Je m’étais procuré une carte à Kurebasu. Une carte de Kaze no Kuni. Oh, rien de super détaillé hein ! Mais une map qui permettait aisément de savoir où se trouvaient les principales villes et principaux villages du pays du Vent. Même l’emplacement de Suna était marqué. Bah oui. A l’ère où nous sommes, il n’y a guère de village qui soit réellement caché. Sérieusement. Tout le monde sait où se trouve Kumo, Konoha et j’en passe. Certes me diront certains, le problème demeure entier cela dit. Savoir où se trouve le village ninja est une chose, mais pouvoir s’y rendre et y accéder est une autre paire de manche. J’en suis bien conscient.

Quittant Kurebasu, à l’Est de Kaze, je pénètre la frontière du pays du sable. Inutile pour moi de dire combien il a été aisé pour moi de savoir que je me trouvais en plein territoire kazejin. Le sable, le désert d’entrée de jeu… Je peux dire que le climat à Kurebasu, bien souvent chaud et sec annonce le désert tout proche. Mais il demeure que l’on subit comme un choc entre les deux réalités climatiques. Très vite, moi qui espérais évoluer dans ces conditions désertiques à pied, dû me résoudre de devoir y aller par la voie des airs. Quitte à me faire flinguer en l’air, autant éviter des désagréments au sol. Ceci dit, ceci fait. Après avoir marché à peine plus d’une heure, n’ayant à perte de vue que sable, vent et poussière, je décolle, les jambes en feu direction Suna. On pourra aisément me reprocher une approche loin d’être discrète, je vous l’accorde. Mais bon… A l’impossible, nul n’est tenu.

J’ai dû voler ainsi quelques temps avant d’apercevoir, il me semble, les lueurs et les formes au loin de ce qui devrait être Suna. Je sais instinctivement qu’il vaut mieux pour moi redescendre au sol avant de me faire canarder. Qui sait quelle technologie ils ont acquis à Suna. Avec leurs Saibogu… Grands scientifiques, experts à création originales. Quelque part, j’avais hâte de découvrir la culture et la façon d’agir des habitants de Kaze. Je la connaissais déjà un tout petit peu. De loin, n’ayant jamais véritablement duré ici lors de mes rares passages antérieurs dans cette contrée.

Je venais d’atterrir dans un torrent de flammes avant de récupérer totalement ma forme humaine. Le feu sur le sable, ça brûle certes, mais ça ne dure pas trop, il faut le dire. Du coup, les flammes environnantes eurent tôt fait de disparaître. Voilà qui me permis d’aller de l’avant. Mes pas s’enfonçaient dans le sable à mesure que je m’avançais vers Suna. J’étais certain que sous peu je serai intercepté comme cette fois où j’avais mis les pieds à Mizu no Kuni. On se fait épier de loin et BIM, le comité d’accueil… nous accueille ! C’est tout bête. Et quelque part, à mesure que je m’avançais plus grandes étaient mes certitudes que quelqu’un ou quelque chose n’allait pas tarder à se pointer.

Alors que je continuais de m’avancer tranquillement vers Suna, une flèche sortie de nulle part apparut dans le ciel et se ficha à quelques mètres de moi. J’eus un mouvement de recul instinctivement et me préparant à un accueil potentiellement dangereux. Je commençais à en avoir l’habitude avec tous ces ninjas de villages. Quelque part je les comprenais. Avec tous les problèmes que ces villageois ont pu connaître, il est évident que l’une des réponses qu’ils puissent apporter à un inconnu est la brutalité bien « ninjatesque ». Je ne fus guère surpris de remarquer, presque aussitôt après l’apparition de la flèche, celle d’un individu. Un utilisateur du fuinjutsu certainement. Je le détaillais du regard tandis que lui aussi en faisait de même. Cheveux blancs, yeux bleu, teint mat. Il devait avoir dans la vingtaine. Quelque chose se dégageait de sa personne. Il déclina son identité le premier. Matsuno Kibo… Immédiatement, je ressentis un peu plus de respect pour sa personne que je n’en avais au départ. Au final donner son nom et sa qualité n’est pas synonyme d’erreur, même chez les ninjas. De plus, contrairement à ce que beaucoup peuvent penser, faire preuve de courtoisie réelle –c’est-à-dire non feinte - est également une qualité. La marque des grands ? Je fronçais des sourcils. Une info vint de faire tilt dans mon esprit.

*Comment il a dit le gars ? Matsuno Kibo ?*

_ Matsuno Kibo San ? Enchanté, je suis Gogyou Natsu un shinobi errant…

Sans ambages, je me présentais également, bien conscient que ma qualité d’errant pourrait jouer contre moi, comme cette fois-là à Mizu no Kuni. Néanmoins, je n’avais pas grand choses à cacher. Du moins, pas dans mon passé proche.

_ Etes-vous apparenté à Kazekage Matsuno Yamuro ? Celui qui a déclenché la guerre contre Konoha ?

Une question probablement crue pour mon interlocuteur. Je n’avais aucune idée de comment ils vivaient, du côté sunajin, cette guerre. Avait-elle tourné à leur avantage ? Se poursuivait-elle ? Aucune idée… Je ne disposais à ce propos que de vagues informations. Et encore ! Des rumeurs ! Et des « on dit » connus à la suite de discussions de comptoir.

_ J’aimerai me rendre à Sunagakure no Sato Kibo San.

Le timbre de ma voix était déterminé ; mon attitude corporelle alignée sur le ton de ma voix. Tout respirait la véracité de cette vérité vraie xD. Cependant, comme pour mettre de l’eau dans mon vin, je rajoutais :

_ Bien entendu, si vous le permettez ! J’ai une requête toute simple à énoncer en réalité et je ne sais pas quelle est la faisabilité de celle-ci.

Là j’avoue que je commence à m’inquiéter. A moins de changer de disque je risque fort d’entrer dans Suna. Le pire c’est que j’y pénètre en mode chakra bridé. Ce qui ne manquerait probablement pas d’arriver. Ce coup-ci cela dit, j’espérais pouvoir m’en tirer un peu mieux que lors de mon expérience précédente. Qui vivre verra a dit l’autre. Prenant mon courage à deux mains, j'affirmais tout simplement, sans sciller :

_ J'aimerai intégrer Suna. Qu'importe le temps que le processus d'intégration pourrait prendre. Pour peu que ma requête soit acceptée bien entendue.

Voilà, comme ça c'est dit et on ne perd pas de temps.

Je ne sais pas pourquoi, mais l’accueil à Kaze no Kuni me paraissait bien plus chaleureux, voir humain que ce que j’avais vécu à Mizu no Kuni. Ici, mon interlocuteur ne mettait guère de distance entre nous. Rien d’autre qu’une neutralité parfaite, une neutralité en laquelle je pouvais ressentir l’absence de jugement positif ou négatif d’emblée. Il était certain qu’à bien y regarder, forcément une part de jugement était l’œuvre, ne serait-ce que pour soupeser mes réelles motivations. Au-delà, rien de négatif ou de positif d’emblée n’était à signaler. Peut-être que ce côté un peu plus chaleureux de ce sunajin avait un lien avec son environnement ? Je veux dire, le désert, le climat… la chaleur, le côté chaleureux ? Ok, d’accord, je suis probablement en train d’émettre des hypothèses farfelues.

_ Ah MERDE vous… Vous êtes le Kazekage ?

J’eu un mouvement de recul par instinct de survie. Surpris, je l'étais bel et bien. Ptain’ pourquoi à chaque fois que je mets les pieds dans un pays, c’est le Kage en personne qui vient me parler. Attendez il y a écrit sur mon front « spécimen dangereux » ou quoi ? C’est à ne rien y comprendre. Tout de suite, dans mon esprit, le lien avec le Mizukage s’est établi. Ma comparaison initiale s’est faite d’autant plus accrue.

_ Ah bah je dois dire que je suis étonné… Pourquoi est-ce le Kazekage en personne qui fait le déplacement pour un inconnu proche du village ? C’est dans les habitudes du monde ninja de procéder ainsi ? Je ne comprends pas…

Je me grattais la tête par réflexe, dans un mouvement de gêne.

_ Pourquoi Suna ? Eh bien parce que c’est l’un des rares villages ninjas pour lequel je suis capable de m’engager… Les autres villages ou pays ne me bottent pas tellement.

Les questions et remarques du Kazekage commencèrent à fuser tandis qu’il se déplaçait en direction de Suna. Je lui emboîtais le pas, après avoir laissé une certaine distance par précaution. J’allais répondre à ses interrogations, mais comme à Mizu, maintenant que j’étais sur le point d’être placé dans la zone de vérité, j’allais également demander des gages de sécurité. Un minimum quoi…

_ Je ne suis pas contre les contrôles. C’est normal. Et je suis bien d’accord que si les tests ne sont pas concluants, je devrais m’en aller. Chose normale.

Je comprenais les choses telles que je les voulais aurait dit l’autre. Hihihi. J’enchaînais :

_ Par contre, qu’est-ce que vous entendez par contrôle poussé ? Pourrais-je savoir d’avance comment vous comptez me torturer ?

Un sourire niais. Ce n’était guère pour me moquer. L’utilisation du mot torturer était faîte à bon escient. Alors que le Kaze s’était arrêté et me questionnais sur ma volonté ou non de poursuivre l’aventure, je lui répondis :

_ Je suis déterminé à aller de l’avant Kazekage. Seulement, en tant qu’errant, je n’ai nullement l’envie de perdre bêtement ma vie d’autant plus que je ne sais pas quelle politique vous adoptez par rapport à notre classe. Je sais, par expérience, que nous sommes habituellement bien plus mal vu dans les villages ninjas que le pire shinobi ennemi appartenant à un village adverse… Kazekage, la seule chose que je demande c’est que mon chakra ne soit pas bridé pendant toute la phase de tests. Le fait que je pénètre dans un village militaire avec le statut d’errant que j’ai, est déjà largement suffisant, à mon niveau, comme gage d’honnêteté. Puisse Suna accorder un peu de dignité à la future recrue que je peux représenter. Sur l’honneur, je ne toucherai pas au village.

Je ne sais pas si l’honneur a encore quelque crédit dans les rangs ninjas, ou même la valeur des mots, mais mon chakra est la seule chose qui me reste pour me permettre de me protéger au cas où l’on voudrait me tendre un piège mortel au seul motif que je suis un errant. J’ai déjà failli subir pareil sort à Kiri. Je n’ai pas envie de risquer ma vie, plus que je ne le fait actuellement. Alors Kazekage, marché conclu ?

J’en apprenais des choses. L’homme qui se tenait face à moi, de ses propres mots, m’expliquait qu’il n’était plus le leader de Suna. Un Kazekage déchu probablement relégué à un niveau hiérarchique inférieur –en même temps c’est quasi obligé- à celui qui était le sien jusque-là. Probablement qu’il devait désormais se cantonner à un simple rôle de Jonin. Le monde militaire est quelque peu ingrat par moments, c’est certain. En même temps, l’ex Kazekage faisait montre d’un amour inconditionnel pour son village. Au point d’en venir à jouer les ninjas aux portes… Incroyable !

_ Je serais curieux de savoir pourquoi vous n’êtes plus le Kaze… Mais j’imagine que si j’ai la chance d’intégrer le village tôt ou tard j’en saurais plus.

La suite de notre échange continua dans le sillage qui était le sien jusqu’ici. On avait beau dire, Suna devait être de loin le village le plus correct envers les errants dans le monde ninja. Je n’ose imaginer quelle est la réaction des kumojins ou encore des konohajins face à un homme de mon acabit. Du reste, pour ce qui est des shukaijins et des kirijins, j’avais déjà une idée assez claire. Il était de notoriété publique que le Shukai abhorre les errants. Kiri, dans la continuité de la politique impériale anti nukenin/errant, se pliait aussi, visiblement, à la volonté impériale. J’avais un temps espéré qu’il en soit autrement. Il me sembla que j’avais tort.

_ J’aime votre façon de faire et de penser…

C’était tout ce que j’avais à ajouter après les précisions du Kazekage. Pour le reste, je le suivis sans broncher jusqu’aux portes de Suna. Avez-vous déjà été à Suna ? Pour ma part, c’était bien la toute première fois que je me retrouvais aux portes de ce village. La voie illusionnée qu’ils l’appellent… Je n’ai jamais rien vu d’aussi grandiose en ce monde honnêtement ! On aurait dit des briques de terres s’élevant vers les nuées. Il s’en dégageait une impression de puissance sans commune mesure avec toute œuvre humaine. Impressionné, je regardais tout ce que je voyais avec des yeux grands ouverts, la bouche en cul de poule. On aurait dit un enfant face à un phénomène magique à ses yeux…

Je suivis le Kazekage tout en regardant autour de moi afin qu’aucun détail de tout ce qui se trouvait autour de moi ne m’échappe. C’est dans une tente que l’on me mena et c’est là que, accompagné d’une foule d’hommes et de femmes qui s’affairaient autour de mon cas, je fus pris en charge.

• Identité : Gogyou Natsu
  
• Raison de la visite : Demande d’intégration des forces sunajines. J’en ai assez de vivre reclus dans le monde tel un errant et j’espère trouver en Suna un endroit où je pourrais me développer tout en aidant le village et le pays plus généralement.
  
• Problèmes envers Suna et Kaze : Aucun véritable. Des combats par le passé à une époque oubliée contre certains ressortissants sunajins mais en dehors de Kaze.
  
• Durée du séjour : Ad vitam eternam si je suis accepté
  
• Prise de sang : RAS
  
• Identification de chakra : La nature de mon chakra est de feu.

Pour le reste, il ne me reste plus qu’à attendre des examens plus poussés potentiellement ou des questions plus affinées… Si je suis pris maintenant tant mieux ! Je n’ose imaginer d’être exclus.

Les contrôles dans ce village me semblaient être établis de telle sorte qu’ils ne heurtaient à aucun moment le visiteur en question. Cependant, bien entendu, toutes les questions et l’ensemble des tests menés ne servaient qu’à éclaircir la situation du visiteur et à disposer d’informations concrètes sur lui. Des informations diverses et variés, mais à bien des égards capitales. La nature du chakra par exemple. J’aurais aimé savoir combien de village ninja faisaient passer ce type de tests sur leurs visiteurs. Un test anondin, qui permettait, sans aucune démonstration, de connaître la nature du chakra du visiteur et par conséquent son champ de possibilités. Bien entendu, en ayant annoncé que j’étais un Gogyou, puis en me laissant faire par rapport à ce test, tous avaient déjà une idée plus claire de qui j’étais : un Gogyou de type feu. Un élémentaire comme beaucoup auraient dit. Le type élémentaire le plus… explosif ? Peut-être un des plus dangereux quand bien même les autres éléments disposaient également d’un bon potentiel offensif. Lorsqu’on parvint au test sanguin, je ne me fis guère d’illusion sur l’arme que je conférais à ces sunajins. Dès lors qu’ils disposaient de mon sang, ils pouvaient dorénavant m’éliminer à la seconde qui leur plairait. Un Ketsueki, des mudra et s’en était fini de moi. J’eus un frisson dans le dos, et pourtant, je me laissais faire quant à la prise de sang. Un nouveau gage de ma bonne foi. Je me tournais vers le Kazekage qui observait, pour ne pas dire surveillait la procédure. Son côté neutre envers le processus me plaisait fortement…

Peu après, le Kazekage, Nanadaime de son grade, revint vers moi. Il me questionna un peu plus sur des informations que j’avais laissées délibérément dans le questionnaire initial auquel j’avais été soumis. Des informations que j’avais mises là, non par erreur, mais plutôt dans un élan de bonne foi et comme gage de sincérité. Je m’étais attendu à vrai dire que l’on me questionne plus en avant sur cela. C’est bien normal. Sourire franc aux lèvres, regard porté sur le Kazekage, j’entrepris de répondre :

_ Les Gogyou sont amenés, pour des raisons de survie, à combattre très tôt. Il est vrai que je suis jeune, mais il est tout aussi vrai que Suna l’est aussi. J’ai combattu du tout dans ma vie. Des errants, des konohajins, des kumojins, des shukaijins, et bien entendu des sunajins également. La vie classique d’un ninja errant. La vie est une jungle et pour s’en sortir, il faut par moments montrer les crocs… Quoi qu’il en soit, désormais j’aimerais me stabiliser et trouver un foyer, des frères d’armes, des alliés et peut-être des amis ? Qui sait ? Au sein de Suna… Cela est-il possible Kazekage Sama ?

Alors oui j’avais bien compris qu’il n’était plus le Kazekage en exercice, mais contrairement à certains esprits obtus qui ne comprennent rien à rien, un Kazekage le demeure à vie. Lui était le Nanadaime Kazekage, personne ne pourrait le lui retirer. Pas même la mention « ex » précédant son titre ne pourrait le dévaloriser.

Spoiler:

_ Accordez moi la possibilité de vous prouver ce que je peux faire pour Suna.

J’étais sincère. Dans mon plan initial, bien avant cette histoire du Sikari, j’avais pour intention de proposer mes services à Kiri. S’ils l’avaient accepté, alors j’aurais combattu pour eux. Mon plan B était Suna. Et par le coup du sort, me voici ici, finalement, un peu plus tôt que prévu. J’allais peut-être pouvoir honorer un contrat et en même temps disposer de la protection de Suna, en échange bien entendu de mes services. A mes yeux, l’un et l’autre n’étaient pas inconciliables. Je devais tout simplement m’arranger pour ne pas qu’un lien soit fait par rapport à ma personne, lorsque j’opérerais dans un cadre ou un autre. Quoi qu’il advienne, j’étais bien conscient que si j’étais accepté, viendrait naturellement un temps –plus ou moins long- pendant lequel je devrais me faire oublier.