Prenant une gorgée de thé, je me désolai en constant que l’automne était finalement arrivé et qu’avec lui se terminait également la saison chaude. J’avais à peine eu le temps de profiter de celui-ci qu’il se terminait déjà pour laisser sa place au début des temps froids. Il y avait bien eu quelques journées où j’avais pu bénéficier du beau temps, mais ces dernières avaient été trop peu nombreuses et j'avais passé trop de temps dans mon bureau du manoir Inuzuka pour dire que j’avais passé un bel été. C’était malheureusement les sacrifices que je devais faire si je voulais m’assurer du bien-être de tous les membres de la Meute et même si je me plaignais maintenant c’était en pleine connaissance de cause que j’avais accepté la proposition alors il était trop tard pour changer quoi que ce soit. Toutefois, si je travaillais d’arrache-pied et montrais des résultats concluants, peut-être pourrais-je me permettre quelques jours pour décrocher?

Je laissai mes divagations sur les saisons de côté et me frottai les yeux avant de reporter mon attention sur le document qui était devant moi. Un projet pour agrandir la place du marché du Village en créant une section réservée au marché alimentaire et un nouveau centre pour les autres marchandises. Si l’idée n’était pas mauvaise, il y avait quelque chose qui clochait avec la proposition que j’avais devant les yeux. Je dus étaler une carte de notre petit village sur l’une des autres tables de mon bureau pour comprendre le problème : ils voulaient construire ce nouveau marché à plusieurs centaines de mètre de notre marché actuel! Il faudrait trimballer toutes ses courses d’un marché à l’autre sur plusieurs mètres ou bien faire deux voyages pour les deux différents centres de marchandage. Il devait forcément y avoir un autre endroit plus approprié si nous voulions que ce projet voie le jour.

Un coup à la porte me sortit de ma contemplation méditative dans laquelle j’étais devant la carte de notre village en train d’essayer de trouver une solution à mon problème. Comme un éclair qui traverse le ciel, je me rappelai soudainement ce dont il s’agissait et aussitôt je commençai à ranger à la hâte la paperasse qui trainait sur mon bureau. Je ne voulais surtout pas qu’elle voit dans quelle était se trouvait mon espace de travail, je n’aurais jamais fini d’en entendre parler. Lorsque je réalisai que cela faisait quelques secondes que le coup était resté sans réponse je m’empressai de l’inviter à entrer.

- Oui oui, tu peux rentrer! criai-je de derrière mon bureau.

Je plaçai pêle-mêle les dernières feuilles seules dans une chemise au hasard et la refermai au moment où l’Inuzuka entra dans mon bureau. Je fis semblant de replacer un ou deux dossiers avant de lever les yeux et de lui adresser un sourire accueillant. Pour toutes fins utiles, j’étais un chef de clan ordonné et organisé.

- Bonjour, Shizu. Comment vas-tu? J’espère ne pas avoir bousillé ta journée en te faisant venir ici.

Je traversai de l’autre côté de mon bureau pour lui faire une accolade avant de lui montrer l’une des chaises qui faisaient face à mon bureau. Même si nous étions maintenant tous les deux des adultes et shinobis de la Feuille, elle restait tout de même la petite sœur que je n’avais jamais eue. Je ne pouvais compter les heures que nous avions joués ensemble lorsque nous étions gamins et cette dernière m’avait épaulé lors de l’Appel de la Meute. S’il y avait bien quelqu’un avec qui j’étais pratiquement toujours sur la même longueur d’onde, c’était elle. Ouais, c’était bien la seule et unique personne à qui je pouvais proposer cela.

Spoiler:

Malgré les airs sérieux que j’avais essayé de me donner lorsque la jeune femme était entrée, je remarquai aussitôt son air amusé et sus que je n’arriverais pas à la duper. Pas elle en tout cas. Nous nous connaissions depuis trop longtemps pour que je puisse tenter de lui faire croire quoi que ce soit, encore moins que je m’étais subitement transformé en quelqu’un d’ordonné. Ce n’était effectivement pas l’une des qualités dont je pouvais me vanter d’avoir, mais pour ma défense j’arrivais toujours à me retrouver dans le chaos qu’était souvent mon bureau. Heureusement pour moi, cette dernière s’abstint de tout commentaire et me rendit mon accolade tout en me rassurant que je ne la dérangeais pas le moins du monde. Au moins c’était déjà ça, je devais avouer qu’avec mes nouvelles responsabilités je n’avais plus autant l’occasion de prendre de ses nouvelles et ignorais si elle avait des nouveaux projets en dehors de son équipe. C’était une chose à laquelle je devais remédier si je voulais poursuivre avec ce que j’avais en tête.

À peine nous étions-nous installés que le regard de Shizu glissa vers le bas en direction de mon bureau. La même étincelle espiègle qu’à son arrivé et l’espace de quelques instants je crus que j’allais avoir droit à deuxième sursis, mais lorsqu’elle pouffa de rire que je compris que je n’aurais pas sa clémence plus qu’une fois. Devant son hilarité – et parce qu’elle avait tombé en plein dans le mille – je ne pus me retenir plus longtemps et pouffai à mon tour d’un rire incontrôlable. Nous rîmes pendant une bonne minute avant que nous puissions retrouver un semblant de calme. Je repris ma respiration en m’essuyant les yeux alors que la jeune Inuzuka reprenait à elle-même et finissait par me demander la raison pour laquelle je l’avais fait venir ici. Toujours aussi intuitive, elle avait compris qu’il y avait quelque chose que je voulais lui demander. Posant mon regard sur elle, je pris un air faussement innocent.

- Je ne peux pas simplement m’ennuyer de ta présence et prendre des nouvelles de ma grande amie? Je souris devant son air peu convaincu avant de reprendre. S’il y a un peu de cela, ce n’est en effet pas juste que pour ça que je t’ai fait venir. C’est drôle parce que c’est justement en lien avec mon sens de l’organisation… particulier que tu es ici.

Je ne sais pas si c’était une coïncidence ou un coup du sort qu’elle ait évoqué exactement ce pourquoi je lui avais demandé de faire un tour au manoir, mais au moins je n’avais plus à me soucier de comment j’allais rentrer dans le vif du sujet.

- Toi plus que quiconque sait que je ne suis pas la personne la plus organisée qui soit et même si j’arrive toujours à retrouver ce que je cherche, je ne peux cacher que parfois je m’impatiente devant ma propre inefficacité. Je me demandais donc si toi, tu ne serais pas intéressée à m’aider à mettre un peu d’ordre dans tout ça. Bien sûr, ça serait plus que simplement rendre mon bureau et mon espace de travail en un lieu organisé; je te demanderais conseil sur certaines décisions pour la Meute et nous pourrions même nous séparés la charge de travail – te laisser prendre quelques dossiers en charge – si c’est quelque chose qui t’intéresse.

Ce n’était pas un simple rôle d’assistante que je lui proposais, je lui demandais si elle ne voulait pas prendre une place active dans la Meute et m’aider à la diriger. Il n’y avait pas personne en qui j’avais plus confiance et j’étais persuadé qu’elle arriverait à combler certaines de mes lacunes, mon sens de l’ordonnance en étant qu’un parmi d’autres. J’étais la première personne à avouer que je n’étais pas parfait et je préférais autant demander à des gens de confiance de m’accompagner que de ne rien faire et laisser la situation se détériorer. En plus en demandant à Shizu de m’aider je savais que jamais je ne serais jugé pour les décisions que je prendrais. Non, le pire qui arriverait serait seulement qu’elle me taquine jusqu’à la fin des temps.

J’observais la jeune femme en même temps de lui parler et je pus voir son expression changer au fur et à mesure que je lui expliquais ce que j’avais en tête. Au début elle avait le large sourire de quelqu’un qui venait de rire aux éclats – ce que nous venions effectivement de faire – puis ce furent les yeux qui se plissèrent, ensuite les sourcils qui se haussèrent et finalement le visage tomba complètement lorsqu’elle se rendit compte de ce que je lui demandais réellement. Ce n’était qu’une simple assistante dont j’avais besoin, mais quelqu’un en qui je pouvais avoir confiance pour faire les choses que je voulais de la façon que je le voulais. Shizu, de par notre relation proche, correspondait parfaitement à ce que je cherchais. J’étais tout à fait conscient qu’elle avait son propre emploi du temps et ses propres obligations et qu’il y avait peut-être des chances qu’elle ne puisse pas, mais qui n’essaie rien n’a rien.

La jeune femme devant moi cligna des yeux à quelques reprises, comme si elle n’en revenait pas de ce que je lui demandais, et je vis bien qu’elle cherchait ses mots. C’était vrai que ce n’était pas tous les jours que nous recevions une offre de la sorte et je lui laissai donc tout le temps nécessaire pour qu’elle se remette de ses émotions et qu’elle réfléchisse à tout ça. Je n’attendais pas non plus une réponse définitive de sa part, mais si nous pouvions en discuter face à face j’étais confiant que je finirais par la convaincre d’accepter. Pendant quelques secondes, rien ne se dit dans mon bureau alors que je laissais Shizu encaisser la nouvelle. Finalement, elle commença en me demandant si ce que je lui proposais voulait vraiment dire ce qu’elle pensait. Il était vrai que je n’avais pas été très explicite, mais c’était bien ce genre de rôle que je voulais qu’elle endosse. En guise de réponse, j’hochai simplement la tête avec un sourire complice sur les lèvres. Le grand frère au fond de moi fut heureux de voir qu’elle semblait si touchée par la proposition.

Sa première réaction fut d’accepter la demande, me disant qu’elle m’aiderait peu importe ce que je demandais d’elle, mais son côté terre-à-terre pensa aussitôt aux Aînés du clan, qui s’ils n’ont aucun réel pouvoir détiennent une bien réelle influence dans la Meute. J’avais dû me frotter à eux – plus particulièrement l’un d’entre eux, le père d’Akira – lors de l’Appel de la Meute, mais le soutient de Motari-sama avait au final fait penché les plus récalcitrants en ma faveur. Elle fit une grimace bougonne lorsqu’elle les appela les vieux loups grincheux et ricanai malgré le sujet qui était sérieux, car si nous faisions des blagues sur eux ils n’étaient pas à prendre à la légère. Déléguer un peu de mes tâches à la jeune Inuzuka ne serait effectivement pas quelque chose qui se ferait sans créer de vague de leur part, mais depuis le temps que j’étais le chef de la Meute je commençais à savoir comment les gérer.

- Comme tu le dis si bien, ils seront toujours là pour râler et ce peu importe ce que je fais alors autant faire ce que je veux. Quitte à les entendre chigner, autant faire les choses comme je l’entends. De plus, ce n’est pas comme si tu venais prendre leur place, comme j’avais souvent à me référer à eux tu devras passer par le même processus. C’est ce que je vais essayer de leur faire comprendre : que tu ne seras pas quelqu’un qui va prendre leur place, mais bien quelqu’un qui peut faire les choses aussi bien que moi.

Je devais être convaincant lorsque je leur amènerais cette idée et je ne devais également montrer aucune faiblesse ou hésitation devant eux. Ces vieux loups n’étaient pas né de la dernière pluie et flairerait le moindre doute avant même que je ne mette les pieds dans la salle. Avant d’aller les voir cependant, je devais savoir si premièrement elle était intéressée – ce qu’elle semblait être si je pouvais me fier à sa réaction – et si deuxièmement elle pourrait leur tenir tête. C’était une chose de parler d’eux, mais c’était une toute autre chose de parler devant eux, d’être en leur présence et sous leurs regards scrutateurs. Si j’étais pour laisser une partie de mon travail à Shizu, je devais être certaine qu’elle non plus ne montrerait pas la moindre hésitation devant eux.

- Donc ta mission, si tu l’acceptes, commençai-je avec un sourire, consistera à optimiser l’espace de travail et à prendre en charge certains dossiers en cours – ce qui inclut aller faire face eux vieux loups. Tu penses être capable de les gérer?

Je n’avais pas besoin d’aller plus dans les détails, je n’avais aucun doute que Shizu savait de quoi je parlais. Avant même d’être chef de Meute, j’avais entendu parler de leur réputation et devenir chef du clan n’avait fait que confirmer cette réputation. J’étais donc persuadé que sans même avoir à en parler, elle savait très bien ce que je voulais dire. La connaissant comme je la connaissais elle ne manquait pas de répartie et saurait sûrement bien s’en tirer, mais je tenais tout de même à l’entendre de sa bouche.

Sans surprise, les lèvres de la jeune Inuzuka s’étirèrent en un sourire qui j’avais maintes fois vu sur son visage et sus que je l’avais dans la poche. Même si ce que je lui avais demandé n’était pas une mince affaire et la seule perspective de se frotter aux Aînés pouvait en faire reculer plus d’un, Shizu n’avais jamais été le genre de fille à reculer devant les défis. Sa réponse fut sans équivoque et mon visage se fendit lui aussi d’un sourire satisfait devant sa décision. Pas que je doutais qu’elle allait refuser, mais j’avais appris à ne jamais rayer un scénario avant d’avoir assez d’éléments. Qui plus est, je n’avais aucune misère à croire qu’avec sa fougue elle n’allait pas y aller de main morte avec ces vieux grincheux comme elle les avait appelés. Heureusement qu’elle était tout aussi avisée et savait quand ne pas pousser trop loin, cela faisait la balance parfaite afin d’avoir une chance de faire bouger les choses. Yoi et Shira se joignirent à elle et démontrèrent leur approbation quant à la décision de leur maîtresse en émettant quelques jappements enthousiastes. Vous vous demandez comment je faisais pour le savoir? C’est un truc d’Inuzuka, vous ne pourriez pas comprendre.

Alors qu’elle ébouriffait tendrement la tête de ses compagnons, elle posa son regard sur moi et me demanda ce qui allait se passer ensuite. Straight to business. Pas même le temps de savourer la nouvelle qu’elle pensait à la suite des choses. Non, c’était bien; cela montrait qu’elle prenait définitivement la proposition à cœur et voulait mettre la main à la pâte. Une bonne chance que j’avais préalablement pensé à quelques points avant la rencontre, ce n’était pas pour rien que je devais être la personne en dehors de sa mère à mieux la connaître. Ce qui pressait le plus toutefais, c’était la façon dont j’allais l’annoncer non seulement aux Aînés, mais au restant du Conseil de clan. Si j’étais le chef de la Meute, je ne prenais pas toutes les décisions seul – encore heureux! – et étais accompagné de personnes influentes dans la Meute. Si elles étaient influentes avant d’être dans le Conseil et si c’était le Conseil qui leur avait donné leur notoriété je n’en avais aucune idée, la plupart était sur ce dernier depuis bien avant ma naissance.

- Première des choses, nous devons voir ensemble comment nous allons annoncer cela aux autres. Ne t’inquiètes pas je prendrai l’entière responsabilité si ça tourne en fiasco, mais si nous mettons nos deux têtes là-dessus rien ne risque d’arriver, tu ne crois pas? J’avais pensé faire cela pas lors de la prochaine réunion du Conseil, mais l’autre d’après; celle-ci est trop proche et je ne veux pas précipiter les choses. J’amènerais un varia à l’ordre du jour et te présenterais comme mon… comment pourrions-nous t’appeler, d’ailleurs?

Si nous voulions avoir la moindre chance de ne pas perdre la face devant les Aînés, nous devions venir avec une appellation distincte pour la place qu’elle allait occuper. Nous ne pouvions pas simplement leur dire qu’elle allait m’aider par-ci par-là dans mes tâches de chef de Meute puisque jamais ils nous prendraient au sérieux et plus encore j’en prendrais certainement un coup comme chef de Meute. Pas au point pour faire un Appel de la Meute alors que venions tout juste d’en faire un, mais si j’accumulais les bêtises ce n’était pas dans l’impossibilité qu’Akira retente sa chance et là il aurait le dessus. Donc pour éviter que cela ne se produise, nous devions nous creuser les méninges et venir avec une stratégie pour leur annoncer le tout sans les menacer en même temps de leur faire comprendre que c’était irréversible. Comme on le dit si bien, deux têtes valent mieux qu’une.

Il était bien beau de prendre une telle décision, mais autant fallait-il en informer le restant de la Meute. Si, en tant que chef du clan, je pouvais me permettre ce genre de latitude, je devais tout de même rendre des comptes à certaines personnes. C'était ce fameux Conseil qu'il faudrait convaincre du bien-fondé de cette décision et laissez-moi vous dire que ce n'était pas une chose facile que nous avions entrepris de faire. C'était pourquoi j'avais proposé de le faire pas lors de la prochaine réunion, mais l'autre qui suivrait. En ne bousculant pas les choses nous nous assurions d'être minutieux et ainsi nous attirer aucune foudre du Conseil. Je n'avais aucun doute qu'à la moindre hésitation s'en était fini de nous, nous n'avions pas le choix d'avoir un dossier en béton. Je reçus une réponse affirmative de la jeune femme, qui acquiesçait devant le premier point que j'amenais tout en me rappelant au passage que si elle était le centre de la nouvelle, je serais celui qui sera sur le gril lors de cette réunion. Malgré son air légèrement désolé – je dis bien légèrement puisqu'elle ne pouvait pas s'empêcher de s'amuser de la situation – je lui rendis un faux sourire; je n'avais pas besoin de quelqu'un d'autre pour me le rappeler.

Quand vint le temps du deuxième point, soit celui de trouver un titre pour la position qu'elle viendrait à occuper dans le clan, mon visage changea rapidement en l'espace de quelques instants: d'abord mes sourcils se froncèrent alors que je réfléchissais à sa proposition, puis mon visage s'ouvrit de surprise en l'entendant ricaner de ce qu'elle venait de dire. Même si elle disait cela, je savais très qu'elle ne le pensait pas réellement sinon elle ne m'aurait pas supporté comme chef de meute lors de l'Appel et en dépit de toute ses railleries je savais qu'elle avait confiance en moi. Tout de même, j'avais beau être son grand-frère j'étais également son chef de clan; il y avait une limite à ce que notre amitié pouvait laisser passer. Aussi pris-je un air blasé et lui fit comprendre que non seulement elle n'avait pas réussi à m'avoir, mais que c'était aussi loin d'être un de ses meilleures.

- Non, c'est vrai, Akira est bien plus dominant que moi; il aurait certainement fait un meilleur chef de Meute, dis-je en roulant des yeux, sarcastique.

Je suivis d'une petite grimance qui voulait tout dire sur ce que je pensais de lui. Lors de l'Appel de la Meute – et bien avant même – Akira et moi nous étions affrontés avec l'issu que vous connaissez. Notre antipathie remontait à loin et à plus ou moins culminer à cet affrontement et je crois qu'il n'avait jamais avalé sa défaite. Son père encore moins et par malchance il se retrouve justement sur le Conseil du clan. C'était d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles je voulais être prêt à deux cent pourcents avant de me montrer devant eux. Ce qui nous ramenait à nos moutons et à ce que nous pourrions bien leur dire pour les convaincre. Je les entendais déjà me dire de leur voix railleuse qui si c'était trop pour moi je n'avais qu'à choisir un successeur. Je devais leur faire comprendre que plus nous impliquions la Meute dans les affaires de la Meute, plus nous nous épanouirions. Enfin, ça c'était le genre de choses auxquelles je penserais une fois que je serais seul, je n'avais pas besoin de déranger Shizu avec mon propre discours de vente.

Mes pensées revinrent sur sa proposition et je convins que même si nous n'utilisions pas souvent ce terme pour référer le chef du clan, j'étais bien l'Alpha du clan ce qui faisait de mon second le Bêta, ou plutpôt la Bêta. C'était simple et clair, sans donner aucune chance à la mésinterprétation; c'était une très bonne idée. Si on suivait cette ligne de pensée j'aurais bien donné l'Oméga à Akira, mais un chef de Meute ne devait pas être mesquin, encore moins envers un membre de sa propre meute! Je gardais cette idée pour moi en me faisant la promesse un jour de la partager avec Shizu – nous allions bien nous marrer – tout en reportant mon attention sur la jeune femme.

- Ouais, j'aime bien ça, la Bêta. Allons-y pour ça! Je crois que le dernier truc que nous pourrions nous occuper aujourd'hui serait d'exposer les grandes lignes de tes responsabilités. Nour pourrons aller plus en détails dans les prochaines semaines d'ici la rencontre. Je sortis papier et crayons afin de dresser les points importants. Je commençai aussitôt à écrire. Alors la première chose serait Réorganisation des dossiers et de l'espace de travail – moi qui est si désorganisé – et ensuite j'avais pensé à quelque chose comme Suivi administratif ce qui te laisserait t'occuper de certains dossiers déjà commencés où tu n'aurais qu'à prendre la relève. À part cela, est-ce qu'il y a un secteur du clan dont tu souhaiterais superviser les activités?

Les deux premières tâches étaient essentiellement ce pour quoi je lui proposait ce poste, mais je lui laissait également l'opportunité de prendre sa place dans la Meute. Je connaissait Shizu pour être du genre à vouloir relever les défis, donc s'il y avait certains secteurs d'acitivités du clan que je pouvais entièrement confier à la responsabilité de la jeune femme, nous en tirions tous avantage. Qui plus est, plus elle s'impliquait dans le clan plus cela démontrait le sérieux de notre démarche en même temps de leur montrer sa valeur aux yeux du Conseil. Je terminai d'écrire sur la feuille que j'avais devant moi et levai les yeux vers l'autre Inuzuka, attendant une réponse de sa part.

Je ricanai devant la comparaison de Shizu, aimant bien l'idée de le comparer à un louveteau quand bien même je savais que ce n'était complètement exact, il avait tout de même été finaliste pour Chef de Meute avec ou sans son père. Après quelques secondes, je repris mon sérieux et retournai au problème auquel nous faisions face. Si nous devions donner une place à Shizu au sein de la Meute et que celle-ci soit acceptée par le restant de la Meute, il fallait lui trouver un titre qui légitimiserait un tant soit peu la chose. Cela ne suffirait pas de simplement dire qu'elle m'assisterait dans mes devoirs de chef de clan, il lui fallait une position claire et définie qui ne laisserait pas de place aux ambiguïtés ni aux mésinterprétations volontaires. Pour connaître les têtes dirigeantes du clan ainsi que certaines personnes, je savais très bien que cela pouvait se faire. C'était certes à très moins grande échelle, mais il y avait tout de même un certain jeu politique au sein de la Meute.

Au bout de quelques minutes, nous finîmes finalement par nous entendre sur la proposition qu'elle m'avait faite plus tôt et je commençai à voir avec elle les grosses lignes les tâches qui reviendraient à son rôle. Avec le papier et le crayon que j'avais sortis, j'écrivis aussiôt quelques informations de base avant de dresser une liste plus spécifique. Déjà en tête de liste j'inscrivis les deux tâches dont je lui avait parlé en entrée de jeu, les appelant respectivement Réogranisation des dossiers et Suivi administratif. J'eus un sourire satisfait pour moi-même lorsque je vis cela sur le papier, fier de l'appellation que j'avais trouvé pour ces deux responsabilités, avant de reporté mon attention sur la jeune femme, le crayon levé au-dessus de ma feuille. Je lui avais demandé quelle secteur elle aurait aimé prendre en charge, mais je crois que je l'intimidai un peu avec cette question. En même temps c'était ma faute de ne pas avoir été plus précis. Cette dernière recula devant la proposition, préférant rester dans mon ombre pour l'instant sans doute pour ne pas trop faire de vagues en plus de l'annonce que nous ferions tous les deux. Pas que je voulais immédiatement l'envoyé sur des projets, mais elle n'avait pas complètement tort et nous pouvions très certainement voir cela le moment venu.

À travers notre discusion, l'Inuzuka ne put s'empêcher de partager sa fébrilité quant à cette fameuse rencontre. Il était clair que de faire face au Conseil était une chose éprouvante en elle-même, mais si c'était pour proposer quelque chose qui boulverserait l'ordre pré-établi il y avait de quoi être appréhensive. Je ne cacherai pas que moi aussi j'avais déjà cette petite boule d'anxiété qui commençait à se former, mais je n'en étais pas à mes premiers déboires avec le Conseil. Après quelques fois, toutefois, on commençait par connaître leurs habitudes et leur point de vue devant ainsi plus facile de prévoir à l'avance leur possible opposition. C'était sur cela que je devais me baser lorsque viendrait le temps de penser à ce que j'allais leur dire et de leur faire face.

- Je te comprends, j'étais pareil lorsque je les ai rencontré pour la première fois.

Je lui offris un large sourire, pas pour la rassurer – je savais très bien qu'elle n'avait pas besoin de moi pour cela – mais pour lui montrer que je partageais son sentiment. Juste à penser d'être aux côtés de Shizu pour défendre notre idée auprès de la meute était assez pour m'emplir de ce même sentiment de trépidation que lorsque venait le temps de faire une mission très importante. Maintenant que j'occupais une position qui demandait plus de temps derrière le bureau, les chances de revivre cette sensation forte se faisaient plus rares. Nous discutâmes encore quelques minutes sur cette fameuse réunion, histoire d'un peu peaufiner tout ce que nous avions vu ensemble, et nous mîmes fin à la rencontre. Le restant pouvait se faire soit à une seule personne, soit à une autre date. J'enlaçai de nouveau Shizu en la reconduisant jusqu'à la porte et lui souhaitai une bonne fin de journée, ne manquant pas de faire de même à Yoi et Shira. Ce ne fut qu'une fois rassis sur ma chaise que je remarquai la tasse de thé que j'avais mise de côté, asborbé que j'étais par les projets que nous avions. Sans grande surprise, il était devenu froid. Je soupirai non seulement pour ma tasse gaspillée, mais aussi pour la théière que je venais pratiquement de remplir.