PNJ : MORI Chikanori – Juge

Chikanori observa sous ses épais sourcils le document qu'il tenait entre ses doigts ridés. Il déposa les feuilles parfaitement à plat devant lui. Qui pouvait se dire assez sage pour juger un ancien Kage ? Lui ? Sa comparse ?
Le vieil homme lissa sa barbe distraitement comme s'il réfléchissait alors qu'il se trouvait pour le moment seul devant l'imposant bureau, debout. C'était la veille du procès, il avait eu, comme à chaque fois, le besoin de venir s'emplir de la lourdeur de la pièce et de se rappeler à ses obligations. Il ne jugeait pas un ancien Kage, il jugeait un homme.

Un soupire quitta sa gorge avant qu'il ne se détourne du lieu pour revenir le lendemain à l'heure convenue. Il salua dignement sa consoeur tout en laissant passer un « merveilleuse journée pour décider d'une vie ».
Vêtu d'un kimono tradition noir et blanc, Chikanori attendit que la foule prenne place, que se soit pour les témoins ou les jurés et en dernier l'accusé. Quelques murmures volèrent dans la salle avant qu'il ne lève sa main comme pour les faire taire.
Le vieil homme se tenait debout derrière le massif bureau, se lissant la barbe en attendant que les conversations prennent fin, observant les parties en présences.

En inclinant son visage, il afficha un regard dur sur l'accusé avant d'élever sa voix, éraillée par le temps mais emprunte de force.

- Mesdames, Messieurs, prenez place maintenant en silence je vous prie. La séance va débuter.

Il attendit encore quelques secondes et, percevant une voix dans le public vint frapper un tout petit marteau de bois lourdement sur le bureau et dont le bruit résonna dans la pièce, finissant de faire taire les voix.
Sa main, de nouveau, vint lisser sa barbe avant qu'il ne reprenne plus calmement.

- Yamada Kioshi, Rokudaime Kazekage est accusé de désertion au moment où son village a eu le plus besoin de lui. (Silence) La séance peut commencer.

Après ses mots, il invita Eri à s'installer dans son fauteuil avant d'en faire de même et de croiser ses bras, bien en évidence sur ses papiers et son bureau. A côtés il avait une petite feuille, blanche, ainsi qu'un crayon pour prendre éventuellement quelques notes au cours du procès qui, s'il en croyait le monde à interroger, sera certainement assez long.
Ses yeux sombres balayèrent l'assemblé du regard, il se demandait encore ce qu'il allait demander à l'accusé avant d'entendre les différents témoignages. Il soupira et invita Eri à prendre la parole. C'était un vieil homme, il avait besoin de prendre son temps, réfléchir à ses questions pour dévoiler les intentions du Yamada lors de ce choix qui bouscula le pays du vent.

Ainsi donc, le grand jour était arrivé. Enfin, le grand jour… Le soleil se levait et se couchait comme à son habitude. Cette journée ne sera pas plus longue ni plus courte qu’une autre. Mais elle pouvait signer la fin d’une ou de plusieurs vies. Comme un peu partout sur le Yuukan, évidemment. Mais lorsque le prisonnier possède un nom inscrit dans l’histoire, l’événement prenait tout de suite une autre ampleur. Et pourtant, ces menottes gardaient ce même frottement désagréable. Ce pilier de l’accusé demeurait froid. La banalité des sensations. Que l’on ait eu un nom n’y changeait rien.

J’écoutais attentivement les juges prendre la parole à tour de rôle. J’avais aussi tendu l’oreille aux murmures dans l’espoir de connaître l’opinion des personnes m’entourant, mais en vain. Mon cœur semblait battre un peu plus vite qu’à l’accoutumée. Avais-je peur ? Il n’y avait que deux issues possibles à ce procès, et j’ignorais si la balance penchait en ma faveur ou en ma défaveur.

« Je promets et jure que toutes mes paroles ne seront que pure vérité. Mais avant d’attaquer véritablement le procès, est-ce que vous avez des nouvelles de Kibõ, mon élève ? Je sais uniquement qu’il a été kidnappé, mais est-il toujours en vie ? »

Certes, les juges pouvaient prendre cela pour de l’insolence, mais ça ne coûtait rien d’essayer. Son sort m’inquiétait vraiment, et si l’on m’annonçait sa mort, ce procès n’aurait d’ailleurs plus raison d’être. Même si les juges me sermonnaient, pour les jurés cette question devrait m’attirer un peu de sympathie. Un homme qui, alors qu’on va choisir de lui ôter la vie ou non, quémande l’état d’un proche au lieu de se préoccuper de lui-même. En tout cas, il n’y avait aucun manque de respect dans ma voix. Seulement une question sincère d’un homme inquiet.

« Si je puis répondre au juge Mori d’abord ? Le moment où le village a eu le plus besoin de moi fut après la mort d’Habashi Zanshi, lorsque ce même village me choisit justement pour père. Au moment de ma désertion, ils avaient peut-être besoin d’être rassurés, mais pas de moi. J’avais pris trois jours suite à ma prise de décision afin de mettre mes affaires en ordre : tous les ordres avaient été donnés, j’étais allé voir Kawaguchi Tsukiko, notre Seigneur, afin de m’assurer que nous aurons les ressources nécessaires aux reconstructions, la prise en charge des blessés suivait un protocole, … chacun avait un rôle. Je ne suis parti que lors de cette période transitoire où il ne restait plus d’affaire à traiter en tant qu’Ombre. »

C’était le tour des différents acteurs, des ouvriers en somme, d’agir. Reconstruire, soigner, compter le nombre de décès, … Je n’étais plus qu’une paire de bras comme les autres à ce moment-là. C’était après l’attaque contre Suna, mais pas immédiatement après. Et je n’étais donc pas parti sur un coup de tête mais après une décision mûrement réfléchie en prenant le temps d’agir un maximum pour le village avant de les laisser. Voilà la pure vérité.

« Quant aux raisons de ma désertion, chère Anzu, il n’y en a qu’une. Pour ma part, j’assimile le titre d’Ombre à un père qui doit veiller sur sa famille : le village… »

Je fis une légère pause, le temps de trouver mes mots. Etait-ce la formulation qui me dérangeait, ou bien le contenu même ? La raison de ma désertion. Elle paraissait belle cette raison : vouloir sauver ma moitié. Mais c’était finalement pour une belle farce que j’avais quitté le village, que j’avais tout abandonné… En parler n’éveillait pas vraiment de bons souvenirs en moi.

« Qu’un membre de la famille meurt est quelque chose qui peut arriver. Notamment dans notre métier où l’on ignore toujours si l’on reviendra chez nous lorsqu’on part en mission. Ca fait partie de l’ordre naturel des choses. Un père peut continuer à guider ses enfants même après la mort de la mère, bien que cela lui prenne du temps. Mais lorsque le trépas de la mère est du fait du père, que se passe-t-il ? Peut-il vraiment continuer à regarder ses enfants en face ?
Une Ombre incapable de protéger la personne qui compte le plus à ses yeux est-elle réellement capable de protéger tout un village ?
Voici le choix qu’on m’avait donné. La deuxième Ombre du Vent avait kidnappé Ketsueki Yami et m’avait laissé ce choix : sa mort ou ma démission. Mais était-ce vraiment un choix ?
J’aurais pu envoyer des hommes à sa recherche, mais Suna avait besoin de tous les bras possibles pour se reconstruire rapidement. De plus, Aare avait des contacts au sein du village. Envoyer des hommes aurait signifié la mort de Yami, et potentiellement des personnes que j’aurais envoyé : n’oubliez pas la façon dont Aare a combattu Kyoshi Rei peu de temps auparavant, il n’avait pas perdu une once de sa force.
J’aurais pu choisir de rester, et ainsi porter la culpabilité du trépas de la femme que j’aimais. Mais je serais coupable de sa mort, et il m’aurait fallu bien plus qu’un certain temps pour m’occuper de mes enfants de nouveau. Il n’y a qu’à voir dans quel état j’étais après la mort d’Habashi Zanshi ; et pourtant le peuple me choisit pour Ombre, signe qu’ils accordaient une importance à cette… humanité.
Le premier choix aurait mené à la mort de Yami et d’hommes du village. La deuxième possibilité aurait abouti sur la mort de Yami et une Ombre incapable de guider convenablement les siens, les freinant plus qu’autre chose. Ne restait qu’à faire ce que l’on attendait d’une Ombre : protéger les siens. Je choisis donc de sauver ma moitié tout en prenant la décision qui aurait porté le moins de préjudice à Suna. Car, comme je l’ai dit tout à l’heure, n’oubliez pas que j’ai pris le temps de mettre mes affaires en ordre avant de m’en aller. »

Reprenant mon souffle, je me tournais du mieux que je pouvais en direction des jurés pour continuer.

« Donc oui, j’ai déserté. Mais ne pas l’avoir fait aurait été davantage délétère pour Suna. L’histoire nous a appris plusieurs fois ce qui se produisait avec une Ombre affectée, impure ou corrompue, et vous savez quel effet me fait de perdre ma moitié. Vous savez donc, tous, ce qui se serait produit si j’étais resté en signant sciemment la mort de Yami. Préférez-vous une place libre pour une Ombe apte à vous guider ou une Ombre qui se laisse dépérir sous sa tente sans aucune interaction avec le monde qui l’entoure »

PNJ 
MORI Chikanori – Juge

Son regard sombre était figé sur le Yamada alors qu'il devinait aisément l'inconfort d'une telle position. Mais pour la justice, il n'avait pas besoin de s'apitoyer sur le sort d'un homme. Kioshi, Kage ou non, était avant tout un homme. Ecoutant sa consoeur dont la ferveur ne manqua pas de le faire esquisser un sourire que sa barbe masquait pour son plus grand bonheur, Chikanori écouta la voix de celui qui fut l'un des meneurs de leur village du sable.
Plus il écoutait ses mots, plus il se doutait que la suite serait ennuyante. Oui, les histoires d'amour et de cœur n'ont rien à voir dans le devoir d'un ninja. Il doit savoir passer outre sa propre détresse pour mener son peuple vers la lumière, toujours, dans la bonne direction et ne jamais lui tourner le dos, dusse-t-il perdre femme et enfant.

Il ne lui tourna pas le dos, le vieux Mori était un homme sage, ses enfants le lui reprochaient trop souvent. Un soupir faillit passer la barrière de ses lèvres mais il le retint, trop précautionneux quant à l'importance de l'affaire. Concernant la première question de l'accusé, il ne répondit pas, attendant que lui-même leur réponde. Il pourrait bien lui dire ce qu'il avait entendu, mais à quoi bon inquiéter ou rassurer cet homme ?
Jetant un regard à l'imposante force de la nature à ses côtés, douce et vive Eri, Chikanori saisit le crayon et nota sur sa feuille les premiers éléments, les yeux dans le vague.

- Yamada Kioshi...

Souffla-t-il froidement à la fin du monologue de celui-ci.

- Notre sujet ne concerne en rien votre élève, nous ne répondrons donc nullement à votre question.

Calme et pourtant, dans sa voix l'on sentait la lourdeur des mots qu'il prononçait. Il ne voulait pas lui donner un espoir qui serait peut-être vain.
Inclinant lentement son visage pourtant, comme un signe apparent de respect, il lança un bref regard à Eri puis se prononça toujours avec ce même calme si énervant alors que son regard si l'on pouvait l'apercevoir, brillait d'une certaine malice.

- Ainsi, vous avez préférez abandonner votre devoir, pour la femme de votre vie et, que vous dites, protéger malgré tout vos enfants. En quoi pouvez-vous assurer que de laisser un village sans chef, quand bien même tout avait été mis en œuvre pour qu'il se redresse, est une bonne chose ? Partagez-moi le fond de votre pensée je vous prie.

Chikanori se fichait éperdument de savoir si oui ou non il avait pu sauver sa femme comme il voulait le faire en étant ainsi partit. Un chef a des obligations et se doit de les remplir, quand bien même elles sont déplaisantes. Il n'y a pas de héros sans victimes... il n'y a pas de sauveur sans tueur...
Tout dans son attitude dégoulinait de respect et il savait, vieux bougre malin qu'il était, que ça avait le don d'irriter quelques âmes.

Le juge Mori avait-il un problème d’audition ou était-ce une méthode pour que je m’énerve et hausse la voix à son encontre pour m’obliger à me répéter alors que j’avais déjà fourni la réponse à sa question ? Mais il ne m’aura pas. Je connaissais les procédés et les moyens pour mener un interrogatoire. Pour y répondre également. Mais alors, pourquoi serais-je mes doigts dans mon autre main derrière moi ? Etais-je anxieux ? Ils n’avaient pas répondu concernant Kibõ non plus. Je lançais alors un bref regard en direction d’Ogami qui siégeait dans la salle dans l’espoir qu’il me donne un indice, mais il demeura de marbre. Devais-je dire que s’il était mort, ce procès devenait inutile car je tenterais d’assassiner le Régent ? Probablement pas. Pourquoi le tuerais-je ? On rejette la faute plus facilement sur autrui que sur soi-même. Si Kibõ périt, que je ne sus le sauver, la cause sera mon incarcération. Et la cause de cette emprisonnement ne sera pas ma désertion quelques années plus tôt mais la décision de Toshiro Ogami, à mes yeux. Ainsi, il sera coupable de son trépas.

La juge Anzu se trompait également sur un point si elle pensait que mes questions n’avaient pas lieu d’être. Au contraire, elles étaient là pour les jurés, menant leur réflexion dans une voix bien précise. Qu’il s’agisse d’une cours martiale ou non, aucune décision n’est totalement objective. Leur opinion sera influencée par leur vécu, par ce qu’ils ont ressenti le jour de mon départ, et par la façon dont je vais parler aujourd’hui, et non par les faits que j’avancerais. Pour que la justice soit objective, il faudrait ôter l’humanité aux arbitres. C’était mon idéal de paix, que j’avais soumis à Kibõ dans un lointain passé. Ce rêve semblait si loin à présent…

Je les écoutais patiemment. Ou nerveusement ? Je ne transpirais pas, mais j’avais un peu chaud. Je n’avais pas l’habitude d’être celui attaché au pilier.

« Juge Mori, vous posez la question de manière absolue alors qu’il en manque la relative. Il ne s’agit pas de laisser un village sans chef, mais de choisir entre laisser un chef incompétent qui vous freinera ou écarter ce chef.
Selon tous les bruits qui courent, Kibõ était qualifié de fou lors de son Kagennat. Quelles furent les résultats de ses décisions ? Une guerre contre Konoha, la capture d’un chef de clan que Suna ne sut libérer, et la disparition du Seigneur du pays, Kawaguchi Tsukiko. »

J’ignorais les informations détenues par ces gens au sujet de Tsukiko, mais j’étais au fait de son kidnapping par Konoha.

« Quelle fût la décision du pays du Vent ? Qu’ont-ils décidé pour leur propre intérêt ? Ils ont choisi d’écarter Kibõ afin d’élire un Régent, soit de changer de chef. A moins que vous ne souhaitez mettre en doute les bien fondés de la décision de la capitale et d’un pays tout entier, voici la réponse de Kaze concernant une Ombre folle : il faut en changer.
En demeurant, et comme en témoigne l’état dans lequel je me trouvais suite à la mort d’Habashi Zanshi, je serais devenu fou moi aussi. J’ai donc donné l’opportunité à un changement d’Ombre sans passer par la case des conséquences de ma folie. Estimez ma décision comme infondée ou préjudiciable à Suna, et vous déclarez qu’avoir élu un Régent pour remplacer Kibõ l’est tout autant.
Donc non, juge Anzu, en tant qu’Ombre du Vent ma décision en sacrifia bien un pour sauver milles. Le sacrifice choisi fut ma vie. Comme le fit Habashi Zanshi des années plus tôt. Car oui, vous ignorez son histoire, mais je puis vous assurer qu’elle était passée par ce même dilemme de régner en devenant fou ou de s’écarter tant qu’il était encore temps. Ainsi, mon choix fut le même que ma prédécesseur avant moi, et que la capitale après moi. Affirmez que j’ai eu tort et vous rendez la décision qu’Ogami soit Régent illégitime. »

Je laissais un petit temps de pause, que je récupère mon souffle et pour donner plus de poids à mes derniers mots. Les hauts dignitaires du pays qui siégeaient dans le public avaient tout entendu. Dressaient-ils davantage l’oreille à présent ? Sans doute que l’avis des juges sur ma décision, similaire à la leur pour diriger le pays et le village, devait fortement les intéresser. Oui, les juges devaient être impartiaux. Cela ne changeait en rien le fait que leurs prochaines paroles pourraient leur être reprochées par certains dignitaires à la suite du procès…

« Quant aux preuves du chantage que j’ai dû subir, juge Anzu, vous avez ma parole qu’il s’agit de la vérité. Et celle des senseurs m’entourant et qui n’ont pas signalé le moindre mensonge alors que je ne peux faire usage de mon chakra.
Sinon, j’avais transmis le parchemin contenant cette menace à Kibõ le même jour où je lui avais légué mon dernier discours. Lui n’est plus là, mais peut-être peut-on retrouver la lettre dans ses affaires ? Voire demander à Ema ? Etant sa femme, peut-être en a-t-elle eu vent de sa part. Il suffit de lui demander de venir corroborer mes propos.
Cependant, j’ai bien laissé la place libre, mais pas pour Aare. J’avais laissé ce parchemin à Kibõ pour qu’il puisse le dévoiler le jour venu afin qu’Aare ne puisse être élu, le rendant coupable ou auteur de ma désertion. J’étais donc parti en verrouillant les portes de la bergerie afin que le loup ne puisse jamais y entrer.
…
Certes j’avais des personnes de confiance, juge Anzu. Mais comme je l’ai déjà dit, je craignais d’être sous la surveillance d’hommes du Nidaime. S’il l’apprenait, Yami mourrait aussitôt et Aare aurait tout le loisir de se préparer face aux hommes qui partaient à sa recherche. Cette décision aurait davantage affaibli Suna qu’autre chose, en plus d’en revenir au fait que votre Ombre devienne fou, ce qui renvoie à mon discours précédent.
Une fois, j’avais découvert un homme à la solde d’Aare au sein du village. Un Yamada. Et bien qu’étant leur chef à l’époque, il avait préféré se donner la mort plutôt que de divulguer les noms de ses autres sbires. Même aujourd’hui, il n’est pas certain qu’il n’y ait plus de mauvaise herbe à Suna.
…
Pour ce qui est de Yami… Elle était en vie et sauve… »

J’arrêtais un moment de soutenir le regard et des juges et des jurés. Je m’étais préparé mille fois à ce procès dans ma cellule, mais je n’avais toujours pas su trouver la réponse à cette question. Devais-je dire la vérité concernant Yami ? Elle passerait de kidnappée à déserteur… Mais elle garderait la raison initiale de son départ : sauver Oniri. Alors, si je parvenais à être jugé innocent, ma raison étant d’avoir voulu sauver quelqu’un, cela produirait un antécédent juridique sur lequel elle pourrait s’appuyer pour obtenir le même verdict. J’inspirais profondément avant de reprendre la parole.

« Un homme avait aidé Yami à quitter le village sous les ordres du Nidaime, malgré que je lui avais interdit de partir. Aare tourna alors l’incident en kidnapping, avec son chantage à la clé. Mais que Yami le voulait ou non, il restait cet homme d’Aare à ses côtés. Sa menace de la tuer demeurait donc effective.
Pourquoi ne suis-je pas revenu immédiatement après cet incident ? Vouliez-vous d’une ancienne Ombre, déserteur et fou ? Je n’aurais pu diriger convenablement le village après cette révélation. Pas avant un certain temps. J’avais… J’avais essayé de mettre fin à ma vie… On m’en empêcha. Vouliez-vous d’un homme qui n’accordait plus de valeur à sa vie ? Il me fallait du temps pour me remettre. Et j’avais fait quelques promesses au cours de ma quête. Je devais donc tenir parole avant de pouvoir revenir.
Ce qui ne m’empêcha pourtant pas de porter secours à Yamada Arashi lorsque j’appris qu’il se trouvait dans les geôles de Konoha. Ni de vouloir retrouver Kibõ dès que je sus pour son kidnapping. Peut-être n’étais-je plus apte à porter mon ancien titre à ce moment-là, mais une chose est certaine : j’avais fait le choix de déserter car il s’agissait de la décision la plus profitable à Suna dans ces circonstances.
Quant à Aare, il avait rejoint la capitale du Vent à ce que je sache.
Vous pouvez donc dire ce que vous voulez. Estimez que je n’étais pas à la hauteur de mon titre, que je n’étais pas suffisamment fort, que je me laisse trop affecté par mes émotions, tout ce que vous voulez. Mais ne dites jamais que j’ai agi contre ma patrie, mon foyer. »

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MORI Chikanori – Juge

Une fois encore, Eri l'avait surpris. Elle avait l'art et la manière de montrer sa colère tout en gardant son calme. Mais, contrairement à lui, dont les sourcils masquait son regard et dont la barbe camouflait ses lèvres, chez elle, tout se devinait, au moins dans ses yeux, et lui qui était à ses côtés le voyait parfaitement. Elle n'aimait pas ce Kage, cet ancien Kazekage. Pourtant en lui, il y avait bien eu quelque chose pour que le peuple de Suna le veuille à sa tête.
La douce Anzu proféra beaucoup, parla trop. Et elle questionnait Kioshi sur un sujet qui lui ne l'intéressait nullement, savoir si la femme avait été sauvé. Les histoires de cœur n'avait pas lieu d'être. Ce qu'il voulait savoir était la version de son histoire et c'était tout, pas savoir à quel point il aimait la femme qu'il a voulu chercher, pas à quel point il se souciait de son village, mais les faits, simplement et platement.
Il continua de griffonner sur sa feuille, écoutant les questions de sa consoeur, écoutant les réponses de l'accusé.
Une fois de plus, il remettait son élève sur le tapi, cette fois, c'en était trop. Mais comme la première, il le laissa poursuivre, s'étaler, sans rien manquer. Lorsqu'il eu finit, un sourire se traça sur le vieux visage dont les rides laissaient comprendre son changement. Oui, ce jeune là avait encore de la ressource, non pas pour guider un pays, mais peut-être pour lui servir d'arme.

- Je me répète, mais votre élève n'est pas le sujet de notre séance. Et concernant la décision du pays, elle ne regarde pas plus notre interrogatoire.

Il avait envie de se lever et de planter son regard grisonnant dans les yeux vifs de l'accusé, mais il n'en avait nul droit et se serait un pur manque de respect. La loi, que prévoyait-elle dans ce cas ? Son sourire se dissipa aussitôt pour reprendre.

- Yamada Kioshi, j'aimerais reprendre avec vous, c'est de vous dont il s'agit, pas des autres, ne remettez pas les jugements actuels en cause ou ne sous-entendez pas que parce qu'on dit de vous que Suna avez besoin de vous signifie que nous n'aurions pas du donner notre confiance à Toshiro Ogami pour veillez sur elle.

Il lissa sa barbe, finalement, ce procès risquait d'attiser un peu sa curiosité. Le signe de tête du chef de l'escadron des senseurs, lorsque l'accusé les mentionna, confirma les propos de ce dernier et fit davantage écrire Chikanori.
Kioshi venta ses actions, expliqua l'histoire, la raison de sa longue absence, le fait qu'il ai voulu abandonner la vie. Le vieil homme baissa la tête légèrement et vint croiser ses mains, arrêtant de prendre des notes. Qui voulait d'un homme qui ne voulait plus vivre à la tête de son pays ? Personne sans doute et pourtant...

- Je doute de vous, lorsque vous dites que le jour ou vous avez attentez à votre vie, vous ne lui apportiez plus aucun crédit. Seriez vous par la suite partit chercher cet homme sinon ? Auriez-vous renoncé si vite à la quitter, malgré un premier échec sans ça ? Vous êtes un Shinobi, un fils de Suna. Ne répondez pas à ces questions, Yamada Kioshi, elles n'attendent pas de réponses.

Le vieux ouvrit plus grand ses yeux, visibles enfin par delà ses épais sourcils et fixant avec respect cet homme attaché.

- Vous avez agit en connaissance de cause, à vous entendre, j'ai alors une question, regrettez-vous vos choix maintenant ? Regrettez-vous être partit à la suite de cette femme en laissant un pays avec un successeur légitime sans être certain que tout se fasse pour le mieux ? Regrettez-vous avoir tenté de mourir et par la suite avoir continué votre route en solitaire ? Et pour finir, regrettez-vous être partit chercher Yamada Arashi et être revenu à Suna pour vous trouver ici devant nous ?

Il le fixait, sans méchanceté aucune. Il voulait sonder le cœur de cet homme puis il verrait par la suite. Ema, Kibo, ils n'avaient rien à faire dans cette histoire, enfin, pas immédiatement. Ils étaient des acteurs important, mais ils n'étaient vraisemblablement pas présent. Et l'accusé n'était pas forcé de le savoir.

Certes, je n’étais pas dans une posture des plus brillantes. Mais les juges non plus. Le vieil homme semblait garder son assurance et réfléchir avant de prendre la parole. Sa consœur parlait davantage avec son cœur qu’avec sa tête. Ne devait-elle pas rester impartiale, neutre ? Elle répondait agressivement, comme si elle était sur la défensive. C’était typiquement le comportement qu’avait l’interrogé lorsqu’on touchait à une corde sensible. Elle parlait du devoir de l’Ombre du Vent, d’un Kazekage digne de ce nom. Est-ce qu’elle… ?

« Juge Anzu, avez-vous perdu un être cher lors du conflit qui éclata lors de l’examen Chûnin internationale ? Ou aviez-vous voté pour ma nomination au poste de Kazekage ? »

De ce que je pus voir, que ce soit le cas ou non, elle risquait de répondre en haussant le ton. Peut-être fera-t-elle preuve de véhémence ? Un juge se devait d’être impartial. Si elle avait perdu quelqu’un, elle rejettera son deuil sur moi du simple fait que je les avais abandonnés ensuite. Si elle avait voté pour moi, elle prenait mon départ comme si j’avais trahi la confiance dont elle me faisait part. Et si elle refusait de répondre en me sommant de me taire, l’on pensera que c’était bien le cas. Son objectivité sera mise en doute, et par conséquent tout ce qu’elle pourra dire me concernant.

La réaction d’Eri risquait donc fortement de lui porter préjudice. Alors que ma question, posée sur un ton délicat, voire conciliant, donnera l’impression aux jurés et au public que ce fait m’affectait, donc que je m’inquiétais toujours du bien être des miens. Ce qui n’était pas tout à fait faux. Si elle avait perdu quelqu’un lors du conflit, j’en serais désolé. Si elle avait pris mon départ comme une trahison personnelle du fait qu’elle avait voté pour moi, j’en étais également désolé. Je n’avais pas à jouer de comédie pour me montrer compatissant avec autrui. Elle, cependant, devra probablement faire preuve d’hypocrisie si elle gardait son sang-froid après ma question.

« Si je vous ai affligée d’une quelconque manière que ce soit, je m’en excuse. Mon but, lorsque j’avais fait ce choix, n’était pas de blesser Suna ni ses habitants. »

Encore une fois, les senseurs ne déclareront aucun mensonge. Les blesser était peut-être la conséquence, mais pas le but.

« Cependant, vous dites que j’ai bien fait de quitter Suna, pour ensuite dire que j’aurais dû rester. Hélas, il m’était difficile de faire les deux…

Quant à vos questions, Juge Mori… Si je regrette maintenant ? Si j’avais su que Yami n’avait pas été véritablement kidnappée, je ne serais pas parti. Si j’avais su que mon successeur, Kibõ, trouverait la folie comme le proclament certains, qu’il serait exilé, qu’il apporterait la guerre et qu’il finirait kidnappé, je ne serais pas parti. Si j’avais su que j’y perdrais mon cousin Tetsui, je ne serais pas parti. Si j’ai pu sauver mon oncle Arashi de Konoha, je ne regrette pas d’être encore en vie. Quant au fait d’être revenu à Suna, je rappelle m’être rendu sans avoir opposé la moindre résistance. Quant à un éventuel regret, si je devais être tout à fait honnête : si Kibõ venait à mourir pendant que je suis prisonnier ou jugé ici, alors oui, je regretterais d’être resté ici sans tirer sur ces menottes à m’arracher les poignets. »

Il voulait la vérité ? La voici. Je soutenais son regard, promesse de ce qui se produirait si Kibõ venait à trépasser. J’avais beau être menotté et attaché à ce pilier, ça n’empêchait en rien un homme qui en avait la volonté de se débattre. Eri souhaitait faire entrer le premier témoin. Voulait-elle que l’affaire se termine rapidement ? M’empêche de parler parce que je risquais de mettre l’objectivité de son jugement en doute ?

« Avant que vous ne fassiez entrer le premier témoin, j’ai deux questions pour vous, Juge Mori, si vous le permettez. »

Après avoir obtenu sa bénédiction, je repris :

« Ce procès est là pour juger le fait que j’ai déserté le village de Suna, et rien d’autre, c’est bien cela ? »

Encore une fois, j’attendis qu’il confirme avant de poursuivre.

« Et pensez-vous la loi et la justice impartiales en toute circonstance ? Qu’elles doivent s’appliquer de la même façon à toute personne, sans distinction ? »

Normalement c’était bien le cas. S’il confirmait mes propos, qui était l’idée de la justice véhiculait par tous les rêveurs, je pourrais alors passer à la raison de ces questions. S’il infirmait cela, tout dépendait de sa justification. Si c’était parce qu’un juge ne pouvait de toute façon pas être totalement impartial, il jetterait de l’huile sur le feu de sa consœur en confirmant qu’elle n’était pas objective. C’était bien la première fois que j’avais hâte de connaître les mots qui sortiront de la bouche du vieil homme, sans cette appréhension du début.



Spoiler:

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MORI Chikanori – Juge

Cette fois-ci, il allait finir par l'énerver. Il en fallait beaucoup pour que le vieil homme perde son calme, mais ainsi demander à un Juge d'exprimer ses sentiments devant la cour et surtout, poser des questions de cette manière où l'on attendait une réponse si personnelle.
Chikanori lança un regard vif sur Eri pour lui intimer le silence alors que sa vieille voix éraillée retentit.

- Rokudaime Kazekage... Vous dépassez quelque peu les limites de ma tolérance quant à la raison de vos questions concernant ma consoeur. Personne ici n'a l'envie ni le besoin de savoir ce qui nous lie de près ou de loin à cette situation.

Son regard se fit froid en direction de l'accusé alors qu'il avait fait un signe d'accord de la main pour donner l'ordre de faire entrer le témoin comme l'avait suggéré Eri après la déclaration sur la dernière question du vieux Juge qui retournait à son occupation habituelle, le lissage de sa barbe. C'était comme s'il réfléchissait en même temps ou qu'ainsi il montrait qu'il était attentif à tout alors que son regard vagabondait parfois de droite et de gauche.
Sa déclaration aurait du le faire sourire comme il aurait du se douter de ses paroles. Mais pour l'assemblée, il avait eu le besoin de le lui demander. Il fallait que chacun se fasse un avis, objectif, oubliant les rancœurs possibles envers lui, oubliant les « on-dit », oubliant aussi sa propre opinion première.

Il était un peu fier intérieurement de la manière si prompte dont il lui avait répondu ces mots, continuant de défendre son élève malgré tout, peu importe sa propre situation. Il restait un ninja, et comme il l'avait dit, il restait un fils de Suna.

Avant que le témoin n'entre, la voix du Rokudaime s'éleva de nouveau envers le vieux Mori. Faisant un signe bref de la tête, il attendait de l'entendre pour de nouveau le jauger et le juger. Lorsque la première question tomba, il lui répondit calmement.

- C'est exacte.

Attendant la dernière question qu'il lui avait énoncé vouloir lui poser. A cette dernière il ne pu empêcher un sourire de trôner fièrement et visiblement sur son visage taillé par les âges.

- Je ne crois pas un homme capable de ne pas avoir de sentiments quand bien même c'est ce que nous lui demandons. Néanmoins...

Il se leva de sa chaise lentement, croisant ses bras dans son dos tout en se voûtant légèrement.

- Tous les hommes arrivent ici devant la justice égaux. Que vous soyez un ancien Kazekage, le pire criminel que notre terre ai porté, vous aurez vos questions et votre jugement. Maintenant, si vous me le permettez à mon tour, j'aimerais que cette affaire se poursuive sans heurs... et vous demanderez donc de ne plus que répondre aux questions sans en poser à votre tour. Vous avez, je crois, suffisamment bénéficié de notre bienveillance à votre égard. N'inversez pas les rôles. Ici, l'accusé, ce n'est pas la cour mais bel et bien vous, Yamada Kioshi.

Il se redressa et frappa doucement sur son bureau mais assez pour faire tourner toutes les têtes vers lui.

- Faîtes entrer le premier témoin !

Sa voix s'éclaira lorsqu'il avait parlé haut et fort, il ne tolérerait plus d'autres questions de l'accusé pour le moment.
Chikanori ne voulait pas le condamner par son audace, il voulait des faits et des preuves. Rien de plus, rien de moins.

Le Juge Mori répondit à la place de sa consœur, ce qui était probablement le seul moyen de ne pas briser son jugement aux yeux du public. Et pourtant, je sentais que j’avais vu juste. Mais j’espérais que les jurés aussi, avaient remarqué le doute quant à son impartialité. Après tout, se mettre dans cet état car l’accusé prononce quelques mots… Un juge ne devait-il pas demeurer calme en toute circonstance ? Le vieil homme, par contre, me semblait tout à fait juste. Il prit même le temps de répondre à mes questions. Ses réponses me convinrent, bien qu’il m’invectiva de ne plus m’exprimer par moi-même. Cependant, j’avais à présent un argument à avancer plus tard, tout en m’appuyant sur ses propres dires. Mais voyons d’abord comment le procès évolue.

Mon oncle fut appelé comme premier témoin. Au fond de moi-même, je fus soulagé l’espace d’un instant, car je savais qu’il améliorerait mon image. Non pas parce qu’il me le devait, mais parce que nous étions de la même famille, et que tout Yamada protège les siens du mieux qu’il le peut. Comme j’avais cherché à le montrer à Suna lorsque je m’étais rendu à Konoha pour l’y sauver. Cela m’avait surpris, d’ailleurs, que les Yamada n’avaient pas manifesté davantage pour partir au secours de leur propre chef. Mais que voulez-vous, les mœurs changent à chaque nouvelle nomination.

La Juge Eri prit enfin la parole, mais je doutais alors avoir bien fait de pointer sa subjectivité du doigt. Comment osait-elle faire montre d’autant de partialité ? Un Kazekage Shinobi prenant la décision de fuir Suna pour sauver une femme, abandonnant par là tout un peuple afin de le laisser entre des mains manipulatrices ? Avait-elle vraiment formulé ainsi sa question ? Si ça n’était pas une tentative pour influencer le témoin, j’ignore ce dont il s’agit. Pouvait-on vraiment parler d’une question neutre ? Dans son interrogation transparaissait l’avis personnel de la Juge Eri ! Je fixais la vieille dame du regard. Son ressentiment à mon égard était-il à ce point grand pour manquer autant de professionnalisme ? Je dus me meurtrir la mâchoire pour ne pas prendre la parole à son égard. Je regardais furtivement le Juge Mori. Allait-il laisser cela se passer ainsi ? Il devait avoir noté la non neutralité de la question, lui qui était si juste et droit. Comprenait-il mes doutes concernant sa consœur ? Mais non, il ne prononça pas un mot. Donc si je parlais à présent, je ne donnerais à la Juge Eri qu’un prétexte pour m’infliger une peine.

Toujours attaché à mon pilier, mes genoux fléchirent alors que je regardais le vieil homme, le regard criant. Ca n’était pas pour sauver une femme, mais ma femme ! Quant à laisser tout un peuple entre des mains manipulatrices, qu’en savais-je ? J’avais laissé la meilleure preuve pour qu’il n’obtienne jamais la confiance de Suna : la lettre attestant de son chantage. Voici donc l’égalité devant la justice dont témoignait le Juge Mori auparavant ?

Dépité et furieux, j’écoutais les mots de mon oncle avec appréhension cette fois, redoutant cette fameuse question dont la Juge Eri n’attendait finalement qu’une réponse qu’elle avait largement exprimée. L’une de ses réponses fut incomplète : Yamada Arashi n’est pas autorisé à participer aux batailles contre le village de la Feuille durant cette guerre-ci uniquement. Lors d’un éventuel futur conflit, il serait tout à fait libre de combattre. Mais je me retins d’ajouter cette information, pressentant les foudres de la vieille dame. Quant aux autres réponses de mon oncle : elles finirent par me rassurer. Mais si Eri poursuivait ses interrogations de la même façon avec les autres témoins, je n’étais pas certain de leur version des faits. Alors, toujours à genou mais le dos redressé, je continuais d’observer le vieil homme, le suppliant de noter cette injustice, voire de rectifier le tir.

PNJ
MORI Chikanori – Juge

Le vieil homme se rassit juste avant l'entrée du témoin, montrant par la même que son état de légère colère était complètement passé. Il n'avait pas eu besoin d'élever la voix, l'accusé avait compris ce qu'il lui en coûterait de prendre la parole maintenant sans qu'on ne l'y invite par une question. Plus tard peut-être le vieux Mori lui donnerait l'occasion de s'exprimer de nouveau.
Comme l'avait annoncé Eri, les témoignages aideraient pour déterminer la sentence. Même s'il était coupable de désertion, il avait quelques situations atténuantes. Bien que Chikanori ne l'admettrait pas devant la cour. Il n'avait pas à influencer les décisions des uns et des autres. Mais, Yamada Arashi avait-il besoin de savoir ce pour quoi il était là ? Déterminer le degré de la peine ? Son regard se porta sur sa consoeur lentement avant de se reporter sur le chef de clan Yamada qui répondit clairement.

D'ailleurs, le vieil homme ne pu s'empêcher un petit sourire quand à la réponse que formula le second Yamada. Il a été le seul à être capable d'aller l'arracher aux griffes de Konoha. Certes, c'était un fait. Suna n'avait pas beaucoup bouger ses vieux os pour aller chercher un de ses hommes alors qu'elle pleurait si facilement leur perte.
Décidément, ce clan était fait d'hommes ayant du répondant.
En parlant de ce clan, son vieux regard se porta sur Kioshi dont il sentit le regard suppliant. Il n'arrêterait pas les questions d'Eri, elle jugeait à sa manière et lui à la sienne. Il ne fit qu'un petit signe de tête envers l'ancien Kazekage pour montrer qu'il ne l'oubliait nullement.

Ecoutant avec attention les mots du témoins dont il prit quelques notes comme il l'avait fait plus tôt vis-à-vis de l'accusé, Chikanori lissa sa barbe une seule fois tout en plantant ses yeux sur Arashi. Il semblait entre deux eaux et le vieil homme ne pouvait que comprendre.
Tout en prenant une petite inspiration il attendit la fin des mots du chef des Yamada pour prendre la parole à son tour.

- Vous dites que vous n'approuvez pas entièrement l'action du Rokudaime Kazekage mais qu'il reste un membre à part entière de votre clan. Il en porte le nom, je vous le concède, il en est digne par certaines de ses actions, ça ne fait aucun doute. Mais après ce qu'il a fait à son pays, pouvez vous simplement lui dire : bienvenue chez vous ?

Sa voix était légère, comme s'il voulait mettre en confiance Arashi.
Attendant sagement sa réponse, il poursuivit peu après.

- Pensez-vous que si Yamada Kioshi n'avait pas déserté Suna pour aller retrouver sa femme, il serait venu malgré tout vous sauver en personne ou tout du moins aurait tout fait pour ?

Il voulait savoir si les deux hommes se connaissaient suffisamment et s'il croyait autant en lui qu'il lui paraissait. C'était important de croire en un homme et de lui donner notre confiance. Le peuple de Suna avait donné sa confiance en Kioshi, avait-il eu tord ou raison ? Les avait-il abandonné pour les abandonner comme le disait les « on dit » ou simplement laissé entre de meilleures mains comme le plaidait ce dernier ?
Il laissa un nouvelle fois le temps à Arashi de répondre et enchaîna une dernière fois pour son intervention.

- Une dernière chose, Yamada Arashi. Pensez-vous que Yamada Kioshi ai abandonné Suna ou ai tenté de le laissé entre de meilleures mains que les siennes ?

Il fallait qu'il lui demande ouvertement son point de vue, il était aussi important que leurs relations, que ce qu'il avait fait pour lui.
Ses mains furent croisées devant lui sur le bureau massif alors que son regard se porta sur Kioshi. Ils étaient plus que des membres d'un même clan selon lui, mais il aurait bien le temps de creuser ce point là pour décrédibiliser ou non les paroles d'Arashi.

« Veuillez m’excuser… »

Mon oncle avait été parfait. Je l’aurais même pris dans mes bras si j’en avais eu la possibilité. Mais pour ce qui avait suivi… Les mots sortirent de manière presque écorchées alors que je regardais le sol, tentant bon gré mal gré de me contenir.

Nous sommes ici pour la vérité et la justice ? Mon œil ! Le Juge Mori ne reprit même pas les propos de sa consœur ? Moi qui le pensais juste et droit… Il la laissait disséminer son venin en avançant de faux éléments. Il la laissait ternir mon image en toute quiétude alors que l’on m’interdisait d’ouvrir la bouche ? Soit, ils auraient dû me bâillonner dans ce cas ! Pour qui se prenait-elle, Eri, à me regarder ainsi de haut ? Il était bien facile de juger les gens. Et pourquoi ne déciderait-elle pas, si c’était si simple ? Pourquoi ne se proposait-elle pas à la gouvernance ? Ah, mais attendez… Peut-être parce que ça ne l’était pas, simple !

« Un juge ne doit-il pas n’avancer que des faits, et formuler ses hypothèses sous forme de questions pour obtenir la vérité ? Mon affiliation externe à Suna m’a probablement permis d’atteindre Konoha sans grand tracas ? Probablement ? Pourquoi supposer ? Ces senseurs ne sont-ils pas là pour vous assurer la vérité en posant simplement la question ?
Toshiro Ogami m’a déjà interrogé à ce sujet. Toutes les informations concernant mon approche de Konoha devrait donc se trouve dans vos dossiers. La vérité, vous la connaissez pourtant… Mais vous préférez défendre l’image d’un village plutôt que la vérité ? Est-ce là, la justice du Vent ? »

Obliger l’accusé à ne piper mot tandis que l’on avance de fausses suppositions sur les faits alors que les véritables faits sont connus des juges mêmes ? Altérer la vérité pour que les jurés aient envie de suivre l’opinion des juges… Je pensais que le Juge Mori l’aurait remarqué, et qu’il aurait repris en main le procès. Mais non, il l’avait laissée faire, et à présent il était trop tard pour retenir mes mots. Hormis les injures, évidemment. Je levais la tête en direction de la vieille dame.

« Ce n’est pas s’en montrer capable mais d’en avoir la possibilité ? Donc Konoha a la possibilité de capturer une à une les personnes les plus influentes du Vent, mais pas Suna ? C’était la guerre, comme vous le dites. La possibilité d’envoyer des hommes est donc normale mais même attendue ! Ou souhaitiez-vous attendre qu’ils ne viennent frapper à vos portes ?
Dites-vous qu’un homme seul possède plus de possibilités qu’un village militaire ? Votre but dans la guerre ? Leur porter atteinte. Je n’étais pas dans cette guerre, mais j’ai rempli votre objectif.
A vous entendre, ça semblait très simple. Dites-moi alors, pourquoi n’êtes-vous pas allée le sauver vous-mêmes ? Pourquoi personne ici ne l’a fait ? Mes actions n’avaient rien d’héroïque. N’importe qui aurait pu agir de la sorte. Pourtant, qui l’a fait ?
Et votre rappelle, que Kibõ soit devenu Ombre parce que j’ai déserté… Brillant raisonnement, mais pourquoi l’arrêter là ? Moi c’est parce qu’Habashi Zanshi a été assassinée. Elle parce que Kyoshi Rei était un traître. Lui parce que Raiu no Kenji a disparu suite à son combat contre Makka. Lui parce que… Brillant raisonnement n’est-il pas ? Mais alors, le coupable de ma désertion serait le Triumvirat initial, car sans lui jamais je n’aurais été une Ombre du Vent ? J’ai tout bon ? »

Le même raisonnement, les mêmes arguments que la juge, et pourtant pas la même conclusion. Que c’était étrange non ? Qu’elle m’injure, perde son calme ou me condamne si elle veut, mais je ne la laisserais pas influencer les jurés de sa subjectivité sans piper mot plus longtemps ! J’étais là pour être jugé. C’était ma vie dont il était question ! Et elle semblait penser mes actions d’une facilité… Elle semblait penser mes affaires mieux que moi. Alors qu’elle, là-haut, n’a strictement aucune décision à prendre. Mais pour les juger et déclarer savoir mieux choisir que les autres, elle était douée. Alors que… Alors que pour sauver mon oncle, j’avais accepté de tuer des innocents, de porter ce poids sur les épaules et de continuer à vivre avec. Pour ma désertion, j’avais accepté de sacrifier mon nom, ma réputation, mon titre, les sentiments qu’avaient mes proches à mon égard et de me retrouver seul. Seul avec mes cauchemars et mes doutes.

« Ne pas être affilié à Suna suffirait à atteindre Konoha sans grand tracas… Alors sachez qu’Aburame Miko pense depuis le début que j’ai été envoyé par le Vent. Mais soit, pensez et affirmez votre hypothèse si vous le souhaitez. Dans ce cas, pourquoi ne désertez-vous pas ? Il serait alors si simple d’y aller pour sauver d’autres personnes… Ou bien vous allez nous dire que ça n’est pas se montrer capable mais d’en avoir la possibilité ? Hélas, Suna a eu la possibilité de les laisser prendre leur Seigneur et ne semble pas l’avoir eue d’aller la récupérer. Oh, vous l’ignoriez peut-être ? Konoha garde Kawaguchi Tsukiko en son sein ! Demandez donc aux senseurs si je mens. Mais vous ne devriez avoir aucun mal à la récupérer, vu la facilité dont il suffit de faire preuve pour y parvenir, n’est-ce pas ? »

Il semblerait qu’il soit bien trop tard pour faire machine arrière. Pardonne-moi Arashi, mais je ne pouvais vraiment pas supporter ça plus longtemps. Je devrais être dehors, à rechercher mon élève tant qu’il est encore temps. Et pourtant je suis là, attaché à un pilier pour entendre me dire que mes bonnes actions étaient au fond très simples à faire et que mes décisions, quant à elles, étaient mauvaises ? Et bien qu’ils agissent à ma place dans ce cas ! Qu’ils aient le courage de décider à leur tour dans ce cas ! Je me levais, toujours les poings liés dans mon dos. Cette fois, je ne ploierais plus devant cette mascarade.

« Voici donc la grande Suna ? Elle laisse ses hauts dignitaires se faire kidnapper les uns après les autres : un chef de clan, une Ombre et la Seigneur ! Elle ne parvient pas à les sauver, mais c’est normal, c’est la guerre après tout. Si quelqu’un d’autre y parvient, c’est parce que c’est facile pour lui, parce qu’il n’est pas en guerre. Et au lieu d’utiliser vos forces pour sauver les autres, vous passez votre temps à juger celui qui vous a aidé, et l’empêchant par la même de continuer ?
Messieurs et mesdames les jurés, ce spectacle a, je pense, suffisamment duré. Si la justice de Suna est d’influencer la vérité pour qu’elle me fasse passer pour coupable, soit. Gagnons du temps.
Mais si vous pensez que tous les hommes arrivent égaux devant la justice, comme l’a affirmé le Juge Mori, gagnons du temps également. Je suis accusé d’avoir déserté Suna. Habashi Zanshi eut le même chef d’accusation alors qu’elle s’en était allée en endommageant la Voie Illusionnée et en blessant grièvement nombre de Sunajins. Sa peine ? Aucune, et elle devint même une Ombre du Vent par la suite. Nous sommes accusés des mêmes torts et nous avons tous deux avoués nos torts. Si nous sommes tous égaux devant la justice, vous savez ce que cette même justice a à faire. Sauf si Suna a changé sa justice depuis ?
Gagnons du temps, chers membres du jury. Je crois que vous en savez suffisamment. Moi, je dois retrouver votre ancienne Ombre et sortir votre Seigneur de sa geôle. Puisque j’en aurais la possibilité et non vous… Ce temps m’est précieux, comme il l’est sans doute pour vous. Alors je n’ai qu’une seule question : depuis mon départ, qu’ai-je fait à l’encontre de Suna ? Pourquoi me serais-je laissé emprisonner au lieu d’abattre les hommes souhaitant me ramener au village ?
Vous savez ce que j’ai fait alors que Suna me traitait comme un traître : j’ai risqué ma vie pour un Sunajin. Vous savez ce que je compte faire sitôt ce procès terminé : sauver et retrouver d’autres Sunajins. Et mes projets ne changeront pas quel que soit votre décision. Je ne peux mentir après tout, sinon ces senseurs vous rapporteraient mon mensonge.
Alors gagnons du temps, chers jurés. Puis-je partir aider vos frères et vos sœurs librement, ou dois-je lutter pour m’en aller remplir ma quête ? Si, comme la Juge Eri, vous pensez cela facile, vous n’avez qu’à me condamner et aller les sauver vous-mêmes. Je m’excuse platement si vous avez eu le sentiment que je vous ai trahi. A vous aussi, Juge Eri. Mais si vous daignez mettre vos ressentiments e côté, vous reconnaîtrez que j’ai toujours agi comme un Sunajin. Ne me pardonnez pas, je ne vous le demande pas. Continuez de me traiter de déserteur ou de traitre si vous le souhaitez. Mais laissez-moi poursuivre le devoir dont j’ai toujours été affublé : protéger les miens. »

Droit, les poings liés derrière ce pilier froid, mes mains avaient arrêté de trembler. Il était trop tard pour cela : les dés venaient d’être lancés.

« Messieurs dames les jurés, quelle est votre sentence ? »

PNJ
MORI Chikanori – Juge

Si le droit de donner son avis lui avait été accordé, voilà bien longtemps qu'il serait sortit de cette salle avec les Yamada à parler de la meilleure manière de soumettre Konoha. Mais on ne lui demandait pas son avis, on attendait de lui qu'il montre au jour seulement ce qui était, de la plus vraie des manières, mettant de côté ses propres envies. Quand bien même il aimerait tuer ou sauver une personne, il faisait tout pour qu'elle ai une chance de s'exprimer, jusqu'à un certain point.

Mais n'était-ce pas dans le but de protéger ce Yamada que Chikanori lui avait demandé un peu plus tôt de ne pas parler sans qu'on ne l'y invite ?
Le vieil homme prit note de quelques points des réponses d'Arashi. Ils avaient une face bien à eux de voir les choses, ces Yamadas.
Il donnait pour exemple les mauvaises des autres Kazekage, point sur lequel sa consoeur trancha, toujours aussi vivement. D'ailleurs, le vieux Mori la trouvait un peu trop vindicative, mais il n'était pas là pour s'occuper d'elle. Comme lui, elle avait vécu, et chacun a sa manière voulait que justice soit rendue. Même si...

- Messieurs Dames je vous prie...

Avant qu'il ne finisse sa phrase il plongea dans le regard de Kioshi. Ce dernier enrageait de rester là, il le sentait, il le voyait bien dans sa manière de réagir. Et lorsque sa voix se fit entendre, le vieil homme avait à la foi envie de le laisser continuer et le devoir de l'arrêter.

- Yamada Kioshi, veuillez garder le silence je vous prie...

Il sembla ne pas vouloir en tenir compte, comme le pensait, l'espérait presque, Chikanori.

Alors, pour éviter que tous n'élève la voix, le juge se leva de sa chaise et passa le bureau pour se tenir devant. Il savait déjà comment allait se terminer cette prise de parole. N'avait-il pas déjà du juger des hommes avant cet ancien Kazekage ?
Ses yeux brillaient, fier de voir un homme mordre malgré sa position. Mais il savait aussi ce qu'il en coûterait. Il avait fait un faux pas, qu'on lui reprochait et qu'il avouait. On le remerciait d'avoir ramener un Yamada, mais on l'accusait d'avoir abandonné Suna, même si, comme l'avait si bien souligné Arashi avant que le Rokudaime ne prenne la parole, ce dernier avait tenté de faire de son mieux et l'aurait fait quelque soit la situation dans laquelle il se serait trouvé.

Le blond parla donc, longuement, rappelant la place de la justice sous le regard bienveillant du vieil homme qui était descendu de sa place de juge et se tenait au même niveau que les hommes qu'on questionnait.
Il écouta sagement, notant dans un petit creux de sa tête les paroles qu'il trouvait importantes.

Sans l'interrompre une seule fois, le laissant dire tout ce qu'il avait besoin, Mori resta derrière les barres, jusqu'à venir y poser une main lorsqu'enfin Kioshi demanda le verdict. Le regard paternel du vieux juge passa sur l'assemblée puis il leva la main.

- Rokudaime Kazekage, Yamada Kioshi...

Ses yeux fixés sur lui étaient aussi calme que sa voix était solennelle.

- Avant de répondre à tous vos mots, j'aimerais vous rappeler vous avoir demander de ne parler que lorsque l'on vous y autoriserait.

Un sourire se dessina sur le visage ridé de l'homme qui vint placer ses mains dans son dos et se voûter légèrement.

- Pour ce qui est de la justice, elle fait au mieux, quoi que vous en pensiez. Chacun a sa manière de révéler la vérité aux yeux de tous. Concernant Suna, Konoha, la guerre et les hommes... Vos actions envers Yamada Arishi sont louables, n'en doutez pas. Les enfants du vent sont toujours heureux de revoir l'un des leur en vie.

Il se redressa un peu, faisant craquer ses vieux os par la même, gardant l'attention sur lui.

- Chaque action que l'on entreprend a irrémédiablement des conséquences, plus ou moins importantes. Les Kazekage en sont en très bon exemple et les décisions de tout un peuple le sont aussi. Remettre en cause les raisons de votre nomination à la tête du Vent n'est pas le but de ce procès.

Dans son regard, plongé sur le blond, se lisait très clairement le fond de sa pensée. Il doutait que Kioshi, qu'il fut ou non Kage au moment où sa dulcinée fut capturée puis décida de partir, aurait changé sa manière d'agir. Cela aurait juste eu un peu moins d'impact sur le pays tout entier.

Il avait été loin dans ses propos, trop pour qu'il puisse en reparler sans provoquer la colère des uns et des autres. Il sentait déjà la tension dans toute la salle, il devait calmer le jeu où l'un d'eux parviendrait à perdre si fort son sang froid qu'un meurtre serait commis.

- Pour ce qui est du jugement, Rokudaime, je suis navré de vous dire que vous devrez patienter encore un peu. Tous nos témoins ne sont pas passé pour corroborer ou non vos dires... et puisque vous parliez si promptement du Régent, il en fait partit. Pour ce qui est de la justice du vent, elle change aussi souvent que ceux qui la représente. Vous avez entendu mes mots, chacun vient ici en égal. Ceci étant dit...

Le vieil homme releva de nouveau la main, attirant l'attention sur lui et calmant les quelques messes-basses dans l'assemblée ou toute envie à Kioshi de reprendre la parole.

- J'annonce l'ajournement de la séance jusqu'à demain matin ! Et que si demain, Yamada Kioshi, vous reparlez sans que l'on vous y invite, la sentence de mort sera appliqué. On vous a, je crois, suffisamment laissé passer outre nos demandes. Sur ce...

Il fit signe à Eri de frapper du petit marteau pour disperser tout le monde tout en ne tolérant aucune protestation.

Oui, il l’avait dit et répété. Ils m’avaient tous dit de garder le silence, mais jamais ils n’avaient dit que je n’avais pas le droit de me défendre ou de réparer les torts qui m’étaient faits. J’avais continué de prononcer tous ces mots qui me pesaient, toutes ces paroles qui ne demandaient qu’à être exprimées. Malgré l’approche du juge et ses avertissements. J’avais continué, car je le devais. Car la justice de Suna avait besoin d’être bousculée pour se remettre sur le bon chemin. Eux voyaient peut-être une Ombre du Vent ayant désertée ? Moi je ne voyais que le temps qui défilait et ces menottes qui m’empêchaient d’aller retrouver mes élèves. Je pourrais tenter de m’enfuir, de briser mes chaînes et d’aller les retrouver. Mais je n’avais pas la certitude d’y parvenir. Par contre, il me faudrait alors combattre mes frères et mes sœurs Sunajins. Probablement auront-ils raison de moi. Mais certains d’entre eux en porteront à jamais des marques.

Que devais-je faire ? Continuer d’attendre comme je le fis sagement dans ma cellule, imaginant mille tortures que pouvait subir Kibõ pendant ce temps ? Choisir la condamnation à la place des jurés en tentant de m’évader pour retrouver mes deux élèves tant que leur cœur bat encore ? Le Juge Mori était descendu de son piédestal, se mettant à mon niveau. Venait-il proclamer la sentence ? Poignarder un homme attaché à son pilier qui parlait trop ? Qui avait les épaules trop lourdes pour ne pas laisser s’échapper son ressentiment ? Tout ce que j’avais fait… Tout ce que j’ai toujours fait, je l’ai fait pour les autres. Pour tous ces noms gravés sur mon pendentif et que je portais avec moi. Pour tous ceux qui ont un jour compté pour moi. Mon clan, ma famille, mes proches…

Et ça n’était pas près de finir, car je continuais sur ma lancée. Alors, vieil homme, es-tu venu interrompre le lot de mes souffrances ? Viens-tu répondre à mon dilemme ? Tous les témoins n’étaient pas encore passés… Mais n’étais-je pas la personne la mieux placée pour témoigner des faits ? Les jurés n’en avaient-ils pas entendu assez ? N’avons-nous pas perdu suffisamment de temps déjà ? Du précieux temps qu’il restait peut-être à mes élèves ? Et à Zanshi ? Le Régent voulait s’exprimer… Sans doute voulait-il parler de la promesse que je lui avais faite ? Sans doute voulait-il s’assurer que les jurés votent ma condamnation.

Le Juge Mori proclama l’ajournement de la séance. Encore du temps de perdu. Si le Régent voulait parler, n’avait-il pas le courage de venir le faire ici et maintenant ? N’était-ce pas le meilleur moment pour lui de profiter de mon insoumission pour convaincre les jurés de ma dangerosité ? Après que le coup de marteau fut donné et qu’un brouhaha débuta dans le public qui s’en allait doucement, je me penchais en avant du mieux que mes liens me permirent afin de murmurer quelques mots au vieil homme debout à quelques mètres de là :

« Si c’est pour qu’on me traine dans la boue sans que je puisse me défendre, autant proclamer votre sentence de suite. Comment obtenir l’invitation à la parole alors que l’attaque venait d’une juge et que l’autre s’emmurait dans le silence ?
Nous perdons du temps, Juge Mori. Un temps précieux qui devrait être consacré au sauvetage de mes élèves : de votre Ombre et de votre Seigneur. S’il leur arrivait malheur durant ce laps de temps… Mais vous savez sans doute ce qui arrivera dans ce cas. A moins que le Régent ait préféré garder cette carte pour son témoignage au lieu de l’ajouter dans votre dossier. Vous saurez bientôt alors…
Je daigne attendre cette fois. Mais demain, si l’envie vous prend d’ajourner encore la séance, condamnez moi tout de suite à mort, car je vous jure que je ne gaspillerais pas un jour de plus de leur temps pour un procès dont je n’ai cure. »

Des gardes finirent par m’ôter au pilier et me mener sous haute surveillance à ma cellule. Cette bonne vieille pièce impersonnelle et morne qui ne m’avait pas manqué. Et une nouvelle longue nuit sans trouver le sommeil…

PNJ
MORI Chikanori – Juge

Le vieux Mori l'avait regardé autant qu'il avait pu, lorsqu'il avait parlé et lorsqu'il mit un terme à la séance du jour. Trop de tension, ce n'était jamais bon, pour qui que se soit, et ses vieux os n'aimaient pas ces situations.
Alors qu'il aurait voulu partir sitôt après avoir prononcé ses mots, l'attitude de l'accusé le lui interdit. En le voyant se pencher, il s'approcha un peu plus pour mieux l'entendre. Un sourire amusé se posta sur le visage du vieil homme alors qu'il écouta le marteau retentir.
Il ne lui répondit rien, après tout, ne lui avait-il pas déjà tout dit et ne lui avait-il pas donner les clés pour s'en sortir le mieux du monde ?
Chikanori n'avait aucun intérêt à faire tuer cet homme, pas plus qu'il n'en avait de vouloir à tout prix sa libération. Il voulait savoir, il voulait voir.

A son tour il quitta la salle et reposa sa tête tout en griffonnant sur le même carnet qu'il avait lors de la première partie du procès. Relisant sans cesse, préparant quelques questions pour le Régent, il se pointa à l'heure prévue le lendemain, posant ses papiers et son crayon devant lui, attendant que la salle se remplisse, écoutant les discussions, observant Kioshi.
Eri fut la première à prendre la parole. Avait-il retenu les mots d'hier ? Avait-il eu la suite qu'il avait laissé en suspend si quelque chose devait arriver à ses élèves ? Il avait ce qu'il avait besoin d'avoir, pas plus, pas moins.

- Toshiro Ogami, Régent.

Sa manière de saluer l'entrée du témoin qu'il laissa jurer de dire la vérité et rien que la vérité. La salle était bien plus calme que la veille, et sans en être heureux, le vieux juge en était satisfait. De meilleures conditions, un meilleur jugement.

- Vous et votre équipe êtes bien ceux qui avait récupéré Yamada Kioshi et Yamada Arashi lors de leur retour à Suna. Ce jour, Yamada Kioshi a été coopératif, est-ce exact ?

Pourquoi parler du retour et non de la fuite ? Pour lui trouver des situations atténuantes peut-être. Et puis, ils avaient le temps d'y revenir.

- Lors de ces retrouvailles, avez-vous retrouvé l'homme qui était partit de Suna, ou avait-il changé ?

Savoir si l'accusé était devenu fou, ou quelque chose de ce genre, ou au contraire, s'il était resté l'homme sur que chacun avait en mémoire, l'homme en qui ils avaient placé jadis leurs espoirs, pourrait peser dans la balance de sa sentence. Car oui, Yamada Kioshi était coupable, mais n'avait-il pas oeuvré malgré tout pour son pays, indirectement en aidant les siens, élèves et membres de son clan.

Le vieil homme lissa sa barbe, attendit sagement la réponse du Régent, puis posa son regard sur Kioshi.

- Toshiro Ogami, lors de l'incarcération de Yamada Kioshi, avez-vous bien été le questionné pour récupérer quelques informations qu'il aurait pu obtenir ?

Devait-il parler de la menace ? Ca jouerait en sa défaveur, et ce n'était peut-être pas le bon moment. Il entoura la question sur son carnet, pour ne pas l'oublier, à moins que sa très chère Eri ne le fasse pour lui.
Après tout, le jeune Yamada lui avait bien rappelé ses menaces envers le Régent la veille, il ne saurait ne pas en parler aujourd'hui, d'une manière ou d'une autre.

Si Ogami ne répondait que par l'affirmation ou la négation, Chikanori le relancerait pour savoir quelles types d'informations il avait en sa possession. Ca jouerait en sa faveur, ça aussi.