m’examinant comme un enfant qui trouve un jouet nouveau et fascinant. Mon corps n’était qu’un océan de souffrance. Elle approcha son visage du mien. Makka était une femme d’un âge et d’une beauté sans aucun doute indescriptible. Mais je ne voyais pas la tyrante. Je voyais…Je voyais Kusanagi…

Je ne sus combien de temps nous restèrent ainsi, mais je ne perdis pas conscience à nouveau.

Un morceau de roc la transperça.

Et elle ne quitta jamais mon regard.

Ni son sourire.

J’attendis la mort.

Elle ne vint jamais.
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