La peau frémissante et les muscles qui tremblent. Les compagnons de chaque combattant qui prête son corps à la lutte acharnée pour la survie. De ces symptômes, le Taisa ne ressentait pour l’instant que le frisson lui parcourant l’échine. Mais il était plutôt provoqué par sa frénésie du combat qui s’éveillait seulement. Il s’était entouré pour l’occasion afin de mettre son corps et son esprit à l’épreuve. Au grand dam des malheureux Genins enrôlés plus ou moins de force dans cet entraînement à risque.

Entre ceux démarchés sans vraiment leur exposer la nature de cette séance et les curieux qui étaient maintenant piégés, cette petite clique n’avait pas tardé à déguster de l’entraînement spécialement conçu par le détenteur de Peau-de-Requin. Un simple combat en un contre tous. Les jeunes recrues avaient pour consigne d’attaquer leur supérieur afin que ce dernier puisse répliquer en conséquence. Une idée qu’il avait eu conjointement avec Samehada mais qui ne portait pas ses fruits pour l’instant. En effet leur auditoire n’y mettait pas vraiment du sien pour rendre cette séance productive. Tout dépendait pour qui elle l’était évidemment.

Son arme à la main, le bras tendu, Fuka était encerclé par ses opposants du jour qui tremblotaient comme des feuilles après avoir vu les ravages de la lame du bretteur. Cette dernière était débarrassée de ses bandages depuis un moment déjà mais elle n’avait pas encore eu l’occasion de goûter à la chair de ses victimes. Mais ça ne saurait tarder. Quelques timides avaient tenté de rapides offensives aisément contrées par le Taisa. Trop aisément. Une telle lenteur le dégoûtait un tantinet. Il espérait ne pas avoir accompli ce travail de démarchage pour rien.

Jetant un coup d’œil circulaire, il compta rapidement ceux qui étaient restés. Par motivation ou cloués sur place par la peur, la raison l’importait peu. Il tenait juste à savoir où est-ce qu’il en était. Une petite dizaine encore debout qui n’osait même pas approcher. Comment pouvait-il s’entraîner avec autant de mauvaise foi en face ? Les jeunes n’avaient plus la notion de respect pour leurs supérieurs. Un soupir d’exaspération s’échappa des lèvres de Fuka alors que ses « élèves » décidaient enfin à bouger.

Dans un mouvement conjoint à la synchronisation quasiment parfaite, ils adoptèrent la solution de faciliter en effectuant chacun une technique de Ninjutsu à distance. Tournoyant sur lui-même, Samehada profita du mouvement de son porteur pour se délecter du délicieux chakra avant d’être jeté en l’air pour que son maître prenne la relève. Evacuant avec force des jets d’eau de ses paumes de main, Fuka érigea un véritable dôme défensif qui lui permit de contrer les dernières attaques. La bulle protectrice ainsi formée s’affaissa lorsqu’il ralentit le mouvement. L’ombre de l’épée se rapprochait dangereusement du sol et il tendit la main sans même regarder pour la réceptionner parfaitement dans sa paume, prêt à en découdre à nouveau.

Mais le sentiment d’une nouvelle présence sur le terrain le ralentit dans son effervescence. Un chakra que l’épée reconnut immédiatement et elle ne manqua pas de partager l’information avec son acolyte. Reprenant une posture plus droite et militaire, Fuka ne se tourna pas face au nouvel arrivant. Il rangea son arme et observa les recrues avant de déclarer :

- Voilà donc le meilleur moyen de vous défendre en cas d’attaque groupée. J’espère que ce cours improvisé vous aura servi. N’hésitez pas à revenir me chercher si vous avez besoin de conseils supplémentaires.

Profitant de ce semblant d’accalmie, les gamins détalèrent en comprenant que c’en était fini de ce calvaire. Puis Fuka put enfin faire face à celui qui dirigeait maintenant le nouvellement nommé Iwa. Oterashi Yanosa se tenait devant lui. Le bretteur mima la surprise lorsqu’il l’eut dans son champ de vision :

- Oh le Tsuchikage nous fait l’honneur de sa présence ! Que puis-je pour vous ? demanda-t-il avec un semblant d’ironie dans la voix.

- Te bouffer l’autre épaule ? ajouta mentalement Peau-de-Requin.

L’Oterashi accompagna la remarque de son subalterne d’une légère réplique sur le sens de l’humour du bretteur. Mais à juste titre, en la matière l’ancien Seigneur de Guerre ne saurait conseiller le Taisa. Fort heureusement ce dernier ne s’était pas reposé sur lui pour ce domaine. Il ne comptait d’ailleurs sur personne car ce n’était pas la priorité absolue pour lui.

Avec une légère surprise, mais pas totalement étonné de la remarque, Yanosa gratifia le Chûnin d’un conseil personnel sur la formation des jeunes recrues. Il l’avait trouvé trop gentil avec eux. Avait-il assisté à toute la séance ? Car si tel était le cas, c’était une aubaine pour Samehada. Au moins pour la prochaine fois, le duo pourrait se lâcher un peu plus sans craindre des réprimandes des hautes sphères. Même si rien n’était moins sûr en ce qui concerne le nombre de participants. Fuka trouverait bien un autre stratagème pour attirer des victimes innocentes sous prétexte d’un entraînement particulier. Mais ce n’était pas là le sujet semble-t-il. Le Tsuchikage semblait avoir d’autres préoccupations en tête.

Enchaînant immédiatement, l’Oterashi commença à évoquer les fameux Bijuus qui avaient fait surface au beau milieu de la guerre entre l’Empire et Kumo. De bien des horizons, la rumeur s’était répandue comme une nuée de poudre sur l’apparition de ses abominations. Tel pouvait être le terme utilisé par moment pour caractériser ses créatures. Pour le Taisa, c’était une aubaine car c’était en partie eux qui avaient poussé sa rencontre avec l’ex Seigneur de Kusa. Il s’en était allé trouver le Kamui pour l’interroger sur le démon Sanbi. Aux termes de la discussion, l’Empereur avait dirigé le Sabreur vers son bras droit qui avait aujourd’hui repris les rênes.

Les récits de leur source incommensurable de chakra avaient bien évidemment attisé la convoitise de l’épée de Fuka. Ce dernier était également intrigué par ces bêtes d’un ancien temps. Leur puissance inégalable était-elle si démesurée ?! Tout être a une limite. Même cet homme surpuissant qui avait terrassé l’équipe Shukajin sur ce fameux pont. Le Patriarche. Une rencontre que ni le jeune homme ni l’épée n’avaient oublié. Seulement les Bijuus semblaient être encore plus redoutables que cet homme. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître.

La capacité de Samehada à déguster le chakra de ses victimes semblait maintenant fortement intéressé l’Oterashi. Pas besoin d’être un fin stratège militaire pour comprendre le sens de sa visite ou même l’idée qu’il trimbalait dans sa tête. Laissant le soin à la nouvelle Ombre de s’exprimer, Fuka attendit qu’il ait terminé pour répondre. Mais les derniers mots stoppèrent net le bretteur. Une arme contre les Bijuus. Peau-de-Requin était alors toute ouïe. Plus présente que jamais dans l’esprit du Taisa qui prit enfin la parole :

- J’en ai entendu parler oui naturellement. La nouvelle n’a pas manqué de traverser toutes les bouches et les oreilles. Je me suis penché sur les capacités de Samehada justement. Difficile de répondre à ses questions, même pour moi. Je pense que toute cette énergie a un but bien précis autre que la gloutonnerie. Quant à définir lequel, là ça reste un mystère. Si j’ai rejoint le Shozaichi il y a quelques années ce n’est pas pour rien. Peau-de-Requin semblait avoir repérer la trace de son créateur qui nous en aurait dit un peu plus. Mais pas de traces de lui. Donc pas plus de réponses que ça. Mais dans un tel contexte géopolitique, il semblerait que ce don nous soit très précieux en effet.

Il marqua un temps de pause où il fixa son interlocuteur sans sourciller. Il tâchait de réfléchir à une chose qui lui échappait totalement néanmoins. Voyant qu’il n’y avait pas de réponse instinctive qui venait de la part de son supérieur, il brisa le silence pour la poser :

- Mais qu’entends-tu par « arme » ? Par quel moyen comptes tu procéder pour qu’Iwa s’équipe d’un tel moyen ?

Yanosa ne tarda pas d’expliquer un peu plus son projet. Ambitieux certes mais compréhensible. Nécessaire même pour assurer la pérennité de la Capitale. Iwa venait de se créer sur les cendres de l’Empire. Ce n’était pas pour en connaître le même sort. Le monde avait autrefois eu un avant-goût du pouvoir destructeur des Furyous. Celui des Bijuus semblait tout aussi terrifiant. Mais il n’en restait pas moins fascinant pour le jeune Taisa.

Un seul hic semblait intervenir dans la réalisation de ce plan. Fuka se doutait que l’Oterashi avait déjà dû y réfléchir mais il s’agissait là d’un échange entre deux compagnons d’arme et c’est de cet échange que pouvait naître des idées. Le principal problème selon le bretteur reposait dans la réalisation de cette arme. Surtout dans ses plans et dans la technicité que cela pouvait demander. Certains shinobis en ce monde en étaient capable. Mais ils n’étaient pas Iwajins ou de fanatiques partisans de l’Empire. Ils étaient Sunajins ou éparpillés un peu partout sur la surface du globe. A moins d’en capturer un pour en faire un savant esclave de leur force, il n’y avait pas d’autres alternatives. C’était dans ce genre de moment qu’un avis expert tel que celui de Van ce serait montré fort utile :

- Si Van était parmi nous encore, il pourrait nous aider pour se charger de la partie « technique ». Ce genre de dispositif nécessite un minimum de réflexion. Nos connaissances nous permettent une telle réalisation à l’heure actuelle ?! Ou as-tu un moyen en tête d’accélérer la construction d’une telle arme.

Vint ensuite la mission que le Tsuchikage souhaitait lui confier. Une mission d’investigation auprès du clan Suishô dont les capacités semblaient intéressantes pour mener à bien le projet de l’arme à Bijuu. La capacité de leur cristal semblait être un parfait catalyseur d’énergie. Une information que le Taisa voulait bien croire mais qui reposait sur des suppositions plus qu’autre chose. Une potentielle perte de temps. Il ne camoufla pas son scepticisme qui put se lire aisément sur son visage. Une grimace d’incompréhension précédant quelques mots :

- Tu comptes réellement t’en remettre à un pari ?! Vu la situation dans laquelle nous nous trouvons c’est un peu trop audacieux je pense. Pourquoi ne pas exploiter les ressources actuelles dont nous disposons.

Comme si la solution s’imposait d’elle-même, Fuka saisit la garde de son épée qu’il vint brandir face à lui, la pointant vers son interlocuteur qui connaissait bien les capacités de Peau-de-Requin, pour les avoir même énoncées quelques minutes auparavant. Ils n’avaient aucune réponse encore à son propos et ils exploitaient déjà une autre piste ?! Fadaises.

- Si nous commencions par tester les capacités de Samehada, nous pourrions sûrement gagner du temps. Supposons qu’elle soit la clé de voûte d’une telle arme. Nous économiserons du temps à en exploiter les limites. Et tu gagnerais à avoir un soldat plus à même de maîtriser ses compétences.

Le deal était honnête pour l’Oterashi. S’il décidait d’y concéder bien sûr.