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 La justice par la voie royale | PV Samui Ryûga

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Iwa
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Message(#) Sujet: La justice par la voie royale | PV Samui Ryûga La justice par la voie royale | PV Samui Ryûga EmptyJeu 15 Mar 2018 - 22:32

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PREAMBULE

Après un conseil haut en couleurs au terme duquel le Jinmenju récalcitrant avait conforté l'hypothèse que ses congénères avaient fondé sur lui et qui supposait que les deux jumeaux formaient un duo instable et somme toute peu fiable, une convocation fut expédié des bureaux du Tsuchikage vers la maisonnée des deux frères. En découvrant l'enveloppe, les deux jumeaux mirent un certain temps à se convaincre de devoir l'ouvrir, comme s'ils préféraient fuir cette réalité qui sur ce morceau de papier caché leur envoyait de véritables coups de poignards, une fois de plus. Comme si le conseil au sein du clan Jinmenju, présidé par leur leader en personne et nourri par la présence de différents ambassadeurs de cette curieuse communauté des "vagabonds du corps", n'avait pas été assez incisif pour les deux frères, il fallait qu'ils se confrontent à nouveau à une autorité qui remettrait visiblement en question leur attitude et compromettait certainement leur destin au sein des rangs des shinobis de la Roche. A nouveau, Ryö/Hei devrait trouver les justifications appropriées et pourtant peu légitimes pour se défendre des accusations létales que leur lanceraient les nouveaux représentants d'un conseil qui se voulait hiérarchiquement supérieur, plus imposant et plus lourd de conséquences.

Et pourtant, ils firent le geste décisif qui ôta le papier de son enveloppe et de fait, le courrier portait la signature et le cachet de l'administration dédiée aux affaires du chef des armées de Tsuchi. Lentement, les yeux des deux jumeaux délièrent les lignes lancinantes qui dans leur stricte neutralité avaient ce parfum de condamnation à mort : il n'était bien compliqué pour les deux frères de flairer que ce message, leur étant adressé personnellement, semblait les diriger sans vague vers la potence. Une potence présidée par un bourreau que les Jinmenju avaient eu l'honneur et la malchance de croiser plusieurs fois, dans des situations précises et souvent peu glorieuses. Ce bourreau du clan Samui, probablement le plus célèbre d'entre tous après celui qui avait porté le titre du Dieu-Ninja, avait déjà eu la malheureuse occasion de réprimander les deux frères pour les remettre à leur place, non sans faire taire le mépris à peine maquillé de Ryö par des remarques aussi froides que laissait le présager le nom porté par le digne souverain de la citadelle d'Iwagakure. Il connaissait trop bien les soldats rebelles de la gamme des fautifs comme pouvaient l'être les deux Jinmenju pour se laisser impressionner par les remous intempestifs de la tête brûlée du binôme, aussi Ryö n'avait-il fait que brasser l'air face à un iceberg immortel survolant les océans sur lesquels il régnait en maître.

Ainsi les deux frères durent-il se présenter non pas dans le palais du Tsuchikage lui-même, mais dans une annexe mystérieuse que le souverain avait choisi personnellement. Cela n'était pas sans conséquences sur les présages que les accusés pouvaient bâtir sur la base de cette convocation moins procédurière que d'ordinaire et qui dans le fond de leur âme leur apparaissait comme une invitation à l'embuscade judiciaire. Pourquoi donc le Samui avait-il jeté son dévolu sur un bâtiment quelconque, presque inconnu de tous ou en tout cas trop précaire pour avoir les couleurs de la noblesse que les héritiers de ce clan préféraient revendiquer habituellement ? Rien d'impérial dans tout cela. Plutôt le parfum macabre d'une volonté de rester dans le secret, de faire quelque chose en dehors du cadre, comme si dans le fond on procédait non pas à un conseil officiel mais à guet-apens, un crime qu'il fallait camoufler avant même qu'il ne soit exécuté. Une affaire de cow-boy en somme.

Les jumeaux y allèrent sans savoir que Ryûga organisait régulièrement dans ce bureau annexe des réunions et, effectivement, si ces dernières sortaient du cadre, il n'en demeurait pas moins que ce lieu participait du palais comme s'il en était une extension en dehors des remparts. La raison de cette décision restait néanmoins une zone de floue pour plusieurs convoqués, et pas seulement pour les fautifs. Chargé de témoigner des faits et de porter la voix de son clan, le chef de la communauté Jinmenju, Ikku, avait déjà trouvé son siège après s'être entretenu dans un temps mort avec celui qui symbolisait le pouvoir suprême sur les armées.

Le soleil plombait la citadelle et ce petit bureau hors de celle-ci lorsque Ryö et Hei décidèrent séparément d'entrer dans la pièce où aurait lieu leur procès. C'était bien la première fois qu'ils assistaient à cette sorte de mini tribunal improvisé car pour la faute qu'ils avaient commises auparavant - un crime qualifié de tentative d'homicide - ils avaient été directement inculpés, sans procès quelconque, puisque la gravité de l'acte outrepassait largement le besoin de les faire passer par un conseil. Seulement, d'autres arguments étaient venus se rajouter en cours de route, notamment ce passage à tabac de deux jeunes adolescents lors d'une mission, le massacre d'un prisonnier lors d'une opération militaire visant à améliorer le dispositif de surveillance de la citadelle, et enfin cette fameuse décoration du Fort de la Flèche dont l'impulsif Ryö avait été tenu pour responsable. Nombre de dérapages qu'ils croyaient avoir tenu au secret avaient en fait été détecté par d'autres acteurs de leur communauté, Jinmenju Toru et Tora, deux enquêteurs de l'unité Sentinelle du village à qui rien ne semblait échapper. Bien éclairés sur le nombre et la hauteur des faits qui leur étaient reprochés depuis le conseil du clan, ils toquèrent à la porte derrière laquelle les attendaient leur détracteurs. Ils avaient la mine maussade des jours de peine.

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Leurs poings tapèrent trois fois la porte, et quelques secondes s'écoulèrent tandis que l'un des shinobis présents pour assurer la sécurité du conseil s'approchait de cette dernière pour accueillir les deux convoqués. Ces quelques secondes, si elles pouvaient sembler anodines pour les membres présidant à la table des accusateurs, dura pour les deux fautifs une éternité. Le temps coula comme un filet d'eau au-dessus d'un barrage et il était si long que l'angoisse et l'adrénaline des deux Jinmenju montèrent progressivement jusqu'à atteindre un point d'orgue troublant et anxiogène. La porte ouverte, ils auraient voulu tous deux forcer le passage et mettre à mal celui qui de leur point de vue avait tardé, contribuant à rallonger leur agonie déjà pénible.

Enfin ils entrèrent. Leurs yeux curieux et intrigués voltigèrent de droite à gauche pour tenter d'identifier tous les protagonistes qui détermineraient le cours de leur conseil de discipline. Ils reconnurent d'abord leur chef de clan, Jinmenju Ikku, dont la peau noire semblait prendre la teinte sombre de la pièce aux lumières tamisées, puis Samui Ryûga, inévitablement, qui siégeait au milieu du conseil en total souverain, et dont le regard royal semblait les déshabiller impudiquement. Les autres en revanche ne faisaient pas partie de leur répertoire et le fait qu'ils étaient peu nombreux aida à bien les observer : entre autres choses ils s'attardèrent sur la femme siégeant juste à côté du chef des armées. Elle portait des cheveux roses et quelque chose dans son allure laissait penser qu'elle avait également son importance au sein de la citadelle, mais Ryö et Hei n'étant pas très people, ils ignoraient beaucoup de choses à son sujet.

Avec l'intime conviction d'être mal placés et nécessairement peu enclins à être épargnés lors de cette réunion accablante, ils inclinèrent leurs têtes de concert pour saluer l'ensemble de leurs juges. Ils devraient assurément les caresser dans le sens du poil pour alléger leur peine et surtout éviter les erreurs qu'ils avaient pu faire lors de leur premier entretien au sein du conseil Jinmenju. Ceci expliquait la raison pour laquelle, prenant ses responsabilités bien qu'étant le moins exposé des deux frères, Hei s'avança un peu plus que Ryö, se présentant à nouveau comme un écran pour protéger son congénère et surtout pour faire barrage à ses provocations impertinentes. Il était le plus à même de trouver les mots justes pour cet échange, aussi valait-il mieux qu'il parle au nom de la fratrie, plutôt que d'être le spectateur mortifié d'une chute incessante vers les abîmes de la disgrâce.

Là, dévoué, il attendît que ses accusateurs ouvrent le bal des quatre vérités.
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Iwa
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Message(#) Sujet: Re: La justice par la voie royale | PV Samui Ryûga La justice par la voie royale | PV Samui Ryûga EmptyMer 21 Mar 2018 - 16:44

La discipline, plus que toute autre chose, était une exigence indissociable de la vie à la Citadelle d'Iwa, que vous étiez shinobi, commerçant ou haut fonctionnaire. C'était le cas dans bien des endroits du monde, et il s'agissait d'une attente très souvent retrouvée au sein des bases militaires qu'étaient les villages cachés, mais elle revêtait toutefois une importance particulièrement cruciale pour les armées de la Roche. En effet, l'Histoire était passée par là, et avait semé des graines de discordes aux racines désormais solides et tenaces dans les différentes communautés et clan guerriers qui avaient élu domicile à Tsuchi au fil des siècles. Et si il était strictement impossible d'effacer le passer, de dédommager ceux qui l'estimaient nécessaire ou encore de venger les proches et ancêtres disparus, il était malgré tout nécessaire de conserver l'unité de la nation, d'une part, mais aussi et surtout des soldats qui constituaient sa force d'intervention, de sécurité et de dissuasion. Et pour ce faire, la discipline demeurait l'unique clé du succès.

Aussi, lorsqu'un problème dans ce domaine survenait, il était traité avec toute la dureté qu'imposait la situation, qu'il puisse s'agir d'une simple insubordination passagère, d'un manquement plus grave ou encore, de manquements qui prêtaient en apparence peu à conséquences mais dont la répétition pouvait laisser particulièrement songeur. C'est dans cet esprit que le cas de Ryöhei Jinmenju fut abordé, quoique tardivement en raison de l'indisponibilité prolongée du Tsuchikage. Ce dernier, après avoir dûment pris connaissance du compte rendu qu'avait bien voulu lui fournir le chef du clan aux multiples facettes, et duquel il n'en doutait pas manquaient certaines informations internes propres à cette large communauté à la fois soudée et secrète, organisa la commission dans l'un des bâtiments annexes de la Citadelle, sur les hauteurs de la montagne. Une vista incroyable pouvait être contemplée de là-haut, mais s'y perdre pouvait aisément déconcentrer les convoqués les moins à l'aise dans l'art subtil de la conversation hiérarchique. A en croire ce qu'il avait lu, mais également pu voir de ses propres yeux, l'art subtil en question ne faisait pas réellement parti du répertoire du Jinmenju, aussi l'Ombre de la Roche s'assura de la disponibilité de l'une de ses amantes, et non des moins belles, pour assister à l'entrevue. Peu de personnes pouvaient se targuer d'avoir autant de confiance qu'Asuka en avait de la part de Ryûga. Elles se comptaient très certainement sur les doigts d'une main, et aucune âme qui vive n'avait pu quitter ce cercle invisible particulièrement fermé sans en payer le prix le plus élevé.

Après avoir rejoint en avance l'annexe où la large tablée faisait office de ligne de démarcation hiérarchique, le Samui échangea quelques mots avec les autres maîtres de cérémonie et s'installa, un dossier épais comme le poing proprement installé devant lui. L'heure du convoqué arriva ensuite bien vite, lorsque les trois coups toquèrent à la grande porte. Ryö et Hei, les deux frères qui s'hébergeaient l'un l'autre, firent alors leur entrée tout en humilité, sans piper mot. Profitant de ce calme et de ce silence, le héro de l'indépendance prolongea l'attente pour jauger de la patience du Jinmenju. Suffisamment, mais pas trop, pour ne pas que la démarche soit trop ostentatoire. Puis sans dire un mot, Ryûga ouvrit la réunion... en ouvrant le dossier devant lui. D'une main leste, avec toute la patience du monde, il en feuilleta le contenu page après page, mettant méthodiquement de côté certains feuillets isolés et composant ainsi une forme de mosaïque sur la table pendant un temps qui sembla une éternité. Relevant finalement le nez des documents composant le dossier mais sans en soustraire ses mains, il s'adressa aux deux frères.

« Un curriculum dont n'importe quel soldat aurait déjà honte, assurément. Mais vous semblez si désireux de l'étoffer que la question se pose quant à savoir si vos intentions vis-à-vis de la Citadelle sont claires, Ryö, Hei. »

Ryûga laissa passer un instant, sondant à nouveau les informations devant lui, comme si elles n'avaient pas été assez importantes pour qu'il n'en ait pas pris connaissance en amont. Il releva alors subitement son regard pour dévisager le duo Jinmenju.

« Vous croyez-vous irremplaçables ? Tenez-vous pour acquis que, sans vous, nous ne serions pas actuellement en pleine phase de réfection du Fort de la Flèche ? Non, ne vous donnez pas la peine de répondre, interrompit-il dans la foulée en brandissant une mains au-dessus de la table, les réponses à ces questions ne méritent même pas d'être formulées devant ce comité. Je ne vais pas... prendre la peine de vous rappeler pourquoi vous y comparaissez, dit-il en regardant à nouveau la myriade de documents devant lui, ce serait à la fois improductif et une perte totale de mon temps. Mais avant de faire finalement peser sur vous les conséquences de vos actes, laissez-moi vous donner ceci. »

A ces mots, il tendit simplement les deux mains, paumes ouvertes, au-dessus de la table, se relâchant presque au fond de son fauteuil.

« Un droit de parole, total, mais limité dans le temps. A vous de voir ce que vous voulez en faire, Ryô, Hei. »
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Iwa
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Message(#) Sujet: Re: La justice par la voie royale | PV Samui Ryûga La justice par la voie royale | PV Samui Ryûga EmptySam 24 Mar 2018 - 10:45

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Il est vrai que durant les premiers de l'échange les deux convoqués ne pipèrent mot, prenant le temps d'analyser à quelle sauce on allait de nouveau les déguster. Samui Ryûga était un Tsuchikage armé de patience et pourtant cela ne l'empêchait pas d'être assez direct comme il fallait l'être dans ce genre de circonstances : il se montrait impérial comme le voulait la fonction qu'il occupait. Face à lui, les deux frères n'avaient que peu d'emprise et il était inutile de vouloir remettre en question les différentes paroles dont il était l'auteur. La moindre protestation aurait était une perte de crédibilité notoire que les sosies ne devaient pas s'infliger, compte tenu d'une position qui se trouvait déjà particulièrement inconfortable. Inutile de scier la branche sur laquelle on se tient, surtout face à ce nouveau conseil qui se voulait encore plus dangereux que le précédent.

En fait, personne n'osa reprendre les mots du Tsuchikage ni ajouter quelque chose à tout ce qui fut énoncé. Les accusations étaient déjà connues par la plupart grâce au travail pointilleux mené par les deux frères Jinmenju officiant à la Sentinelle : une fratrie quelque peu semblable à celle de Ryö et Hei, mais bien plus redoutable que cette dernière et en tout cas plus convergente avec le code intérieur de la Citadelle. Les deux accusés n'avaient pas besoin effectivement qu'on leur répète ce pour quoi ils étaient là, et la mention des lubies artistiques de Ryö sur le Fort de La Flèche ne fit que révéler l'actualité du problème, qui demeurait dans l'ère du temps. Malgré leur séjour carcéral, Ryö et Hei ne semblaient prendre la mesure de leurs responsabilités et continuaient de commettre quelques fautes qu'il était inopportun de poursuivre néanmoins.

Aussi le président de ce conseil officiel jugea bon de changer l'ordre des choses. Si d'ordinaire il était de guise de présenter d'abord le chef d'inculpation justifiant la tenue du conseil, ce qui n'était pas nécessaire dans ces circonstances, avant de procéder un temps d'échange se clôturant par le dernier mot des accusés, Ryûga préféra pour l'occasion oser l'inverse. En quelque sorte, le dernier mot devenait le premier, et probablement que cette prise de parole servirait à nourrir le débat au sein du comité. Pour autant, cela troubla les deux Jinmenju qui, déjà angoissés par la présence de toute cette hiérarchie, se trouvaient en plus déséquilibrés par cette logique particulière.

En réalité, ils eurent comme l'impression que la décision était déjà prise. Comme s'ils n'étaient là que pour assister à un verdict sur lequel ils n'avaient pas été sollicité, quand bien même ce dernier les concernait tout particulièrement. S'il n'était pas réputé pour sa clairvoyance, Ryö comprît tout de même cette légère forme d'impertinence que s'autorisait le Tsuchikage, et il était prêt à le dire... seulement, l'angoisse le paralysait. Une aubaine pour son frère, Hei, qui voyant l'incapacité de son frère à réagir au quart de tour, eut le temps de méditer sur le problème et d'offrir une réponse avisée à celui qui gouvernait cette petite assemblée.

"Sauf le respect que nous vous devons, Tsuchikage-sama... j'espère que vous nous offrirez également ce droit de parole à la fin du conseil. Mon frère et moi avons comme l'étrange sentiment que votre décision est déjà prise, auquel cas il n'est pas nécessaire de perdre votre temps."

Il balaya le conseil du regard, et s'arrêta un instant sur les yeux fauves de Jinmenju Ikku, leur chef de clan. Ce dernier avait très probablement évoqué le précédent conseil, intra-muros, au Tsuchikage, et il semblait évident pour Hei que cela avait influencé par anticipation la décision que prendrait Ryûga. Mais le chef de clan ne bougea pas. Il restait figé dans sa chaise, assistant à ce conseil dans un mutisme total. Il avait effectivement dressé un bilan des faits à son supérieur, mais sans tenter d'influencer celui-ci, contrairement à ce que pouvait penser Hei. S'il était doué en paroles et en manipulations, il n'était pas dupe et savait très bien que toute tentative de corrompre le Tsuchikage n'aurait fait que le discréditer. Conscient de l'importance de conserver une bonne image auprès de Samui Ryûga, le chef Jinmenju s'était donc contenté du strict minimum, et sa présence ici se voulait plus solennel qu'autre chose. Les enjeux qu'il disputait auprès du seigneur d'Iwa étaient bien plus importants que les petites fautes commises par Ryö et Hei, aussi conserva-t-il ce silence de marbre malgré cet échange de regard vif et plein d'amertume avec Hei.

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Mais l'accusé conservait cette idée que Ikku et Ryûga avaient manigancé quelque chose, une idée que son frère ne tarda pas à ressentir également. Une trahison ? Les deux frères ne le savaient guère. Fallait-il regarder leur chef de clan comme un patriarche ou comme un félon ? Ils ne le savaient pas non plus. En tout cas, s'ils voulaient profiter de ce temps de parole qui leur avait été offert, il fallait qu'ils l'alimentent, aussi Hei décida-t-il de poursuivre.

"Nous reconnaissons les faits qui nous sont reprochés, hormis que ce qui a été considéré comme une tentative d'homicide nous semble être en réalité une agression à arme blanche. Certes, cela n'excuse en rien notre faute, cependant il nous semble légitime de réclamer que les sanctions prises contre nous doivent l'être à l'égard de ce que nous avons fait, et non d'une interprétation arbitraire comme cela a pu être le cas lorsque nous avons été inculpés et incarcérés pour une soit-disant tentative d'homicide. Pour le reste, je vous remercie de ne pas avoir récité nos écarts, nous les connaissons trop bien depuis que notre chef de clan nous les a présenté lors d'un conseil interne aux Jinmenju."

Il continuait de fixer celui qui se prétendait être leur patriarche, Jinmenju Ikku, ce qui manifestait visiblement le ressentiment qu'il pouvait avoir à l'égard de ce dernier. Ceci dit, il coupa bientôt ce duel pour observer Ryûga qui présidait le conseil et se trouvait donc décisionnaire de la sanction qui serait prise à l'égard des deux frères. Ce bref coup d'oeil ne fit qu'amorcer la dernière prise de parole de Hei, qui conclût de la manière suivant son premier mot :

"Pour conclure sur ce droit de parole, j'aimerais qu'on s'attarde également sur notre situation. Depuis quelques temps, nous sommes confrontés à certaines choses qui, me semble-t-il, dépassent notre fonction de Genin et cela au péril de notre vie parfois. Je crois que cet esprit de sacrifice témoigne des bonnes intentions que nous avons à l'égard de notre village, Tsuchikage-sama."


Sans dire un mot de plus, il continua d'observer le boss avec la conviction que de toute manière, ce qu'il avait dit ne changerait rien. Derrière, son frère commençait à perdre patience, et si le stress avait retenu sa langue jusqu'ici, il menaçait de la délier à tout moment... et de faire de siennes, encore une fois.
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Message(#) Sujet: Re: La justice par la voie royale | PV Samui Ryûga La justice par la voie royale | PV Samui Ryûga EmptyLun 26 Mar 2018 - 9:10

Le chef des armées de Tsuchi ne sourcilla pas lorsque celui des deux frères qui possédait pourtant le tempérament le plus docile frôla l'éclat en réclamant presque un second temps de parole, en fin de comité. Ryûga ne laissa rien paraître : évidemment, le verdict était déjà écrit. Les actes passés ne pouvaient plus être changés ou altérés, et ce en dépit de tous les efforts que pourrait vouloir fournir la membre des Sentinelles qui siégeait à ses côtés, Asuka Jisetsu. Les mots étaient à formuler au présent, et ne pouvait modeler que l'avenir, les faits étaient des faits. Sans montrer ostensiblement son intéressement, le Samui ne put s'empêcher de noter le regard inquisiteur que lança Hei à son chef de clan, Jinmenju Ikku, qui siégeait de l'autre côté du Tsuchikage. Une animosité latente pendait entre eux, et Ryûga n'avait même pas eu besoin des bons conseils de son experte pour le déduire. Paradoxalement, ce fut donc cet unique échange de regards qui l'emporta en intérêt sur le reste de la tirade du frère symbiotique. De façon posée, presque machinale, il défendit comme il le put un point de juridiction, comme pour essayer de limer les angles de cette cage acérée dans laquelle ils s'étaient eux-mêmes enfermés, lui et son binôme. Autant dire que l'argumentaire n'eut que peu d'effet sur le chef des armées, sinon aucun. Celui-ci ramena le dos de ses mains sous son menton pour soutenir sa tête, les coudes appuyés sur la table, comme faussement attentif.

« Voilà une chose intéressante, dit-il finalement lorsque Hei se tût. Vous pensez donc qu'un Genin ne devrait pas avoir à mettre sa vie en jeu dans l'exercice de ses fonctions ? Que recevoir les honneurs du titre de Chûnin vous rend dans l'instant plus fort, plus résistant,... plus malin ? La triste vérité, Ryö, Hei, c'est que si l'on ampute votre dossier de tous ces manquements et fautes, vous seriez en lice pour être promu précisément à ce grade. Vous ne feriez pas parti des meilleurs candidats, mais vous auriez vos chances lors des épreuves. Je n'ai donc qu'un mot pour qualifier tout cela, dit-il en balayant lentement l'assemblée et la pièce entière de son bras gauche, un gâchis. »

Ryûga, tuant dans l'oeuf toute tentative de répliquer du binôme Jinmenju, pointa un doigt directif en direction d'Asuka, qui se raidit aussitôt dans son fauteuil. Ses pupilles dorées lurent dans ses orbites tels deux petits soleils, et un mudra unique vint compléter une série de signes incantatoires préparés en amont par la Jisetsu. Son chakra était prêt, depuis le début de la séance : ne lui restait maintenant qu'à le canaliser. Et alors que Ryö et Hei avaient à peine eu le loisir de poser les yeux sur ces pupilles brillantes, le monde autours d'eux changea, comme soufflé par un souffle atomique. Devant eux, au-delà d'une étendue rocailleuse, la Citadelle trônait comme l'ombre d'elle-même, des flammes et brasiers courant le long de ses murailles et de tous ses différents niveaux. Des cris, au loin, retentissaient comme autant de complaintes et de derniers soupirs affligés, tandis que le grondement d'armées invisibles faisait battre le sang à leurs tempes. Comme projetés à la vitesse de la lumière dans l'enceinte de la cité en proie au chaos, chacun des deux membres du binôme percevait et sentait les mêmes choses. L'agonie s'intensifiait autours d'eux, emplissant leurs membres et leur esprit, s'étendant et s'étirant de façon infinie . Des images, tels des flashs lumineux, leur étreignait les rétines, tandis que les cris et les manifestations de souffrance menaçaient de réduire leurs tympans en lambeaux.

Pendant l'équivalent d'une nuit complète, les deux Jinmenju demeurèrent ainsi dans la Citadelle fantoche, baignant dans la souffrance. Ce qui leur parut douze heures plus tard, ils reprirent finalement connaissance, précisément au même endroit qu'auparavant au milieu de ce comité. Et au même moment.

« Ikku-san, je vous en prie. » dit simplement Ryûga, laissant le chef Jinmenju exercer son pouvoir sur les siens.

Un geste politique, qui ne changeait bien que la forme des événements et non leur fond...

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Message(#) Sujet: Re: La justice par la voie royale | PV Samui Ryûga La justice par la voie royale | PV Samui Ryûga EmptyMar 27 Mar 2018 - 11:40

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Le conseil poursuivait son cours dans une ambiance sinistre et toutefois bousculée par l'échange assertif qu'imposait le Tsuchikage face aux deux Jinmenju qui avaient trop longtemps fait parler d'eux. Confortablement installés sur leur séant, les éminents membres de ce petit comité laissaient flotter leurs yeux dans un mouvement de pendule qui s'attardait tantôt sur le seigneur de la citadelle, tantôt sur les deux récalcitrants. Tout portait à croire que d'un instant à l'autre, la goutte d'eau ferait déborder le vase et que les deux frères ne retiendraient pas davantage leur colère. Jinmenju Ikku, en l'occurrence, savait pertinemment que le frère le plus en retrait camouflait encore un tact vindicatif qui lui coûterait cher s'il venait à l'afficher. Il attendait ce moment avec une certaine forme d'impatience, ayant bien mesuré toute la grandeur du ressentiment qui habitait les deux frères ; pour autant, il ne leur voulait aucun mal. Il s'agissait, après tout, des enfants de son clan... qu'il fallait remettre sur le droit chemin, au risque de les perdre, comme ils avaient pu perdre d'autres congénères par le passé. Cette terrible hypothèse justifiait qu'on s'attarde sur ces genins : mais ils ne se rendaient pas compte, à priori, que tout le conseil prenait sur son temps en espérant pouvoir leur apporter quelque chose, quitte à faire passer cette chose par la sanction.

Ryö et Hei étaient bien loin de voir cette bienveillance derrière l'autorité. Après cette nouvelle amende délivrée par le Tsuchikage qui, d'après eux, avait la fâcheuse habitude de leur taper sur les doigts, ils apprirent qu'ils auraient pu être en lice pour le grade de Chunin, mais qu'ils avaient subi une sorte de rétrogradation anticipée. Ryö serra les poings en songeant que c'est par cet écart que Bakushô Len leur était passé devant : c'était tout à son mérite, mais il ne pouvait s'empêcher d'être victime de cette profonde jalousie qui le prenait à la gorge. Être sous les ordres de son compère ne le dérangeait pas, cependant il estimait que, gré de son âge, il aurait déjà dû profiter de cette promotion depuis longtemps. Seulement, s'il avait toutes les qualités techniques requises, il lui manquait encore quelque chose de fondamental : la tempérance. C'était bien le seul élément qui l'empêchait d'être comme son frère. Un frère qui serra également les poings, considérant que tout cela était la faute de l'autre.

L'autre.

Hei aurait bien voulu monter les marches de la hiérarchie mais, depuis son enfance, il se coltinait un cow-boy du bistrot qui de fait n'avait de cesse de n'en faire qu'à sa tête et de régler ses comptes à sa manière, le discréditant sans relâche. Sans lui, qui sait jusqu'où il aurait pu aller ? Il en avait décidément assez de devoir essuyer les tâches laissées par celui qui l'empoisonnait depuis qu'ils avaient vu le jour, et de recevoir en pleine face toutes les remarques négatives qui leur étaient nécessairement adressées. Bien sûr qu'il aimait son frère. Bien sûr qu'il comprenait combien celui-ci était fautif. Et bien sûr qu'il admettait le positionnement du Tsuchikage. Mais apprendre en direct qu'il aurait pu évoluer s'il avait été le Yokai ("corps porteur") du binôme... cela restait en travers de sa gorge. Il en voulait à Ryö. Il en voulait au chef de clan. Il en voulait au Tsuchikage. Il s'apprêta à s'excuser, en réponse à la remarque de ce dernier, quand soudain...

Vision d'horreur, vision de feu, vision de sang !

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Les yeux de la Jisetsu précipitèrent le binôme dans un cauchemar vivant et palpable ! Après avoir vu les remparts mortifiés par les langues de flammes qui engloutissaient une citadelle jadis si belle, si glorieuse, si chatoyante, ils assistèrent impuissant à cette prémonition annonçant la déchéance terrible d'une cité assiégée par l'apocalypse !

Comprenant toute l'ampleur du danger, Hei chercha à rattraper son frère. A deux, ils seraient plus forts face à cette prédiction funeste de feu. Mais alors qu'il allait saisir la main de son jumeau, ils furent comme aspirés à l'intérieur de la cité en flammes, et forcés de constater à quel point leur village chéri était gangrené par le Mal. Le poison brûlant qui l'envahissait et se répandait dans toutes ses artères contraignît les habitants à sortir de leurs domiciles. Les corps carbonisés s'empilaient sur le sol, tandis que les deux Jinmenju tentaient de fuir cette angoisse prégnante qui les accablait. Courant à grandes foulées, ils avaient comme l'étrange sensation d'être avalés par une force contraire, comme happés par le vide. Et puis les cris. Des femmes, des hommes, des gamins hurlant au secours, tentant de se dégager des flammes dévorantes. Impuissants. Et puis des sensations. Des mains brûlantes qui tentaient de s'agripper à eux, comme un ultime espoir : mais leur don d'assimilation était poussé si loin qu'ils devenaient comme des fantômes désarmés, incapables de leur venir en aide. Impuissants. Et puis des visions. Des visions d'horreur. Des visions de ténèbres. Des corps mortifiés, des bâtiments délabrés, des chiens se retournant sur eux-mêmes, des sanglots partagés, des deuils engloutis dans le feu...

Impuissants.

Tristes spectateurs de cette déchirante apocalypse, ils sortirent de là l'âme anéantie, fragilisés par des morts pénibles et douloureuses. Que faisaient-ils ici ? Il était bien loin le temps où ils avaient été convoqués et sermonnés par Ryûga. Bien loin le temps où on les jugeait. Ils avaient vécu douze heures dans les enfers, mais chaque heure était passée comme une décennie : mathématiquement, ils avaient vieillis de plus d'un siècle dans leur tête.

Jinmenju Ikku lança un regard intrigué en direction des pupilles de la Jisetsu. Qui sait quelle relation elle et lui pouvaient avoir ? Les Jinmenju s'étaient faits remarquer par la branche des érudits du clan manipulateur du temps et de l'espace en mal. Friands des informations d'ordre privées, les assimilateurs avaient récidivé plusieurs fois en tenant de s'emparer du savoir caché par les porteurs du Kinnegan, enlisant les deux clans dans une méfiance réciproque qui justifiait qu'à présent, Ikku était devenu la bête noire des Jisetsu. Pour autant, il continuait de s'intéresser de près au Kinnegan, et il ne fut pas ignorant qu'un sort venait d'être lancé sur l'un de ses fils : exprimait-il du ressentiment ou de l'intérêt ? Nul ne savait le dire, car l'âme du chef de clan était aussi insondable qu'une pierre. Il n'était pas le maître du renseignement pour rien, et avait depuis longtemps pris les dispositions nécessaires pour sceller ses informations et ses intentions dans les abysses de son âme, que personne jusqu'ici n'avaient pu visiter.

Mais un ordre venait d'être donné. Le seigneur des glaces l'intimait de présenter la liste des sanctions envisagées par le conseil des Jinmenju. Et lui n'était pas là pour discuter des méthodes de son souverain, ni pour s'étendre sur ce qui divisait les deux clans de la citadelle. Lentement, Ikku délia son parchemin et laissa ses yeux se balader sur ses écrits. Lui seul pouvait les lire, du fait d'un codage que le clan avait développé pour protéger ses secrets. Après avoir parcouru quelques lignes et jeté un coup d'oeil à Ryö et Hei qui, à présent, ressemblaient à deux fantômes, il commença à réciter.

Jinmenju Ikku (Chef de clan)
"Bien. Chers collaborateurs, collaboratrices, fit-il en regardant la Jisetsu, tout d'abord je tiens à préciser que nous sommes profondément affligés par le comportement de ces deux sujets. J'ose croire qu'on ne peut pas tout contrôler, malheureusement... pour autant, nous avons réfléchi à plusieurs sanctions possibles pour cette fratrie. La première, du fait des écarts que ces derniers ont pu commettre au Fort de La Flèche, consiste à exiger des réparations des torts réalisés sous forme d'intérêts généraux au sein de notre citadelle. Conséquence de quoi, plutôt que de pouvoir partir en missions et d'obtenir d'éventuelles primes, ils seront forcés de rester entre nos murs. Si cela vous convient, bien sûr, Tsuchikage-sama, et sauf avis contraire lié aux besoins de notre village."

Il observa ce dernier avec une forme de générosité qui en disait long sur la façon dont il pouvait jouer sur la diplomatie.

"La deuxième consiste à leur imposer une duré de paternité. Vous n'êtes pas sans savoir qu'au sein de notre communauté, les mâles et les femelles peuvent tout deux porter leur enfant durant la gestation ; aussi nous voudrions que Ryö et Hei soulagent l'une de nos mères pour une durée d'un mois, en portant son enfant. Nous espérons qu'à travers cette mesure de paternité, Ryö et Hei prendront conscience de l'importance de se montrer responsable, notamment pour notre postérité. A ce titre, nous pourrions également les charger de prendre en charge quelques aspirants, et de participer à différents examens pour diagnostiquer leurs besoins martiaux. Ils pourraient ainsi avoir un rôle d'éducateurs qui leur permettrait peut-être, encore une fois, de se montrer plus responsables.

Un sourire sympathique se déclina sur son visage, qu'il adressa cette fois-ci à l'ensemble du conseil.

"Pour finir, nous suggérons qu'ils soient assignés à la garde de notre quartier et qu'ils rendent compte régulièrement des éléments remarqués, ainsi que des tâches qu'ils devront réaliser au cours de leurs journées. Ce registre nous permettra de les suivre, même si pour cela nous aurons également quelques pistards qui se feront une joie d'épier leurs moindres faits et gestes. Tout cela irait avec un entretien hebdomadaire avec notre ancien qui statuerait de l'évolution de ces deux sujets. Notre volonté est qu'ils n'oublient pas qu'effectivement le grade de Genin est un grade militaire, en conséquence de quoi il est nécessaire d'être exigent et sérieux."

Il enroula son parchemin et le rangea sous son veston, avant d'adresser un dernier mot au Tsuchikage.

"Qu'en pensez-vous ?"
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Iwa
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Message(#) Sujet: Re: La justice par la voie royale | PV Samui Ryûga La justice par la voie royale | PV Samui Ryûga EmptySam 31 Mar 2018 - 16:35

Du coin de l'oeil, Ryûga perçut très nettement le regard lancé par Ikku en direction d'Asuka. Il n'en fit pas pour autant dévier sa mire des deux Jinmenju qui étaient l'objet de ce petit comité, mais ne put s'empêcher de remarquer la réciproque lancée par la Jisetsu à l'encontre du chef de clan. La jeune femme aux cheveux roses, ses Kinnegans encore actifs, renvoya silencieusement son regard à Ikku avec le plus neutre des faciès. Ryûga connaissait assez bien Asuka pour savoir qu'en réalité, elle bouillonnait intérieurement de savoir exactement ce que pouvait penser ce manipulateur hors pair avec lequel les autorités de la Citadelle étaient obligées de composer. Une affaire de diplomatie et d'unité, des concepts qui demeuraient elle en était certaine tout à fait secondaires aux yeux du chef Jinmenju en comparaison de ses desseins propres. Lorsqu'elle eu suffisamment dévisagé Ikku, elle se rassit simplement et confortablement, laissant le mur infranchissable qu'était le Tsuchikage se replacer entre elle et lui. Les frères Jinmenju étaient sortis de l'illusion et demeuraient silencieux, comme l'ombre d'eux-mêmes, atterré devant le spectacle et les sensations qui leur avaient été imposées pendant tout ce temps fictif, ou si peu.

L'attention générale se reporta ensuite sur le déroulé d'Ikku, qui fut mandaté par Ryûga pour énumérer les mesures prises à l'encontre de Ryö et Hei pour leur conduite partagée. Le chef des armées avait eu l'occasion de jeter un œil à ces mesures en amont et les avait avalisé sans autre forme de concertation : lorsqu'on touchait aux spécificités inhérentes à la vie d'un clan, à petite comme à grande échelle, mieux valait en effet respecter ses traditions et coutumes autant que cela était possible, c'était à dire, du moment qu'elles n'interféraient pas avec la vie et les règles de la Citadelle et du pays qu'elle était chargée de défendre. Une laïcité à géométrie variable dont Ryûga et Yoritomo, le Daimyô, étaient les premiers garants.

« Une copie conforme de ces rapports et suivis sera évidemment transmise aux Sentinelles, dit Ryûga en se relevant sèchement de son fauteuil, imité dans la foulée par les autres membres du comité. Et qu'il soit bien compris par les membres de ce comité, et en premier lieu par les principaux intéressés, que tout manquement à ces dispositions ou tout nouvel écart de conduite conduira sans autre forme de procédure à leur exil pur et simple de la Citadelle. En d'autres termes : vous ne serez plus reconnus comme shinobi du Pays de la Terre. »

Ryûga laissa peser le poids de ses mots quelques instants, sans trop de théâtralité, mais afin que tous comprennent bien dès maintenant ce qui se jouait. Ikku lui-même n'avait aucun intérêt à laisser un tel binôme se faire exclure des forces militaires d'Iwa, car cela diminuerait d'autant sa potentielle influence au conseil de guerre et dans les affaires courantes de la Citadelle. Il ne pouvait pas laisser faire, et le Samui comptait bien sur la pleine et entière implication du chef de clan Jinmenju pour corriger le tir avec Ryö et Hei.

« Cette assemblée est désormais terminée. Deux gardes escorteront Ryöhei à son domicile si besoin. »

Puis, contournant la table avec ce pas assuré et noble qui le caractérisait, laissant flotter derrière lui l'étoffe de son uniforme de Kage, Ryûga quitta la pièce en passant rapidement à côté du binôme, Asuka lui emboîtant le pas. Le grincement des portes annonça alors la fin de la réunion...
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