Longtemps...
Longtemps, tu étais restée assise, avec ce regard affuté contemplant alors toutes les démonstrations parfois hasardeuses des autres shinobis de Kiri bien plus travailleurs que tu ne pouvais l'être. La sueur suintait de chacun de leurs pores, et toi, tu restais là, paisiblement, à attendre que le temps où que la divine illumination ne te touche de sa grâce. Ces instants passés en tant que simple spectatrice furent bien plus agréables que ceux que tu pouvais vivre dans ton petit appartement étriqué. Tu pouvais au moins respirer de l'air frais, entendre des gens communiquer même si leurs mots ne t'étaient pas destinés. Bien que tu semblais vouloir le cacher en permanence, tu aimais bien cette candeur, cette chaleur qui émanait de chacun d'entre eux. Cela te permettait de te sentir moins seule, de manière éphémère mais bien présente.
Tu les enviais parfois, jamais trop longtemps, juste pendant quelques instants. Ils avaient cette capacité de rire, de vivre et d'exister sans penser déjà à comment ils pouvaient reculer en cas de problème. L'insouciance ne t'avait jamais porté dans ces bras. Une maturité précoce ne valait pas mieux que l'immaturité. Tu pouvais le certifier par expérience désormais. Mais, tu ne restais pas longtemps sur cette vérité, tu avais rapidement changé de préoccupation.
En les regardant s'entrainer de la sorte, cela te donnait envie de faire de même.
C'était peut être ce que tu étais venue chercher. De la motivation pour engrainer le moteur quelque peu rouillé qui sommeillait en toi. Mais toi qui avais été toujours autodidacte avait poussé au plus loin ses propres capacités. Ton imaginaire limité ne pouvait te donner éternellement un moyen de te dépasser. Et tu ne voulais pas désespérément faire des efforts dans le vide, par souci de préservation.
L'être humain n'était pas fait pour s'épuiser en permanence. Il avait besoin de se reposer sur ses acquis de temps à autre afin de ne pas consommer trop vite ses forces. La vie était une denrée rare, qui s'épuisait à chaque instant. Et dès que tu t'entrainais, tu la consommais encore plus en te faisant souffrir, toi et ton corps. D'une manière ou d'une autre, tu avais compris que ne rien faire était encore le meilleur moyen de se préserver d'une mort rapide. Mais en contrepartie, tu ne pouvais pas pleinement protéger tes engagements si tu restais là à ne rien faire.
Alors tu avais choisi ce parti, d'être motivée uniquement quand tu savais où aller. De te dépasser seulement lorsque tu étais persuadée d'avoir un retour équivalent à la clé. Tout cela afin de maximiser tes chances de vivre comme tu le souhaitais.
Tu aurais tué pour avoir un entraineur. Quelqu'un pour trancher ta manière de penser. Pour te faire comprendre que ta manière de réfléchir n'était pas la bonne solution. Pour te rendre plus forte que ce que tu étais capable de faire avec toi même en cet instant.
Mais bon... Alors que tu te levais de ton banc... Tu étais de toute manière résignée à être touchée par ce genre de destin... Bien que tu ne savais pas encore que quelques jours plus tard, ta vie allait prendre un tout autre tournant.