Soignée et après s'être rassurée que l'encadrement de Senun fraichement conquis se déroulait parfaitement alors que Yanosa s'était éclipsé sans informer quiconque, Mairu alla s'isoler en haut du rempart qui faisait face à la mer. Une grande partie de la muraille avait été détruite durant les assauts par la voie maritime de la troupe kirijine menée par le guerrier rouge alors que sur la plage, des traces d'une confrontation féroce étaient encore clairement visibles et pourtant, le regard perdu au lointain, là où le ciel semblait toucher la mer, la Natsumi ne voyait pas cette scène bien sinistre.

Les bras croisés sous son opulente poitrine et le faciès incroyablement serein, physiquement la jeune femme était à Senun mais mentalement elle était à Kiri. Endroit où elle avait hâte de retourner afin d'apaiser l'inquiétude qui l'animait malgré le calme dont elle faisait preuve. Son foyer avait-il été épargné par la guerre ? Le Mizukage et ses élèves étaient-ils déjà de retour ? Son être refusait ne serait-ce que de penser à leur capture ou à leur mort. Ils étaient sans doute blessés, tout comme elle, mais tous étaient surement rentrés à la maison ou bien étaient sur le chemin de retour et bientôt elle les retrouvera. Du moins, elle l'espérait.

Ce fut un kirijin d'une vingtaine d'années qui vint ramener la samouraï à la réalité. Le jeune homme lui annonça que l'Oterashi venait de tuer un soldat de Kaminari sous le coup de la colère en apprenant la mort de l'Empereur et qu'ils devaient se retirer de Senun. Gardant son calme alors que ses poings s'étaient fermés pour mieux réfréner ses émotions, la Natsumi se figea un moment sur place avant de suivre le jeune soldat de la Brume.

Moins d'une heure plus tard, les voilà qui s'éloignaient du port ravagé de Senun. À bord des navires qui prenaient la direction de Mizu no kuni se trouvaient des survivants et ceux tombés durant cette guerre qui au final se révélait n'être qu'une boucherie inutile. Mairu avait refusé de laisser les kirijins qui s'étaient sacrifiés dans cette ville étrangère. Leurs corps méritaient d'être ramenés auprès de leur famille. Ils auraient tous, des funérailles dignes des braves soldats qu'ils étaient.

À bord se trouvaient également des prisonniers de guerre. Certains, ceux qui avaient reçu des blessures graves et n'attendaient plus que leur heure pour mourir et des non gradés qui se serviraient à rien avaient été laissés sur place. Parmi le prisonnier de valeur et en bonne santé se trouvait le maître de l'argile explosive au drôle de chapeau qui avait laissé un bien hideux souvenir dans le dos de la samouraï.

Durant le trajet, la Natsumi et l'Oterashi n'échangèrent le moindre mot. La colère de ce dernier était encore palpable et Mairu ne désirait pas l'attiser. La jeune femme craignait qu'un mot de travers de sa part réveillerait le démon. Cet homme était un véritable monstre et sa présence créait une véritable tension à bord, bien plus que les corps sans vie qui leur tenaient compagnie.

La plupart des soldats de la Brume craignaient le guerrier rouge mais un osa pourtant aller vider sa frustration d'avoir perdu des précieux camarades pour rien sur Yanosa. Un acte bien téméraire et surtout futile. Non seulement le pauvre fou risquait inutilement sa vie, de plus, il ne servait à rien de chercher un coupable sur ce qui s'était passé. Une guerre on pouvait la gagner ou la perdre et dans le dernier cas, les morts s'avéraient toujours inutiles mais ceux qui s'y étaient engagés savaient à quoi s'entendre.

Le guerrier rouge ne s'emporta pas comme la samouraï s'y attendait. L'initiative que l'Oterashi entreprit une fois en avoir terminé avec l'impertinent kirijin ne surprit pas par contre la Natsumi. L'ancien seigneur de guerre s'était téléporté sans énoncer une fois de plus sa destination mais ceux qui avaient assisté à sa disparition avaient compris qu'il était parti définitivement cette fois-ci.

« Non mais quel être méprisant ! Lâcha un des soldats de la Brume. Jamais plus je ne suivrai un tel homme ! »

Les voix s'élevaient rapidement pour parler du guerrier rouge alors que jusque-là le silence était maître à bord. Restant silencieuse dans son coin, Mairu sentit une pointe de déception la saisir. Malgré l'indifférence dont elle avait fait preuve jusqu'à présent vis-à-vis du guerrier rouge, au fond elle avait secrètement espéré qu'ils finiraient par s'entendre. Mais au final, elle se rendait juste compte de l'existence de l'énorme fossé qui les séparait et que peut-être jamais un pont ne traverserait.

La Natsumi avait l'impression de revivre cette scène où l'Oterashi avait renversé l'eau qu'elle lui avait offerte de bon cœur alors que celui-ci était mort de soif …