Qui disait automne disait de jolis tapis des feuilles multicolores, mais disait également journée plus fraîches. Lorsque je sortis sur mon balcon ce matin-là je fus parcouru d’un frisson qui m’annonça que l’été était définitivement terminé et rentrai aussitôt afin de me réchauffer et retournai somnoler dans la fourrure de mes ninkens. Je ne pus toutefois pas rester là très longtemps, car une fois réveillé je n’arriverais plus à me rendormir et il n’y avait rien de pire que de tourner dans son lit sans trouver le sommeil. Contraint de me lever, j’enfilai toutefois une couche de plus alors que je me baladais dans les couloirs jusqu’à ma cuisine. J’étais peut-être rendu avec une plus grosse cuisine, mais je n’étais pas important au point qu’on me fasse à manger. De toute façon, cuisiner était un rare plaisir que j’avais dans la vie – mis à part manger ce que je préparais – et pour rien au monde je voudrais qu’on me l’enlève. Tandis que je m’activais dans la cuisine, j’entendis les griffes de mes ninkens gratter sur le plancher prédisant ainsi leur arrivée. Ces dernier apparurent quelques secondes plus tard, le pas encore lourd de sommeil.

Le temps que je termine mon déjeuner ces dernier étaient totalement réveillés et me suivirent tandis que je me dirigeais vers la salle du Conseil où j’allais m’occuper de mes tâches de chef de clan. Si ces dernières n’étaient pas toujours nombreuses et pas forcément toutes préoccupantes, c’était des tâches que je devais tout de même effectuer sur une base quotidiennes afin que tout ce qui était relié au clan fonctionnait comme sur des roulettes. Des fois il s’agissait simplement de donner mon accord pour un projet alors que d’autres tâches me demandaient d’arbitrer entre deux parties. Lorsque cela arrivait, je devais faire tout ce qui était en mon pouvoir afin de donner le meilleur jugement possible; je ne voulais pas entacher quelqu’un inutilement. Lorsque ce genre de situation arrivait, je me fiais d’autant plus à ma capacité à déceler les émotions des gens à travers les odeurs qu’ils émanaient. J’avais mis quelques années à développer cette capacité – et surtout de m’en rendre compte – avant de finalement prendre profit de ce don qui venait de mon clan. Peut-être que Yoshiro lui-même avait jadis possédé cette habileté et celle-ci s’était légué de génération en génération jusqu’à moi.

Les hormones jouaient beaucoup dans le façonnement d’une personne – nous pouvions penser à la puberté qui enclenchait une succession d’hormones ou encore aux hormones de croissances – et sans que la plupart des gens s’en rende compte, chaque hormone dégageait une odeur propre à elle seule. Ce qu’encore moins de gens savait, toutefois, c’était que la moindre émotion activait le cerveau d’une façon spécifique et ce dernier sécrétait alors des hormones uniques à cette émotion. J’aurais justement à en tirer profit aujourd’hui alors que je devais régler un litige entre deux Inuzuka, la dernière affaire à mon agenda. Le premier venait réclamer dédommagement envers le deuxième, lui qui était persuadé que les dommages qui avaient été fait sur sa propriété avaient été causés par le ninken de son voisin. Qui d’autre que le chef pouvait trancher dans cette querelle qui tous autre personne auraient un avis biaisé? J’écoutai le plaignant me décrire les déboires qu’il avait eus avec la bête ainsi que son compagnon, puis les dommages qui avaient été fait sur la propriété et pendant tout son argumentaire je ne sentis que les odeurs amère de sa déception ainsi que les notes épicées de sa colère et à entendre son histoire il avait raison d’être en colère. Je n’accusais pas immédiatement, mais je devais avouer que son mécontentement était justifié. Tandis que je l’avais écouté, pas une seule fois je n’avais senti l’odeur insidieuse de la duperie et je ne pouvais qu’en déduire que celui-ci n’essayait de mener son voisin en bateau.

Lorsque vint le temps au second de se justifier, toutefois, les choses ne se passèrent pas aussi bien. Avant même que ce dernier ne commence à parler je sentais déjà cette odeur de supercherie que je cherchais plus tôt; cette odeur nauséabonde qu’on aurait dit avait été amplifié par le temps que l’homme avait mis à monter son bobard. Mon idée était déjà fait, mais je l’écoutai tout de même pour la forme – et pour être certain qu’on ne vienne pas crier à l’injustice en ne l’ayant pas laissé terminer – alors qu’il racontait que son ninken s’était toujours bien comporté avec tous les autres membres du quartier et que ce n’était qu’avec lui qu’il semblait avoir des problèmes. Il continua à s’expliquer en donnant une explication pourquoi son ninken n’avait pas pu être responsable, mais finis par lever la main pour intimer le silence tant l’odeur acerbe de ses mensonges me piquait le nez. Je tranchai rapidement pour qu’une somme soit versée d’un homme à l’autre pour régler le problème et les renvoyait avec le conseil d’apprendre à tenir leur compagnon docile. Maintenant que c’était terminé, j’avais désormais la journée à moi sauf que je me retrouvai à ne plus être capable de tenir en place; je devais me dégourdir les jambes.

Marchant nonchalamment sur le terrain qu’était ma nouvelle demeure, je ne cessais d’être assailli par toutes les odeurs autour de moi et compris que mon nez n’aurait pas de répit maintenant qu’il était ainsi éveillé. Mes pensées se tournèrent aussitôt vers Shizu-chan, dont j’avais eu vent des prouesses lors de l’examen chûnin, et je décidai qu’il était temps que je lui inculque un peu de ma sagesse maintenant qu’elle avait vécu une épreuve comme celle-là. Par extension, mes pensées se tournèrent vers le jeune Taro-kun et je me dis que je ferais une pierre deux coups. Je me dirigeai rapidement vers la salle que je venais de quitter et pris un papier ainsi qu’une plume avant d’écrire un court message invitant les deux Inuzuka au Terrain d’entraînement à l’Est du village. Je demandai à la première personne que je croisai d’aller remettre cette missive chez le domicile à la famille de Shizu puis pris la direction de notre rendez-vous afin de les attendre. Arrivé sur les lieux je m’installai au soleil afin de me réchauffer et fermai les yeux afin de profiter au maximum de sa chaleur. Au bout de plusieurs minutes, des odeurs familières se rapprochèrent et je sus que mes élèves arrivaient.

- Bonjour Shizu-chan, Taro-kun. Une fois que je les eus salué, j’ouvris finalement les yeux et tournai mon regard vers eux. Je m’excuse sur mon message n’était pas très précis, mais si je vous ai appelé ici aujourd’hui c’est que j’aimerais vous aider à vous accorder pleinement avec vos sens. Comme vous le savez, nous autres Inuzukas sommes dotés d’un odorat beaucoup plus fin et développé que les shinobis ordinaires; qu’en pensez-vous si je vous aiguillais un peu?

J’espérais qu’en tant que leur chef de clan je ne les intimiderais pas à accepter, mais en même temps ils avaient tout à gagner d’une telle rencontre. Je m’en étais bien tiré seul, mais j’aurais rêvé d’avoir un tel moment avec des aînés du clan afin de m’aider à toujours mieux utiliser les dons que nous avions. Qui plus est, j’étais persuadé que je pouvais leur apporter quelque chose et comme mon nez était très sensible suite à l’utilisation que j’en avais fait autant en faire profiter la future génération. Un des atouts primaire de notre clan était notre habileté à être capable de repérer notre cible peu importe où elle se trouvait; j’en tirerais une extrême fierté si je parvenais à les aider à progresser dans cette voie.

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C’est sans grandes surprises que mes deux pupilles approuvèrent aussitôt mon idée avec enthousiasme, mais devant leur réponse je ne pus m’empêcher de sourire. Ce que je trouvai intéressant, c’était que chacun des deux Inuzuka avait leur propre raison de vouloir repousser leur limite : pour Shizu-chan c’était pour se tenir d’égal à égal avec ses deux ninkens alors que pour le jeune Taro-kun il voulait se familiariser avec toutes ces nouvelles odeurs qu’il n’avait jamais rencontré auparavant. Deux objectifs distincts, mais avec tous deux leurs mérites; je sentais que cet entraînement allait être intéressant. Leurs paroles m’ayant donné beaucoup de matière à réflexion, je les regardais tous quelques instants pendant que je cherchais les mots appropriés pour eux. Pour la première, elle voulait aiguiser son odorat donc je devrai l’aider avec la finesse de son nez tandis que le second voulait être capable de repérer autant lui-même que ces cibles dans ce nouvel environnement. Je retournai ces idées dans ma tête quelques instant avant de finalement prendre la parole.

- Excellent! Je suis heureux que vous soyez aussi enthousiaste que moi, commençons donc sans plus attendre. Avant de vous donner des conseils plus spécifiques à ce dont vous avez besoin, j’ai quelques petits conseils ou des petits trucs dont vous pourrez sans doute tous les deux bénéficier.

Je pris une petite pause, à l’affut de la moindre question ou commentaire. J’étais ici pour eux et non l’inverse; je tenais à être disponible pour eux. Voyant qu’aucun des deux n’avaient rien à dire – même que je dirais qu’ils attendaient que je recommence – je repris.

- Une des premières choses à savoir avec votre odorat, c’est qu’il s’agit d’un de vos cinq sens vous reliant avec le monde extérieur et qu’ainsi ces cinq sens sont reliés entre eux. N’avez-vous jamais remarqué que la nourriture était un peu plus fade quand vous aviez le nez bouché? Que les bruits de votre maison sont toujours plus forts dans le noir complet? Comme ils peuvent se nuire entre eux, vos sens peuvent s’amplifier les uns les autres. Un truc que j’utilise souvent lorsque l’occasion le permet – ne faites pas ça en plein milieu d’un combat – c’est de fermer les yeux lorsque j’essaie de sentir les alentour. Coupé de sa vision, le cerveau se concentre plus sur ses autres sens pour compenser et votre odorat s’en retrouvera amplifié. De plus, cela m’aide à me concentrer sur les odeurs ciblées sans aucune distraction.

J’ignorais si ces derniers étaient déjà familiers avec cette astuce – peut-être que leur parent la leur avait apprise alors qu’ils étaient plus jeunes – mais dans n’importe quel cas ils savaient maintenant un peu plus pourquoi cette méthode était aussi efficace. Bien évidemment, on ne peut pas toujours se fier à cette astuce car certains moment nous demandaient l’utilisation de tous nos cinq sens et même d’autres, ce fameux sixième dont on entendait souvent parler. C’était pourquoi les meilleurs traqueurs savaient quand l’utiliser et quand utiliser d’autres méthodes pour parvenir à leurs fins.

- Un autre truc que j’ai compris avec le temps : ne négligez pas l’aide de vos ninkens. Shizu tu disais plus tôt et que tu ne parvenais pas à être aussi efficace qu’eux, alors profites de leur odorat! Vous partagez une connexion unique avec votre ou vos ninkens et ce même si nous sommes tous des Inuzuka, avec un peu de pratique vous serez certainement capable de mettre leur odorat et le vôtre en œuvre de concert. Il vous suffit seulement de vous concentrer sur votre ninken et vous devriez facilement sentir la présence de votre ninken à vos côtés. Le plus difficile est de garder ce contact tout en essayant de le pousser plus loin jusqu’à être capable de sentir ce que lui est capable de sentir. Cela deviendra plus facile avec la pratique, mais même avec votre lien la conscience de votre ninken va émettre une légère résistance les premières fois.

Je tournai mon regard vers la jeune Inuzuka.

En ce qui te concerne, Shizu-chan, je te conseille de commencer avec un seul ninken avant d’essayer de faire cela avec les deux; l’influx sensoriel serait peut-être trop fort si tu venais à l’essayer avec tes deux ninkens dès le début. Si vous le voulez, vous pouvez tout de suite commencer à pratiquer cela tandis que je viens vous voir séparément pour les aspects plus spécifiques de ce que vous voulez atteindre.

Je m’arrêtai et les regardai tandis qu’ils commençaient le petit exercice que je leur avais donné. Tandis qu’ils se mettaient à l’œuvre, je les regardais pendant quelques minutes pour m’assurer qu’ils étaient sur la bonne voie. Je ne voulais pas immédiatement aller les voir alors qu’ils étaient en plein exercice, plutôt je les observai et utilisai mes sens pour surveiller les deux Inuzuka. Seulement lorsque je verrais qu’ils commençaient à maîtriser cela que j’irais les voir chacun individuellement quant aux objectifs qu’ils s’étaient fixés, peut-être même sans qu’ils s’en rendent compte.

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Sous mon œil bienveillant, je regardai les deux jeunes Inuzuka se mettre à l’œuvre chacun de leur côté. Si seule Shizu avait manifesté un intérêt, j’avais vu dans le regard de Taro-kun que cette perspective l’emballait tout autant. Ce dernier avait toujours été réservé et ce depuis la première journée où je l’avais rencontré, je ne trouvais donc pas cela étonnant qu’il ait une réaction de la sorte. Après tout, ce genre d’exercice était nouveau pour tous les deux et, franchement, une sensation que je n’arrivais pas à décrire; il fallait tout simplement le vivre pour le comprendre. Je les regardai tous les deux aller alors qu’ils essayaient chacun avec leur ninken – Shizu-chan choisissant Shira pour le premier essai même si on aurait presque dit que c’eut été l’inverse– et espérai silencieusement que les deux parviennent à réussir à éprouver une telle sensation, car en plus d’améliorer grandement les capacités sensorielles cela amenait au ninken et au shinobi de se connecter à un autre niveau. Encore une fois c’était difficile à mettre en mots, mais une fois que cela était fait c’était comme si un canal s’ouvrait avec le ninken qui se n’estompait jamais réellement. Plein de raisons qui me rendais impatient de voir leur progression.

De par son attitude un peu plus extravertie, mais surtout beaucoup plus assurée, je vis rapidement que Shizu avait plus de facilité à connecter avec son ninken. Pas seulement à cause de son attitude, mais je suspectais également que cohabiter avec deux ninkens depuis un si jeune âge a bâti de façon exponentielle son lien avec ses compagnons. Je m’approchai lentement d’elle alors que je continuais de l’observer et pus voir clairement dans son visage lorsqu’elle atteignit son premier impasse. Pour l’instant tout avait l’air de s’être bien déroulé, je ne doutais pas qu’elle était capable de lier son esprit à celui de Shira, mais cela se corsait lorsque venait le temps de faire appel à ses sens. D’une certaine façon – et expliquer de manière très crue – c’était comme si elle détournait les sens de son ninken vers elle pour les utiliser alors forcément que les premières fois le ninken va se sentir un peu envahi. C’était la résistance dont j’avais parlé et quelque chose me disait que Shizu venait de la rencontrer. Ses yeux étaient fermés avec force tandis que Shira penchait la tête d’un côté, intriguée par le titillement qu’elle devait ressentir intérieurement. Ne voulant pas les déranger, je portai mon attention vers Taro et Fuyu.

J’arrivai juste au bon moment puisque comme je me retournais un aboiement retentit dans le terrain d’entraînement. Shizu, trop concentrée, ne sembla même pas l’entendre alors qu’il était aussitôt suivi par une courte remontrance de Taro. Reconnaissant la voix de son compagnon, la jeune ninken se leva brusquement et bondit à quelques reprises avant de regarder l’Inuzuka de façon implorante. J’en connaissais une qui n’était pas d’humeur à s’entraîner. En les regardant les deux un peu plus attentivement, je me dis alors que c’était peut-être un peu plus que cela en fin de compte. Me voyant arriver, le jeune Taro me vit comme une bouée de sauvetage et sauta sur l’occasion. Il m’expliqua le problème qu’il avait avec Fuyu et me demanda conseil sur comment la rendre un peu plus… docile. Si une partie de moi était un peu déçu qu’il me demande aussitôt conseil, une autre partie me disait que peut-être me faisais-je de trop hautes attentes de la part de mes deux élèves – après tout même moi n’arrivait pas à complètement maîtriser Aka lorsque j’avais leur âge. Réalisant que j’aurais aimé avoir quelqu’un pour m’épauler, je m’empressai de lui venir en aide.

- Il peut y avoir plusieurs raisons pourquoi Fuyu ne veut pas tenir en place. Bien sûr, ça peut être un problème d’hyperactivité dans lequel cas il vaudrait peut-être mieux la faire bouger un peu afin qu’elle soit plus réceptive à tes instructions plus tard. Il peut également s’agir d’un cas de désintérêt : elle ne veut tout simplement pas coopérer. Lorsque cela arrive, tu dois lui montrer que même si vous partagez un lien unique qui dépasse celui de chien-maître, c’est tout de même toi qui prends les décisions. Rendue à ce point, ma voix se radoucit. Tu sais, tu ne dois pas avoir peur parfois de tenir ton bout et de parfois confronter Fuyu sur certaines choses. Si tu ne fais rien, elle considère cela comme une bonne chose à faire et c’est là que les mauvaises habitudes peuvent se développer. En tant que compagnon, c’est également ton devoir de t’assurer que ton ninken soit bien élevé et qu’elle ne puisse pas être compromettante pour Konoha.

Je restai silencieux quelques secondes, le temps que mes paroles s’incrustent dans la tête du jeune homme, avant de poursuivre avec une solution ou du moins un début de solution. Je n’allais tout de même pas le laisser ainsi avec ses problèmes!

- Résumons : si tu veux que Fuyu reste concentrée sur toi et ne saute pas à la moindre distraction, il va falloir que tu lui apprennes à garder son regard sur toi et cela commence par garder ton regard sur elle. Cependant tu dois faire attention à ne pas directement la regarder dans les yeux dans ces circonstances puisque certains ninkens voient cela comme un signe de défi. Pour le problème de coopération, il va falloir lui montrer c’est qui le patron. Cela va peut-être paraître dur et un peu inconfortable au début, mais lorsque tu seras en mission ou dans n’importe quel affrontement, tu seras reconnaissant que Fuyu puisse suivre tes instructions à la lettre.

Lui ayant laissé amplement matière à réflexion, je lui conseillai de travailler sur tout ce dont nous avions parlé alors que je retournais vers Shizu-chan. Cette dernière était dans la même position que plus tôt à la différence que maintenant son visage était parsemé de gouttelettes de sueur qui roulaient de son front jusqu’à goutter de son menton. Je la regardai quelques instants se concentrer sur son lien avec Shira avant qu’elle ne rouvre les yeux, la mine déconfite. Je compris aussitôt que malgré toutes ces minutes de concentration n’avaient mené à rien. Elle adressa quelques mots encourageants à sa ninken alors qu’elle se tournait vers moi elle aussi pour des conseils.

- Tu es tombé sur l’épine du problème : il n’y a pas vraiment de méthode. Tout ce que je peux te dire c’est comment j’y suis arrivé en espérant que cela puisses te guider. J’ignore si c’est pareil pour toi avec Yoi et Shira, mais j’arrive à partager avec mes ninkens certaines émotions et certaines pensées. Avec Akamori, puis avec Seimori, j’ai commencé par partager les émotions derrière ce que je voulais faire et lors des première fois certaines images de ce que je voulais sentir ou bien de quelque chose qui les mettraient en confiance. L’important donc n’est pas de se concentrer sur l’objectif, mais bien sur le moyen de se rendre jusqu’à celui-ci. Accompagne ton ninken dans ton chemin jusqu’à ses sens.

Pour quelqu’un d’autre que moi-même cela n’aurait fait absolument aucun sens, mais j’espérais que Shizu parviendrait à comprendre ce que je lui disais. Elle n’était pas n’importe qui, elle était une Inuzuka! C’était pourquoi j’avais espoir qu’elle puisse visualiser ce que je lui disais et peut-être même avec chance qu’elle le faisait déjà avec l’un ou les deux de ses ninkens. Si c’était le cas, elle était une étape en avance sur moi et cela rendrait le restant de l’exercice beaucoup plus simple pour elle. Tranquillement, mes deux élèves surmontaient leur limite et étendaient leur perception et je ne m’empêcher de ressentir un petit élan de fierté en me disant que c’était grâce à moi.

J’avais conseillé mes deux pupilles et je les regardai quelques minutes se mettre à l’œuvre tout en gardant mes conseils en tête. Pour Taro-kun, il devait prendre confiance en lui et ne pas hésiter devant le caractère étourdi de sa ninken. Pour Shizu-chan, cette dernière devait simplement raffiner son approche afin que Shira ne recule pas devant elle. Cependant, je devais arrêter d’aller les voir et de les ensevelir de conseils puisque ce n’était pas en les bombardant ainsi que j’allais les aider; au contraire, je ne ferais que les déconcentrer encore plus. Déjà que la tâche qu’ils avaient à faire n’était pas simple lorsqu’il s’agissait de le faire pour la première fois, ils n’avaient pas besoin d’une petite voix qui les corrigeait sans cesse sur ce qu’ils faisaient de mal. Non, je les avais assez bien orientés pour qu’ils soient capables de faire un bout de chemin seuls et qu’ils expérimentent la connexion avec leur ninkens.

Les regardant ainsi se concentrer avec leur ninken, je ne pus m’empêcher de repenser à la première fois que j’avais réussi à faire ce genre de chose avec Aka. Je devais avoir environ leur âge et, tout comme eux, je m’exerçais au Terrain d’Entraînement – bon peut-être pas celui-ci, mais en même temps peut-être que si, comment pourrais-je m’en rappeler? Je m’étais donc installé de la même façon, devant mon ninken, et avais à mon tour plongé mon regard dans le sien afin d’aller chercher une petite parcelle de connexion pour nous aider. Bien sûr, à l’époque je ne le faisais pas nécessairement pour les mêmes raisons qu’eux, j’aurais fait preuve d’une sagacité hors-norme pour mon âge sinon, et je n’avais personne pour me guider, mais je ne pouvais m’empêcher de me revoir à travers eux, comme si j’avais sous les yeux un jeune Takeo qui essayait d’approfondir sa relation avec l’un des seuls amis qu’il avait.

Je fus soudainement tiré de mes souvenirs lorsque je vis les duos s’agiter devant moi. De toute évidence, il semblait y avoir des développements à l’œuvre. Dans un drôle de dénouement, les deux Inuzuka commencèrent à réagir à leur ninken plus ou moins en même temps bien que Taro fut le premier à l’exprimer, demandant alors à Fuyu de renifler. Regardant comment cela allait se dérouler pour le jeune homme, je vis aussitôt le dos de Fuyu se raidir alors qu’elle levait le nez en l’air et prenait quelques reniflements incertains. Pratiquement au même instant, Taro tressaillit comme si une onde électrique l’avait traversé. C’est alors que je sus avec certitude que la connexion avait été établie et que, même si ce n’était que pour quelques instants, les deux compagnons venaient de partager leur sens. Heureux pour eux – et surtout pour Taro, cela ferait du bien pour sa confiance – je me retournai alors vers Shizu qui, je me rendis compte, n’était pas en reste elle non plus.

Quand je me détournai de Taro et Fuyu pour observer où était rendu Shizu et Shira, je les retrouvai les yeux dans les yeux, le front collé l’un à l’autre et la respiration en parfaite synchronisation. Si je ne les avais pas devant mes yeux, j’aurais pu aisément croire qu’elles étaient dans une autre dimension. Elles avaient l’air si concentrées, comme dans une sorte de transe et je compris sans grande difficulté que la connexion avait finie par se faire de leur côté aussi. Qu’elle s’en rendit compte ou non, un mince sourire commença à flotter sur ses lèvres et resta là quelques secondes avant que finalement elles se séparent et que la connexion s’interrompe. Chacun fier des accomplissements de leur compagnon, je les laissai se féliciter entre eux pendant quelques instants avant d’attirer leur attention d’un petit raclement de gorge. À ma grande surprise, je me rendis compte que j’avais légèrement la gorge nouée maintenant que venait le temps de parler.

- Bravo! Félicitations à vous tous, je suis très fier de vous! C’est du beau travail que vous avez fait aujourd’hui. Au risque de me répéter, la première fois est toujours la plus difficile alors dites-vous que le pire est passé. Je dois dire, je suis étonné que vous y soyez arrivé aussi vite; je me rappelle que dans mon cas cela avait été un peu plus long. Enfin, cela doit être les excellents conseils qui vous ont été donnés, he he he…

Je ricanai légèrement avant de poursuivre, car même s’ils avaient atteint un jalon important ils leur restaient un bon bout de chemin à faire.

Non, blagues à part, je suis réellement ravi que vous ayez été capable de vous lier avec vos ninkens aussi aisément, c’est un signe que vous aviez déjà une très bonne relation avec ceux-ci. Toutefois, cela ne veut pas dire que vous devez vous asseoir sur vos lauriers, vous avez encore du chemin à faire. Premièrement, Shizu, tu dois faire de même avec Yoi, tu seras doublement avantagée. Deuxièmement – et cela compte pour vous deux – vous devez aiguiser cette connexion afin que non seulement elle se fasse instantanément, mais que vous puissiez également en tirer profit à distance. En plus, avec la pratique, vous pourrez également étendre cette connexion à d’autres sens… Je laissai mes paroles en suspens avant de continuer. … mais pour l’heure, vous avez assez travaillé. Le cours est terminé!

J’affichai un large sourire qui démontrait toute la fierté que j’avais envers ces deux louveteaux qui venait de faire un grand pas dans leur relation avec leur ninken. Je n’avais plus rien à leur apprendre pour aujourd’hui, ces derniers étaient donc libres de rester et discuter encore un peu avec moi ou bien de s’en retourner chez eux pour se reposer et partager leurs exploits.

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