La précision chronologique de ce passage du passé est approximative... L'histoire se situe durant la période des batailles contre les forces de l'Empire. Les foyers de révolte sont déjà tous nés, y compris celui de Kaze no Kuni. Tetsui et son frère Kioshi l'ont rejoins pour combattre les forces impériales. Pour Tetsui, il ne s'agit que de vengeance contre ceux qui ont tué son père, depuis le début. Pour Kioshi, il s'agit plutôt d'accompagner son frère pour le protéger.
*** ***
Ce fut une période riche en rencontres. Certaines comptaient plus que d'autres. Les batailles faisaient couler le sang, mais elles avaient le pouvoir de créer des liens. Ainsi, je tombais un jour sur une femme plus âgée que moi qui s'appelait Okuna. Cette Okuna était un vaillante combattante au service des révolutionnaires de Kaze no Kuni. Ses cheveux rouge-roux étaient long et souples, mais attachés. Elle avait une souplesse d'esprit qui la rendait aimable et sympathique avec tous ceux qui étaient ses alliés. Peu savaient d'où venait Okuna avant ça, la femme était mystérieux. Mais tous savaient qu'elle rejoignait l'idée de vouloir faire tomber l'Empereur et l'Empire et qu'elle donnerait sa vie pour ça. S'il y avait autre chose à dire sur ce personnage, pour la cerner un peu plus, c'était bien sûr qu'elle détenait une capacité un peu spéciale. Pour être plus précis, elle possédait un pacte kuchiyose avec la Fourmi. Elle pouvait donc faire appel sur le terrain à non pas un seul type de fourmi, mais plusieurs : fourmi noire, fourmi rouge, fourmi rousse, fourmi jaune, etc... De toute façon, il s'agissait de fourmis, même si chacune avait ses particularités. Comment le savais-je ? Je m'entendais bien avec Okuna, et elle m'avait expliqué tout ça. De jours en jours, à force de se côtoyer et de se battre pour une même cause, dans un même camp, elle s'improvisa mon mentor, d'une certaine manière... Mais aussi une amie.
« Okuna, quand et comment as-tu obtenu ce pacte kuchiyose avec les fourmis ? » lui demandai-je.
Ce jour là, nous discutions en buvant un thé assis devant un feu de bois. « Il y a quelques années, adolescente, je me promenais dans des ruines abandonnées près d'un oasis. Un endroit magnifique, que je pourrais même montrer sur une carte tant j'y retourne souvent. En m'aventurant dans ces ruines, je me suis rendu compte qu'elles abritaient en leurs profondeurs une énorme fourmilière. Puis je tombais nez à nez avec leurs occupants. Des fourmis de différentes tailles, de petites à taille humaine et encore plus gros et plus grand. Elles auraient pu me tuer, me manger, faire de moi ce qu'elles voulaient... Au final, elles ne me considérèrent pas comme une menace, et moi non plus. Curieuse, j'ai visité plusieurs fois ces ruines après ça, jusqu'au jour où nous sommes rentrés en contact. Je ne comprenais pas grand chose au départ. Puis j'ai finis par signé un pacte kuchiyose avec elles, et elles ont accepté. Je dois dire qu'elles n'aiment pas non plus les forces impériales, et elles tiennent à la tranquillité de leur fourmilière dans ces ruines. Seul un Empire fou pourrait venir détruire tout cela. »
« Eh bien, sacrée histoire. Je comprends mieux maintenant. Crois-tu que je pourrai avoir mon propre pacte moi aussi ? Par exemple, si je tente la technique d'invocation kuchiyose, crois-tu qu'il se passera quelque chose ? »
J'étais vraiment curieux de savoir. Au fond de moi, je savais que je me devais de signer un pacte avec une espèce animale, je le sentais. Côtoyer Okuna et la voir se battre de concert avec ses fourmis avait achevé de faire naître cette certitude en moi.
*** ***
Un jour suivant, je fus présenté à une autre combattante du nom de Ketsueki Yami. Je ne la connaissais pas vraiment, il me semblait en revanche que mon frère oui. On me présenta à elle car on voulait nous mettre en binôme pour une mission dont j'ignorais tout pour le moment. Pensant à ça et à l'histoire d'Okuna, je me rendis donc où on m'avait dit de me rendre pour connaître la teneur de cette « mission », et y retrouver cette Yami.
Dernière édition par Yamada Tetsui le Sam 4 Nov 2017 - 14:37, édité 1 fois
La guerre battait son plein. Les assauts se faisaient de plus en plus répétés et acharnés, comme si tout le monde voulait définitivement en finir avec cette bataille qui durait déjà depuis plusieurs générations. Bons nombres de gens s'étant enrôlés dans les forces militaires l'avait finalement côtoyé depuis leurs premiers jours. J'en faisais partie. Combattant aux côtés de la Résistance Kazejin tout en étant au sein d'une organisation ayant pour but de détruire l'Empire. Ma formation et mes objectifs se distinguaient donc quelques peu de ceux des membres de la Rébellion mais ils nous arrivaient fréquemment de travailler ensemble, mêlant nos connaissances et nos moyens face à ce front commun.
Ce jour était l'un d'eux. Si j'avais déjà côtoyé un Yamada en la personne de Kioshi pour apprendre la médecine, il semblait qu'aujourd'hui j'allais être en binôme avec son petit frère. J'espérais bien qu'ils étaient différents sur certains points, la manie de Kioshi de vouloir tout positiver et de chercher vos soucis pour vous psychanalyser ayant le don de m'irriter.
Vêtue de ma tenue à la fois propice au terrain comme à la diplomatie, ne dénaturant aucunement avec ma nature de noble, j'allais au point de rendez vous. Le soucis de savoir si ce « Tetsui » était du genre à mépriser les miens, comme bon nombre, ne m'effleura pas l'esprit. C'était en soi une forme d'habitude et je n'avais pas besoin d'être appréciée pour collaborer avec quelqu'un tant qu'il partageait mon idéal : en l’occurrence, la destruction de l'Empire.
« Tetsui, je présume ? »
Demandai-je en arrivant à hauteur du jeune homme. Il avait de toute façon un air de ressemblance avec Kioshi.
« Ketsueki Yami, bras droit du Chef de l'organisation du Kyomu. »
Je me présentai tout en me tenant bien droite, solennelle. La poignée de main était mal venue, je savais que les Yamada n'étaient pas familier avec ce genre de civilité et qu'ils préféraient les étreintes mais je n'appréciais ni l'un ni l'autre alors nous ferions sans.
« Les politesses étant retournées, mettons nous au travail. Notre mission consiste à patrouiller au Nord-Est, non loin de la frontière imposée par l'Empire qui séjourne sur nos terres. »
Poursuivis-je après nos présentations d'usage. L'Empire détenait en effet une grande partie du Nord-Est de Kaze et il était primordial de connaître leurs intentions futures pour ne pas être contraints de leur céder plus de territoire qu'il n'en possédait déjà.
« L'objectif est de surveiller leurs activités et signaler ce qui doit l'être. L'armée présente n'est pas si importante que cela sur place car le climat de notre désert n'est pas à la portée de tout homme. Votre maîtrise de la chaleur nous permettra de renforcer leur inconfort et les forcer à rentrer s'abriter dans leurs campements de fortunes tandis que mes propres facultés nous serons sûrement utiles pour recenser leur hémoglobine afin de s'en servir ultérieurement pour nous octroyer l'avantage... »
Un peu à la manière des Archives de sang. Cela devrait lui parler...
Je ne la connaissais que de loin car je savais que mon grand frère jouait le professeur en lui apprenant la médecine. Lui qui était déjà un maître dans cette discipline s'était retrouvé à inculquer son savoir à une Ketsueki, ceux-là même qui étaient responsables de la fuite de notre famille sur décision de mon père pour éviter d'avoir à donner notre sang. Ne rejoignant pas la cause Ketsueki, nous avions donc fui vers Ame, et père y avait perdu la vie. Pour moi les Ketsueki étaient en partie responsables de la tournure des événements. Mais l'ennemi principal restait l'Empire. C'était bien des impériaux qui avait tué notre père. Parvenant à l'endroit prévu, je la vis commencer le dialogue alors que je l'observais l'air de rien de haut en bas. Tenue trop serrée à mon goût. Elle se présenta et ajouta qu'elle était bras droit du chef de l'organisation du Kyomu. J'en avais entendu parlé, brièvement.
« Yamada Tetsui, c'est bien moi. »
Je n'étais alors qu'un simple rebelle parmi d'autres. Un soldat de cette rébellion, malgré que je souhaitais conserver ma liberté d'être et d'agir. Ce pourquoi je n'avais aucun « rang » à indiquer lorsque je me présentais. La Ketsueki parla ensuite de notre mission et du pourquoi « nous » dans cette patrouille de routine qui allait sûrement être plus que ça. « Je vois oui, une patrouille de surveillance hein ? Rendre le désert inconfortable à ces impériaux me dit bien en tout cas. »
Bien sûr, la méthode dont elle parlait pour recenser le sang de nos adversaire et s'en servir contre eux me parla tout de suite. C'était la même méthode qu'ils avaient utilisé sur mon clan pour qu'il les rejoigne dans leur combat. Fort heureusement grâce à mon père, mon sang et celui de Kioshi n'avaient pas été donnés.
« Mettons nous en route maintenant. »
Il y avait un peu de route avant d'atteindre l'endroit où commencerait notre patrouille. Et malgré ça je décidais de ne parler que quand nécessaire. Je ne souhaitais pas faire connaissance avec elle plus que ça pour le moment. C'était sûrement par rancoeur clanique et familiale. Mais aussi parce que je la rencontrais tout juste et que je pensais à notre mission.
« La patrouille commence ici » dis-je en reconnaissant vaguement les alentours.
Le soleil se faisait faible bizarrement. Et le vent soufflait plus que d'habitude. Dans certains cas, ce genre de signes annonçait une tempête de sable. Mais j'avais beau regarder, rien n'était encore visible au loin.
Le Yamada contrastait fortement avec son frère. Il était... peu loquace. Kioshi savait y faire pour alimenter une conversation, même si parfois c'était pour ne rien dire ou pour tenir des propos qui m'irritait plutôt qu'autre chose. Tetsui semblait visiblement plus silencieux et ce n'était pas plus mal. Je me complaisais dans le silence. Nous n'étions ici que pour remplir notre mission, la discussion n'était pas obligatoire et je comptais bien l'alimenter seulement en cas de nécessité.
Nous nous mettions donc en route vers notre destination, sillonnant le désert sans en être inquiétés, comme deux natifs de ce territoire hostile. Ma compagnie aurait pu être plus désagréable qu'un Yamada. Au moins, si le soleil se mettait a cogner un peu trop fort, même pour moi, je disposais d'un thermomètre portatif. Je doutais en avoir besoin cela dit, la fin de journée s'annonçait et la déclinaison de l'astre diurne s'amorçait avec. Voyager pendant ce moment de la journée se révélait plus clément.
C'est dans le calme plat que nous arrivions à destination, les campements impériaux visibles dans notre ligne de mir. Cette simple vision avait le don de faire bouillir mon sang. L'Empereur... Comment osait-il fouler notre désert et siéger sur ces terres ?! Avec cette pensée, j'observai leur agissement à distance raisonnable – ce qui signifiait, hors de portée d'un senseur moyen - , flanquée derrière une dune de sable imposante. Comme je l'imaginais, ils n'étaient que peu nombreux, se poster sur ces terres infernales devant ressembler à une punition pour eux. Si c'était ainsi qu'ils le voyaient... ils n'étaient pas au bout de leur peine...
Le vent soufflait puissamment, balayant les grains de sables venant flageller notre peau à découvert. Il emmenait avec lui les effluves du campement qui laissait comprendre qu'ils n'allaient pas tarder à passer à table. Observant un instant le Yamada, je m'assurais dans un hochement de tête qu'il avait lui même compris : ce serait le bon moment.
Quoi qu'il en soit, de leur côté, ils semblaient bien plus affairés a déguster leur repas à venir qu'a planifier une nouvelle offensive à notre attention. Toutefois, je me méfiais de l'eau qui dort. Les généraux du campement semblaient introuvables. A moins qu'ils ne portaient pas leur uniforme différent des autres. Ils étaient peut être tous regroupés dans l'une des tentes de fortune et j'avouais avoir envie de découvrir ce dont ils pouvaient bien discuter.
Nous devions cependant rester sur nos gardes. C'était atroce à dire mais nous étions en territoire ennemi. Le moindre faux pas serait coûteux. Nous n'étions pas là pour nous battre, l'infériorité numérique aurait raison de nous, mais pour dépêcher des informations. Pour cela, il fallait les tenir éloignés ou occupés. Il ne restait plus qu'a attendre que la plupart d'entre eux partent se restaurer pour nous donner une chance de nous infiltrer et découvrir ce qu'ils avaient en tête...
Lorsque le moment opportun se présenta enfin, nous nous rapprochions furtivement. Nos chakra si peu élevés comparés à d'autres, n'avaient aucune raison d'alerter qui que ce soit tant que nous ne les utilisions pas.
La Ketsueki ne parlait pas beaucoup, elle ne l'avait pas ouverte du trajet. Grand bien m'en faisait pour le moment. J'annonçais que la patrouille pouvait enfin commencer et quelque temps plus tard nous nous trouvions sur une dune qui surplombait des campements impériaux un peu plus bas. L'odeur agréable de nourriture arriva jusque dans mes narines, et dans celle de Yami. Après un regard l'un à l'autre, nous savions que ça signifiait que le moment était opportun pour une petite infiltration. Attendant un peu plus longtemps que tous ces impériaux aillent manger, nous mettions nos chakras au repos pour tenter de nous rapprocher sans alerter qui que ce soit. Nous passerions inaperçus auprès d'un senseur car celui-ci ne verrait pas la différence avec les chakras de ces alliés ici présents.
Je jetais un dernier coup d'oeil à ma coéquipière et lui signifiais que je partais à droite. Valait mieux être séparés que tous les deux. Et nous trouverions ce que nous étions venus chercher plus rapidement : autrement dit des informations quelles qu'elles soient. Mon pas se faisait léger, mes mouvements furtifs et inaudibles. Mes sens d'homme activés et en alerte. Je n'étais pas un « sensoriel », ça ne m'empêchait pas pour autant de procéder une infiltration sans bruit comme n'importe quel ninja, ou n'importe quel espion. Je passais à côté d'une tente brièvement éclairée, deux hommes parlaient entre eux. J'écoutais des bribes de leur conversation sans faire un bruit.
« J'en ai marre de ce sable. Partout, dans les chaussures, dans les vêtements, même dans l'air, et même dans nos lits de misérables... » « Oui j'en peux plus aussi. » disait l'autre.
À les entendre, ils étaient bien loin de chez eux. Et ils subissaient le désert, son sable et son climat parce qu'ils n'y étaient pas habitués, qu'ils n'étaient pas nés sur ces terres pleines de sable. Le vent soufflait toujours un peu plus fort d'ailleurs. Annonçait-il une tempête de sable dans la soirée ? Si c'était le cas il fallait que nous fassions au plus vite dans ce campement. Et pour nous abriter nous-même. Bref, ces deux-là ne m'apprendraient rien d'intéressant alors je m'enfonçais un peu plus dans le campement en prenant soin à progresser dans les recoins obscurs.
Une grande tente montée au centre du campement semblait être celle qui rassemblait le plus de monde. Des voix et un brouhaha de cantine s'en échappait. Bon, heureusement pour nous ils étaient bien occupés à casser la croûte. Et en bons soldats loin de chez eux, ils devaient être affamés. J'imaginais même que pour lutter contre la déprime de vivre dans ce désert qu'ils n'aimaient pas, beaucoup devaient consommer la boisson au moment du repas...
Je trouvais enfin une tente de gradé une rangée de tentes plus loin. Après m'être assuré qu'elle était bien vide de monde, je rentrais dedans sans un bruit. Elle était même brièvement éclairée par une bougie. Des papiers et des notes se trouaient sur une table, et même une carte de notre beau pays. Pour y trouver des infos, je me penchais dessus et n'y vit aucune mention de l'emplacement de notre campement de rébellion. Rassuré, je vis en revanche une croix avec une mention « Vieille pyramide ». Cela m'étonnait que ces impériaux s'intéressaient à des vestiges antiques perdus dans le pays. Ou en faites non, car à part se battre contre nous, ils n'avaient rien d'autre à faire que d'aller piller ce qui pouvait l'être. Je gravais dans ma tête l'emplacement de cette ruine. Je tendis l'oreille quelques secondes pour vérifier que personne n'approchait, rien. Alors je m'attardais sur les notes jonchant la table. La plus visible faisait mention de la pyramide. « Des éclaireurs sont tombés sur les vestiges d'une pyramide datant de l'époque antique. Même si elle est presque ensevelie, notre archéologue est allé vérifié de quoi il s'agissait. Le bon à rien n'a pas encore réussi à trouver comment entrer dedans. Mais nous devons réussir ! Si cet endroit renferme des trésors il nous faut mettre la main dessus. Pour l'Empire, pour l'Empereur. » Et c'était tout. J'aurais alors pu lire et chercher d'autres informations, mais je sentais qu'il ne fallait pas que je reste plus longtemps ici, par sécurité. J'en sortis donc pour me diriger hors du campement en faisant toujours attention à n'alerter personne. Une dizaine de minutes plus tard, j'étais de retour à la dune par laquelle nous étions arrivés. J'attendais la Ketsueki... Et j'espérais bien qu'elle n'avait pas rencontré d'ennuis sinon...
Me faufilant à gauche tandis que le cadet des Yamada se dirigea à droite, j'avançais à pas feutrés dans le campement, profitant de la pause déjeuner de nos ennemis de l'Empire. A l'affût, je progressais avec agilité vers les tentes que je soupçonnais être les plus intéressantes à en voir leur allure différente des autres.
Les hommes raillaient entre eux, riant à gorges déployées après quelques verres aidant. L'un d'entre eux lâcha même un « Hey ! » suffisamment audible pour me figer sur place tandis que mon regard lorgna dans la direction du son. Si je croyais m'être fait repérée si tôt, c'était un soulagement : son collègue lui avait simplement volé sa choppe pleine.
Redescendant mon alerte d'un pallier, je continuais ma progression de mon côté, me rendant finalement tout près de la tente gardée. Par l'entrée à l'avant oui mais pas a l'arrière... Un simple kunai suffit à ouvrir un petit passage dans le tissu par lequel je me faufilai pour rentrer à l'intérieur après y avoir jeté un œil pour être certaine qu'elle était vide de monde.
Il n'y avait pas grand chose d'intéressants traînant sur la table... Des plans. Des notes condescendantes à l'égard de notre Pays ou de notre population. Et puis une carte, marquées de plusieurs emplacement. J'en reconnaissais certains comme étant des oasis, ils voulaient certainement se repérer et savoir où s'approvisionner en eau dans leur secteur. Les trois autres en revanche ne me disaient absolument rien, des points perdus en plein désert.Une petite note dans la marge me fit néanmoins comprendre : excavation.
Ils organisaient des fouilles dans le secteur. Que cherchaient-ils étant bien évidemment la question première que je me posais. Je pris bien soin de mémoriser les emplacements sur la carte et quittai la tente comme j'y étais entrée, retournant à l'extérieur du campement toujours en toute discrétion pour retrouver Tetsui derrière la dune, déjà à son poste.
« Ils organisent des fouilles en plein désert. J'ignore ce qu'ils cherchent mais cela semble pas mal les occuper. »
Je lui adressais un regard pour observer sa réaction avant de lui retourner la question :
« Et vous ? Qu'avez vous trouvé ? »
Il m'expliqua pour la pyramide.
« Hum... Alors ils cherchent simplement à s'enrichir ? Nous devons nous rendre dans les zones que j'ai vu sur leur carte. La pyramide dont ils parlent se trouvent peut-être sur l'un des trois site de fouilles. »
Et c'était pour l'heure notre seule piste intéressante.
La Ketsueki se fit légèrement attendre mais elle arriva saine et sauve. C'était rassurant quelque part. Je m'apprêtais à lui faire part de mes découvertes ce qu'avaient trouvé les impériaux, sauf qu'elle en fit de même avant moi :« Ils organisent des fouilles en plein désert. J'ignore ce qu'ils cherchent mais cela semble pas mal les occuper. ». Et c'était bien là la question que nous nous posions. Je lui donnais les informations que j'avais récupéré de mon côté, notamment pour la découverte d'une pyramide ensevelie, et le mécontentement du « commandant » quant à leur archéologue qui n'arrivait pas à trouver comment pénétrer dans ces ruines. Yami s'interrogea un instant. Peut-être qu'ils cherchaient à s'enrichir ? Bien que venant d'un Empire déjà richissime cela n'avait ni queue ni tête. Elle proposa donc de se rendre aux zones qu'elle avait vu sur la carte des impériaux, les trois sites de fouille. L'un d'eux devait être cette fameuse pyramide. Et les deux autres renfermeraient aussi sans doute leurs lots de surprises. C'était en tout cas des pistes à ne pas omettre.
« Ok pour moi, je te suis dans ce cas. Ces impériaux sont trop curieux. D'abord ils envahissent, dictent leurs lois... et ensuite ils viennent fouiller les sites archéologiques de notre pays. »
Je détestais les impériaux décidément. Finalement, Yami nous guida à l'un des trois points indiqués sur la carte. Pas de pyramide en vue. Mais un oasis s'y trouvait, un large point d'eau avec des palmiers et de la végétation. Le soleil avait beau être déjà couché, l'astre lunaire éclairait assez pour nous permettre de voir tout ça. Deux grandes formes étaient aussi visibles et semblaient être des monuments. Comme dans les livres d'histoire donnés aux enfants. D'un côté du lac formant cet oasis, une immense statue à l'effigie d'un chat de profil. De l'autre côté du point d'eau, juste en face, se tenait une statue d'éléphant, de profil lui aussi. Ainsi, les deux statues se regardaient. C'était d'autant plus beau à voir que les feux des campements impériaux situés au pied de chaque statue les éclairaient de leurs feux orangés. Cela ajoutait du cachet.
« Tu as vu ça ? Il n'y avait pas que la pyramide apparemment. » chuchotai-je à Yami à mes côtés.
Voir ces deux colosses de pierre me donnait envie d'en savoir plus au sujet de tout ça. D'où venaient ces monuments ? Et que représentaient-ils exactement ? J'avais idée que ces deux animaux n'étaient pas représentés face à face par hasard. « J'ai envie d'aller y jeter un œil de plus prêt. Quitte à faire le ménage dans ces campements et interroger un ou deux impériaux pour en savoir plus. Pas toi ? Et il en va de la protection du patrimoine de notre pays. » souriais-je.
J'attendais la réaction de la Ketsueki pour commencer à m'avancer vers la statue d'éléphant.
L'oasis était semblable à toute les autres de part son cadre appelant à la paix intérieure. Pourtant, ces deux statues immensément impressionnantes, se toisant face à face, y ajoutait leur pointe de mysticisme. Une sensation décuplée par la présence de l'astre nocturne, nous baignant dans ses rayons d'argents.
Je fronçai les sourcils de scepticisme. Je connaissais plutôt bien le désert, comme tout bon Kazejin, et pourtant jamais je n'avais vu ni entendu parler de ces animaux de pierres : le Yamada non plus vraisemblablement. L'aspérité de la pierre, malgré ma position quelque peu éloignée, me faisait pourtant dire qu'elles étaient bien anciennes. Étaient-elles sorties de sous les profondeurs ? Enfouies sous le sable avant de refaire surface ? Et pourquoi un chat et un éléphant ? Qu'avaient-ils en commun ? Les différences étaient quant à elles nombreuses. Les félins étaient connus pour leur discrétion, ce qui n'était pas le cas des pachydermes de par leur poids et leur stature imposante. L'agilité caractérisait les premiers alors que c'était la puissance pour les seconds. J'imaginais aisément que leur placement ainsi face à face, chacun d'un côté du point d'eau, n'était pas dû au hasard. Peut-être cela soulignait-il un certain déchirement, une opposition entre les deux.
Quoi qu'il en soit, les impériaux avaient aussi élu domicile ici mais les troupes n'étaient pas nombreuses. Nous possédions l'avantage de part notre effet de surprise : cela était assurément faisable. Mon sourire s'étira aux paroles du Yamada dont l'idée rejoignait la mienne tandis que mon regard écarlate luisait d'incandescence à la simple idée de frapper des impériaux.
« Avec joie. »
Me contentai-je d'annoncer avant de me diriger vers mon propre côté : la statue du chat. A pas feutrés, comme le félin, je m'avançais dans l'obscurité de manière à éviter de me faire repérer par nos ennemis. Deux hommes se tenaient devant le feu de camp au pied de la statue, discutant tout en restant aux aguets.
Je jetai un coup d’œil en direction du Yamada mais n’aperçus pas grand chose dans cette obscurité profonde. Si bien que je décidai de passer à l'offensive de mon côté, entaillant mon poignet d'un kunai que j'enduisis de mon sang et recommençai avec un second. Une fois fait, j'envoyai les projectiles vers les hommes qui n'eurent aucun mal à les parer mais qui ne s'attendirent certainement pas à voir le sang présent sur les lames se mettre à les attaquer dans le même temps. Des filaments écarlates se déployèrent depuis les armes en plein lancé, filant droit sur mes ennemis. L'un d'eux fut transpercé à la gorge tandis que l'autre les évita in-extremis, entaillé seulement légèrement à l'épaule gauche.
La torpeur et la méfiance se lisèrent clairement dans son regard tandis qu'il s'empressa de lancer une bombe d'argile dans la direction de provenance de la volée de kunai. Dissimulée sur le côté opposé de la statue, j'analysai rapidement la situation en bonne kunoichi : un Bakusho ou un assimilé. Je devais donc me montrer méfiante face à ses capacités explosives, d'autant plus alors que je n'avais aucune envie qu'il n'endommage la statue.
Une composition de mudras plus tard et une bourrasque fuuton vint le frapper et surtout éteindre le feu de camp. Je sautai d'un bond vers le sommet de la statue et fut rapidement rejoins par mon adversaire qui eut la même idée. Attrapant la faux dans mon dos, je la déployai devant moi pour parer sa lame dans un crissement métallique. Le pied en avant, je lui en assenai un coup pour le déstabiliser avant de recouvrir mon corps d'une aura fuuton pour le blesser s'il cherchait à venir au contact.
Après quelques minutes acharnées de la sorte, je pris définitivement l'avantage et lui ôta la vie, me rappelant qu'un instant plus tard que l'interroger sur cet endroit aurait pu s'avérer utile. Haussant les épaules, je poussai le cadavre sans vie du pied pour le faire tomber dans le vide et atterrir mollement sur le sable en contrebas tandis que je rejoignis moi même la terme ferme.
Pliant ma faux et la rangeant dans la bandoulière de cuir sur mon dos, je m'approchai avec méfiance de la rive où se trouvait le Yamada, cherchant à savoir s'il avait besoin d'assistance ou non dans ce silence qui ne laissait rien interpréter et la noirceur de la nuit qui ne laissait rien voir...
La Ketsueki semblait ravie à l'idée que je venais de proposer. En savoir plus, tout en nettoyant ces merveilles architecturale de la présence de ces impériaux. Jamais des Kazejins ne se seraient offert le luxe d'organiser des fouilles dans un pays qui n'était pas le leur... Je m'avançais donc à pas de velours dans l'obscurité nocturne, en direction de la statue d'éléphant. Mon but était bien sûr d'en savoir plus sur ces fouilles archéologiques et les deux autres sites prétendus. Ceux que Yami avait vu sur une carte des impériaux dans le campement. Je m'approchais furtivement des abris faits de bois et de toile où se trouvait quelques tables et tabourets, le tout éclairé par quelques torches, où trois hommes aux couleurs des impériaux cassaient la croûte. Il y avait leurs sacs de couchage un peu plus loin dans une tente plus à l'abri du vent. Toujours dans l'obscurité, j'avais escaladé un monticule rocheux pour grimper sans bruit dans un palmier pourvu de grandes feuilles. Je surplombai ainsi les trois hommes et restai invisible pour eux. À les voir ils ne me semblaient pas être des combattants maniant les arts ninja. Ils n'en avaient pas la carrure.
En les écoutant discuter et manger, j'en étais venu à la conclusion qu'ils ne parlaient de rien qui pouvait m'intéresser. Des banalités de soldats et c'était tout. De toute façon, il m'en fallait juste un seul pour lui extirper des informations. Je choisissais mes deux victimes et envoyai simultanément un kunai se planter dansla tête de l'un, et un second dans le cou de l'autre. Il n'en restait qu'un, qui jeta son assiette et s'inquiéta de recevoir à son tour un projectile, l'arme brandie comme seule défense. En soit, il me semblait tellement inoffensif à voir que je sautai de mon perchoir pour atterrir quelques mètres devant lui. En exécutant deux mudras, la température commençait à monter progressivement et il pouvait déjà le ressentir puisque ça commençait à être dérangeant. « Ne tente rien, ou je fais grimper la température et ta peau brûlera et fondra jusqu'à t'offrir une mort lente et douloureuse. » annonçai-je.
L'impérial lâcha son arme et je tenais parole en maintenant la température à un niveau qui lui picotait simplement la peau sans aller plus loin.
« Que... que voulez-vous ? » « Dis moi ce que vous cherchez à obtenir avec ces fouilles ? De quoi il s'agit vraiment ? »
Yami arriva pile à ce moment là, par derrière l'homme. La voyant arriver je ne m'étais pas inquiété de l'arrivée d'un nouvel ennemi.
« Nos archéologues ont découvert trois sites importants, datant d'une civilisation très ancienne. Le premier fut les vestiges d'une ville à moitié ensevelie par le sable. J'étais présent lors de ces fouilles, et nos découvertes nous ont mené à ces deux statues représentant des animaux qui étaient souvent représentés par cette civilisation. Mais les archéologues ont dit qu'ils ne savaient pas encore pourquoi exactement. Le troisième site date d'il y a quelques jours, et aux dernières nouvelles il s'agit d'une pyramide à moitié ensevelie. Ils étaient sur une piste pour pénétrer dedans... voilà tout ce que je sais... »
« Merci pour les infos, tu as été coopératif, c'est cool ! » souriais-je.
Mais je me fichai bien de sa vie puisqu'il était dans le camp ennemi. Si bien que mon regard se tourna vers celui de Yami pour lui signifier qu'elle pouvait faire ce qu'elle voulait avec ce pauvre gars. Je soufflais et me tournais pour aller jeter un œil aux papiers présents sur les tables ici présentes.
Tandis que je rejoignis le Yamada, je perçu le changement de température notable malgré la pénombre et les fraîches températures accompagnant les nuits dans le désert. Une affirmation fut certaine : mon coéquipier se trouvait dans cette direction, sans aucun doute...
Il était en train d'interroger l'un des impériaux, cherchant à lui extirper des informations concernant leurs fouilles, sous couvert de la menace de le faire lentement rôtir. Les dires du captif furent pour le moins intéressants. Ainsi donc ils s'étaient adonnés à un jeu de piste les menant jusqu'à ces statues puis à une pyramide à demi enfouie... S'ils n'avaient pas réussi à y pénétrer c'était sans doute simplement parce qu'ils n'étaient pas Kazejin et ne possédaient donc pas notre culture ainsi que notre connaissance de l'ancien peuple, pour ce que nous en savions. Sans doute aurions nous donc plus de chance.
Le Yamada en avait fini avec lui et il me le laissa. Ni une ni deux, je dégainai rapidement un kunai et, toujours dans son dos, m'approcha de lui pour lui trancher la gorge. Simple et efficace. Son sang s'évacua abondamment de sa plaie béante tandis que je me plaçai devant l'homme à l'agonie pour admirer le spectacle.
« Désolé, je n'ai pas soif. Le sang des impériaux n'est pas très goûteux. Je préfère le voir se répandre. »
Répliquai-je dans un sourire avant de partir rejoindre le Yamada, penché au dessus de documents. Observant la carte, je posai mon doigt à l'emplacement d'une croix.
« L'oasis. C'est ici que nous sommes. »
Je glissai mon doigt vers la croix au nord ouest de notre position.
« Les emplacements sont les mêmes que j'ai vu dans le campement. Ici, ça doit être le village enfoui, je sais qu'il y a un vestige de ruines et vu sa position proche de la mer c'est là qu'il devait y avoir une civilisation. »
Par déduction :
« La dernière croix représente sans doute la pyramide. Elle ne se trouve pas très loin d'ici à l'est. »
Après une concertation brève, nous décidâmes de nous y rendre. Le trajet fut rapide , a peine une heure de course, avant que l'on aperçoive la structure pointue imposante et impressionnante. Des quantités de sable ahurissantes avaient dû être déplacé pour la dévoiler de la sorte ! Toutefois, ce ne fut pas le moment de s'extasier : nous nous trouvions désormais en territoire ennemi et notre vigilance fut redoublée. Pourtant, il n'y eut pas le moindre garde à l'horizon. Simplement un campement plus loin duquel nous pouvions apercevoir les tentes et les braises d'un feu brûlant.
Discrètement, nous nous rapprochions de la pyramide, faisant le guet successivement pendant que nous cherchions à en desceller le secret. Une frise de pierres colorées différemment du reste faisait le pourtour de la structure, parsemée de trois symboles qui se répétaient en continu : un chat, une couronne, et enfin ce que je déduisis être des défenses d'ivoires de part les statues vues plus tôt. Et ce fut là les seuls indices que nous possédions... L'entrée était fermée et constituée de pierres. Un peu plus loin, des deux côtés de la pyramide, se trouvait sur le sol de lourdes plaques de roche, plates, dans lesquelles étaient représentés un cercle.
Nous mîmes un peu de temps à comprendre et à chercher, jusqu'à repérer ces deux dalles au sol. Face a face, la pyramide au centre... Cette configuration ressemblait à celle du lieu des statues, se dressant en opposition l'une et l'autre , séparées par un cours d'eau. Ayant la même idée à exploiter, nous nous séparâmes, moi allant du côté où le chat trônait sur l'autre site, et Tetsui à la place de l'éléphant. Mais rien ne se passa...
Yami n'avait pas soif de sang mais égorgea avec plaisir le soldat impérial. Cela ne me fit ni chaud ni froid, je n'éprouvais aucune sympathie pour eux. Quant à la soif de sang que possédaient en partie les Ketsueki, je n'en avais rien à faire. De nature, le ninjutsu était une arme. Et certains types de ninjutsu étaient par définition « monstrueux ». Le clan des manieurs de sang était de ce genre là. Avaient-ils choisi leur naissance ? Bien sûr que non. En tout cas j'étais rassuré d'être né au sein du clan Yamada dont le pouvoir était différent du leur.
Sur la carte posée sur la table, Yami montra du doigt l'oasis où nous nous trouvions. C'était gentil mais je savais aussi lire une carte, j'approuvais donc en silence. Son doigt glissa pour montrer les deux autres emplacements : le village enfoui, non loin de la mer, et la pyramide un peu plus dans les terres. Nous nous concertâmes quelques instants et ne perdions pas plus de temps ici. Trajet d'une heure et nous arrivions à la pyramide. Un campement de l'Empire se trouvait plus loin, assez loin pour qu'ils ne nous voient pas approcher de la structure antique. De ce que nous pouvions voir à taille humaine et en faisant un peu le tour de la pyramide, des frises se répétaient et représentaient chats, couronne, et défenses d'ivoire en lien avec l'éléphant. C'était ainsi lié directement aux deux statues de l'oasis, prouvant encore une fois que les trois sites appartenaient à la même époque et à la même civilisation. L'entrée semblait scellée. Mais il nous fallait trouver le moyen d'entrer pour en savoir plus. Je l'avouais, et j'en faisais aussi part à ma collègue du jour :
« Je ne te cache pas mon envie de satisfaire ma curiosité à propos de tout ça. »
Après quelque temps à chercher des indices ou des mécanismes, nous découvrîmes deux plaques au sol opposées l'une à l'autre, à la manière des deux statues. Sur chacune d'elle se trouvait un cercle. Comme s'il était attendu que quelqu'un se place dessus. En tout cas c'est l'idée que nous avions l'un comme l'autre. On attendit quelques secondes après s'être donc mis dessus. Moi du côté éléphant, Yami du côté chat. Rien ne se passa. Commençant à m'impatienter un peu, je ne pouvais m'empêcher de souffler, lassé par ces petits jeux d'une autre époque. … Mais soudain, un bruit de mécanisme se fit entendre. Puis un autre. On comprenait d'emblée l'âge avancé de la construction par le temps plutôt long que mit l'entrée à s'ouvrir. La pierre se scindait en deux en s'écartant, dessinant ainsi notre porte d'entrée dans ces ruines.
« Dépêchons ! »
Pour ma part, je courrai déjà vers cette ouverture sombre, sans attendre Yami. Je fus donc le premier arrivé, et le premier à pénétrer dans l'obscurité sans fin de ce qui semblait être une sorte de hall d'entrée. Mes yeux s'habituèrent progressivement, ainsi quand Yami vint me rejoindre, je pouvais distinguer brièvement les murs, les piliers et les contours de la pièce. Déjà, on pouvait voir une immense carrelage en mosaïque au sol, le quel dessinait un soleil. Celui-ci luisait un peu, étrangement. Qui sait quelle pierre ils avaient utilisé. Etait-ce le symbole de cette ancienne civilisation ? Il y avait en tout cas un couloir à droite, et un couloir à gauche. Seulement deux possibilités pour aller plus loin dans cette pyramide.
Au prix d'une certaine réflexion, nous parvînmes à pénétrer dans le monument pyramidal. Puisque je m'attendais a quelque chose de fortement étriqué, je ne pus être que surprise d'observer le contraire. La pièce principale était semblable à un grand hall d'entrée plongée dans l'obscurité avec pour seule lueur des pierres étranges incrustées dans la mosaïque au sol, formant un soleil.
Je me souvenais avoir déjà vu cet éclairage peu commun dans l'une des grottes visitées à Yuki no Kuni avec Oniri, il y avait de cela quelques temps. Comme une sorte de cristal luminescent conservant sa clarté même après tant d'années... S'en était fascinant... Mais pas le propos de notre venue.
Sans perdre un instant, j'avisai l'ensemble de la bâtisse du sol au plafond. Ce dernier était plat et guère en entonnoir comme l'était la structure externe, si bien que j'en déduisis qu'il y avait des étages ou du moins que ce que nous pouvions observer ne représentait pas la surface de la pyramide dans sa totalité. Je me méfiais de ce genre d'endroits... S'il avait une quelconque similitude avec ceux sur les contrées enneigées appartenant à une ancienne civilisation, alors tout cela devait certainement être également truffé de pièges. En effet, les piliers ne me paraissaient pas bien solides et cette mosaïque... Elle ne semblait qu'attendre que l'on marche sur l'un de ses carreaux piégés pour révéler sa surprise meurtrière...
Un chemin à gauche et un chemin à droite. Comme pour les statues et les plaques à l'extérieur, je voulais garder la même configuration et emprunter celui de gauche : c'était le chat qui m'intéressait et m'intriguait. Malgré tout, je ne me risquais pas a fouler le sol et bondit sur l'une des parois servant de murs en y restant debout, les pieds maintenu en place sous l'action de mon chakra.
« Séparons nous une nouvelle fois. Nous nous en sommes bien sortis face aux Impériaux et je doute que cette ruine soit si dangereuse pour peu de faire attention où l'on met les pieds. »
Je poursuivis ma progression tout en expliquant mon initiative, me rendant sans attendre dans l'ouverture de gauche, à une exception près... :
« Si toutefois tu es en difficulté, tu peux toujours crier pour me le faire savoir. »
Les choses étant dites et sans plus attendre, je m'enfonçais dans le couloir, continuant à marcher sur les murs voir au plafond s'ils me semblaient peu sûrs avec une faille ou un motif inquiétant. Plus j'avançai et plus les lieux se révélaient étranges, comme si une distorsion s'était créer à partir d'ici, laissant le couloir faire peu à peu des courbes peu naturelles pour une construction, me laissant me demander à plusieurs reprises si je me trouvais soudainement au sol ou au plafond sans être certaine de la réponse...
Un tic tac tonitruant retentissait également entre les tréfonds du chemin, comme un écho lointain mais sordide. Sa présence s'amplifiait à mesure que j'avançais et soudain... le vide. La roche se déroba sous mes pieds et je chutai dans un précipice sans fond. D'un mouvement, je me rapprochai de l'un des murs dévalant a grande vitesse et concentrai mon chakra dans mes paumes et mes pieds, glissant à m'en brûler pour tenter de stopper ma course.
Glissant de cette manière sur plusieurs mètres, je me stabilisai finalement sans pour autant être capable d'en voir le fond. Pour y remédier je faisais tomber quelques cailloux d'un geste du pied pour estimer leur point d'impact et donc la profondeur qu'il restait, en plus d'essayer de déterminer le genre de sol qui m'attendait. Le son fut relativement fort et proche tout en m'indiquant aussi que l'asphalte était meuble en contrebas. Il n'y avait en effet pas de bruit caractéristique de chute dans l'eau ou d'un son étouffé en se réceptionnant dans le sable...
Sans pour autant sauter directement en bas, ne sachant guère si ce n'était pas rempli de piquants ou autre joyeuseté de ce genre, je descendis le long de la paroi en me servant toujours de mon chakra. Finalement, une nouvelle lumière diffuse se révéla dans cette nouvelle pièce, me laissant entrevoir, qu'a première vue, il n'y avait pas le moindre danger.
Me décidant à retrouver pieds à terre, je prenais garde au moindre pas, observant avec une méfiance certaine la montée qui se tenait devant moi. C'était comme-ci j'y voyais déjà un immense rocher y dégringoler pour tenter de m'écraser... Prudemment, j'avançai au centre et foulai par mégarde une dalle enfonçable, un « clic » se fit entendre, me faisant instinctivement sauter sur le côté pour ne plus me trouver dans la trajectoire de la montée mais rien ne se passa... Aucun rocher ne se manifesta du moins, car le mur en face de moi, lui, s'agita dans un craquement laissant comprendre qu'il était soutenu par un mécanisme bien rouillé. De là, se tenant sur une sorte de piédestal, une petite bête étrange aussi grande qu'un chien de moyenne taille s'étira. La peau sur les os – et ce n'était rien de le dire – la chose ressemblant à un chat nu peu net se mit à m'observer d'un grand sourire carnassier révélant une gueule sertie de dents humaines particulièrement dérangeante. L'avisant en fronçant les sourcils, cherchant à comprendre la nature de cette chose et même comment sa viabilité était possible, je me risquai à faire un pas, toujours sur mes gardes, laissant alors la bestiole s'éclipser en un instant. Elle n'était plus dans mon champ de vision...
Yami préconisa que nous nous séparions une nouvelle fois. Elle partirait à gauche et moi à droite, sur le modèle de la configuration précédente.
« Pas de soucis pour moi, séparons nous. »
M'avançant vers la direction souhaitée, je me stoppais en l'entendant rajouter que je pouvais crier si je me trouvais en difficulté.
« Huh, à condition qu'on s'entende encore dans cinq minutes, car on ne sait pas combien de murs nous séparerons. À toute ! »
Je poursuivis donc mon avancée, seul. Le chemin était sombre, tout était sombre. Je ne savais dans quoi j'allais me retrouver, mais la seule chose à faire était de continuer. Avec précaution bien sûr. Je me retrouvais après quelque temps dans une mini pièce carrée, de cinq sur cinq approximativement, et de par laquelle le couloir continuait ensuite sans fin. Je m'y arrêtais pour observer, cette pièce ne devant pas se trouver là par hasard. Les murs étaient parcourus de gravures faites de la même pierre brillante que dans la grande entrée de la pyramide. Ce qui permettait de voir et de lire les images, car oui, il n'y avait là que des images et des symboles. Au début ça ne me semblait être qu'un méli-mélo sans nom. Puis l'observation prolongée me fit comprendre qu'il y avait un ordre de lecture. D'abord était représenté le désert. Ensuite un oasis relié par des flèches à deux statues : éléphant et chat. La représentation suivante montrait une pyramide au sommet de laquelle se trouvait le soleil aux côtés d'une tête d'éléphant. Et en bas de celle-ci, un chat, aux côtés de quelque chose que je ne parvenais pas à lire car c'était effacé. Cela devait représenter une hiérarchie, ou quelque chose comme ça. Dans ce même dessin, une flèche incitait à monter pour atteindre l'éléphant. Alors qu'une deuxième flèche descendait pour atteindre le chat. C'était tout sur ce côté du mur. Fallait-il donc monter pour atteindre le soleil et l'éléphant ? Sourcils froncés, je me rendis sur le mur d'en face où se trouvaient une autre frise du même genre. Les symboles représentaient les mêmes choses à peu de chose près. « Bon bah je vais suivre le chemin hein... » chuchotai-je pour moi-même.
Je m'enfonçais à nouveau dans le couloir, m'apercevant que ce dernier montait petit à petit, pour finalement se transformer en escalier. L'escalier était en colimaçon, et sa longueur me fit me dire qu'il m'emmenait tout en haut. Arrivé au bout, une pièce ronde et un trou au centre de celle-ci. C'était à peine inquiétant, d'autant qu'une tablette de pierre et une gravure brillante semblait indiquer un bonhomme glissant sur une sorte de toboggan. Et il n'y avait rien d'autre dans cette pièce. Je me sentais obligé de prendre cinq minutes pour réfléchir. Faire demi-tour ou faire un tour de toboggan. En même temps, malgré la part d'inconnu qu'il y avait là dedans, les dessins m'avaient indiqué de monter jusqu'ici. Ils étaient donc bel et bien un guide. Et il y avait ce nouveau dessin qui invitait à sauter.
« Courage. »
Ne voyant d'autre issue, je m'étais résolu à le faire. Et je sautais, me laissant emporter par ce toboggan en pente glissante qui emmenait je ne sais où. La descente dura un bon moment, jusqu'à ce que je vois un trou de lumière tout en bas. Et plouf ! Je me retrouvais à l'eau, et quand je revins à la surface, je vis un lieu plutôt surnaturel. L'eau scintillait, et plusieurs cristaux luminescents éclairaient la pièce. Je compris qu'il s'agissait d'un oasis à part entière, lequel se trouvait donc en dessous de la pyramide...
Après réflexion, et en repensant à la statue ainsi qu'aux symboles disséminés un peu partout dans la pyramide, cette créature étrange devait être un chat... La ressemblance était là mais elle était un peu trop... un peu moins... similaire. Un chat momifié peut-être ? Cela expliquerait son absence de poils et sa peau décharnée, laissant parfaitement deviner l'ensemble de son ossature...
Sur mes gardes depuis sa disparition, je m'entaillai le bras, laissant un large filet de sang s'en échapper, et composai des mudras pour le faire léviter autour de moi, le dissuadant d'approcher. Méfiante, mon regard balaya la pièce, pratiquement plongée dans l'obscurité, à la recherche de la présence singulière. Rien ne fut visible, mais je l'entendis néanmoins très clairement... cette voix rocailleuse formulant un amusement non feint.
« Le temps défile emportant toute présence. Les perles s'enfilent, conduisant à cette chance... »
Me retournant subitement, un kunai dégainé à la main et prête à frapper, je me retrouvai avec sa tête à quelques millimètres de la mienne, sans corps visible, arborant le même sourire carnassier qu'auparavant. Reculant d'un bon, j'envoyai mes filaments écarlates fuser sur lui, le faisant disparaître et réapparaître à sa position initiale.
« Fluide de vie qui sème la mort... Rose des vents épineuses, méfies toi de l'eau qui dort. Le sable aussi se méfies tôt et je me Méphisto. »
Dubitative je l'observai avec incompréhension. Venais-je bien d'entendre un chat étrange parler ? Pour raconter des choses sans queue ni tête certes, mais venait-il réellement de parler ?!
« … Vous êtes doué de la parole ? Qu'est-ce que vous êtes, au juste ? »
Un gekei coincé dans sa forme animale ? Ou bien... un kuchiyose... ? Je ne connaissais pas grand chose au premier mais j'avais suffisamment entendu parler du second à travers mon apprentissage et au contact des miens, détenteurs de pacte pour bons nombres d'entre eux.
L'animal pencha sa tête et se gratta l'oreille avec sa patte arrière, laissant s'écouler une montagne de sable sur le sol... Qu'est-ce que c'était que cette chose à la fin... ? Dire qu'elle n'était pas nette aurait été un euphémisme !
M'avisant de ses pupilles jaunâtres sans se départir de son sourire carnassier, il attrapa un parchemin avec sa queue et se rapprocha de moi, le dépliant à ma vue. En l'observant de plus près je remarquai que c'était écrit dans une langue qui m'était inconnue et que je n'y comprenais pas un traître mot.
« Qu'est-ce donc ? »
« Un lien. Ou peut-être une puissance ?... Ou bien les deux ?! »
A le voir signer en apposant sa patte sur le papier après l'avoir trempé dans une flaque de mon sang restante, je compris qu'il s'agissait d'une sorte de contrat mais je n'aimais pas l'idée de le voir accepter en donnant de sa personne par ma propre hémoglobine. Je connaissais suffisamment la puissance des rituels passés par le sang pour m'en méfier avec force.
« Pourquoi feriez vous cela ? »
L'interrogeai-je.
« Pourquoi ne pas le faire ? »
« Cela ne répond pas à ma question. »
« Une question a-t-elle forcément une réponse ? »
« Vous souhaitez vous servir de moi pour sortir d'ici, je suppose ? ... »
« Vous serez celle vous servant de nous. »
« De « nous » ? »
« Nous sommes nombreux. »
« Dans votre tête ?! Oui, ça figurez vous que je l'avais déjà compris. »
« Un pacte signé par le sang pour nous lier à vous. »
Cela revenait seulement à donner de sa vie en échange d'autre chose. Cet autre chose que je ne saisissais pas.
« Je n'ai pas besoin d'animaux de compagnie. »
J'avais surtout l'impression de passer un contrat avec le Diable ou un assimilé, de part son air louche et ce testament dont je ne savais rien.
« D'animaux non. De compagnie, oui... Notre allégeance est votre, Comtesse. »
Mon regard se plissa sur ces mots. Comtesse, je ne l'étais pas encore mais je faisais partie de la lignée et succéderait au titre. Comment ce félin moisissant ici depuis je ne sais combien d'années ou de siècles pouvait s'en douter ? … Il avait l'air atteint par une démence profonde mais doué d'intelligence parallèlement à cela. Il était... intéressant. Je lui aurais bien demandé pourquoi moi mais il m'aurait sans doute répondu en me renvoyant la question. Après tout, il n'était pas rare que des Ketsueki possèdent un pacte kuchiyose, et s'ils pouvaient se révéler utiles à mes fins, galvanisant ma puissance...
« Je l'accepte, fidèle serviteur... »
Entaillant mon doigt, je signai de mon liquide écarlate sur le parchemin qui me fut remis. Pas de sensation de pouvoir naissant ou grandissant, rien d'inchangé ou de particulier... S'en était presque décevant... Seul un « Y » , première lettre de mon prénom donc, apparu à l'encre sur l'une de ses épaule, rejoignant les autres marques semblables à des sceaux sur son corps squelettique.
J'imaginais qu'il me faudrait m'entraîner pour espérer voir apparaître d'autres de ses congénères.
« Suis-je seul ou ne le suis-je pas ? Les chemins s'entrecroisent et mènent ailleurs mais un chemin, reste un chemin. »
Affirma-t-il en agitant sa queue comme un métronome, presque comme s'il avait lu dans mes pensées, même si je craignais comprendre où il voulait en venir...
« Vous ne possédez pas un monde qui vous est propre ? »
Il me semblait pourtant que les kuchiyoses étaient invoqués depuis une sorte d'autre dimension surréaliste où ils coulaient des jours heureux et pantouflards en attendant d'être invoqués par le détenteur de leur pacte... Il ne me fournit de toute-façon pas la moindre information complémentaire, se contentant de m'aviser de son éternel sourire dérangeant.
Ce n'était pas tout ça mais il me fallait sortir d'ici à présent... Observant autour de moi, je ne voyais pas la moindre issue, si ce n'était le précipice par lequel je m'étais enfoncée jusqu'ici...