Misison a écrit:

@Dôbutsu Oyama - @Kaguya Hakana - RANG C

L'île de Fukashi a subi une forte hausse de natalité passagère chez les félins la peuplant. Un phénomène qui commence à devenir dangereux pour les rares populations s'étant établies là-bas. Le Mizukage préfère envoyer un duo choisi tout particulièrement pour l'occasion. Un Dôbutsu passé maître dans l'art de comprendre les animaux afin d'apaiser les bêtes sauvages, voir de les apprivoiser au profit des populations ou d'au moins les capturer dans le but de les éloigner des civils. Pour cela, un renfort lui ait alloué afin de l'épauler si la situation venait à dégénérer dans cette pseudo jungle brumeuse.

J'étais présentement le seul Dôbutsu du village de Kiri, je n'en avais jamais croisé d'autres depuis que j'habitais ici. D'ailleurs, on me prêtait un logement pourvu d'une seule et unique pièce pour que j'aie un toit où dormir en tant que jeune genin. Le geste était vraiment sympa, car sans ça et sans argent je dormirais à l'heure qu'il est dans la rue ou sous un abris en taule rouillée. Mon apparition au village était récente de seulement quelques mois à vrai dire, et je devais encore m'habituer à ne plus vivre dans la nature. On avait tenté de m'intégrer à une équipe dirigée par un sensei et avec un dénommé Gembei Ichriro, mais cela avait échoué. Pas par ma faute non, semblait-il que après le test que nous avions passé pour prouver nos compétences, nous n'avions plus eu aucune nouvelle. J'en avais déduis que soit nous avions échoué, soit le monsieur avait décidé de ne plus prendre d'équipe à sa charge pour le moment. Que voulez-vous... Pour ma part je devais encore m'améliorer pour ne pas risquer d'échouer quand une occasion pareille se présenterait à nouveau.

J'étais donc le seul membre Dôbutsu en ces terres, et pour cette raison je venais d'être affecté à une mission faite pour moi. Le Mizukage me connaissait-il de loin ? Parce que le lieu de la mission n'était autre que l'île de Fukashi, l'endroit où j'étais né et où j'avais grandi élevé par mes parents Dôbutsu aux côté de lynx. L'île était peuplée de félins et ils l'avaient choisi pour ça, nos lynx avaient pu s'y épanouir, jusqu'à... Une voix me sortit de mes pensées, elle était féminine et il s'agissait de ma coéquipière pour la mission.

« Oh... Salut. Je suis Oyama ! Mon lynx s'appelle Kumi-neko. »

…

Le voyage se fit en bateau, moyen le plus simple pour atteindre l'île de Fukashi qui se trouvait assez isolée dans l'archipel. Je la connaissais bien...
Je savais qu'en y retournant je devrai aussi me confronter à mon passé. Les souvenirs commençaient à ressurgir. Ce pourquoi je pus paraître légèrement absent sur le bateau. La vue de l'île me donna la chair de poule. Ce qui s'y était déroulé il y a deux ans allait me revenir en pleine figure. Hakana me sortit encore une fois de mes pensées.

« Bien sûr ! » lui répondis-je.

Nous arrivâmes et elle sautait au dehors du bateau sur le ponton sur lequel il s'était amarré. La masse végétale de l'île était toujours là, si accueillante pour ma part, remplie de divers félins aussi.
Kumi-Neko poussa un miaulement en reconnaissant l'endroit si particulier.

« Nous y revoilà mon gros... viens. »

Une fois sur terre je fis quelques pas avant de me pencher pour renifler le sol. Les retrouvailles avec ma terre natale, rien de plus.

« Hakana, l'île étant peuplée de plusieurs races de félins adaptés au climat, je te conseille de rester proche de moi, qui sait... Aussi comme je suis affilié aux lynx plus particulièrement, je préconise que nous retrouvions leur traces avant toute chose pour que je puisse communiquer avec eux et qu'ils me disent ce qu'il en est de la situation sur l'île. »

Je lui souriais faiblement, chose peu habituelle car j'étais d'ordinaire peu expressif et observateur à la manière d'un félin. Pour le moment, je fais plus confiance à des lynx qu'aux hommes habitant cette île.

« Ah oui... ces lynx ont le pelage clair, blanc ou gris. Il n'y a qu'à voir Kumi-neko. »

Il nous fallait avancer prudemment même si je connaissais l'île et sa faune.

« Je les comprends et je leur parle c'est ça. » répondis-je aimablement à sa première question.

Plus Kumi et moi avancions dans cette dense végétation humide et froide, plus nous retrouvions des sensations connues. Des odeurs, des choses que l'on touchait et d'autres que l'on ne faisait que regarder des yeux nous ramenaient à notre passé. Cette île fut notre terrain de jeu, c'était là où nous avions fait notre apprentissage. Alors oui, j'étais à l'aise en ces lieux. Mon animalité refaisait surface, même si j'étais toujours Oyama le genin de Kiri envoyé en mission dans un but précis.

« Ce fut un long apprentissage, mais oui, mes capacités sensorielles sont en partie les mêmes que celles d'un lynx ou d'un félin. »

Odorat, vue, réflexes et agilité... langage animal... mais je ne m'étalais pas oralement sur le sujet car j'imaginais qu'elle pouvait s'imaginer cela facilement si elle avait déjà croisé la route d'un chat pour faire le rapprochement. Bien sûr je n'étais pas 100% félin, disons en tout cas que Kumi et moi on se complétait parfaitement. Ce que je loupais il ne le loupait pas.
Après quelques quatre cents mètres effectués, Hakana me trouvait bien à mon aise et demandait si j'étais déjà venu ici. Je ne répondis pas tout de suite à cette remarque, et comme souvent je prenais mon temps, jugeant que je pouvais le prendre.

« … en faites je suis né et j'ai grandi ici. »

J'y avais vu mes parents et leurs lynx mourir, ainsi que plusieurs autres aussi. Des braconniers et chasseurs avaient fait irruption sur l'île, appâtés par ces rumeurs connus sur sa population féline au pelage très demandé. Un moment de ma vie que jamais je ne voulais revivre puisque c'était le plus horrible. Pourtant tout ressurgissait. Des images. La mort. Cela expliquait bien sûr mon favoritisme pour les animaux et ma méfiance de certains hommes, surtout quelques nukenins sans autre affiliation que leur cupidité.

«  Le Lynx boréal, comme Kumi, est un chasseur discret et solitaire. En revanche, il ne s'attaque qu'à des proies animales, ou parfois du bétail... Un humain n'a rien à craindre si il ne s'en prend pas à un lynx, rassure toi ! »

Il est vrai que beaucoup de personnes devaient se tromper, et penser que le lynx était un prédateur dangereux s'en prenant à tout ce qui l'approchait. Non, en réalité ses parties de chasses n'étaient destinés qu'à sa survie, donc à le nourrir, bien qu'elle puissent lui procurer de l'amusement selon comment il s'y prenait avec sa proie.
En parlant du loup, je m'arrêtais brusquement en voyant l'empreinte d'un lynx. Kumi vit les suivantes et poussa un miaulement de joie.

« Qu'est-ce que tu en dis Kumi ? »

Il répondit en langage félin que selon lui il y avait un de nos frères pas loin d'ici, il le sentait.

« On te suit. »

Kumi prit la tête de notre petit groupe et je fis signe à Hakana de nous suivre.
Une centaine de mètres après, entre quelques arbres et buissons humides voire givrés, nous tombions sur le lynx sauvage que nous cherchions, qui lui avait un pelage blanc et beige clair. Il se stoppa net en nous voyant, resta méfiant quelques secondes, avant de pousser un miaulement auquel répondait mon animal.
Il semblait que la discussion pouvait commencer. Elle se passait principalement entre lynx. Moi je me permettais de glisser quelques conseils à Kumi, et parfois même communiquais directement avec l'animal sauvage que nous venions de trouver. D'abord lui expliquer que nous étions dans son camps, pour ensuite essayer d'avoir des informations sur la situation des félins sur l'île, et sur leur relation avec les faibles populations humaines du coin... Voilà ce qu'il nous fallait.

Que son partenaire était né ici, expliquait beaucoup de chose, dans un sens, c’était rassurant, au moins, maintenant, la Kaguya était sûre qu’ils n’évoluaient pas à l’aveugle à travers cette jungle, ni même à l’improvisation pour la rencontre avec les Lynx. Elle en déduisait que Kumi-neko lui aussi devait venir de là, peut-être que ces deux-là se connaissaient depuis longtemps, plus qu’elle le pensait même au départ. Il lui décrivait le comportement des semblables de ses compagnons et la fin de son explication la laissait perplexe.

-« Oh je ne suis pas inquiète tu sais ! Tous les animaux sont un peu comme ça, c’est souvent les humains qui en font de mauvaise chose, pas l’inverse. »

Tous ceux qu’elle avait croisé, avaient plus eux peur d’elle, que elle de eux. Une truste réalité dont abusait souvent l’humanité, mais ce n’était pas tellement le sujet à l’ordre du jour, d’autant plus que Kumi s’était activé, semblant avoir trouvé une piste et cette dernière se montrait concluante. A quelques pas derrière en retrait, la brunette observait cette scène étrange qui usait d’un dialecte impossible à comprendre pour elle, mais c’était loin d’être le problème pour le rouquin, parfaitement à son aise. Alors elle les observait tout en tentant de déchiffrer quelques gestes, sans succès. Finalement, quand ils avaient eu l’air d’avoir fini, la kunoichi se décidait enfin à reprendre la parole.

-« Tu as appris quelque chose d’intéressant ? »

L’animal qu’il avait trouvé se rendait méfiant au son de sa voix, il suffisait de le regarder pour voir que sa gestuelle avait changé, il semblait sur ses gardes, pourtant la brunette n’avait rien d’inquiétant. Encore moins avec tous ses os bien rangé à l’intérieur de son corps. Aussi, elle marquait une pause silencieuse, s’évertuant de bouger le moins possible pour que aucun geste brusque ne venait ruiner le travail de son partenaire.

-« Je pensais que la dernière vague de reproduction les avait rendu à un grand nombre, est-ce normal de n’en croiser encore qu’un et tout seul ? »

En effet, il avait un détail choquant dans cette jungle, elle semblait déserte de vie, ce genre d’endroit si bruyant et vivant peinait à faire entendre sa faune, comme si elle se terrait, comme pour se cacher de quelque chose rodant à l’ombre des feuillages.

-« Et puis, je ne vois même pas de petites bêbêtes… »

Mais peut-être que la Kaguya se faisait simplement des idées aussi, après tout, elle était très loin d’être familière de ce genre d’endroit, la dernière fois qu’elle avait mis les pieds dans une végétation aussi intense, elle n’était qu’une enfant. Et c’était un exercice de survis imposé par le clan.

Cette discussion avec notre ami le lynx était riche d'informations sur notre mission. Et la situation sur l'île était pour le moins compliqué. Déjà quand j'avais lu l'ordre de mission je m'étais vaguement demandé pourquoi une hausse de population féline inquiétait la population. La nature était faite comme telle, les animaux pouvaient connaître par périodes des hausses de natalité, et il fallait l'accepter. En tant que Dôbutsu et partisan de la cause animale la chose était acquise pour moi. Mais pour d'autres... Ce lynx qui n'était pas le mien semblait être un rescapé de quelque chose, et selon lui... Il fallait que je traduise au fur et à mesure à ma coéquipière pour ne rien oublier.

« La population de panthères et de tigres des neiges s'est multipliée sur l'île... Il y a eu certains accidents avec les hommes... Plus récemment ces derniers ont commencé à chasser les félin qu'ils voyaient... »

Ils en avaient eu marre, et la cohabitation entre population humaine et populations animales avait empiré gravement en quelques jours. Kumi me transmettait la plupart des informations, car je le comprenais mieux que n'importe quel autre animal. C'était plus simple comme cela. J'écarquillais les yeux à propos de la suite, mais continuais tout de même de traduire pour Hakana :

« Les hommes ont fait venir par bateau trois chiens de chasses bâtis comme des molosses et conçus uniquement pour traquer et tuer les félins ou tout autres bêtes sauvages. Il y a eu des morts côté félins : surtout panthères et tigres blancs.  »

Cela faisait donc écho à la question que se posait Hakana sur la faible présence de félins remarquée dans l'île jusqu'à présent. Je m'en mordais la lèvre, inquiet pour ces derniers, voire même triste.

« Cela répond à ta question... En peu de temps la population des félins a baissé significativement à cause de cette « solution » radicale. Les félins sont donc maintenant en sous nombre et se terrent là où ils peuvent pour échapper aux molosses canins. »

C'était donc ça. Entre le moment où les habitants de l'île avaient quémandé l'aide du village de Kiri et aujourd'hui, ils avaient essayé de régler le problème eux-même, en employant les grands moyens. On en voyait le résultat. Kumi demanda alors ce qu'il en était des lynx... ces derniers se portaient plutôt bien comparé aux autres, et ne connaissaient que deux pertes depuis. Je m'approchais de ce lynx qui nous renseignait depuis tout à l'heure pour porter une caresse des plus familière. Il en ronronna et décida de s'en aller d'où il venait, se mettre à l'abri. Kumi revint à côté de moi. Nous avions les informations que nous voulions maintenant.

« J'imagine que ces trois gros chiens n'ont rien de naturel vu le carnage qu'ils ont opéré sur la population féline. J'imagine aussi qu'ils doivent être en liberté dans toute l'île... mais j'espère me tromper. Allons rencontrer les humains à leur village maintenant. »

Toute sensation de joie n'était pas de mise dans le climat mortuaire que nous offrait cette île à présent. Cette île d'où j'étais né. Elle avait bien changé.

Les réponses aux questions qui s’étaient posés n’avaient rien de réjouissante, la brune se tordait les lèvres tandis qu’elle comprenait les conséquences de la présence de tels molosses ici. C’était quand même un peu stupide de la part des habitants de cette île qui avaient choisis de vivre parmi la faune sauvage, pourquoi ce soudain revirement. La Kaguya était persuadée que la raison était plus complexe qu’une simple hausse gênante de félins et le premier village sur la route confirmait un peu ses soupçons. Parmi la foule, pas si nombreuse en fait, ils y avaient des figures locales parfaitement distinctes par leur appairage, mais surtout, beaucoup trop de tête faisant tâche avec le décor. Trois grands hommes à la silhouette sombre cachés derrière des lunettes évoluaient en groupe à travers les rues, les gens n’osaient pas vraiment les regarder et semblaient s’écarter pour vite s’éloigner. Attitude étrange s’ils les avaient embauché pour de l’aide.

La scène n’avait pas pu échapper à son coéquipier, qui n’allait donc pas être surpris de cette main que la Kaguya posait sur son épaule pour stopper sa marche. Sans mot, elle lui faisait comprendre qu’il n’était pas encore temps pour eux de se montrer, peut-être serait-il plus sage de faire un tour de repérage et tenter d’attraper un civil à l’écart qui pourrait parler librement. Ainsi, la quête d’un tel individu se poursuivait à l’ombre des feuillages de la jungle en tentant de ne pas se faire repérer tandis qu’ils épiaient les mouvements du village. Un élément faisait faire littéralement un rond à la bouche de la fille, elle pointait du doigt la zone, avant de comprendre que son partenaire l’avait surement repéré avant elle. Son air s’affichait désolé, devant tous ces cadavres de félins dépecés, dont la fourrure s’était étirée entre quelques barres pour être préparé surement.

-« Maintenant on sait aussi pourquoi nous n’avons trouvé aucune carcasse. Des braconniers tu penses ? » Chuchotait-elle. « Peut-être des opportunistes qui auront entendu parler de cette hausse. Reste à trouver les molosses pour identifier à quel genre d’ennemi nous aurons affaire. »

Des invocateurs ? Ou bien des nécromanciens, le pire choix possible pour la Kaguya ou simplement des dresseurs, mais au vu de la description du linx, peu de chance pour cette dernière possibilité. Dans les tous les cas, une solution pacifiste paraissait peu probable et en poursuivant leur investigation, enfin, un groupe de civil dont une femme à l’abri de regard indiscret. Depuis le feuillage, dans la délicatesse même des enfants de son clan, quand elle se retrouvait à proximité, presque comme un fauve, la Kaguya l’attraper en couvrant sa bouche pour étouffer les sons. Elle l’entraînait près de son coéquipier, montrant leur bandeau pour la rassurer. Quand elle leur semblait prête, la brunette relâchait son emprise, en partie du moins, juste de quoi la laisser parler, tout en restant prête à la faire taire si elle se mettait à crier.

-« Il y a du mouvement louche par ici, pourquoi avoir fait appel au village, puis à ces chasseurs. Nous sommes au courant de tout. » Lui précisait Hakana au cas où. Peut-être que ça la rendrait plus bavarde.
-« Nous n’avons fait appel à personne d’autre ! Nous pensions que c’était les renforts de Kiri quand ils sont arrivé, alors nous les avons accueilli, mais… » Horrifiée de peur, elle ne disait plus un mot.

Ses yeux bruns s’étaient écarquillé, et en la tenant, la Kaguya pouvait la sentir trembler, aussi en toute logique, son regard cherchait ce qu’elle fixait ainsi, des yeux rouges les observaient à travers le feuillage. Ils paraissaient loin, puis soudain, des ombres leur foncer dessus, la kunoichi lâchait la femme qui s’enfuyait derrière eux, un choix impossible pour les shinobis s’ils voulaient la protéger. Deux monstres au poil grisatre apparaissaient sur chacun des flancs du duo kirijins, de leurs crocs immenses s’écoulait de la bave visqueuse et une odeur nauséabonde s’en échappait. C’était à lever n’importe quel cœur, la Kaguya se mettait en position, les fameux chiens semblaient les avoir trouvé en premier. L’un grognait, l’autre hurlait tel un loup en levant la tête, la situation s’était compliquée en un instant…

Il n'y avait pas beaucoup de villages faits d'hommes sur cette île dans mon souvenir. Mais nous arrivions non loin de l'un d'eux avec ma coéquipière. Prudents, elle et moi décidions de ne pas nous aventurer de plein pieds à l'intérieur de celui-ci. Il me semblait que c'était comme cela qu'un shinobi devait agir, avec précaution.
D'ailleurs, nous avions bien fait car dans la petite masse de gens présents, on pouvait remarquer trois hommes de grande taille, avec habits sombres et lunettes. Ils avaient à la fois une nonchalance et une assurance certaine. L'image que j'en avais d'ici entra en résonnance avec mes souvenirs personnels. Mes yeux écarquillés, le visage crispé, j'étais certain d'avoir déjà croisé la route de types comme eux. C'étaient les mêmes... Les mêmes que les hommes qui étaient venu braconner ici il y a deux ans, s'en étaient pris à la population de lynx en en décimant une partie, et avaient tué mes parents parce qu'ils s'étaient trouvé du côté des lynx. Je les avais vu d'assez près pour me rappeler de leur apparence. Ils étaient dans mon imagerie personnelle les assassins de mes parents et de nombres de félins. Comment savoir s'il s'agissait des mêmes à proprement parler, car je savais déjà que leur groupe était plus conséquent que ce qu'il y avait là. Les gars n'avaient peut être envoyé que trois des leurs braconner ici... S'il s'agissait d'une organisation de plus grande envergure, je devais mener l'enquête aujourd'hui, pour la détruire un jour.
Hayana posait sa main sur mon épaule pour me signifier qu'il valait mieux faire le tour des habitations en restant camouflés dans la végétation. D'accord avec elle, c'est ce que nous faisions.
Quelques minutes après on tombait déjà sur des peaux de félins étirées, en train de sécher. Horrible spectacle. Tableau morbide. Ce décor était teinté de morts. Mon lynx hérissa son poil et affichait un air triste. Une réaction semblable s'emparait de moi, en silence. La Kaguya me chuchotait, je lui répondais :

" Ce sont bien des braconniers, je les ai déjà croisé ici il y a deux ans. Eux ou des amis à eux, ils portaient la même tenue sombre. Les molosses par contre, avec cette description... c'est une nouveauté. " avais-je répondu assez froidement.

Ma froideur n'était que le résultat d'un passé qui ressurgissait avec cette mission.
La partie qui suivit fut celle où nous parvenions à prendre à part une civile à l'air innocente sans nous faire repérer. Elle serait une source d'informations en l'interrogeant. Hakana s'en chargea parfaitement. La moitié de la réponse nous suffisait pour comprendre que ces braconniers s'étaient fait passer pour Kiri en profitant de la naïveté des habitants.
La suite nous fut coupée par l'arrivée soudaine de deux molosses noirs et monstrueux qui nous fonçaient dessus. Eux nous avaient repéré avec leur flaire. Pas leurs maîtres. Hakana et moi étions encerclés, il y en avait un de chaque côté. Je me trouvais pour ma part avec Kumi, lui aussi sur ses gardes à l'approche de nos nouveaux ennemis. Que faire ? Pas le temps de réfléchir, quand celui qui était de mon côté s'élança brutalement. Ses muscles saillants laissaient paraître des veines, et ses yeux rouges me faisaient dire qu'il s'agissait d'un chien génétiquement modifié. Fruit d'une expérience humaine. Mon réflexe fut de lancer un kunai vers le monstre qui stoppa son élan pour changer de trajectoire. Il tentait sur mon flanc droit. Jouant le rôle d'appât, je ne bougeais pas, tandis que mon lynx s'était déplacé furtivement et en vitesse pour charger le molosse de l'enfer par le côté. Il l'avait chopé ainsi et lui avait infligé une belle blessure en lui arrachant un bout de chair du cou par lequel du sang coulait. Mais, toujours debout, ce premier combat ne semblait pas terminer.

" On dirait que c'est chacun le sien hakana ? "

Leur soupçon se confirmait, l’avantage était que son partenaire semblait les connaitre, plus ou moins du moins, sa face laissait paraître quelque chose de plus profond, mais la Kaguya pas assez intime avec ne pouvait pas s’aventurer à chercher davantage à comprendre. Ceci dit, elle espérait que ça n’influencerait pas trop sur la suite, encore qu’assister à un règlement de compte aurait été loin de lui déplaire malgré tout. Pour commencer, ils allaient déjà leur falloir régler le cas des canidés qui les avaient débusqué.

-« On dirait bien… » rétorquait-elle.

Sur quoi, elle s’élançait elle-même jouer au corps à corps avec la bête, à côté, le duo semblait assez confiant pour gérer cela seul. Après une charge, elle bondissait sur un côté pour rouler sous l’animal très vif qui lui donnait du fil à retordre pour les ouvertures, quelques échecs l’obligeaient à reculer à trois reprises. Le dernier assaut trouvait gaine cause dans le flanc de l’animal où la Kaguya avait planté un os affuté. Ce dernier se brisait pour se détacher et le chien hurlant sa douleur avait ramené un nouveau comité d’accueil. Il ne perdait rien de sa férocité pour autant, surtout quand son maître s’invitait à la partie. La brunette esquivait son tacle de justesse, incapable d’offrir une riposte puisque le chien l’attaquait en suivant sur son flanc. Elle usait d’un bouclier osseux sorti de sa paume pour percuter cette inquiétante mâchoire et s’éviter de perdre un bout. Une esquive, encore et déjà le corps à corps reprenait avec le maître qui était revenu la chercher de front, un adversaire au taï, était-ce une chance ou une malchance. Quoi qu’il en était, la fille avait l’air de plus en plus ravie de l’échange, finissant presque par oublier son inquiétude pour son partenaire qui avait peut-être subit le même sort.

-« Toujours d’attaque vous deux ? » Glissait-elle quand même entre deux coups.

Sur quoi, son adversaire lui offrait un uppercut qui ramenait sa face au sol. La dure réalité lui avait fait manger un peu de terre tandis qu’elle se redressait rapidement sans se faire plaindre. Un Kaguya avait la peau dure et peu de sensibilité, heureusement. Une roulade sur le côté lui faisait éviter le chien in extrémiste, mais pas le coup de pied dans l’abdomen que le maître lui réservait après avoir anticipé son mouvement. A terre, elle pouvait entendre le ricanement de ce dernier, ce qui au moins lui inspirait de se relever, un acte qui ne durait pas longtemps, un autre homme lui faisait face et d’un autre coup, il la faisait reculer, pas assez rapide pour se récupérer, la kunoichi subissait les coups suivants de son duo. Elle posait un genou à terre, et un autre en pleine face finissait de lui faire rejoindre le sol, sa vision se troublait, Hakana n’était pas vraiment inconsciente, mais son aptitude à se relever était mise en pause.

-« Occupe-toi de l’autre. » Ordonnait l’un des deux à son acolyte, tandis que la fille se sentait traînait hors de là. Un filet de sang chaud parcourant son échine était la dernière de ses sensations en dehors des douleurs multiples, et ses paupières se fermaient…