L'eau chaude, les bulles, les massages, les bains de boue, les cocktails... Voilà ce qui composait l'entièreté de mes journées depuis 3 jours. Je m'étais offert quelques jours de vacances et de détente dans un des centres de bien-être entre Mamushi et le lac Suishou. Non pas que j'aie vraiment besoin de me détendre, car il m'arrivait très rarement d'être stressée. Mais je le méritais bien car après tout, voir autant de gens stupides et d'enchaîner les missions stupides tous les jours, ça baissait quand même le moral. C'était aussi pour cela que j'avais choisi un endroit aussi éloigné de Suna : en espérant ne tomber sur personne que je connaissais.

C'était en plein milieu de la semaine et en dehors de la période touristique ; de ce fait, j'avais rarement croisé d'autres personnes que le personnel du centre en trois jours, et cela me convenait parfaitement. Après une longue matinée et un copieux petit-déjeuner, j'étais allée dans les bains à remous, il y avait de cela déjà 3h. Les yeux fermés, je laissais mon esprit vagabonder, ne me préoccupant que de ce que j'allais manger ce soir. Et encore, préoccuper était un grand mot vu que j'allais manger au restaurant.

Je réfléchissais à l'éventualité d'aller me faire masser à grand renforts d'huiles parfumées lorsque j'entendis des pas approcher, puis quelqu'un entrer dans l'eau. J'ouvris discrètement un oeil pour espionner la poitrine de la demoiselle, mais je fus bien déçue. Nada, rien du tout. J'ouvris quand même les deux yeux, juste pour être sûre, mais ce n'était pas mes yeux qui me jouaient des tours.

Je me raclais la gorge et déclarais d'un ton sarcastique :

« Soit vous vous êtes trompé de porte, soit la nature ne vous a pas gâtée, mademoiselle. »

Je remarquais que je m'étais quand même un peu ennuyée pendant ces quelques jours. Une distraction ne ferait pas de mal, même si ce mec n'avait pas vraiment une tête qui inspirait la confiance. C'était sûrement un pervers narcissique psychopathe. Et au pire, je commanderais un autre cocktail pour oublier que je m'ennuie. Peut-être même que j'en demanderais un dans tous les cas.

Spoiler:

J'avais beau être né à Hi que je considérais Kaze un peu comme ma patrie, il était donc normal pour moi de m'y rendre de temps à autre. J'appréciais presque tout en ce pays : les beaux paysages, les belles femmes, les tribus de nomades... Tant de choses qui m'attiraient pour une seule qui me déroutait, Suna. Comme les autres villages Shinobi, ils me dégouttaient au plus haut point. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle j'évitais tout échanges avec eux, je ne voulais pas être mêlé à leurs affaires. Je me situais actuellement non loin du lac Suishou, j'imaginais donc faible la probabilité de rencontrer un de ces hérétiques.

Pourquoi j'étais là-bas ? Tout simplement pour prendre quelques temps pour me reposer, j'avais beaucoup travaillé ces derniers mois. Je n'avais rien fait de très glorieux, j'avais appréhendé juste quelques criminels. C'était un peu ironique vu ma situation et mes convictions mais je choisissais mes proies, je me refusais de faire le travail des Shinobis. J'appliquais pour ma part la justice, la vraie. Avec l'argent amassé, je pouvais vivre aisément pendant quelques mois. Je ne faisais que repousser une échéance tant attendue-...

Pour me reposer, quoi de mieux qu'un centre de bien être ? Bien sûr c'était loin d'être l'égal d'un établissement à Yu no Kuni mais il y avait tout de même de quoi faire. J'avais pris une espèce de formule -conseillée par une très belle damoiselle d'ailleurs- qui me permettait d'accéder à certains services en illimités. Après avoir mangé une petite collation, je m'étais dirigé vers les bains à remous. Une dilemme s'opposa à moi très rapidement, j'avais le choix entre franchir deux portes. Sur l'une il y avait une image représentant une femme et sur l'autre un homme, que devais-je faire ? Enfreindre le règlement et profiter des femmes, ou bien le respecter et rejoindre l'endroit m'étant réservé ? Même s'il y avait un risque de tomber sur des thons, je décidai tout de même de franchir l'entrée du paradis.

Je ne vis qu'une seule femme, les yeux fermés et profitant du bain. De loin elle ne me semblait pas hideuse, c'était tant mieux. J'étais pressé de voir sa réaction, une chose qui m'amuserait à coup sûr. Comme à mon habitude, je ferai en sorte de retourner la situation et profiter du spectacle. Même en vacance, je n'étais pas contre un peu d'entraînement. Mes pouvoirs me permettaient de manipuler l'esprit et la mémoire, je ne voulais pas m'en priver. Je remerciais encore mes aïeux pour ce somptueux don.

J'ôtai ma serviette et entrai doucement dans l'eau, le sourire aux lèvres. Je posai alors chacun de mes bras sur les rebords du bain et observai la damoiselle. Elle ne mit pas longtemps à ouvrir ses yeux et m'observer à son tour. Je m'attendais à une réaction quelque peu excessive mais ce ne fut pas le cas, mon interlocutrice avait même pris le temps de faire un peu d'humour. Je l'adorais déjà et me réjouissait d'avance de la distraction qu'elle allait m'apporter.

« Je ne crois pas m'être trompé de porte... Néanmoins si vous êtes un homme, alors je veux bien changer d'orientation et virer bâbord comme certains le disent. » Dis-je avec un sourire mesquin aux lèvres.

Je montrai la porte d'un signe de la tête à ma distraction sur porte avant de la fixer dans les yeux.

« Vous êtes sûre de ne pas vous être fourvoyée? » Et la magie opéra, rapidement je manipulai son esprit afin qu'elle pense vraiment être rentrée dans l'enceinte réservée aux hommes. « Ce n'est pas très grave après tout, nous sommes seuls ici vous savez. Je peux tolérer votre présence, j'ai l'impression d'être en bonne compagnie. »

Ma manipulation était plus que mineure, elle durerait quelques dizaines de minutes tout au plus. Ce n'était pas quelque chose de définitif, ce n'était pas mon souhait. Je m’exerçais juste un petit peu...

« Dites moi, qu'est-ce qui pousse une damoiselle à s'introduire dans les bains des hommes ? Que recherchez vous ? »

Je commençai à avoir soif et pour continuer dans ma démarche, je devrai peut-être aussi manipuler la serveuse qui viendrait prendre la commande ; Quelle vie !

L'homme - parce que finalement, ce n'était pas une femme plate - ne se formalisa absolument pas de la situation. En fait, il semblait s'en amuser autant que moi, en répondant aussi sur le ton de l'ironie qu'il était prêt à "changer de bord". Nous étions de la même trempe, ce qui annonçait un jeu assez plaisant : jouer au plus con, ou dit plus élégamment, celui qui aurait le plus de répartie.

« Oh... Donc vous êtes le genre de personne qui aime les hommes avec des seins ? Dis-je d'un air moqueur. Ou les femmes à pénis ? »

Il suggéra que j'étais celle qui s'était trompée de porte. Je riais de cette plaisanterie, renversant la tête en arrière. Mais à ce moment-là, un léger doute germa dans mon esprit. Impossible que je me sois trompée de bain depuis le début. Ce n'était pas possible... Si ? Je lançais un regard furtif vers la porte du bain.

Et sur la porte se trouvait... Un dessin d'homme. Certes, des plus minimalistes, mais je voyais quand même que ça représentait bien les personnes de sexe masculin. Merde ! Ça faisait trois jours que je me baignais ici, et personne ne m'avait rien dit ? Est-ce qu'il fallait avoir le même QI qu'une huitre pour être embauché ici ?! Ou alors, eux aussi s'étaient dit que j'étais un homme à seins ? Quelle bande d'idiots !

Mais l'important maintenant, c'était de garder la face. Je fermais les yeux quelques instants pour réfléchir... J'ouvrais les yeux et regardais à nouveau la porte, mais cette fois-ci en appuyant bien mon geste. Puis, d'un air théâtral et faussement affligé, je lançais :

« Ce seraient donc les bains réservés aux hommes...? Oh ! Toutes mes excuses. Je croyais que la salle d'à côté était pour les personnes portant des robes. Et comme je ne porte rien... »

J'affichais un air désolé puis la seconde d'après, un sourire narquois. Jouer la cruche oui, passer pour une cruche : non. Back in the game.
Mais même si je n'avais croisé personne jusqu'à présent, ces abrutis du centre allaient m'entendre !

Des femmes à pénis ? J'eus un frisson accompagné d'un mouvement d'épaule comme lorsqu'on se remémore quelque chose de désagréable, à l'entente de ces mots. La damoiselle me rappelait un mauvais souvenir, un très très mauvais souvenir. Lors d'une soirée pimentée, j'étais rentré avec une plutôt belle jeune femme. J'étais assez content de moi car elle était à mes yeux la plus potable de la soirée. Sauf que j'eus une mauvaise surprise lors de la préparation à l'acte ; La belle jeune femme s'avérait être un homme. Mon seul et unique réflexe fut de l’assommer. L'adepte du carnaval s'était retrouvé dans les vapes à même le sol et l'histoire s'arrêta aussi net. C'était loin d'être la plus belle expérience de ma vie, je la classifiais même dans les pires. Pour oublier ça, je m'étais offert les services d'une prostituée de qualité. J'y avais mis le prix mais il fallait bien m'ôter certaines images de ma tête, l'alcool et une femme, que demander de mieux ?

De ce que je pouvais voir mon interlocutrice était une marrante, une originale. Elle avait réveillé un mauvais souvenir en moi en me parlant de femmes à pénis et d'hommes à seins. Ce n'était pas tous les jours qu'on discutait de ça avec une personne dans le bain.

Pour pimenter cette rencontre, j'avais fait croire à la comique qu'elle se trouvait dans les bains réservés aux hommes. Ma manipulation avait fonctionné, comme attendu. Bien que je pensais avoir gagné la partie après avoir entendu des « excuses », la jeune femme évoqua le fait qu'elle ne portait rien, relançant par la même occasion les cartes. Je ne pus m'empêcher de rire, brièvement avant de pencher ma tête en arrière et de soupirer un grand coup.

«  J'ai beau laisser des indices derrière moi, tu ne me reconnais vraiment pas. »

De ma main droite, je jetai un peu d'eau sur mon interlocutrice, comme un gamin souhaiterait éclabousser un de ses amis.

« Je sais que j'ai changé mais j'ai naïvement espéré que tu allais me reconnaître, surtout d'aussi près. Allez allez, un effort !»

Je me rapprochai légèrement d'elle, me plaçant au milieu du bain.

«  Tu ne te souviens vraiment de rien ? On a vécu de très bons moments ensembles, des très mauvais aussi mais durant ces dernières années je n'ai pensé qu'aux plus bons. »

Je m'étais mis à la tutoyer et en même temps, l'observai droit dans les yeux afin de rendre son esprit plus flexible, plus confus. Je tentai de déposer des fragments d'une relation qui aurait pu exister entre nous, jadis. La situation m'était plutôt favorable, souvent on oubliait les souvenirs de nos plus jeunes âges. Je devais tout de même rester vague puisque pour complètement chambouler son esprit, il me faudrait des dizaines d'heures à lui reconfigurer son cerveau. Là je n'avais pas le temps et pas non plus l'envie, je souhaitais juste m'amuser ; Sachant que tôt ou tard, elle allait comprendre la supercherie.

Je levai ma main droite vers elle et aussitôt, j'insérai dans sa tête comme un sentiment de déjà vu. Comme si dans le passé j'avais déjà fait ce geste devant elle.

« Alors la damoiselle qui ne porte rien, tu te souviens maintenant ? »

Cette rencontre, je commençai vraiment à l'apprécier puisqu'en effet, je m'amusais comme un fou.