[Shukaï]Un homme sans gène

Le nombre de personnes ayant accès à cette partie du Village Caché de la Roche se comptait sur les doigts d’une main amputée de plusieurs phalanges. Que ce soit aux premiers temps de l’Empire ou suite à la militarisation, il était des lieux où nul n’avait l’autotisation de pénétrer ces lieux secrets où l’Empereur pouvait parader en toute tranquillité. Ces sous-sols, comprenant plusieurs étages, concernaient chacun à leur façon les futures avancées technologiques et biologiques du Shukaï. Reliant le Complexe Scientifique au Palais Impérial, sans que personne ne soupçonne son existence, l’Homme de Glace avait déjà donné ses ordres et développé plusieurs projets dans ces lieux sombres. Il s’était même réservé la possibilité d’étudier le phénomène maudit qui déchirait son corps progressivement.

Pourtant, c’est pour une raison bien précise qu’il avait mis pieds dans ces lieux enterrés aujourd’hui. Ayant fait appel à une équipe d’experts, eux-mêmes liés au Complexe Scientifique et à la dévotion impériale, le Kamui s’était décidé à occuper une partie du troisième sous-sol. Depuis peu, l’Empire avait en sa possession un pouvoir étrange. Un pouvoir que le Dernier des Kirijins comptait bien exploiter dans son intégralité ! Suite à un affrontement des plus redoutables, l’un des membres importants du Kaïho-Sha, le « VIII », était tombé au combat et son corps avait été récupéré pour plus d’études et d’analyse. Après un travail minutieux, il relevait que son talent tenait avant tout d’une nature biologique inconnue.
Mais « inconnue » n’était pas synonyme de « dangereux » et encore moins d’ « inutile » !

Le Maître du Shukaï avait fait ses recherches. Et parmi ses hommes, il avait déjà bonne idée de qui serait le plus méritant pour un tel trophée. Devait-il se l’implanter lui-même ? De fortes chances que cela ne puisse marcher, avec le Hikaïjuu. Après tout, ce dernier était déjà une entité agressive dans un corps de plus en plus indestructible en raison de la prise de la glace sur la peau. Rajouter un élément supplémentaire ne ferait que rendre les choses encore plus instables … . Bref, mieux valait ne pas envisager cette possibilité.
La question maintenant était de savoir qui pouvait détenir ce Gène et en exploiter le potentiel.

La recherche s’était finalement achevée, lorsque les yeux abysse de l’Ancien s’était posé sur un nom. Le personnage était un combattant téméraire et déterminé. Qui n’avait pas pris part au Coup d’État plusieurs années auparavant, mais qui avait démontré sa Foi inflexible envers l’Empire et les Pays Neutres ! Quelqu’un qui avait gravi les échelons, et s’était montré capable, impliqué, et dévoué à la Cause d’une Paix Universelle. Un homme qui ne pouvait que souhaiter renforcer son arsenal pour atteindre de plus hauts sommets ! Se décidant à s’arrêter sur ce choix, le vieux Samui l’avait fait quérir. Tout en maintenant l’existence de ce labyrinthe souterrain secret … .

Accompagné d’un homme masqué, le jeune Yôgan pouvait observer le Dirigeant assis, une petite fiole de verre en main. A ses côtés, trois personnages forts en prestance et en personnalité l’entouraient, tous armés d’un sourire et d’une confiance absolue. Le jeune Yôgan avait certainement de quoi être surpris par cette réunion dans un lieu dont il ignorait tout et tous. Mais il demeurait une figure qu’il reconnaîtrait entre mille : celle de l’Empereur qui l’avait fait chercher.
Ce dernier ne préférait pas perdre de temps en présentation et en détails. Il était décidé à aller droit au but.

~ Seitô Yôgan … . Ne crains pas ces lieux ; ils demeurent cachés, mais tout dessert l’Empire et ses objectifs ici. Tu l’as sans doute appris, nous avons récemment éliminé l’une des cibles attestées de notre nouvelle Guerre contre le Kaïho-Sha. Celui à qui on attribue le numéro « VIII » … .

L’homme se redressa et présenta plus clairement la fiole de verre qu’il détenait devant lui. Son contenu était imperceptible ; mais une source de chakra puissante en émanait de façon évidente. Ce n’était pas un simple contenu ; une grande puissance y résidait sans aucun doute.

~ Nous sommes parvenus à extraire ce Savoir qui rendait cet adversaire si exceptionnel. Mais nous ne sommes pas les seuls. Les autres Villages ont également procédé à la même opération, et ont certainement obtenu des composants proches de celui que nous détenons. L’Ere Ninja entre dans un nouveau chapitre : où nous devons concurrencer chaque tentative adverse par une nouvelle initiative de notre part. Nous avons commencé cette opération dans plusieurs domaines ; il nous faut également poursuivre ce combat mené par les autres … . Seitô. Tu es un combattant d’exception, qui a dévoué sa vie et son Art aux plus faibles et aux idéaux que défend le Shukaï. Nous avons besoin d’un Porteur pour ce Gène unique. Voudras-tu tester ta Foi plus amont ?

La question était très claire : l’homme fidèle à ses principes et dévoué par son corps et ses actions était-il prêt à prendre un risque supplémentaire pour emmener ses idéaux plus loin ?

Spoiler:

Yôgan Seito

Seito restait muet. Il n'était certain de bien comprendre la scène qui se jouait devant lui, ni même si cet homme qu'il avait face à lui était bien celui ... Il remit ses souvenirs en place. Il avait été escorté depuis Itabei, de ça il se rappelait distinctement. On était venu le chercher dans son bureau même, où on lui avait remis une missive qui lui était adressée directement. La chose étant assez rare, même pour quelqu'un occupant ses fonctions, il avait d'abord été intrigué. Confiant en ses propres capacités à se défendre dans le cas d'un éventuel traquenard, il avait cependant lu la convocation -puisqu'il s'agissait en effet d'une convocation. Aussitôt, il avait suivi de son propre grès les messagers, qui l'avaient emmené jusque ... jusqu'aux abords d'Iwa, semblait-il. Ils n'étaient pas rentrés dans le village lui-même, et à partir de ce point-là il avait perdu la notion du temps. On lui avait bandé les yeux, et on l'avait guidé -sans animosité apparente- jusqu'à un endroit que l'on souhaitait manifestement garder secret. Là, on lui avait découvert le regard. Et il avait découvert cet environnement pour le moins étrange, et ces gens inattendus.
Plus que la figure centrale, il avait d'abord été intrigué par les trois personnes qui l'entouraient. Ces visages semblaient bien sûrs d'eux, presque suffisants. Seito avait du mal à comprendre la raison d'une telle réjouissance. La convocation qu'il avait reçue était plus qu'évasive au sujet du motif de sa présence en ces lieux. Simplement, elle était signée de la main de l'Empereur. C'était plus que suffisant pour rapatrier dans la minute n'importe quel soldat un tant soit peu soucieux de l'étiquette. Aussi, si le doute persistait dans l'esprit du jeune Shuhan quant à l'identité des trois inconnus, celle de l'homme à la crinière d'argent était parfaitement claire. C'était l'Empereur.
Seito était tellement intrigué, tellement de pensées voletaient confusément dans son esprit, qu'il n'entendit pas les premières paroles du Kamui. Ou plutôt, il les entendit sans les comprendre, ce qui revenait finalement au même. Le seul mot "VIII" parvint jusqu'à lui. Il tiqua. Il connaissait de réputation ceux qui portaient des chiffres en guise de nom. Le Kamui ne venait-il pas de dire qu'ils avaient éliminé celui-là ? En ce cas, c'était certainement une victoire édifiante pour le Shûkai, de même qu'un pas de plus vers la paix, ou tout du moins vers une paix partielle. Si Seito était partisan de la diplomatie, il ne pouvait dénier l'efficacité des assassins. Il en résultait très souvent que les problèmes disparaissaient aussi rapidement qu'ils étaient venus. Mais n'y avait-il pas une autre forme de satisfaction en parvenant à convaincre un ennemi de ne pas attaquer, de renoncer ? C'était une tâche autrement plus difficile, car il ne s'agissait pas de confronter des forces physique mais bien des forces de caractère. Mais le plaisir d'y arriver était bien supérieur à celui obtenu -facilement- en tuant un adversaire.
Seito porta son attention sur la fiole de verre qu'on tendait devant lui. Aussitôt que son regard se fut posé dessus, il sentit qu'il y avait quelque chose de particulier à l'intérieur de ce récipient. Il n'aurait pu dire quoi, parce qu'il ne le voyait simplement pas, mais il le sentait viscéralement, il en avait l'intuition profonde. Tous ses sens lui criaient qu'il y avait du pouvoir dans cette fiole. Du pouvoir brut.
Il prêta à peine attention aux louanges qu'on lui fit tant son attention était portée sur la mystérieuse fiole. Il fut néanmoins touché. Ce n'était pas tous les jours, après tout, qu'on était complimenté directement par l'Empereur. Ni même ... Seito releva les yeux aux derniers mots du Kamui. Il y eut un instant de flottement pendant lequel personne ne parla.
"Euh ... Je vous dois des remerciements, je crois, pour autant de fleurs. Tout du moins, si vous estimez vos compliments légitimes, acceptez mes bien sincères mercis. Et ..."
Il prit un instant, un instant pendant lequel son regard dévia sans qu'il le voulût sur la fiole de verre.
"Je crois que vous me faites une proposition ..."
Sa voix était lointaine, son esprit ailleurs. Il ne pouvait détacher ses yeux du petit récipient de verre. C'était étrange. Il avait l'impression d'être attiré par le contenu mystérieux de la fiole, comme s'ils étaient déjà reliés. Il se devait pourtant de paraître, au moins, méfiant pour ne pas avoir l'air trop naïf. Il s'efforça de détacher une bonne fois pour toute son attention de la fiole, se concentra sur la figure impériale -non sans difficulté à cause de l'aura particulière qui émanait de celle-ci aussi- et prit son ton le plus assuré:
"Mais j'ai par principe une certaine réticence à me livrer à des expériences de ce genre. Vous le comprendrez, je l'espère, et ne m'en tiendrez pas rigueur. Simplement, vous pourrez répondre à cette question: est-ce que je ne m'expose pas à quelque danger en acceptant "d'héberger" ce ... cette chose dans mon corps ? N'y a-t-il pas un effet secondaire, quoique ce soit qui pourrait m'être fatal ? Si je suis prêt à accepter un certain degré de douleur, la mort serait cependant -vous en conviendrez- décevante. Pour nous deux, je pense."

Le jeune Seitô était certainement surpris par l’ambiance, la localisation et les nombreux mystères qui encerclaient cette entrevue. Quoi de plus normal que d’y aller à tâtons quand on sent que la situation nous échappe et qu’elle ne promet rien de bon ! Bien qu’hésitant, l’homme fit part de sa « réticence » à être placé dans de tels projets sans savoir exactement de quoi il retourne, ou encore sans avoir conscience des risques.
C’était tout à son honneur ! Il n’y a guère que les idiots ou les malades pour foncer tête baissée, en hochant de la tête et en bougeant la queue sans se poser de questions … . Mais était-ce prudent ? L’homme qui avait organisé cette rencontre et préparer le protocole n’était pas un simple médecin en manque de cobaye ou de candidat volontaire ! C’était l’Empereur en personne ! Et bien que l’identité et la nature des trois hommes l’accompagnant restait un mystère, il n’y avait aucun doute qu’il les avait réuni ici dans un but bien précis ! Refuser cette proposition était-elle la chose la plus intelligente à faire ?

« Je comprends votre inquiétude, Seitô. Mais sachez que nous sommes là pour ça. Empereur ? »

L’homme ne bougea pas, mais fit un signe de la main, accordant ainsi la possibilité à l’interlocuteur de procéder dans sa démarche. Ce dernier le remercia en joignant ses deux mains, et fit un pas en avant vers l’invité.

« Je suis Hayate Iyuu. Voici Kota Oroshi, et Gembou Siume. Nous sommes tous trois médecins, spécialisés dans différentes branches médicales, mais plus particulièrement dans le domaine embryonnaire et dans l’étude des cellules. Nous faisons partie de la division médicale et scientifique du Complexe d’Iwa. »

Voici enfin les prestataires introduits. Désormais, la chose semblait plus claire à bien des points. S’ils étaient là, et tous les trois compétents dans la matière, on pouvait supposer que l’opération à venir serait moins hasardeuse que présentée au premier abord. Mais cela ne devait pas couper court à la présentation et aux explications en cours.

« Nous nous sommes intéressés à la structure corporelle et molléculaire du sujet « VIII », afin de mieux percer les secrets de ses origines, de sa force et de sa maîtrise exceptionnelle. Nous en sommes arrivés à déterminer que le Gène particulier de l’objet d’étude se loge dans le Chromosome 13, et a un effet maladif inversé. Plutôt que de s’attacher à la rétine de son porteur, ce Gène récessif en développe les capacités à un échelon au-dessus et permet dès lors de modifier une « visualisation effective ». Ce Gène « de la Visée » - comme nous l’avons appelé – permet pour un Ninja de rediriger les effets de ses attaques et de mieux contrôler ses techniques pour leur donner un effet maximal. »

La présentation du Gène étranger était faite. On en revenait à cette fiole étrange, et si particulière entre les mains du Kamui. Espérait-il voir le jeune homme accepter ? Ou refuser ? Celui qu’on traitait déjà de tyran pouvait-il espérer obtenir davantage de pouvoir ? Pourquoi avoir choisi le Yôgan, responsable de bibliothèque au Pays des Cascades ?
Le médecin continuait son exposé.

« Il nous est impossible de vous dire aujourd’hui que cette expérience sera une réussite totale et sans accroc. Toute tentative a ses dérives et ses échecs latents. En revanche, nous sommes trois grands spécialistes réunis sur le sujet, et les progrès en médecine, notamment grâce au chakra, ont bien améliorés nos capacités et nos possibilités sur le plan opératoire. Les critères de sélection pour les candidats ont été laissés à l’appréciation de l’Empereur Kakeshuou Samui. S’il vous a choisi, c’est qu’il vous juge en bonne santé mentale et physique, mais avant tout parce que vous avez les prédispositions pour accepter cette faculté unique. … Mais il ne tient qu’à vous d’accepter ou de refuser cette opération ! »

L’homme ne quittait pas son sourire. Il se voulait rassurant. Ce n’était pas un tortionnaire ; ni lui, ni ses compagnons de travail. Mais il était évident que pour eux, tout était à gagner. Réaliser une expérience aussi unique, aussi prestigieuse, était une fascination pour ces trois individus dévoués à la Science. Ils iront dans le sens du règlement et des attentes de leur supérieur ! mais si on leur donne carte blanche sur ce topic, ils seraient bien capables de prendre le premier volontaire qui passe pour pratiquer l’opération et voir ses résultats, bons ou catastrophiques !

Seul face à ces hommes, face à ce choix ambigu. Il était temps pour le Yôgan de déterminer si sa Foi serait suffisamment grande pour reposer son destin entre les mains du Kamui … !

Seito ne savait pas vraiment quoi penser, à propos de la situation dans laquelle il se trouvait et à propos des trois scientifiques qu'il avait face à lui. Il les observa se présenter et les écouta quand ils lui expliquèrent leur projet. Il était à la fois déconcerté par ce qu'il apprenait, intrigué par le vaste monde scientifique que ces expériences révélaient à son esprit ignorant dans ce domaine, et honoré d'être au coeur d'un tel projet. Mais son regard, malgré tous ses efforts, ne pouvait se détacher complètement de la fiole que tenait encore l'Empereur. Tout ceci avait été orchestré savamment par le Kamui, ça ne faisait aucun doute pour Seito. Il ne savait que dire. Trop de choses se mélangeaient dans son esprit pour lui permettre encore de dire quoique ce soit qu'il put être certain de ne pas regretter par la suite. Il devait faire un point et mettre de l'ordre dans ses idées.
Il y eut un instant de flottement, pendant lequel un silence d'or régna. Personne ne brisait la solennité d'un tel moment. Des choses trop importantes se profilaient, des événements trop grands. De fait, une atmosphère théâtrale s'était installée, et chacun semblait savoir qu'il était maintenant acteur d'une partie du futur du Shûkai. Si l'Empereur était habitué à cette sensation et à ces moments d'histoire, si les scientifiques qu'il avait conviés étaient de ceux-là également, Seito, lui, ne connaissait rien encore de tout ceci. D'autant plus qu'il avait été pris au dépourvu. Quelques instants auparavant, encore, il ne pensait pas qu'il serait plongé au coeur d'un projet qui lui semblait être d'une importance de premier plan, peut être parce qu'on lui avait ainsi présenté les choses. Beaucoup de choses reposeraient sur ses épaules s'il acceptait, à commencer par les exigences de l'Empereur lui-même. Mais qu'aurait-il en retour s'il refusait ? Il pourrait certainement faire une croix sur le soutien du Kamui dans le cadre de futurs projets. Il lui semblait qu'il avait tout à gagner dans cette affaire, en mettant de côté le danger qu'une telle opération représentait potentiellement pour sa vie.
Et cela encore il pouvait l'écarter puisque les scientifiques s'étaient présentés comme quelques uns des esprits les plus brillants dans leur domaine. Et si en apparence Seito n'avait que leur parole comme preuve, il était en fait également fort d'un autre atout: ils avaient été conviés par le Kamui lui-même. Et il était impensable que Samui Kakeshuou en soit arrivé au point où il pouvait prendre des risques à la légère lorsque ceux-ci impliquaient un de ses soldats des plus prometteurs. Seito était réaliste sur ce point: il avait fini par attirer l'attention de son souverain. Voilà la récompense qu'on lui offrait pour les services qu'il avait rendu à l'Empire. Une puissance potentiellement accrue, la confiance éventuelle de l'Empereur, le tout grâce à une opération probablement menée avec succès. Tout ceci faisait beaucoup d'éventualités, sans trop de certitudes.
Seito releva la tête, et fixa d'abord les trois scientifiques.
"C'est d'accord. Je vous laisse procéder à toutes les opérations que vous jugerez nécessaires pour la réussite de ce projet, et vous avez mon feu vert pour tout ce que vous souhaiterez entreprendre, du moment que vous avez également l'aval du Kamui. Simplement, avant que nous ne commencions ..."
Il tourna son regard vers l'Empereur, et immanquablement vers la fiole, qui l'attirait toujours avec la même intensité.
"Je veux savoir pourquoi m'avoir choisi moi. Qu'est-ce que je représente de si spécial pour que l'Empereur lui-même décide de m'accorder cette confiance ? Qu'est-ce que j'ai fait de si particulier qui mérite que je reçoive ce privilège que l'Empereur aurait pu se réserver pour lui-même ? Après tout, je ne suis que le dirigeant d'une ville assez modeste de Taki. A peine un bibliothécaire. Qu'est-ce qui me vaut tant d'honneur, ou en tout cas tant d'attention ?"
Ses yeux sincères fixaient avec intensité ceux de Samui Kakeshuou. Il était sûr de lui dans sa décision, et l'était tout autant dans ses questionnements. Qu'avait-il de si particulier ?

Le jeune homme donnait son accord. Courage ou folie, allez savoir. Tout cela n’avait en fin de compte que peu d’importance. A sa réponse, les trois scientifiques s’échangèrent un sourire de satisfaction : ils auraient l’honneur et le plaisir de participer à une expérience unique en tant que premiers acteurs de cette scène historique. Il était toujours préférable d’avoir l’accord du cobaye ; cela limitait les interactions intra-opératoires, et simplifiait les procès post-opératoires.
La question que le volontaire posait cependant poussait les intriguants à porter un regard sur le Kamui, jusqu’à présent resté silencieux. Ce dernier conservait toujours dans ses doigts cette étrange fiole, contenant certainement le Gène sussement nommé. Contrairement à tous les autres, et malgré la bonne nouvelle, son regard restait toujours aussi sévère. Il est coincé, le vieux ou quoi ?!

Une question au demeurant pas insensé ! Il y avait des milliers de combattants au sein du Shukaï. Et parmi ceux-là, de nombreux membres de l’élite ! Des espions, des infiltrés, des spécialistes des missions délicates, des hommes dévoués et impliqués à tout étage. Et l’Empereur lui-même ! Il pouvait bien se greffer lui-même cette puissance, pourquoi pas ! Cela ne ferait que renforcer son caractère unique et sa puissance démesurée ! Les trois médecins se préoccupaient peu du pourquoi et du comment ; mais maintenant que la question était posée, et que c’était la (dernière ?) volonté du Yôgan, autant passer par cette étape ! Tous les regards étaient donc braqués désormais sur le Dernier des Kirijins qui gardait ce regard de braise, et ce visage de marbre.
Les lèvres de l’homme s’agitèrent à peine pour délivrer sa réponse.

~ Je te choisis car tu es Toi.

Une réponse sans vraiment en être une ! Elle avait d’ailleurs jeté un froid sur cette entrevue. Était-ce à cause de la mauvaise humeur naturelle du Kamui ? Ou parce qu’on s’attendait à quelque chose d’autre ? Peu importe, visiblement il n’y aurait pas de suite. L’homme faisait un signe de tête vers l’équipe spécialisée, et tendait la fiole. Désormais, il laisserait faire les experts. Il reviendrait quand l’opération s’avèrera être un succès – ce qu’il espérait encore – et pour discuter avec le jeune combattant.

Hayate Iyuu prenait le relais, et posait une main sur l’épaule de sa « victime », tout souriant.

« Si vous voulez bien nous suivre, nous allons vous préparer à l’opération. »

Le quatuor se retrouvait dans une salle opératoire, avec table d’opération, et nombre d’outils chirurgicaux. L’opération d’aujourd’hui allait être très particulière ! Il s’agissait après tout d’implanter un Gène dans un ADN n’ayant jamais connu d’élément extérieur à ce jour ! L’ordre du jour était donc plus que risqué ! Car c’était bien vers la moëlle épinière que la grande partie de l’opération se porterait ! Seitô n’en avait peut-être pas conscience, mais ce n’était pas une question de vie ou de mort qui devait le préoccuper. Mais davantage de risque paraplegique pour la suite de son histoire ! … .
Bientôt torse nu, plaqué côté ventre contre la table à bascule, le jeune homme était mis au sol. On eut dit une table de massage ! Mais ce n’était certainement pas pour des soins du corps, et encore moins pour une détente.

Le Ninja à plat ventre ressentit rapidement les liens destinés à l’entraver se reserrant. La tête froidement calculatrice du binoclard, Gembou Siume, se pencha pour regarder le Shinobi une dernière fois avant l’opération.

« L’opération reste très lourde, alors nous allons pratiquer une triple paralysie artificielle. La premièr sera une mise en sommeil de ton chakra, pour que tu ne résistes pas, ou encore que ton chakra ne rejete pas le Gène qui sera implanté. La seconde sera un Genjutsu afin de plonger ton esprit dans un esprit plus tranquille, pour simplifier l’opération, et éviter des complications post-opératoires. La troisième sera plus classique, anesthésiante, pour t’endormir et reposer ton corps. Qui sera alors plus réceptif à la greffe. On est ok ? »

L’homme s’était redressé sans même attendre la réponse ! En fin de compte, on donnait davantage l’impression que le Yôgan venait de passer du statut de volontaire à cobaye. Ce fut un autre Medic-Nin qui fit son intervention soudainement. Le visage simple, l’air endormi mais tout sourire malgré tout ; il tentait (vainement ?) de détendre en montrant ses aiguilles.

« Salut … ! Mon truc à moi, c’est l’acupuncture. Je vais enfoncer une aiguille sur la cinquième vertèbre, avec un effet inhibiteur sur ton flux de chakra. Ce sera certainement la plus douloureuse, car je dois avoir le meilleur accès possible à cette source. Par la suite, on te lancera un Genjutsu que tu seras dans l’incapacité de neutraliser, et j’appliquerais après mes aiguilles pour reposer ton corps. Ca va bien se passer, pense à sourire, pour la postérité ! »

Idem ! Pas le temps de dire « ouf », le chirurgien avait déjà disparu ! L’opération pouvait commencer. La table couchée, les trois hommes s’affairaient et se préparaient pour la suite. Gants stériles, outils chirurgicaux, tout le matériel était prêt pour entamer les festivités. L’acupuncteur fit danser une aiguille entre ses doigts, tout en appliquant son chakra médical. Kota Oroshi se fit craquer le cou, sourit à nouveau et se permit une dernière phrase.

« On est prêt, Seitô ? »

Il n’attendit la réponse qu’un dixième de seconde. Le temps que les premières lettres sortent de la bouche du jeune garçon, l’aiguille lui pénétrait profondément le cou, sans ménagement mais avec une précision unique en son genre ! C’était une bonne vieille astuce, mais qui nécessitait des compétences uniques ! En poussant le jeune homme à répondre, le chirurgien savait qu’il relèverait très très légèrement la tête, creusant ainsi la base du cou, et permettant de ce fait de se rapprocher plus facilement de la zone ciblée. L’imposante aiguille resta plantée dans le cou, pendant que quatre autres venaient encercler la base du crâne et la racine du cou. De quoi neutraliser la douleur et procéder à la suite.

Hayate Iyuu déploya le Genjutsu qui renvoya le jeune combattant vers ses précédentes années. Peut-être pas les meilleurs souvenirs, puisque le Yôgan y reverrait certainement ses anciens combats, ses épreuves et ses déceptions. Mais c’était également une façon de lui rappeler qui il était, et comment il en était arrivé à ce stade. Dans le même temps, des aiguilles lui étaient soigneusement administrées, plus délicatement et avec une infime précision pour endormir les muscles, faire perdre conscience au corps et tranquilliser l’esprit et les fibres.
Tout était en place. Les trois hommes contemplèrent un instant ce corps inerte, véritable œuvre d’art médicale, avant que l’un d’eux fasse claquer son gant latex.

« Messieurs, c’est parti ! Scalpel ! … »

* * *

Impossible pour le Jônin de savoir combien de temps s’était écoulé depuis le début de l’opération. C’était certainement un véritable mal de crâne qui devait l’attendre. Mais quand il rouvrirait les yeux, les entraves et les aiguilles auraient disparu. Il se retrouvait dans un fauteuil roulant médical, la nuque pansée, une compresse sur le front, et avec un mal de dos comme jamais auparavant. Trois ombres dansaient sous ses yeux matinaux. Une première prononça quelque chose, sans que cela soit assez audible pour Seitô. Un pouce vint relever ses paupières l’une après l’autre, vérifiant par une petite lampe la réactin de ses pupilles. Pas de problèmes apparents, d’après les quelques bribes vaguement compréhensives … .

Hayate Iyuu se rapprocha et se mit à genoux, pour se mettre à la même hauteur que le bibliothécaire de Taki.

« Seitô … l’opération a été une réussite de notre côté ... . Mais nous devons savoir comment tu te sens. Pour l’instant, ne te lève pas. Je vais te demander de répondre à quelques questions, pendant que tu feras des exercices musculaires, pour vérifier que ton corps réagit bien et sans entrave. »

Kota Oroshi écrasa sa cigarette sous sa chaussure, et se rapprocha. Il se pencha légèrement.

« Je veux que tu commences par bouger les doigts de pieds et de tes mains. Dis-moi comment tu t’appelles, quel est ton âge, d’où tu viens, et où tu es. Explique moi ce que tu fais, et qui t’a fait demandé ici. Après, bouge légèrement la nuque de gauche à droite, de haut en bas, et fais un cercle avec ton cou. »

Si la réponse du Kamui plongea la salle dans une ambiance glaciale, Seito la reçut de plein fouet, mais pas désagréablement. Bien au contraire, il sentit immédiatement un sourire s'afficher sur son visage, sans qu'il l'ait véritablement souhaité. C'était une réaction parfaitement naturelle, mais il ne la regrettait pour le rien du monde. C'était un sourire franc, bien différent de ces légers sourires dont il avait l'habitude. Celui-ci était bien plus chargé en émotions, en sentiments. C'était le témoignage de la fierté du jeune Shuhan, qu'il avait parfois du mal à dissimuler. Les raisons du choix de l'Empereur lui semblaient maintenant évidentes, et il n'était que plus fier encore de les remplir suffisamment pour être éligible à un tel privilège. Ses yeux d'émeraude plongés dans ceux de rubis de l'Empereur, il pensait maintenant avoir réussi à pénétrer ne serait-ce qu'une strate de l'esprit de cet homme énigmatique, même pour ses propres soldats.
Il ne rechigna pas à suivre les scientifiques. Il était maintenant confiant au plus haut point, et ne doutait pas qu'ils feraient de leur mieux pour procéder à leur opération. Conscient de la valeur qu'il avait, des projets qui dépendaient de lui et de sa volonté seule, parfois, il ne pouvait de toute façon pas se résoudre à succomber à quoi que ce soit aujourd'hui. Trop de choses l'attendaient encore dans l'avenir -il le sentait- pour qu'il puisse les laisser en plan sans aucun espoir de reprise par personne d'autre. La défaite face à ce combat-là n'était pas une option. Seule devrait ressortir de la joute médicale qui se préparait entre un seul gène et son corps la victoire, c'est à dire sa vie et sa bonne santé. Il était un soldat, et c'était pour ça qu'il avait été choisi. Qu'adviendrait-il de lui s'il n'était plus en mesure de se battre ?
Il s'allongea à plat ventre sur la table d'opération, et frissonna aussitôt au contact du fer froid. Il ne voyait rien de ce que faisaient les médecins, mais sentait les sangles qu'on lui attachait autour des bras, des jambes et du torse. S'il aurait été réticent, en temps normal, à ce genre de précautions, il devait cependant s'y résoudre maintenant. L'enjeu était trop important pour ignorer la sécurité. Les docteurs se succédèrent ensuite devant lui pour lui expliquer le protocole qu'ils allaient suivre. Le premier, d'abord, lui exposa tout le processus de l'opération, auquel Seito se contenta d'agréer d'un hochement de tête. Vint ensuite un second, acupuncteur, qui donna sur son domaine des précisions dont Seito se serait volontiers passé. La seule perspective d'être criblé d'aiguilles, même s'il n'en était pas conscient, n'était pas très réjouissante.
"Prêt ..."
Ses derniers sons s'évanouirent dans sa gorge. Une étrange sensation au niveau de la gorge le bloqua soudainement. Ce n'était pas vraiment de la douleur, mais c'était certainement désagréable. Par la suite, ce sentiment se multiplia autour de son cou. S'il ne pouvait rien voir, il s'imaginait cependant une colonie de guêpes, tous dards dehors, qui s'était ruée vers lui dans le seul but de lui perforer la trachée. Puis il perdit connaissance, aussi soudainement que sa simili-douleur était apparue.
Il avait conscience d'être dans un rêve. Ou du moins dans un simulacre de rêve. Mais, peut être parce qu'il avait déjà vécu ce qu'il voyait, il avait l'impression d'être dans une réalité véridique. Il redécouvrait son environnement natal. Il était enfant, encore, à Ki no Kuni. Autour de lui, il y avait les bâtiments du sanctuaire des Yôgan. Les silhouettes étaient familières, mais les visages étaient flous. Les événements semblaient se passer en accéléré, mais tous rappelaient de doux sentiments au coeur de Seito. Il revoyait les entraînements sur le flanc de la montagne, les longues heures à guetter l'horizon, perché au sommet d'un mirador, les festivités des Yôgan ... Autant de choses qu'il ne connaissait plus depuis un moment, déjà. Et pour cela, il était triste. Tous ces souvenirs, loin de le réconforter et d'emplir son coeur d'un courage nostalgique, le rendaient éminemment mélancolique. Les images s'effilochaient, les sons se faisaient crissants, puis faibles. Tout fut noir.
Et une lumière vive l'aveugla. Aussitôt, il reprit conscience de son corps. Il était certain d'être sorti de son rêve, et pourtant la tristesse que l'illusion avait fait naître dans son coeur était toujours là, oppressante. Mais elle fut vite masquée par toutes les sensations physiques qui lui arrivèrent dessus d'un seul coup. Sa tête, d'abord, le fit affreusement souffrir. Finalement, il sentit tout son corps comme engourdi, puis empreint d'une douleur omniprésente. Ses yeux étaient restés à moitié ouverts. Ses oreilles, elles, étaient déjà en pleine activité. Il entendit et reconnut vaguement la première voix. Il n'avait, de toute façon, aucune intention de se lever. Il doutait trop de la capacité de ses jambes à le porter debout dans l'état présent pour se risque à une telle pirouette. Aux paroles du second, il s'exécuta. Il parvint avec succès -du moins pensa-t-il qu'il s'agissait d'un succès- à faire légèrement bouger ses orteils et ses doigts. Puis il ouvrit la bouche et sentit aussitôt qu'il avait la gorge sèche. Il fit claquer sa langue contre son palais.
"Je suis Yôgan Seito ... J'ai ..."
Il hésita un instant. Le souvenir de son rêve était encore trop grand pour qu'il ait pu répondre immédiatement sur son âge.
"J'ai 21 ans. Je viens de Ki no Kuni. Où je suis ..."
Il leva le regard vers les scientifiques en blouse blanche, et sourit légèrement, du coin des lèvres.
"Vous êtes certainement mieux placés que moi pour le dire."
Par la suite, il remua la tête conformément aux indications qu'on lui donnait. Il ressentait une vive douleur à la nuque, mais également et surtout dans le dos. Il n'osait imaginer les expériences auxquelles s'étaient livrés ces trois individus sur lui. Tout ce qu'il espérait, c'était qu'elles avaient porté leurs fruits.
"Quand est-ce que je pourrai voir l'Empereur ? Il n'est pas déjà loin, si ?"

(#) Sujet: Re: [Shukaï]Un homme sans gène Dim 5 Mar 2017 - 17:35

Les premières réponses étaient cohérentes. Le jeune Yôgan ne commettait aucune erreur dans ses réponses, et ses souvenirs ne lui posaient aucun piège ! Il était évident que de lui demander où il était ne pouvait avoir aucune réponse, puisque le jeune homme avait été amené ici dans le plus grand secret, et avec la plus grande discrétion … . Il s’exécutait, effectuait quelques mouvements de tête ; son visage montrait une douleur vive ! Peu étonnant quand on connaît la nature de l’opération qu’il venait de subir … .

A la question qu’il posait, il réceptionna un pouce qui vint relever ses paupières et passer une lumière vive afin de vérifier la réactivité de ses pupilles. Hayate Iyuu restait certes courtois, mais il n’en oubliait pas sa mission et son rôle. Il venait de procéder à une opération unique en son genre, qui appelait à des spécificités comme on n’en voyait pas à cette époque si reculée. Les questions que pouvait lui poser le Yôgan n’avaient aucun intérêt, tant qu’il n’avait pas la certitude que cette journée se soldait par une belle réussite.

« Seitô, je voudrais que tu te concentres sur nos questions et nos attentes avant tout … . Réponds à toutes nos questions : que fais-tu là, et qui t’y a fait demandé. » - Il se tourna vers ses collègues, dont Oroshi prenait des notes. « Quelques tensions dans le coup, je vais lui préparer un médicament dont j’ai le secret. Je vous laisse continuer ! »

Ce fut l’homme aux notes, Kota Oroshi, qui s’avança cette fois-ci. Qu’il s’agisse d’un sourire naturel ou de confiance, le malaise que pouvait ressentir Seîto ne semblait pas le perturber. Il se gratta le menton avant de jouer avec son stylo entre les doigts. Il se penchait, observait le corps, remarquait les muscles et armé d’un diapason, il frappa légèrement dans les jointures de chaque membre pour confirmer la réactivité du corps.

« Ce devait être la première fois que tu as fait de l’acupuncture ? Ressentir ce genre de douleurs est normal, ne t’inquiète pas ! … Tes muscules réagissent bien, il ne semble pas y avoir de rupture musculaire, et les tendons sont en place ! Lève-toi, et avance légèrement. Tu auras des fourmis qui te parcoureront tous le corps, ne tombe pas … . Dis nous de façon très claire et précise si tu as mal, où et à quel degré. »

Alors qu’il se levait, Gembou Siume lui proposait une paire de béquilles. Il ne devait y avoir aucun problème de circulation ! mais l’opération avait ciblé avant tout le dos. Il y avait donc des risques que ce dernier ne soit pas assez solide, ou encore sous le choc, pour supporter le poids de tout un corps humain. Si l’opération était un échec, les séquelles seraient bien plus visibles. Maintenant, il serait gênant que le Manipulateur de Lave se blesse en tombant ou par un faux mouvement. Faire avancer les choses pas à pas était la marche à suivre. Aucun doute là-dessus.

Reculant de deux ou trois pas, il attendait de voir si l’Onshi le suivrait et ressentirait oui ou non des difficultés. De façon évidente, c’était son dos qui le ferait le plus souffrir. Il aurait des médicaments à prendre pour le prochain mois. Sans doute quelque chose de surprenant pour un Ninja, dont la discrétion, l’efficacité et la mobilité sont les plus grands atouts. Mais pour Seîto Yôgan, ce serait un autre tour qui se jouerait.

« Voyons la deuxième étape. Le Gène que nous t’avons implanté a avant tout un impact sur ton contrôle du chakra. Il doit t’ouvrir de nouvelles possibilités, de nouvelles dispositions … . C’est ce que nous allons voir. Tu vas commencer par une technique toute simple, de ton répertoire, dans le domaine que tu souhaites. Apporte nous quelque chose de matériel avant tout. Nous devons vérifier que le Gène ne deviendra pas ton propre ennemi dans ta pratique de l’Art Ninja … »

(#) Sujet: Re: [Shukaï]Un homme sans gène Mer 8 Mar 2017 - 18:17

Toutes les instructions et les mouvements des scientifiques donnaient mal au crane à Seito. Il fut particulièrement irrité quand l'un d'eux lui souleva à nouveau la paupière pour l'aveugler de la lumière d'une lampe. Il ne doutait pas du bien-fondé de ces démarches, mais ne les appréciait pas pour autant. Il en viendrait presque à regretter les moments où il était encore plongé dans ses rêves, revisitant son passé dans ses terres natales. Il avait l'impression d'être traité comme une personne subissant les plus terribles des handicaps, et sujette à des faiblesses qui ne lui correspondaient pas du tout. Et les questions qu'on lui posait étaient absurdes. Il n'était pas devenu idiot au cours de l'intervention, si c'était ce qu'ils voulaient savoir, ni n'avait perdu la mémoire. Il était toujours Yôgan Seito, Shuhan d'Itabei, missionné par l'Empereur pour recevoir un privilège dont peu de soldats pouvaient se vanter. Mais cela, il ne pouvait pas vraiment l'exprimer aux scientifiques tant ils s'agitaient autour de lui. Lorsqu'il repéra un moment d'accalmie, cependant, il saisit l'occasion sans attendre:
"Ecoutez, je sais toujours qui je suis et pourquoi je suis là. Si vous craignez que je sois devenu amnésique, il n'y a pas de souci à se faire. Nous sommes bien à Ki no Kuni, chez les Yôgan, n'est-ce pas ?"
Il guetta la réaction des médecins, mais aucun d'eux ne sembla adhérer à la plaisanterie.
"Peu importe ... Mais faites attention à ne pas trop vous focaliser sur vos aiguilles et vos remèdes, vous risquez bien de devenir aigris. L'Empereur m'a fait demander ici pour que je reçoive une arme dont lui-même n'a pas voulu et a préféré livrer à un de ses soldats. J'ai eu cet honneur, et j'attends maintenant de voir si vos expérimentations ont porté leurs fruits."
Il avait récité cela comme une litanie, avec une forme de lassitude. Il n'attendait que de se remettre debout et de marcher à nouveau, voir de faire un peu d'exercice. Même s'il sentait des tensions dans certains de ses muscles, il avait envie de tenter l'exercice. Il n'aimait pas rester assis ni perdre son temps. Sans doute une déformation professionnelle. La vie de bureau et d'administration lui avait appris à ne pas gaspiller son temps. Fort heureusement, on l'enjoint à ce moment-là à se lever. Il s'appuya sur les bras de son fauteuil, et se souleva lentement. En effet, son dos était tendu. Il le sentit particulièrement bien à mesure qu'il se redressait. Ses jambes, elles, répondaient parfaitement. A part un léger fourmillement dans les pieds, elles semblaient être en parfait état. Il attrapa les béquilles qu'on lui tendit, et dit quelques pas prudents sur le dallage. Il retrouva un peu de mobilité, mais les tensions de ses muscles à chaque avancée étaient trop importantes pour qu'il se risque à trop avancer. Chaque pas contractait un peu plus ses jambes et son dos. Mieux valait en restait là pour l'instant. Il resta debout, appuyé sur ses cannes pour continuer de répondre aux exigences des médecins.
Un instant plus tard, il avait posé les béquilles et était campé sur des appuis assez solides pour lui permettre de rester debout sans trop de risques. Il malaxait son chakra et le canalisait, comme il avait l'habitude de le faire. De ce côté-ci, il ne ressentait aucune entrave. Tout se déroulait comme il le souhaitait, et son chakra répondait parfaitement à ses attentes. Ce premier tour de vérification fait pour lui-même, il exécuta une technique simple. Une série de mudras -effectuée avec lenteur pour ménager ses doigts encore parcourus de fourmillements- et il crachait dans l'air un nuage vermillon composé de petites gouttelettes de lave. La technique était pareille à celle qu'il connaissait d'avant. Il ne sentait aucun changement, positif ou négatif.
"C'est la même chose qu'avant l'opération. Comment il s'utilise, exactement, ce Gène ? Est-ce que c'est automatique, ou est-ce qu'il faut que je fasse quelque chose qui me permette de l'utiliser ? Car si c'est intuitif, je ne vois pour l'instant pas comment faire pour l'utiliser."
Et il craignait que les hommes en blouse blanche ne le sachent pas non plus.

(#) Sujet: Re: [Shukaï]Un homme sans gène Mar 14 Mar 2017 - 0:15

L’équipe de deux observait les moindres faits et gestes du sujet. Pour l’instant, hormis une profonde douleur dans les muscles du dos et des jambes – quoi de plus normal ! – il n’y avait rien à déclarer, ou à redouter. C’était une bonne chose, puisque ce genre d’opération n’était pas de tout repos ! Que ce soit pour le cobaye comme pour les médecins qui pariaient leur technicité et leur savoir sur ce genre d’épreuve. Et quand on a un observateur aussi intransigeant et scrupuleux que le Kamui, mieux vaut ne pas décevoir ses attentes.

En revanche, le jeune Yôgan n’était guère patient. Il souhaitait sans doute passer à la suite, et avoir davantage de réponses à ses questions. Il ignorait toujours où il se trouvait, pourquoi il avait été choisi, ou encore ce que cette opération pouvait bien apporter à son potentiel combattant. Hélas, à sa grande infortune … ses praticiens n’avaient guère d’idée sur la façon de contrôler et d’assimiler ce qu’ils venaient eux-même de lui apporter ! Pour l’heure, ils préféraient penser à sa santé et à son bien-être, plutôt qu’à ses capacités latentes. Cela répondrait à une autre préoccupation.

Hayate Iyuu revint, avec un petit récipient dont il semblait frapper et touiller la mixture verte. Son visage affichait toujours un sourire confiant. Comme si, quoi qu’il arrive, il n’y avait rien à caindre de cette procédure opératoire.

« Nous n’en savons pas plus que toi, Seîto. Nous sommes des médecins, pas des combattants – même si nous demeurons des Ninjas. Nous ne pouvons te faire part que du rapport d’affrontement qui nous a été communiqué par l’Unité Sengoku. Elle a éliminé le nombre VIII du Kaïho-Sha et a récupéré ces données biologiques. Nous avons donc un aperçu global, mais sans savoir comment ce dernier reste exploitable … . Je vais t’appliquer cette crème dans le dos, et y infuser mon chakra : elle devrait réchauffer la zone, et estomper la douleur. Il faudra par contre que tu te ménages : la douleur reste endormie, mais peut se réveiller si tu en demandes trop à ton corps dans le prochain mois. Reste sur des exercices classiques, évite toute mission dangereuse ou affrontement trop difficile … . Gembou ? »

Le blondinet passait dans le dos du médicamenté afin d’appliquer la substance chaude et collante ; tandis qu’il passait le relais de la parole à son collègue. Ce dernier prit un dossier posé non loin, et réhaussa ses lunettes d’intello. Ses yeux parcoururent quelques lignes afin d’en connaître une première fois le contenu, avant de le lire et de ne rendre plus clair.

« Le nombre VIII a été localisé par le Sasayaki il y a déjà cinq mois de ça. Il se trouvait à Yu no Kuni, et s’était fait remarqué pour s’en être pris à un Clan local. Suite à sa localisation, l’Unité Sengoku a été dépêché sur place, afin de neutraliser cette menace contre l’Ordre Ninja. Après un combat difficile, l’Ennemi a été défait. Ce qu’on peut déduire de cette capacité unique : ses attaques semblaient rebondir sur l’adversaire. Il pouvait effectuer une technique et s’assurer qu’elle toucherait plusieurs cibles l’une après l’autre. Il est parvenu à – »

~ Ca suffira, Messieurs … .

La voix issue des ténèbres fut le signal adéquat pour couper court à toute discussion. A y prêter plus d’attention, la silhouette blanche mais sombre de l’Empereur se dessina par une fumée blanche s’échappant de sa kiseru. Il était présent depuis le début, même lorsque Seîto Yôgan l’avait appelé. Tel le Ninja qu’il était, il avait demeuré tapi dans l’ombre afin d’observer et d’analyser en toute sérénité. Pas d’interaction inutile, ça ne servait à rien.

Pourtant, il venait de décider du contraire. Après avoir tiré sur sa pipe à fumer une dernière fois, il posa l’outil de plaisir et sa haute stature se dressa dans l’ombre pour avancer pas à pas. Son approche, seul son audible dans cette salle post-opératoire, sonnaît comme la marche du Diable se rapprochant de sa victime. Arrivé dans la lumière, ses yeux brillants et son visage figé dans une perplexité inchangée, il s’adressa aux hommes de science.

~ Mes félicitations pour votre travail … . Laissez-nous, maintenant, je vous prie … .

Acceptant la décision par un signe de tête, les trois hommes laissèrent les deux guerriers pour aller discuter de leur expérience phénoménale dans une autre salle et pour se féliciter de leurs travaux. Les deux hommes se retrouvaient donc face à face, dans un mutisme des plus stressants. Et comme il valait mieux éviter que l’état mental du cobaye ne varie pas trop, mieux valait rompre ledit silence.

~ Ils ne seront pas en mesure de te dire comment faire pour maîtriser ce Pouvoir. Ce sera à toi de te débrouiller ; de le découvrir et de l’exploiter à ta façon. Comme un gamin découvrant le chakra pour la première fois. Ou un Ninja cherchant à étendre ses capacités. Ce qui sera exactement ton cas à l’avenir. Des hésitations ? Des questions ?

(#) Sujet: Re: [Shukaï]Un homme sans gène Dim 19 Mar 2017 - 12:12

Seito s'était d'abord senti frustré de ne pas pouvoir obtenir de réponse de la part des scientifiques. Ils devaient pourtant bien avoir une idée, aussi vague soit-elle, de la façon dont fonctionnait cette nouvelle arme, ce Gène. Cherchaient-ils délibérément à le lui cacher ? Il paraissait improbable aux yeux du jeune Shuhan que des gens bénéficiant d'un savoir aussi étendu dans un domaine aussi complexe que l'était la médecine ne puissent pas l'aiguiller plus en avant sur la démarche à suivre pour éveiller ce nouveau potentiel qui sommeillait en lui, dans son propre génome. N'avaient-ils fait tout cela pour qu'il se retrouve, finalement, livré çà lui-même ? A moins qu'ils aient reçu des instructions contraires, leur demandant de le laisser se débrouiller seul pour trouver la façon d'exploiter ses nouvelles facultés. Mais c'était grotesque: si l'Empereur lui avait fait transférer le Gène, c'était bien pour qu'ils soit actif le plus rapidement possible. A quoi servait de le laisser patauger sans une seule piste de recherche ? Le temps qu'il lui faudrait pour trouver des réponses à ses questions serait incalculable. Sans compter le temps de rétablissement post-opératoire, qui ne ferait que rallonger un peu plus sa période d'inactivité. Il n'aimait pas l'idée d'être contraint par son corps, mais n'avait visiblement pas le choix. Il en allait de sa santé, et il avait appris qu'il valait mieux ne pas plaisanter avec ce genre de détails.
Il se retourna brusquement en même temps que les médecins en entendant la voix de l'Empereur dans son dos. Avait-il été particulièrement distrait pour ne pas le remarquer pendant tout ce temps ? Certainement pas. Il devait s'agir là d'une des capacités particulières du Kamui. Après tout, il était avant tout réputé -et craint- pour sa puissance en tant que Shinobi, qui était nettement supérieure à celle de n'importe quel autre soldat de son armée. Seito réalisait soudain l'écart immense qui le séparait, lui, du haut de sa modeste puissance, de personnalités aussi imposantes. Même Hoheinheim, son maître qu'il estimait et respectait pour son esprit et ses capacités qu'il savait importantes, ne devait pas arriver à la cheville, même, de l'Empereur. Une soudaine sueur froide parcourut l'échine du jeune Shuhan. Il avait du chemin à parcourir avant d'en arriver à ce niveau, c'était certain. Mais n'était-ce pas là une évidence ? Il avait simplement besoin de s'en rendre compte par lui-même.
Les scientifiques se retirèrent, et Seito n'en fut pas mécontent. Il commençait à être agacé par leur présence. Peut être parce qu'ils n'arrêtaient pas de le harasser de conseils, questions et prescriptions. A moins que ce ne soit parce qu'ils le faisaient se sentir très faible, et dépendant d'eux et de leurs soins. Une pensée assez désagréable pour un soldat, aussi modeste soit-il. Sans compter qu'ils l'assommaient. Il ne les salua même pas, son attention trop focalisée sur la figure -autrement plus intéressante- du Kamui, baignant dans la fumée de sa longue pipe. Seito resta un instant muet, à l'observer, appuyé contre un mur et sur ses béquilles. Il n'avait pas mal, et la seule idée de se rasseoir le ramollissait considérablement -une sensation qu'il avait en horreur. Il resta un instant muet, après que l'Empereur ait fini de parler. Il semblait finalement que les scientifiques avaient été sincères: ils ne savait pas comment exploiter cette arme qu'ils venaient de mettre entre ses mains, de même que lui n'en avait aucune idée. En un mot, tous étaient plongés dans une obscurité profonde, et la seule lumière potentielle était dans les mains de Seito. Une lourde responsabilité, quand on savait les attentes qui planaient au-dessus de soi. Et surtout, de qui venaient ces attentes ...
"Des hésitations, j'en ai beaucoup. Mais elles se dissiperont avec le temps, certainement. En revanche, je n'ai qu'une question qui vaille la peine de vous être posée: à quoi va servir cette arme, ce Gène ? A quoi devons-nous nous attendre qui mérite que le Shûkai soit en possession d'un tel atout ? Je ne peux pas croire que c'est simplement une forme d'assurance. Il doit bien y avoir quelque chose qui vous a motivé à récupérer un pion aussi important. Laquelle est-ce ?"
Peut être sa condition de convalescent, ou alors le fait qu'il était maintenant assuré de bénéficier d'un certain degré de confiance de la part de l'Empereur, lui avaient-ils fait oublier la timidité et l'effacement qui est d'usage face à ce genre de personnalité. Toujours est-il qu'il attendait sa réponse, immobile, son regard plongé dans celui du Kamui. Après tout, il aurait certainement un autre rôle à jouer dans les futurs plans du Shûkai. Autant être prêt à s'y conformer.

Le bilbiothécaire de Taki se remettait peu à peu de ses émotions, et profitait du départ des scientifiques pour haper une nouvelle bouffée d’air frais. Il ne faisait aucun doute que la fatigue, conjuguée aux interrogations et aux préconisations constantes de ses gardes-fous, l’avaient rendu nerveux. C’était à ce titre que l’Empereur s’était tiré de la pénombre pour s’offrir un moment privilégié de tranquillité et de secret avec le nouvel hôte du Gène.

Ayant mis en avant les faits, plutôt que de tourner en rond, le Samui évitait ainsi un registre qui ne lui appartenait pas. Les Gènes, le Kaïho-Shâ, ces nouveaux pouvoirs ; tout cela le dépassait complètement. Malgré sa fascination pour la Science et ses progrès, l’homme n’en demeurait pas moins un Ninja des anciens Temps. Très classique dans sa façon d’agir, et comptant avant tout sur des compétences développées par ses propres moyens plutôt que de compter sur un subterfuge supplémentaire ou des anabolisants. Ce Gène, il ne l’avait pas voulu pour lui-même. D’ailleurs, son Corps ne l’aurait pas admis. Mais il n’était pas prêt à le rejeter par principe non plus. Il le voulait pour le Shukaï.

La remarque du jeuner Yôgan fit naître un étrange sourire sur les lèvres du Kamui. Cette seule observation de la part du cobaye démontrait que le choix fait par le Maître des Pays Neutres n’était pas sans fondement. Il avait vite compris qu’insister sur la nature même de ce pouvoir ne le mènerait à rien pour l’instant. Mais il n’en avait pas moins perdu de vue la constante impériale. Pour qu’une telle expérience – aussi risquée et aussi téméraire – soit entreprise, il fallait bien que le Gène représente un atout considérable dont l’Empire ne pourrait pas se passer à l’avenir. Un homme d’intelligence, qui savait quelles cartes jouer pour remporter la partie. Une bonne chose ! Un idiot a peu de chances de survie sur le champ de bataille … .

On eut pu penser que le silence de Kakeshuou était destiné à laisser le garçon dans le doute. Mais l’épais nuage de fumée qui se hissa dans l’obscurité blanche montrait qu’il était dans ses réflexions personnelles. Et le tabac libérateur portait dans le même temps la réponse attendue.

~ D’ici un an, nous aurons mis fin à cette guerre qui nous oppose aux Nuages. A l’heure où je te parle, des contingents de troupe ont été envoyés à chaque Seigneur de Guerre et à chaque responsable d’Unité Spéciale pour en faire des troupes de choc. Le Yuukan ne peut pas prendre le risque de voir un conflit s’éterniser et des populations civiles en souffrir. Dans un an, le village de Kumo sera rasé dans son intégralité. Et ce ne sera que le début de mon projet.

L’annonce était hors du commun ! Ce n’était pas une simple annonce, comme celle qui vous annonce des propos sur le jambon de porc dans le rayon hallal ! C’était pire qu’un blasphème ! De façon posée, et sans sourciller ou douter une seule seconde dans ses propos, l’Empereur entendait mettre définitivement fin à l’une des plus grandes puissances Ninja, ayant imposé ses soldats et son influence sur plusieurs régions du Continent ! Avoir le culot de prétendre à un projet aussi insensé : il fallait être fou ! ou plus déterminé qu’aucun autre sur cette Terre … !

~ Le Kaïho-Shâ s’est révélé être un adversaire moins redoutable que nous ne le pensions … . Mais dans sa défaite, il s’est révélé être plus destructeur que jamais ! A la mort de chacun de ses Membres, un héritage précieux et dévastateur était laissé au vainqueur, à travers ces Gènes dont nous ignorons tout mais dont nous connaissons le potentiel militaire. Aujourd’hui, chaque Village peut prétendre à détenir un Gène unique et à ses capacités latentes ! Nous ne pouvons rester à la traine, même si cela revient à jouer le même jeu perverti de l’Ennemi … .

Tiens ! Une conception bien vague dans le vocabulaire du Dernier des Kirijins ! Qui était l’Ennemi ? Celui avec un « e » majuscule, qu’il fallait vaincre à tout prix ? Était-ce Kumo et ses Ninjas ? Était-ce le mouvement anti-impérial qui se dressait contre son Chef à travers une Rébellion insensée ou une organisation criminelle déplorable ? Était-ce chaque Ninja pouvant pousser le monde dans la Guerre ? … Était-ce chaque homme ou femme capable de rivaliser avec l’Ancêtre Samui … ?

L’homme avait déjà fait quelques tours autour de son interlocuteur. Il venait de s’arrêter face à lui. IL se dépassait d’une bonne tête. Le torse fier et la chevelure hirsute, un visage gravé dans un alliage subtil unissant marbre, glace et diamant, son regard plus brûlant que la Glace dont il était composé à près de 70% se noyait dans les pupilles de l’Onshi.

~ Dans ce monde en guerre, tu as fait une série de choix déterminant. Tu t’es rapproché du Seigneur de Guerre de Taki, sans te mêler des tensions entre lui et le Seigneur de Kusa. Tu as affronté de nombreux dangers, accomplissant ton devoir de Ninja et de protecteur. Tu as créé un ensemble culturel, sous la forme d’une bibliothèque, et dans le seul but de rapprocher les mondes. Tu es un soldat de métier, mais un humaniste de pensée, et un homme de cœur. Tu as gravi chaque échelon par le mérite et la force de tes convictions … . Tout cela explique la raison de ce choix pour l’implantation de ce Gène en toi, Seîto Yôgan.

Une explication qui méritait enfin d’être claire. Un peu plus tôt, le Kamui avait lâché une réponse qui n’en était pas vraiment une : « Je te choisis car tu es Toi. » La belle affaire ! Maintenant, la chose était entendue, et on comprenait pleinement qu’en confiant quelque chose d’aussi important au Vétéran du Shukaï, le sexagénaire pensait miser sur le bon cheval. Un cheval intelligent, rapide, efficace, et dévoué.

~ … Et c’est pour cette même raison que tu te donnes le titre de Chosobake au sein de l’Unité Hogo. Tu seras aujourd’hui, et très officiellement, le Responsable de l’Éthique et de l’Identité impériale. Par cette fonction, tu deviendras un modèle pour nos troupes, une défense pour nos citoyens et un rempart tant physique que symbolique contre tous nos Ennemis.

Kumo était donc bien l'ennemi que le Kamui souhaitait éliminer définitivement ... Ce gêne qu'on venait de lui inoculer ne devait certainement être qu'une pierre d'un imposant échafaudage mis en place par l'Empereur pour parvenir à ses fins. Si Seito ne le connaissait pas bien, il savait cependant qu'il était assez intelligent pour avoir réussi à diriger un empire aussi vaste que le Shûkai pendant un certain temps. Beaucoup de nations auraient déjà flanché. Mais l'Empire demeurait, fort et toujours aussi vaste. Il était donc impensable que Samui Kakeshuou n'ait rien prévu d'autre qu'un tour de passe-passe génétique pour vaincre ses ennemis. Seito était curieux de savoir ce que le Kamui gardait dans sa manche. S'il était plutôt pacifique, il comprenait cependant les guerres quand il s'en produisait. Il n'avait pas encore eu l'occasion d'aller au combat, mais il se doutait que, ce nouveau gêne dans son corps, il serait bientôt missionné dans cette optique. Il mettait une seule condition à sa participation au conflit: épargner les civils. Sur ce point, il semblait être d'accord avec l'Empereur.
Seito haussa un sourcil en s'entendant gratifier de tant de louanges. Puis, à mesure que le Kamui progressait dans ses gratifications, il se sentit sourire légèrement. Il baissa la tête pour dissimuler ce sourire, mais ne put pour autant le retenir. Tout ce qu'il disait était vrai. Et sans que Seito ait jamais pris le temps de faire un bilan sur sa vie depuis son arrivée au Shûkai, il savait que toutes les conclusions auxquelles était arrivé l'Empereur étaient justes. Et en même temps, il avait la désagréable impression qu'on avait épié chacun de ses actes, et qu'on avait sondé jusqu'aux plus profondes strates de sa pensée. Comme s'il était aussi facile de lire en lui que dans un livre ouvert ... Mais n'était-ce pas, après tout, la politique qu'il souhaitait mener ? Une politique d'honnêteté et de sincérité ? Quel mal, alors, à ce que l'on ait vu juste dans ses projets ? Au contraire, il devait y voir plutôt une forme de satisfaction. N'était-ce pas le signe de sa réussite ?
La suite était complètement imprévisible, et pour ainsi dire n'avait presque plus aucun sens. Seito sentit ses jambes se dérober sous lui, et s'il ne tomba pas par terre, ce fut de justesse. Il se redirigea vers le fauteuil roulant et se rassit dessus. Il resta immobile, assis, quelques instants, sans rien dire. Il repassait dans sa mémoire les derniers mots du Kamui, sans vraiment les comprendre. En fait, il ne comprenait pas ce qu'ils impliquaient en réalité. Il savait que le Chosokabe était un des membres de l'Unité Spéciale Hogo, sans pour autant connaître son identité puisqu'elle était gardée volontairement secrète. S'il était également au courant que ce personnage était chargé de garantir l'image et l'éthique impériale, il ne comprenait en revanche pas quel était son rôle ... Le rôle qui était à présent le sien propre, et auquel il devrait s'atteler.
"Hum ... Pardonnez-moi, mais ... Bien sûr je suis un peu ... chamboulé ? C'est ça, chamboulé par tous ces privilèges, d'un seul coup. En revanche, si je comprends que l'exploitation de ce gêne qu'on m'a implanté ne dépendra que de moi, quelles sont les charges d'un Chosokabe ? Je sais quelle est sa mission en règle générale, mais de quelle manière est-elle mise en oeuvre ? De qui reçoit-il ses ordres, quels sont ses moyens ? Vous comprendrez, et excuserez, toutes ces questions, je crois, car elles sont légitimes. Et peut être suis-je encore sous le coup des anesthésiants."
A vrai dire, il sentait en effet sa tête tourner, sans pouvoir mettre de nom sur la cause de ce vertige. Trop d'éléments se partageaient son cerveau pour qu'il puisse vraiment se concentrer sur l'un d'eux. Sans compter les douleurs qui continuaient à lui lacérer le dos. Il prenait tout à coup du grade, mais ne le réalisait pas encore complètement. Combien de temps lui faudrait-il pour prendre pleine conscience de ses nouvelles responsabilités ?
"Et encore une question si vous me le permettez. Quelle est l'éthique de l'Empire ? Peut-il prétendre à rester l'Empire des Pays Neutres en étant en guerre contre Kumo ? A quoi veut ressembler le Shûkai, aujourd'hui ?"

La nouvelle semblait avoir bouleversé le jeune supplicié, qu se retrouvait contraint à s’asseoir pour encaisser les informations. On venait de le bombarder d’un nouveau titre, parmi les plus importants et prestigieux de l’Empire ! Et pour cause ! Le rôle de Chosobake était souvent peu connu. Le dernier à l’avoir occupé était mort à la suite d’un attentat contre l’autorité et l’ordre impérial au Pays des Oiseaux. Très peu connaissaient ce rôle, et la tâche qui incombait à son porteur. Tant mieux : ce ne serait qu’une occasion supplémentaire de mieux affirmer les faits et de redonner un nouvel élan à cette prestigieuse fonction. Unique au sein de l’Empire.

L’Ancien aspira une nouvelle bouffée de son herbe à fumée. Il ne s’attendait pas à voir ce Ninja dans cet état. L’opération avait-elle été trop lourde ? Ou était-ce le mauvais choix ? En soi, il aurait été difficile de faire plus mauvais que le précédent ; ce dernier s’était enfermé dans sa Tour d’Ivoire, faisant de son honorable fonction une vulgaire façade sans intérêt. Cette fois-ci, Kakeshuou Samui pariait sur un cheval de course que tout le monde donnait gagnant. Il s’était montré loyal, intelligent, dévoué et ambitieux sans pour autant se laisser étouffer par ses idéaux. C’était un Shinobi d’une qualité exceptionnelle, qu’il était temps de mettre en avant.

~ Le rôle du Chosobake est tout à fait particulier. Son rôle premier … est d’être lui-même et d’apparaître. Il est le dernier membre de l’Unité Hogo, et l’antithèse de tous ses autres membres. A la différence de l’Inquisiteur, du Défenseur et du Commissaire impérial, l’Identité de l’Empire se doit d’apparaître pour démontrer ses qualités et sa dévotion envers l’Empire. Il est avant tout proche des populations, et s’assure de leur fidélité auprès du système du Shukaï. Il a sous ses ordres une troupe qui le tient informé de ce genre de choses à travers l’Empire, ce qui lui permet d’intervenir dans les pays et régions qui semblent se détâcher de la ligne de conduite impériale. Tu seras maintenant un modèle, une image et un rempart pour tous ceux qui douteront un instant, et pour tous ceux qui voient nos efforts et notre Œuvre.

Le Dernier des Kirijins relâcha la fumée, formant un nuage invisible au dessus de lui. Il retourna la kiseru et la tapota pour en faire tomber les herbes de tabac encore chaudes. Il nettoyait l’instrument afin de le ranger.

~ C’est un rôle très important, et qui te convient parfaitement. Surtout ne change rien. Tiens l’administration régulièrement informée de tes besoins et de tes observations. Certains territoires et peuples sont moins conciliants à la politique impériale ces dernières années : les Suzurane à Yuki, les Kaguya à Mizu, les Kosobayui à Tori … . Il faudra les surveiller de près, et tenter une politique de rapprochement. … Mais fais attention. Car le Chosobake, en tant que symbole de l’éthique et de l’identité du Shukaï, est souvent une cible de choix. Ce Gène que je te confie, maîtrise le rapidement et fais en bon usage.

Le vieil homme rangea sa pipe à fumer dans les pans de son vêtement, et observa une salle non loin. Il fit signe de la main, afin qu’une partie de l’équipe médicale revienne. Le jeune Yôgan était éreinté ; il devait se reposer davantage, et prendre le temps de se remettre avant de retourner à ses occupations. Ce genre d’opération était épuisant, mais au bout d’un jour ou deux il pourrait remarcher normalement. Et combattre efficacement au bout d’une semaine. Le tout restait à savoir s’il saurait quoi faire de ses nouvelles capacités.

~ Quant à l’avenir du Shukaï … il reste inchangé ! Notre organisation existe pour prôner la Paix, l’Équilibre et la Sécurité à toute petite Nation se sentant menacée par les plus Grandes, qui les voient comme un terrain de jeu. Nous nous en tiendrons à ce rôle, et nous rallierons les grandes Nations à cette évidence. Peu importe les moyens ! …

Les propos de l’Empereur s’étaient faits plus sombres, presque inaudibles vers la fin. Etait-ce pour maintenir le secret ? Ou en raison de son éloignement progressif ? Le corps imposant retournait aux ténèbres. Il se noierait bientôt dans le décor, sans laisser de traces de son passage. Sa mission était remplie, la séance d’observation terminée, et le sujet d’expérience entre des mains expertes. Il était plus que temps pour le Lion des Neiges de retourner à des activités plus officielles dans la lumière du jour.

# « Peu importe les moyens », hein ? Huhuhu –

~ Tais-toi, Démon ! …

Spoiler:

**Contenu sponsorisé** Informations

» L'amitié sans confiance, c'est une fleur sans parfum | Riba Yell
» Le gène du Hasard travaille en secret pendant que les hasards de notre avenir, eux, nous jouent des tours.
» L'homme de la boîte ou l'homme de Prestige [Shizu]
» L'homme au chapeau & l'homme au saké [Taku]
» Analyses et recherches scientifiques — Gène VII

[Shukaï]Un homme sans gène

[Shukaï]Un homme sans gène

Sujets similaires

Sujets similaires