C'était le quatrième village de l'archipel de Mizu que je visitais cette semaine, tous portuaires, ils se ressemblaient, leurs habitants étaient aussi agréables les uns que les autres, j'avais pu rencontrer des ninjas appartenant à Kiri, ils ne cherchèrent à me capturer ou autre, à vrai dire, ils s'en fichaient, pour eux j'étais une personne comme une autre, j'avais passé de bons moments, avais pris ma première cuite, terrible d'ailleurs ; mais dans ce village régnait un atmosphère plus spéciale, un nouveau jour de marché. Pourtant, même si je me sentais bien, je n'étais pas pour autant heureuse, le souvenir, le fantôme de mes amis disparus, de ma famille, de mon père, revenait me hanter au moment où je semblais le moins penser à eux, c'était infernal.

Je pouvais donner tout ce que j'avais pour les revoir, ou même n'en revoir qu'un seul serai pour moi le plus grand des bonheurs ; malheureusement j'avais égaré cette idée, n'espérant finalement plus. Je regardais le sol, les cailloux, la poussière, sans faire attention à ce qui m'entourait. Je redressai la tête, vis un homme encapuchonné arriver au bout de la rue, encore un ; il y en avait pas mal, enfin, de temps en temps, des ninjas, souvent. De nouveau, je baissai la tête. Quelques pas, on me bouscula, pas grave, j'avais d'autres pensées, d'autres douleurs ; et je relevai la tête. Quelques secondes, un contact subtile, je me retrouvais immobilisée, je sentais une main refermer sur mon bras, je laissai alors ma température augmenter, dans le but de brûler cette main, mais ; je fus parcouru d'un frisson, je reconnu ce toucher, cette peau, cette chaleur.

Un spectre ? Non.. un spectre n’émettait pas de chaleur, un spectre ne pouvait exercer une pression sur mon poignet comme celle de ce garçon que j'avais cru voir disparaître deux ans avant. J'hésitai à me retourner, la crainte de me tromper, de le confondre avec mon désir le plus profondément enfuit, mais quand ses mots me frappèrent, que sa voix me transperça ; mon cœur s'emballa, ma gorge se serra, mon estomac se noua. Mes lèvres tremblaient, mes narines s'encombrèrent, je me retournai, les yeux rougis, et je le vis devant moi. La foule nous entourant s'effaça alors, le lui touchai la joue d'une caresse de la main, pour m'assurer de la réalité, il était là, vraiment. J'oubliais alors tout ce que j'avais traversé, tout ce que j'étais devenu, ma force, mes faiblesses ; et les larmes coulèrent alors que je le serrai dans mes bras, le visage écrasé contre son torse. À cet instant, je me fichais bien du reste du monde...

« Tsuna.. tu étais.. tu es.. » dis je avec une voix déformée par les sanglots.
« Je croyais.. ne jamais.. te revoir.. Idiot »

J'avais du mal à faire la part des choses, je ressentais un intense sentiment de joie, en même temps, une espèce de tristesse, étrange. J'étais soulagé d'un poids dont personne n'aurait put ce douter, enfin, personne sauf lui, certainement.

Je le laissai m'embrasser, non, je l'embrassais aussi, je retrouvais enfin sa douceur, ses gestes plein de tendresse ; je le ressentais, il n'avait pas changé, rien n'avait changé, si ce n'était moi. Les battements de mon cœur auraient pu faire exploser ma poitrine, mais il n'était pas traversé que d'un seul sentiment ; bien sur il y avait cet indéniable amour que je lui vouais, il ne pouvait en être autrement, c'était le premier et le plus grand amour de ma vie, il était mon âme sœur ; et il y avait cette autre sensation, comme du remord. Je me demandais souvent si le cœur ou l'amour d'une personne pouvait être divisé en deux, plus simplement, si on pouvait aimer deux personnes à la fois ; je me demandais ça depuis que j'avais rencontré cet autre garçon. Malgré le bonheur qui m'envahissait, j'avais cette horrible impression d'être sur un bateau, nommé Zanshi ; prit dans une tempête prenant de plus en plus d'ampleur. Je les trahissais tous les deux.

Je me défis de son étreinte, ne le regardant pas dans les yeux ; je tenais toujours sa main, je la serrai. Je savais qu'il ne me lâchait pas du regard, j'étais sûr que la culpabilité pouvait se lire sur mon visage, je soupirai, et finalement j'affrontai son regard, il me transperçait, je m'y noyais. On se retrouvait à peine, je ne pouvais m'y résoudre. Je gardais le silence sur ce sujet. En fait, je ne savais même pas si j'allais un jour revoir cet autre homme, Hayato, alors... Je ne savais pas s'il allait bien ou même s'il était encore en vie ; mais je ne l'éclipsais pas, pour lui aussi mon cœur battait, mais différemment peut être, la preuve était là, je pensais à lui alors que je me trouvais juste devant Tsuna. Ils étaient tous les deux spéciaux.. Puis je me rapprochai de lui, à nouveau, mes cheveux couvraient une partie de mon visage, et je lui répondis.

« Moi aussi, je t'aime, toujours.. » à voix basse.

Le ciel s'était assombrit, la foule s'était dissipé, les échoppes du marché commençaient à remballer, un vieux marchand nous avertit alors qu'une tempête se préparait. La pluie commença dés lors à tomber, battant le sol, soulevant la poussière ; je fus rapidement trempée, je regardais tout autour, cherchant un abri.. Je venais juste d'arriver dans ce village, je ne savais pas où aller.. Et enfin le sourire me revint.

« on se met à l'abri ! » Je le tirai avec moi..

La pluie battit son plein, déferlant sur le village les quelques secondes que l'on mit à s'en protéger suffit largement à me tremper, et la fille que je venais de retrouver n'y échappa pas. Je savais que ce n'étais pas un problème pour elle, je la connaissais si bien, je me souvenais de tout ça et je le retrouvai enfin. Avec elle je n'avais jamais eus froid, jamais ou presque été malheureux et malgré le bonheur et la joie de la revoir je sentais que quelque chose n'allait et ce justement parce que je la connaissais je me demandais ce qui pouvait bien se cacher derrière cette gêne mais bien que cela m’intéressait et même m'intriguait, je ne voulais pas tout gâcher, je plaçais alors mes doutes de côté, peut être en parlerait elle d'elle même, dans le cas contraire je lui demanderai mais plus tard.

Elle m'avait entraîné avec elle sous la toile de la dernière échoppe , celle du vieil homme. Les gouttes ruisselaient sur nos visages, je la tenais par la main, sentant toujours sa chaleur si particulière, j'appréciais toujours, je n'avais rien oublié et finalement de la retrouver effaçait un de ce que j'avais vécu ces derniers temps, et surtout le négatif. Je la regardai, elle ne savait pas où aller, elle ne connaissait pas ce village, moi non plus d'ailleurs mais j'avais quand repéré une espèce de taverne ou d'auberge à l'entrée du village, un endroit ayant l'air assez clean. Je lui fis signe de me suivre, on courrait sous la pluie, cela me rappelait une journée similaire quand on habitait au temple, ça remontait à deux ans tout ça mais ça me paraissait si proche, ça m'avait manqué.

On arriva finalement dans le bar plus trempés que jamais, j'étais étonné de ne pas la voir déjà complètement sèche avant même aprés une douche elle ne restait pas mouillée plus de trente seconde, et là bien c'était nouveau. Un homme massif nous accueillit par un simple bonjour qu'on lui rendit simplement puis on se dirigea vers une table dans une espèce de box avec des bancs-fauteuils en cuir. La lumière était assez ténue et je me rendis vite compte qu'il n'y avait presque personne, un homme encapuchonné dans un coin, le patron, et nous deux.. Au moins on pourrait discuter tranquillement. Elle s’asseyait face à moi. Je ne me souvenais même plus pourquoi j'étais venu dans ce village, la seule chose qui occupait mon esprit c'était : ''Zanshi''.

Je la regardais en souriant bêtement, j'avais l'impression de me trouver face à une femme que je rencontrai pour la première fois.. Deux ans, c'était vraiment long, qu'avions nous encore en commun à part notre passé ? En fait je me rendais compte qu'on allait devoir nous redécouvrir, du moins j'allais devoir réapprendre à la connaître. Je voyais qu'elle avait grandit, mais à part ça...

-Tu n'as pas encore séché ?

Autant commencer par quelque part...

Deux ans, comme je l'avais dit, à part son apparence, peu de choses avaient changé, il était toujours assez maladroit dans ses questions et je trouvais ça toujours aussi mignon. Apparemment il ne souciait pas vraiment de l'air grave que j'avais abordé malgré moi quelques minutes avant, tant mieux pour moi ! Il me demandait donc de manière peudo détournée comme j'allais en gros, ben j'en avais des choses à lui raconter, mais j'allais commencer par répondre à sa question ; je devais reconnaître que ces quelques années m'avaient permis de mûrir un peu que ce soit sur le plan mental, physique que sur l'utilisation de mes capacités, j'avais vraiment appris à me contrôler, à réguler ma chaleur sans laisser mes sentiments l'influencer, heureusement d'ailleurs parce que là, mes émotions, sentiments, étaient tels que dans d'autres circonstances, celles passées, cette auberge aurait fini un tas de cendres... Mais ! C'était le passé !

« Oui, je n'ai plus recours à... ça pour n'importe quelle raison ; ce qui paraît bon n'est pas toujours bon, et là ben c'est le cas, comme on dit : ''il ne faut pas abuser des bonnes choses'' »

Lui répondis en souriant tout en le regardant de mes yeux encore rouge de mes pleures.

C'était à peu prés ça, après une mission avec une ninja, Leara, j'avais vraiment pris conscience de ce que je pouvais et ne pouvais pas faire, je fonctionnait comme une résistance enfin de compte, j'accumulais la chaleur, devenant une soleil humain qui à force d'usure finissait par céder et à s'auto-détruire, enfin, je faisais simple, je ne voulais pas dramatiser non plus. Bref, une simple explication qui déboucherait sur une discussion un peu plus sérieuse, enfin plus centrée. Alors avant qu'il ne me pose d'autres questions aux quelles peut être je n'aurai voulu répondre, je pris les reines. Entre temps le patron se présenta à nous, pour prendre notre commande. Je n'avais pas froid, je n'avais pas soif, j'étais réveillée et loin d'être fatiguée ; que pouvais je bien consommer ? Je souris, encore, et répondis à notre hôte. Je connaissais les goûts de mon.. ami, ils n'avaient pu changer eux aussi ; j'essayais alors..

« Pour moi, un.. sake ! Et un Guarana glacial pour.. mon chéri »

Hésitais je.

« Bien d'moiselle, je vous apporte ça dans deux minutes ! »

Nous dit il dans un grand sourire.

Un sake ! J'avais goûté cet alcool pour la première fois lors d'une mission dans une grande ville proche du pays du feu, j'avais vraiment détesté la sensation dans ma gorge, comme brûlée ! Puis la dernière, il y avait quelques jours avec un jeune homme répondant au nom de Gintoki, un kirijin, charmant charmeur blondinet au quel j'avais tenu tête lord d'un combat démentiel de buveur de sake !! Et j'avais perdu, normal aussi ; c'était la première fois que je buvais vraiment ! Je n'aimais pas spécialement l'alcool en général, mais ce ninja de kiri m'avait bien plut, que ce soit dans sa connerie que son addiction à cette boisson, alala... D'ailleurs, j'allais tout de suite en toucher un mot !

« Je ne suis pas alcoolique, c'est en mémoire à un ami, avant que tu me demandes ! Le guarana... Tu aimes toujours ça ?... Bon, à part ça, j'ai retrouvé Anka, tu te souviens de ma sœur ? J'ai l'impression qu'elle me cache des choses, peut être que je me fais des idées.. Et maintenant, je te retrouve toi »

Souriais je encore et toujours.

« Le temple est toujours debout, on essaye de le garder en état.. »

Je soupirai un grand coup, réalisant quelque chose, sentant une autre vague d'émotions monter.

« Je passais tous les jours devant ''cette'' fenêtre, en espérant te revoir un jour. »

Je regardai la table en plissant les lèvres, un léger sourire se dessinant, je une larme, encore, glissa de ma joue pour s'écraser sur la table, oui je réalisai qu'il était devant moi, bien là ; à quelques centimètres ; on pouvait me dire que cela ne faisait que deux ans ; que j'étais encore bien jeune pour m'attacher autant à un premier amour, que d'autres se présenteraient, mais non ! Puis le patron arriva avec nos verres.

« Haha, voilà pour vous ! Ho, jeune fille, les larmes ne vous vont pas, et vous blanc-bec il est interdit de faire pleurer les d'moiselles dans mon établissement ! »

Je redressai la tête en souriant, les joues un peu rougies et humides

« Non monsieur, ne vous inquietez pas, je ne suis pas triste, juste heureuse. »

Finis je en me frottant les yeux

-Ha... D'accord, ce doit être important, je vous laisse alors, et veuillez m'excuser jeune homme.

Le ''patron'' s'en alla, nous laissant enfin tranquilles ! J'en revenais de me faire remonter les bretelles par un inconnu qui ne savait rien du tout de ce qui se passait. Mais j'avais un point commun avec cet homme, je n'aimais pas la voir pleurer que ce soient des larmes de tristesses ou de joie. Je pris une gorgée de la boisson, du guarana, en effet j'aimais toujours ça. Puis je délaissai mon verre, me levai et allai m'installer à côté d'elle, je lui passai un bras au tour des épaules et la serra contre moi en prenant garde de ne pas l'étouffer !

-Sèche tes jolis yeux, c'est fini, maintenant on est ensemble, c'est tout ce qui importe. À partir d'aujourd'hui, rien ne nous séparera plus. Lui dis je, la laissant reposer sa tête sur mon épaule.

Je disais ça mais je n'étais pas maître du destin, je n'étais pas devin non plus. Je pouvais juste la rassurer par ma présence, le temps que ce serai possible. Maintenant j'y pensais, il n'était pas question que je retourne à Konoha et que je la laisse derrière moi une nouvelle fois même si cela impliquait que mes anciens patrons me poursuivent pour abandon de poste et faute grave ! Et qu'ils n'envoient leurs ninjas à ma recherche jusqu'à qu'on me capture et qu'il m'arrive plein de chose désagréables. J'étais donc prêt pour elle à déserter et finalement devenir un fugitif, un nukenin. Si cela ne prouvait pas mon amour pour elle, et bien... Puis de toute façon je n'avais pas à prouver quoi que ce soit !

Je pris alors le verre sur la table, et en avalai une pleine gorgée, et là je me dis : ''tiens, il a un drôle de goût ce guarana'', et ma gorge fut comme enflammée, j'en toussai ! Ce n'était pas ma boisson ! Mais comment pouvait elle avaler un truc pareil ? Je reposai le verre et attrapai l'autre, le mien et le bus d'un trait pour me rincer la bouche. Je détestais vraiment ça, de l'alcool hein. C'était le genre de boisson qui montait vite à la tête, qui dévoilait la vrai personnalité des gens. Enfin, je la croyais quand elle disait ne pas avoir d'addiction.

-brrrrr... Je ne sais pas comme tu fais pour avaler ça, vraiment ! Alors que je sentais le liquide imprégner ma gorge, chauffant, me faisant suer.

Tout se déroulait comme je l'avais imaginé, la joie était au rendez vous. Mon bien aimé me réconfortait, me réchauffait, m'aimait et me faisait rire, je savais parfaitement qu'il n'aimait pas l'alcool, j'adorais sa réaction au goût du saké, twop mignon. Cependant je me doutais du sacrifice qu'il devait faire pour que l'on soit ensemble, que l'on puisse s'aimer librement. Son bandeau frontal m'indiquait qu'il avait rejoint un village, et pas n'importe lequel, konoha.. Ha ha.. Je devais lui parler de ça du coup, j'étais une nukenin, illégale, sans papier même et une de mes récentes altercations avec un konohajin ne m'aidait pas à oublier.

« On va rester ensemble.. Vraiment ? Tu feras comment ? Je sais que Konoha n'est pas vraiment tolérant vis à vis des déserteurs.. »

Je pris sa main et la serrai dans la mienne. Quelle que soit la décision qu'il envisageait, je la respecterai ; je ne pouvais lui demander de mettre sa vie en danger juste pour moi, juste parce que je l'aimais. Je le regardais, il semblait réflechire à ce que je venais de lui dire. Je ne su dire, ce que je lui demandais était il un choix cornélien ? Enfin, je profitais de cet instant avec lui, de sa chaleur, de son contacte. Je n'allais pas sacrifier ce bonheur du moment au profit d'un doute, d'une suspicion. Puis finalement je pris les devants, je ne voulais pas qu'il y retourne, et comme je ne savais pas ce qu'il ferait, je lui proposai une espèce de contrat.

« Si tu restes avec moi on pourra se protéger l'un l'autre.. Je pourrais te protéger de Konoha.. Si non, je pourrai venir avec toi.. »

Je lui montrais que j'étais aussi prête à faire des concessions, si je devais me rendre à Konoha pour que nous restions ensemble, et bien je le ferai sans problème.

Voilà, je me demandais quand elle me poserait la question, je ne dis que c'était pressant, bien au contraire car la réponse serai resté la même dans un cas comme dans l'autre. Ses propositions, tentatives pour me convaincre me firent sourire, je me rendais à cet instant à quel point j'avais pu laissé un vide, à quel point nous nous manquions l'un à l'autre. Elle avait revêtu son visage de son regard de cocker. Malgré le comique de la scène, je devais garder à l'esprit que la décision était sérieuse, importante, ce n'était pas une orientation prise à la légère. Je n'avais pas peur de Konoha, ni de ceux qui me poursuivraient, s'ils ne comprenaient pas, et ce ne serait qu'une raison supplémentaire pour conforter mon départ du village, car je ne pouvais vivre entouré de personnes sans cœur. Enfin, j'entrepris de répondre à ma douce...

-Non non, Je vais quitter Konoha, oui ; ils savent que je te cherchais, et puis je ne représente pas une menace pour eux, si je n'y rentre pas ; ils se demanderont, peut être comprendront ils, et si ce n'est pas le cas.. et bien, c'est que je n'ai vraiment rien à y faire. Au moment où je t'ai vu j'ai su que je resterai avec toi, et que forcément je ne retournerai pas là bas. Tu n'as pas besoin de me donner d'autres raisons ; tu es déjà bien suffisante à mes yeux.

Dire ça me fit repenser à notre toute première rencontre à la frontière du pays du feu, la première fois que nos regards se croisèrent ; malgré notre jeune âge j'avais su qu'elle serait mon présent et mon avenir, d'ailleurs dés ce jour j'avais tout fait pour être avec elle, apprendre à la connaître, un début amical ; elle s'occupait de moi comme si j'étais un animal blessé, son père m'avait confié à elle en quelques sortes. Il me fallut quelques années pour trouver le courage de lui admettre mes sentiments, mais lorsque que ce fut.. Bref, pour dire : ''Dés que je t'ai vu''.

-Ne t'en fais pas pour ça, je ne pense qu'ils me pourchasseront de toute façon. En attendant, le temple est toujours debout ? .. Peut être qu'on devrait y aller, non ? Du moins..

« Du moins ? »

Continuais je.

Je pensais savoir ce que voulait dire la fin de sa phrase, il se demandait si il était toujours le bienvenu là bas, enfin, c'était que je pensais.. Mais que ce soit ça ou pas peu importait, si je lui parlais de notre ''maison'' ce n'était pour le laisser à la porte, cependant dans l'immédiat et vue l'heure qu'il était, je ne pensais pas qu'un retour avant le lendemain soit possible, il devait s'en douter aussi ; d'autant plus que dehors c'était le déluge, alors je ne vous parle même pas de l'état de la mer. Enfin pour en revenir à notre discussion, les mots qui sortaient de sa bouche me réconfortait, parce que finalement, même si je l'avais dit et bien je ne me sentais pas prête à me rendre à Konoha.

« On ferait mieux de passer la journée ici.. On ne pourra pas quitter cette île avant que la tempête soit passée ; puis je suis fatiguée de courir.. »

Je reposais ma tête sur son épaule, le regard perdu ; j'imaginais enfin un semblant d'avenir, un futur que je pourrai construire, non, que nous pourrions construire. Je repensais à toutes ces journées passées à le rechercher, toutes ces nuits sans sommeil perturbées par de funestes songes, par des tourments que seule mon aînée pouvait apaiser. La mort violente d'un proche pouvait avoir des effets qui en surface étaient invisible mais qui pouvaient semer le chaos dans le cœur et l'esprit, un mal dont on ne guérit jamais, qui nous épie, attendant une faille pour nous faire replonger dans les affres de la souffrance.. Mais j'étais guérit, enfin la douleur avait disparu, maintenant, la peur l'avait remplacé, elle était plus pernicieuse et bien plus dangereuse.

Le bienveillant tavernier se représenta une nouvelle fois à nous, venant réclamer en quelques sortes, son du. Je profitais de sa présence pour savoir s'il savait où nous pouvions rester le reste de la journée, et pour une nuit. Il me regarda en souriant sous son épaisse moustache grisonnante et répondit de sa grosse voix typique de l'aubergiste. Donc, lui en avait quelques unes de libres, d'ailleurs à en juger par l’étonnante fréquentation de ce lieu, cela ne m'étonna pas vraiment. Il semblait content d'avoir des clients. Il sorti de sa poche six clefs et les posa sur la table en nous demandant de choisir celle que nous voulions. J'en pris une au hasard, à mon avis toutes les chambres devaient être identiques, puis nous n'allions pas les fines bouches ! Avec un nouveau sourire, il reprit ses clefs, les verres vides et nous laissa.

Je fis osciller le morceau de métal entre mes doigts.. Si tout avait toujours était aussi simple, ma vie n'aurait était qu'un long fleuve tranquille, si tout le monde était aussi sympathique et joyeux.. Enfin, on pouvait refaire un monde avec des si. Alors, je me levais prenant Tsuna par la main, l’entraînant avec moi, nous prîmes la direction de l'étage, un petit panneau sur le quel était dessiné un lit m'indiquait que je ne me trompais pas. On enjamba les marches en quelques secondes, après quoi nous fûmes devant la porte répondant au numéro du passe argenté. Je glissai la pièce dans la serrure, dans un cliquetis typique elle se déverrouilla et nous laissa entrer. Il y faisait chaud, y flottait une odeur parfumée ; des flammes vivotaient sur des bougies, seule ombre au tableau : la pluie qui battait le carreau, on pouvait même voir au loin l'océan déchaîné, et même des éclairs déchirer le ciel noir. Ce n'était pas le grand luxe, en fait ça ressemblait beaucoup à chez moi, chez nous.

Tsuna referma la porte derrière lui, je retirai ma veste trempée et la posa sur le dossier d'une chaise. Le voyage jusqu'ici, la pluie et le reste me donnait l'impression que j'étais comment dire.. crasseuse, poisseuse. Je me retournai en souriant..

« Je vais me prendre une douche.. Je reviens ! »

Elle avait raison, on ne pouvait partir pour le moment, en tout cas j'étais content de voir que cela ne la dérangeait pas de me recueillir pour la seconde fois, même si les circonstances sont totalement différentes. Je l'écoutai demander des informations à notre hôte, démarche qui aboutit à l'obtention d'une clé. Je fus rapidement happé dans la chambre correspondante, il faisait plus chaud qu'en bas, tant mieux, j'étais glacé jusqu'aux os, j'évitais de m'en plaindre, je ne voulais qu'une chose, prendre une douche bien chaude et toujours profiter de la présence de cette fille qui me subjuguais toujours autant et même peut être encore plus qu'avant. J'étais derrière et la vis se dévêtir, retirer son veston noir gouttant, me dévoilant un corps qui avait malgré ce que je pensais, bien changé ; sa musculature était bien plus développée, elle était plus fine et plus grande, à peine deux ans s'étaient écoulé. Je la vis se retourner, en se penchant en avant, en me souriant, elle avait visiblement eut la même idée que moi, enfin ; prendre une douche. Elle ne me laissa pas le temps de répondre qu'elle disparut derrière la porte, je vis la lumière s'allumer dans l'entre ouverture...

Je défis mon long manteau et le lâcha sur le lit sans me soucier de l'eau qui en ruisselait ; je posai la plaque de konoha sur la veste de Zanshi ; mon regard resta accroché un instant sur le symbole, je savais pertinemment que j'aurai affaire à un chasseur de déserteur un jour ou l'autre, mais mes pensées n'étaient pas à ça, je restai debout, ne sachant quoi faire, j'écoutais la jeune femme dans la salle de bain, je pus reconnaître différents sons, comme celui du tissu qui glisse sur la peau, qui foule le sol ; puis j'entendis l'eau couler, après quelques minutes, les premières vapeurs s’échappèrent de la pièce, je l'observais, j'usais de mes capacité d'Enzo pour lui donner des formes différentes, je laissai mon imagination vagabonder dans cette eau à l'état gazeux. La fumé prenait peu à peu les traits de la jeune femme, je l'observai toujours, apaisé ; je réalisai qu'elle avait vraiment une place très importante dans mon cœur mais aussi dans mon esprit, elle était ma source d'inspiration, elle était ma muse, je ne pouvais trouver d'autres mots pour définir ce qu'elle était pour mon inconscient.. Bien sûr, jamais ne me m'amuserai à la définir, ni même à dire ce qui fait que je l'aimais, c'était impossible.

Je pris alors une décision qui peut être s'avérerait mauvaise, causerait plus de mal qu'autre chose, mais je ne pouvais rester là. Je me levai et tirai la porte, je senti l'humidité imprégner mon visage, sa chaleur me réchauffer un peu plus, à ma gauche une baignoire et un pare-douche opaque dessinant vaguement les formes du corps de mon âme sœur, ce qui trahissait son identité n'était autre que sa longue chevelure à la couleur si spéciale, flamboyante, image même de sa personnalité et peut être aussi de la passion qu'on se vouait. Je vis son kimono à mes pieds. Je désenroulai le long foulard cachant mon cou, retirai mon t-shirt noir, défis la boucle tenant mon treillis gris et le laissai tomber, glisser sur le sol, à côtés de ses affaires. J'effaçai la distance qui nous séparait en quelques pas, je n'étais pas sûr de ce que je faisais, mais je n'hésitais pas, je laissais ma timidité au passé. J'enjambai le rebord de la baignoire blanche et fis face au dos de la jeune femme, à quelques centimètres, je me rapprochais, relayant cette mesure à un autre plan, la transformant en un contacte entre nos peaux, mon épiderme se souleva, parcourut d'un frisson, elle dégageait toujours cette chaleurs si particulière.

L'eau ruisselait, la vapeur avait transformé cette salle de bain en sauna. L'eau, c'est elle qui nous liait. Je penchai la tête, approchant mes lèvres de son épaule droite, j'y déposais un simple baiser, puis un second dans la nuque. Finalement je la serrai dans mes bras, l'enlaçais complètement ; puis me reposai sur son épaule, joue contre joue. Mon cœur battait plus fort, je fermai les yeux, sentant sa chaleur naturelle me traverser, j'avais besoin d'elle, de la sentir au plus prés de moi, c'était la seule personne qui comptait pour moi. Malgré tout, la joie et le bonheur ; je ne pus retenir quelques larmes qui coulèrent en silence, se mêlant à la l'eau.. Je sentais son cœur battre dans sa poitrine, sa respiration régulière. Je voulais que cet instant dure. Je n'avais qu'un mot à la bouche, je le susurrai depuis si longtemps...

Je ne pensais pas un instant que les sentiments que nous partagions soient aussi fort et encore plus ! Son corps contre le mien me réchauffait, la chaleur humaine.. non c'était bien plus que ça. Sa peau était d'une douceur, comme ses gestes, comme sa personne, incomparable. Elle me connaissait par cœur, aussi bien que je la connaissais, nous étions définitivement fait l'un pour l'autre, des âmes sœurs. L'eau coulait de la baignoire, la surface mousseuse ondulait sous mes mouvements. Elle s'était assise entre entre mes jambes, ses genoux dépassaient tels deux Icebergs, le froid en moins. Je posai mes mains sur ses épaules, une parfaite symétrie. Je caressai ses bras, j'embrassai sa nuque, sentais son odeur ; je continuais. Je suivais un chemin précis, laissant mes doigts se balader sur ses côtes, effleurer par moment ses seins, je baisais ses épaules, parcourais son dos lentement, je redressais la tête, observant le bas de son dos, je voyais une cicatrice, je comprenais qu'elle n'avait pas vécu que des choses plaisantes.. Je l'avais déjà vu nue et elle n'avait pas toutes ses marques, même à cet instant de pur bonheur, j'avais mal pour elle, un mélange de culpabilité et d'empathie.

-Tu as souffert pendant ces deux années... Toutes ces marques.. j'aurais tellement voulu être avec toi, pour te protéger... viens..

Je l'attirais vers moi, la laissant allonger sa tête sous la mienne, nos têtes, c'étaient les seuls parties de nos corps qui dépassaient de la mousse. Je passais une main dans ses cheveux, je réfléchissais, je pensais à elle, des personnes lui avaient fait mal, je me rendais compte de ce que je pouvais faire pour elle, pour que cela ne lui arrive plus. Je tenais sa main, elle la serrait ; l'eau refroidissait peu à peu, je fermai les yeux, mon rythme cardiaque se faisait plus régulier, installé dans une position confortable, au plus prés de la seule personne qui me restait dans ce monde, la seule femme que j'avais aimé depuis mes onze ans. Que pouvais je demander de plus ? Rien d'autre qu'elle, son amour, son corps. Cet instant était sans défaut, sans comparaison, en fait, tout était comme ça depuis qu'on s'était retrouvé. J'avais de la chance, je m'en rendais compte ; car au final tout s'arrangeait et rien de ce que j'avais imaginé ne s'était produit. Je rouvris les yeux, et la bouche.

-Tu es la fille la plus .. exceptionnelle que porte cette terre. Tu sais.. Sans l'espoir de te revoir, je pense que je n'aurai pas tenu le coup.