C'était ce que l'on appelait une bonne remise en forme, s'étonna Nai lorsqu'il replia le parchemin où était inscrit la mission. Voilà plus de six mois maintenant qu'il n'avait pas effectué une seule mission. Le mérite revenait à son voyage évidemment. Il était un peu rouillé et une dérouillé à des voleurs allait le huiler. Non pas qu'il avait besoin de perdre du gras, notre gars avait un physique d'anorexique. A ces risques et périls, il ne mangeait pas énormément afin de ne plus ressembler à un squelette. Heureusement, il se parait de nombreuses étoffes pour masquer son état. Parade optimale.

Étendu sur le pont du bateau, Nai trinquait. Il avait rendu son déjeuner. Voilà maintenant un jour qu'il était parti. Le pauvre n'appréciait pas le bateau. Cette structure instable lui faisait penser par-dessus bord pas mal de repas. Et pourtant, le voyage avait pas mal démarré. Il était parti tôt. C'était Nai qui avait donné l'horaire matinale de départ. Durant le chemin jusqu'au port, il avait mangé une pomme et bu une briquette de jus d'ananas, histoire de tenir un moment. Tout était reparti à la mer le midi. Alors, afin de ne pas être trop dérangé, il ne mangeait que le strict nécessaire.

Satisfait d'avoir tout prix, il s'était installé avec son matériel à l'avant du bateau afin de tout re-re-vérifier. Il devait être parfaitement préparé afin de combattre des guerriers d'une certaine force. Boules fumigènes, kunaïs, parchemins explosifs ... Il se faisait également des réserves dans tous ces sceaux. Des kilomètres de fils, des centaines d'ustensiles ninjas sceller à des endroits différents de son corps. Jamais trop prudent ! Après tout, cela lui faisait oublier le bateau qui tanguait.

Très bien, je suis prêt !
Il se releva avec difficulté et longea la rambarde jusqu'à la porte pour rentrer à l'intérieur de cet engin de malheur. Il ouvrit la porte et descendit avec fracas les quelques marches de l'échelle. Horrible ! Il devait rentrer parce qu'il avait rendez-vous avec son coéquipier. Ils devaient l'un et l'autre discuter de plusieurs choses, notamment des évènements à suivre. Parler sur le pont ? Nai y avait songé. Seulement il devait être fier, fort. Ce bateau n'allait pas le tuer tout de même !

Pas de panique, tu peux gérer tes remontées.
Il pénétra dans une pièce désignée par le capitaine comme sa salle à manger. Elle n'était pas très grande et le ninja arriva rapidement au bout. Il toucha une table, la contourna et aussitôt fut assis sur le banc. Posant les mains devant lui, il attrapa une lampe à huile. Pour dire les choses, il faisait assez froid. Vu que c'était l'été, il ne manquait pas de remarquer que la nuit était venue. Après l'avoir allumé, il cru entendre des bruits. Peut-être était-ce son coéquipier qui venait à lui.

Ao, Tatsuki Ao, était un sabreur selon un bureaucrate lui ayant lu la fiche du shinobi. Le peu d'informations retenues par notre ninja allait le faire passer pour un chuunin ne sachant pas se préparer à une mission de rang B. Bon après tout ce n'était pas grave, ils accosteraient demain et suivrait deux jours pleins de courses à travers un drôle de pays. Il aurait tout le temps de faire bonne impression. En attendant, ils devaient causer tous les deux, du moins, s'il arrivait.

Résigné à le saluer une nième fois, il lui proposa de s'installer en face de lui à l'instant où il était entré dans la pièce. Cette conversation n'allait sans doute pas avoir le même ton qu'à leur première rencontre où Nai avait été très fois en déclinant son identité et en lui proposant de partir directement. Natsukeru Nai, Chuunin de Kiri. Bien, allons-y ! Peut-être un peu trop froid pour le personnage qu'il était. Il en avait haussé les épaules dans la forêt Kirijin. Pour le mettre plus à l'aise, Nai releva son capuchon. On pouvait pleinement voir son style de rockeur, mèches blondes, brunes et vertes fluo. Le dévot avait laissé sa chevelure à l'état naturel pour se concentrer sur le maintien de son bandeau aux yeux.

Traitement non terminé obligeait. Le soin était en fin de compte plus long que l'eut prévu Amenbo. Cela ne faisait rien à Nai qui s'habituait à sa condition d'aveugle. Le non-voyant décida de poser carte sur table. Il toussa pour s'éclaircir la voix. C'était important d'être bien compris quand on mettait les choses aux points. Bref, il fini par lui dire :

‒ Installé confortablement on est mieux pour causer. Voilà comment je vois les choses, tu m'exposes un petit peu tes capacités, ta manière d'affronter le danger, je te cause un peu des miennes et on voit ensemble une petite stratégie permettant de récupérer les bijoux volés au Seigneur de l'eau.

Nai ne devait pas laisser les gens indifférents. Pour le moins entrainé, il percevait toujours un brin de surprise. C'était ce qu'Ao lâcha. Après avoir pris place et écouté le chef temporaire de ce duo de mission, le jeune genin avait ouvert la bouche : « ... pour garder l'ennemi à distance ... » L'esprit de l'aveugle fit un grand bond. Il le savait sabreur. Un sabre ne s'éloigne jamais de l'ennemi, il en est attiré. L'art du sabre devait avoir pour but d'être le meilleur au corps à corps. Rien que de s'imaginer le shinobi fuir le rapprochement, Nai s'était choqué. Il s'était levé sans interrompre le petit.
Il l'écoutait toujours mais il devait boire quelque chose pour faire passer la pilule. On n'avait pas idée de se faire peur pour rien. Bienheureux qu'il était, il se souvenait de la disposition d'une armoire derrière la table. Dos à Ao, il s'adossa quelques instants contre elle. L'apprenti continuait toujours. Il était maintenant arrivé à sa capacité du clan sabreur. Grand clan à Kiri. Il ouvrit un placard pour chopper deux bonnes tasses. « Shigure ».

Un nom de chien, haha, se marra Nai rien laisser paraître.
Ce jeune Ao était prometteur. Son épée avait un rapport clair avec le futton, la vapeur. Dangereux pouvoir que celui-là, notamment dans un lieu clos. A l'aveugle, il parcourait l'étendue d'un autre tiroir du meuble pour trouver la boîte à tisane. Pendant ce temps, notre ninja ne disait mot. Il écoutait et réfléchissait aux choix de ces prochains mots.
Le coéquipier, après un long silence mortel, reprit la parole : « ...la force létale ... Je préfère l'éviter... »
Encore ? Mais ce garçon est froussard ma parole !
Sur ce point, il ne pouvait pas lui donner pleinement tord. Lui-même ne tuait jamais. Il trouva la boite et sortit deux éléments qu'il plaça dans les tasses. En guise de réponse, une phrase automatique lui vint soudain : « La mort n'est valable qu'aux hérétiques non fiable et déjà près du bord. » Pour ne pas laisser d'interrogation à ce garçon, il ajouta :
‒ Voler des Bijoux n'est pas un crime mortelle. Un jugement adapté leur sera rendu. Kiri ne laisse aucun crime impuni.
Aussitôt, il appuya sur le bouton de la bouilloire et se retourna, sourire aux lèvres, sur un ton décontracté et rieur :
‒ Je pensais qu'on pourrait leur couper les mains, histoire de jouer à donnant-donnant qu'en penses-tu ?
Il leva les deux tasses, dont une vers lui : « Tisane ? »
Lorsqu'il retourna près de la table, on entendait un long soufflement. L'eau commençait déjà à chauffer. Rapide. Pour retourner au sujet, il fut brut :

‒ Bref. Que te dire sur moi, je manie Hen'keirai, laissées dans mon compartiment. Assimilation de terre pour modification de forme. Tu sais, un sabreur est maître dans le kenjutsu, dans le combat rapproché. Garder l'ennemi à distance n'est pas une manière de vaincre l'ennemi digne du clan. Penses-y.

L'eau faisait maintenant un sifflement grave et on entendait l'ébullition. Nai attrapa la bouilloire et servit deux tasses, chacune posée sur la table. Il la déposa à sa gauche et revenu sur son banc. L'heure était aux préparatifs. Il leva sa tassa et souffla un peu dessus. Elle était brûlante, mais cela ne lui posait pas de problème pour la garder en main. Plusieurs mois dans le désert l'avait endurci. Sans doute plus mentalement que physiquement d'ailleurs

‒ Nous savons que nous allons avoir à faire à des adversaires somme toute dangereux. Demain matin, j'aimerais que l'on effectue une recherche chez les passagers de ce bateau et au port, si on ne trouve rien. Ils doivent avoir entendu parlé de la troupe. Le mieux serait de trouver leur caverne secrète où ils entreposent leurs richesses. Nous n'aurions ainsi pas à nous arrêter en chemin.
Il s'arrêta pour boire une gorgée.
‒ A deux contre six, nous n'essayerons pas d'y aller tête baissée. Je ne sais pas si c'est une maison ou bien la caverne d'Ali-Baba, mais une chose est sûre, il y a toujours chez ces brigands une entrée principale en général soit solidement gardée soit surveillée et un tas d'entrée secrète, non gardée et facilement repérable pour des shinobis tels que nous. Enfin ... il faut que nous soyons synchronisé sur le coup. Qu'as-tu en tête ?

Il bu encore une gorgée. Les fruits lui étaient favorables. Il se sentait déjà plus reposé. Bientôt, ils iraient se coucher. Un long parcourt les attendait. Effectuer cette mission dans le pays du fer n'allait pas être simple et il le ressentait déjà. Le capitaine lui avait annoncé que là-bas, ce n'était pas de grosse chaleur, qu'importe la saison. Mieux valait se couvrir.

La discussion continua encore quelques temps avant que chacun aille se coucher. La stratégie était mise en place et ils étaient tout deux au courant de ce qu'il fallait faire.
Le truc maintenant était de faire quelques recherches sur le bateau avant de foncer directement au repère des ennemis. C'est ce qu'il entreprit de faire sur le bateau. Ce ne fut pas parti facile car le mal le rongeait toujours. Entre deux questions, il envoyait son déjeuner par-dessus bord, normal. En revanche, il eut appri certaines choses sur les malfaiteurs. Ils avaient déjà opéré plusieurs fois dans le pays. Ils n'étaient pas inconnus des matelots. Leur source était sûr, ils étaient bien à Tetsu no Kuni. Ils avaient même récupéré tellement de richesse qu'on les disait habité dans manoir d'or dans les montagnes enneigées. Nai n'y croyait qu'à peine, mais à la descente du bateau, il avait quand même partagé cette information avec Ao. Le natsukeru se demandait s'il avait pu obtenir de plus amples informations. Ses aller-retours par-dessus bord ne l'avait pas aidé.

Enfin, maintenant qu'ils n'étaient plus à bord du navire, la mission pouvait prendre tout son sens. Ils avaient deux jours de routes avant d'atteindre le pays du fer. Cela allait être l'occasion pour nos deux shinobis de se connaître encore un peu plus. Nai était curieux de connaître la raison de cet éloignement du combat rapproché. Ce n'était pas évident pour lui d'admettre que l'on puisse se battre au sabre avec de la distance... C'était même impossible !
Toute la première journée fut consacré à la traversée du pays des geysers. Au possible, ils avaient évité les zones dangereuses. Le midi, tandis qu'ils campaient en bord de plaine, Nai avait saisi l'occasion. Assis sur son rocher de pierre, il dégustait ses sandwichs entre deux questions. Le vent n'était pas levé, mais il faisait quand même plutôt froid dans le coin. Il s'était couvert d'un léger manteau pour maintenir sa température :

‒ Mais, dit-moi Ao-kun, pourquoi fuis-tu le combat rapproché ? A part être un style de combat, n'y a-t-il pas une histoire derrière tout cela ? Il baladait son casse-croûte dans tous les sens. Je ne t'oblige pas à répondre bien sûr m'enfin... Qui t'as enseigné l'art du combat dit-moi ? Un maître du kenjutsu ?

Cela faisait plutôt penser à un interrogatoire qu'à une véritable discussion entre collègue de travail, mais Nai s'en moquait un peu. Il voulait juste satisfaire sa curiosité. Sa manière de parler était plutôt brutale et on ne savait trop comment il pourrait réagir si on ne répondait pas. La tête dans le capuchon, ses croûtes aux yeux étaient invisibles pour qu'il n'était pas à une hauteur plus basse. Curieux personnage que ce Nai. Il posait beaucoup de questions et ne donnait que très peu de réponses. Et l'équité là dedans ! Il s'en moquait fichtrement.

Sans qu'Ao ait eu le temps de répondre, Nai décida après avoir fini de manger qu'ils devaient reprendre la route. Ao allait avoir tout le temps de répondre en cours de route. « Il ne faut pas traîner, on a des bijoux à récupérer. » C'est Nai qui menait. Il restait toujours devant Ao, pour on ne savait quelle raison. Les déplacements dans les plateaux de ce pays était ennuyeux. A part parler, il n'y avait pas énormément de choses à faire.
Durant la course, Nai se fit cette remarque : Tiens, il ne nous reste plus vraiment de quoi manger. Je pense qu'il serait bon de faire un arrêt dans le prochain pays pour faire nos provisions. Il mit rapidement cette pensée à l'oral afin qu'Ao suive sa manière de penser. Ce fut très court et Ao allait devoir faire la relation avec la nourriture de lui-même. Nai n'était pas du genre à donner toutes les réponses. Et puis, c'était un genin. Les jeunes ninjas devaient faire preuve d'intelligence s'il voulait qu'une grande guerre ne renaisse.

‒ Nous ferons un arrêt à Ta no Kuni. On est en manque.

Quoi ! C'est tout ? Il allait vraiment devoir faire preuve de perspicacité si Ao ne voulait pas faire preuve d'un grand manque de connexion neurologique. Oui en gros pour pas paraître con à mes yeux.