Le Triumvirat n'était plus, encore une fois...

Yuki No Kuni était en deuil depuis maintenant deux semaines alors que les attaques orchestrées par le Kyomu avaient non seulement amenées la mort au sein des soldats qui avaient pour mandat de défendre les terres immaculées du Nord, mais aussi dans les rangs politique en éteignant la flamme de vie de la bien-aimée Akeko Oge, Daimyo du pays des neiges pour la majorité de ses habitants et tout récemment membre du Triumvirat de Gyamda après une "résurrection surprise". Ce n'était donc pas la première fois que le peuple pleurait leur représentante adorée, mais aujourd'hui...il la pleurait pour la dernière fois car, sa mort était bien réelle cette fois-ci.

Le Triumvirat était donc dissout car suite à l'assaut, le Triumvir de la rage avait quant à lui disparut de la circulation, ne donnant plus aucuns signes de vie. Plusieurs rumeurs couraient donc à son sujet, toutes plus farfelues les unes que les autres. Certains membres du clan Samui qui avaient toujours été contre l'idée d'une alliance avec les barbares runiques clamaient qu'il avait probablement fuit le combat pour que les Samui se retrouvent avec les conséquences de cette défaite. D'autre encore relevaient la question des motifs de sa disparition qui semblait bien suspectes après une attaque visant à affaiblir le centre politique de Yuki no kuni. Sachant que la vieille Daimyo était morte...rien ne les retenaient plus à s'acoquiner avec l'autre clan.

Enfin, d'autre pensaient qu'il avait simplement été enlevé et que les Samui ou les forces impériales refusaient de communiquer l'information et nombre de ceux qui pensaient à cette version des faits étaient bien-sûr des Suzurane. Rapidement, ils avaient choisis de mettre la faute sur les créateurs de glaces comme eux l'avaient mit sur la leur. En un rien de temps, les choses commencèrent à redevenir ce qu'elles étaient avant...et de nombreuses familles venues s'installer à Gyamda et Dhartsedo voyaient en elles renaitre l'envie de repartir pour le Nord extrême ou l'Est et rejoindre les leurs rester là-bas...quitte à se faire dire: Nous vous avions prévenus.

Cependant, une chose restait certaine dans l'esprit de tous et de toutes; Le Kamui ne laisserait rien au hasard suite à ces événements et la sécurité à Yuki no Kuni allait bientôt devenir étouffante. Et, comme par de raison, une ombre noire semblait avoir débarquée sur la banquise du Sud pour galoper à vive allure vers le centre de la région nordique. Les rumeurs circulèrent rapidement; les agent du Shukai étaient là...une équipe que personne n'avait vu ou entendu parlé encore venait de sortir d'un énorme galion impérial et tous...portaient d'effrayant masques de fers.

C'est donc comme une tache d'encre noire et opaque sur une grande page blanche que cette ombre alla rejoindre Gyamda sans même s'arrêter. À dos de chevaux, leur avancée résonnait à des miles à la ronde tel un éboulement de terrain, comme une centaine de pierres qui dégringolaient d'une montagne abrupte. Leurs grandes toges grises, semblable à la couleur des nuages de pluie et d'orage, flottaient derrière telles une flamme au vent...mais refusant de s'éteindre puis, lorsqu'ils furent enfin arrivés à la capitale, les Quarante Cavaliers Gris escaladèrent les rues et différent palier du domaine des Samui jusqu'à atteindre le grand palais du Triumvirat. Sur leur passage, les hommes restaient alertes et ordonnaient à leurs femmes de rentrées alors qu'elles, attiraient leurs enfants dans leur bras pour les emmener à l'intérieur.

Enfin, lorsqu'ils furent tous arrivé aux portes du palais, le premier de tête, monté sur un grand étalon noir d'ébène, sauta de son destrier. Même de loin, les spectateurs de la scène pouvait voir de par la hauteur de sa tête comparativement à celle de l'animal que l'homme était de très grande taille. Enfin, alors qu'il gravait les marches de pierres qui devaient le mener jusqu'aux grandes portes du palais maintenant vide depuis l'assassina de l'ancienne gouverneure, celles-ci s'ouvrirent sur son passage afin de dévoiler un autre grand personnage à la chevelure blanche.

Tendant ma main, je pris alors la missive impériale qui venait directement d'Iwa et je saluai le nouvel arrivant avant de l'inviter lui et toute sa troupe à venir à l'intérieur. Tous, sans exceptions, attachèrent leurs montures et commencèrent à monter les marches du palais à leur tour puis, lorsque le dernier d'entre-eux eut franchit les grandes portes doubles de la place...celles-ci se refermèrent...laissant sur leur faim les centaines de curieux qui venaient d'assister à cet événement.

Qui étaient-ils? Pourquoi venaient-ils voir le représentant de Dhartsedo et main droite du chef Samui? Et pourquoi au Triumvirat?

Une fois les portes refermées derrière l'entièreté de la cinquantaine de personnes présentes, je me dirigeai vers la grande salle du conseil du palais. Chacun de mes pas résonnait alors en écho dans le grand établissement vide, mais ce ne fut que pour moins de cinq secondes car, tout de suite, les bottes de métal du "Taira" résonnèrent à ma suite. Enfin, ce fut le son d'une cinquantaine de ces pas lourds et métalliques qui me talonna et qui me suivit par la suite au travers des couloirs jusqu'à ce qu'enfin, nous arrivâmes dans la salle où la vieille Oge avait perdue la vie sous les yeux d'un Suzurane disparut. Là, celui qui portait un masque différent des autres et qui m'égalait en grandeur fit signe aux autres guerriers anonyme de s'occuper des tables de la salle et des chaises.

Tous ensemble, sans même remettre en question les ordres demandés, les soldats de l'impressionnant et mystérieux personnage se mirent en mouvement. Ils replaçèrent les meubles en forme de "U" au centre de la pièce tout en laissant une seule table au centre de la forme. La partie vide pointait alors en direction de la table principale de la pièce qui elle, était de bois et de pierre, érigée à même le sol. La table du conseil du Triumvirat. C'est donc sans hésiter et après s'être assit au centre de ses congénères que le leader de cette assemblée enleva ses gants noirs pour laisser apparaître deux mains pâle qu'il joint ensemble, au niveau de son visage, tout en ancrant solidement ses coudes sur la table. Son regard de fer se posa directement sur ma personne pour ensuite percer le mien. Il m'était impossible de voir la couleur de ses yeux tant ses habits et son masque lui couvrait entièrement la face. Un instant, je sentis même un frisson parcourir mon échine dorsale. Mais...qui était-il? Pourquoi n'avais-je jamais entendu parler de cette escouade obscure des forces impériale?

Ketsuen Samui, je présume...

Sa voix, bien qu'étouffée par son masque, restait néanmoins puissante et claire. Tout comme le reste de son apparence assez sombre, l'homme semblait imposer le respect et les moindres paroles qu'il prononçait devant toute l'assemblée perçaient la salle, amplifiées par l'écho des lieux. En énonçant mon nom, d'une manière aussi impersonnel, je me doutais bien que cet agent impérial ne faisait pas dans la dentelle. S'il voulait me parler et s'il empruntait un ton aussi direct...c'est qu'il avait quelque chose d'important à annoncer. Sa présence en elle seule...n'en était-elle pas la preuve?

Et d'ailleurs, avant qu'il ne rajoute quoique ce soit, j'entendis des dizaines de personnes commencées à prendre place dans les gradins à gauche et à droite, dans le palier qui était accessible aux citoyens généralement lors des réunions du Triumvirat. C'était eux...les civils...ou les plus curieux et courageux d'entre eux du moins, qui venait voir ce qu'il se passait ici.

Oui?... Répondis-je tout simplement d'une voix confuse, mais directe également.

Je réponds au nom de Taira. Je suis le chef des forces de l'ordre militaire et politique de notre Empire habileté à la sécurité interne de notre pays en ce qui attrait aux champs d'actions militaires et politiques . J'imagine que vous connaissez donc, de par ces simples présentations, les réelles raisons de ma présence ici aujourd'hui...mais laissez-moi vous les énumérer malgré tout;

Une attaque de l'organisation Nukenin connue sous l'appellation de "Kyomu" aurait déployée une force de frappe considérable à l'encontre d'un des territoires contrôlé par le Shukai.

Des soldats impériaux sont mort ou ont été capturés lors de cette attaque.

Une membre de la haute sphère politique du Shukai a été assassinée. Akeko Oge, qui était la gouverneure officielle de Yuki No Kuni et membre représentante intermédiaire du Triumvirat est morte...

Matomeru Suzurane, membre représentant Suzurane au Triumvirat est porté disparut suite à cette attaque.

Le Triumvirat a été dissout. Yuki no kuni n'a donc plus de gouvernement impérial en place...rendant la situation actuelle instable pour ses habitants.

Pour toutes ces raisons et biens d'autres encore, je déclare donc que par les pouvoirs qui m'ont été conférés par le Kamui en personne...Yuki no kuni sera temporairement gérée par ma propre personne. Les cinquante autres hommes ici qui appartiennent à mon contingent personnel resteront aussi au sur l'île afin de renforcer la sécurité locale. Je veux donc, dès demain matin et à la première lueur du soleil, que l'on me remette tous les rapports concernant l'attaque et que l'on tienne une assemblé sur les défenses du pays.

Si vous remettez en doute la légitimité de mes paroles ou de mes actes, je vous offre alors de bien vouloir communiquer avec le Kamui en personne.

Puis, ne donnant pas même le temps à personne de se prononcer, le personnage se releva de sa chaise en se tournant vers le peuple assis dans les gradins. Lentement, il les balaya tous du regard, comme s'il était à la recherche du pauvre fou qui oserait contester la déclaration qu'il venait de faire. Puis, voyant qu'il n'y avait personne qui osait lever le ton...il sortit un petit marteau de bois de sa manche et s'apprêta à taper sur la table afin de sceller la discussion...

Il fallu plus d'une minute à toutes les personnes présentes pour réaliser tout ce qui venait de se passer ici. L'arrivé de ce Taira et sa prise de pouvoir était si rapide et directe que l'audience ne pouvait simplement pas réaliser ce qu'il se passait exactement. Tous, dans les gradins, restèrent silencieux, mais perplexe dans cette situation...il me fallait donc prendre la parole pour éclaircir cette situation. Pour, au moins, recevoir plus de détails qui permettraient aux Yukijins de faire le pour et le contre de ce changement des plus...brutal.

Le peuple de Yuki a toujours eut son mot à dire, il me semble, avec les têtes politique de leur pays. Je ne doute en rien de vos capacités à gérer ce pays...mais vous êtes ici un étranger et je ne crois pas que la population vous appuiera aussi facilement. Kakeshuou Sama devrait le savoir.

Et il le sait...Trancha simplement l'homme masqué dont l'identité allait, je le sentais, demeurer un mystère.

Sachez que je ne suis ici qu'en tant que chef intérimaire. Que cette situation aurait pu se produire n'importe où ailleurs sur les terres de l'Empire et le procédé serait resté le même.

Arquant un sourcil, j'allais me prononcer sur ce que venait d'ajouter le "Taira" avant d'être coupé dans mon élan par un citoyen qui se levait des gradins. Ayant peine à contenir la colère qui accompagnait son action, probablement par incompréhension, il ne se laissa néanmoins pas intimidé par la présence de cette armée encapuchonné et sortit d'un grand livre une page de parchemin. C'était là l'une des pages du droit civil des Yukijins.

-JE PREND LA PAROLE EN VERTUS DE LA RÈGLE NUMÉRO VINGT-DEUX DES DROITS CIVILS AU TRIUMVIRAT!!!

Les citoyens de Gyamda ont toujours eus droit de se prononcer et de faire valoir leur opinion lors des réunions du Triumvirat. J'aimerais donc rajouter qu'en tant que citoyen de ce pays, j'aimerais que l'on nous fournisse des preuves du titre auquel vous prétendez! ET J'AIMERAIS QUE LES CIVILS DE L'EMPIRE RÉSIDENT DU PAYS DE LA NEIGE PUISSENT CONTINUER DE FAIRE VALOIR LEURS DROITS LORS D'ASSEMBLÉES FUTUR!

Son discours étant suivis d'applaudissement parmi la quelque trentaine de personnes présentes à cette assemblé, sans les soldats masqués, le gradé impérial fit simplement signe à la foule de cesser le bruit. Toujours assit, il leva les deux mains au niveau de son visage et les abaissa tranquillement, invitant le monde à se calmer et se résoudre au silence. De mon côté, je restais droit devant lui, tout juste devant le bureau des Triumvirs et je renchéris à mon tour.

Et vous dites que votre position, ici, vous a été léguée par intérim. Ce qui pourrait être vrai vu l'assassina de Akeko Oge. Cependant, y a t-il un moyen pour nous de savoir de quoi il en retournera et pour combien de temps vous serez en poste? Quelles incidences est-ce que votre présence ici pourraient faire naître? En quoi ce nouveau gouvernement pourra affecter les citoyens de Yuki no kuni?

Et même si je m'étais montré convainquant dans mes propos, l'homme à la cape grise foncée ne me répondit qu'après un bref moment de réflexion et durant lequel il feuilletait à son tour un exemplaire du code des règles et des privilèges entourant les assemblé que lui avait apporté l'un des soldats après l'intervention du civil. Lorsqu'il eut donc vraisemblablement trouvé cet article dont il avait fait mention, il ne fit qu'hocher la tête de haut en bas, brièvement, pour enfin reposer ses yeux noirs et creux sur moi. Encore une fois, sa voix résonna afin que tous et toutes puissent l'entendre.

Et c'est aussi dans le droit du peuple Shukaijin d'avoir accès à l'information publique, soyez-en assuré monsieur le citoyen. Sachez cependant que ce document est obsolète à compté d'aujourd'hui...le Triumvirat n'existant plus et un nouveau gouvernement prenant bientôt sa place. Cependant, j'entends vos inquiétudes et votre requête est totalement légitime.

J'y répondrai donc qu'en tant que membre du Hogo, unité de défense interne de l'empire et relevant directement des ordres de Kakeshuou Samui-Sama, notre Kamui, il est de mon devoir aujourd'hui de venir m'assurer que la sécurité politique et militaire de Yuki no Kuni soit optimale. Le pays doit garder une stabilité indérogeable et se renforcer sur l'aspect militaire malgré tous les efforts déjà fournis de ce côté. C'est pour cette raison que Yuki no Kuni passera en tant que province gouvernée et dirigée par les hautes autorités de l'Empire directement. Non pas parce que nous jugeons que vous ne pouvez pas le faire...mais parce que notre ennemi a fait de ce pays sa cible principale.

Sinon, il est encore trop tôt pour affirmer combien de temps moi et mes hommes seront en poste ici. À cela je répondrai: Autant que nécessaire.

Et en quoi notre intervention pourrait affecter la vie civile dans ce pays? Et bien sachez que je suis d'abord et avant tout le représentant de l'ordre et la justice impériale. Mon objectif est donc de veiller à la pérennité du Shukai...et d'anéantir ses ennemis intérieur comme extérieur. Si vous n'avez rien à vous reprochez...taichou...et vous aussi citoyens...vous ne risquez rien.

Des paroles qui avaient été directe et très claire. Le silence revint à régner dans la salle d'audience alors que le Taira, vraisemblablement peu occupé par autre chose que le remplissage de formulaires, ne dit plus de mots...à moins que quelqu'un d'autre avait des questions supplémentaires à poser.

La salle entière, suite à plusieurs débats entre les spectateurs, entra dans une phase de silence durant laquelle le seul bruit pouvant être audible n'était nul autre que celle de la plume du Taira qui rédigeait les documents officiel de la passation du pouvoir de l'état aux mains de l'Empire. N'ayant aucuns représentants pour s'opposer à cette signature et Yuki no kuni étant sous la juridiction politique du Shukai, l'homme au masque devenait alors le prochain dirigeant du pays. C'est de sa main, maintenant qu'allait être écrites les prochaines pages du territoire de la neige éternelle. Une main de fer, au sens légitime du terme au vu de ses gantelets d'aciers.

Lorsqu'il eut enfin déposer son stylo, l'homme se leva de sa chaise afin de se retourner vers ses hommes d'abords, puis le publique qui était assis dans les balcons à sa gauche et sa droite. Sans aucun mots, il se dirigea vers moi, laissant claquer ses bottes noires dans l'écho de la pièce alors que flottaient les pans de son grand habit gris derrière lui. Lorsqu'il fut enfin en face de moi, le document en main, il me le tendit afin que je puisse le lire à haute voix et enfin être le témoin officiel de sa prise de pouvoir...dans les règles de l'art. Hésitant, je pris néanmoins le parchemin tout en jetant un regard vers les personnes présentes. Si quelqu'un voulait se prononcer, c'était maintenant ou jamais.

De par les pouvoirs qui sont conférés au Taira, chef de la justice et de l'ordre de l'Empire adoubé des mains du Grand Kamui, ce document aujourd'hui rédigé et que je rend publique affirme hors de tout doute...que le Taira...de par sa position de confiance auprès de l'Empereur Kakeshuou Samui...devient le gouverneur et défenseur de Yu--

AAAAAH!!!
ATTENTION!!

TAIRA!!!

Et avant que je ne puisse terminer de réciter mon discours, des hurlements vinrent directement des gradins. Du haut de ceux-ci, arrivant en trombe, un homme vêtu de peaux de bêtes venait tout simplement de sauter des balcons dans l'espoir de venir porter un coup mortel au gradé impérial. Arrivant à vive allure, en un saut qui se voulait presque un vol plané dans il avait été puissant, son cri était puissant et enragé. Ses yeux, injectés de sangs, étaient animées d'une rage meurtrière...probablement animée par les multiples tatouages qu'il arborait sur son corps.

Je sentis alors une main de fer se poser sur mon torse et me pousser derrière l'énorme bureau et l'autel du Triumvirat. Le gouverneur nouvellement élu me poussa hors d'atteinte du Suzurane et après une série de mudras rapides, une épaisse purée de pois grise et humide envahit alors la salle, extirpant quelques cris de paniques à la foule déjà en crise. Les soldats masqués se tournèrent alors tous vers le centre de l'action tout en se dépêchant de bloquer toutes les issus...du mieux qu'ils le pouvaient puisqu'affectés eux-même par la technique de leur supérieur. Et lorsque la vu de tous fut complètement obstruée, l'on entendit la voix grave et imposante du  chef nouvellement élu pousser un cri de colère. Suivirent ensuite de quelque bruits d'échanges musclés et de souffles coupés sous la force des poings...c'était mon signal.

Penchant mon corps sous le bureau, j'en sortis un cadavre congelé et rejoignai l'ère de combat avec le poid mort sur mes épaules. Lorsque je fus enfin tout juste à côté du combat qui venait de commencer, je laissai simplement la dépouille aux pieds du Taira avant de rejoindre ma position initiale et enfin, au dessus de la brume et donc au niveau des balcons supérieurs, l'on vit apparaitre plus d'une dizaine d'aiguilles de glaces qui foncèrent en un point précis. Un grand "BANG" précéda le son des projectiles qui perçaient la chaire. Là, des giclées de sang furent projetées jusqu'au plafond...et une fraicheur semblable à celle des vents glaciaux du Nord de l'île vint à envahir toute la salle du Triumvirat.

La brume se dissimula enfin, et lorsque la visibilité devint assez bonne pour que l'on puisse enfin voir ce qui s'y était passé...le Taira abaissait sa main de fer après l'avoir pointée vers celui qui avait essayé de l'assassiner. Le devant de ses vêtements avait été déchiré sous l'offensive de son adversaire...mais dévoilait maintenant un corps de glace, littéralement, sous ceux-ci. Une armure hyôton qui l'avait protégé d'une mort certaine. De grandes aiguilles de glaces avaient transpercer le cadavre que je venais de placer tout près d'eux. Un cadavre de Suzurane, recouvert de tatouages runiques et semblable en tout point à celui qui venait d'attaquer.

Sous une tôlée de confusion, d'incompréhension et de panique à peine contrôlée le publique de la salle portait toute son attention vers le nouveau gouverneur qui ne disait mot. Seul un long silence s'en suivit...pendant que l'homme au masque de fer ne faisait que retourner le corps inerte de son assaillant afin d'exposer son visage à grand publique. La surprise fut déroutante...et une ambiance lourde...pesante...envahit le coeur de ceux qui reconnaissaient cette face.

Taichou...de par votre proximité avec les habitants de la capitale, mais aussi du reste de l'île, êtes vous capable d'identifier cet homme?

L'oeil grand ouvert, je regardais le corps inerte, puis le gradé sans répondre de suite. Il me fallu quelques secondes avant de me rapprocher et d'enfin me pencher au dessus du corps et de bien y voir tous les traits et tatouages que je reconnaissais déjà...pour avoir rencontré cet homme et avoir échanger quelques paroles avec lui...ici même...au Triumvirat. Je savais qu'il m'était inutile de le présenter à l'audience. Tous, sans exceptions, savaient qui il était...ne pas le reconnaitre serait de mentir.

Suzurane Matomeru. Triumvir de la rage...représentant de son clan au triumvirat de Yuki no kuni aux côtés de Kirito Samui et Akeko Oge. Il avait été porté disparu après l'assaut des Nukenin.

...Alors il est plus que temps que les Yukijins retrouve ne serait-ce qu'un semblant de stabilité.

SACHEZ QU'À COMPTEZ DE CE JOUR...LE CONFLIT N'AURA PLUS SA PLACE À YUKI NO KUNI. CETTE TERRE ASPIRERA À LA PAIX...COMME LE RESTE DE L'EMPIRE...et pour que justice soit faite...il faut y retirer le noyau de son fruit pourris.

JUNSA!! Occupez-vous de la dépouilles...

Ketsuen...terminez la dernière phrase de votre discours...

Et après que les gardes eurent entendus leurs noms, ils s'affairèrent à la tâche pendant que je récitais les paroles qui vinrent clore la "cérémonie" de passation de pouvoir. Si les Yukijins présents étaient encore sous le coup de la confusion, tant les éléments étaient surprenant et se déroulaient rapidement malgré tout, ils furent néanmoins rassurés d'une chose. Leur sentiment envers le Taira avait changé car ils le savaient maintenant un des leurs...malgré son anonymat.

Derrière ce masque de fer, se cachait une âme de glace...un autre Samui...un autre Yukijin...et bien que certains pensaient d'abord que j'aurais pu être celui qui avait utiliser cette technique pour protéger le chef par intérim, ils se rappelèrent aussi que la maitrise du Hyôton n'avait jamais figurée parmi mes talents et avait toujours alimentée les ragots et mis en doute ma légitimité au sein même de mon clan.

Non...le Taira...était bel et bien un Samui...
Un Samui qui avait appris très tard dans sa jeune vie, à l'insu du clan...à utiliser les arts claniques.

Le discours étant terminé, je pris le parchemin et le déposai sur le grand bureau du triumvirat afin d'y apposer, en même temps que le Taira, ma signature en tant que témoin officiel des affaires qui venaient de se passer ici. Aussitôt l'encre fut-elle coulée de nos deux plumes, je me retournai alors en déposant la mienne, prêt à enfin partir de la salle pour m'enquérir de d'autres obligations pressante, mais l'appel de mon grade par le nouveau gouverneur me fit stopper ma course. Je compris alors qu'il y avait encore plus à faire...

Oui, Gouverneur?

Taira suffira. J'ai une dernière chose à exiger de vous Taichou. De par votre présence lors de l'attaque, je vous demanderais d'accompagner deux de mes hommes jusqu'à l'Académie de médecine de la capitale. Alors qu'ils seront assistés par des médecins locaux afin de procéder à une enquête sur le corps de Matomeru, j'aimerais que vous y remplissiez un rapport détaillé du combat que vous avez menée il y a de cela quelques jours déjà. Cela permettra aux docteurs de noter à son dossier...quelles cicatrices furent effectués le jour de sa disparition et quelle furent causées le jour de sa mort. Si des questions vous viens...venez me voir après votre rapport.

Procédez...

Saluant simplement mon supérieur comme le voulait le protocole militaire, je me retournai alors pour voir que deux soldats masqués s'étaient approchés de moi pour ensuite me talonner jusqu'au corps du Suzurane. Là, nous l'enveloppâmes dans de grands draps afin de pouvoir le transporter plus aisément. Soulevant sa tête...je plongeai discrètement les doigts dans la cavité arrière de son crâne afin de m'assurer qu'un fragment de fer que je reconnaissais bien y était toujours. Cette pièce du puzzle était nécessaire au reste de mon plan qui prenait une nouvelle tournure. Feignant donc simplement de voir mes mains glissées sur le sang froid qui avait glissé sur ses joues, pour expliquer le sang sur mes doigts, je terminai d'enrouler la tête dans les draps et, accompagné des autres soldats...nous partîmes en empruntant le corridor de secours.

Là, lorsque je sus que nous étions tous les trois à l'abris des oreilles indiscrètes et de la curiosité des plus fouineurs, je laissai les deux soldats progresser tranquillement avec le cadavre en leur disant simplement que j'avais quelque chose à faire avant de partir. Ne cherchant pas à trouver plus d'explications, ils continuèrent simplement leur route tout en hochant respectivement de la tête et lorsqu'ils utilisèrent finalement la porte de sortie...je fermai les yeux...sachant que mon travail était accomplis maintenant et que mon maître n'avait plus besoin de moi. Je disparus donc en un simple nuage de fumé...ne laissant aucunes traces de mon existences...pas même une pensée..

_____________

Derrière mon masque de fer et ma grande cape grise, mes lèvres dessinaient un grand sourire de satisfaction et mon coeur continuait de pomper à vive allure. Agir en tant que Taira me permettait de me sentir libre de toutes paroles, libre de tous les droits. Aujourd'hui, j'avais d'ailleurs utilisé ces droits pour me dresser au sommet du pays de la neige et enfin atteindre le but que je m'étais fixé depuis la mort de ma première Sensei; Samui Yuki. Je prenais sa place en tant que tête dirigeante de la terre promise de notre race. Mes doigts se crispèrent sur les rebords du bureau de bois pendant que les civils évacuaient maintenant les lieux, la passation de pouvoir étant terminée. Seul mes fidèles Junsa restaient là, à attendre patiemment que je leur donne l'ordre de quitter...ce qui ne tarda pas.

Maintenant seul, je pouvais laissé aller libre-cours à ma satisfaction en échappant un ricanement qui se voulait presque machiavélique. Dans l'extase du moment, je ne remarquai jamais que mon sabre venait simplement de puiser dans mon chakra afin d'animer sa conscience. Seul sa respiration creuse et saccadée me fit réaliser qu'il était éveillé. Lui aussi, riait...ce qui n'étais jamais bon présage...

AaahaaAahAaaah...tuuu mee surpreeend....tuu mee surpreeend. Jee ne tee croyaaiis pas caapaable de teelles manigaances.[i]la voix venait directement de l'intérieur de mon large costume gris à capuche, étouffée par celui-ci d'ailleurs, mais parfaitement audible pour moi.

Derrière mes habits, j'avais tout simplement fragmenté l'entièreté du tranchant d'Akuma Kudaku pour en disperser les morceaux dans diverses pochettes internes, en ne gardant que le pommeau attaché à ma ceinture, le laissant pendre le long de ma cuisse. Cependant, outre l'aspect technique expliquant "comment" je pouvais garder mon arme démesurée sur moi en toute discrétion, mon sourire lui s'effaça directement...comme pour quelqu'un qui venait tout bonnement de se faire prendre la main dans le sac

Reprenant simplement un air sérieux, je me dirigeai vers l'arrière du grand bureau de bois afin d'en ouvrir les tiroirs et les vider de leurs contenus...en m'assurant bien-sûr de garder ce qui semblait être important. Le ton que j'empruntai alors pour répondre aux moqueries de mon sabre passait par l'arrogance pour finalement frôler le déni.

Arrête tes conneries...je ne suis pas comme toi Kudaku. Je ne le fais pas simplement par plaisir ou pour moi. Ce n'est pas comme...

Cooomme quooiii?  Comme l'uun de mees plaans torduus? Oouu l'uun dee ceeuux dee ce Hooheeiinheeim? HAAAAHAAAHAAAAA!!! Nee mee faaiis pas riire Samui!! Tuu saais trèès bieen ce que tuu fais....et cee que ça iimpliiique!

Et si d'abord, je sentis une colère montée en moi et l'envie de lui clouer le bec...vint ensuite un sentiment de confusion, suivis d'une réflexion "de surface". De surface car...même si j'avais réellemment voulu remettre ses insinuations en doute...je savais au fond de moi que Kudaku avait raison. Quelque chose chez moi avait changé...et m'avait poussé à agir de la sorte. Quoi? Je ne pouvais vraiment l'expliquer...

Neee tee poose paas trroop de queeestioon Saamuui. Tuu tee débrouiille biieeen. Gaaarde toon objeectiif biien een vuu eeet toouut devraait bien alleer. HAaaAhAaahAaAaa

Ce n'était que dans le doute que nous échouions...et je savais qu'il avait raison. Posant donc simplement mes fesses sur la grande chaise du pouvoir, je gardai un regard pensif vers l'avant, en fixant les deux énormes portes qui donnaient sur le hall supérieur du bâtiment, et je croisai les bras en repassant la séquences d'aujourd'hui en tête. M'assurant que je n'avais rien laissé au hasard. Un clone de moi-même pour me dissocier du Taira aux yeux du monde. Un autre sous henge du Triumvir de la rage pour m'attaquer et inculper les Suzurane de crime politique. Le cadavre de Matomeru dans la brume pour masquer à perfection la supercherie...l'utilisation du hyôton pour créer des blessures "froide" donc indétectable à savoir si elles étaient post mortem ou non, mais aussi laisser la population identifier le Taira à un Samui...et pour terminer un rapport médical qui indiquerait qu'il est impossible de déterminer la cause du décès de Matomeru autre que par le froid via techniques hyôton...et qui expliquerait sa rigidité mortuaire avancée. Tout semblait être calculé à la perfection.

Un seul détail pouvait permettre de me couler...

...et ce détail ne reposait que sur une confiance absolue du silence d'un homme. Un jeu dangereux...à moi de prouver maintenant que je pouvais emmener cette stabilité que je lui avait promis. Mais nous avions tous notre sens propre de "ce qui était stable"...et de quelles manières l'on pouvait amener cette stabilité...