Allongé sur la plage de galets blancs, Seigen, haletant, peinait à recouvrir ses forces. Depuis peu, l’Opalin s’astreignait à un entraînement physique quotidien et, ma foi, assez ardu. Le Genin cherchait à améliorer ses caractéristiques physiques ; endurance, vitesse, force. En ce jour, le programme était assez simple : natation. Toutefois, pour corser les choses, le bretteur partait avec le handicap suivant : des poids, bracelets lestés, à ses jambes et ses poignets. Ainsi donc, il faisait le relais entre une île proche et le rivage. Cependant, il avait atteint sa limite. Son corps était exempt de toute énergie. Sa cage thoracique se soulevait à cadence rythmée, sa respiration était profonde bien que difficile. Dans un ultime effort, il ôta ses entraves. Le ninja rampa presque jusqu’à sa sacoche afin d’en sortir sa ration de nourriture. Au menu, quelques bentos achetés le matin même à l’échoppe du coin. Malgré la faim qui le tenaillait depuis un moment déjà, il dégusta presque pieusement son repas, se régalant de chaque bouchée. Une fois ces frugaux mets consommés, il s’allongea sur le dos, les bras perpendiculaires à son abdomen, et contempla d’un regard absent le ciel. Une belle journée, un éther azur, parsemé ça et là de quelques nuages. La température était délicieuse, il ne faisait ni trop chaud, ni trop froid. Uniquement vêtu de son équipement de bain, - son sabre et ses vêtements abandonnés non loin de lui - , il paressait au soleil. Curieusement, son teint de peau blanchâtre ne prenait jamais de couleurs au soleil. Ni brûlures, ni bronzage. À vrai dire, cela lui convenait parfaitement. Pouvoir flâner sous les rayons de l’astre dardant sans en subir les conséquences était fort agréable et, somme toute, ne pas brunir n’était pas un grand sacrifice en soi.

Peu à peu, Seigen sentait ses paupières s’alourdir, le sommeil le gagnant. Il aurait souhaité s’entraîner plus, mais la fatigue et la flemme avaient pris le dessus sur sa fragile motivation. Peut-être que s’endormir sur cette plage comportait quelques risques, il était inenvisageable qu’il se traîne jusqu’à son appartement. Il était comme cloué au sol par la paresse. Et puis bon, cela lui était déjà arrivé de sommeiller pendant ses rondes dans la forêt noire, et il ne lui était jamais rien arrivé. Bien que ces événements n’avaient aucun rapport entre eux, il décida de ne pas se montrer paranoïaque et se laissa aller aux bras de Morphée. Alors qu’il était sur le point de s’endormir, il lui semblait ouïr des pas faire crisser les galets plats. Contorsionnant son échine, il pivota sa tête pour voir de qui il s’agissait. Néanmoins, la luminosité l’aveuglait légèrement, il lui sembla discerner les formes d’une demoiselle. Que pouvait-elle lui vouloir ? Gardant son mutisme, le Genin ne décrocha pas son regard de la jeune femme, dont l’allure devenait peu à peu plus percevable.