À la recherche d'une réponse (solo)

Depuis bien longtemps, Yūdai s'était fait une promesse à lui et à son grand-père. Une qui lui tenait particulièrement à cœur étant donné qu'elle était en quelque sorte la principale raison qui le faisait vivre. Si on ne compte pas le fait qu'il voulait s'impliquer à fond pour sa patrie, quitte à en laisser sa vie. Mais cet engagement restait bien plus important à ses yeux, il le mettait un cran au-dessus de son autre objectif. En même temps il allait lui permettre de découvrir qui il était réellement. D'où venait-il avant de s'installer à Kiri, qui étaient ses parents.. Tellement de questions pendant tant d'années sans aucun agissement. C'était comme se mentir à lui-même. Il manquait de moyens, d'une piste concrète qui allait lui permettre d'avancer.. Bien qu'il n'y avait pas que ça. La peur de découvrir la vérité l'empêchait aussi de passer à l'action. Des révélations, il y allait certainement en avoir et certaines pourraient tout changer. Mais dans quel sens? Une bonne question qui était ancrée dans le crâne du Kirijin.

La première chose qu'il avait en tête pour permettre de se découvrir était de commencer par la seule personne qu'il avait eue depuis tout petit : son grand-père. C'était la seule piste exploitable pour le moment. C'était aussi le seul chemin prometteur à suivre. Car en réalité, cette personne qui l'avait éduquée ne s'était pas réellement livrer au jeune garçon. À vraie dire, il ne savait rien pas grand-chose de sa vie, hormis le fait qu'il était marchand et vagabondait énormément avant de l'avoir adopté. Il s'était dès lors fixé un premier objectif qui visait à savoir qui était exactement son grand-père. Un indice qui allait probablement en amener à un autre. Encore fallait-il qu'il s'avère concluant.

De beau matin, Yūdai comptait rendre visite à quelques personnes qui fréquentaient son grand-père. Il s'en souvenait comme si c'était hier. Quelquesfois, il restait seul lorsque le vieil homme sortait dehors. Parfois pour amener des courses ou parler à des voisins. L'adolescent était quelqu'un de curieux qui aimait fouiner un peu partout. De temps à autres, il espionnait celui qui l'avait élevé. C'était une manière de s'occuper, mais aujourd'hui, ce passe-temps allait lui offrir des réponses. Du moins, il l'espérait.

Après s'être préparé et prit son petit déjeuner, il prit la route des différents domiciles. Tous ceux sur qui ils tombaient étaient des personnes âgées du même âge de son grand-père, visiblement. Mais pour la plupart il n’apprenait rien de bien intéressant. Le vieillard se faisait discret et ne se confiait pas tellement au voisinage. Les seules informations que Yūdai
recevaient étaient sur ses affaires commerciales. Ce n'est pas ce qu'il voulait entendre, il ne considérait pas cette information comme intéressante. Au cours de sa tournée une seule personne avait retenu son attention. Un vieil homme qui semblait déjà le connaître.

« Bonjour monsieur. Je suis le.. »

« Oh mon enfant. Tu es le petit-fils de ce bon gaillard de Sato ! Quel bon vent t'amène ici? »

Sur le moment, Yūdai était surpris. Pendant quelques secondes, il avait un blocage. Qu'une personne le reconnaisse l'avait étonné. Pour lui c'était la bonne. Il allait enfin avoir des réponses.

« Oui tout à fait. J'aimerais en apprendre plus sur lui justement. Notre relation fut courte et je n'ai jamais su réellement qui il était. »

Le vieil homme en face de Yūdai le convia à rentrer chez lui. Il lui avait fait signe de s'installer en prenant soin de lui offrir un thé. Il était tout souriant, comme si la visite du genin le rendait heureux. Malheureusement le retour à la réalité fut très rapide après que l'homme ait pris la parole.

« En réalité, je ne saurais quoi te dire sur Sato. C'était quelqu'un de très réservé et on le voyait rarement avant qu'il soit avec toi. Avec ses affaires, il voyageait énormément. C'était comme un fantôme. Tout ce que je peux te dire c'est que lorsque que tu es entré dans sa vie ce n'était plus le même homme. Tu lui avait redonné foi en la vie mon enfant. Et c'est certainement toi qui lui ai offert du bonheur dans sa longue vie.

Si tu veux vraiment en savoir plus sur lui.. Tu devrais voir à quelques pas d'ici. Une femme qui semblait très complice avec ton défunt grand-père. Elle seule pourrait te donner ce qu'elle cherche. »

De la déception. En réalité, il y en avait peu. Ce qu'il avait entendu du vieil homme lui avait redonné le sourire. Entendre qu'il avait offert du bonheur à son grand-père lui touchait profondément. Sans attendre, il remercia l'homme pour partir en direction de la maison désignée. Cette fois-ci c'était la bonne pour Yūdai! Il y courait comme un enfant recevant un cadeau le jour de son anniversaire, il était tout proche du but!

Mais, parce qu'il y avait encore un mais.. Personne ne semblait présent à l'intérieur. Dégoûté, le bon mot dans cette situation. Il ne savait pas comment réagir. D'ailleurs, il hésitait même à forcer la porte pour vérifier ce qu'il y avait à l'intérieur de cette maison. Il avait du mal à accepter l'absence de cette personne. Il essayait de se rassurer en se disant qu'elle était sûrement sortie et qu'elle allait revenir. En même temps, il pensait aux pires situations. Elle était âgée, elle aussi pouvait être morte.. Énormément d'idée sur cette absence.

Comme un poteau il était fixé devant la porte à attendre. La conséquence d'une triste nouvelle qu'il avait besoin de digérer.

Une goutte tomba sur ses cheveux. Puis plusieurs. L’habituelle pluie de Kiri venait saluer le village et celle-ci n'allait pas être de passage pour une petite heure. Une véritable averse s'abattait sur les rues de la brume. Le brun lui était après deux heures toujours cloué devant la porte de cette fameuse personne qu'il souhaitait rencontrer. Pendant ses deux heures il frappait continuellement à la porte à un intervalle de cinq minutes. Pourtant il était clair que personne ne se trouvait à l'intérieur. Ce comportement totalement paranoïaque le rendait d'autant plus suspect pour le voisinage. Malgré ce déluge il n'eut aucune réaction. En temps normal il aurait agi comme la majorité des personnes en rentrant chez lui ou en restant dans un endroit isolé de la pluie. Après-tout il ne fallait que quelques minutes pour qu'il soit totalement trempé en train de nager dans ses vêtements. Bizarrement ça ne semblait pas lui gêner. En voyant Yūdai on pouvait jusqu'à croire que le monde s'était totalement bloqué. Cette réaction stupide ne collait pas du tout avec les valeurs qu'il souhaitait défendre. Concrètement sans aucune réaction extérieure il aurait pu rester planter là encore plusieurs heures à espérer que la porte s'ouvre. Heureusement pour lui un vieil homme qui habitait juste à côté lui hurla dessus. Il avait repéré l'adolescent depuis une heure sans le lâcher du regard. Son comportement l'intriguait et l'inquiétait, notamment pour la personne qui devait se trouver à l'intérieur de ce foyer.

« Oh le môme ! T'es pas chez toi ici alors fiche le camp !! »

L'orphelin l'avait évidemment entendu. Cependant il n'avait pas bougé d'un poil, sans lui répondre. Un bref regard du coin de l’œil pour voir d'où provenait cette voix qui s'exclamait bruyamment. Le fait de ne recevoir aucune réponse énerva encore plus le grincheux. Alors il persévéra en continuant de crier allant jusqu'à le menacer et lui dire des ordures. Certains mots pouvaient être dur entendre pour le jeune garçon. Il fallait que cette personne agisse physiquement pour qu'il réagisse enfin. C'est en recevant un projectile que Yūdai se reprit. Sur le coup il ressentait un peu de colère suite au coup. Il lança un regard froid vers le coupable comme s'il allait à son tour passer à l'action. Néanmoins il n'était pas aussi fou à ce point. Il connaissait le respect en avait surtout pour les plus âgées. Il se retourna soudainement entrant ses mains dans ses poches pour rebrousser chemin. C'est une fois loin que les conneries du vieillard cessaient. C'est sur cette dernière phrase que Yūdai arrêta de l'entendre.

« La prochaine fois je viendrais te botter l'arrière-train moi-même!! »

Il marchait lentement le regard rivé au sol. La douche qu'il prenait lors du trajet lui permettait de réfléchir à ses derniers agissements et de prendre conscience de certaines choses. Notamment ce comportement totalement absurde qu'il avait lors de ses recherches. Franchement en adoptant encore cette attitude il fonçait droit dans le mur. Au final il n'avait que de la détermination quand les choses allaient en sa faveur. Mais lorsqu'il était perdant il n'arrivait pas à accepter la défaite. Comment pouvait-il vouloir des réponses avec cette mentalité ? Autant pour ses origines ou pour les futures situations qu'il allait rencontrer. Ce n'était qu'un gosse qui ne connaissait rien de la vie. Il n'avait toujours pas vu le pire, le vrai.

Et s'il souhaitait aboutir ses deux gros objectifs il lui fallait un mental d'acier. Visiblement ce n'était pas encore le cas..

L'averse tombait encore au sein de la brume. Dans une sombre ruelle située juste derrière le domicile de l'adolescent des coups ainsi que des bruits justifiant des efforts physiques retentissaient. À l'extérieur de cette allée il était difficile de distinguer qui s'y trouvait mais aussi ce qu'il y faisait exactement. Une chose est sûre, cette personne donnait des coups. En revanche sur qui, sur quoi, la question se posait encore. C'est sur des cartons, des objets éparpillés à l'intérieur de cette voie que toute une rage était évacuée. Parfois c'était même les murs, quitte à se faire mal et s'ouvrir. Les coups s'enchaînaient encore et encore, tout comme les grognements. La forte pluie toujours présente masquait plus ou moins le vacarme et empêchait le voisinage d'être dérangée. Ce soir là Yūdai avait besoin de frapper sur quelque chose. Il voulait souffrir physiquement comme s'il recevait une correction pour son comportement puéril. À force de porter de nombreux coups quelques gouttes de sangs s'ajoutaient aux plusieurs flaques d'eau. C'est sur sa propre personne qu'il voulait tout déverser. La précédente marche nocturne l'avait permis de se remettre en question. Et au final il s'en voulait. Il se sentait fautif de tout ce qui lui arrivait. Les recherches qu'il avait entamées furent trop tard selon lui. Le vieil homme qui l'avait recueilli était mort depuis quatre ans déjà. Selon lui, c'était lors de cette période qu'il fallait agir. Peut-être qu'il était trop tard. Peut-être qu'il n'était pas capable de tenir cette promesse faite à lui même. Durant ses frappes fréquentes il s'exclamait à lui-même.

« Espèce d'idiot.. ! » S'en-suit un énième coup. « Tu n'es qu'un rien que moins ! Regarde-toi en face. Comment oses-tu vouloir de l'importance ici ?! Qu'est-ce que penseraient tes parents s'ils te verraient aujourd'hui ?! »

Une bonne question. Celle-ci l'arrêta même dans son accès de colère laissant entendre son souffle sous le bruit des gouttes heurtant le sol. À force la fatigue et l'émotion allait véritablement le détruire. En revanche il ne pouvait pas se permettre d’abandonner ce qu'il avait commencé. Bien que le début de ses recherches n'avait pas donné le gros lot c'était question de fierté. Mais aussi d'honneur. Une promesse avait été faite. Il fallait la respecter. C'était un homme, non ? Quel lâche serait-il s'il ne se respectait pas lui. Pire, ça serait honteux. Cet engament avait aussi été dit à son grand-père. Souhaitait-il vraiment décevoir celui qui l'aimait de tout son cœur ? Lui qui l'avait appris à être un homme ? Dernièrement toutes ses choses apprises n'étaient pas mises à profit. Il se laissa tomber au sol le visage rivé vers les cieux. Un visage qui était totalement décomposé changea totalement pour laisser place à la détermination. C'est de cette manière qu'il regardait le ciel. Comme s'il regardait un adversaire et qu'il était prêt à l'écraser. Au fond il s'adressait à ses parents et son grand-père qui le regardaient certainement depuis l'au-delà. Comme s'il s'excusait et qu'il annonçait qu'il n'allait pas lâcher prise.

« Je vais le faire. Je dois le faire. Sans ça je ne pourrais jamais accomplir mon rêve. C'est une obligation. Je réussirais ! Vous pouvez compter sur moi. » Il regagnait confiance en lui. Cette attitude était la bonne. Dans le futur celle-ci sera à appliquée, car elle était nécessaire.

Observant les étoiles, il incarnait de par son expression un véritable vainqueur prêt à gagner sa propre guerre.

Plusieurs bandages allaient accompagner l'adolescent pendant quelques jours. La conséquence de sa précédente bêtise lors d'une soirée mouvementée. Heureusement pour lui rien de grave à déclarer. Néanmoins il fut repris pour ses actions insensées. Se faire passer un savon allait lui faire du bien pour le relancer correctement. Une fois sorti de l'hôpital il y resta devant pendant plusieurs minutes à réfléchir. Une mise au point était nécessaire concernant ses recherches. Notamment se positionner sur celle-ci et recenser les informations pertinentes récoltées. Les mains dans les poches, dos au mur, il regardait le ciel en pleine réflexion. La base de cette investigation était avant-tout son grand-père. Il fallait le connaître un peu plus et espérer qu'il avait parler de la trouvaille de l'orphelin à une de ses connaissances. Le souci étant que la seule personne pouvant éclaircir Yūdai sur ce sujet ne se trouvait pas chez elle. C'était sa seule et unique piste pour le moment. Le vieillard l'ayant guidé vers cette femme lui ne semblait pas tant le connaître si bien que ça. A priori c'était peine perdue. Mais la vision du jeune brun avait totalement changé. Marre d'abandonner, allons plutôt de l'avant. Si un indice n'était pas concluant, cherchons en un autre ! La persévérance. Cette voie était celle à suivre.

Alors il reprit la route au sein du village, sans forcément avoir une destination. Le garçon vagabondait tout simplement au sein de la brume, histoire de prendre l'aire ou de voir des amis pour se changer les idées. Aujourd'hui il ne comptait pas reprendre sa propre enquête. Il s'était fixé ça à demain. Le soir-même il comptait prendre une petite heure, voire plus pour s'organiser proprement et avoir un fil conducteur. Ce qu'il redoutait le plus était de devoir quitter le village pour creuser un peu plus. Le grand-père qui était marchand naviguait souvent entre l'eau et la roche pour ses affaires commerciales. Quitter le village ne lui était pas autorisé. Cette histoire n'était que personnelle après-tout. Et il était hors de question pour lui de partir de Kiri sans autorisation. Autrement dit déserter. Ce village faisait parti de ses projets. Il voulait y évoluer. Saigner, suer, pleurer pour la brume: tel était son nindô.

En cours de route il passa devant l'ami de son grand-père. Durant le trajet Yūdai était tellement perdu dans ses pensées allant même jusqu'à ne pas remarquer l'individu. Celui-ci qui s'attendait à un bonjour fut assez surprit. Évidemment il l'appela. Visiblement il souhaitait en savoir plus sur l’état de ses recherches.

« Salut mon garçon ! Approche, tu ne m'as même pas remarqué ! » disait-il en rigolant.

Le premier réflexe était évidemment de présenter ses excuses.

« Mes excuses monsieur. Je pensais à quelque chose. Comment allez-vous ? »

« Très très bien. Comment avance ton histoire ? J'ai cru comprendre que tu cherchais cette fameuse Ayako ? Qu'est-ce qu'elle a pu te dire ? »

Il grimaça avant de lui répondre. Son visage montrait clairement qu'il n'avait rien obtenu.

« Je n'ai pas réussi à lui parler. À vraie dire je ne l'ai pas vu tout court. »

Le vieil homme lui, le souriait. Il posa sa main sur son épaule.

« Si tu venais chez moi la semaine prochaine ? J'aurais des choses à te dire. Viens vers 18 heures. Je dois partir maintenant j'ai quelques bricoles à faire ! Salut mon garçon et soit à l'heure ! »

Sur le coup il fut assez surpris de sa proposition. Une invitation, certes. Mais dans quel but ? Cet homme lui avait-il réellement tout dit ? Cachait-il encore des choses ? Avait-il en possession la clé qui allait mener le garçon à ses réponses ? Une semaine. C'était la durée d'attente. D'ailleurs cette semaine allait être sûrement la plus longue qu'il ait connu.

Enfin. Cette fichue semaine d'attente était désormais terminée. Comme il l'avait prédit, elle fut longue, très longue. Les sept jours s'apparentaient à des mois pour le jeune brun qui n'avait rien de prévu. Autant dire que pour lui, c'était une horreur de rester glander à rien faire. L'impatience le démangeait. En même temps, il y avait de quoi. Le vieil homme qui l'avait invité avait apparemment des choses à lui dire, d'autant plus que la manière qu'il adoptait signifiait clairement une annonce importante. Puis, autant de jours pour quelques paroles qui auraient pu être livrées lors de la précédente semaine.. Bizarre. Dans la tête de l'adolescent, c'était évident : le vieillard détenait en sa possession plusieurs informations sur son grand-père, voire lui-même et gardait ça pour lui. Enfin, ça pouvait aussi être tout le contraire. Après-tout les personnes âgées sont imprévisibles, ce rendez-vous pouvait être tout à fait banal. Quelques conversations autour d'un bon thé chaud et basta. Si ça arrivait, Yūdai aurait du mal à le diriger, lui qui s'était fait beaucoup de films. Pour en avoir le cœur net, rien de mieux que de s'y rendre sur place. L'attente avait duré assez longtemps, tout comme ses idées. Place à la réalité.

Le garçon devait être présent à dix-huit heures. C'est exactement à cette même heure qu'il se trouvait devant le vieillard. Plus vite il y serait, plus vite il obtiendrait peut-être son vœu. Derrière la porte se trouvait alors ce soixantenaire, tout souriant en le voyant. Voir ce petit gars déjà sur place l'amusait, il sentait en lui une certaine détermination tout comme une soif de savoir. Sans plus attendre, il l'invita à entrer chez lui.

« L'heure c'est l'heure pour toi mon garçon, ah-ah. Bien le bonsoir. Entre donc je te prie, je crois que tu attends ce moment depuis longtemps maintenant. Tu es déjà venu chez moi, alors tu connais plus ou moins la maison. Va donc au salon, je te rejoins d'ici quelques secondes. »

Comme demandé, il se dirigea vers le salon où une deuxième personne s'y trouvait. Une dame, assise en sirotant un thé chaud. Plutôt petite de taille, plusieurs rides recouvraient son visage affirmant ses nombreuses années d'existence. Tout comme l'homme, cette personne touchait la soixantaine. Ne s'attendant pas du tout à rencontrer quelqu'un d'autre, Yūdai resta légèrement en retrait. Laissant une simple salutation plutôt timide sans même lui adresser la parole. Sur le coup, il n'y avait pas pensé, mais il cherchait cette dame depuis maintenant plusieurs jours. Par la suite, une main se déposa sur l'épaule du jeune brun, celle du propriétaire de la maison. Heureusement qu'il était venu aussi rapidement, il allait pouvoir faire les présentations.

« Bien, comme tu le vois, voici Yūdai. Yūdai je te présente Aneko. Aneko est.. était une très bonne amie de Sato. C'est d'ailleurs elle que je t'avais suggéré de voir. Mais elle était un peu occupée, c'est sûrement pour ça que tu ne l'as pas trouvé. J'ai réussi à la contacter et je lui ai parlé de toi. Si tu as des questions, c'est ton jour. »

Ce malaise qu'avait l'adolescent fut totalement évaporé en quelques secondes. Donc c'était elle qui pouvait lui permettre d'en apprendre plus sur sa propre personne. Et qui sait, enfin lui donner une nom de famille. Un grand sourire se dessina sur son visage, il remercia par la même occasion cet homme qui venait de lui apporter une immense aide. Directement, il prit place aux côtés de cette fameuse Aneko. Elle connaissait bien son grand-père apparemment, en toute logique il avait dû lui parler du drame qu'était arrivé à l'orphelin. Rapidement la conversation s'entama entre les deux personnages, notamment des questions et réponses sur l'homme qui l'avait élevé. Comme sur sa jeunesse, ses habitudes et d'autres choses en tous genres. En apprendre plus sur cet ancien vagabond qui avait tout laissé tomber pour prendre soin de lui, lui faisait extrêmement du bien. Au fond, il était ému. La vision qu'il avait sur lui ne changeait pas : une personne en or, qui aurait certainement mérité une meilleure vie. Le dialogue battait son plein jusqu'à cette question directe :

« Merci pour toutes vos réponses. J'aurais une seule et dernière question. Qui suis-je ? »

Après ses trois mots, l'ambiance à l'intérieur fut marquée par un énorme blanc. « Qui suis-je ? » L'interrogation était claire. Certes, il avait récolté suffisamment de réponses, mais celle-ci était la plus importante à ses yeux. Par rapport aux autres demandes, elle se plaçait au sommet de la pyramide. L'objectif principal du gamin s'accomplirait une fois qu'il prendrait connaissance de ses origines. Ainsi, il serait en mesure d'avancer dans ce triste monde. La dame, quant à elle reprit une gorgée de sa boisson avant d'afficher un nouveau sourire. Son regard dirigé tout droit dans celui-ci de La vision qu'il avait sur lui ne changeait pas : une personne en or, qui aurait certainement méritée une meilleure vie., elle prit un ton beaucoup plus sérieux.

« Maintenant je m'en souviens, il m'en avait parlé quelque temps avant son départ.. » Un autre blanc. « La réponse que tu cherches est bien plus proche que tu ne le crois. »

...

Une pièce sombre, illuminée par une seule et unique bougie dont la flamme rendait la vision dans un endroit restreint. L'ambiance à l'intérieur était très calme, personne ne semblait occupée la pièce. Un léger souffle éparpillant la poussière présente sur un bouquin, ainsi qu'un carnet visiblement gardé sur une table des mois, voire des années. Le petit carnet lui se trouvait superposé sur le livre. Toujours aucun bruit, excepté celui de pages se tournant. « La réponse que tu cherches est bien plus proche que tu ne le crois. » .. En effet, elle était juste sous ses pieds. Ce premier cahier ne montrait rien d'original, n'importe quelle personne pourrait s'en acquérir un pour noter des informations, dessiner ou se faire un journal intime. Une écriture soignée et lisible racontait une histoire, celle d'un vieillard recueillant _un enfant versant des larmes aux côtés d'un arbre. Le jeune garçon lisait ce récit et entrant complètement dans l'histoire, ses émotions prirent le dessus. La tristesse, la joie, la colère mais aussi la peur. Les sentiments ressentis lors de cette histoire n'étaient pas dus au « scénario » dicté. Non. Cette histoire était bien réelle. Mais par-dessus-tout, elle expliquait la jeunesse de Yūdai. Difficile d'y croire après une quête qui semblait irréalisable. Surtout difficile de croire que les réponses tant cherchées patientait juste dans sous-sol. La vie est pleine de surprise, elle venait d'en faire une belle à l'adolescent.

Tout lentement, il lisait, tournait les pages et en apprenait un peu plus sur ce qui lui était inconnu. L'ouvrage se distinguait en trois parties différentes. La première elle, expliquait les soixante dix années de Sato, son grand-père. Comment avait-il grandi, ce qu'il souhaitait accomplir, comment s'était-il retrouvé à vagabonder les contrées Shinobi pour manger son pain. Des informations intéressantes, reçues à la fois dans la joie et la tristesse. La joie d'en apprendre plus sur cet homme qui l'avait appris à marcher et l'avait plus ou moins préparé à affronter ce douloureux monde. Tout comme la tristesse de constater qu'aujourd'hui, cette personne avait quitté le monde. Ce premier chapitre terminé, une larme tomba sur la dernière page, accompagné de quelques mots chuchoté. « Merci. Merci pour tout. »

La deuxième partie parlait de ses parents. Ceux qu'il n'avait jamais connus et dont lesquels il n'avait aucun souvenir de ses premiers jours passés avec eux. D'après les dires, eux aussi se trouvaient à Tsuchi no Kuni lors de leurs derniers jours laissant supposer que Yūdai venait de la Roche et non de l'Eau. Bien que cette information était réelle, seule la brume avait un sens pour sa vie. Et rien n'allait changer son allégeance à Kiri, malgré ses antécédents familiaux. Après-tout il avait grandi ici. Le texte lui, annonçait le sacrifice d'un père et d'une mère pour la survie de leur enfant. Violemment agressé par des criminels, le nouveau-né était forcé d'être abandonné, lui permettant de grandir, découvrir le monde et assurer un héritage. La scène ne pouvait être décrite, explicable par la non-présence du vieil homme lors des faits. Le corps des défunts ne fut guère retrouvé par celui-ci, certainement caché par les coupables pour camoufler l'affaire. Néanmoins cet incident s'expliquait facilement, la cause des détails délaissés dans la nature : les résultats d'un affrontement. La tristesse était encore présente, mais elle fut rejointe par la colère. La soif de vengeance, l'envie de faire saigner ses enflures, les faire souffrir. Peu probable, mais si un jour il tomberait nez à nez avec ses mandarins, ils ressentiront la même douleur que l'orphelin.

Venait pour achever la troisième partie. Sans aucun doute la plus importante à ses yeux. Elle expliquait précisément dans quel contexte le garçon fut trouvé, mais surtout elle l'informait sur sa véritable identité. Lors de la lecture, le doute planait. Il est vrai qu'il avait pris de l'âge sous le nom de Yūdai, mais était-ce véritablement le sien ? Ce prénom provenait-il des parents ou du grand-père ? La réponse se trouvait à la dernière page, mais avant, une déclaration capitale fut écrite. Juste avant que ses parents le laissèrent à l'abandon, un message fut laissé, destiné à celui ou celle qui tomberait sur l'enfant. Auprès de lui, un objet en cristal s'apparentant à un bijou, avec gravé dessus l'identité de l'orphelin. Cet objet se trouvait dans la chambre de l'homme, dans un de ses tiroirs. La lecture touchait à sa fin, il ne restait qu'une dernière phrase. Il reprit un court instant sa respiration avant de l'entamer. La satisfaction commençait à se ressentir, tout comme les différentes émotions prenant le dessus sur lui. Quelques mots pouvant ne pas être grand-chose pour une autre personne, mais pour lui, c'était treize ans d'attente. Contrairement au reste, cette dernière page fut récitée à voix haute.

« Suis ton destin, Yūdai du clan Suishô. »

..

La flamme de la bougie venait de s'éteindre, plongeant le jeune garçon dans l’obscurité et un silence total..

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