C'était une introduction classique de récit, comme Natsuki en faisait occasionnellement dans sa narration. Une introduction différente de ce que Mizuki avait l'habitude de faire, qui ne prenait pas 98 % de texte avec une histoire complètement à côté de la plaque pour conclure en deux phrases – 1 % chacune – en contexte. Mais c'était une introduction pas forcément mieux que celle sus-mentionnée, car dans le fond moins intéressante, moins prêtant à rire ou au moins, à sourire. Ce n'était pas le genre d'introduction qui suffisait à elle seule à faire venir le lecteur, bien souvent même davantage pour elle que pour le reste du texte. Un peu comme les films sur Hulk en fait : quand l'on venait dans la salle de cinéma, ce n'était pas pour les scènes avec Bruce Banner. Enfin... encore fallait-il aller les voir, ces films, car de mémoire ils n'étaient pas fantastique, mais vous avez comprit l'analogie.

Ceci était donc une introduction, le genre que faisait Natsuki quand il s'ennuyait, qu'il ne savait pas trop à quoi elle allait servir. Enfin si, il le savait, mais c'était assez vague. Il avait vite fait convenu la veille avant de se coucher avec Shigo avec Shigo avant de se coucher - lits et maisons séparés donc – de se retrouver sur le terrain d'entrainement aujourd'hui pour un entrainement. Ou plutôt un apprentissage, histoire d'utiliser le terme technique correct – parce qu'il y avait une grande différence entre les deux.

Cela, c'était la base de l'intrigue, posée dans l'introduction. Ensuite, il y avait le reste. Et le reste, Natsuki n'avait pas encore la moindre idée de ce que cela allait être. Il ne savait pas ce qu'il allait enseigner à Shigo, ni ce que ce dernier voulait. Il ne doutait toutefois pas que le Yamanaka, lui, saura – ou saura trouver assez vite.

Et l'air de rien, cela jouait même plutôt en faveur de Shigo tout cela. Car ainsi, il aura plus de matière pour écrire sa propre introduction, sans avoir à se creuser pour rendre un texte tarabiscoté à peu près cohérent – à peu près, hé, il ne faut pas être trop regardant non plus. Ne restait plus qu'à planter le décors : le printemps – parce que Natsuki n'avait pas envie de se jouer en hiver -, et l'après midi - car c'est mieux l'après midi, il fait meilleur au soleil.

Et voilà, le tour était joué. C'était un début, avec des bases solides, au moins assez pour la narration qui allait se construire dessus. Car de toute façon, qui se souciait du départ dans un voyage ? Tout le monde parlait du voyage et de l'arrivée, tout en en débattant sur celui qui avait le plus d'intérêt, mais qui se penchait sur le cas du départ ?

Personne.

Natsuki ne s'ennuyait plus. Shigo avait été un appât parfait dans ce que le Nara tatoué pourrait appeler grossièrement '' un appel d'air ''. Car il avait remarqué, au cours de sa relativement longue vie, que les narrations suivent des chemins étranges, parfois surprenants même, mais que dans le fond, il y avait un certain schéma qui tendait à se répéter, surtout chez les personnes actives.

Voyez-vous, quelqu'un de trop actif est toujours en attente d'une réponse, car il se jette comme un mort de faim sur un post dès que l'un de ses partenaires a terminé son texte, et ce dans les vingt minutes qui suivent – même à 3 h 28 du matin, aucune pitié. Ce qui fait qu'il a tendance à multiplier les narrations à gauche et à droite. Natsuki, pour sa part, se limitait en général à un écrit par jour. Cela lui permettait de faire d'autres choses de sa journée, et de ne jamais être vraiment dans l'attente de son prochain. Il gardait toujours de la marge devant lui, et cela contribuait à un certain confort spirituel. Mais il arrivait que même ainsi, en suivant un rythme dit '' tranquille '', il se retrouvait sans rien de plus à narrer. Et dans ces cas, il déclenchait ce qu'il appelle ce fameux '' appel d'air ''.

Et sans tarder, il vous propose son tutoriel pour vous aussi le reproduire à domicile. En prérequis, cela nécessite d'avoir au moins six réponses en attente, le nombre important peu tant qu'il était égale ou supérieur. Ensuite, il faut ouvrir une nouvelle narration, avec une personne nouvelle, qui ne figure pas parmi celles dont vous attendez l'activité. Et... c'est tout ! Dès le lendemain, vous vous retrouverez avec pas moins de quatre réponses à faire, le reste arrivant en général le surlendemain. Attention toutefois ! Car se retrouver avec d'un seul coup tant à faire peut inciter à passer de la seconde catégorie de narrateur à la première, ce qui a tendance à entretenir le cycle par un excès d’enthousiasme. Alors attention à vous les enfants.

Après, pour Natsuki qui n'était plus vraiment un enfant, cela allait : il appréciait d'avoir beaucoup de travail à faire devant lui même si tout tombait d'un coup, et surtout de le grignoter petit à petit, sans trop se presser. Tant que cela n'arrivait pas le week-end – un week-end où il ne travaillait pas –, il parvenait à faire encore quelque chose de sa vie à côté.

Et sur ces bonnes paroles, il était temps de lancer le cœur de l'intrigue du jour : l'apprentissage de Shigo Yamanaka. Mais déjà, quand Natsuki le vit arriver, il se dit qu'il allait y avoir un problème. En effet, et même s'il ne l'avouera jamais à haute voix, il avait complètement zappé que le brave jeune homme était encore en convalescence, ce qui était bête de sa part. Car si au royaume des aveugles, les borgnes sont mal vu, le Nara tatoué lui avait ses deux yeux, et donc aucune excuse. Heureusement, il avait de la ressource.

Shigo arriva donc à lui, boitillant de sa béquille et de son bras en attèle. Le fait le plus marquant, toutefois, demeurait qu'il ne portait pas son masque : c'était la première fois que Natsuki le voyait à visage découvert. En chair et en os en tout cas, s'il pouvait dire ainsi, puisque le Yamanaka n'avait pas eu le droit de poser avec pour sa photo de dossier. Et pour peu que l'on y jette un œil – ha ha – le profil correspondait à la réalité. Mais malgré cela, la cicatrice demeurait plus impressionnante vu en vrai. Une cicatrice comme l'on en voyait très peu dans les pays développés, le genre qui n'avait pas bénéficié de soins adaptés, et ce, à plusieurs reprises.

« Bonjour Shigo. Je vois que vous vous portez plutôt bien, par rapport à la dernière fois que nous nous sommes vu. Content de voir que vous récupérez convenablement. »

Pas encore assez pour s'entrainer à quoi que ce soit, cela dit. Mais Natsuki avait plus d'une corde à son arc, et s'y connaissait en pirouettes scénaristiques. C'est ainsi que le terrain d'entrainement indéterminé se situa sur la pelouse de sa maison, largement assez pour ce qui allait suivre.

« Je ne sais pas si le médecin qui s'occupe de vous vous en parlé, mais depuis quelques années seulement, les recherches dans le domaine de la médecine ont découvert que voir une action, un mouvement, stimule exactement les même zones dans le cerveau que si l'on l'exécutait soi-même. Les études qui ont suivit ont démontré qu'après une blessure, un athlète sportif qui visualise régulièrement ses exercices habituels pendant la convalescence revient beaucoup plus efficace et en forme de sa rééducation qu'un autre qui ne l'a pas fait. Fascinant, n'est-ce pas ? C'est pourquoi je nous ai donné rendez-vous ici, dans le jardin de ma maison : ce sera largement suffisant. »

Natsuki tira une chaise à Shigo pour qu'il puisse s'installer, puis prit place en face de lui.

« Nous sommes donc ici pour participer activement à votre rééducation, via un travail mental. Pour un Yamanaka, cela ne devrait pas être trop compliqué je pense. Et comme support de base, je vous propose d'étudier une technique. Une technique qui devrait vous être grandement utile compte tenu de ce que j'ai observé à Nami, puisqu'elle compte parmi les indispensables de notre époque : je parle de l'amure de combat. Cela changera peut-être avec les années, cela dit, mais nous n'y sommes pas encore. Alors, cela vous intéresse ? »

Natsuki haussa les épaules.

« Je ne vous reproche pas vos choix, Shigo : c'est toujours évident une fois devant son omelette qu'il fallait casser les œufs pour la faire. Inutile donc de revenir après coup sur ce qu'il aurait fallu faire ou pas. Vous avez décidé ce que vous pensiez être le mieux avec vos capacités. Mon travail maintenant, c'est de vous en donner avantage, pour élargir vos possibilités d'action afin de vous rendre plus efficace sur un plus vaste panel de situations. »

Même si tout polyvalent qu'est un ninja, il ne peut exceller dans tous à la fois.

« En terme de vérité générale maintenant, vous ne me verrez jamais dire le contraire : il vaut mieux esquiver que bloquer, car l'on ne sait jamais quelle surprise peut réserver un contact avec une attaque adverse. Toutefois, toute affirmation ne s'adapte pas à toutes les situations. Aussi, bien qu'il soit préférable d'être agile plutôt que solide, de temps à autre, une couche de protection ne fait pas de mal. Alors déjà là-dessus, il y a deux écoles de pensée. Celle qui affirme que toute armure est générée instantanément à volonté - et ce même devant une attaque dont la vitesse est supérieure à celle de la protection – et la mienne, qui défend que l'on ne peut se protéger que des techniques lancées après l'avoir crée. A vous de voir où vous voulez vous ranger sur ce point là, cela m'est égale. »

Car pour le moment, il n'avait pas encore été confronté au problème. Cela viendra peut-être un jour, mais il en doutait fortement.

« Globalement, les armures défensives élémentaires peuvent être divisées en trois catégories. Les connaissez-vous ? »

Cirano aurait sûrement qualifié son texte d'être un peu trop court, jeune homme, aussi Natsuki ne s'arrêta pas sur cette question, et détailla son explication, puisque n'importe comment, il venait d'inventer les trois catégories de technique de protection corporelle. Il trouvera bien une accroche de conclusion sur autre chose.

« La première est l'armure lourde fixe, autrement typée '' boite de conserve ''. Elle demande une maîtrise niveau académie du ninjutsu en plus du taijutsu, et se résume grossièrement à un dôme taille réduite. Elle est solide, mais impossible de bouger avec. »

A deux trois détails près, cela équivalait à se transformer en statue, selon l'élément employé.

« La seconde est l'armure lourde mobile, aussi appelée '' boite de conserve sur pattes ''. A l'instar de la première, elle requiert une certaine pratique du ninjutsu, mais vous permet de vous déplacer. L'agilité de vos mouvements dépendra de sa conception, de votre force ainsi que de votre maîtrise sur l'élément choisi. »

Ne pas maîtriser son affinité élémentaire équivalait donc à porter une vache morte sur son dos avec cette technique.

« La troisième et dernière est l'armure légère. Tout comme les deux premières, elle nécessite des connaissances élémentaires en ninjutsu – mais juste pour la forme, puisqu'une armure est typée taijutsu - , et est aussi solide que ses consœurs. Par contre, niveau poids, il ne porte pas son appellation par hasard. Voyez-vous quels sont les avantages et les inconvénients de chaque catégorie ? Y réfléchir vous permettra sûrement de mieux savoir vers laquelle/lesquelles vous souhaitez vous orienter. »

Et une accroche de conclusion de trouvée, une.

Natsuki se gratta le menton d'un air pensif, suite aux réponses de Shigo. Ce dernier aurait au moins pu faire l'effort de réfléchir un peu à sa question – même si c'était pour faire semblant. Car là, il s'enfermait tout de suite dans ses idées reçues et fixes, sans même se dire que le fruit de la réflexion que le Nara tatoué souhaitait lui faire mener pourrait lui servir un jour prochain. A se demander si le Yamanaka ne réfléchissait pas seulement à court terme. Il est vrai que la vie était courte, surtout dans leur métier, et que les prochains à longs termes avaient de grandes probabilités de ne jamais être mené à terme, mais tout de même.

« Affinité aquatique, hum... » lâcha-t-il assez rapidement pour induire que l'essentiel de sa réflexion se portait sur ce point-là. « Spontanément, je vous aurais dit que ce n'est pas l'élément qui se prête le mieux à la formation d'une armure de combat. A part la terre d'ailleurs, l'on se tourne davantage vers les affinités secondaires pour cela. Mais il se trouve que j'ai connu un type qui se faisait appeler le '' Streamwalker '' dans mes jeunes années. Aujourd'hui il est mort, mais le sujet tient du fait qu'il était parvenu à former une carapace de protection constituée d'eau sous pression autour de lui. Donc en soi, cela se tente. Gardez toutefois à l'esprit que c'était à l'époque : les choses ont changé depuis. »

Natsuki fouilla dans le sac posé à côté de sa chaise, et en tira deux casques vaguement complet dont le design technologique évoquait les Saibogu. Il en tendit l'un des deux à Shigo.

« J'ai reçu cela par la poste il y a quelques mois, à l'occasion des combats d'essais pour de nouvelles règles. Grossièrement, ils assurent la même fonction que vos duels d'esprit, en connectant l'esprit des utilisateurs sur des serveurs reproduisant des airs de combats très réalistes, tout comme les sensations qui en découlent. Pour stimuler les zones du cerveau en prévision de votre rééducation, c'est l'idéal. Et c'est là-dessus que nous allons développer vos capacités défensives. Cela vous évitera de gâcher de l'énergie à établir et maintenir un lien Yamanaqueste entre nous. »

Natsuki enfila son casque, passa le tutoriel sur l'utilisation du casque CyberConnect, et attendit que Shigo apparaisse en pleine forme en face de lui. En décors, il opta pour un plateau montagnard, mais désactiva l'ambiance sonore.

« Bien, nous allons procéder par étapes. Commencez par me créer un ballon d'eau Taijutsu, assez compact et solide pour que je puisse taper dedans sans le rompre. Ce sera la première maille de la chemise que vous allez composer. »

Dans un soucis d'interprétation narrative, Natsuki composa dans l'ordre, et commença avec les questions de Shigo qui marchait dans le vide.

« C'est un endroit fictif préprogrammé je pense. Après, il vient peut-être de quelque part, je ne sais pas, je n'y suis jamais allé. Et oui, les règles physiques sont légèrement différentes ici, mais cela dépend des options sélectionnées dans le menu. La marche dans le vide, par exemple, est possible parce que le '' ring out '' est désactivé. Les charges ont aussi un soucis, car elles n'appliquent pas de dégât à la fin de la course, et les anticipations fonctionnent différemment. Mais bon, rien qui ne nous intéresse pour aujourd'hui. Les autres fonctionnalités de ce simulateur de combat sont très similaire à la réalité par contre, même s'il ne prend pas en compte certaines mécaniques comme la douleur. A la place, votre écran devient de plus en plus rouge et strié d'artères à mesure que les dégâts augmentent. »

Comme si l'affichage d'une barre de vie ne suffisait pas...

« Toutefois, vous n'aurez pas ce soucis non plus : nous sommes actuellement en mode entrainement. Les jauges de vie et de chakra sont donc inépuisables. Si la curiosité vous empêche cependant de vous concentrer, sachez que la notion de mort n'existe pas. Tel le Roucool niveau deux encaissant l'ultralaser du Léviator niveau cent, vous n'êtes que '' K.O '' si votre jauge vitale est vidée. Vous avez alors un menu qui s'ouvre, et la possibilité de demander une revanche, ou de changer de costume à l'écran de customisation. Je n'ai pas les DLC donc ne vous attendez pas à du haut de gamme de ce côté là. »

Des détails, des détails. Ils finirent quand même par arriver au cœur du sujet, quand Shigo créa un bouclier d'eau vaguement sphérique qui flotta devant lui. Et en un sens, c'était ridicule. Ce que Natsuki avait sous les yeux, c'était une défense élémentaire typé ninjutsu. Des armures complètes Taijutsu, c'était du rang A. Or là, à moindre rang, c'était l'équivalent d'un mur ou d'un dôme, mais en mieux. Bon, pas tout à fait en mieux, puisque éphémère, mais quand même. Il ne comprendra jamais ce règlement... Mais bon, on ne lui demandait pas de le comprendre, seulement de l'appliquer.

Il souleva donc le bouclier du pied, et commença à jongler avec pour tester sa solidité. Puisque c'était connu, une maîtrise dans les arts martiaux permettaient d'être compétent en tout domaine sportif, en témoignait sa dextérité avec son ballon improvisé qui passait d'un pied à l'autre non sans fioriture.

« Bien, c'est pas mal du tout. Vous arrivez déjà à créer une forme solide et à la maintenir. L'étape suivante maintenant, c'est de recouvrir entièrement votre bras avec le même principe. Faites en fonction de vos capacités, détaillez moi bien l'aspect, l'épaisseur, la forme, tout cela dans la description, et je vais vous aider à l'affiner ensuite : ce sera plus simple pour nous deux de travailler sur un support que dans le vide. »

Natsuki haussa les épaules.

« Je ne sais pas, je n'ai jamais été très branché console. On m'avait offert une Mucomystendo quand j'ai eu une jambe cassée et la moitié de l'intestin en moins il y a quatorze ans, mais je n'ai pas spécialement accroché dessus. »

Elle était ré-emballée et presque neuve, ce qui lui accordait une certaine valeur de nos jours pour les collectionneurs, mais c'était un cadeau, et Natsuki ne comptait pas s'en séparer. Goodies mit à part, il s'intéressa de près à la technique qu'employa Shigo autour de son bras. De l'eau commença à se former à la base de son poignet, tel un bracelet, avant de s'étendre et d'en remonter tout le long selon une forme de spiral. La main sur son menton, Natsuki observa le mécanisme de fonctionnement de l'ensemble. Il se risqua à mettre son indexe dessus pour en voir la consistance – si l'on pouvait vraiment appeler cela un risque, et sentit le courant qui traversait le brassard.

« Intelligemment pensé. Je comptais vous en parler une fois la première ébauche de technique réalisée, mais je vois que vous y avez pensé par vous-même. Bien. »

Il désigna le bras recouvert dans son ensemble.

« Voici donc un fragment de ce qui peut composer une armure corporelle complète si vous la poussez assez loin. Comme vous le sentez, elle fait un certain poids, et nécessite de la concentration pour être maintenu en état. Pour bouger votre bras, vous devez donc utiliser les deux moyens qui en découlent : la force et la maîtrise élémentaire. Car si vous bougez seulement votre bras, il va percuter le brassard, et si c'est seulement l'armure que vous déplacez, il va en résulter la même chose : vous serez gênez pour vous déplacer. La difficulté donc pour conserver la mobilité est de parvenir à bouger tout en accordant l'armure à ses mouvements. Et en restant concentré sur le combat, bien entendu. »

Là était la principale difficulté de l'armure aquatique, et c'est pourquoi elle était si peu vue en application pratique.

« Après, comme toute chose, le corps et le cerveau finissent par s'y habituer jusqu'à ce que cela devienne inconscient. Du coup, avant de pousser plus loin la manœuvre, nous allons déjà essayer de vous faire bouger convenablement avec votre brassard, tout en le laissant efficace. Si cela vous convient, en garde. »

La puissance et la vitesse des attaques de Natsuki n'avaient pas vraiment d'intérêt dans le cas présent, aussi personne ne la releva. Le point narratif ici se concentrait davantage sur le ressentit de Shigo, et la façon dont il accommodait de sa protection pour esquiver ou parer les coups.

Il allait sans dire que c'était surtout cet endroit là que Natsuki visait.

« Certainement pas moi. » répondit Natsuki en souriant. « C'est une spécialité qualifiée de bonne pour les barbares pour les dommages violents qu'elle cause au corps, pour le sang qu'elle fait couler dans la sueur de celui qui frappe, et parce que l'usage de la force est à la porté de tous. Toutefois, je ne suis pas du même avis. Car au final, c'est le ninjutsu qui a poussé la destruction jusqu'à son meilleur niveau. Des ravages sur des kilomètres, et ce en se tenant au plus loin du danger. Au moins, au corps-à-corps, l'on sent le poids des vies que l'on prend, et de la souffrance que l'on inflige. »

C'était ce qui différenciait le soldat du bagarreur peut-être. Mais quelle importance, quand la finalité est simplement d'être le dernier debout, et poursuivre le combat.

« Bien, pour en revenir au sujet. Je n'attends pas de vous de déjà maîtriser le déplacement et l'armure ensemble. Aujourd'hui, l'objectif est simplement de vous initier à la pratique, afin que vous puissiez l'affiner par vous même ensuite. En seconde étape, je vous propose de nous intéresser à la partie buste et tête de votre défense. Les jambes, nous les verrons peut-être en dernier, car les cuissardes sont dans le fond similaires aux brassards : comme ce n'est pas une armure solide avec des articulations, la mobilité dépend surtout des flexions que vous modèlerez au besoin. »

L'armure aquatique restait laborieuse, ne serait-ce que pour visualiser ce à quoi cela pouvait ressembler. Bon, lui donner une apparence n'était pas difficile, le compliqué étant dans le fait de la rendre à peu près esthétique – même si cela n'apportait rien de concret au cours d'un combat. Comme le disait une sage : peu importe la tête que cela a, tant que cela fonctionne, ce n'est pas stupide.

« En fait, ce qui me pose le plus de soucis, c'est le casque. Ce qui se prête le plus avec l'eau est le casque intégrale, mais un casque intégrale signifie qu'il recouvre tout. L'eau à l'avantage d'être translucide, donc ce n'est pas cela la vue qui posera problème. C'est plutôt... eh bien c'est plutôt l'air, en fait. Donc à moins que vous soyez doté d'un organisme capable de vous passer de la respiration, il va falloir intégrer des points faibles dans votre combinaison. Pas forcément au niveau de la tête, mais quelque part par où l'air pourra circuler. »

Natsuki tendit la main, et dans un petit déluge de pixels et de codes binaires qui s'anima autour de ses doigts, un carnet se matérialisa. Il était fournit avec un stylo, ce qui lui permit de faire un croquis en quelques secondes, qu'il présenta à Shigo.

« Je pensais à ici par exemple, au niveau de l'aisselle. C'est une zone assez compliquée à viser et plutôt facile à défendre. Si le courant de votre armure circule dans ce sens, cela permet de passer du tronc aux bras en créant ce petit espace sans perdre en force de rotation, et donc sans perte de substance ni d'efficacité. Avez-vous une autre idée ? »

S'en suivit trois phrases : la discussion, l'essaie à blanc, et la pratique.

Natsuki roula des yeux vers le ciel.

« Rholala, Shigo, c'est un croquis. Un croquis fait en sept secondes. Vous donnez la forme que vous voulez à votre armure. Si vous préférez une forme phallique avec l'écoulement des liquides par le haut avant d'être réabsorbé par les réserves du bas, grand bien vous fasse. »

S'en suivit l'exercice de Shigo, qui s'efforça de donner forme à la partie qui protégera son torse. Il procéda par étapes, mais résumées suffisamment succinctement pour rendre impossible de revenir dessus de manière plus brève encore. Natsuki passa donc immédiatement à la question du Yamanaka. Une question qui nécessitait un peu de réflexion.

« Hum... Cela dépend, je dirai. Parlons-nous de Taijutsu sous sa forme brut, ou mêlée avec des affinités, comme ce que nous sommes en train de pratiquer maintenant ? »

Par déduction, il penchait vers la seconde option.

« Je ne pense pas que ce soit la technique d'armure qui soit compliquée en elle-même, même si elle nécessite une certaine concentration. Il m'est plutôt avis que la difficulté vient de l'élément utilisé pour la composer. Voyez-vous, avec une matière plus solide, comme le bois, il y a déjà le soucis en moins de devoir la maintenir en mouvement. Une fois qu'elle est là, elle ne bouge plus jusqu'à ce qu'elle se fasse briser. Alors bien sûr, elles ont quelques autres défauts. Par exemple, les articulations ne doivent pas être ratées au modelage, sinon la personne aura des problèmes pour bouger convenablement, même avec l'assistance de sa maîtrise sur l'élément. Je veux dire, contrairement à l'eau qui peut être modelée à notre guise, le bois ou le cristal, une fois que l'on lui a donné une forme, c'est compliquée de revenir dessus si cela coince. »

Surtout que lorsque l'on s'en rendait compte, c'était souvent au mauvais moment.

« Mais à choisir entre les deux, je préfère l'armure solide. Il y a moins à se concentrer dessus ensuite. Et comme je vous le disais plus tôt, il suffit que la technique devienne une habitude, un automatisme, pour que le corps la modèle instinctivement à la perfection, même sous le coup du stresse et dans le feu de l'action. La mémoire musculaire est quelque chose de fantastique. »

Natsuki l'avait développé et affuté, et en retour, elle le gardait en vie : les deux y trouvaient donc une relation profitable.

« Je me disais. Je reviens sur mon exemple par l'absurdité de tout à l'heure. Il n'est peut-être pas si absurde que cela, en fait. Pour faciliter le maintient du courant, et vous assurer un casque pas trop compliqué à maintenir, le mieux serait peut-être de le faire dans le prolongement du torse. Du genre, en cône façon glace à l'italienne. Cela pousserait l'eau vers le haut, du coup, et coulant sur le corps, elle serait réabsorbée par le courant, évitant ainsi les pertes. »

Ce qui signifiait, dans l'idéal, que le sens du courant allait toujours du bas vers le haut.

« Vous avez déjà exploré si votre corps possédait une affinité avec un autre élément, ou songé à le faire ? Il paraît qu'en se développant, à force de recourir au chakra, le corps se découvre de nouvelles affinités élémentaires. Non pas que cela nous servira pour cet exercice, cela dit. »

Parce que l'armure défensive de feu, de foudre, ou d'air... voilà. Il y avait bien la terre à la rigueur. Statistiquement, c'était d'ailleurs l'élément le plus représenté dans une population shinobi moyenne, selon l'étude de l'INSEE du Yuukan de l'année 12.

Natsuki prit quelques instants pour réfléchir aux idées que suggérait Shigo.

« J'imagine que c'est possible. L'information à beau passer des récepteurs aux muscles sans faire la déviation par la case cerveau pour une interprétation préalable, il n'en reste pas moins que c'est ce dernier qui donne les ordres, même en fonctionnement automatique. Reste à découvrir sur quelle partie agir donc. Si cela vous intéresse, je vous invite à lire les travaux de Pavlov sur la question. Il vous apportera peut-être quelques éléments de réponses. »

C'était toujours mieux de savoir comment fonctionnait ce que l'on voulait trafiquer, même si dans la majeure partie des cas, un gros coup de marteau permettait d'arriver aussi au même résultat, et ce beaucoup plus vite.

« Pour en revenir à votre armure maintenant, ce ne sont en effet pas les possibilités qui manquent pour la faire fonctionner, mais à l'image de ce que ces oiseaux dessinés par un enfant de cinq ans qui pompent beaucoup démontrent souvent, certaines méthodes sont plus efficaces que d'autres, ou plus facile à intégrer. Une bonne partie de votre pratique va donc se faire sur la découverte de la méthode qui vont conviendra le mieux, et surtout, qui fonctionnera le mieux. Le cerveau a beau être un super ordinateur, toute la ressource que nous utilisons pour quelque chose ne l'est pas par une autre. »

Furent abordées ensuite les attentes quant à une nouvelle affinité pour Shigo.

« Le Vent est le premier élément avec lequel mon corps a manifesté une affinité. Et bien que je me serais débrouillé avec autre chose, je suis d'avis de penser que j'ai tirer le meilleur lot à la loterie des naissances. C'est en effet à mon sens l'élément le plus polyvalent. Il est rapide, redoutable en attaque, très efficace en défense, et à de nombreuses fonctions utilitaires. Il est vrai qu'il n'a pas forcément le potentiel destructeur du Feu ou la solidité inébranlable de la terre, mais à défaut d'être le premier dans un domaine, le Vent est le deuxième meilleur partout à la fois. »

Ce n'était pas forcément nécessaire d'exceller dans un domaine pour s'en sortir, quand être bon partout suffisait. Mais peu importe le nombre de situations que l'on est capable d'affronter, lorsque l'on tombe sur une qui nous dépasse, cela nous fait une belle jambe d'être polyvalent.

« M'est avis que si les dieux existent... » commença Natsuki lorsque Shigo évoqua la modération du monde. « … et personnellement j'y crois, ce ne sont guère plus que des enfants au-dessus d'une fourmilière. Alors à part un coup de loupe de temps en temps pour voir comment nous allons réagir, n'attendez rien d'eux. »

Et alors que les exercices de pré-rééducations de Shigo touchait à leur fin, ce dernier conclu d'une phrase qui sonnait étrange. Non pas que les mots étaient particuliers, ou dépourvu de sens, mais venant de la bouche du Yamanaka, ils avaient un son curieux.

« Je suis bien moins clément que vous sur ce sujet. » répondit Natsuki en croisant les bras, la tête légèrement penchée sur le côté. « Je suis toujours peiné lorsque je ne ramène pas mes équipiers en un seul morceau. Vous n'avez pas idée du nombre de remise en question qui suivent les missions avec cette conclusion, combien de fois je revois l'opération, combien de fois je la rejoue avec d'autres décisions, d'autres actions. Je pense que ma plus grosse erreur a été de vous surestimer à la toute fin »

Sans méchanceté, ni rabaissage, il ne disait pas que Shigo était faible ou pas assez fort, seulement qu'il l'avait mal jaugé.

« Après, comme cela est souvent vu, cela ne sert à rien de revenir sur '' pourquoi nous nous sommes retrouvés dans la situation '' pour en chercher une solution, mieux vaut plutôt voir '' ce que nous aurions pu faire autrement ''. Mais je vous avoue que dans la notre, j'ai beau la refaire, je ne vois pas de meilleur résultat. »

La seule correction possible pour amener à une autre situation revenait à changer d'embranchement à partir du moment Natsuki avait fait se poignarder le premier combattant mort.

« A priori, tout devrait guérir chez vous, en dehors de l’œil. Mais vu que Konoha dispose du meilleur hôpital du Pays, peut-être que quand vous aurez récupéré quelques forces, vous devriez flâner du côté de la morgue pour trouver ce qui vous manque : les médecins sont toujours à la recherche de volontaires pour s'entrainer à des opérations compliquées. Non pas que l'épisode du Pays des Vagues n'a pas déjà apporté son lot d'opérations compliquées, cela dit. »

Cela demandait du temps et beaucoup d'énergie, mais cela se faisait.

« Bien, nous allons nous arrêter là-dessus. Il se fait tard, même si en regardant ce ciel virtuel, cela n'a pas l'air ici. »

Natsuki retourna à la réalité en retirant son casque, qu'il éteignit.

« Je vous raccompagne jusqu'au portillon ? » demanda-t-il lorsque Shigo eu rendu son casque.

Shigo avait posé des questions dans sa narration, et comme sa narration le disait, c'est dans la prochaine narration que se trouveront les réponses. Ou plutôt, qu'elles se trouvaient, car si selon une certains chronologie elles n'avaient pas encore été données, selon une autre, elles l'étaient déjà depuis longtemps. Fort heureusement, le temps était une chose très malléable, assez pour que l'on puise donner un sens et vaguement une logique à tout ceci. Après, dans le fond, ce n'était pas vraiment important ici : tout ce qu'il y avait à savoir, c'est que cette histoire suivait celle-ci indépendamment de la suivante, tout en gardant à l'esprit que la suivante s'était déjà déroulée en apportant des réponses aux questions évoquées dans celle-là.

Parce que l'on pouvait taxer Natsuki de beaucoup de chose, mais pas d'être malpolie.

Disons une semaine plus tard après l'apprentissage de l'armure aquatique, soit bien assez pour permettre à un personnage principal de récupérer de toutes ses blessures dû à sa précédente quête, Natsuki composa un numéro. Shigo dû recevoir directement le message.

« Shigo, vous me recevez ? C'est Natsuki qui vous parle. Je pense vous appelle suite à l'apprentissage de la semaine dernière que je vous ai enseigné. Vous savez, celui dans l'espace de réalité virtuelle pour compenser le fait que vous étiez impotent mais qu'il fallait quand même vous rendre capable de quelque chose parce que je m'ennuyais ? Oui voilà. Alors je pense que vous avez déjà dû vous en rendre compte vous même si des fois vous avez essayé, mais je viens de recevoir un message du Très-Haut, qui me dit que en fait, la mise à jour qu'il a fait sur le monde il y a quelques années ne rend plus possible l'usage du ninjutsu aquatique en mode taïjutsu pour en faire une armure. J'ai consulté la date du patch en question, et effectivement, mon logiciel de combat n'a pas été mis à jour depuis environ le même nombre d'années. C'est bête, hein ? Enfin bon, j'ai peut-être une solution. J'ai regardé le contenu du patch en détails, et il y a peut-être une faille à exploiter pour que tout l'apprentissage que vous avez vu ne soit pas juste bon à jeter. Il va falloir en jeter une partie, mais bon, une apprentissage de rang A reste un apprentissage de rang A. Et pour un type comme moi qui aime accumuler les points d'influences, un PI est un PI. Du coup nous avons deux options. Soit l'on fait la méthode que j'ai trouvé, soit nous mettons cette narration dans une boite que l'on déterrera le jours où vous aurez votre Pouvoir Spécial Deux. A vous de voir, les deux cas me vont. Bon, je vais devoir vous laisser, je n'ai plus de monnaie pour poursuivre la communication. Vous savez où me trouver au besoin, l'on dira que je serai libre quand vous viendrez, si vous viendrez. Au revoir. »

Natsuki replia les doigts de la main qu'il tenait devant sa bouche, puis ceux qu'il avait sur l'oreille. Il rangeant ensuite les bras du YamanakaTelecom® dans les poches de l'individu, et s'en alla.

Natsuki frotta la barbe de son menton imberbe d'un air pensif.

« J'y ai beaucoup réfléchit, voyez-vous. Enfin, pas tant que cela en vrai, je me suis contenté de lire le commentaire du staff, et ma seule véritable réflexion a été : combien de post en plus sont à faire pour valider l'apprentissage ? Car la solution était pour ainsi dire toute trouvée, fournie avec les remarques sans frais ajoutés ( en fait non, mais comme j'avais écrit ma narration de tête, j'ai la flemme de corriger ). Alors sur le coup, j'admets que encore une fois je me suis dit '' c'est ridicule, mais que fait la logique ? '' Et puis j'ai prit la question avec plus de recule : les armes élémentaires au final, c'est du taijutsu aussi. Alors pourquoi pas des armures, des boucliers et autres utilisations de l'affinité sans ninjutsu ? C'est cohérent, en fait. »

Tout univers conservé.

« Du coup, voilà ce que je pense : si cela vous va quand même d'arriver à un autre résultat que celui escompté tout en vous grillant un slot d'apprentissage rang A – pour moi la paye sera la même –, je vais transformer mes explications sur l'armure aquatique en défense semi-élémentaire physique. Ce sera donc de l'éphémère, du limité dans le temps, de l'usage unique, à l'image d'une parade. Plus qu'à son image d'ailleurs, c'est ce que ce sera : un blocage. Et lié à l'eau, comme vous préférez ne pas attendre de générer votre maîtrise de votre second pouvoir spécial. Alors concrètement, qu'est-ce que cela donne ? »

Bonne question.

« Concrètement, l'idée qui m'est venu est donc une parade, mais avec votre membre entouré d'eau. Un courant qui entoure votre bras et votre main de sorte à vous permettre de repousser plus facilement en bloquant. Genre l'on vous lance dessus une boule de feu et BAM ! Vous mettez une gifle façon ours dedans pour l'arrêter. Ou alors des frappes ciblent votre torse, et WOUSH, ceinture abdominale tellement large qu'elle vous couvre le buste aussi. Cela amortie l'assaut avec le courant, et derrière vous bandez juste un peu le muscle pour justifier que cela ne vous esquinte pas. Puisque l'armure ne protège de toute façon pas des attaques de contacte, vous vous retrouvez avec un effet similaire, même s'il ne perdure pas. Et comme au final, vous bloquez autant avec le corps qu'avec le mouvement que vous induisez à l'élément, cela devrait entrer dans la catégorie Taijutsu. Ce n'est pas une armure, elle ne couvre pas tout le corps, mais comme c'est une parade niveau A, elle fait son office en terme de protection. »

Là était la frontière entre le réalisme et le système.

« Cela vous convient ? Ou vous avez une idée que vous pensez passer mieux ? »

« Point pour vous, en effet. J'ai tendance à trop penser en terme de rentabilité du système, et pas assez en praticité de réalité. Il faut aussi dire que je fausse souvent la donne dans le calcule en considérant la survie comme un facteur acquit plutôt qu'à défendre fougueusement. »

Alors que vouloir survivre était un but plutôt compréhensible en lui-même. Noble même.

« Quant à l'ours, je crois que j'ai mal expliqué, et que vous avez mal comprit. Parce que déjà oui, j'en vois plus que vous ne le pensez, des gifles façon ours qui arrêtent des boules de feu. Et ensuite, c'est la gifle – façon ours - qui arrête la boule de feu, et non l'ours qui gifle la boule de feu pour l'arrêter dans mon exemple. Car voyez-vous, les gens souvent ne savent même pas gifler correctement. Un bête mouvement circulaire sur l'axe du bassin et autour de l'articulation de l'épaule pour la conclure sur une flexion du poignet. Cela marche peut-être quand une fille se fait relever la jupe par un pervers, mais nous guerrier avons besoin d'un peu plus de force de frappe. D'où mon exemple de l'ours, l'animal de référence pour ce qui est de mettre un bon vieux coup de patte avec la subtilité bourrine à laquelle nous aspirons tous. Son mouvement est simplement parfait. Il ne frappe pas de droite à gauche – ou de gauche à droite s'il est gaucher - , mais dans un geste en diagonal de haut en bas, tout en puissance. Les muscles sont bien plus sollicités dans ce mouvement, pour mobiliser plus de puissance. »

Mais ici...

« Mais ici nous n'allons pas chercher la puissance de l'attaque mais l'efficacité du mouvement pour se défendre. Et pour cela, il me semble essentiel d'être au point sur le timing, puisque l'essentiel de l'attaque va être déviée par l'eau que vous expulsez, bien avant le mouvement du membre en lui-même. Une défense qui ressemble donc à une armure en pièce détachée, puisque contrairement à ladite armure de base, elle ne couvre pas tout votre corps et est très éphémère. Et derrière, comme vous l'avez relevé, il ne va pas s'agir juste de mouliner des bras en suant votre eau à vau-l'eau. Le mouvement induit par le corps devra être précis, et adapté en fonction de la situation. Mais cela, je peux difficilement vous l'enseigner : c'est sur votre analyse et vos réflexes de combattant qu'il faudra vous fier. Ainsi que la coordination main-oeil. »

Qui sera peut-être moins facile à gérer maintenant que Shigo voyait moins la trois dimensions des choses.

« Fort heureusement, pour ce qui est des réflexes, cela se travaille, et là dessus, je peux vous y aider, même si cela va être à vous de développer la maîtrise et la synchronisation de l'expulsion aquatique en adéquation avec vos mouvements. Alors commençons de suite. »

Et ils se battirent pendant des heures, peut-être même des jours, voire des mois ou des années. A moins que plusieurs séances de dizaines de minutes suffisaient.