Voici maintenant quelques heures qu’Hiko avait été emmené dans sa cellule. Le trajet s’était déroulé sans encombre, et il n’avait pas parlé durant ce dernier. En même temps, il n’était pas vraiment dans une position où il pouvait se permettre de fanfaronner. Il s’était fait capturer comme un bleu. Alors oui, évidemment, les attaques étaient d’un niveau tout à fait correct et réalisées dans un timing excellent… Mais un combattant de la trempe du Sairyo n’aurait jamais dû se faire avoir par cet enchaînement.

Qu’est ce qui l’avait trahi… ? Sûrement l’intervention du hérisson qui lui avait lancé des paroles tout à fait déplacées pour l’occasion, et qui lui avait donc fait perdre sa concentration l’espace d’un instant. Instant profitable aux shinobis de haut niveau qui avaient pu effectuer leur enchaînement pour faire prisonnier le jeune garçon. Ce dernier s’en était un peu voulu, il avait été négligent et s’était laissé distraire trop facilement… Pourtant il avait l’habitude de ce genre de situation, cela n’aurait dû lui poser aucun souci. M’enfin… Que voulez-vous… Les erreurs sont utiles dans la vie, et il se fit la promesse de ne plus jamais se faire avoir de la sorte. Parole de Sairyo !

***

Quoi qu’il en soit, il était maintenant en cellule, et cela semblait parti pour durer. Les gardes n’étaient pas pressés à lui accorder la moindre attention. Il avait demandé un représentant, on le lui avait refusé. Il avait demandé à envoyer une lettre, refusé aussi. Décidemment, ce n’étaient pas des rigolos ici. On se serait cru à Guantanamo !

Bref, ce fut donc enchaîné que l’enfant aux cheveux blancs attendit dans sa cellule sombre et miteuse. Il n’avait mal nulle part, avantage de se faire immobiliser et non amoché. Mais il avait faim… Extrêmement faim, et il se doutait bien que le but des gardes étaient de lui faire payer son meurtre. Il valait donc mieux ne pas leur demander le moindre service, sous peine de se faire renvoyer chié gentiment… Dans le meilleur des cas.

Alors qu’il commençait à s’assoupir malgré la position inconfortable dans laquelle il se trouvait, Hiko entendit des bruits de pas s’approcher. Les gardes n’avaient pas bougé depuis qu’il avait été enfermé, mais quelqu’un de nouveau arrivait. Serait-ce son bourreau ? Son interrogateur ?

Non… Rien de tout cela. Car la personne qui venait le voir, était tout simplement celle qui lui avait promis de le faire sortir rapidement de prison. Hiko n’y avait pas cru, mais lorsqu’il vit la tête du hérisson, le doute s’empara de lui. Un garçon aussi impulsif qu’il semblait l’être avait-il assez de responsabilités pour le faire sortir ? Cela paraissait peu probable, mais Hiko préféra attendre d’entendre ce que le hérisson avait à lui dire.

- Euh… Merci… ?

Hiko ne sut que dire d’autre, il était complètement désarçonner par le comportement de cet homme… Il ne savait vraiment pas quoi en penser, cela paraissait tellement surréaliste. Il venait féliciter la personne responsable de la mort d’un des siens… C’était un peu bizarre non ? M’enfin, Hiko ne dit rien d’autre alors que le garde venait gronder le hérisson. Il n’était donc pas au plus haut de l’échelle, et ne pourrait sans doute pas le faire sortir comme Hiko s’était risqué à l’espérer.

Ce dernier attendit alors que le garde parte, puis il écouta une fois encore les paroles de l’homme aux cheveux foncés. Il résuma la façon de faire qu’avait utilisée Hiko pour se débarrasser du garde. Il avait été fin observateur, ce que nota Hiko. Puis, il lui demanda plein de questions, tout en le félicitant pour ce coup bien placé qui avait sectionné la carotide. Hiko sourit alors, toujours un peu mal à l’aise, et répondit à son interlocuteur.

- Ce n’était pas grand-chose, il était trop sûr de lui… Et cela est fatal à partir d’un certain niveau. En tout cas je te remercie pour tes compliments, mais je suis sûr que tu te débrouilles très bien toi aussi. Après tout, tu n’as eu aucun mal à me suivre, et tu avais même de l’avance sur tes camarades.

C’était vrai, Kenjin avait été le premier à se rendre près du golem de pierre. Ce qui lui avait permis de glisser quelques mots à Hiko avait qu’on le pare d’un superbe collier… D’explosifs.

- Sinon je m’appelle Hiko. Et je ne sais pas quand je sors… Par contre, je te promets de t’apprendre des techniques au moins aussi cools que celle que tu as vu si tu me fais libérer rapidement. Non pas que je sois mal à l’aise ici, mais je préfère largement l’air libre si tu vois ce que je veux dire. Et d’ailleurs, tu t’appelles comment ? Et comment ça se fait que tu sois si… Différent de tes camarades ?

Beaucoup de questions, il était vrai. Mais Hiko avait le temps, il était en prison, et n’avait rien de mieux à faire que de parler à quelqu’un qui pourrait bien devenir un allié si la discussion tournait dans la bonne direction.

Son visiteur s’appelait donc Kenjin… Comme on pouvait s’y attendre, il était toujours aussi excité que la première fois que le gamin l’avait vu. Il n’arrêtait pas de parler, et bien que sa compagnie soit agréable pour le jeune garçon qui n’aurait sûrement pas l’occasion de discuter avant un petit moment, il se fit la réflexion que ce dernier parlait beaucoup, beaucoup, mais alors beaucoup trop. Il ne savait plus si c’était le fait d’être privé de son chakra, ou ce flot incessant de paroles qui lui avait collé la migraine.

M’enfin, il avait l’air d’être un chouette type malgré ses quelques exubérances, et Hiko écouta donc ce qu’il avait à dire. Il parlait de le faire évader, et de s’enfuir avec lui… Sérieusement ? Cela fit sourire l’enfant qui se sentait être le plus mature des deux malgré son jeune âge, puis il prit la parole avant que les conversations ne reprennent de plus belle.

- Ah ah, non je ne te demandes pas de m’évacuer par la force, j’imagine qu’il doit y avoir un autre moyen que de casser des portes non… ? M’enfin tu n’es peut être pas la personne la plus à même de m’aider sur ce terrain là…

Prenant l’air faussement déçu, Hiko voulait toucher un de ses points faibles et voir jusqu’où Kenjin pouvait s’avérer utile dans sa libération. Il ne croyait pas à une exécution, mais ce n’était pas non plus à exclure… Il faudrait donc qu’il soit prudent, et qu’il mette toutes les cartes de son côté.

Kenjin reprit son discours, apparemment il avait été très impressionné par la dextérité du jeune garçon en utilisant son bubble-gum. Ce dernier sourit, cet élément à l’aspect si inoffensif pouvait s’avérer être un puissant allié si l’on savait bien le maîtriser. Hiko en était conscient, et cela jouait en sa faveur. Personne ne suspecterait un enfant mâchant un chewing-gum, et pourtant cela pourrait être la dernière chose qu’il vous serait amené à voir dans votre vie.

M’enfin, ce n’était pas le moment d’en parler, Hiko s’abreuvait du flot de paroles de Kenjin lorsque ce dernier lui annonça qu’il allait lui montrer un peu de son pouvoir. Arquant un sourcil, le jeune garçon se tenait prêt à voir une démonstration de ninjutsu, mais ce dernier se mordit simplement le pouce, jusqu’à ce qu’un filet de sang ruisselle sur ce dernier. Il regarda ensuite l’enfant avec un regard des plus effrayant, et affirma que la douleur était la source de son pouvoir. Cela rendit l’enfant aux cheveux blancs un peu perplexe, il le regarda alors avec interrogation et lui demanda simplement…

- Qu’est ce que tu entends lorsque tu dis que la souffrance t’aide à exploser des crânes ? C’est un peu bizarre non ? Car si tu souffres, c’est que t’es mal en point, et donc moins en mesure de blesser tes adversaires…

Il devait l’avouer, le jeune garçon était totalement paumé dans ce que venait de lui décrire son interlocuteur. Il commençait vraiment à le prendre pour un fou et se demandait si les gardes n’allaient pas vite intervenir pour le faire sortir de sa cellule… Ce fut donc pourquoi il prit la peine de lui poser quelques questions sur le fonctionnement de ce village, et sur ce qui l’attendait peut être par la suite.

- Mais sinon dis moi… Qu’est ce que tu peux me dire sur le Village Caché d’Iwa ? Son fonctionnement ? Son architecture… ? Comment le village est-il dirigé ? Qui sont les Têtes pensantes du Village ? Qui décidera de mon sort… ?

Tant de questions auxquelles il devait posséder les réponses si jamais il venait à être interrogé par la suite… Hiko comptait donc vraiment sur Kenjin pour lui fournir les réponses, mais en toute honnêteté… Il n’était pas sûr que ce dernier soit assez sain d’esprit pour en détenir les réponses.

Le Hari semblait rire de toute en toute circonstance. Cela interloquait un peu notre jeune héros qui, même s’il adorait s’amuser et faire des blagues, avait la tête sur les épaules… Pour l’instant. Mais cela ne semblait pas être le cas de Kenjin qui rigolait de tout, et semblait vraiment tout prendre à la légère. L’enfant aux cheveux blancs se dit donc qu’il y avait deux explications. Soit il était complètement fou. Soit, il était simple d’esprit et ne comprenait pas vraiment toute la situation. À dire vrai, Hiko penchait plus pour la première raison, mais il n’en était même pas sûr. C’est dire comme l’homme qui se tenait en face de lui pouvait être perturbant de par son comportement !

Il parla ensuite de son pouvoir, et du fait qu’il lui permettait d’avoir l’effet de surprise afin d’achever son adversaire. Hiko ne voyait pas en quoi aimer souffrir lui donnerait un quelconque avantage… Mais bon, il ne voulut pas s’aventurer plus sur ce sujet, et préféra lui faire une petite proposition avec un sourire arrogant sur le visage.

- Quand je serai sorti d’ici,- car oui, je sortirai-, je te propose un petit combat amical. Ainsi, tu en apprendras plus sur mon pouvoir et moi du tien. Car comme on dit chez moi, une démonstration vaut mille mots.

L’enfant semblait bien vite oublier qu’il était en prison, et totalement à la merci de ses geôliers. Mais bon, on ne pouvait pas le changer, il était joueur… C’était comme ça. Mais maintenant arrivait la partie la plus intéressante, il allait en apprendre un peu plus sur le village qui l’accueillait en tant que prisonnier. Apparemment les genins pouvaient être considérés comme des esclaves des temps modernes, et il fallait espérer tomber dans une équipe regroupant des gros bonnets, sinon on allait vite s’ennuyer. Cela dépita un peu Hiko, il se demandait bien s’il rejoindrait un jour ou non une équipe…

Puis, Kenjin continua son récit en parlant de l’architecture du village, il n’y connaissait rien apparemment. Ça n’étonna qu’à moitié l’enfant aux cheveux blancs qui voyait en Kenjin une personne qui se foutait à peu près de tout dans ce qui l’entourait. Puis il parla du temple de Gobi qu’il trouvait vraiment cool, et émit l’hypothèse que ces créatures n’existaient pas. L’enfant sourit alors, et lui glissa ces quelques mots.

- Je suis persuadé qu’ils existent… Ils attendent juste le bon moment pour revenir.

Un petit clin d’œil, et l’enfant le laissa terminer son récit. Il parla du Tsuchikage, ainsi que de son bras droit. Deux personnes qu’il ne valait mieux pas contrarier apparemment. Paroles qui sonnaient étrangement dans la bouche du kamikaze, qui n’hésitait pas à braver tous les standards pour affirmer sa personnalité. Ensuite, il affirma qu’Hiko était un sacré phénomène et qu’il espérait vraiment qu’il sorte pour lui raconter comment se serait passé son entretien avec l’un des responsables.

- Ah ah, je n’y manquerai pas. Tu me dis où je peux te trouver ? Comme ça je viendrai te rendre une petite visite une fois libéré, si j’ai le droit de rester au village. Tu pourras ainsi me montrer comment la douleur t’aide à vaincre tes adversaires !

La fin était proche, mais il appartenait à Kenjin de conclure. Car Hiko ne pouvait décemment pas prendre la décision de partir de lui-même.