Contexte:

Je ne pensais pas que l’ennui pouvait être aussi mortel. Sérieusement il n’y avait rien de pire que ce boulot. Nous voilà reclus à surveiller les remparts de la capitale de cet Empire. Pendant que tout le monde est parti au front, nous devons rester ici tous les deux à simplement vaquer du côté des murs pour s’assurer qu’il n’y aura aucune attaque surprise de la part de l’ennemi.

Ça s’est déjà produit par le passé et il faut croire que les grands patrons n’ont pas très envie que ça se reproduise. Ce que je peux comprendre. Après tout ce travail pour permettre à l’Empire de s’étendre et de prospérer, ce serait assez rageant de voir tout ça réduit en poussière. Même si nous n’avons pas pu accomplir notre mission initiale ici, on fait partie intégrante du paysage maintenant. Mais il faudra recentrer les recherches quand même.

Toujours est-il que les effectifs n’avaient pas été réduits pour autant à la défense. Plusieurs hommes avaient pris le large mais nous ne faisions pas partie du voyage. Il fallait rester surveiller la cité. Travail fastidieux parce que personne ne s’était lancé à l’assaut de la forteresse. Ce qui me manquait au final. Ça aurait permis de tuer le temps, et quelques autres gus. Mais non c’était le calme plat. Pas âme qui vive mise à part sur les murailles où tous les gardes procédaient à leurs marches monotones. Quelques échanges pour passer le temps mais rien de bien fascinant encore une fois.

J’aurais bien soupiré mais je m’abstiens. Ça évitera des ennuis et des remontrances barbantes. Sérieux la vie aussi en devient presque trop monocorde. Tout se ressemble et aucune perspective d’avenir ne semble se profiler. Les entraînements nous permettent d’avancer il est vrai mais ça s’arrête là. Il serait peut-être temps de retourner dans notre village natal. Ça permettrait d’avoir un peu d’action mais sommes-nous prêts ?

Les tueurs à gage ne manqueraient pas de nous accueillir en moins de deux et le paternel serait présent pour l’exécution à n’en point douter. Tout ça pour ce pauvre moine de pacotille. Il était bien trop idiot pour réaliser le potentiel que nous représentions. De la jalousie pure et dure. Ça peut se comprendre. Mais de là à déchainer des forces armées c’est peut-être exagéré. Toujours est-il qu’il faudrait régler ce problème un jour ou l’autre. Retarder cette échéance ne nous avance à rien. Même s’il serait déplorable que tout s’arrête là-bas. Mais les choses ont grandement changés depuis. La donne serait inversée aujourd’hui.

C’est donc une idée à ne pas écarter. Au moins pour tourner la page et également pour se dégourdir un peu les pattes. C’est que la route entre Iwa et Kiri ne se fait pas aussi aisément. Cela nécessiterait de parcourir une bonne distance. Peut-être quelques rencontres à la clé et quelques combats intéressants. Même si je doute que l’on trouve mieux que ce face à face avec le Patriarche. Lui en l’occurrence si je venais à le retrouver…je ne donne pas chair de sa peau. Littéralement.

Alors que toutes ses idées gambergent dans mon esprit, je me doute que l’autre n’en a pas perdu une miette. Mon attention se reporte donc sur mon porteur qui n’a pas réagi. Un sourire carnassier orne ma large bouche. Qui ne dit mot consent à ce qui paraît.