La solitude n'était pas aussi malsaine que les ignorants le dénonçaient sans savoir. Jamais personne de sensé n'oserait prôner qu'il faille abandonner la sociabilité, mais de là à croire que la solitude était malfaisante. Un homme seul est souvent bon de nature, c'est au contact de "l'autre", qu'il devient mauvais. L'enfer c'est l'autre, c'est cela que cela voulait dire. Mais alors, comme s'était justement posé pour question Rousseau, pourquoi Bon + Bon = Mauvais ? Pourquoi la confrontation de deux individus noyait la bonté dans les élans perfides ? Une simple dialectique du maître et de l'esclave ? Ce serait illogique. Snow, quêtant la perfection du monde, la compréhension de ses mécanismes, et surtout, voulant connaître quelle était la prédestination de la nature humaine, la raison de son existence, avait besoin de cette solitude où il pouvait restaurer, harmoniser, ordonner, ses réflexions et sa bonté d'âme.

Dans cette solitude, il retrouvait ses idéaux, dans sa solitude, il se soignait le cœur en trouvant les réponses aux questions qui l’obsédaient. Les conflits intérieurs trop souvent relégués aux seconds plans étaient pourtant les premières causes des maux du monde. Celle que les hommes désiraient tous guérir, sans avoir su les identifier, souvent même sans avoir eut conscience de leur existence. L'entraînement au sabre était parfait pour se vider l'esprit, pour trouver des réponses... Frapper le vent ne faisait de mal à personne, et en chaque coups, c'était un peu de violence, qui s'échappait du cœur. Frapper le vent, c'était en quelque sorte se purifier. Comme son ami Batz l'avait métaphoriquement dit d'une autre façon, à chaque coup une larme, une larme qui ne coulera pas sur mes joues. Snow restait moins mélodramatique fort heureusement, il visait à briller, briller en tout, exigeant le meilleur des autres, il donnait le meilleur de lui, cherchant la perfection du monde, il considérait se devant trouver cette perfection en lui-même.

Il frappait le vent à distance, avec virulence, mais sans que son visage accompagne d'une façon ou d'une autre, par des grimaces, et les élans de ses coups. Il tranchait les arbres à distance qui se trouvaient alors à centre de lui, sans grandes difficultés et par l'unique concentration sur son aura. Le point qu'il se fixait devait être atteint, c'est tout ce qui comptait et au-delà d'une performance martiale, c'était aussi un bon entraînement pour la volonté. Atteindre un point quoi qu'il en coûtait, ce n'était pas si simple que cela, y comprit dans la vie de tous les jours.

Les moments de ses entraînements solitaire étaient rare à l'origine, compensés par ses études personnelles d'ordre plus intellectuels. Cependant, avec la guerre, et les récents événements, il éprouva le besoin de se remettre quelque peu à niveau. Ce n'était pas tant pour devenir "le plus fort", mais surtout pour se maintenir au niveau qu'il possédait déjà. En effet, il considérait le monde avec un regard différent, pour lui la course à la puissance n'existait, on courait pour rester à la même place. Après ces quelques exercices, il prit un moment de repos, un moment qu'il avait pensé court, jusqu'à ce qu'un homme vint à lui. Il le jaugea sans sévérité, d'un regard bienveillant et pour ce qu'il était, un samouraï. Une classe rare à Kumo, quand bien l'alliance avec Tetsu était plus que consommé depuis longtemps. L'homme qui s'adressait ne lui inspirait pas tant de sympathie, ni d'antipathie d'ailleurs, il lui paraissait au premier abord l’archétype même de ce que pensaient être les samouraïs selon les préceptes du Bushido.

Il avait remarqué les mots gravés sur la lame de Snow, une chose qu'il fut le seul à faire depuis des années et qu'il fut capable de les déchiffrer étonnait Snow. Quoi qu'il n'y avait là pas forcément quelque chose d'exceptionnel. Le visage du samouraï blanc tombait sur le côté quand il entendit le questionnement philosophique de celui qui se présentait sous le nom de Shinmen Hasashi. L'impassibilité de Snow n'avait alors d'égale que la douceur peinte sur un visage figé dans le marbre. Il se décidait alors à se retourner pour lui faire entièrement face, puis le timbre aimable, il lui répondait.

-En quoi une interprétation exclurait l'autre ? Ne sommes-nous pas tous des morts en sursit ?

Snow ignorait les compliments qu'il vint à lui faire. Tout le monde appréciait d'être remarqué, mais dans le cas présent, le compliment ne sonnait pas gratuit à son oreille, comme cela arrivait souvent. Il n'en tint aucune rigueur au jeune-homme, c'était une habitude des hommes justement, et une façon sans doute de briser la glace. Malheureusement, Snow était imperméable aux compliments quoi que le bienséance exigeait qu'il les accepta à leur juste valeur. Il fit un léger sourire à Shinmen, en y plongeant son regard bleuâtre et perçant comme s'il voulu le sonder de l'intérieur, chose qu'il faisait avec quasiment tout le monde.

-Je suis Snow. Je n'ai rien contre un échange modéré avec toi. Si tu cesses de me vouvoyer. Ce ne sont que des termes de cérémonie, et je ne suis pas seigneur. Je ne suis pas ton maître non plus.

Snow, calmement vint à se placer devant le samouraï pour se mettre en position, il avait cependant entendu quelque chose qui lui avait déplu. Il ne lui faisait pas tant la leçon que cela, c'était plutôt que Snow s'était lui-même déjà posé la question et que son maître avait eut un avis tranché qui lui fournissait la réponse qui lui paru la plus réelle parmi toute autre. Alors tandis qu'il se mettait en garde, afin de laisser le premier temps à son adversaire du moment, il ajoutait bassement.

-Le talent ce n'est pas la force. Avoir le talent sans travail cela ne vaut rien. C'est comme donner les meilleurs ingrédients au moins bon cuisinier, il a beau avoir le meilleur au départ, ce sera toujours immangeable à l'arrivée.

Spoiler:

Snow demeurait silencieux quand le samouraï en face de lui évoquait la lame qu'il tenait en main. Il ne le déconsidérait pas pour ce qu'il disait, mais parce que l'homme qui avait forgée ce sabre était effectivement méconnu, et le resterait certainement à jamais. L'arme avait une histoire si improbable que sans doute le jeune-homme ne le croirait si Snow la lui racontait, et encore moins de qui il l'a tenait. Le samouraï blanc ne s'était jamais posé réellement la question, autrefois il avait seulement dit à son maître que cela sonnait bien comme devise sur une lame, mais au-delà de cela... Il se rappelait bien l'une des légendes circulant sur Rikkoudo qui avait deux lames, sans pour autant y avoir jamais osé suggéré qu'il pouvait s'agir de l'une des sienne. Le sabre l'accompagnait maintenant depuis si longtemps qu'il ne pensait plus au pourquoi de cette épée, dans quel sens que ce fut.

Il ne comptait pas lui non plus passer une éternité sur ce débat. Vie et mort, éternelle débat, éternelle confrontation que la nature humaine ne pouvait pas encore intégrer, trop peu sage, trop enfermée en elle-même. Même pour des hommes qui côtoyait la vie et la mort depuis si longtemps qu'elles paraissaient toutes deux tout à fait naturelle. Snow se permettait tout de même une petite remarque, juste avant le jeune-homme ne reprenne. Il le fit sans vraiment attention de retour, sachant qu'elle pouvait paraître obsolète, pourtant, aussi bassement que le ton qu'il employait alors, il y tenait.

-La vie n'est pas l'antonyme de la mort. C'est la naissance qui l'est à proprement parlé.

Il espérait en forger une semblable lui disait-il. Snow ne lui conseillait pas intérieurement. Elle lui permettait de jauger chaque jour son état intérieur, plus de haine il avait ressentit plus elle lui était lourde, et se soulager de ces maux, décharger son cœur de la... rancœur, n'était pas une affaire simple à mettre en oeuvre. Avoir cette épée en main imposait de ne jamais haïr, rien, jamais... Était-ce aussi simple de le dire ? Certainement pas, et c'était ainsi, ne perdant jamais de vue la particularité de cette lame qui lui imposait malgré elle une vision du monde, que Snow avait parfois des airs de saints, alors même qu'il était un guerrier. La violence était donc, pour preuve, parfois dépourvue de haine, de colère, de folie, de peur... La violence, que les idéalistes considéraient déviante, profondément contradictoire avec la nature humaine, était donc vraisemblablement beaucoup plus naturelle pour l'homme, le monde, la vie, que l'on osait bien admettre.

Shinmen acceptait de laisser passer les formules de politesse, sinon au moins le vouvoiement. Ce qui satisfait Snow au point de lui offrir un nouveau sourire tout emprunt d'innocence. Il préférait en effet ce genre de rapport les hommes, intime, proche, sans fausses fioritures. Shinmen lui paraissait quelque peu rigide, il aurait pu être comparé à un oiseau sans ailes, mais laissant cela de côté, il transpirait tellement l'honneur que Snow y trouvait de l'attrait. Il avait beau justifié sa geste verbale par un équilibre entre rois et mendiants, il n'en restait pas moins que le vouvoiement et sa signification linguistique était dépendante d'une culture, culture dogmatique, comme elles le sont toutes que Snow reniait par tous les souffles qu'il expirait. Le dogme était en effet pour lui la mort de l'évolution spirituelle au moins aussi importante que la connaissance scientifique.

"Sommes-nous prêt ?" Demandait enfin Shinmen. Snow fit alors un salut en montant la garde à son visage et en fendant l'air face à lui, jusqu'à envoyer un peu de vent vers son adversaire. Rien qui ne servait à frapper, un simple geste qui témoignait de la dextérité naturelle du samouraï blanc. Snow s'estimait toujours plus ou moins prêt en tant que guerrier, il n'y avait pas à le demander, mais c'était une politesse de le demander, il le savait, alors il n'en fit pas tout un plat et sans perdre le sourire rassurant qui ornait sans cesse son visage, il répondit avec tout autant de sérénité. À noter que Snow, bien qu'en armure, ne portait pas de heaume, preuve qu'il considérait cela sans rudesse, simplement comme une joute amicale.

-Je le suis commence dont.

Il lui laissait le premier temps, et cela était à la fois une preuve de confiance et de sympathie, car dans les règles du combat actuels et en vigueur, il était clairement préférable de frapper le premier. Or il n'en faisait rien, Snow attendait docilement que Shinmen s'élance vers lui d'une façon ou d'une autre. Il semblait alors plus que confiant, une habitude qu'il avait, pendant un combat, non pas de faire le vide, mais de laisser couler en lui naturellement, sans retenue, toutes les possibilités plausible selon ce qu'il savait de son adversaire. Le combat commençait, quand Shinmen bondit sur lui rapidement et frappant avec deux armes à la fois. Sa technique était typique des samouraïs traditionnels, la technique bien connu d'un Miyamoto qui l'avait mise au point et qu'on l'avait forcé lui-même à étudier. Toute le samouraï ne se sentit pas inquiété, il n'en aurait pas eut le temps de toute façon, mais au-delà de cela, pour les guerriers choisissant le combat au corps à corps, la réactivité était une évidence. Il se déplaçait assez vite pourtant vers lui, et les deux sabres avaient normalement l'avantage sur le seul qu'il tenait en main. C'était sans compter sur les figures dont était capable Snow, Un sifflement strident se fit entendre juste avant le tintement des sabres entres eux. La main du samouraï ne semblait alors pourtant pas bouger, tout comme sa lame, il avait pourtant bien paré le coup, avec tant de violence qu'il espérait faire rebondir les sabres de l'adversaire pour le faire reculer. Ainsi, le samouraï espérait reprendre l'avantage du rythme qu'il avait préalablement laissé à Shinmen.

Snow portait un regard étrange à l'adversaire à ce moment, il fut comme plus concentré, plus préparé, comme s'il avait déjà millimétré partiellement la suite du combat.

Spoiler: